J'ai lu le roman mais il y a trop longtemps pour m'en souvenir. Par contre, si Druon était effectivement un vieux machin en habit vert figaré adepte du "c'était mieux avant", difficile de taxer de "coincé" l'auteur des Rois maudits.Alligator a écrit :http://alligatographe.blogspot.fr/2013/ ... liere.html
Les grandes familles (Denys de La Patellière, 1958)
Et puis il y a Druon, ahhh cette grande gueule de Maurice Druon, l'un des plus flamboyants des réacs que le Figaro ait connu. Son idolâtrie de l'aristocratie, des ors de la République, bref des hauts de ce monde, se sent un peu dans ce film. La trame de son roman est évidemment encore présente, même si l'on entend et l'on comprend très vite que la verve volontiers frondeuse de Michel Audiard a quelque peu ébouriffé le récit et surtout le ton que le vieux coincé avait dû mettre dans son roman. Je confesse que je n'ai pas lu le roman, mais connaissant le bonhomme il n'aurait certainement pas osé tout ce qu'un Audiard peut se permettre. S'ils ne sont pas du même monde, entre le titi parisien à casquette et le vieux croûton de l'Académie, ils ont au moins eu le mérite de nous pondre une petite histoire bien croustillante, au fond très moralisatrice, en tout cas divertissante à souhait.
Et puis bien que venant d'un milieu beaucoup plus populaire, Audiard était lui aussi, comme tu l'as noté (et à sa façon, plus anar) assez réac'. Je pense qu'ils devaient s'entendre sur bien des domaines.
L'habillage a vieilli mais le fond pas tant que ça dans ce vieux pays. Audiard se marrerait si il avait eu vent des petites affaires crapoteuses de ces dernières années qui ont gardé un relent très 4ème (voire 3ème) république.Outre ses pics, ces grandes scènes d'anthologie, le film offre un beau portrait de cette France qui menait le monde, celle d'avant 73, celle des grands patrons d'industrie, celle qui présidait le FMI, qui dictait ses ordres à la bourse et aux politiques, celle d'avant la nouvelle donne que l'émergence de nouveaux pôles a fait surgir dans le monde économique et politique. C'est un temps révolu qu'il est intéressant de re-découvrir, pour ses mœurs si exotiques de nos jours : une jeune fille fait la gueule parce qu'elle s'est faite engrosser par un homme marié de 30 ans son aîné ; une actrice monte en grade médiatique en faisant la pute ; un industriel fait du blé avec un journal, etc. Bref des trucs vraiment chelous et qui marquent leur époque, n'est-ce pas?