Le choc!
Le moins qu'on puisse dire est que j'en suis sorti retourné...
Difficile de dire si j'ai aimé ou pas aimé... Un tel film peut-il d'ailleurs être "aimable"
(à l'instar de Saló ou de Irréversible)?
Passons directement sur ce qui énerve... ces plans cul (surtout le plan d'ouverture) certes pas inutiles - c'est pour / à cause le sexe qu'elle va perdre son enfant et donc c'est par le sexe qu'elle va se punir - mais totalement superflus... La suggestion aurait à mon sens été bien suffisante et tout aussi puissante.
Passé cette réserve, j'ai vécu le film comme une expérience sensorielle et intellectuelle fascinante. Certes, le scénario est simplissime, l'histoire peut être en gros résumée en très peu de lignes mais ce n'est pas tant dans "une histoire" que réside l'intérêt du film, mais dans sa capacité à nous plonger en immersion dans le subconscient et la douleur des personnages. Le rythme lent du film contribue à mon sens à cette immersion (je dois bien avouer que c'est un rythme qui me convient très bien, mais qui peut agacer certains). C'est presque de l'intérieur que l'on vit le délitement de la santé mentale et physique des personnages. L'ambiance est lourde, mortifère, l'environnement angoissant, claustrophobique, étouffant, chargé, suintant le mal(aise), mais tout ça est subjectif, vu de l'intérieur. La nature montrée comme menaçante n'est autre que notre propre nature... Celle de l'héroïne dont la culpabilité va se révéler destructrice...
Trop de symboles? Von Trier a toujours abusé des symboles lourdingues (remember le plan final de Breaking the waves...)...
Le renard? On peut en rire... ou non...
Une idéologie catho? Le sexe, c'est mal, il faut le punir? Oui et non... Ca ne m'a pas choqué, mais ça va au delà de ça, je pense...
J'ai trouvé le tout relativement cohérent, même si je dois avouer avoir du mal à comprendre le plan final...

On comprend bien vite où tout celà va nous mener. Comme le dis bien Blue, "
"Antichrist", c'est l'histoire d'une psychothérapie fatalement vouée à l'échec dès le départ.".
Difficile d'en dire plus pour le moment, d'autant que beaucoup a déjà été dit. Mais
Antichrist m'a bouleversé, il m'a touché je n'irais pas jusqu'à dire "ému"), retourné émotionellement parlant et c'est ce que j'attends d'un film et donc, à ce titre, c'est une indiscutable réussite. Charlotte Gainsbourg livre, tout comme Dafoe, une prestation courageuse et intense même si pas exempte de menus défauts... Elle est ahurissante dans la douleur... Et la mise en scène est somptueuse. Je n'ai pas trouvé l'association à Tarkovsky si déplacée que ça... J'ai retrouvé dans la mise en scène quelques "tics" du maître dans le travail du son, les plans de nature, l'utilisation des couleurs, du noir et blanc, les silences voire l'hystérie et même un certain symbolisme... La même façon de filmer des personnages en souffrance... Je ne crois pas cependant que le maître russe se soit laissé aller dans le mauvais goût avéré de certains plans...
