Predator (John McTiernan - 1987)

[Nestor Almendros]

Revu avec grand plaisir ce désormais classique.

Première revoyure depuis un bon moment, je trouve que le résultat n'a étonnament pas vieilli. Pourtant, on a droit à l'imagerie virile très 80's qui laisse augurer d'un film plutôt bas du front (la poignée de main toute en muscles, les soldats plus binaires les uns que les autres, l'énorme mitraillette, etc.). Sauf que ce n'est qu'un point de départ et que le scénario, ensuite, n'en profite jamais pour aller dans la surenchère gratuite et le film basique. Mis à part 2-3 exceptions, exit les punchlines toutes les 10 secondes, exit la violence graphique pour satisfaire bêtement le spectateur. Tout est cohérent, plutôt réaliste. Contrairement à ce que dit Margo dans le 1er post du topic, je ne trouve pas que le scénario soit si basique. Certes, il reste simple dans ses développements mais utilise avec une certaine épure une trame resserée qui fait merveille. Le film gère très bien les actes de la Créature invisible et la menace pesante sur le groupe avec une trame "serial killer" qui apporte un pression crescendo tout à fait bienvenue. Saluons également un casting hétéroclite d'où surnagent quelques personnalités très convaincantes ici (notamment Bill Duke, marquant).
Enfin, on ne peut que regretter la longue absence (actuelle) d'un réalisateur qui, en son temps, faisait du travail remarquable dans un genre exploité habituellement avec trop de facilité. John Mc Tiernan, utilisant au maximum son décor de jungle, joue habilement des cadres, de la profondeur de champ, de grues pas facile dans cet environnement), tout en proposant une direction d'acteur solide (même Schwarzy semble crédible).

EDIT: Ah si, il y a bien quelque chose qui m'a un peu gêné, pour pinailler. Ce sont les mains du Predator (ce qu'on voit presque en premier de la créature) et qui font "gant" surdimensionné pour l'acteur. C'est peut-être le seul détail (énorme, très visible) que j'aurais essayé de refaire...

Je l'ai revu dans la nouvelle Ultimate Hunter's Edition, avec le master tant décrié. Loin de vouloir relancer la polémique, je me dois de donner mon avis technique sur ce travail. L'absence de grain est impardonnable car c'est un élément qu'on aurait très bien pu garder (même au minimum pour respecter la texture argentique originale) mais qui a été supprimé au maximum. C'est une décision très casse-gueule et dommageable sur ce film précis car certains plans sont de moins bonne qualité à la base et le fait de tout lisser au même niveau dégrade le résultat sur certaines images.
L'impression qui vient pendant le visionnage est que la qualité est très inégale. D'un plan à l'autre ce n'est jamais constant très longtemps. On constate le chevauchement de plans très beaux avec, juste derrière, quelque chose d'un peu moindre. Cela relativise l'impression (globalement satisfaisante, pour ma part).
On a l'explication du tournage dans la jungle qui a endommagé la pellicule et c'est très visible à l'oeil. D'un côté on a certains plans (montrés sur le net) où le lissage est un peu abusif. Ce genre de plan ne doit représenter en fait que 20 à 30% de l'ensemble. On constate également sur certains plans, rarement, un rattrapage sur la définition de l'image, notamment pour compenser une mise au point défaillante au tournage. Le support blu-ray ne pardonne pas sur ce point et le film est rempli de flous non désirés. Ce qui est intriguant, c'est que tous ces plans "flous" n'ont pas été forcément retravaillés ici: mais le résultat, quand il y a retouche, s'apparente à l'effet d'accentuation abusive de définition sur Photoshop (pour ceux qui ont testé).
Et donc la surprise vient des 80% restant qui sont de bonne qualité, voire de très bonne qualité: beau piqué, beau contraste, bonne colorimétrie (poussée à bon niveau sur tout le film). Les gros plans sont assez bien traités, notamment. L'absence de grain, sur ces plans précis, n'endommage pas le résultat.

Il faudra voir un résultat tiré du négatif original, si ça se fait un jour. Perfectible en l'état, à refaire à coup sûr, mais c'est ce qu'il y a eu de mieux jusqu'à présent (il faut jeter un oeil au dvd pour s'en convaincre).

[Jericho]

EDIT: Ah si, il y a bien quelque chose qui m'a un peu gêné, pour pinailler. Ce sont les mains du Predator (ce qu'on voit presque en premier de la créature) et qui font "gant" surdimensionné pour l'acteur. C'est peut-être le seul détail (énorme, très visible) que j'aurais essayé de refaire...

Bizarrement j'ai jamais tiqué sur l'aspect physique et la qualité du costume du Predator. Que je trouve parfait dans sa conception, et chose incroyable parmi toute la saga (les suites et les "crossover"), je trouve que c'est le plus réussi dans le film de McT.

[dutch scheafer]

Je me devais d'acquérir le blu ray de ce monument du film d'action/science fiction qui me marqua au fer rouge à une époque assez éloignée aujourd'hui.
J'aurais tendance à privilégier le dvd par rapport au nouveau standard HD mais là n'est pas mon propos! (l'idéal restera toujours une projo au cinoche selon moi!)
Ce film reste un exemple de concision malgré la pauvreté de son script (bien que la caractérisation des persos soit bien fournie et ce malgré les stéréotypes liés au genre de film bourrin) de part sa montée crescendo du suspense et du retour à l'état primal de Schwarzy pour son salut!

Le fait est que je n'arrive pas avoir de recul ou de réflexion par rapport au film de Mctiernan, cela me dépasse encore à l'heure actuelle, car comme pour beaucoup, malgré les multiples visionnages (j'en suis à plus de 100 - oui je sais , c'est très inquiétant!!!) je ne me lasse toujours pas de cette histoire au premier abord assez basique mais qui confine dans son final à une approche plus sensitive voire naïve (et pourtant j'adore toute la 1ère partie très "12 salopards") et sa version française qui me semble plus couillue que la v.o avec un sacré casting vocal: Richard Darbois, Med Hondo, Jacques Frantz et Bernard Lanneau pour les plus connus.
Le fait est que l'on a droit à un nouveau monstre au look très stylisé (ah putain ces locks et ces mandibules!) se démarquant de l'esthétisme du xénomorphe parfait de Giger, ce qui achève le tableau de ce qui s'annonçait à la base comme une vulgaire série B et qui finalement rentra dans le panthéon des grands films des 80's et qui perdure encore aujourd'hui!
Pour conclure , je dirais que McT fut sacrément culotté de se lancer, pour son 2ème film, dans pareille entreprise. et c'est tout à son honneur d'avoir dirigé tous ces talents artistiques pour aboutir à une référence du genre!
(mention spéciale à Stuart baird, le monteur non officiel du film qui aurait sauvé pas mal de séquences!)

[mannhunter]

[semmelweis]

Au bout du compte,je suis un peu perdu par toutes les différentes versions blu ray du film ! Laquelle conseilleriez vous pour revoir le film dans de bonnes conditions ?

[Erikk]

Au bout du compte,je suis un peu perdu par toutes les différentes versions blu ray du film ! Laquelle conseilleriez vous pour revoir le film dans de bonnes conditions ?

Si possible la version sans DNR.
Du coup il vaut mieux privilégier la première édition.

[semmelweis]

C'es laquelle? La toute première sortie en blu ray, c'est celle-ci :

[Erikk]

Oui voilà c'est celui-ci que je conseille.

[Jericho]

Autant prendre son dvd upscalé si c'est pour opter pour cette édition...

[semmelweis]

Predator,John McTiernan(1987)

Genre: la mise en scène au service de l’action

Après un Nomads poussif, McTiernan revient dans un genre qui fera la renommée de son cinéaste, à savoir le film d’action. Predator consiste en une chasse entre une créature extra-terrestre et une bande de barbouzes au sein d’une jungle hostile.
A l’inverse de son premier film, John McTiernan met en place rapidement le contexte de son univers forestier sur fond de mission de sauvetage. Le film reste sans doute aussi important qu’un Terminator dans le sous-genre, de la SF d’action. Arnold Schwarzenegger a déjà à son actif des films du même tonneau comme Commando et Conan, où la force brute de l’acteur éclate.

Predator semble être scindé en deux parties. Sur une base typique de beaucoup d’actionners des années 80 à l’image d’un Rambo 2, grand succès à l’époque, le film débute sur une mission d’infiltration où il s’agit de dézinguer des rebelles…Porté par la musique épique d’Alan Silvestri, on s’amuse à voir Schwarzie et ses comparses massacrer des dizaines de soldats sans sourciller. Mais dès le départ, le cinéaste ménage ses effets en apportant le regard extérieur d’un étranger suivant le groupe sans jamais révéler sa vraie nature. McTiernan semble s’être inspiré des films de Jacques Tourneur en suggérant plus qu’en montrant la menace à l’oeuvre.
Le spectateur est donc plongé dans une ambiance de panique comme ses protagonistes devant une créature invisible dont la nature et les motivations sont inconnues. D’ailleurs, il n’est jamais expliqué les origines de ce monstre. En jouant la carte de la sobriété, le réalisateur crée une situation de malaise où chaque machine de guerre semble être au dépourvu face à une menace qu’il ne comprenne pas. Si l’entrée directe du film dans l’action pourrait dérouter aujourd’hui tellement les blockbusters actuels sont dans une mise en place longue et fastidieuse, ce n’est que pour mieux plonger dans le safari qui va dérouler pendant une heure et trente minutes.
Jim et John Thomas n’en oublient pas pour autant leurs personnages qui à chacun sa particularité et son ressenti face à la situation. On retiendra en particulier Poncho (Richard Chaves) qui entretient un contact particulier avec la menace en cours.

John McTiernan conduit tout cela avec une énergie et une précision hallucinante utilisant son décor naturel de jungle comme élement central de l’action. Ici, pas de surdécoupage ou de ralentis fractionnant les événements mais le choix est d’exposer l’espace même de l’action en plaçant la caméra entre la créature et le groupe attaqué. On voit donc se dérouler un jeu de massacre à l’image d’un slasher avec armes de guerre au point.
Cependant, McT s’éloigne par la suite de la programmation prévue tout en gardant une sobriété inattendue pour un film de studio. En effet, le réalisateur joue avant tout sur les fantasmes des spectateurs en choisissant de ne pas monter l’affrontement entre Poncho et le Predator mais bien son hurlement comme signe de terreur totale pour un Dutch (Arnold Schwarzenegger) complètement seul.

Le dernier tiers du film devient alors une sorte de calme avant la tempête où Dutch dépourvu d’armes va affronter la créature en quittant les oripeaux de la civilisation. C’est donc dans une veine épique mais aussi mythologique que le réalisateur conduit son film. Utilisant la plastique de son acteur principal, Predator devient l’affrontement entre l’humain fragile et une Nature omnipotente et omnisciente. De la même façon ,McTiernan dose ses effets ,en particulier en jouant sur une tension palpable où littéralement le chasseur cherche sa proie et fait du cache-cache. Il n’est alors pas question de proposer un combat « mano a mano » simpliste mais bien un exercice de traque . En ce sens, McT comprend bien que son surhomme bodybuildé doit être tout aussi désemparé devant cette créature que le spectateur. On aura rarement vu Schwarzie aussi en difficulté dans sa filmographie présentant un visage fatigué et un regard vide à la fin du film.

John McTiernan semble dès son deuxième opus avoir tout compris au cinéma d’action et poser les bases de son style. Si celui-ci utilise à la fois une mise en scène fluide et avare d’effets, il n’oublie pas d’apporter de la cohérence à son film.
Si ce Predator peut se réclamer du cinéma de genre des années 80 en particulier du Terminator de James Cameron, on pense aussi à un certain Alfred Hitchcock dans la façon de moduler l’espace et de construire des attentes pour mieux les détourner. En effet, John McTiernan joue à la fois de l’image de son acteur principal et du genre dans lequel il oeuvre pour créer un pur produit de mise en scène devenant un affrontement entre Nature et Culture où les mots n’on plus lieu d’être mais juste la jouissance de l’image et du divertissement.

[mannhunter]

Ressortie cinéma prévue pour le 17 Août!

[Watkinssien]

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[Mosin-Nagant]

Ressortie cinéma prévue pour le 17 Août!

Oh bazar de bazar ! De l'UHD avec la sortie d'un bluray 4K, sans DNR, en prévision ?

[Flol]

On notera que désormais, le nom de McTiernan s'affiche aussi gros que celui de Schwarzenegger. Le truc inimaginable il y a quelques années.

[ATP]

Bande annonce de la version restaurée qui ressortira en aout... Vous pensez qu'il s'agit d'une nouvelle restauration ou ils sont juste une ressortie au cinéma du master bourré de DNR?