Dunkerque (Christopher Nolan - 2017)

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Truffaut Chocolat
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Re: Dunkerque (Christopher Nolan - 2017)

Message par Truffaut Chocolat »

Phnom&Penh a écrit :Tant qu'à Dunkerque, ce n'est pas un bourbier, il y a beaucoup de chocs et de sons, mais il n'est pas réaliste, il est trop construit et ça n'a rien à voir avec la présence ou l'absence de violence.
Qu'est-ce que tu veux dire par réaliste ?
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Phnom&Penh
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Re: Dunkerque (Christopher Nolan - 2017)

Message par Phnom&Penh »

Crédible en tant que film par rapport à ce qu'il relate et à l'action qui se déroule. Sachant évidemment que c'est subjectif, et que si je parle d'un film "réaliste", je ne veux évidemment pas dire "ça s'est passé comme ça" mais simplement "j'y crois facilement".
Un film de guerre très violent peut être grotesque et un film très doux dans son traitement peut être très vrai.
Après, le débat "ça gicle de partout, et c'est bien parce que la guerre c'est vraiment dégueulasse" ne m'intéresse pas des masses et est de toute façon hors sujet puisque Dunkerque, s'il est parfois violent n'est pas un film de ce type. Il tourne autour d'une poignée de personnages, et il n'y a quasiment pas une goutte de sang.
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la_vie_en_blueray
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Re: Dunkerque (Christopher Nolan - 2017)

Message par la_vie_en_blueray »

Phnom&Penh a écrit : c'est juste un cliché de plus. Ça peut être ça et plein d'autres choses aussi. Même des films très violents comme Ryan ou La ligne rouge, ne sont heureusement pas que des bourbiers de fureur et de son
Ryan est violent, ok, mais ca reste construit sur un premice melodramatique. Deja, rien que d'aller chercher un type juste parce que maman en a deja perdu 2, c'est a fond dans la recherche de sentiment emphatique de la part de l'assistance. Meme si l'histoire est vraie a la base, on ne sait pas quels moyens ont été vraiment mis en oeuvre pour "retirer le survivant du front".
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Demi-Lune
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Re: Dunkerque (Christopher Nolan - 2017)

Message par Demi-Lune »

la_vie_en_blueray a écrit :
Phnom&Penh a écrit : c'est juste un cliché de plus. Ça peut être ça et plein d'autres choses aussi. Même des films très violents comme Ryan ou La ligne rouge, ne sont heureusement pas que des bourbiers de fureur et de son
Ryan est violent, ok, mais ca reste construit sur un premice melodramatique. Deja, rien que d'aller chercher un type juste parce que maman en a deja perdu 2, c'est a fond dans la recherche de sentiment emphatique de la part de l'assistance. Meme si l'histoire est vraie a la base, on ne sait pas quels moyens ont été vraiment mis en oeuvre pour "retirer le survivant du front".
Est-ce si important ? Le film part d'une idée qui n'est pas seulement mélodramatique puisqu'elle recoupe et prolonge le cas de conscience moral qui hante La liste de Schindler : la valeur d'une seule vie humaine sauvée, et son pouvoir ou non d'absolution auprès du sauveur. Et comment ce sauvetage, qui est au départ une mission jugée comme étant absurde, devient un véritable choix de libre-arbitre. Ces considérations morales rendent le film authentiquement spielbergien. On comprend pourquoi Spielberg a attendu des années pour faire son film de Seconde Guerre mondiale : il fallait trouver la "bonne" histoire à raconter.
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la_vie_en_blueray
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Re: Dunkerque (Christopher Nolan - 2017)

Message par la_vie_en_blueray »

Oui, justement parce que Spielberg est un realisateur melo naif qui en plus depuis quelques temps est en recherche du "message".

J'adore Spielberg ca n'empeche que c'est bien que tous les films ne ressemblent pas à ca.
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Demi-Lune
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Re: Dunkerque (Christopher Nolan - 2017)

Message par Demi-Lune »

la_vie_en_blueray a écrit :Oui, justement parce que Spielberg est un realisateur melo naif qui en plus depuis quelques temps est en recherche du "message".
OK, fin de la discussion pour moi.
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Re: Dunkerque (Christopher Nolan - 2017)

Message par Strum »

la_vie_en_blueray a écrit :Oui, justement parce que Spielberg est un realisateur melo naif qui en plus depuis quelques temps est en recherche du "message".

J'adore Spielberg ca n'empeche que c'est bien que tous les films ne ressemblent pas à ca.
Oui, heureusement il y a des films de guerre qui ne sont pas fondés sur des enjeux moraux mais sur d'autres plus importants : à savoir comment fabriquer un lego ? Dans Dunkerque par exemple, Nolan dispose d'une pièce de légo marron (couleur terre) très longue d'une semaine, d'une autre bleu foncé (couleur mer) d'une longueur moyenne d'un jour et d'une dernière bleu clair (couleur ciel) toute petite d'une longueur d'une heure. Le voir essayer de construire son film avec ces trois pièces de légo, qu'il est en plus obligé de casser en plein de petits morceaux, c'est autrement plus passionnant que de savoir s'il faut tuer le prisonnier allemand dans Ryan. :mrgreen:
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Re: Dunkerque (Christopher Nolan - 2017)

Message par Demi-Lune »

Pour ma part, le film commence déjà à s'effacer de ma mémoire. La proposition m'a parue finalement assez fade sur pratiquement tous les niveaux de sa conception. Bien qu'elle ait bénéficié d'un budget imposant, la reconstitution peine à restituer une quelconque ampleur sur le plan de la logistique militaire. Comme certains l'ont déjà souligné, les figurants sur la plage et les quelques avions et navires convoqués paraissent bien seuls, et font d'autant plus cache-misère que le cinéaste élabore justement des plans démiurgiques, qui cherchent comme à transfigurer l'approche esthétique du film de guerre. Qu'il suffise de repenser au plan-séquence sur la plage dans Reviens-moi pour mesurer le défaut d'échelle. Je peux entendre que le parti-pris soit de faire quelque chose d'intentionnellement minimaliste, presque abstrait, dans le sillon d'autres films de Nolan qui se caractérisent par leur côté conceptuel. Mais dans ce cas, l'historicité de cet épisode militaire n'a plus grande importance, non? Comme Strum le disait précédemment, ce film aurait pu en fait s'affranchir carrément de tout contexte et de tout cadre, afin d'aller jusqu'au bout de sa vision dépouillée. Le film se serait ainsi prémuni de toute tentation d'affèteries, et n'aurait pas ainsi couru le risque d'être un peu contradictoire avec lui-même et ridicule lorsqu'il se rattache, sur le finish, à une Histoire factuelle, subitement regardée de plus haut que ce qu'ont vécu les personnages (s'enorgueillir du sauvetage de 300000 hommes, donc d'un miracle humain, que le film n'a jamais "montré"). Il y a là, pour moi, un paradoxe plus ou moins lancinant sujet-forme qui rend le film bien boiteux. D'autant que ce qui semble intéresser prioritairement le cinéaste, c'est à nouveau une forme d'expérience narrative: l'articulation du film, séduisante sur le papier, fait écho à la quête de contrôle et de hauteur de vue du cinéaste, mais peine à convaincre - une nouvelle coquetterie, discutable dans le cadre du projet de récit primal de survie - dans la mesure où le dialogue créé par le montage entretient une illusion de simultanéité contredite dans le même temps par des redites (certes à perspective variable) donnant une impression de stagnation permanente au film. Expérience de relativité du temps pas inintéressante mais un peu inaboutie, contrairement à Inception qui est le film le plus proche de Dunkerque pour son côté métallique, mental et sa volonté de domestication du temps. Quant à la mise en images à proprement parler, la hauteur de vue, qui fait ponctuellement son effet lors des séquences de chasse aérienne, reste pour moi souvent platounette dans le déroulé du film d'une manière générale - toujours cette impression d'uniformité dans le style de Nolan. Enfin, puisqu'il est question de Churchill à la film du film, impossible de ne pas évoquer ce ramdam absolument gavant qui te matraque bien la gueule pendant deux heures : "du bruit et des larmes" et un Zimmer qui a sorti la tronçonneuse en mode Val Kilmer (comprenne qui pourra). Rétrospectivement, ça me fait doucement rigoler que Nolan ait évoqué le travail sonore de Carpenter pour son film: Carpenter, avec ses pulsations, n'agresse pas ses spectateurs de façon ininterrompue... c'est une insulte à sa philosophie de cinéma que de sortir un truc pareil. Car il y a pour moi dans ce tout-sonore de Dunkerque un manque de confiance implicite de Nolan dans l'implication des spectateurs, comme si la démarche immersive, s'appuyant sur une sorte de ligne claire, était interdépendante d'un conditionnement Dolby 9.1 Méga UHD-mes-couilles, devant mécaniquement "plonger" le public dans le récit. Encore une fois, incohérence des moyens : minimalisme vs pachydermisme.
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Truffaut Chocolat
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Re: Dunkerque (Christopher Nolan - 2017)

Message par Truffaut Chocolat »

Demi-Lune a écrit :Expérience de relativité du temps pas inintéressante mais un peu inaboutie, contrairement à Inception qui est le film le plus proche de Dunkerque pour son côté métallique, mental et sa volonté de domestication du temps.
Là-dessus je penche pour Interstellar. :o
Transporter ces soldats de Dunkerque jusqu’aux rives du UK a des airs d’ entreprise cosmique qui rend l’expérience du temps propre à chacun des personnages.
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Alexandre Angel
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Re: Dunkerque (Christopher Nolan - 2017)

Message par Alexandre Angel »

J'ai pris beaucoup de plaisir à Dunkerque et compte même aller le revoir.
J'ai presque immédiatement compris que cela ne me déplairait pas lorsque j'ai appris la durée, relativement modeste, du métrage. Comment pouvait-on imaginer qu'un réal du talent de Nolan (cinéaste que je n'adule absolument pas) -et j'entends par talent ce brio formel qu'il est impossible de lui dénier tout en fustigeant l'espèce de pose "experte" dont il pare sa manière- comment pouvait-on croire, donc, que Nolan omettrait, compte tenu de son ambition (et ambitieux il l'est toujours), de dégraisser ses façons virtuoses?
Je tiens Dunkerque pour son meilleur film car j'y ai vu tout ce qu'il aurait pu être et qu'il n'est finalement pas, à savoir un film Barnum sensationnaliste, un sommet de pompiérisme, une partouze de pixels.
Dunkerque, œuvre mordorée et inclassable, véritable anguille filmique, n'est pas vraiment expérimental, aucunement immersif au sens "Chute du Faucon Ryan" du terme (aucune espèce d'ironie derrière cette petite vanne) et certainement pas reconstitution maniaque d'un fait de guerre.
Nous avons à faire ici, compte-tenu des états généraux contemporains du cinéma à grand spectacle, à un surprenant poème symphonique à la fois suranné et d'autant plus moderne qu'il ne s'affiche pas en note d'intention. A tout le moins, pas au sens où je l'entends. Christopher Nolan se présente à nous sous le jour un peu inattendu d'un esthète d'un autre temps, ouvrant les vannes de la plus belle tradition d'un britannisme lyrique que je n'attendais pas sur un écran de multiplexe.
En même temps je ne suis pas plus étonné que cela par les éreintements que je lis qui sont peu ou prou les mêmes que ceux qui torpillaient Gravity, auquel j'ai immanquablement pensé en visionnant Dunkerque. Comparaison non induite par des considérations techniques (IMAX d'un côté, 3D de l'autre) pas plus qu'immersives mais plus sûrement dramaturgiques.
L'omniprésence stimulante de la musique de Hans Zimmer m'a rappelé celle de Jonny Greenwood dans le sardonique mais légèrement ampoulé There will be blood, de Paul Thomas Anderson (que j'aime moins que le Nolan), et le lyrisme sec de l'ensemble a fait ressurgir en moi des souvenirs de L'Etoffe des héros, de Kaufman (que j'aime beaucoup).
Mais c'est au film d'Alfonso Cuaron auquel j'ai beaucoup songé tant au regard de ce qu'on lui reprochait, à tort de mon point de vue, (un côté "géode", docu spatial façon perlimpinpin) qu'à celui de ce qui m'y régale (une structure musicale de la mise en scène quasi-sérielle en plus d'un émerveillement technique).
Mais il y a plus : les deux films s'affirment l'un et l'autre comme de rares parangons d'affects culturels non américains au sein de l'industrie hollywoodienne. Si je vous la joue potache, je dirais que Gravity, c'est la Fête des Morts de Guadalajara dans l'espace et Dunkerque, c'est "Spitfires and Circomstances".
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Dunkerque (Christopher Nolan - 2017)

Message par Strum »

Alexandre Angel a écrit :J'ai presque immédiatement compris que cela ne me déplairait pas lorsque j'ai appris la durée, relativement modeste, du métrage. Comment pouvait-on imaginer qu'un réal du talent de Nolan (cinéaste que je n'adule absolument pas) -et j'entends par talent ce brio formel qu'il est impossible de lui dénier tout en fustigeant l'espèce de pose "experte" dont il pare sa manière- comment pouvait-on croire, donc, que Nolan omettrait, compte tenu de son ambition (et ambitieux il l'est toujours), de dégraisser ses façons virtuoses?
Je tiens Dunkerque pour son meilleur film car j'y ai vu tout ce qu'il aurait pu être et qu'il n'est finalement pas, à savoir un film Barnum sensationnaliste, un sommet de pompiérisme, une partouze de pixels.
Dunkerque, œuvre mordorée et inclassable, véritable anguille filmique, n'est pas vraiment expérimental, aucunement immersif au sens "Chute du Faucon Ryan" du terme (aucune espèce d'ironie derrière cette petite vanne) et certainement pas reconstitution maniaque d'un fait de guerre.
Nous avons à faire ici, compte-tenu des états généraux contemporains du cinéma à grand spectacle, à un surprenant poème symphonique à la fois suranné et d'autant plus moderne qu'il ne s'affiche pas en note d'intention. A tout le moins, pas au sens où je l'entends. Christopher Nolan se présente à nous sous le jour un peu inattendu d'un esthète d'un autre temps, ouvrant les vannes de la plus belle tradition d'un britannisme lyrique que je n'attendais pas sur un écran de multiplexe...
Le terme de "brio formel" se discute. C'est d'abord à mon sens un brio de scénariste, un brio de narrateur inventif, obsédé par le thème de la relativité du temps, et qui construit chaque film comme une variation autour de ce concept. Des films conceptuels. Mais s'agissant de la mise en scène, Nolan n'a pour moi rien d'un grand cinéaste. Car rien ou presque ne passe par l'image (anodine et illustrative, en tout cas jusqu'à Interstellar), tout le sens dérive de la structure du récit. Cela va mieux depuis qu'il a changé de chef opérateur. Sa collaboration avec Hoyte Van Hoytema, commencée sur Interstellar, son plus beau film, lui est bénéfique et il y a dans Dunkerque de beaux plans de la plage, filmée comme une représentation du temps qui file.

Quant au lyrisme britannique que tu évoques, il perce à la toute fin de Dunkerque certes, quand les fils épars de cette narration volontairement compliquée, se reforment. Trop tard. Pour le reste, Dunkerque est un mélange de sensations (les tentatives d'immersion du spectateur) et d'intellect (cette construction qui imbrique un récit de 7 jours, un récit d'un jour, un récit d'une heure - c'est le même principe de récit imbriqué en poupée russe que dans Inception, je rejoins Demi-Lune). Les sensations et l'intellect laissent une empreinte courte. Manquent les émotions dans ce film (des émotions humaines qui seraient à la hauteur de l'ambition démiurgique), or ce sont elles qui laissent des empreintes longues. A ce titre Dunkerque est un film triplement court : par la durée, par la brièveté des plans et des scènes (dès qu'une scène se déploie qui pourrait délivrer des émotions longues, elle est coupée en son milieu à cause de la narration alternée), par la fugacité des émotions. Un film, donc, qui disparaitra rapidement de ma mémoire.
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Re: Dunkerque (Christopher Nolan - 2017)

Message par mannhunter »

Demi-Lune a écrit :Rétrospectivement, ça me fait doucement rigoler que Nolan ait évoqué le travail sonore de Carpenter pour son film: Carpenter, avec ses pulsations, n'agresse pas ses spectateurs de façon ininterrompue... c'est une insulte à sa philosophie de cinéma que de sortir un truc pareil.
Il voulait parler à mon avis du Carpenter métalleux et anthraxien de "Ghosts of Mars"... :lol:
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Alexandre Angel
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Re: Dunkerque (Christopher Nolan - 2017)

Message par Alexandre Angel »

Strum a écrit :Quant au lyrisme britannique que tu évoques, il perce à la toute fin de Dunkerque certes, quand les fils épars de cette narration volontairement compliquée, se reforment. Trop tard.
C'est précisément ce avec quoi je suis en désaccord. On est pas obligé d'y être sensible, ça, c'est autre chose, mais ce lyrisme est présent du début à la fin. C'est un parti-pris dramaturgique qui m'a immédiatement séduit et captivé. L'émotion, qui est discrète, non dégoulinante ni assénée, est générée par ce parti-pris, engendrée par ce travail original sur l'image, le son, la musique...D'emblée, j'ai trouvé beaucoup d'allure à ce film.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Dunkerque (Christopher Nolan - 2017)

Message par G.T.O »

Strum a écrit :
Le terme de "brio formel" se discute. C'est d'abord à mon sens un brio de scénariste, un brio de narrateur inventif, obsédé par le thème de la relativité du temps, et qui construit chaque film comme une variation autour de ce concept. Des films conceptuels. Mais s'agissant de la mise en scène, Nolan n'a pour moi rien d'un grand cinéaste. Car rien ou presque ne passe par l'image (anodine et illustrative, en tout cas jusqu'à Interstellar), tout le sens dérive de la structure du récit. Cela va mieux depuis qu'il a changé de chef opérateur. Sa collaboration avec Hoyte Van Hoytema, commencée sur Interstellar, son plus beau film, lui est bénéfique et il y a dans Dunkerque de beaux plans de la plage, filmée comme une représentation du temps qui file.

Quant au lyrisme britannique que tu évoques, il perce à la toute fin de Dunkerque certes, quand les fils épars de cette narration volontairement compliquée, se reforment. Trop tard. Pour le reste, Dunkerque est un mélange de sensations (les tentatives d'immersion du spectateur) et d'intellect (cette construction qui imbrique un récit de 7 jours, un récit d'un jour, un récit d'une heure - c'est le même principe de récit imbriqué en poupée russe que dans Inception, je rejoins Demi-Lune). Les sensations et l'intellect laissent une empreinte courte. Manquent les émotions dans ce film (des émotions humaines qui seraient à la hauteur de l'ambition démiurgique), or ce sont elles qui laissent des empreintes longues. A ce titre Dunkerque est un film triplement court : par la durée, par la brièveté des plans et des scènes (dès qu'une scène se déploie qui pourrait délivrer des émotions longues, elle est coupée en son milieu à cause de la narration alternée), par la fugacité des émotions. Un film, donc, qui disparaitra rapidement de ma mémoire.
Plutôt d'accord avec toi Strum. Le talent de Nolan réside effectivement moins dans sa mise en scène épouvantablement rigide ( suffit de voir son traitement de l'action) que dans son écriture. Même si sur ce point je serai encore plus sévère et restrictif sur lesdites qualités confondant souvent grandeur et pompiérisme, ambition et accumulation. C'est étrange mais je trouve les films de Nolan invariablement littéraux. Même le réputé Inception ressemble au final à un James bond se déroulant dans une tête, avec parfois quelques râtés : dialogues bien nanardesques comme "ce subconscient est fortement militarisé". Après l'élement le plus intéressant chez lui, c'est son refus opniatre du second degré et sa fascination pour le temps. Même si l'ensemble laisse peu paradoxalement en mémoire ( Demi-Lune a raison), émotionnellement anorexique. Excepté son beau Interstellar, qui réussissait à lier émotion et temps, en faisant de celui-ci un puit dramatique, d'où le tragique pouvait naitre. Le film m'avait beaucoup touché. En ce sens qu'il parlait, au-delà de cette matière paradoxale temporel vertigineuse, d'un autre vertige, intime : d'un drame entre un père et sa fille. D'abandon. Je me demande ce qu'aurait fait Spielberg.
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Re: Dunkerque (Christopher Nolan - 2017)

Message par Flol »

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