Commentaires à propos de votre film du mois

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Jeremy Fox »

Goodprettygood a écrit :
Je vais aller jeter un oeil sur ton top 20 toutes catégories confondues (si c'est disponible ici bas) alors, en espérant y trouver de quoi me prendre deux trois crochets visuels ou me faire mordre l'oreille ;-).
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... =3&t=34735 :wink:
Gounou
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Message par Gounou »

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Rick Blaine
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Message par Rick Blaine »

Frances a écrit :
Sur ma liste ! Quand je pense que je n'ai encore jamais vu Le jardin du diable j'ai un peu honte :oops: mais ça a l'air superbe.
C'est mon Western preferé, un chef d'oeuvre.
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Harkento
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Message par Harkento »

Jeremy Fox a écrit :
Goodprettygood a écrit :Pour moi ce sera le film de Jacques Tourneur sorti en 1946: Canyon Passage.

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Beau film qui traite de la communauté et de la dialectique entre errance et enracinement entre autres.

Dans mon top 20 toutes catégories confondues 8)
Dans mon Top 100 et dans mon Top5 des plus beaux westerns que j'ai vu !
Décidément un grand film, très bon choix ! :D
semmelweis
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Message par semmelweis »

Avec un peu de retard (pour cause de garde),le film du mois apparait au dernier moment. C'est donc l'exorciste de Friedkin vu le 30/10/14 qui remporte le titre de film du mois. Je reste très impressionné par ce cinéaste dont j'ai vu 5 films dont 4 qui sont des grands films à mes yeux ! C'est vraiment un cinéaste majeur du Nouvel Hollywood. L'exorciste livre ni plus ni moins qu'une crise de foi, d'introspection démoniaque de deux heures filmée de façon clinique et quasi documentaire dont le dernier quart d'heure est un sommet de tension !
Par la suite, on notera Gone Girl qui montre toujours (si cela est nécessaire) que Fincher reste un des plus grands réalisateurs américains en activité et creuse son sillon d'une analyse psychologique et sociologique d'un XXI ème siècle sans âme !
Pour finir, Saint Laurent est le film qui m'aura le plus hanté ce mois ci tant sa bande son, sa mise en scène, son ambiance cotonneuse donnent l'envie de vivre dans l'univers crée de Bonello.

TOP

FILM DU MOIS:
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The Exorcist,William Friedkin (version originale)

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Gone Girl,David Fincher

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Saint Laurent,Bertrand Bonello

Récapitulatif :

Film découverts
Saint Laurent,Bertrand Bonello(Ciné) 8/10
Matar a un hombre,Alejandro Fernández Almendras(Ciné) 6,5/10
The Tribe, Myroslav Slaboshpytskiy(Ciné) 4/10
Mommy,Xavier Dolan(Ciné) 5,5/10
Following,Christopher Nolan(DVD) 4/10
J'ai tué ma mère,Xavier Dolan(DVD) 3/10
Les amours imaginaires,Xavier Dolan(DVD) 6/10
Gone Girl,David Fincher(Ciné) 8/10
The Exorcist,William Friedkin(Blu Ray version originale de 1973) 8,5/10

Films revus:
Alien 3 version longue,David Fincher(Blu Ray) 6,5/10
Seven,David Fincher(DVD) 8,5/10
The Game,David Fincher(DVD) 6/10
Fight Club,David Fincher(Blu Ray) 8/10
Panic Room,David Fincher(DVD) 4/10
Memento,Christopher Nolan(DVD) 8/10


Séries TV:
Borgia saison 1
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John Holden
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Message par John Holden »

39 films et un quinté international pour Octobre (dont 3 films découverts au Festival Lumière) :



Au grand balcon : Henri Decoin (1949)

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Des enfants gâtés : Bertrand Tavernier (1977)

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Des jours et des nuits dans la forêt : Satyajit Ray (1970)

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Not wanted : Ida Lupino/ Elmer Clifton (1949)

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Overlord : Stuart Cooper (1975)

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Rick Blaine
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Message par Rick Blaine »

John Holden a écrit :
Des jours et des nuits dans la forêt : Satyajit Ray (1970)

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:D
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John Holden
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Message par John Holden »

Un Ray qui m'a davantage plu par séquences que dans son ensemble.
Toutes les scènes d'amitiés entre les hommes notamment mais aussi la promenade du retour entre l'homme et la femme après l'exquise partie de mémo pendant le pique-nique.
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Profondo Rosso
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Message par Profondo Rosso »

Film du mois

1 La Belle au bois dormant de Clyde Geronimi

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2 Revenge de Tony Scott

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3 Les enfants nous regardent de Vittorio De Sica

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4 Bastogne de William A. Wellman

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5 The Legend of Billie Jean de Mathew Robbins

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Hitchcock
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Message par Hitchcock »

54 films ce mois, dont 39 découvertes (pas mal de révisions et redécouvertes ce mois-ci). Un mois marqué par les films de gangsters (notamment grâce au cycle/intégrale de TCM), une introduction au cinéma japonais avec trois grands films, et la découverte fracassante de L'Aventure de Mme Muir que je gardais au chaud depuis un moment. Mini-cycle Capra aussi avec 3 films (qui devrait se poursuivre durant le mois de novembre), ainsi qu'un très beau week-end au Festival Lumière (quatre découvertes ainsi qu'une magnifique révision lors du ciné-concert), et une soirée Jacques Tourneur très sympathique. Niveau western, un mois un peu plus calme malgré la découverte de La Dernière Chasse et la révision de Winchester 73'. J'en ai profité également pour finir mon cycle Dietrich/Von Sternberg du mois de novembre avec L'Impératrice Rouge, et revoir quelques-uns de mes films préférés comme Metropolis et Lettre d'une inconnue.

Film du mois :
Spoiler (cliquez pour afficher)
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Les Amants Crucifiés de Kenji Mizoguchi (1954)
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2. L'Aventure de Mme Muir de Joseph L. Mankiewicz (1947)

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3. Le Roman d'un tricheur de Sacha Guitry (1935)

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4. Les Fantastiques années 20 de Raoul Walsh (1939)

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5. La Dernière Chasse de Richard Brooks (1956)

6. Mirage de la vie - Douglas Sirk (1959)

7. La sorcellerie à travers les âges - Benjamin Christensen (1922)

8. L'Ennemi Public - William Wellman (1931)

9. Gosses de Tokyo - Yasujirō Ozu (1932)

10. La Peau Douce - François Truffaut (1964)

11. L'Homme qui rétrécit - Jack Arnold (1957)

12. Les Anges aux figures sales - Michael Curtiz (1938)

13. Main basse sur la ville - Francesco Rosi (1963)

14. Mon Homme Godfrey - Gregory La Cava (1936)

15. La femme aux cigarettes - Raoul Walsh (1940)

16. Au grand balcon - Henri Decoin (1949)

17. L'Air de Paris - Marcel Carné (1954)

18. La terre tremble - Luchino Visconti (1948)

Prix complémentaires :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Réalisateur du mois :
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Frank Capra

Redécouverte du mois :
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Miller's Crossing des Frères Coen (1990)

Prix d'interprétation masculin :
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James Cagney pour Les Fantastiques années 20 et L'Ennemi Public

Prix d'interprétation féminin :
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Juanita Moore pour Mirage de la vie
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AtCloseRange
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Message par AtCloseRange »

Profondo Rosso a écrit :2 Revenge de Tony Scott

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Ils se sont pas foulés...

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Thaddeus
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Message par Thaddeus »

Film du mois de Septembre 2014
Un mois dominé par les sorties ciné, mais j'avoue que pour une fois l'ordre est un peu aléatoire. Je ne suis pas sûr de préférer Zardoz à Mommy, Mommy à Bande de Filles, ou même Zardoz à Gone Girl ou La Vie Passionnée de Vincent Van Gogh, par exemple, que je ne fais pas figurer dans ce top 3. Super dur.

1. Zardoz (John Boorman, 1974)


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2. Mommy (Xavier Dolan, 2014)


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3. Bande de Filles (Céline Sciamma, 2014)


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Mes découvertes en détail :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Le lieu du crime (André Téchiné, 1986)
Un village de province calme, lumineux et étalé, une famille de petits notables mal assortis (le grand-père a l’air d’un paysan, la grand-mère d’une bourgeoise endimanchée), et l’arrivée d’un ange pasolinien qui précipite les désordres et les résurrections. La tentation du romanesque est si forte, chez l’auteur, qu’elle impulse lentement sa timidité et sa réserve. Dans cet étrange polar sentimental, ce cambriolage du cœur, elle va en s’intensifiant : le scénario multiplie les hasards et les événements pour mieux les dramatiser, le calme masque des tempêtes cachées ou à venir, les gens ordinaires recèlent des tourments cachés, quelque chose d’indiscernable qui couve et soudain éclate. La barque psychologique est chargée, un peu lourde de sens, mais le grondement orageux du film vient à bout des réserves. 4/6

Léviathan (Andreï Zviaguintsev, 2014)
Déchéance de la Russie contemporaine, nouveau chapitre. Mais avec une large poussée de souffle et de fatalisme, de cruauté et de pathétisme. Sans jamais céder aux facilités de la démonstration cynique ni réduire ses personnages à des pantins broyés par les contingences du scénario, Zviaguintsev exprime sa colère révoltée face à la corruption généralisée, au délabrement moral de son pays. L’ami avocat, l’épouse fébrile et touchante, le mari emporté mais bon, tous sont l’un après l’autre victimes de ce monde exsangue et désolé où les puissants avalent les plus faibles, et où les salauds gagnent à la fin. Constat d’une féroce amertume, délivré par un film noir et tragique dont l’amplitude de la mise en scène sait aussi ménager un grinçant humour du désespoir. Et puis Philip Glass à la musique, ça aide. 4/6

Fin août, début septembre (Olivier Assayas, 1998)
Après son détour vers la fantaisie sophistiquée d'Irma Vep, Assayas semble vouloir faire un grand saut dans l’âge adulte, conjuguer pudeur et franchise, émotion et drôlerie. Cela ne va pas sans accrocs ou affectations – telle cette caméra portée toujours fébrile, effet de signature un peu trop voyant. Pourtant, entre volonté d’arrachement et rêve romanesque qui ne veut pas mourir, le film fonctionne, dépasse le catalogue de clichés, de représentations, d’idées toutes faites qui traversent un moment de la société française. À égale distance de Desplechin, Chéreau et Téchiné, le cinéaste problématise dans une forme syncopée l’amour et l’amitié, les expériences du deuil, de la séparation, de l’engagement difficile, tout un feuilleté sentimental auquel les acteurs, excellents, apportent un atout décisif. 4/6

La stratégie de l’araignée (Bernardo Bertolucci, 1970)
La première séquence se situe sur le quai d’une gare, la dernière également. Entre les deux toute l’action se déroule dans le même village émilien, s’y développe et s’y perd : un fils cherchant à connaître son père se trouve peu à peu englué dans la trame des souvenirs contradictoires, des faux témoignages et des légendes usurpées. L’araignée ici n’est pas le fascisme ni l’Histoire mais Bertolucci lui-même, car aucun geste, aucune parole, aucune image du récit kaléidoscopique ne peut être crédité d’une quelconque valeur de vérité. Dans un climat d’étrangeté fantastique et une construction temporelle originale qui entremêle présent et passé, le film aborde donc les questions de la représentation, du trompe-l’œil, de l’ambiguïté politique. Intellectuellement stimulant, mais franchement aride. 3/6

Zardoz (John Boorman, 1974)
Il y a certes Sean Connery brandissant un flingue en slip rouge et nattes noires, mais cette image ne doit pas empêcher d’apprécier l’œuvre pour ce qu’elle est vraiment : un film de science-fiction d’une radicale audace esthétique, où l’utopie est soumise à une critique rigoureuse dévoilant les structures d’oppression qui gouvernent notre société. Le foisonnement symboliste et baroque de la mise en scène n’a d’égale que la densité thématique d’un matériel considérable, qui s’organise en un récit métatextuel "à tiroirs" et brasse sans jamais nous perdre culture et mythologie, élans romantiques et sarcasme nihiliste, scepticisme idéologique et soumission aux cycles de la vie (voir le dernier plan, typiquement boormanien). Ça ne ressemble à rien d’autre et c’est stupéfiant de richesse et d’inventivité. 5/6

Gone girl (David Fincher, 2014)
C’est bien lorsque Fincher remise au placard sa panoplie de petit malin que ses ambitions d’analyste psycho-sociétal trouvent le plein accord de son brio : thriller de très haute volée, orchestré au millimètre et dont chaque séquence multiplie les potentialités de la suivante, ce impeccable jeu de retournements et de faux-semblants radiographie le naufrage d’un couple idéal en éclairant avec méticulosité chaque sphère dans laquelle il se dissimule (familiale, collective, médiatique). La satire, féroce bien qu’un peu convenue, s’éprouve ainsi à l’angoisse d’un grand trou noir : l’opacité inviolable du conjoint, le poison des relations domestiques, l’envers des apparences. Quant aux excellents seconds rôles (la flic, l’avocat et surtout la sœur, véritable nœud de conscience), ils préservent le récit du cynisme facile. 5/6

Le Sicilien (Michael Cimino, 1987)
Utopiste ardent, il souhaitait faire de la Sicile un état américain et rendre leurs terres aux paysans (qui n’en voulaient pas). Il était beau, il était fier et faisait même tomber en pamoison les duchesses américaines… Cimino romantise Giuliano en homme de foi capable de traduire ses convictions en actes. Seule la réalité des faits l’arrêtera, lui qui pensait pouvoir renverser la triple alliance de l’Église, de l’aristocratie et de la Mafia, et qui s’apercevra n’être qu’un pion dans une stratégie qui le dépasse. Sans toujours échapper à l’emphase gratuite, le cinéaste fait couler le sang et la musique, claquer les drapeaux rouges au vent, virevolter les ressorts du romanesque. Son film est un beau livre d’images, emporté mais imparfait, généreux mais schématique, un peu terni par Lambert et son regard de teubé. 4/6

Mommy (Xavier Dolan, 2014)
À chaque nouveau film de Dolan on ramène la question du passage de maturité. Légitime mais agaçant. La vérité c’est qu’il n’a toujours pas franchi ce pallier, et que sa frénésie gargantuesque, son appétit intarissable et hypersensible de filmer, malgré ses grumeaux (ici tel prévisible montage en musique, là telle complaisance pop), témoignent d’une fraîcheur obstinée qui lui va à merveille. En faisant flamber toute la générosité vitaliste de son cinéma, en mordant comme un ogre dans un tissu romanesque jamais repu, en offrant des rôles superbes à deux actrices qui ne le sont pas moins, il fait souffler sur son mélo démesurément sentimental de fougueuses rafales d’amour et de détresse, d’énergie et de cruauté, de drôlerie et d’impuissance, de déséquilibre et de tours de force. Un tel tempérament est rare. 5/6

Macbeth (Orson Welles, 1948)
Travaillée par le sang, les ténèbres et la mort, par la soif de pouvoir de l’homme, que les forces du mal entraînent dans un gouffre toujours plus sombre, et les intrigues perfides de la femme, que la conscience conduit à la folie, cette célèbre "histoire de bruit et de fureur, contée par un idiot" se place au cœur du conflit entre le chaos des puissance surnaturelles (les trois sorcières) et le nouvel ordre annoncé par le christianisme. Welles s’attache non pas à illustrer la tragédie de Shakespeare mais à véritablement la "mettre en scène", en plans souvent très longs qui accentuent la dramaturgie (tel le meurtre du roi Duncan), dans un décor minimaliste de pierre troglodyte et de brume caverneuse, une esthétique barbare évoquant un monde et une époque indéterminés. Ses choix ont triomphé du temps. 4/6

Invasion Los Angeles (John Carpenter, 1988)
Jadis les communistes étaient l’ennemi numéro un. Mais en cette époque de libéralisme reagano-bushien, le danger vient de l’intérieur et de la léthargie consumériste des citoyens américains, endoctrinés par les messages de la télévision, les invitations trompeuses des dirigeants, le confort anesthésiant du matérialisme roi. Carpenter n’a jamais été aussi alarmiste et revendicatif dans son discours politique : face au conditionnement culturel et économique de masse, la nécessité est à la révolte armée et anarchique. Malgré ses métaphores tractopelles, sa série B propagandiste emporterait le morceau si elle ne se montrait pas aussi dilettante à tous les niveaux : dialogues bien neuneus, délires nawaks (la baston qui dure trois plombes), trucages pourris, acteurs calamiteux au charisme d’huître. 3/6

Les anges du péché (Robert Bresson, 1943)
Dès son premier film, Bresson se montre profondément concerné par les questions de la rédemption et de la grâce. Dialoguée par Jean Giraudoux, l’œuvre impose une retenue qui, loin de limiter l’émotion, l’élève et l’amplifie : elle éclaire ce qui relie la dévotion et le sacrifice, illustre deux formes de transgression oscillant entre la loi de la société, les pulsions de vie et l’aspiration à un autre ordre du monde. Le couvent devient ainsi le théâtre de passions feutrées, de pulsions et d’élans qui emportent les individus, d’un désir d’absolu qui dépasse la morale et le quotidien. Quelque chose de mystérieux, d’immatériel, en plein accord avec la vibrante lumière de la jeune Renée Faure, jeune sœur transfigurée par la mission spirituelle qu’elle s’est fixée, et dont les traits rappellent la Deborah Kerr du Narcisse Noir. 5/6

White bird (Gregg Araki, 2014)
Si la facture de cette chronique adolescente n’évite pas totalement les réflexes normatifs du cinéma indépendant américain, le regard porté par Araki sur la jeunesse n’en reste pas moins emprunt d’une remarquable justesse, et parvient à instiller sur un mode ouaté le mal-être banal, presque tranquille, de son héroïne. Les signaux de reconnaissance fonctionnent à plein (à l’instar de sa bande musicale eigthies au poil), le dosage de drôlerie pincée et de mélancolie discrète évite tout véritable risque, mais l’humilité de l’entreprise lui assure un intérêt constant : tout à la fois étude d’un envers domestique asphyxiant et subtil récit d’apprentissage, elle gomme les excès de style ou de zèle pour favoriser la douceur et l’empathie du portrait. Et puis Shailene Woodley est vraiment épatante. 5/6

La vie passionnée de Vincent Van Gogh (Vincente Minnelli, 1956)
Avant d’être cinéaste, Minnelli fut peintre et décorateur. Aussi dessine-t-il un portrait de Van Gogh en écorché vif, voué à la solitude par sa singularité, rejeté par les missions néerlandaises comme par les chapelles parisiennes : un perpétuel exilé auquel il revient d’exprimer en rouge et en vert le terrible des passions humaines. De la terre noire de Hollande au vieil or des tournesols arlésiens, des cyprès funèbres de Saint-Rémy aux horizons hallucinés d’Auvers, des périodes de crise aux instants éphémères de plénitude, de la tendre complicité avec le fidèle frère Théo aux débats tumultueux sur l’art avec Gauguin, ce superbe poème lyrique sur la création, mû d’une vraie passion pour la matière picturale, est le plus bel hommage rendu à un ouvrier de la peinture, à son opiniâtreté et à son engagement. 5/6

La chair de l’orchidée (Patrice Chéreau, 1975)
Chéreau qualifiera plus tard son premier film de "fantasmagorie indigeste". Autoflagellation assez injuste car la façon dont il parvient, à force de stylisation hallucinée, à créer malaise et fascination est plutôt courageuse. Il s’agit d’un faux polar bizarre où l’on croise une jeune héritière mutique, une grande bourgeoise bottée et voilettée de noir, des fous errant dans un parc parmi des voitures luisantes comme des coléoptères, un type louche qui finit énucléé, ou bien encore deux frères assassins presque aussi laconiques et effrayants que le Chigurh des frères Coen. Toute cette sanglante affaire de crime, de folie et d’argent est traversée de bouffées d’humour noir, filmée dans des intérieurs de pénombre ou dans une campagne de vapeurs grises, et marquée par un sentiment d’inexorable fatalité. 4/6

Chocolat (Claire Denis, 1988)
C’était le temps des whiskies sous les vérandas, des nuits moites sous la moustiquaire, des boys taciturnes regardant passer les Blancs à côté de l’Afrique véritable – le temps de la colonisation finissante. Claire Denis filme en connaissance de cause, elle qui a grandi au Cameroun en suivant son père fonctionnaire au hasard des nominations. À hauteur d’une fillette liée par une étrange complicité à un domestique noir, elle capte dans la langueur de la brousse l’expression des rapports pervertis entre maîtres et serviteurs : deux mondes étroitement mêlés mais irréductibles, séparés par une cloison trop étanche. Sans reconstitution solennelle ni psychologie envahissante, les visages parlent, les silences étouffent, la caméra fraye son chemin entre ombre et soleil, soupirs contenus et espoirs vains. 4/6

Magic in the moonlight (Woody Allen, 2014)
À mesure qu’il s’approche de l’échéance fatidique (et redoutée), Allen problématise ses sujets de façon toujours plus littérale. Il est parfaitement conscient des mécanismes qu’il manipule, n’essaie même pas de contourner les attentes, et filme désormais en vieux maître débonnaire, toujours capable de générer le plus vif des plaisirs sans donner l’impression de forcer. Une nouvelle preuve avec cette savoureuse comédie romantique, petite friandise où il récapitule ses positions sur l’illusion, l’aveuglement heureux et la lucidité triste, en colorant son pessimisme foncier d’un hymne aux délices de la magie amoureuse. Le divertissement est enlevé et pétillant, Colin Firth délectable en cynique touché par Cupidon (voir entre autres le râteau de sa demande en mariage) et Emma Stone à croquer. 5/6

Drôle d’endroit pour une rencontre (François Dupeyron, 1988)
C’est l’hiver, sur une autoroute, quelque part en France. Durant deux jours, une bourgeoise larguée par son époux et un type bizarre qui démonte son moteur comme s’il se livrait à une opération chirurgicale vont s’exprimer leurs incertitudes de cœur. Elle, murée dans la tour d’ivoire d’un mariage stérile, se raccroche aux pauvres dioramas de souvenirs idéalisés. Lui, solitaire et bourru, provocant et hâbleur, se laisse gagner par le romantisme et s’élève contre une réalité sordide. Pour orchestrer la valse amoureuse entre ces deux monstres sacrés, Dupeyron peaufine un dialogue très écrit, fait durer chaque plan, essaie de capter les turbulences intérieures de personnages d’âge mûr rendus chacun au point de non-retour de leur existence. La tentative est originale et plutôt réussie. 4/6

Les anges exterminateurs (Jean-Claude Brisseau, 2006)
Si l’on comprend son point de vue sur l’"affaire", Brisseau, devenu naïvement un gourou du sexe, fut la victime de jeunes filles fragiles et machiavéliques à qui il a fait découvrir la jouissance et qui sont tombées raide amoureuses de lui. Difficile de pousser plus loin le narcissisme et l’autojustification doloriste. Reste la quête pour figurer la mécanique incitative du plaisir charnel et de son économie cachée, la sollicitation anonyme du désir par la caméra, un certain magnétisme dans les ondulations des ébats saphiques ou des masturbations haletantes, le postulat fantastique qui joue avec l’ésotérisme et la transcendance. Ce n’est pas rien, mais inséré au sein d’une démarche de dédouanement si égocentrique, et réalisée de façon si pauvre, si anodine, que l’entreprise suscite régulièrement sarcasme et dépit. 3/6

L’or de Naples (Vittorio De Sica, 1954)
D’origine parthénopéenne, le réalisateur rend son hommage à une ville dont l’or réside essentiellement, comme l’indique le texte liminaire, dans l’espérance et la patience. Six sketches en forme d’anecdotes dressent une chronique quotidienne qui témoignent d’un savant dosage de comique dans le dramatique et vice-versa : Totò déguisé danse pour l’inauguration d’une épicerie, Sophia Loren exhibe ses rotondités, Silvana Mangano gèle immobile dans le froid du petit matin… S’il marque le glissement de l’auteur vers un cinéma idéologiquement moins engagé mais toujours concerné par l’expression des problèmes socio-culturels, ce sonnet populaire aux airs de comedia dell’arte demeure hélas inégal dans ses registres et sa fluidité, n’intéressant que par intermittence et ne touchant que rarement. 3/6

Le sel de la terre (Wim Wenders, 2014)
C’est en admirateur respectueux que le cinéaste rend hommage au travail de Sebastião Salgado, qui a choisi la voie écologique après avoir relaté certains évènements majeurs de l’histoire moderne. Du ventre ouvert du Brésil, déversant des milliers de chercheurs d’or, aux territoires reculés des Andes, des insoutenables images de la famine au Sahel aux exactions du génocide rwandais, des champs pétrolifères enflammés du Koweït à l’éden préservé d’une forêt équatoriale, les clichés de l’artiste subjuguent. Wenders en restitue la terrible beauté, exalte leur poésie de paradis et d’enfer, éclaire sobrement la bouleversante détresse humaine qui les habite. Et si l’on peut s’interroger sur son absence de remise en perspective, rien ne peut entraver la force émotionnelle de ce très beau documentaire. 5/6

Bande de filles (Céline Sciamma, 2014)
Black beauty, bleu électrique, rouge lipstick. On stigmatise trop souvent la fadeur esthétique du cinéma français, surtout lorsqu’il empoigne une certaine réalité sociale, pour ne pas applaudir ici les partis pris de la réalisatrice. Obéissant à de pures décharges d’intensité, exaltant l’affirmation de soi par les mots et les corps, son film s’accorde aux pulsations de ses petites princesses pop en une succession d’envolées à faire bouillir le cœur, les yeux et les oreilles (la danse sur Diamonds est de ces scènes qui rappellent pourquoi on va au cinéma). Dès lors, peu importe les quelques raccourcis signifiants de cette analyse des rites d’appartenance, du désir d’émancipation, du déterminisme social et de la bulle utopique, avec laquelle Sciamma nous transmet son amour débordant pour ses personnages. 5/6

Body snatchers (Abel Ferrara, 1993)
Transposée dans une base militaire, ce deuxième remake du classique de Don Siegel offre à Ferrara son premier gros budget hollywoodien. Le bonhomme ne lime pas ses griffes pour autant et en profite pour démolir certains clichés : la mère est diabolique et un enfant de six ans jeté du haut d’un hélicoptère. Si les possibilités de lectures abondent (on peut l’interpréter, d’un point de vue freudien, comme l’histoire d’une adolescente qui tue ses parents pour s’enfuir avec un joli garçon, sosie de Tom Cruise), le film, stylisé juste ce qu’il faut dans une dominante de contre-jours ocres, reste d’abord une série B speedée, straight, parfaitement emballée, qui tire le maximum de ses motifs autour de la paranoïa et de la contamination métastasique sans laisser le sous-texte politique empiéter sur le suspense. 4/6

Vie sauvage (Cédric Kahn, 2014)
Le film démarre de façon très intense, marqué d’emblée par la déchirure, la séparation, la conscience douloureuse d’un échec. Il s’achève avec une même force d’émotion, en scellant les retrouvailles de la mère et de ses fils sur la voie de la réconciliation. Entretemps, il dresse la chronique d’une utopie constamment mise à l’épreuve des contingences de la société actuelle, entre le désir d’émancipation des normes et la privation indirecte du choix, entre la volonté sincère d’offrir, à soi et aux personnes aimées, un autre voie possible et le prix à payer pour atteindre cet idéal. Privilégiant la sécheresse à l’apitoiement, Kahn éclaire avec tact les enjeux de cette fuite en avant, questionne la notion même de la liberté, et rappelle que Kassovitz est décidément bien meilleur acteur que réalisateur. 4/6

Interstellar (Christopher Nolan, 2014)
Entre spectacle fédérateur et vulgarisation scientifique, sentiments et intellect, Nolan continue de chercher sa voie, tricote comme il peut quelques lois de la physique quantique et, convoquant cette "brève histoire de temps" dont nous parlait Hawking, transpose d’une certaine façon le principe mental d’Inception dans l’infini de l’espace. Mais si les couleuvres à avaler sont nombreuses (notamment lors d’un pseudo-mindfuck final en équilibre instable entre audace et spéculations neuneu), il se manifeste ici plus de cœur et de sincérité que dans les précédents films du bonhomme. C’est cette dimension humaine qui rend le voyage SF foncièrement sympathique en dépit de ses trous d’air, parfois exaltant malgré sa pesanteur, et même étonnamment touchant à certains moments cruciaux. 4/6


Et aussi :

Samba (Eric Toledano & Olivier Nakache, 2014) - 3/6
Le portrait de Jennie (William Dieterle, 1948) - 4/6
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Films des mois précédents :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Septembre 2014 - Un, deux, trois (Billy Wilder, 1961)
Août 2014 - Le prix d'un homme (Lindsay Anderson, 1963)
Juillet 2014 - Le soleil brille pour tout le monde (John Ford, 1953)
Juin 2014 - Bird people (Pascale Ferran, 2014)
Mai 2014 - Léon Morin, prêtre (Jean-Piere Melville, 1961) Top 100
Avril 2014L’homme d’Aran (Robert Flaherty, 1934)
Mars 2014 - Terre en transe (Glauber Rocha, 1967)
Février 2014 - Minnie et Moskowitz (John Cassavetes, 1971)
Janvier 2014 - 12 years a slave (Steve McQueen, 2013)
Décembre 2013 - La jalousie (Philippe Garrel, 2013)
Novembre 2013 - Elle et lui (Leo McCarey, 1957)
Octobre 2013 - L'arbre aux sabots (Ermanno Olmi, 1978)
Septembre 2013 - Blue Jasmine (Woody Allen, 2013)
Août 2013 - La randonnée (Nicolas Roeg, 1971) Top 100
Juillet 2013 - Le monde d'Apu (Satyajit Ray, 1959)
Juin 2013 - Choses secrètes (Jean-Claude Brisseau, 2002)
Mai 2013 - Mud (Jeff Nichols, 2012)
Avril 2013 - Les espions (Fritz Lang, 1928)
Mars 2013 - Chronique d'un été (Jean Rouch & Edgar Morin, 1961)
Février 2013 - Le salon de musique (Satyajit Ray, 1958)
Janvier 2013 - L'heure suprême (Frank Borzage, 1927) Top 100
Décembre 2012 - Tabou (Miguel Gomes, 2012)
Novembre 2012 - Mark Dixon, détective (Otto Preminger, 1950)
Octobre 2012 - Point limite (Sidney Lumet, 1964)
Septembre 2012 - Scènes de la vie conjugale (Ingmar Bergman, 1973)
Août 2012 - Barberousse (Akira Kurosawa, 1965) Top 100
Juillet 2012 - Que le spectacle commence ! (Bob Fosse, 1979)
Juin 2012 - Pique-nique à Hanging Rock (Peter Weir, 1975)
Mai 2012 - Moonrise kingdom (Wes Anderson, 2012)
Avril 2012 - Seuls les anges ont des ailes (Howard Hawks, 1939) Top 100
Mars 2012 - L'intendant Sansho (Kenji Mizoguchi, 1954)
Février 2012 - L'ombre d'un doute (Alfred Hitchcock, 1943)
Janvier 2012 - Brève rencontre (David Lean, 1945)
Décembre 2011 - Je t'aime, je t'aime (Alain Resnais, 1968)
Novembre 2011 - L'homme à la caméra (Dziga Vertov, 1929) Top 100 & L'incompris (Luigi Comencini, 1966) Top 100
Octobre 2011 - Georgia (Arthur Penn, 1981)
Septembre 2011 - Voyage à Tokyo (Yasujiro Ozu, 1953)
Août 2011 - Super 8 (J.J. Abrams, 2011)
Juillet 2011 - L'ami de mon amie (Éric Rohmer, 1987)
Dernière modification par Thaddeus le 25 mars 17, 21:47, modifié 1 fois.
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AtCloseRange
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par AtCloseRange »

Thaddeus a écrit : Body snatchers (Abel Ferrara, 1993)
Transposée dans une base militaire, ce deuxième remake du classique de Don Siegel offre à Ferrara son premier gros budget hollywoodien. Le bonhomme ne lime pas ses griffes pour autant et en profite pour démolir certains clichés : la mère est diabolique et un enfant de six ans jeté du haut d’un hélicoptère. Si les possibilités de lectures abondent (on peut l’interpréter, d’un point de vue freudien, comme l’histoire d’une adolescente qui tue ses parents pour s’enfuir avec un joli garçon, sosie de Tom Cruise), le film, stylisé juste ce qu’il faut dans une dominante de contre-jours ocres, reste d’abord une série B speedée, straight, parfaitement emballée, qui tire le maximum de ses motifs autour de la paranoïa et de la contamination métastasique sans laisser le sous-texte politique empiéter sur le suspense. 4/6
The moment Nanar du film :mrgreen:
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Thaddeus
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Thaddeus »

C'est vrai que sa visualisation est bien cheap, mais l'idée est là.
Blue
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Blue »

Série B haut de gamme, magnifiquement emballée.
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