Le Voyou (Claude Lelouch - 1970)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Sergius Karamzin
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Le Voyou (Claude Lelouch - 1970)

Message par Sergius Karamzin »

Voilà, moi aussi je donne un conseil TV, et pas des moindres.

A tous ceux qui conspuent Lelouch et ne connaissent pas les meilleurs films de sa carrière, je conseille de rester éveillé tard sur France 2 (23h20)ou de programmer les magnétos pour "Le voyou", film trop méconnu, comédie policière comme Lelouch savait si bien les faire (La Bonne année, L'aventure c'est l'aventure) avec un Trintignant et un Denner au mieux de leur forme. Ne ratez pas le générique extraordinaire (comédie musicale, allez je le dis). Un film qui se déguste comme un vrai bonbon. Pour ceux qui n'aiment pas, allez vous faire foutre (copyright Godard) mais surtout c'est que vous n'aimerez jamais Lelouch. Mais au moins, vous en serez sûr.
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Cause toujours, tu m'intéresses (cette phrase est à prendre au 1er degré). :wink:
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Joshua Baskin
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Message par Joshua Baskin »

Je le regarderai.
J'aime bien le Lelouch des années 70 :)
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Simon Duroc dit "le Suisse" (Jean-Louis Trintignant), un truand en cavale recherché par la police suite à son évasion de prison, oblige Jeanine (Danièle Delorme), une inconnue rencontrée au cinéma, à le cacher dans son appartement. Il sort néanmoins de temps en temps en faisant très attention, surtout pour rencontrer son ancienne maîtresse, Martine (Christine Lelouch), désormais mariée mais avec qui il a eu un enfant. La femme qui l'héberge malgré elle finit par tomber sous le charme du voyou et, au bout de quelques semaines, le conduit à la campagne jusque chez Charlot (Charles Gérard), l'ex-complice de Simon, une planque où il devrait être encore plus en sécurité. Il se procure armes et faux papiers car il a une vengeance à assouvir contre l’homme qui l’a envoyé en prison...

Profitons du fait d’écrire cette chronique au moment où sort sur les écrans français le 50ème long métrage de Claude Lelouch (L’amour c’est mieux que la vie) pour effectuer un très rapide balayage d’une filmographie dont depuis 40 ans on a eu à mon humble avis un peu trop tendance à se moquer, alors que tant de ricanements n’étaient pas forcément justifiés même après la période englobant sa Palme d’or (Un Homme et une femme), son bouleversant Un Homme qui me plaît en 1969, et surtout la décennie dorée pour le réalisateur qu’ont représentées les années 70 (L’aventure c’est l’aventure, Le Chat et la souris, La Bonne année…) Et d’ailleurs un tel sincère amour du cinéma - et des comédiens - chevillé au corps du réalisateur fait déjà que ce dernier ne méritait peut-être pas tant de quolibets. Car même si effectivement son "taux de réussites" est plus conséquent durant les années 60 et 70, on peut trouver d’autres œuvres au minimum très estimables par la suite, que ce soient Partir, revenir, Itinéraire d’un enfant gâté ou Attention bandits durant les 80’s, puis encore - parmi pourtant le faible nombre de films vus sur l’ensemble du reste de sa carrière -, sa version des Misérables ou Un plus une avec Jean Dujardin et Elsa Zylberstein. Et on peut donc également inclure Le Voyou parmi les œuvres hautement recommandables du cinéaste.

"Le Voyou, c’est Pulp Fiction avec 25 ans d’avance" a dit Quentin Tarantino lui-même Et effectivement, même sans l’avoir su on peut facilement se faire la réflexion à la découverte du Voyou, surtout au vu de leurs structures scénaristiques respectives. Et si vous connaissez par cœur le chef-d’œuvre de Tarantino vous comprendrez pourquoi il est difficile d’aborder les intrigues pour parler de ces deux films au risque de dévoiler de grosses surprises et de gâcher des twists assez jubilatoires. Sachez seulement que si au cours du visionnage vous vous interrogez sur le fait d’avoir dû louper quelque chose par inattention, si vous vous questionnez quant à d’éventuels trous scénaristiques et grosses incohérences, ou enfin si vous vous agacez de la gratuité de certaines séquences comme par exemple celle du générique en style comédie musicale (excellente chorégraphie d’ailleurs), vous devrez admettre au final que rien n’avait été laissé au hasard et qu’il n’y avait ni manque de rigueur dans l’écriture ni scènes inutiles, le tout étant remarquablement bien agencé, la "manipulation de spectateurs" à la Hitchcock ayant parfaitement bien fonctionné sur absolument tout le monde : [SPOILER je défie d'ailleurs quiconque à la première vision d’avoir remarqué la minute précise où le film bascule dans le flash-back puisque les deux parties sont en fait chronologiquement inversées sans que l’on ne s’en rende compte avant la fin FIN DU SPOILER].

Le Voyou est la première comédie policière d’un excellent corpus d’œuvres du même genre et du même ton peu avares en fantaisie, comportant parmi les films les plus séduisants et réjouissants du réalisateur ; s’ensuivront donc L’aventure c’est l’aventure, La Bonne année, Le Chat et la souris, Les Bons et les méchants, Attention bandits… Ce polar décontracté étant avant tout ludique, l’histoire centrale de l'enlèvement d’un enfant n'est jamais prise vraiment au sérieux même si, le cinéaste aimant à nous déstabiliser, on aura néanmoins pût en douter un moment. Tout comme on passe à l’encontre du personnage interprété avec talent par Jean-Louis Trintignant de l’empathie à l’antipathie d’une séquence à l’autre par le fait de ne pas connaitre en temps et en heures tous les éléments qui permettraient de mieux englober sa personnalité. Bref, tout en restant assez 'guilleret' tout du long, le film de Lelouch n’en est pas pour autant ni mièvre ni manichéen. Le réalisateur en profite même pour égratigner au passage la presse à scandales, les banquiers, la haute finance, la publicité (le "merci Simca" qui ne vous quittera plus) et les hommes d’affaires.

Outre la perfection d’un récit basé principalement sur un flash-back indétectable, niveau mise en scène on reconnaît le généreux style Lelouch très rapidement dans sa manière de prendre à bras le corps la grammaire cinématographique et d’en utiliser le maximum de ressources avec souvent beaucoup de culot ; il continue d’oser faire durer des séquences plus que de coutume, de s’appesantir sur des ‘riens’ pour la simple décontraction, de faire parfois improviser ses comédiens, de pratiquer sans vergogne l’auto référencement (ici à sa Palme d’or), de filmer caméra à l’épaule, de jouer non seulement avec la temporalité mais aussi avec le cadre, de faire penser à un manque de rigueur ou à un dilettantisme snobinard pour dynamiter ce sentiment dans les séquences suivantes… bref un polar à sa manière de conteur hors-pair, un divertissement très bien tenu comme on les aime, truffé d’idées sur le fond comme sur la forme, manipulant aussi bien les personnages que les spectateurs. Les amateurs d’action, de noirceur et de violence peuvent en revanche passer leur chemin ; le polar plein d’entrain de Lelouch n’est que jeu, vivacité, humour, romantisme, fantaisie et élégance. Cette irrésistible comédie policière, dont Lelouch disait avoir acheté l’idée centrale de son scénario - co-écrit entre autres avec Claude Pinoteau - à un véritable truand, obtiendra un très gros succès à l’époque.

Réussite commerciale rendue sans doute possible pour une autre part grâce au casting du film on ne peut plus ‘lelouchien’ : Jean-Louis Trintignant en tête dans la peau de ce voyou rusé, roublard et fort sympathique ; mais aussi Charles Gérard, l’éternel ‘Charlot’ de Lelouch qui officiera à 17 reprises pour son réalisateur fétiche ; un savoureux Charles Denner qui lui tournera cinq fois avec le cinéaste ; sans oublier la jolie surprise (au propre comme au figuré) que constitue la participation de Christine Lelouch dont on regrette qu’elle n’ait pas fait une plus grande carrière ; et enfin les participations délectables de Aldo Maccione, Jacques Doniol-Valcroze, Danièle Delorme, Yves Robert, Judith Magre, Paul Le Person, Amidou et même Sacha Distel. Il est également possible pour ceux d'entre vous aux yeux les plus affûtés de repérer en journalistes de tout jeunes François Jouffa et Jean-Claude Bourret. Bref, ne cherchez pas d'excuses et sans arrière-pensée, laissez-vous vous faire mener par le bout du nez par cette construction de petit malin et avouez sans aucune honte in fine avoir été savoureusement pris pour des dindons de la farce, tout comme certains des personnages de l’intrigue. Sans en attendre monts et merveilles vous devrez avoir été séduits par cette œuvre amorale, vive, fraîche et espiègle.
Sergius Karamzin
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Message par Sergius Karamzin »

Personnellement j'aime beaucoup toutes les compositions de Lai pour Lelouch, il y a une vraie alchimie entre la musique et les films (surtout dans les 60's-70's). Il n'y a que le générique de fin de "Un homme et une femme" (chanté par Croisille) qui m'horripile, mais comme il n'y a que la version instrumentale dans le film, j'adore !
Alex Blackwell
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Re: Ma sélection TV : demain "Le Voyou" de Lelouch

Message par Alex Blackwell »

Sergius Karamzin a écrit :Pour ceux qui n'aiment pas, allez vous faire foutre (copyright Godard)
Ca me fait penser aux propos tenus par Jodorowsky sur son El Topo: ceux qui n'aiment pas sont stupides, ceux qui aiment sont géniaux.
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Night of the hunter forever


Caramba, encore raté.
Sergius Karamzin
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Message par Sergius Karamzin »

C'était juste un clin d'oeil à "A bout de souffle"...

Mais mon cher Star maker, toi qui me chambre régulièrement sur Lelouch, tente quand même de voir celui-ci on en reparlera après...
Bob Harris

Re: Ma sélection TV : demain "Le Voyou" de Lelouch

Message par Bob Harris »

Merci du conseil, Sergius !

Billou, qui aime bien certains Lelouch.
Brice Kantor
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Re: Ma sélection TV : demain "Le Voyou" de Lelouch

Message par Brice Kantor »

Bill Harford a écrit :Merci du conseil, Sergius !

Billou, qui aime bien certains Lelouch.
sinon "L'anglaise et le Duc" passe bien sur France 3... :wink:
Leopold Saroyan
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Re: Ma sélection TV : demain "Le Voyou" de Lelouch

Message par Leopold Saroyan »

Sergius Karamzin a écrit :Pour ceux qui n'aiment pas, allez vous faire foutre (copyright Godard) mais surtout c'est que vous n'aimerez jamais Lelouch. Mais au moins, vous en serez sûr.
Je n'ai pas vu Le Voyou et n'ai pas besoin de le voir pour être sur que je n'aimerai jamais Lelouch. :mrgreen: Et puis effectivement, il y a le Rohmer sur France3 à la même heure! 8)
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Message par christian »

pour moi, les meilleurs Francis Lai que j'ai entendu, c'était pour René Clément, la scène du viol dans "la passager de la pluie" et surtout le début de "La course du lièvre à travers les champs" : une ambiance presque dissonante et enfantine à la fois... du jamais entendu chez lui (du moins à ma connaissance)

cela dit c'est vrai qu'en général, Lai me laisse totalement de marbre... ;-((
Bob Harris

Re: Ma sélection TV : demain "Le Voyou" de Lelouch

Message par Bob Harris »

Mac Lean a écrit :
Bill Harford a écrit :Merci du conseil, Sergius !
Billou, qui aime bien certains Lelouch.
sinon "L'anglaise et le Duc" passe bien sur France 3... :wink:
Et sous-titré en plus !!! Oh joie oh bonheur !!! :D
Sergius Karamzin
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Message par Sergius Karamzin »

J'imagine qu'à cause de Rohmer, personne n'a vu le Lelouch !
Allez vous faire pendre :wink:
Si certains l'ont vu, qu'en avez-vous pensé ? Il fait partie des 6 ou 7 meilleurs Lelouch d'après moi, même s'il ne "respire" pas assez, ni ne comporte de véritables élans de sentiments que Lelouch sait filmer (amour ou amitié). C'est juste sec, efficace et assez drôle en plus. Plus policier que comédie mais toujours ce dosage que seul Lelouch sait faire.

J'attends le DVD dans quelques jours pour me le revoir comme il faut, je travaille sur mes souvenirs.
Bob Harris

Message par Bob Harris »

Sergius Karamzin a écrit :J'imagine qu'à cause de Rohmer, personne n'a vu le Lelouch !
Le Rohmer passe jeudi soir, non?

J'espère que c'était pas hier, sinon je me pends.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Bill Harford a écrit :
Sergius Karamzin a écrit :J'imagine qu'à cause de Rohmer, personne n'a vu le Lelouch !
Le Rohmer passe jeudi soir, non?

J'espère que c'était pas hier, sinon je me pends.
va voir les conseils télé ;-)
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