L'Assassinat de Jesse James... (Andrew Dominik - 2007)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Anorya
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Message par Anorya »

Je recopie là ce que j'en ai dit dans "notez les films d'octobre"... ;)



L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Déjà le titre laisse augurer de quelque chose de spécial. Restait a savoir si c'était bon.
Et pour moi subjectivement, ça l'est.
Effectivement, même si on a pu parler ça et là de film "Malickien", il faut pas non plus y voir du Malick partout, la comparaison s'arrête a sa ressemblance formelle. Dominik utilise un style un peu semblable mais différent, tout aussi contemplatif mais ici il n'y a pas a parler de communion avec la nature du lieu, plutôt un recentrage sur l'Histoire (avec un grand H) et les personnages, leurs actes, leurs sentiments, leurs histoires (avec un petit h). La seule voix-off ici est celle d'un narrateur extérieur et on n'entendra donc par leurs pensées comme chez Malick, plus leurs témoignages et tourments contés a d'autres personnages. C'en est presque naturaliste. "Pur" dans le sens où tout effet démonstratif et spectaculaire est évacué d'un coup et tout au plus aura-t-on droit a quelques excès de violence assez courts. Film Lent, certes mais la lenteur n'est pas un défaut en soi quand on a un sujet interessant a raconter ce qui est le cas ici avec deux légendes vivantes de l'Ouest. L'une, bandit et assassin mais connue par tous malgré ses noirs penchants, l'autre traitée comme un lâche car échappant aux codes mythiques de cet Ouest finissant (le duel dans les rues, les massacres). Des acteurs formidables (surtout les deux têtes d'affiches) et une musique a se damner de Nick Cave en plus d'une photographie sacrément belle.

Au final, un "anti-western" romantique et crépusculaire qui vient se placer tout près d'un autre : "Pat Garett and Billy the kid" de Sam Peckinpah où là aussi l'histoire portait plus sur les états d'âme et la mélancolie de ses personnages que sur une quelconque peinture de l'Ouest américain déjà bien connue et limite caricaturale par moments. Bref je ne me suis nullement ennuyé une seconde (par contre j'entendais deux personnes pas loin qui ronflaient dans la salle ce qui en faisait rire bien d'autres, sympa... :lol: :? )

Elle pourraient ronfler en silence, quoi ! :mrgreen:

6/6
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David Locke
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Message par David Locke »

Je sors de projection, et je dois avouer une grosse déception.

Le sujet n'est pas inintéressant et aurait dû permettre un renouveau du genre. C'est ce qu'avait tenté et réussi Fuller pour son entrée fracassante en cinéma. Peckinpah et Altman avaient fait encore mieux avec leurs films bien connus à double patronyme.
En l'état, le film de Andrew Dominik pompe ces trois "inspirations" avec avidité sans jamais parvenir à trouver un rythme - sans doute à force de charger la barque psychologique au delà du raisonnable.

Il y a pire cependant : il manque à Dominik la nécessaire maîtrise des points de vue - base de l'art cinématographique - avant de prétendre comme il le fait réussir un portrait de groupe tout en tutoyant la poésie cinématographique...

Par exemple, l'attaque du train, malgré des prémisses esthétisantes, est sans qualité, d'un désordre incompréhensible (pourtant, un train à la base, c'est un long couloir, non?).
On y suit un personnage, puis un autre, tirant sans raison et sans cible (sic!), sans que la moindre tension ne soit créée. On voit même Frank James sortir en dernier du train et allumer tranquillement un cigare à deux pas du wagon où il vient de voler des passagers qu'il n'a même pas pris la peine de désarmer!

L'assassinat de Ed Miller par Jesse James est aussi un beau ratage cinématographique :
1. Jesse annonce à Charles Ford qu'il a fait faire à Ed le "grand voyage"
2. On voit la scène en flash back du point de vue de Ed (avec force gros plans sur son visage marqué par l'angoisse) jusqu'à son exécution d'une balle dans le dos alors qu'il est de face au premier plan... Le plan se poursuit sans coupure avec une mise au point et un mouvement de caméra recadrant Jesse qui, l'arme à la main, calme sa monture puis achève sa victime.
3. On revient au présent de la narration avec Jesse narrant ses exploits : "Alors, Jesse a tué Ed".

Non seulement Andrew Dominik s'y prend à trois fois pour faire passer une info, mais il n'adopte pas le point de vue du narrateur dans le flash-back (excepté à la toute fin de celui-ci). Cela aurait pu être intéressant, sauf que le réalisateur n'exploite le pauvre Ed qu'à des fins voyeuristes (visage émacié et suintant la peur+exécution à grand bruit et en gros plan) et non poétiques... Jesse me fait plutôt penser à ce moment à un macho qui se (la) raconte à la troisième personne, style Delon, et pas à un ange noir mû par la fatalité, ce qui devait être l'intention du réalisateur.

Entre autres défauts flagrants, je citerais dans le désordre :

-Le casting de Sam Shepard en Frank James (trop âgé et vite évacué)
-Les redondances commentaires/image
-La répétition maniérée-façon-esthétique-publicitaire de certains plans : lumière filant dans les arbres, cavaliers dans la neige, personnages arrivant dans une ferme vus à travers des vitres, image floutée à la vaseline lors des passages narrés...
-Les tics destinés à rendre la violence la plus choquante possible : lorsque un type se prend une balle, on a systématiquement droit à un gros "bang!" et à la sortie en gros plan du projectile du corps de la victime.

Le scénario avance vers l'événement attendu à la vitesse d'un escargot, et il ne reste de ce semblant de film qu'un long clip sur Brad Pitt fumant le cigare, jouant avec des enfants décoratifs, piquant une colère soudaine ou embrassant sa femme décorative une fois toutes les demi-heure, et scannant son environnement avec un air mélancolique. Son regard s'arrête - allez savoir pourquoi - sur un freluquet dont l'admiration ne le touche même pas. Cette vague curiosité réciproque lui sera fatale. End of the story.

Non, en fait, il reste une bonne vingtaine de minutes de voix off après ça, histoire que soit illustré tout ce qui est arrivé au freluquet par la suite.

Ne perdez pas votre temps!
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

J'ai bien fait de murir mon avis durant la nuit ; David Locke en a profité pour passer avant moi et dire bien mieux tout ce que j'en pensais. Donc entièrement d'accord avec tout ce qu'il vient d'écrire avec encore un peu plus d'agacement. Quant à la composition de Nick Cave, il n'y a quasiment qu'un seul thème ne dépassant pas la minute, certes assez beau, mais refourgué à satiété durant toute la durée du film à intervalles plus ou moins régulier. Trop peu pour moi.

Bref, parler d'immense déception est un euphémisme.
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HAL 9000
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Message par HAL 9000 »

J’ai découvert avant-hier L’assassinat… et j’avoue que j’ai encore du mal à me situer par rapport au film. On peut dire que, bien que lent, le film nous embarque dans son rythme et se suit sans déplaisir et sans ennui. La musique assez magistrale de Cage / Ellis y est pour beaucoup.

Comme Cinéphage, le film ne m’a pas fait beaucoup penser à Malick, car son esthétique n’est justement « qu’une esthétique ». Elle ne sert à mon sens aucun thème du film, si ce n’est les passages filmés à travers le verre dépoli qui évoque le filtre déformant que forme la légende par-dessus la véritable existence des personnages. C’est ici seulement que j’ai trouvé de quoi me satisfaire dans le film, à savoir l’écart entre légende et histoire véritablement vécue. A ce titre, on peut même se demander si la voix-off ne serait pas qu’un autre filtre qui déforme elle aussi l’histoire.
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Au début du film, la voix-off nous affirme que la condition de Jesse James le fait beaucoup cligner des yeux ; or, justement, dans le plan correspondant, le regard de Pitt est absolument fixe et imperturbable.


Si les acteurs tirent tous leur épingle du jeu, j’ai préféré Sam Rockwell qui est magnifique en clown tragique, passant d’un instant à l’autre du rire au larmes. Je reproche au film de faire l’impasse sur
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les raisons de l’empathie du public envers le personnage de Jesse James, une fois sa mort arrivée : il devient alors un personnage de légende qui « vole aux riches pour donner aux pauvres ». Comment les gens en sont arrivés à accepter cela ? Est-ce juste parce qu’il est mort en ce faisant tirer dans le dos, donc abattre par un « lâche » ?
Bref, le film me laisse pour l’instant perplexe dans ses grandes largeurs, malgré la réflexion très intéressante qu’il livre sur la construction d’une légende.
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cinephage
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Message par cinephage »

J'en profite pour reposter ici mon avis sur le film.
cinephage a écrit :The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford, de Andrew Dominik (2007) 5/10 - Film à l'image de son titre, trop long, et sans surprise. Ce film souffre surtout d'une grosse psychologisation des personnages : le projet est donc de creuser dans la tête de ces personnages historiques connus. On y parvient, mais le film est ennuyeux, sans rythme, sans surprise.

Les comédiens, heureusement, donnent corps à leurs personnages, Brad Pitt, en particulier, nous offre un Jesse James marquant, et une incarnation remarquable. L'emballage du film est de qualité, avec une jolie composition sonore de Nick Cave et la superbe photo de Deakins (sans doute mon chef op préféré du moment), peut-être encore plus inspiré que d'habitude.

5/10, pour le magnifique emballage formel du film (parce que le récit est absent et la mise en scène réduite à sa portion congrue, sans parler d'un montage hasardeux).
Je n'avais pas parlé de Mallick, mais je dois avouer qu'effectivement, à mon sens, il n'y a pas de rapprochement à faire : ici, la mise en scène n'est pas au service d'une vision du monde, elle illustre un récit. J'ai beau ne pas apprécier Mallick, je crois que les deux projets sont par essence différents, même si, au final, on a deux films assez lents, avec une image travaillée.

Un dernier aspect, à peine évoqué, mais qui, maintenant que j'y réfléchis, me trouble un peu, c'est l'inexistence des personnages secondaires. Les enfants, "fantomatiques" indeed, mais aussi la femme de Jesse, ainsi que quelques autres, se contentent de faire paysage et se réduisent à des ombres. On ne me convaincra pas qu'un tel traitement serve le film. L'ambition de James de se mettre au vert, pour s'occuper de sa famille, suppose une femme dotée d'une certaine personalité. Ce choix, comme tant d'autres (la disparition de Frank, par exemple), parait inexpliqué, ou mal expliqué. Un rendez-vous raté de plus, pour moi...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

cinephage a écrit :
Un dernier aspect, à peine évoqué, mais qui, maintenant que j'y réfléchis, me trouble un peu, c'est l'inexistence des personnages secondaires. Les enfants, "fantomatiques" indeed, mais aussi la femme de Jesse, ainsi que quelques autres, se contentent de faire paysage et se réduisent à des ombres. On ne me convaincra pas qu'un tel traitement serve le film. L'ambition de James de se mettre au vert, pour s'occuper de sa famille, suppose une femme dotée d'une certaine personalité. Ce choix, comme tant d'autres (la disparition de Frank, par exemple), parait inexpliqué, ou mal expliqué. Un rendez-vous raté de plus, pour moi...
Je l'avais remarqué aussi effectivement : la famille de Jesse fait vraiment tapisserie et n'aide pas à renforcer l'émotion qui déjà sans ça me semblait inexistante.
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Message par angel with dirty face »

Anorya a écrit :Au final, un "anti-western" romantique et crépusculaire qui vient se placer tout près d'un autre : "Pat Garett and Billy the kid" de Sam Peckinpah où là aussi l'histoire portait plus sur les états d'âme et la mélancolie de ses personnages que sur une quelconque peinture de l'Ouest américain déjà bien connue et limite caricaturale par moments.
:? ... Heureusement que tu commences ton post par :
Anorya a écrit :Et pour moi subjectivement, ça l'est.
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Message par Anorya »

Beh je me doutais bien que mon post serait assez personel et plus de mon ressenti perso que d'un quelconque argumentaire bien construit surtout (et c'est vrai que la comparaison avec le Peckinpah est assez rapide et pas très réfléchie). Tous les défauts qu'on pourrait imputer au film ne m'ont pas spécialement traversés l'esprit ni même posé de problèmes sur le coup... :o
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angel with dirty face
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Message par angel with dirty face »

Anorya a écrit :Beh je me doutais bien que mon post serait assez personel et plus de mon ressenti perso que d'un quelconque argumentaire bien construit surtout (et c'est vrai que la comparaison avec le Peckinpah est assez rapide et pas très réfléchie). Tous les défauts qu'on pourrait imputer au film ne m'ont pas spécialement traversés l'esprit ni même posé de problèmes sur le coup... :o
Ce n'était pas une critique :wink: , j'ai juste été surpris. Sinon, j'avoue que ton papier est assez intéressant même si je ne partage pas ton point de vue... Je me dis souvent que si on pensait tous le même chose, l'intérêt d'un tel forum serait nul! Heureusement, ce n'est pas le cas... :D
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Zelda Zonk
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Message par Zelda Zonk »

Eh bien moi j'ai bien aimé. En particulier, le parti-pris formel du film m'a emballé, avec une sublime photographie de Roger Deakins, l'un de mes chefs-op préférés (un habitué des frères Coen). La composition de certains plans est de toute beauté. Rien que pour ça, je ne regrette pas le déplacement. L'autre point fort est la composition de Affleck, qui à mon sens vole la vedette au rôle titre tenu par Brad Pitt. C'est lui le vrai sujet du film au bout du compte, pas Jesse James.
Du côté des points négatifs, je vous rejoins cependant sur la longueur excessive (20 à 30 minutes de moins auraient permis de mieux condenser l'histoire) et le manque de rythme qui découle du premier point, mais pas seulement (scénario et montage sont également à blâmer).
Même s'il gagnerait parfois à dynamiter quelque peu la conduite de son récit et à prendre davantage de risques en termes de mise en scène, il y a vraiment de très belles idées chez ce cinéaste prometteur. Par exemple, les passages en voix-off couplés avec les filtres "flou gaussien" et le très beau score musical ont parfaitement fonctionné chez moi. Ce n'est pas nouveau certes (voir, par exemple, le même type de procédé dans une scène de Bonnie & Clyde [retrouvailles avec la mère de Bonnie]), mais parfaitement abouti techniquement et à mon sens justifié par rapport à la tonalité du film.
Je pense que c'est un film qui va bien mûrir et se bonifier avec le temps. Une véritable curiosité dans le genre "sur-western" en tout cas, qui n'est pas sans rappeler "Le gaucher" de Arthur Penn (pour moi, le sous-texte homosexuel est patent, dans les deux cas), ici dans un style plus élégiaque.
angel with dirty face
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Message par angel with dirty face »

Memento a écrit :L'autre point fort est la composition de Affleck, qui à mon sens vole la vedette au rôle titre tenu par Brad Pitt. C'est lui le vrai sujet du film au bout du compte, pas Jesse James.
Le titre original, c'est The Assassination Of Jesse James By The Coward Robert Ford, et le titre en français, c'est L'assassinat De Jesse James Par Le Lâche Robert Ford... D'où deux rôles titres! Ils sont complémentaires: Sans Jesse James, pas de film et sans Robert Ford, pas de film...
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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

Vu hier soir, beaucoup aimé en dépit d'une confusion narrative au milieu (je n'ai pas manqué de piquer du nez... :oops:).
L'introduction, dans un style élégiaque qui m'a beaucoup plu, lance parfaitement le film, tout en faisant craindre une présence trop appuyé de ce style, au risque d'empeser le reste de la narration. Et pourtant ça tient bien parce que c'est plus libre, moins corseté ensuite. Il s'agissait plus de lancer la narration.
Autre crainte en cours de route : l'un des thèmes musicaux, bien que très beau, est beaucoup repris en début de séquences ; heureusement il n'en ai rien, l'utilisation de la musique et de la voix off devient plus fluide ensuite.
Cette voix off, justement, possède plusieurs qualités : d'abord la voix en elle-même a un timbre grave, proche de celui d'un conteur, très appréciable et qui donne une autre musicalité au film. Le texte ne souligne quasiment jamais des éléments évidents à l'écran. Il s'agit plus de pensées, au conditionnel, des personnages, retranscrite au style indirect libre.
Techniquement, le film est à mes yeux irréprochables. La photo de Deakins appuie bien l'élegie mortuaire de Jesse James dans ses tonalités passées, ses ombres. L'utilisation de filtres (images floues dans ses contours) ne sert pas uniquement à faire beau, elle est finalement contextualisée par les photographies du cadavre de Jesse James à la fin, en photo "normale", puis en stéréoscopie (qui donne justement un effet flou/profondeur aux vues prises). Bon OK c'est une bonne excuse pour faire de jolies images... mais ça ne m'a pas gêné

De plus, le montage fait preuve à plusieurs reprises d'une très grande maîtrise et d'une efficacité saisissante. Je pense surtout à l'ouverture jusqu'à l'attaque du train, puis dans la dernière heure à partir du moment où Bob et Charley Ford s'installent chez Jesse James jusqu'à l'écran titre final. La fameux assassinat est un grand morceau de cinéma, dans la précision des plans, des mouvements, et de l'agencement du tout.

En dehors du ventre mou autour des personnages secondaires (j'ai pas compris pourquoi ils se flinguaient, dans la scène où Charley Ford saute par la fenêtre, Dick Liddil se prend une balle dans la cuisse et Bob Ford flingue Wood Hite), il y a aussi un problème dans l'interprêtation : Brad Pitt, s'il est clairement moins mauvais que dans la majorité de ses dernier films, joue assez faux dans les quelques moments où son personnage s'énerve ou se détend. Et à ce titre, au festival de Venise, il a vraiment volé le prix d'interprétation à Casey Affleck, quant à lui excellentde bout en bout, agaçant au début, puis peu à peu plus complexe dans son interprétation, touchant, repoussant, quelconque, etc.
les.photos.dalix a écrit :La grande idée de "l'assassinat de jesse james par le lâche Robert Ford" c'est de montrer la tragédie imperturbable, et en même temps de poser la question des raisons de cette tragédie: quel rôle a eut chacun dans le déroulement de l'inéluctable?
Je suis complétement d'accord avec ça. La ligne narrative, le ton principal est conservé tout du long, la dernière heure est quasiment parfaite, et du coup j'en regrette presque que le montage n'ait pas plus privilégié la partie post-assassinat à la place des querelles du clan. La réflexion sur l'adulation, l'assimilation, puis le dégoût pour un idole aurait peut-être mérité un peu plus de développement autour de la déchéance et l'oubli de Robert Ford.
joe-ernst a écrit :De plus, et c'est là à mon avis que le film rate complètement sa cible, c'est dans le traitement du personnage de Jesse James. On a beaucoup de peine à imaginer que cet homme ait pu devenir une sorte de héros aux States, quand on voit ses agissements dans le film. Vraiment étrange.
Je pense que c'est mystérieux pour le spectateur non-américain. Quelques éléments de dialogues et de la voix off, au début du film, donnent quelques pistes possibles d'explications. Un coup d'oeil sur une bio de Jesse James apporte des précisions. De plus, si le film ne montre pas Jesse James comme un Robin des bois du Missouri, il était apparemment vu comme tel par une partie de la population (cf la chanson de Nick Cave...). Et un homme, issu d'un milieu très modeste, qui s'attaque aux classes aisées et à l'ordre établi peut recueillir facilement les faveurs de l'opinion populaire.
Et ne pas oublier que bien avant sa mort, il y avait déjà des romans populaires plus ou moins fantaisistes sur lui édités dans tous le pays, lui inventant diverses aventures, des méfaits autres que les siens, et le décrivant à l'occasion de manière héroïque. Bref, la légende s'est créée comme ça en partie.
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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

Intéressant à voir : le vrai visage de Jesse James à travers des photographies, dont celles post-mortem.
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Aragorn Elessar
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Message par Aragorn Elessar »

Le film est impressionnant, j'ai été tres touché par le personnage de Robert Ford assez proche de moi sur certains points.
Ma critique une autre fois, quand je trouverais le temps ; mais je ne lui ai trouvé que des défauts négligeables dont j'ai l'impression qui s'effaceront à la deuxième vision.
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Message par Gounou »

Finalement, au bout de deux semaines, il ne m'en reste pas grand chose... :?
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