Avec ce 4ème film de suite sur les héros ordinaires américains(après l'intermède La Mule), on pouvait légitimement se demander sous quel nouvel angle Clint allait traiter son sujet...
Pas de surprise ici, on retrouve la marotte habituelle de la filmo de Clint, à savoir l'individu confronté à des institutions toutes puissantes(ici, le FBI et les Médias) . Thème déjà traité dans Sully, où Tom Hanks s'opposait aux autorités aériennes civiles américaines...
Ce qui est intéressant par contre, c'est qu'Eastwood se focalise ici sur les effets de ce combat sur la vie du héros, qui va devenir un enfer absolu. On passe donc d'un classique film de procès dans Sully à un vrai drame familial.
Le traitement du sujet, en apparence classique, est pour le moins étonnant... La première partie du film dresse un portrait étonnamment peu flatteur du héros.:Jewell,qui idéalise la justice et les forces de l'ordre, est peu aimé de ses semblables, de par son physique et surtout d'un zèle excessif.Un zèle motivé par son désir de bien faire...et par une frustration immense de ne pas être reconnu. Sans compter qu'il vit à 33 ans chez maman.

On a connu héros plus attachant...
La partie après l'attentat va montrer d'autres facettes de Jewell, autrement qualitatives:Jewell est un fils aimant et aimé, prêt à se sacrifier pour protéger sa mère.
Il est aussi fidèle en amitié, il appelle ainsi à l'aîde la seule personne qui lui ai témoigné de la considération, un autre freak, comme lui.
Ceci posé, le harcèlement subi par les Jewell est absolument insupportable pour le spectateur. Eastwood, par ses qualités de directeur d'acteurs, tire absolument le meilleur d'une troupe d'acteurs remarquables(Bates, Rockwell et Hauser en tête).
Les rôles de Jon Hahm et Olivia Wilde sont plus ingrats et on pourrait reprocher à Clint une certaine caricature du FBI et des médias. Mais il montre en quelques scènes qu'Olivia Wilde est peu appréciée de ses collègues car arriviste. Idem pour le FBI, qui s'applique desespérément à trouver un coupable collant à son profil de terroriste choisi, alors que Jewell pouvait être dédouané par les preuves. Ce même FBI, incapable 5 ans plus tard, de déjouer les attentat du 11 Septembre.
Amusant de voir aussi que Le Cas Richard Jewell est le miroir inversé en 2020 d'un autre film sur une injustice, True Crime et le témoin d'un changement d'époque:
Dans True Crime, un journaliste s'acharnait, contre l'évidence, à éviter la mort à un condamné.
Dans Jewell, un avocat défend l'interêt d'un innocent, condamné... par une journaliste.

Même conclusion par contre, sobre et élégante.
Même destin injustifié au box-office, avec deux échecs commerciaux...

Au final, un très beau drame, avec une mise en scène discrète et classe, des acteurs formidables, des dialogues enlevés(ces gens qui parlent comme de vrais gens, p... Ce que ça fait du bien!) et une très belle b.o d'Arturo Sandoval.
Eastwood,comme souvent, prouve une nouvelle fois son amour sincère pour le petit peuple américain.
J'ai fini la séance la larme à l'oeil, voilà...

7.5/10