Ernst Lubitsch (1892-1947)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Ann Harding
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par Ann Harding »

cinephage a écrit :Ainsi, un cycle consacré aux studios Albatros aurait un cout énorme, et pourrait se voir préférer un cycle plus moderne. Déja qu'un muet attire moins de monde, mais si ça coute beaucoup plus cher, en plus...
En fait, si tu consultes le programme tu verras que pour le cycle Albatros -justement- la cinémathèque a programmé presque tous les films avec de la musique. J'ai d'ailleurs noté la présence de deux grands noms de l'accompagnement musical: le pianiste britannique Neil Brand et l'américain Timothy Brock (ceux-là, il ne faut pas les manquer!).

Pour réduire les coûts, ils pourraient très bien prendre des stagiaires du conservatoire. J'ai assisté à plusieurs scéances lors d'un festival aux Invalides avec de jeunes étudiants au piano qui accompagnaient les films avec énormément de talent. Je ne crois pas qu'établir un partenariat avec le conservatoire, par exemple, serait tellement difficile....
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cinephage
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par cinephage »

Merci pour Albatros, je n'avais pas remarqué la chose...

Au final, j'espère le même chose que vous, mais j'ai tendance à penser que cette lacune a une bonne explication, et que si de tels accords n'existent pas, c'est pour des raisons précises, que j'essaie de deviner. Mais peut-être qu'il s'agit juste de paresse ou de dogmatisme, en effet.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
garbitsch
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par garbitsch »

hansolo a écrit :Le début de l'intervention de la Cinémathèque (tu sais qui t'as répondu?) est d'une mauvaise foi assez déconcertante!
Il est a la limite de te traiter d'imbécile, de prétendre que tu ne sais pas qu'une bande son n'est pas intégrée dans un muet :roll: ... alors qu'il est évident que ce n'est pas le sujet de ton mécontentement.
Le mail était signé Jean-François Rauger. Effectivement il était complètement hors-sujet dans la première partie, mais à sa décharge mon email lui a peut-être paru trop vindicatif, et selon ses standards il s'est dit qu'il avait affaire à un ignare complet, qui sait ? Peut-être reçoit-il aussi beaucoup d'emails de ce genre et cela finit-il par l'exaspérer ? En tout cas j'aurais appris une chose dans cette histoire : la Cinémathèque française fait des choix étranges, largement discutables et paraît fermée à tout dialogue (voire snobe complètement ses interlocuteurs).
yiannis a écrit :Malheureusement, je n'ai pas pu assister a la projection du Prince Etudiant avec Jacque Cambra a la Cinematheque, un film que j'aime beaucoup. Et naturellement, je garde de merveilleux souvenirs de la Rochelle avec Jaques accompagnant la Divine avec passion dans ses films muets.
Yiannis, si tu vas souvent à La Rochelle, alors comme tu peux t'en douter ça a été un grand moment, comme à chaque fois avec Jacques Cambra (mais de toute façon je ne pourrai jamais être objectif). Bon ce n'était pas l'atmosphère de la fameuse Salle Bleue de La Coursive mais c'était tout de même un moment magique (La Salle Bleue est à mes yeux une "grande" salle pour les films muets, bien moins confortable que la salle Langlois de la Cinémathèque mais avec une ambiance bien plus proche du film). C'est le genre de séance qui fait que les gens tombent instantanément amoureux avec le cinéma muet, quelque soit la relative qualité du film parce que Cambra est juste incroyable, il sublime le film sans lui voler la vedette. Il a d'ailleurs reçu une très belle ovation à la fin.

Evidemment, Greta Garbo en terme d'intensité, c'est difficile à dépasser (impossible sans doute). Mais j'ai tout de même eu plusieurs fois les larmes aux yeux avec Le Prince Etudiant. Ramon Novarro et Norma Shearer (la fille de l'aubergiste à Heidelberg) forment un couple vraiment touchant dans cet amour impossible qui devra céder face aux raisons d'état, et le Prince épousera malgré lui la princesse qui lui est destinée.

Autant la première partie est légère et parfois très drôle, autant la deuxième partie est d'une tristesse ! Le retour du prince dans un Heidelberg dévasté (tout a changé !) est en ce sens un des plus grands moments du film, avec la scène finale du cortège des jeunes mariés. Le dernier intertitre du film : "Que ça doit être bien d'être roi !" se dit un homme dans la foule venue acclamer le couple royal, alors que Ramon Novarro dans le carrosse royal affiche un visage totalement défait.

Peut-être quelques longueurs sur la deuxième partie, mais ça reste un excellent muet (par contre sans accompagnement musical j'ai peur que ça puisse être très long).
A noter la présence du jeune Philippe de Lacy (inoubliable dans Love, n'est-ce pas ?) qui interprète le prince dans ses premières années.
Ann Harding a écrit :
cinephage a écrit :Ainsi, un cycle consacré aux studios Albatros aurait un cout énorme, et pourrait se voir préférer un cycle plus moderne. Déja qu'un muet attire moins de monde, mais si ça coute beaucoup plus cher, en plus...
En fait, si tu consultes le programme tu verras que pour le cycle Albatros -justement- la cinémathèque a programmé presque tous les films avec de la musique. J'ai d'ailleurs noté la présence de deux grands noms de l'accompagnement musical: le pianiste britannique Neil Brand et l'américain Timothy Brock (ceux-là, il ne faut pas les manquer!).

Pour réduire les coûts, ils pourraient très bien prendre des stagiaires du conservatoire. J'ai assisté à plusieurs scéances lors d'un festival aux Invalides avec de jeunes étudiants au piano qui accompagnaient les films avec énormément de talent. Je ne crois pas qu'établir un partenariat avec le conservatoire, par exemple, serait tellement difficile....
Je ne suis pas vraiment d'accord avec toi Cinephage, les 3 séances avec accompagnement étaient bien remplies, et pour Le Prince étudiant, c'était archi complet. Par exemple pour Ninotchka programmé à 21h le samedi la salle n'était pas pleine ! Ninotchka quand même ! Mince alors ! Un des meilleurs Lubitsch, avec une Greta Garbo dans un de ses meilleurs rôles du parlant.
Et de manière générale, si on met en valeur le muet et qu'on passe les films dans les meilleures conditions possibles, alors le public accroche et en redemande ! Pour les néophytes, c'est comme un nouveau monde qui offre des perspectives insoupçonnées. Et il n'y a pas de secret, le résultat est proportionnel aux efforts consentis.
Si on veut promouvoir le muet à l'économie, ça ne marchera pas c'est évident. A ce sujet il faut quand même noter les efforts de la Cinémathèque pour la rétrospective des films de l'Albatros. Bon ok les mauvaises langues diront que ce luxe de moyens n'est pas un hasard, étant donné les liens historiques entre la Cinémathèque et les films de l'Albatros (c'est d'ailleurs ce que je pense :D ).
Sinon j'ai vu sur le programme que plusieurs de ces films étaient colorisés, que faut-il en penser exactement ? S'agit-il simplement de teintes classiques ou d'une vraie colorisation ? Parce que vu sous cet angle là j'ai affreusement peur du résultat visuel.
Pour ce qui est de trouver des accompagnateurs à moindre coût, ton idée Ann Harding paraît être une très bonne solution, non ?


Sinon pour ce qui est des 2 autres accompagnements, il y a eu Gaël Mevel pour Sumurun et Karol Beffa pour La Chatte des montagnes.

Gaël Mevel s'en est plutôt bien sorti après 10 premières minutes assez laborieuses (il alternait entre piano et violon), et a réussi à créer une atmosphère avec assez peu d'effets et de nombreux silences pas désagréables tout compte fait. Dont une scène sublime au violon où Lubitsch pleure le départ de sa danseuse Pola Negri dont il est fou amoureux (la belle et la bête :D ). Franchement j'avais tellement lu d'avis négatif sur le film que j'ai été très agréablement surpris. Et Pola Negri est évidemment flamboyante, une très belle tragédienne et non une vulgaire vamp.

Pour Karol Beffa (c'était sa première à la Cinmathèque, il sévit d'habitude au musée d'Orsay), j'ai trouvé ça très très en dessous, et ça a failli me gâcher le film. Si j'avais un conseil à donner c'est : "évitez-le si vous pouvez". J'ai l'impression qu'il n'a pas du tout compris le film. On se serait cru à une marche funèbre pendant quasiment 2 heures, sans aucune nuance, sans aucune fantaisie. Un peu désolant, parce que La Chatte des montagnes est un film incroyablement riche (difficile à accompagner par là-même), je m'attendais à une grosse farce comme Les Filles de Kohlhiesel par exemple, et bien non ! Au contraire, ce film est juste d'une immense beauté, souvent sur la corde raide, mélangeant dans un même plan du comique pur et du désespoir profond, visuellement les paysages et les décors excentriques sont exceptionnels, et il y a beaucoup de poésie au milieu des scènes de "bouffonnerie" typiques de Lubitsch. Quant à Pola Negri, elle renverse tout sur son passage, une vraie tornade. Bien sûr !
Bref, un film fascinant, à voir absolument.
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par yiannis »

Cher garbitsch

je suis tout à fait d'accord avec toi concernant à la fois la Cinémathèque française et les films muets sans musique (grande déception) et La Rochelle (enchantement absolu). Oui, la Salle bleue à La Rochelle c'est un endroit idéal pour les films muets et quant à Jacques Cambra chapeau. C'est un vrai passionné qui respecte profondément à la fois les films muets et son public. On ne peut pas demander plus que cela. J'ai eu l'occasion de discuter à plusieurs reprises avec lui et on voit que c'est un perfectionniste qui respecte parfaitement oeuvre et le langage du cinéma muet. Tu sais par exemple ce qu'il m'a dit pour La Rochelle: il laisse toujours un film qu'il interprète pour la première fois devant le public, sans l'avoir vu au préalable. Cette année là c'était "Woman of Affairs" (Intrigues) qui l'accompagné divinement (c'est le film qui l'a le plus charme aussi, paraît-il).
Pour Garbo, je 'nai jamais pu ou essayer de cacher ma passion et je suis ravi que tu l'apprécies également. Mais en tout cas j'ai l'intention de retourner chaque année à La Rochelle pour le Festival et pour les cine-concerts en particulier avec Cambra.
Quant au "Prince Etudiant" c'est l'un de mes préférés. C'est léger, c'est touchant, mélancolique et tout à fait charmant. Sous la direction de Lubitsch, les acteurs s'épanouissent Ramon Novarro est magnifique ainsi que Norma Shearer (plus ici par ailleurs que dans un grand nombre de ses autres films). Et j'adore revoir le merveilleux Philippe de Lacy (inoubliable dans "Love" comme tu as dit a juste titre) qui interprète le jeune Prince. L'un de mes Lubitsch et films muets préférés.
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Ann Harding
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par Ann Harding »

garbitsch a écrit :A ce sujet il faut quand même noter les efforts de la Cinémathèque pour la rétrospective des films de l'Albatros. Bon ok les mauvaises langues diront que ce luxe de moyens n'est pas un hasard, étant donné les liens historiques entre la Cinémathèque et les films de l'Albatros (c'est d'ailleurs ce que je pense :D ).
Sinon j'ai vu sur le programme que plusieurs de ces films étaient colorisés, que faut-il en penser exactement ? S'agit-il simplement de teintes classiques ou d'une vraie colorisation ? Parce que vu sous cet angle là j'ai affreusement peur du résultat visuel.
Pour ce qui est de trouver des accompagnateurs à moindre coût, ton idée Ann Harding paraît être une très bonne solution, non ?
Non, les films ne sont pas 'colorisés', ils ont été restaurés avec les teintages et virages originaux. Beaucoup de films muets ne sont plus disponibles qu'en N&B quand aucune copie teintée (ni découpage du scénario original) ne sont disponibles pour fournir des indications. Pour certains films Albatros, des copies teintées ont été retrouvées récemment qui ont permis de restaurer les teintages. On a retrouvé au Chili une copie teintée du Lion des Mogols, par exemple.

Merci pour ces infos sur les pianistes présents à la Cinémathèque. J'avais déjà entendu Beffa par le passé et j'avais apprécié son travail. Mais, il semble bien qu'il ne soit pas toujours en situation...hélas! En tout cas, je te conseille d'aller écouter Neil Brand dans Die Puppe jeudi 9 septembre. C'est un superbe accompagnateur qui ne fait que cela toute l'année (contrairement à Beffa qui est un pianiste de concert).
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Rick Blaine
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par Rick Blaine »

Broken Lullaby (L'homme que j'ai tué - 1932)

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Un point de départ plutôt dramatique pour ce film où Paul Renard (Phillips Holmes) part à la rencontre de la famille du soldat allemand qu'il a tué lors de la première guerre mondiale.
Le film va garder cette part dramatique du début à la fin, on y évoque beaucoup la première guerre, et la destruction qu'elle a semée, on y évoque aussi de temps à autre la prochaine, qui sera bien plus meurtrière. C'est dans ce contexte que Lubitsch nous décrit l'amour impossible de Paul pour Elsa (Nancy Carroll), la fiancée du soldat allemand tué, et le bonheur que va finalement apporter Paul à la famille du disparu. Comme souvent chez Lubitsch, c'est en faisant parler son cœur que Paul redonnera le sourire au parents du disparu et trouvera une forme de paix (fragile compte tenu du final du film)
Lubitsch en profite pour fustiger une morale institutionnelle, loin du cœur et de l'émotion en s'offrant notamment lors de la scène d'ouverture une formidable et jubilatoire charge contre le clergé.
Plus dramatique que d'autres films de l'auteur, on retrouve néanmoins de formidables moment de comédie, notamment dans la description du village bavarois. Le propos m'a semblé un chouïa plus pesant, moins poétique que dans les chefs d'œuvre du maître, on passe toutefois, comme souvent, un excellent moment, devant un film drôle, émouvant et intelligent.
A noter la belle performance de Lionel Barrymore (que j'aime beaucoup) et celle de Nancy Carroll (que je n'avais jamais vu et dont la filmographie me semble bien courte).
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par yiannis »

Puisque nous parlons de ce très grand Monsieur Lubitsch, je souhaiterais vous signaler la parution du nouveau numéro de la revue « POSITIF » (septembre 2010) avec, entre autres, un superbe dossier sur le cinéaste. Les thèmes qui y sont abordés sont les suivants : « Ernst Lubitsch ou les déductions de l’hédonisme », « Les étoiles que j’ai fait tourner » par Lubitsch, « Un homme de théâtre, « Lubitsch et le code », « Lubitsch, Dietrich et Garbo » expérimentation et classicisme », « Lubitsch et la direction des spectateurs », « Réflexions sur l’espace lubitschien »,

Il ya aussi d’autres articles intéressants sur l’actualité (la sortie du film « Des hommes et des dieux de Xavier Beavois » etc) ainsi que des appréciations sur le Festival du Film de La Rochelle (hommage à Pintilie, Garbo), des nouveaux DVD, livres etc.

Concernant Lubitsch, j’ai lu dans l’article, ci-après, que l’intégrale Lubistch dans le Festival du Film de Locarno a été un très grand succès. La fille de Lubitsch y a été pour présenter « Ninotschka » aux spectateurs.
http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2010/9/8/arts1.htm
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Ann Harding
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par Ann Harding »

A l'occasion de la rétro, j'en profite découvrir les muets les plus rares du grand Ernst.

Als ich tot war (Quand j'étais mort, 1916) avec Ernst Lubitsch, Louise Schenrich, Lanchen Voss et Julius Falkenstein

Ernst est victime d'une belle-mère acariâtre qui barricade la porte de son appartement quand il veut rentrer tard chez lui. Il s'endort dans l'escalier où elle vient lui subtiliser ses vêtements. Le lendemain, elle le flanque à la porte. Il laisse un mot d'adieur à sa femme lui annonçant son suicide. Peu après une petite annonce propose une place de domestique chez lui. Il se déguise et y répond...

Cette comédie jouée par Lubitsch porte encore la marque de sa carrière théâtrale. La mise en scène est pratiquement totalement statique et Lubitsch lui-même fait un numéro hénaurme en domestique ignare qui pèle les patates au point de n'en rien laisser. On reconnaît Julius Falkenstein l'acteur chauve de Die Austernprinzessin qui est ici un prétendant sélectionné par la belle-mère pour la 'veuve' d'Ernst. Cela donne lieu au meilleur gag du film : Ernst a percé un trou dans sa cuillère et le malheureux essaie désespéremment de boire sa soupe avec cet instrument qui fuit. Dans l'ensemble, nous sommes encore très loin des meilleures comédies muettes allemandes de Lubitsch.


Wenn vier dasselbe tun (Quand quatre font la même chose, 1917) avec Emil Jannings, Ossi Oswalda, Margarete Kupfer et Fritz Schultz
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Ossie (O. Oswalda) rentre du couvent où elle était pensionnaire pour vivre avec son père (E. Jannings). En chemin, elle a fait la connaissance d'un jeune homme (F. Schultz) qui est employé de librairie...

Ce film de Lubitsch a été retrouvé dans les archives russes. La distribution est extrêmement prometteuse avec Ossie Oswalda, la pétulante et hilarante interprète de nombreux Lubitsch des années 10 (Die Puppe et Ich möchte kein Man sein) et Emil Jannings dans le rôle du papa. Malheureusement le résultat n'est pas tout à fait au niveau des espoirs que l'on pouvait fonder sur une telle distribution. Il faut aussi tenir compte du fait que les intertitres russes ne rendent pas forcément très bien l'humour des intertitres originaux qui devaient être bien meilleurs. La traduction m'a paru assez laborieuse. Oswalda est formidable de charme et d'énergie, mais c'est le scénario qui pêche légèrement. Il n'y a aucune surprise dans cette histoire de flirt entre la jeune fille et le jeune garçon et la libraire et le papa d'autre part. Les meilleures scènes sont celles où Jannings (qui frise sans arrêt d'immenses moustaches en guidon de vélo) danse avec sa dulcinée aux bals des veuves et des veufs.


Der Blusenkönig (Le Roi du corsage, 1917) avec Ernst Lubitsch, Käthe Dorsch et Guido Herzfeld
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Sally Katz (E. Lubitsch) est devenu le 'roi du corsage' et il revient visiter son ancien employeur tout heureux de son succès. La fille de celui-ci flirte avec lui...

Il ne reste plus qu'un fragment de 12 min de cette comédie de 3 bobines où Lubitsch tient le rôle principal. Il est bien dommage que le film entier n'ait pas survécu car c'est ce film-là qui a retenu mon attention à cause d'une scène délicieuse qui annonce les futurs chefs d'oeuvres d'Ernst. Sally est seul avec la fille du patron et on les épie par le trou de la serrure (il y a une scène similaire dans Die Austernprinzessin). Il renoue les rubands de la chaussure de la demoiselle qui emet un petit cri de plaisir au contact du ruband. Tout cela est épié et mal interprété par l'espion. Charmant!
Dernière modification par Ann Harding le 14 sept. 10, 13:34, modifié 3 fois.
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par Ann Harding »

Aujourd'hui, La Cinémathèque passe Die Puppe, à ne pas manquer si vous ne l'avez jamais vu. Au fait, il y a une photo sur le site de la Cinémathèque qui n'a rien à voir avec ce film de Lubitsch: :shock: :o
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On reconnaît très bien Victor Sjöström au bras de la mariée... :mrgreen: Je parierais qu'il s'agit d'une photo de Thomas Graals bästa film de Stiller.
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Ann Harding
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par Ann Harding »

Die Flamme (Montmartre, 1922) avec Pola Negri, Hilde Wörner, Alfred Abel et Hermann Thimig
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A Paris en 1860, Yvette (P. Negri), une cocotte, tombe amoureuse d'un jeune compositeur Adolphe (H. Thimig). Mais, elle est victime de son passé et de Gaston (A. Abel) qui la poursuit de ses assiduités...

Die Flamme fut le dernier film de Lubitsch en Allemagne avant son départ pour les Etats-Unis. Il ne reste malheureusement qu'une seule bobine de ce mélodrame avec Pola Negri. La reconstruction effectuée par le Film Museum de Munich est donc composée de nombreuses photos de plateau et de dessins de storyboard pour complémenter les 22 min restantes de film. Pola joue un beaucoup de retenu son personnage de femme perdue. On remarque la patte de Lubitsch dans de tous petits détails comme le petit geste de la main d'Yvette envers sa co-locataire pour éloigner le dangereux Gaston. Il est difficile d'avoir une véritable opinion sur ce film car il ne reste qu'un tout petit fragment. On remarque nénamoins le soin apporté aux décors et aux costumes pour reconstituer le Paris du Second Empire. Alfred Abel est excellent en méchant. Le film se terminait par le suicide de Pola qui ne supportait plus les doutes de son amant. Pour la sortie en Amérique, une version heureuse voyait la réconciliation des amants. Toutes deux sont perdues.

Romeo und Julia im Schnee (Roméo et Juliette dans la neige, 1920) avec Jacob Tiedtke, Marga Köhler, Lotte Neuman et Ernst Rückert
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Romeo Montekugerl (Gustav von Wangenheim) est tombé follement amoureux de Julia Capuletofer (Lotte Neumann). Hélas, la belle est promise à un autre garçon, passablement débile (Julius Falkenstein)...

Cette parodie de Shakespeare tournée dans la Forêt Noire voit l'affrontement à coups de boules de neige des Capuletofer et des Montakugerl. C'est une pochade vraiment réussie avec une certaine exagération comme dans Die Bergkatze (La chatte des montagnes). Lors d'un bal masqué, Romeo usurpe le costume du ridicule Falkenstein (habillé en ange avec de grandes ailes) à la grande fureur de la famille Capuletofer. L'un des meilleurs gags montre Romeo et Julia allant chez l'apothicaire s'acheter du 'poison pour deux'. Celui-ci doit leur faire crédit car ils n'ont pas d'argent. :uhuh: ('Vous reviendrez une autre fois'). Tout se termine bien car les amoureux ont bu de l'eau sucrée. :mrgreen: Une comédie très enlevée et pleine de bonne humeur.
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par Sybille »

Romeo und Julia im Schnee (Roméo et Juliette dans la neige, 1920) avec Jacob Tiedtke, Marga Köhler, Lotte Neuman et Ernst Rückert

Cette parodie de Shakespeare tournée dans la Forêt Noire voit l'affrontement à coups de boules de neige des Capuletofer et des Montakugerl.
J'adore les noms des personnages. :lol:
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par Federico »

Avis aux veinards qui pourront se rendre à la CF, ne loupez surtout pas le génial So this is Paris (Les mystères de la T.S.F.), un des derniers muets du magicien Ernst et un des films les plus hilarants jamais réalisés. Je ne l'ai vu qu'une fois, il y a très longtemps (à l'Institut Lumière, je crois) et j'ai cru qu'il allait falloir amener des pots de chambre tellement les spectateurs étaient pliés sur leur siège !

Ses dates de projection :

16/09 17h
03/10 17h
26/10 14h30

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The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
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Ann Harding
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par Ann Harding »

Image (de G à D, Lew Cody, Pierre Gendron et May McAvoy)

Three Women (Trois Femmes, 1924) avec Pauline Frederick, May McAvoy, Marie Prevost, Lew Cody et Pierre Gendron

A New York, Mrs Wilton (P. Frederick) est une veuve richissime qui attire les regards d'un aventurier mondain, Edmund Lamont (L. Cody). Criblé de dettes, il voudrait bien l'épouser. Celle-ci fait tout ce qu'elle peut pour paraître plus jeune. Mais, sa fille de 18 ans, Jeanne (M. McAvoy) rentre précipitamment de Berkeley. Lamont s'intéresse alors à la fille, richement dotée...

Ce troisième film de Lubitsch réalisé en Amérique est peu connu et c'est bien dommage. Il ne s'agit pas à proprement parler d'une comédie. Le sujet est réellement celui d'un mélodrame. Les rapports entre Mrs Wilton, sa fille et son amant sont tissés de main de maître par Lubitsch. Chaque personnage découvre les rapports entre les deux autres au fur et à mesure. Mrs Wilton est interprétée avec énormément de talent par Pauline Frederick. Cette femme d'une quarantaine d'années qui lutte contre les outrages du temps au point de délaisser sa fille n'est à priori pas très sympathique; mais, elle en fait une victime d'un système où la femme doit rester jeune et désirable. Il est d'ailleurs intéressant de noter que Pauline Frederick jouera un rôle très proche dans Smouldering Fires (La femme de 40 ans, 1925), un excellent film de Clarence Brown, immédiatement après celui-ci. Elle y est à nouveau une femme d'affaires impitoyable qui tombe amoureuse d'un de ses employés plus jeune qu'elle avant de céder la place à sa jeune soeur. Le séducteur mondain et cupide joué par Lew Cody est dépourvu de qualités : il ne s'intéresse qu'à l'argent, aux filles et n'hésite pas à faire chanter son ex-maîtresse. La fille crédule et innocente est jouée par May McAvoy. Sa petite taille la cantonnait dans les rôles de jeunes filles innocentes comme dans Ben-Hur (1926, F. Niblo). Dirigée par Lubitsch, elle est émouvante et juste comme dans Lady Windermere's Fan (L'éventail de Lady Windermere, 1925). Il faut aussi saluer la construction dramatique du film qui utilise avec parcimonie les intertitres. Le jeu des visages suffit à nous faire comprendre que Lew Cody a déjà compromis May McAvoy pour la pousser au mariage. Lubitsch utilise aussi quelques ombres expressionnistes pour l'assassinat de Lamont, comme pour excuser le geste de Mrs Wilton. La fin paraît plus convenue et expédiée. Mais, c'est un très grand cru de Lubitsch sans être une comédie. On ne peut que regretter que la Cinémathèque Française ait projeté une copie française incomplète de ce film. En effet, une scène cruciale où la fille établissait les rapports entre elle, sa mère et son nouvel époux en plaçant des photos était absente de cette copie qui est pourtant décrite avec force détails dans Passions and Deceptions - The Early Films of Ernst Lubitsch de Sabine Hake (Princeton University Press, 1992). La copie montrait également nombres de 'jump-cuts'. Il doit bien exister aux USA une copie plus complète de ce film qu'il serait raisonnable de montrer lors d'une telle rétrospective.
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par Ann Harding »

The Patriot (Le patriote, 1928) avec Emil Jannings, Florence Vidor, Lewis Stone et Neil Hamilton
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Cette grosse production Paramount de Lubitsch a disparue sauf quelques fragments de quelques minutes issues des collections de la cinémathèque portugaise ainsi que la bande-annonce. Ces quelques fragments permettent de se faire une idée sur cette superproduction centrée sur le Tsar Paul interprété par Emil Jannings. La caméra est extrêmement mobile se déplaçant dans les airs pour cadrer un Jannings en grande forme. La bande-annonce est disponible sur YouTube ainsi que dans le coffret More Treasures from the American Film Archive. Difficile de décréter qu'il s'agit d'un chef d'oeuvre perdu, mais en tous cas, les quelques scène m'ont parfois fait penser à Von Sternberg.

Meyer aus Berlin (Meyer de Berlin, 1919) avec Ernst Lubitsch, Ethel Orff, Heinz Landsmann et Trude Koll
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Sally Meyer (E. Lubitsch) fait semblant d'être malade pour que sa femme le laisse partir en vacances à la montagne. Il part pour le Tyrol habillé en costume typique et il y rencontre la belle Kitty...

Lubitsch reprend son personnage comique Sally, le Berlinois juif qui aime flirter. Contrairement à d'autres comédies, Lubitsch est moins cabotin que d'habitude. Il joue de son comportement légèrement décalé. Il part habillé en tyrolien avec Lederhosen, immense plume de faisan sur son chapeau et un piolet. Il ne passe pas inaperçu parmi les berlinois amusés: "Vous jouez dans quelle pièce ?" Une fois dans l'hôtel tyrolien, il flirte outrageusement avec la belle Kitty qui ne le prend pas du tout au sérieux. C'est l'escalade vers les sommets qui provoque le plus de rire avec un Sally dépassé par les événements. Après une nuit dans un refuge, il se réveille -oh surprise !- avec sa femme à ses côtés (voir ci-dessus). Une comédie plutôt réussie tournée dans les Alpes Bavaroises. Il est d'ailleurs étonnant de constater le nombre de films tournés à la montagne par Lubitsch: Die Bergkatze, Romeo und Julia im Schnee et Kohlhiesels Töchter.

Robert und Bertram oder Die lustigen Vagabunden (Robert et Bertram ou les joyeux vagabonds) de Max Mack (1915) avec Ernst Lubitsch, Ferdinand Bonn, Eugen Burg et Wilhelm Diegelmann

Cette comédie allemande des années 10 n'a rien de spectaculaire. Elle ressemble à un film de routine où Lubitsch n'est qu'un acteur secondaire. les rôles principaux sont tenus par F. Bonn et E. Burg interprétant un duo de voleurs au début du XIXème siècle. Le film a l'avantage d'avoir été tourné en extérieurs dans une ville allemande moyenâgeuse. Lubitsch apparaît dans les 10 dernières minutes de cette comédie en 3 bobines. Il tente d'arrêter les deux vagabonds sans grand succès. On a l'impression d'un caméo où il fait un clin d'oeil au public.
Federico
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par Federico »

Un sympathique vrai-faux reportage dans le secret de la Lubitsch' Touch en 1939, sur le plateau de tournage de Ninotchka. Tous les détails et anecdotes sont tirés d'ouvrages cités en fin d'article. Avec la rencontre de son jeune scénariste Samuel/Billy, quelques vacheries sur la Garbo, des citations du grand Ernst et de très chouettes photos d'époque.
La reporter qui signe Lola Spector aurait juste pu éviter l'erreur répétée de parler de La Dernière Femme de Barbe Bleue (sic).

http://www.telerama.fr/cinema/lubitsch- ... ,60203.php
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
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