Ayé, je viens enfin de découvrir mon premier Suzuki :
La marque du tueur, considéré par beaucoup comme son chef-d'oeuvre.
Si je devais juger le film uniquement sur son aspect formel, je parlerais sans contexte de claque, tant l'esthétique de cette oeuvre stylisée à l'extrême m'a réellement impressionné. Pourtant, au bout du compte, je me suis plutôt ennuyé et reste sur ma faim. La faute sans doute à une structure trop elliptique et à des personnages trop décallés qui m'ont empêché de rentrer pleinement dans le film. Au bout d'une demi-heure environ, j'ai laissé tombé l'intrigue (plutôt inintéressante) pour me concentrer uniquement sur la forme, à mon sens la meilleure approche pour apprécier une oeuvre atypique, loin des canons habituels du polar.
Ce film me conforte toutefois dans une idée en laquelle je crois beaucoup : la maîtrise formelle, aussi intéressante et passionnante soit-elle (à vrai dire, c'est ce qui me plaît le plus dans le 7e art) n'est qu'une boîte vide sans une histoire forte, une vision personnelle de cinéaste qui charrie sa rage, ses doutes, ses croyances, son amour ou sa haine, et entraîne avec lui l'imaginaire du spectateur dans un maelström de passion et d'émotions. Les plus grands réalisateurs sont ceux qui maîtrisent à la perfection ces deux composantes (Hitchcock, Kurosawa, Welles, Ford, Ophuls, Renoir...).
Ici j'ai été bluffé par la maestria technique de Suzuki, par ses plans, son éclairage, ses mouvements de caméra, ses idées de mise en scène (on sent l'influence évidente sur un Tarantino par exemple), mais j'ai observé ça froidement, de loin, sans l'étincelle qui m'aurait happé pour ne plus me lâcher jusqu'au générique de fin.
N'empêche, malgré tout, j'ai envie de découvrir d'autres oeuvres du bonhomme. Ca tombe bien, ils en ont plein à ma médiathèque, et ils sont jamais empruntés.