Commentaires à propos de votre film du mois

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Supfiction
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Message par Supfiction »

Frances a écrit :
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Le retour un coup de projecteur sans concession sur les « gueules cassées » de la guerre du Viêt-Nam avec le formidable Jon Voight.
Je l'avais commencé il y a 3-4 mois et j'avais été interrompu. Tu me donnes envie de lui redonner sa chance ce mois-ci.
semmelweis a écrit :Les Sopranos, saison 1
Comme je t'envie de le découvrir pour la première fois.. surtout que la fin de la première saison puis la 2 sont totalement jouissifs!
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daniel gregg
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Message par daniel gregg »

Tommy Udo a écrit :
Frances a écrit :Enfin Dans la nuit réalisé par Charles Vanel. Une belle réussite (malgré une scène de mariage trop diluée à mon goût et une fin ridicule imposée par la production). Une histoire à cheval sur le documentaire (la vie des mineurs, la longue exposition du mariage) et le mélodrame brutal et âpre.
Frances, tu l'as vu, comme les Ashby, au Festival Lumière ? En version restaurée ?
D'après Thierry Fremeaux qui l'a présenté, il est en cours de restauration (la copie projetée appartient à l'Institut Lumière et elle est déjà de bonne qualité) et devrait prochainement (l'année prochaine ?) faire l'objet d'une édition dvd.
Dernière modification par daniel gregg le 1 nov. 13, 14:56, modifié 1 fois.
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Frances
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Frances »

Tommy Udo a écrit :
Frances a écrit :Enfin Dans la nuit réalisé par Charles Vanel. Une belle réussite (malgré une scène de mariage trop diluée à mon goût et une fin ridicule imposée par la production). Une histoire à cheval sur le documentaire (la vie des mineurs, la longue exposition du mariage) et le mélodrame brutal et âpre.
Frances, tu l'as vu, comme les Ashby, au Festival Lumière ? En version restaurée ?
Oui, Tommy avec accompagnement au piano :wink: J'espère vraiment qu'il sortira en blu ray. Hormis les 2 petites réserves que j'ai émise ce film à un côté vraiment fascinant.
"Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre." Robert Browning.
" - De mon temps, on pouvait cracher où on voulait. On n'avait pas encore inventé les microbes." Goupi
Mains Rouges.

Mes films du mois :
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Jan 21 : Cousin Jules
Fev 21 : Midnight special
Mar 21 : Nanouk l'esquimau
Avr 21 : Garden of stones
Mai 21 : Fellini Roma
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Frances
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Frances »

Supfiction a écrit :
Frances a écrit :
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Le retour un coup de projecteur sans concession sur les « gueules cassées » de la guerre du Viêt-Nam avec le formidable Jon Voight.
Je l'avais commencé il y a 3-4 mois et j'avais été interrompu. Tu me donnes envie de lui redonner sa chance ce mois-ci.
semmelweis a écrit :Les Sopranos, saison 1
Tu sais ce qui te reste à faire :wink:
"Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre." Robert Browning.
" - De mon temps, on pouvait cracher où on voulait. On n'avait pas encore inventé les microbes." Goupi
Mains Rouges.

Mes films du mois :
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Fev 21 : Midnight special
Mar 21 : Nanouk l'esquimau
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Tommy Udo
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Tommy Udo »

daniel gregg a écrit :
Tommy Udo a écrit : Frances, tu l'as vu, comme les Ashby, au Festival Lumière ? En version restaurée ?
D'après Thierry Fremeaux qui l'a présenté, il est en cours de restauration et devrait prochainement (l'année prochaine ?) faire l'objet d'une édition dvd.
:D :D
Ah... Peut-être un rapport avec l'annonce Lobster d'hier ? ^^
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Tommy Udo
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Tommy Udo »

Frances a écrit :
Tommy Udo a écrit : Frances, tu l'as vu, comme les Ashby, au Festival Lumière ? En version restaurée ?
Oui, Tommy avec accompagnement au piano :wink: J'espère vraiment qu'il sortira en blu ray. Hormis les 2 petites réserves que j'ai émise ce film à un côté vraiment fascinant.
Merci Frances :wink:
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manuma
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Message par manuma »

Rick Blaine a écrit :...et mention également à Animal Kingdom étonnante chronique familiale, film noir moderne déjà mis en valeur dans ce topic par un forumeur dont j'ai oublié le nom ( :oops: ) mais que je remercie (ainsi que Jack Carter qui a renchérit)
Il se peut bien que ce soit moi. Je l'avais en tout cas casé dans mon top 5 du mois dernier...

Autrement, pour octobre, ça donne ça :

1. (avec une bonne longueur d'avance sur ses concurrents)
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2.
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3.
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4.
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5.
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et le petit film bonus du mois
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Rick Blaine
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Message par Rick Blaine »

manuma a écrit :
Rick Blaine a écrit :...et mention également à Animal Kingdom étonnante chronique familiale, film noir moderne déjà mis en valeur dans ce topic par un forumeur dont j'ai oublié le nom ( :oops: ) mais que je remercie (ainsi que Jack Carter qui a renchérit)
Il se peut bien que ce soit moi. Je l'avais en tout cas casé dans mon top 5 du mois dernier...
Oui c'est toi! Alors désolé pour l'oubli, et merci pour la découverte! :D
Anorya
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Message par Anorya »

Père Jules a écrit :Novembre 2013
(films vus, revus et redécouverts)

La jetée (Chris Marker, 1962) Image
Père Jules ! :D :D :D :D
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Flavia
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Message par Flavia »

Premier film du mois fascinant - Mulholland Drive -

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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Flavia a écrit :Premier film du mois fascinant - Mulholland Drive -

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Thaddeus
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Message par Thaddeus »

Flavia a écrit :Premier film du mois fascinant - Mulholland Drive -

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Cette image, comme toutes les autres du film, formule à mes yeux une certaine idée de la Beauté. 8)


[center]Film du mois d'octobre 2013[/center]

1. L'Arbre aux Sabots (Ermanno Olmi, 1978)

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2. City Girl (Friedrich Wilhelm Murnau, 1930)

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3. Le Cardinal (Otto Preminger, 1963)

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Toutes mes découvertes en détails :
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City girl (Friedrich Wilhelm Murnau, 1930)
Le film commence dans le bourdonnement du milieu urbain et s’achève dans la quiétude rurale des champs de blé, avec l’acceptation tardive, par le fermier bourru, de la serveuse de la ville que son fils a épousée. Évoluant encore vers le dépouillement et l’intimisme, Murnau filme les moissons, les étendues, les ciels et les nuits orageuses du Minnesota comme prises des feux de la passion, point nodal des rapports entre les personnages, sources de rivalités et de rancœurs tissant un contrepoint à l’exaltation de la nature. Plus qu’un trait d’union entre la candeur de L’Aurore et l’appel mystique traversant Tabou, ce superbe mélo préfigure, dans sa miraculeuse congruence, l’infiniment petit de ses épis de blé et l’infiniment grand de son horizon, le classique d’un démiurge texan réalisé cinquante ans plus tard. 5/6

Rush (Ron Howard, 2013)
Va-va-voum, ça vrombit sur la piste, les commentateurs s’excitent au micro sur le mode "ah-la-la-quel-retournement-c’est-incroyable", les lumières filtrées et les gros cuivres de Zimmer achèvent de noyer l’entreprise dans cet académisme pompier et néo-bruckheimerien qui cherche moins à stimuler le spectateur qu‘à le mettre sans risque dans sa poche. Si l’on est pas trop regardant sur la lourdeur psychologisante de l’affaire, le gros trait des caractères (Hunt est un roi de la com’ queutard et joyeux qui baise dans les WC des avions, Lauda un psychorigide teuton raide comme un piquet), ou la superficialité avec laquelle il traite son sujet (ça fait beaucoup), on peut prendre un plaisir tout éphémère à ce produit de consommation fast food. 3/6

Les deux cavaliers (John Ford, 1961)
Il est de notoriété publique que Ford ne portait pas ce western dans son cœur. Ça peut se comprendre tant il accumule les scories, les gags hasardeux, les fautes de goût dans la superposition hasardeuse des registres convoqués. Reprenant les thèmes du déracinement, du racisme et de l’antagonisme culturel qu’il avait développés avec La Prisonnière du Désert, le cinéaste confronte deux caractères opposés (dont James Stewart dans un rôle inhabituel de shérif cynique et opportuniste) mais ressentant une même amertume face à la violence et aux préjugés de leurs congénères. Si le film s’inscrit logiquement dans le parcours idéologique de l’auteur, sa facture quelque peu brouillonne est loin d’en faire une pièce capitale. 3/6

Désir meurtrier (Shōhei Imamura, 1964)
Oyez, oyez l’histoire de Sadako, servante épousée de façon illégitime par un homme qui la méprise, puis violée par un voisin dont elle deviendra l’amante malheureuse. C’est la joie. L’intrigue est digne d’un mélodrame bourgeois, Imamura en fait une tragédie gelée par les fumées, la grisaille, la neige, la rengaine des trains qui passent et les sons inhumains d’une ville aliénante. Chaque image reflète le désespoir d’une femme dont l’épanouissement semble impossible, constamment agressée par ce et ceux qui l’entourent. La sophistication discrète de la mise en scène, les monologues intérieurs, le rapprochement de l’émancipation sociale et de la libération sexuelle apportent à cette œuvre cafardeuse son identité bien particulière. 4/6

Le cardinal (Otto Preminger, 1963)
Entre l’apprentissage de l’humilité dans les bas quartiers de Boston et l’accession au cardinalat, Preminger raconte le cheminement sacerdotal d’un prêtre dont il nous fait partager les doutes et les interrogations, et c’est en accordant à nouveau la dimension personnelle de son sujet à un cadre collectif qu’il impose l’admirable sagacité de son discours. De la fin de la Première guerre mondiale à l’avènement du nazisme, de la survivance du racisme sudiste à l’hypocrisie de l’appareil vatican, il étudie les tensions et les ambiguïtés de l’Église, ses conflits intérieurs, ses contradictions politiques. La vigilance constante du cinéaste, son sens de l’équilibre, sa rigueur analytique offrent toute sa valeur à cette œuvre complexe, captivante, d’une scrupuleuse précision. 5/6

Œdipe roi (Pier Paolo Pasolini, 1967)
L’inspiration résolument composite du cinéaste, à la fois marxiste et existentielle, impose un traitement de choc à la tragédie de Sophocle, qu’elle catapulte entre deux épisodes contemporains parmi les dunes antiques du désert marocain. Mais qu’il soit soumis au châtiment d’un père militaire, dans la banlieue romaine des années 60, ou qu’il règne sur un peuple de trognes tannées, en son royaume de sable et de raphias, Œdipe demeure cet être en quête d’ablution, tourmenté par une faute qu’il n’a pas commise. Tout en vision sauvages et hétéroclites, traversé par une volonté d’insoumission dont la grossièreté fournit une caution paradoxale à la noblesse des idées, cet exercice de corde raide est exécuté avec une témérité qui force l’admiration. 5/6

Le principe de l’incertitude (Manoel de Oliveira, 2002)
Comme d’habitude avec Oliveira, un saut de foi est nécessaire pour franchir l’austérité de sa mise en scène et goûter un minimum à sa méditation sur le doute de tous sur tout. Il faut également admettre ne pas comprendre l’exhaustivité de ce qui motive les personnages, et accepter le traitement peu glamour d’une intrigue faite d’orgueils et de vertus, de passions et de sacrifices, où chacun psalmodie ses pensées avec le regard dans le vide (heureusement que la langue portugaise est belle à l’écoute). Malgré tout, une certaine fascination opère sur la durée, qui surgit de cet apprêt sans aspérités, de ces affrontements feutrés hérités de Laclos, de cette glaciation altière, de l’ambiguïté trouble des comportements (surtout celui de Leonor Silveira). 3/6

La rue rouge (Fritz Lang, 1945)
En remakant La Chienne de Renoir dans le Greenwich Village des années 40, Fritz Lang s’intéresse au cheminement du crime dans l’esprit d’un honnête homme, souligne la fragilité de l’innocence, et prend un malin plaisir à filmer le lent travail de l’aveuglement amoureux sur la conscience et la liberté individuelles. Un looser vieillissant tombe raide dingue d’une oie coquette qui le plume, elle-même manipulée par le gidon dont elle est éprise : tableau de duperie généralisé dont le cinéaste tire un drame passionnel où la morsure de la culpabilité se charge de châtier ce que les coups ironiques du destin ont laissé impuni. Maîtrise impeccable, propos moraliste et sans illusion : doublé gagnant. 4/6

La forêt interdite (Nicholas Ray, 1958)
On pourrait qualifier cette œuvre de tellurique tant elle semble aux prises avec les éléments premiers de l’univers – joncs méandreux et arbres centenaires, oiseaux colorés, rivières endormies et miasmes entêtants. Un garde-chasse aux idées écologistes et un braconnier attifé comme un pirate, portant un serpent en guise de collier, y font évoluer les notions de bien et de mal, de brutalité et de civilisation, s’affrontent et se défient jusqu’à fraterniser dans une même soumission aux splendeurs cruelles de la nature. A en croire le producteur et scénariste Budd Schulberg, Ray participa peu au tournage. Peu importe : la diffuse et sauvage poésie du film, sa beauté onirique en rupture avec tous les canons hollywoodiens, s’imposent d’elles-mêmes. 5/6

Haewon et les hommes (Hong Sang-soo, 2013)
Finies les promenades ensoleillées, l’heure est désormais à la blême incertitude. La méthode du cinéaste gagne toujours en minimalisme, dans une logique de rimes, de reprises et de répétitions infinies : un plan par scène, agrémenté ici d’un zoom, là d’un panoramique. On y suit une héroïne très attachante, étudiante toute en grâce inquiète gagnée par un doute sentimental, une douleur sourde, un désarroi fébrile que rien ne semble pouvoir apaiser. Son journal intime prend ainsi la forme d’une balade amère dont même les moments de sérénité (tel cet instant superbe où les deux amants se prenant la main devant l’arche d’un parc, tandis qu’une radio crachote la 7ème symphonie de Beethoven) sont gagnés par la tristesse. 4/6

9 mois ferme (Albert Dupontel, 2013)
L’impertinence est toujours là, toutes les têtes habituelles répondent à l’appel (Nicolas Marié, Philippe Uchan..) mais il y a quelque chose de nouveau chez Dupontel, une sorte de bienveillance attendrie qui contrebalance les outrances trash et les saillies gentiment gore de son cinéma. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose car ce qu’il perd en méchanceté corrosive il le gagne peut-être en sincérité de discours. L’éternelle thématique du rapprochement entre deux êtres mal assortis n’est évidemment pas traitée de façon bouleversante mais elle fournit un matériau suffisamment consistant pour offrir une comédie bien balancée, disjonctée juste ce qu’il faut, et ponctuée de quelques moments de délire franchement hilarants. 4/6

Sept ans de réflexion (Billy Wilder, 1955)
Que reste-t-il de cette comédie frivole et allusive, au-delà de l’image universellement connue de la robe de Marilyn Monroe soulevée par l’air frais du métro new-yorkais ? Une ribambelle de séquences burlesques, moites et corrosives qui démontent en profondeur les désirs et les fantasmes du mâle américain, ses techniques de drague rouillées, ses frustrations endormies. Le cadre ne se défait jamais des origines théâtrales du sujet mais Wilder n’a pas son pareil pour subvertir la morale étriquée des années 50, exprimer les pulsions de son personnage en introduisant des images mentales comment autant de rêveries équivoques, et battre en brèche le tabou de l’adultère en le confrontant à la sensualité animale de son actrice. Ne nous laisse pas succomber à la tentation… 4/6

La cérémonie (Nagisa Ōshima, 1971)
4 Mariages et 1 Enterrement à la sauce Ōshima. Peu de place pour la cocasserie et la bagatelle, mais une dissection au scalpel des codes sociaux reconduits comme autant de rituels immuables, une peinture glacée des comportements soumis aux impératifs familiaux et des aspirations individuelles sacrifiées par le poids des traditions. Stylisée et peu amène, d’une beauté plastique parfois à la lisière de l’abstraction, la mise en scène organise tout un jeu de flashbacks éclairant une poignée de destins individuels, et fait effleurer la violence muette des situations en analysant sur 25 ans, de la fin de la guerre et la reconstruction faisandée du Japon, la lente désagrégation d’une famille patricienne. Une chronique austère mais assez fascinante. 4/6

Quatre nuits d’un rêveur (Robert Bresson, 1971)
Visconti avait déjà porté à l’écran, de façon inégale, la nouvelle de Dostoïevski. Bresson l’adapte à son tour et en fait l’un de ces assommoirs radicaux dont il est le plus constant spécialiste. Avec un art infaillible du sabordage, il en transforme la triste histoire de rencontre malheureuse et de désaccord amoureux en une litanie de scènes évidées, aussi flasques qu’un morceau de viande froide. Ces déambulations monotones sont-elles censées être émouvantes ? Ces bateaux-mouches glissant sur la Seine sont-ils les vecteurs d’une quelconque poésie ? Cette littéralité proprement cadavérique est-elle porteuse de vérité ? Au fond, la seule question qui vaille est celle-ci : qu’a-t-on fait à Bresson pour qu’il nous inflige une telle souffrance ? 1/6

Gravity (Alfonso Cuarón 2013)
On pourrait prendre le titre au pied de la lettre et s’amuser de la logique avec laquelle, plombée par tous les clichés du blockbuster, l’aventure décline inexorablement pour finir dans la lourdeur la plus totale, avec chœurs emphatiques et métaphore d’une kolossale finesse. Pas très finaud sur le plan de l’allégorie, empêtré dans une symbolique lourdingue autour de la renaissance et du dépassement de soi, lesté par les poncifs psychologiques, le film bande les muscles et accumule les tours de force techniques ponctués de gênants passages-émotion. Quant au petit frisson de la simulation spatiale en mode Space Mountain, il est flingué le plus souvent par une musique péniblement omniprésente, et donne moins l’impression d’être au cinéma que devant la dernière attraction foraine à la mode. 3/6

Snowpiercer, le transperceneige (Bong Joon-ho, 2013)
Malgré certaines coutures un peu grossières dans la greffe, la personnalité de Bong Joon-ho ne s’est pas fait bouffer par le passage à la superproduction internationale. La forme impure et le déséquilibre déroutant mais fructueux de la narration attestent de la générosité et de la frénésie créatrices d’un artiste qui écluse toutes les potentialités graphiques et politiques de son sujet. Entre des vigiles cagoulés éventrant un poisson et une institutrice sous amphét’ qui défouraille à tout va, la parabole offre son lot de visions baroques, se soumet à la logique segmentée (un wagon, un principe esthétique) d’un véritable film-monde, et reconfigure les thèmes du pouvoir, de la quête individuelle et de la lutte des classes avec ironie et ambigüité. Mais la conclusion lourdement explicative déçoit. 4/6


Et aussi :

La vie domestique (Isabelle Czajka, 2013) - 4/6
Nuages flottants (Mikio Naruse, 1955) - 5/6
Prisoners (Denis Villeneuve, 2013) - 4/6
Le chagrin et la pitié (Marcel Ophüls, 1969) - 4/6
L'arbre aux sabots (Ermanno Olmi, 1978) - 5/6
Akira (Katsuhiro Otomo, 1988) - 4/6
Films des mois précédents :
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Septembre 2013 - Blue Jasmine (Woody Allen, 2013)
Août 2013 - La randonnée (Nicolas Roeg, 1971) Top 100
Juillet 2013 - Le monde d'Apu (Satyajit Ray, 1959)
Juin 2013 - Choses secrètes (Jean-Claude Brisseau, 2002)
Mai 2013 - Mud (Jeff Nichols, 2012)
Avril 2013 - Les espions (Fritz Lang, 1928)
Mars 2013 - Chronique d'un été (Jean Rouch & Edgar Morin, 1961)
Février 2013 - Le salon de musique (Satyajit Ray, 1958)
Janvier 2013 - L'heure suprême (Frank Borzage, 1927) Top 100
Décembre 2012 - Tabou (Miguel Gomes, 2012)
Novembre 2012 - Mark Dixon, détective (Otto Preminger, 1950)
Octobre 2012 - Point limite (Sidney Lumet, 1964)
Septembre 2012 - Scènes de la vie conjugale (Ingmar Bergman, 1973)
Août 2012 - Barberousse (Akira Kurosawa, 1965) Top 100
Juillet 2012 - Que le spectacle commence ! (Bob Fosse, 1979)
Juin 2012 - Pique-nique à Hanging Rock (Peter Weir, 1975)
Mai 2012 - Moonrise kingdom (Wes Anderson, 2012)
Avril 2012 - Seuls les anges ont des ailes (Howard Hawks, 1939) Top 100
Mars 2012 - L'intendant Sansho (Kenji Mizoguchi, 1954)
Février 2012 - L'ombre d'un doute (Alfred Hitchcock, 1943)
Janvier 2012 - Brève rencontre (David Lean, 1945)
Décembre 2011 - Je t'aime, je t'aime (Alain Resnais, 1968)
Novembre 2011 - L'homme à la caméra (Dziga Vertov, 1929) Top 100 & L'incompris (Luigi Comencini, 1966) Top 100
Octobre 2011 - Georgia (Arthur Penn, 1981)
Septembre 2011 - Voyage à Tokyo (Yasujiro Ozu, 1953)
Août 2011 - Super 8 (J.J. Abrams, 2011)
Juillet 2011 - L'ami de mon amie (Éric Rohmer, 1987)
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Thaddeus a écrit :
1. L'Arbre aux Sabots (Ermanno Olmi, 1978)

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re- 8)
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Message par kiemavel »

cinephage a écrit :
Père Jules a écrit :Pas revu depuis 10 ans environ et une redécouverte époustouflante.
Film du mois donc.

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Quand je l'ai revu, je ne l'avais pas revu depuis sa sortie en salle, il y a une vingtaine d'années. Je pensais redécouvrir le film. Il s'avère qu'au contraire, il m'avait tellement marqué que je m'en souvenais extrêmement bien (ce qui est exceptionnel au vu de la médiocrité de ma mémoire). C'est effectivement un film fabuleux.
Possiblement le meilleur film d'Altman.
Chef d'oeuvre absolu, oui mais meilleur Altman ? Je fonde quelques espoirs -justifiés en raison de la réputation du film - sur Nashville que je n'ai toujours pas vu. C'est d'ailleurs une anomalie que l'un des films les plus réputés d'un cinéaste aussi célèbre reste désespérément absent des écrans (à part peut-être des écrans parisiens), qu'il n'ai jamais été -ou alors il y a plus de 20 ans- diffusé à la TV et qu'il n'ai jamais été édité sur quelque support que ce soit en France.
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Message par NotBillyTheKid »

Jeremy Fox a écrit :
Thaddeus a écrit :
1. L'Arbre aux Sabots (Ermanno Olmi, 1978)

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re- 8)
Chef d'oeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeuvre !
(Dans mon top 5 ever ! (avec Pierrot le fou, Pat Garret & BTK, L'aurore et Fat city)

Tout nouveau venu dans le clan des "Olmiens" du forum est un plaisir. (C'est quand même autre chose que David Lynch,non ? :wink: :mrgreen: )
"Je ne veux pas rester dans l'histoire comme le gars qui a détruit l'Univers"
Dude, where's my car
Tears in my beers
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