Le Giallo

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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julien
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Re: Le Giallo

Message par julien »

Il y a quand même un truc de fun dans ce film. La musique :

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"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
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hellrick
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Re: Le Giallo

Message par hellrick »

Après un mauvais "classique" une mauvaise rareté appartenant au sous-genre du giallo porno (pas érotique mais vraiment porno)...assez original donc mais bien naze (enfin pas autant que Fantom Kiler quand même :fiou: )

PLAY MOTEL
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Dès le générique, PLAY MOTEL annonce la couleur, à savoir celle d’un film érotique (pour ne pas dire pornographique) camouflé en giallo. La chanson choisie pour illustrer les premiers ébats, une infâme soupe pop à la ringardise additive (« play motel ») berce une courte séquence « chaude » fort mal filmée et reviendra à intervalles réguliers afin de s’incruster dans le cerveau du spectateur. Donc, lors de cette scène de sexe située dans une maison de passe nommée le Play Motel, un homme déguisé en Diable d’opérette se paie du bon temps en compagnie d’une prostituée habillée en nonette. Notre libertin satanique, riche homme d’affaires nommé Cortesi dans la vie civile, rentre ensuite au bureau détendu et productif. Hélas, il reçoit peu après un paquet de photographies le détaillant en plein remake du « Kamasutra pour les nuls ». La maison de passe qu’il fréquente sert, en effet, de terrain de chasse à un maître chanteur ravi de vendre ses clichés contre une forte somme. Après avoir contacté son avocat, qui lui conseille d’en référer à la police, Cortesi décide finalement de payer le prix, très élevé, demandé par l’arnaqueur sans savoir que son épouse, Luisa, le trompe avec l’homme de loi précité. Pour des raisons connues d’elle seule, Luisa s’empare alors des photos compromettantes et les apporte à la police. L’inspecteur De Santis (Anthony Steffen), mis sur l’affaire, remonte une piste conduisant à une jeune demoiselle posant pour des magasines de charmes, Loredana. Ensuite, une policière, agissant incognito, enquête sur les agissements du Play Motel et tente de démêler cet imbroglio en s’infiltrant parmi les libertins.

Mario Gariasso, scénariste et réalisateur italien, né en 1930 et décédé en 2002, livra, au cours de sa carrière longue de trente ans, pas moins de dix neuf longs métrages, souvent signés du pseudonyme de Roy Garret. On lui doit, entre autre, un western honorable (LE JOUR DU JUGEMENT), un décalque sexy de L’EXORCISTE intitulé LA POSSEDEE et une addition tardive au sous-genre « cannibale » avec le sympathiquement ringard AMAZONIA L’ESCLAVE BLONDE. En 1979, il livra ce PLAY MOTEL des plus médiocres qui, à l’instar d’autre gialli tardifs comme l’intéressant THE SISTER OF URSULA et le mauvais GIALLO A VENEZIA, sortis à la même époque, joue davantage la carte de l’érotisme que du mystère.

Pratiquement dénué d’intérêt, PLAY MOTEL aligne les scènes de nudité intégrale avec une belle complaisance, multipliant les déshabillages d’apprenties mannequins, orchestré par un photographe libidineux. Une manière commode de rogner sur le temps de projection et d’économiser sur le budget, probablement extrêmement faible, en donnant l’occasion au spectateur de se rincer l’oeil. L’intrigue policière, elle, se déroule de manière flegmatique et Mario Gariasso s’y intéresse fort peu, se contentant de l’illustrer de manière routinière en proposant un maximum de séquences osées. Malheureusement, ces dernières s’avèrent d’une rare platitude et complètement réfrigérantes. Les tentatives du cinéaste de verser dans la perversion (un peu d’urologie truquée, du sado masochisme timide,…) se révèlent, pour leur part, plus risibles qu’excitantes et les rares, brefs et complètement inutiles plans « hardcore » n’arrangent pas les choses, loin de là, tant les acteurs paraissent peu motivés. Dans le rôle principal, nous retrouvons ainsi un Ray Lovelock (LE MASSACRE DES MORTS VIVANTS, MURDEROCK) indifférent aux côtés de la porn star suédoise Marina Hedman (alias Marina Lotar alias Marina Frajese). Enfin, le vétéran du western Anthony Steffen (GARRINGO, LA HORDE DES SALOPARDS,…) incarne l’inspecteur de police cherchant très mollement la vérité en se demandant manifestement ce qu’il est venu faire dans cette galère en perdition.

La musique, horriblement datée, ne parvient jamais, elle non plus, à conférer le moindre rythme à ce PLAY MOTEL assoupi. En dépit de la présence d’un meurtrier portant des gants de cuir noir, d’une machination, d’une jeune femme s’improvisant détective et d’une complexe affaire de chantage finalement résolue durant les dernières minutes, le film peine à maintenir l’intérêt défaillant du spectateur. Même si Mario Gariasso reprend tous les clichés du giallo, il le vide tellement de sa substance que le résultat se révèle simplement navrant. Les quelques crimes, d’une timidité préjudiciable, ne peuvent relever le niveau et sont dénués du moindre suspense. L’identité du coupable, elle, semble à ce point évidente dès les premières minutes que chacun soupçonne le cinéaste de garder un atout dans la manche pour asséner une ultime et fracassante révélation finale. En définitive, ce n’est pas le cas et PLAY MOTEL se termine de manière très prévisible et sans le moindre éclat, le côté giallo étant définitivement accessoire par rapport aux passages sexy.

Giallo de dernière zone à l’érotisme accentué mais dénué de la moindre efficacité, PLAY MOTEL sombre dans les abymes de l’exploitation la plus crasse et aboutit, au final, à une oeuvrette minable ne parvenant même pas à se montrer divertissante. Un ratage total qui ne plaira ni aux amateurs de giallo, ni aux accros du X.
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Message par Addis-Abeba »

hellrick a écrit : assez original donc mais bien naze (enfin pas autant que Fantom Kiler quand même :fiou:

Fantom kiler a un seul atout, ça BO 8)
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Re: Le Giallo

Message par hellrick »

THE KILLER MUST KILL AGAIN

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Avec THE KILLER MUST KILL AGAIN, Luigi Cozzi souhaitait sans doute prouver qu’il pouvait réaliser un métrage ne devant rien au cinéma de Dario Argento. Cette première œuvre s’avère, par conséquent, très différentes des gialli de son mentor, souvent axés sur le principe du whodunit cher aux récits policiers traditionnels. « Je ne pouvais pas copier Dario et me copier moi-même. Je suis ainsi parti de l’idée que le premier photogramme montrerait le visage du meurtrier » déclare le cinéaste qui ajoute « le résultat était évidemment très Hitchcock, loin des imitations habituelles ». (entretien paru dans le Mad Movies Hors Série consacré à Dario Argento).
L’intrigue s’éloigne donc des conventions du mystère à l’ancienne pour privilégier une approche audacieuse rappelant les suspenses d’Alfred Hitchcock et, en particulier, L’INCONNU DU NORD EXPRESS.

L’architecte Giorgio Mainardi, quadragénaire fringant et séduisant, marié à la belle et riche Norma, dépense beaucoup d’argent pour des frasques en compagnie de ses jeunes maîtresses. Norma ne supporte plus cette manière de vivre et promet de priver son époux de ses ressources, ce que Giorgio a beaucoup de mal à accepter. Mais le destin vient lui donner un petit coup de pouce. Un soir, alors qu’il passe un coup de fil à une de ses récentes conquêtes pour oublier ses démêlées conjugales, Giorgio est témoin involontaire d’un crime. A quelques pas, un mystérieux personnage balance dans un canal une voiture dans laquelle se trouve une demoiselle, manifestement décédée de mort violente. Plutôt que d’intervenir, Giorgio comprend immédiatement le parti qu’il peut tirer de la situation et, sans crainte, aborde l’inconnu. Menaçant de le dénoncer aux autorités, Giorgio lui propose un marché: 20 000 dollars et la garantie de son silence en échange du meurtre de Norma. L’impassible tueur accepte et Giorgio imagine un plan machiavélique consistant à simuler l’enlèvement de son épouse pendant que lui-même se rend à une soirée festive afin de s’assurer un alibi inattaquable. Le meurtre se déroule sans ennui et l’assassin sans nom supprime la pauvre Norma, dont il place le cadavre dans le coffre de sa Mercedes. Malheureusement pour lui, alors qu’il efface méticuleusement les indices de son crime, son véhicule est volé par deux jeunes gens souhaitant s’offrir un peu de bon temps au bord de la mer. Ignorant la macabre cargaison qu’ils transportent, les deux jeunes amoureux sont poursuivis par le meurtrier, décidé à les retrouver et les supprimer…

Thriller original et tendu, THE KILLER MUST KILL AGAIN doit davantage au polar noir qu’aux gialli habituels, à base de machinations tordues et de tueurs fétichistes du cuir noir. Ici, dès le départ, Luigi Cozzi révèle le visage du meurtrier mais occulte ses motivations et son identité, laquelle ne sera jamais révélée. Tout laisse penser qu’il s’agit d’un serial killer et d’un prédateur sexuel mais l’appât du gain le transforme également en tueur à gages dénué de la moindre émotion. Davantage intéressé par la montée du suspense que par les surprises faciles ou les effets de terreurs vus et revus, le cinéaste orchestre quelques séquences fort maîtrisées à la tension palpable. Le meurtre de l’épouse s’avère, par exemple, d’une redoutable efficacité, Cozzi alternant l’agression de la jeune femme, filmée avec un sens remarquable du suspense, à des plans insouciants du mari occupé à s’amuser avec ses amis. Un grand moment d’angoisse rendant encore plus efficace la traque des jeunes voleurs de voiture par un assassin que l’on sait, à présent, prêt à tout, décidé et inflexible.

L’assassin sans nom est incarné avec une parfaite froideur par un excellent Michel Antoine, alias Antoine St John, acteur peu connu ayant eu quelques seconds rôles dans IL ETAIT UNE FOIS LA REVOLUTION, MON NOM EST PERSONNE, LE VIEUX FUSIL ou L’AU-DELA. Il se révèle ici étonnant d’aisance et de crédibilité dans ce personnage d’assassin implacable décidé à ne laisser aucun témoin derrière lui. Du côté des proies innocentes traquées par le meurtrier nous retrouvons une familière du giallo, la toujours charmante Femi Benussi, laquelle eut une belle carrière du milieu des années ’60 (son premier film est d’ailleurs un des ancêtres du giallo, le fameux VIERGES POUR LE BOURREAU) au début des années ’80, apparaissant, au total, dans plus de quatre vingt longs métrages. Comme souvent, la superbe demoiselle joue une « fille facile » avec laquelle le jeune voleur de voiture va fauter, lassé d’attendre que sa virginale copine se décide à passer à l’acte. Un crime impardonnable dans le giallo puisque la jolie Femi succombera sous les coups très brutaux du tueur lors de la scène la plus sanglante du métrage.
La cible principale de l’assassin reste toutefois l’Espagnole Cristina Galbó, alors âgée de 25 ans, et que l’on vit dans quelques classiques comme LE MASSACRE DES MORTS VIVANTS, LA RESIDENCE ou MAIS QU’AVEZ-VOUS FAIT A SOLANGE ? Dans le final, la demoiselle est violée par le tueur et Cozzi joue du montage en proposant, en parallèle, une scène entre son petit ami et Femi Benussi. Une alternance simple mais diablement efficace qui rappelle un peu, mais avec davantage de panache, DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE dans lequel Wes Craven intercalait des séquences de vie quotidienne humoristiques entre les passages de violences sadiques.
Enfin, dans un rôle hélas un peu pâle et sans grand intérêt, nous retrouvons George Hamilton, qui joua dans la plupart des gialli de Sergio Martino et fut également le pistolero Sartana dans DJANGO ARRIVE, PREPAREZ VOS CERCUEILS. Son personnage, très présent dans le premier tiers du film, passe malheureusement ensuite au second plan et Luigi Cozzi s’en désintéresse totalement pour privilégier, non pas l’enquête policière, mais les exactions de l’impitoyable assassin, forcé, comme l’indique le titre à tuer…encore et encore !

Soutenu par une partition très réussie de Nando De Luca, bien dans l’esprit des seventies, THE KILLER MUST KILL AGAIN mérite de figurer parmi les plus belles réussites du giallo. Il constitue aussi, sans la moindre hésitation, le meilleur film de Luigi Cozzi, lequel ne retrouva jamais un tel niveau d’excellence par la suite, se perdant dans d’amusant mais peu mémorable rip-of d’ALIEN (CONTAMINATION), de LA GUERRE DES ETOILES (STARCRASH) ou de CONAN LE BARBARE (HERCULE). Bref, une œuvre un peu oubliée à redécouvrir impérativement pour les amateurs de thrillers à l’italienne.
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Message par Addis-Abeba »

Chassé-croisé sur une lame de rasoir:

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J'adore le titre du film.
Et c'est tout ! D'aucun dirai qu'il est un peu rasoir ce Giallo ...

Le spitch:Kitty (Susan Scott) habite à Rome et profite de la visite de membres de sa famille pour leur faire faire le tour de la ville, et prendre quelques photos. Sur les hauteurs de la cité, elle met une pièce dans un télescope afin de leur montrer le panorama. Dans l’objectif elle est témoin du meurtre d’une femme dans son appartement par un individu tout de noir vêtu.


Le premier meurtre est intégralement pompé sur celui de L'oiseau au plumage de cristal, ça commence mal...
Pas la peine d'attendre longtemps pour voir que c'est du bas de gamme: musique, interprétation, histoire, on est très loin De la dame rouge tua sept fois, pour ne parler que du dernier que j'ai vu.
On remarque quand même deux meurtres plutôt bien emmenés et donc assez jouissifs. Pour le reste de ces meurtres on a droit à beaucoup d'égorgement vite répétitif et lassant.
Le réalisateur Maurizio Pradeaux n'arrange rien en filmant tout ça de façon bien trop mollassonne, il se croie en plus obliger de saupoudrer son film de comédie, tout le début est d'ailleurs horripilant de ringardise. Je vais pas m'appesantir, y'a certes eu pire que ce Chassé croisé, mais ce Giallo bouffe à tout les râteliers, sans jamais tenter quoi que ce soit d'original, filmé comme un téléfilm, joué par des endives, avec en plus une intrigue peu captivante, faut vraiment aimer le genre pour ne pas s'y ennuyer. Pour les autres passer votre tour.
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Re: Le Giallo

Message par hellrick »

Aïe...ça s'annonce mal, c'était le prochain que je comptais voir (tu t'en doutes vu que tu l'as eu au même endroit que moi) Djordi sur son giallo-blog disait déjà qu'il était "brouillon et décevant"...m'enfin je le verrais quand même d'ici peu... :wink:
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Message par Addis-Abeba »

hellrick a écrit :Aïe...ça s'annonce mal, c'était le prochain que je comptais voir (tu t'en doutes vu que tu l'as eu au même endroit que moi) Djordi sur son giallo-blog disait déjà qu'il était "brouillon et décevant"...m'enfin je le verrais quand même d'ici peu... :wink:
Bah disons qu'il n'a pas grand chose pour lui, surtout quand on en a vu beaucoup comme nous, mais tout amateur de Gialli sera quand même content de l'avoir vu. Et puis quel beau titre 8)
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Re: Le Giallo

Message par hellrick »

DEMENCE (TRHAUMA)
(oui TrHauma :fiou: )
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(cette affiche est un bootleg, issue de ce site très sympa: http://etuvivrainelterrorecovers.blogspot.com/, le film n'existe pas en zone2)

Généralement classé dans le giallo, probablement au regard de sa provenance géographique et d’un twist final expliquant les meurtres en apparence gratuits, THRAUMA s’apparente surtout à un slasher. A l’image de TORSO ou BLOODY MOON, le métrage de Gianni Martucci reprend, en effet, les codes des thrillers horrifiques à base de tueur en série décimant méthodiquement une poignée de personnes confinées dans un lieu bien déterminé.

Comme de nombreuses productions similaires, TRHAUMA débute par un prologue intriguant expliquant le traumatisme (bien sûr !) du meurtrier et ses motivations. Deux jeunes garçons jouent dans les bois et l’un met l’autre au défi de grimper sur un arbre. Le gamin obtempère mais chute brutalement sur le sol tandis que son copain se contente de l’insulter et le laisse là…Des années plus tard, l’enfant blessé a grandi, vit en reclus dans une sorte de cave, passe son temps à jouer aux Lego et commet divers méfaits, se livrant par exemple à la nécrophilie lorsque l’occasion se présente….ou qu’il assassine une demoiselle en ballade.
Non loin de là, le fringant et dépensier Andrea convie quelques amis pour un week-end dans sa maison isolée. Andrea a la mauvaise habitude de perdre beaucoup d’argent dans les jeux de hasard et sa femme, Lilly, menace de lui couper les vivres en dépit des nombreuses dettes qu’il peine à rembourser. Peu après, au terme d’une séance photo de charmes, une des jeunes invitées disparaît dans les bois et les recherches pour la retrouver s’avèrent vaines. L’inquiétude grimpe parmi les amis d’Andrea et Lilly qui, un par un, sont assassinés par notre reclus psychopathe. La raison de ces crimes sera, bien évidemment, révélée lors des ultimes secondes de projection même si les plus perspicaces auront compris où le cinéaste veut en venir bien avant cela.

Gianni Martucci n’est sans doute pas le plus connu des bisseux italiens, n’ayant à son actif que cinq mises en scène (dont l’horrifique THE RED MONKS en 1988 à la réputation assez médiocre) et TRHAUMA (belle leçon de nouvelle orthographe au passage !) manque vraiment d’arguments pour convaincre. Le scénario parait simpliste, les rebondissements attendus et la révélation finale téléphonée, un handicap certain pour bâtir un suspense un tant soit peu efficace. En dépit d’une durée ridiculement courte (moins d’une heure et quinze minutes), le film se révèle en outre ennuyeux, semblant tirer à la ligne et manquer de rythme, ressassant les clichés du traumatisme enfantin, de l’héritage, du chantage et de la machination en apparence savante mais en réalité fort poussive. Bref, les recettes coutumières du giallo sauf que, cette fois, la sauce ne prend pas et retombe lamentablement étant donné le peu d’enthousiasme des intervenants. Une grande partie du temps de projection se limite, hélas, aux agissements inintéressants d’une poignée de personnages coincés dans le décor minimaliste d’une maison entourée d’une épaisse forêt. Débitant des dialogues affligeant de banalité, les acteurs ne paraissent pas y croire eux-mêmes et se contentent de s’agiter devant la caméra avant de tomber sous les coups de hachoir de l’assassin. Excepté Roberto Posse et Franco Diogene (MIDNIGHT EXPRESS, NUE POUR L’ASSASSIN), aucun n’a eu de véritable carrière cinématographique, ce qui explique probablement leur jeu approximatif.
Peu porté sur l’érotisme, Gianni Martucci propose néanmoins une dose de nudité acceptable mais rien qui puisse réellement intéresser les (a)mateurs, restant largement en deçà des standards du « sexy giallo » sortis peu avant comme PLAY MOTEL, NUE POUR L’ASSASSIN ou GIALLO A VENEZIA. Les fans d’horreur ne sont, pour leur part, guère plus gâtés puisque la mise en scène élude la plupart des meurtres, souvent hors champs, peu graphiques et sans aucune d’imagination. Quelques passages typiques du cinéma d’exploitation (dont le viol d’un cadavre par le maniaque) relèvent un plat bien fade mais ne suffisent pas à rendre l’ensemble mémorable. Seul le climax, tout en retenue, apporte un minimum d’originalité à TRHAUMA, même si il risque également de décevoir le spectateur. Cette fin ouverte s’avère, en effet, peu convaincante et termine le métrage en queue de poisson. Dommage. Reste une impression d’enfermement parfois étouffante et de rares moments acceptables noyés dans un ensemble routinier et d’une grande banalité.

Inspiré par HALLOWEEN et BAIE SANGLANTE, l’œuvre de Gianni Martucci peine à s’élever au-dessus du tout venant et, au final, ne parvient même pas à décrocher la moyenne. Sa vision sera par conséquent réservée aux seuls inconditionnels du giallo qui pourront se satisfaire de ses rares qualités et lui pardonner ses (trop) nombreux défauts.
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Message par Alligator »

Al calar della sera (Submission of a woman) (Alessandro Lucidi, 1992) :

http://alligatographe.blogspot.com/2011 ... -sera.html

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Le tout début de ce giallo tardif annonce une filiation directe à Bava et Argento, les fumées, le vampire, le baroque, l'outrance des éclairages, la quadrilogie des couleurs sur les premiers meurtres, toutes les caractéristiques du giallo sont réunies. Hommage ou héritage? Peu importe après tout. Mais cette forme partagée s'estompe progressivement, disons se fait moins évidente sur la majeure partie du reste du film. On sent en effet que le cinéaste Alessandro Lucidi bénéficie de moins de moyens sur les éclairages, travaille plus au filtre. Le chef opérateur (non crédité sur imdb : Lucidi, aussi?) est largement moins doué que ses maîtres prédécesseurs.

Le film repose entièrement sur les épaules du tueur Paolo Lorimer et encore plus sur celles de Daniela Poggi. Ces deux-là le tiennent à bout de bras. Leur tâche est compliquée.

D'autant plus que le scénario n'avance pas une trame super évidente. Sauf peut-être pour Lorimer dont les ambitions très primaires du personnage sont exprimées de façon tout à fait explicite et peut-être même un tantinet complaisante.

Concernant Daniela Poggi, les dernières minutes laissent planer un doute sur ce que son agression déclenche en elle : fascination morbide, excitation fantasmatique, empreinte indélébile et traumatique? Son désir de vengeance apparait un peu érodé par les images qui reviennent à la fin du film, malgré le fait qu'elle l'a justifié a priori devant la babysitteur, laquelle lui rappelle à juste titre que l'auto-justice n'existe pas.

Bref, on ne sait pas trop pourquoi on nous raconte cette histoire finalement. Quelles sont les intentions du scénario? J'en suis sorti un peu frustré, ne sachant comment prendre tout cela.

Ce qui m'a le plus contrarié n'est pas là, loin s'en faut, mais dans le rythme du film, très variable. Son découpage dans la maitrise du récit est pour le moins énigmatique.
On passe un temps fou à suivre cette star de ciné (Poggi) qui se prépare un week-end en amoureux tranquille dans sa maison de campagne. On a de longs plans d'elle faisant ses courses au supermarché, faisant une marche arrière avec sa voiture, ou allant chez le garagiste parce que la voiture a des ratés. Super. Pourquoi? Aucune idée. Cela n'apporte rien. Si, des bâillements.

Peut-être voulait-on installer un faux rythme, un récit ordinaire pour l'arrivée de la violence n'en soit que plus percutante? A ce moment-là, il aurait fallu qu'elle arrivât d'un seul coup et qu'on ne nous servît pas d'interminables plans d'approche de la maison en caméra subjective par le criminel, des plans trop longs où la caméra tourne autour de la maison, va et vient dans le jardin, s'approche, s'éloigne, mate un peu par la fenêtre de la salle de bain Poggi en train de se dévêtir, etc. C'est long, mais c'est long! Bref, pas maitrisé tout ça et relativement chiant.

En plus, l'arrivée de son amant coupe toute montée éventuelle du suspense. Tout cela manque de cohérence.

Une fois que le type est entré, la tension est bel et bien là, heureusement.

Alors au final, que reste-t-il de ce film? Peu. De là à dire qu'il est mauvais, ce serait peut-être injuste, exagéré. Certes, les efforts louables du début ne tiennent pas toutes leurs promesses et quand l'action est enfin là, on suit cela en se posant quelques questions sans réponse, pourtant on sent une bonne volonté, qu'il y avait matière à produire quelque chose de sympa, bien effrayant et perturbant.

Les comédiens étaient bons également.
Dommage, rendez-vous manqué.
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Message par hellrick »

COLD EYES OF FEAR
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Souvent présenté comme un giallo, COLD EYES OF FEAR s’avère, en réalité, un banal thriller en huis-clos fortement inspiré du classique LA MAISON DES OTAGES de William Wyler.

Le métrage démarre pourtant de belle manière, par un passage typique du giallo au cours de laquelle une jeune femme (Karin Schubert) est agressée par un inconnu muni d’un couteau à cran d’arrêt. La demoiselle est brutalement dénudée par son assaillant mais parvient à retourner la situation à son avantage en le poignardant… Applaudissement du public ! Il s’agissait, en réalité, d’une habile mise en scène de cabaret organisée pour la satisfaction d’une bande de spectateurs fortunés. Parmi eux, l’avocat Peter Flower, bien décidé à profiter de sa soirée en compagnie d’une prostituée nommée Anna rencontre au cours de la soirée. Le couple se rend ensuite chez l’oncle de Peter, un juge renommé, coincé à son bureau par une épineuse affaire pour laquelle il a besoin d’un dossier bien précis. La soirée, qui s’annonçait excellente pour Peter, tourne rapidement au cauchemar : il découvre tout d’abord le domestique de son oncle mort d’une crise cardiaque suspecte puis voit débarquer un jeune voyou menaçant. La situation s’envenime encore à l’arrivée d’un faux policier, en réalité un criminel jadis condamné par le tonton et aujourd’hui décidé à se venger…

Enzo G. Castellari, que l’on a connu plus inspiré (THE BIG RACKET, UNE POIGNEE DE SALOPARDS, KEOMA) ou simplement plus distrayant (LES NOUVEAUX BARBARES, LES GUERRIERS DU BRONX, LA MORT AU LARGE) échoue complètement à conférer le moindre intérêt à ce thriller routinier dénué de la moindre personnalité.

Dans le rôle principal de l’avocat persécuté, COLD EYES OF FEAR nous permet de retrouver Gianni Garko, acteur de western bien connu pour avoir incarné un pistolero tout de noir vêtu dans SARTANA et quelques unes de ses nombreuses séquelles. Jouant au départ un personnage antipathique uniquement préoccupé de gagner de l’argent et de s’offrir du bon temps en compagnie d’une prostituée, il va, peu à peu, se montrer combattif et prêt à rendre coup pour coup. Une évolution guère crédible tant Castellari s’intéresse peu à ses protagonistes et les laisse se dépêtrer d’une situation tournant rapidement en rond. Même le méchant, incarné par Frank Wolff, une des stars du western spaghetti (qui devait malheureusement se donner la mort peu après ce film) n’est pas suffisamment typé pour intéresser le public. Son acolyte, un jeune type effacé et dépassé par les événements, se révèle encore plus mal loti, subissant le bon vouloir de son mentor pour des raisons assez floues au point que la prostituée sous-entend que les deux hommes entretiennent une relation homosexuelle. Une assertion d’ailleurs pas vraiment démentie par le jeunot cependant intéressé par la prostituée au point de se laisser mener par le bout du nez. COLD EYES OF FEAR invite encore l’Espagnol Fernando Rey (FRENCH CONNECTION, TRISTANA) pour le cantonner dans son bureau où il passe coup de fil sur coup de fil, essayant de comprendre le pourtant évident message laissé par son neveu par l’intermédiaire d’une citation latine détournée.

Languissant, COLD EYES OF FEAR déroule donc son intrigue minimaliste sans parvenir à développer la moindre impression d’étouffement ou de claustrophobie. Castellari tente tant bien que mal de donner un minimum de rythme à un huis-clos se transformant rapidement en une suite de palabres laborieuses. En dépit de ses efforts, la tension reste minimale et toute « l’action » se concentre dans les dix dernières minutes du métrage. Malheureusement, ce petit sursaut ne peut compenser l’incroyable mollesse précédente et, excepté une partition musicale correcte signée Ennio Morricone, l’amateur de frissons n’a absolument rien à se mettre sous la dent pour éviter l’assoupissement. Le fan d’érotisme ne sera, pour sa part, pas plus heureux tant COLD EYES OF FEAR se montre pudibond et timoré en dépit d’un point de départ pouvant rapidement dévier vers l’exploitation comme le prouvera quelques années plus tard LA MAISON AU FOND DU PARC de Deodato.

En résumé, un polar banal, linéaire, ennuyeux et excessivement bavard, faussement vendu comme un giallo alors qu’il n’en reprend aucunement les codes et clichés. Bref, sans intérêt.
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Message par hellrick »

BYLETH
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Réalisé en 1972, cet étrange et fort méconnu BYLETH s’apparente à un film fantastique gothique de part son contexte spatial et temporel. Son intrigue, tortueuse, se déroule, en effet, dans l’Italie du XIXème siècle et prend place dans une vaste demeure dans laquelle de sombres secrets seront, peu à peu, révélés. Cependant, le cinéaste Leopoldo Savona puise également à d’autres influences comme la romance, l’érotisme et l’horreur « démoniaque », le tout emballé dans un récit reprenant plusieurs conventions du giallo, alors triomphant, commercialement parlant.
Tout débute, de belle manière, par une scène chaude entre une prostituée et un client lassé de l’abstinence de son épouse. Une fois seule, la fille de joie se voit agressée par un mystérieux personnage vêtu de noir qui la poignarde sauvagement, quoique hors du champ de la caméra. Peu après nous découvrons le duc Lionello, lequel rentre dans sa propriété perché sur son cheval blanc et retrouve une belle demoiselle nommée Barbara, laquelle n’est autre que sa sœur même si leur comportement laisse supposer une relation plus intime. Après avoir visité l’Italie une année durant, Barbara a épousé un nommé Giordano, affirmant à son frère qu’ils sont à présent adultes et ne peuvent poursuivre leurs « jeux d’enfants » probablement interdits. Les jours suivants s’écoulent dans la douleur pour Lionello, profondément affecté par le mariage de sa sœur dont il reste éperdument amoureux. Il tente même de tuer Giordano au cours d’un duel d’escrime supposé amical mais qui aurait tourné au drame sans l’intervention providentielle de Barbara. Voyeur, le duc épie les ébats de sa sœur et ceux de la servante du domaine, laquelle finit, elle aussi, poignardée par l’inconnu. Les autorités soupçonnent Lionello, sans pouvoir établir la moindre preuve de sa culpabilité, tandis que la situation se complique encore à l’arrivée de la cousine de Giordano, laquelle ne laisse pas le duc indifférent…
Sans jamais trancher quant à la réalité des visions du héros, BYLETH laisse planer jusqu’au bout l’ambiguïté, les deux hypothèses (possession ou folie) coexistant sans que le cinéaste n’en privilégie une au détriment de l’autre. Soignant son atmosphère à la manière d’un drame romantique complexifié par l’interdit incestueux, Savona relègue les éléments fantastiques et horrifiques en fin de métrage même si il propose quelques crimes, d’ailleurs timorés, dans la lignée du giallo. Si la violence est timide, l’érotisme, pour sa part, se montre plus explicite sans tomber pour autant dans les excès d’autres productions similaires, le réalisateur jouant davantage la carte de la sensualité et refusant toute pornographie. Visuellement enchanteur, BYLETH est, en outre, soutenu par une bande sonore de qualité et toute en mélancolie qui lui confère un charme indéniable.
Au niveau du casting, Mark Damon, croisé dans le giallo NAKED YOU DIE, le classique LES TROIS VISAGES DE LA PEUR, l’excellent LA CHUTE DE LA MAISON USHER de Roger Corman ou encore le western JOHNNY YUMA, compose un personnage très intéressant de noble amoureux de sa sœur, évitant les clichés et la caricature pour demeurer crédible et attachant. Le reste des interprètes s’avère également convaincant et les jeunes actrices n’hésitent pas, en outre, à tomber la robe pour offrir de nombreuses scènes de nudité en « full frontal ».
Lorsqu’il réalise BYLETH en 1972, Leopoldo Savona compte déjà à son actif une quinzaine de titres comme LES MONGOLS, coréalisé par André De Toth, et une poignée de westerns (DIEU PARDONNE A MON PISTOLET, APOCALYPSE JOE ou DEPOSEZ LES COLTS). Sa mise en scène s’avère, par conséquent, professionnelle et compétente, privilégiant la belle image et une certaine sensualité de bon aloi rendant le métrage accrocheur. Hélas, en dépit de ses efforts méritoires, Savona ne parvient pas pour autant à conférer un rythme soutenu à cette intrigue de plus en plus confuse au fur et à mesure de sa progression dramatique.
Si les deux premiers tiers du métrage restent cohérents et réalistes, empruntant surtout au giallo et à l’épouvante gothique, la dernière demi-heure verse, pour sa part, dans le fantastique démoniaque, un prêtre suggérant la présence maléfique de Byleth. Ce démon, mentionné dans les ouvrages médiévaux consacrés à la goétie, est décrit comme un des Rois des Enfers, apparaissant sur un cheval blanc, causant l’amour des hommes et des femmes et gouvernant quatre-vingt cinq légions infernales. Selon BYLETH, il pousse aussi les humains à se complaire dans l’inceste et le spectateur le moins attentif aura noté, bien sûr, les similitudes entre cette légende et le duc Lionello. Malheureusement, cette partie purement fantastique (bien qu’il puisse encore, plus simplement, s’agir de folie) se montre moins réussie que le drame romantique et érotique précédemment développé. Le climax final, pour sa part, échoue à fondre les différentes sous-intrigues en un ensemble cohérent et conclut le métrage par une séquence quasiment incompréhensible terriblement décevante. Dénuée de logique, cette scène maladroite et bâclée termine malheureusement BYLETH sur une note négative et apporte un sérieux bémol à l’ensemble du film.

En dépit de ses réserves, BYLETH demeure intéressant et s’élève un peu au-dessus de la moyenne des productions fantastico-sexy tournées à la même époque. Sa durée restreinte (à peine 80 minutes), alliée à l’audace et l’originalité de son propos, permettent de l’apprécier comme une sympathique curiosité des seventies, à découvrir pour les amateurs aventureux.
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Re: Le Giallo

Message par hellrick »

on reste dans le film vendu comme un giallo mais qui n'en est pas vraiment un avec

LA MORT REMONTE A HIER SOIR
(beau titre giallesque par contre)
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Quoique parfois assimilé au giallo, le film de Duccio Tessari se rapproche bien davantage du thriller, teinté d’un parfum prononcé de vigilante, et se montre nettement plus intéressé par le contexte sociopolitique que par l’angoisse ou l’action.

L’intrigue débute par la disparition d’une jeune fille de 25 ans, Donatella, handicapée mentale très séduisante aimant s’exhiber de manière innocente devant des hommes qui, pour leur part, le sont beaucoup moins. Son père, Mr Berzhagi signale sa disparition à la police et deux inspecteurs, le vétéran Lamberti et son jeune adjoint Mascaranti, décident d’enquêter sur cette affaire. Ils soupçonnent rapidement que la demoiselle est tombée sous l’emprise d’un réseau de prostitution clandestine et tentent d’obtenir l’aide de Salvatore, un ancien proxénète reconverti dans la vente de voitures. Malheureusement, alors que les policiers semblent se rapprocher des coupables, le corps de Donatella est retrouvé, carbonisé dans un champ. Les deux inspecteurs se lancent sur les traces des meurtriers tandis que Mr Berzhagi préfère rendre justice à sa manière…

Coproduit par l’Italie et l’Allemagne, LA MORT REMONTE A HIER SOIR emprunte, logiquement, ses influences au krimi et au poliziesco, en plongeant deux flics dans l’enfer de la prostitution. Tessari y ajoute cependant une bonne dose de vigilante (dans le dernier quart d’heure) lorsque le père se rend compte de l’impossibilité de la police à rendre justice efficacement.

Comme de nombreux gialli, par exemple l’excellent LA LAME INFERNALE, LA MORT REMONTE A HIER SOIR s’intéresse au problème des réseaux de prostitution dans l’Italie des années ’70. Ici, le traitement choisi reste nettement plus proche du film policier traditionnel que du giallo à proprement parler et on ne trouve nulle trace d’un assassin mystérieux vêtu de cuir noir. Le premier meurtre, d’ailleurs, survient au bout de 50 minutes de projection et seul le dernier quart d’heure donne dans l’auto-justice avec ce père déboussolé décidé à se venger des assassins de sa fille. L’essentiel du métrage joue donc la carte de l’enquête policière, relativement bien menée, et du drame psychologique.
Les interprètes, pour leur part, se révèlent solides, en particulier un Raf Valonne excellent dans le rôle d’un veuf d’une cinquantaine d’années ayant recentré toute son existence sur sa fille handicapée mentale. Dans les rôles des policiers nous retrouvons avec plaisir deux visages familiers du bis italiens, Frank Wolff (NUIT D’AMOUR ET D’EPOUVANTE, COLD EYES OF FEAR) et Gabrielle Tinti (la saga EMANUELLE, LE COUVENT DES PECHERESSES), le premier jouant un flic désabusé qui voudrait « nettoyer la crasse » avant de raccrocher les gants et le second incarnant un jeune inspecteur impulsif n’hésitant pas à frapper les suspects pour recueillir des renseignements.
Comme la plupart des thrillers italiens de la même époque, le film laisse un goût amer et affirme sans détour que l’Homme est un être vil et ignoble. Dans ce monde impitoyable, les rares « bonnes actions » des honnêtes gens ne pèsent pas lourd face à la corruption et à la bassesse d’individus détestables et assoiffés de profits. Pourtant, quelques uns espèrent, envers et contre tout, inverser la tendance, comme cet inspecteur décidé à « sauver » une prostituée noire anonyme et à châtier les assassins d’une pauvre fille exploitée, supprimée par ses tourmenteurs car elle n’était plus « utile ».
Au niveau de la réalisation, Duccio Tessari, qui toucha encore au giallo avec UN PAPILLON AUX AILES ENSANGLANTEES et L’HOMME SANS MEMOIRE et signa de très efficaces westerns (UN PISTOLET POUR RINGO, LE RETOUR DE RINGO, LA CHEVAUCHEE VERS L’OUEST, ET VIVA LA REVOLUTION !) emballe le film en privilégiant la psychologie des personnages et le sous-texte socio politique au détriment de l’action et du frisson. Sa mise en scène s’avère simple, sèche, complètement au service de l’intrigue et dénuée de la flamboyance de nombreux gialli, tout simplement parce qu’une telle stylisation de la violence n’aurait pas été de mise pour un scénario aussi réaliste et dramatique. La photographie s’avère donc volontairement terne et l’univers urbain, grisâtre, sied admirablement à cette enquête dont aucun des protagonistes ne sortira réellement indemne.

Peu connu mais intéressant, LA MORT REMONTE A HIER SOIR est un métrage troublant et déprimant, au rythme lent mais au scénario bien construit et aux personnages adroitement dessinés. A condition de ne pas en attendre un polar nerveux ou un giallo sanguinolent, le métrage de Tessari s’avère, au final, plutôt plaisant.
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Message par mannhunter »

un nouveau giallo sorti cette semaine en Italie...:

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Re: Le Giallo

Message par hellrick »

Ce qui serait le troisième "nothing underwear" / ou est passé Jessica? si je comprend bien...
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Re: Le Giallo

Message par hellrick »

BLUE EYES OF THE BROKEN DOLLS
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Au début des années ’70, la popularité du giallo dépasse les frontières de la Péninsule pour inspirer les cinéastes en Espagne, en Grande-Bretagne et même en France ou en Turquie. BLUE EYES OF THE BROKEN DOLLS, par exemple, constitue un bel exemple de giallo ibérique et met en vedette la grande star de l’épouvante, le sympathique Paul Naschy, surtout célèbre pour avoir incarné une douzaine de fois le lycanthrope Waldemar Daninsky. Cependant, l’acteur joua également dans une poignée de gialli comme LES CRIMES DE PETIOT, UNA LIBELULA PARA CADA MUERTO, EL ASESINO ESTA ENTRE LOS TRECE ou ce BLUE EYES OF THE BROKEN DOLLS de bonne facture même si l’intrigue ne déborde pas d’originalité.

Un certain Alain Dupreil (joué par Naschy) sort de prison après dix ans d’emprisonnement pour viol et tentative de meurtre. Il change d’identité et cherche du travail sous le pseudonyme de Gilles, parcourant les routes en souffrant de cauchemars récurrents.
Ses pérégrinations le conduisent dans le Nord de la France où il rencontre une jeune femme, Claude, qui se propose de l’employer à l’entretien de la maison qu’elle occupe en compagnie de ses deux sœurs. Gilles fait ainsi connaissance de la cadette, la nymphomane Nicole, et de Ivette, paralysée après avoir été rejetée par son fiancé. L’ancien taulard tombe rapidement amoureux de Claude, malgré son handicap, un bras mutilé à la suite d’un accident qui la contraint à porter une disgracieuse prothèse manuelle. Peu après, une infirmière, Michelle, se joint aux trois jeunes femmes pour les aider dans leur vie quotidienne en dépit des craintes et soupçons que nourris Ivette à l’égard de la nouvelle venue.
Se soumettant de bonnes grâces aux désirs trop longtemps refoulés des sœurs, Gilles voit pourtant son passé le rattraper lorsque de jolies blondes aux yeux bleues sont assassinées dans la région et retrouvées énuclées. La police enquête et ne tarde pas, bien sûr, à soupçonner Gilles…mais est il vraiment l’assassin ?

A la mise en scène de BLUE EYES OF THE BROKEN DOLLS nous retrouvons un familier de l’horreur, Carlos Aured, complice de Naschy sur plusieurs titres (LA VENGANZA DE LA MOMIA, HORROR RISES FROM THE TOMB, L’EMPREINTE DE DRACULA) avant de se reconvertir dans l’érotisme plus ou moins hardcore (LE TRIO PERVERS, JE SUIS UNE PETITE COCHONNE). Une filmographie finalement restreinte (quatorze titres en autant d’années) et peu marquante pour un cinéaste décédé en 2008, à l’âge de 71 ans. Ce BLUE EYES OF THE BROKEN DOLLS se révèle toutefois de belle facture et comporte quelques scènes intéressantes qui sauront satisfaire les amateurs.
Souvent confiné dans une vaste maison à l’atmosphère étouffante, BLUE EYES OF THE BROKEN DOLLS prend son temps et s’intéresse à la psychologie des sœurs, lesquelles sont toutes les trois troublées par la présence de Paul Naschy. Les interprètes féminines se révèlent d’ailleurs excellentes, que ce soit Maria Perschy, Ines Morales, Diana Lorys ou Eva Leon, des familières du cinéma de genre espagnol. Le grand Paul Naschy, de son côté, porte le métrage sur ses larges épaules de macho satisfait empreint de romantisme viril et, comme toujours, tombe à peu près toutes les filles passant à sa portée.
Au niveau de l’énigme policière proprement dite, BLUE EYES OF THE BROKEN DOLLS attend trois quart d’heures avant de proposer un premier meurtre mais, dans sa seconde moitié, le rythme s’accélère et les crimes se succèdent. Relativement graphiques et sanglants, ils se concluent par des énucléations et se montrent efficaces et brutaux.
Inspiré par les gialli italiens de l’époque, lesquels utilisaient souvent une comptine pour accompagner les meurtres, Carlos Aured reprend à son compte, et de manière saugrenue, « Frère Jacques » (!), complètement déstructuré, pour créer un climat d’étrangeté et d’innocence pervertie durant les crimes. Curieux et mémorable.
Notons encore une scène cruelle et gratuite, inspirée du mondo, montrant l’égorgement d’un cochon de manière bien saignante et qui semble avoir pour unique objectif d’augmenter le quota « choc » du métrage. L’érotisme, pour sa part, reste surtout allusif mais BLUE EYES OF THE BROKEN DOLLS possède, dans ses meilleurs moments, une honnête force suggestive. Parfois un peu lent ou même languissant, le film ne traine cependant pas trop en longueurs et sa durée restreinte (une heure et demie pile poil) le rend agréable.
Les twists des quinze dernières minutes sont, quant à eux, intéressants et originaux, nous n’en dirons pas plus pour ne pas déflorer l’intrigue mais Carlos Aured se permet certaines audaces surprenantes. La révélation de l’identité du coupable, pour sa part, s’avère quelque peu attendue, tout comme ses motivations, mais les fausses-pistes disséminées permettent de douter jusqu’au bout des indices proposés. Le final reste, lui, efficace et empreint d’une véritable tristesse, assez surprenante et audacieuse. Contrairement à de nombreux gialli, BLUE EYES OF THE BROKEN DOLLS demeure, en outre, cohérent et globalement vraisemblable jusqu’à sa conclusion, un petit « plus » toujours appréciable.

Quoique réalisé en Espagne, BLUE EYES OF THE BROKEN DOLLS s’avère en résumé un bel exemple, très classique mais plaisant, du giallo comprenant tous les éléments nécessaires au genre. Par ses qualités d’interprétation, son climat morbide, son érotisme déviant et ses quelques meurtres gore, le film de Carlos Aured s’impose comme une belle (petite) surprise qui, sans prétendre être un chef d’œuvre oublié, n’en reste pas moins fort agréable à suivre.
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