I... comme Icare (Henri Verneuil - 1979)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Federico
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Re: I... comme Icare (Henri Verneuil - 1979)

Message par Federico »

cineberry a écrit :
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Dr David Menard a écrit :
Voilà en tout cas la preuve qu'il existe à l'INA matière à créer des suppléments pour une possible édition DVD.
Et en voici une autre avec Verneuil invité lors de l'excellente émission L'avenir du futur en septembre 1981 où, après la diffusion de la séquence-clé de son film, le débat porta sur la fameuse expérience de Milgram.
On notera au passage que bien que ce cinéaste était assez familier des téléspectateurs, il n'était pas là pour la promo de son film, sorti en salles près de deux ans auparavant (j'écris ça car il n'y a de plus crétin que ces émissions dont le thème n'est programmé que pour satisfaire au plan média des attachés de presse). :evil:
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Jerome
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Re: I... comme Icare (Henri Verneuil - 1979)

Message par Jerome »

Federico a écrit :On notera au passage que bien que ce cinéaste était assez familier des téléspectateurs, il n'était pas là pour la promo de son film, sorti en salles près de deux ans auparavant (j'écris ça car il n'y a de plus crétin que ces émissions dont le thème n'est programmé que pour satisfaire au plan média des attachés de presse). :evil:
c'est aussi que hors promo, il faut payer les artistes si on veut qu'ils viennent sur un plateau. Ce n'est pas le cas sans doute de Verneuil mais c'est la norme.
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Re: I... comme Icare (Henri Verneuil - 1979)

Message par Federico »

Jerome a écrit :
Federico a écrit :On notera au passage que bien que ce cinéaste était assez familier des téléspectateurs, il n'était pas là pour la promo de son film, sorti en salles près de deux ans auparavant (j'écris ça car il n'y a de plus crétin que ces émissions dont le thème n'est programmé que pour satisfaire au plan média des attachés de presse). :evil:
c'est aussi que hors promo, il faut payer les artistes si on veut qu'ils viennent sur un plateau. Ce n'est pas le cas sans doute de Verneuil mais c'est la norme.
Exact, mais cet aspect "donnant-donnant" est tellement grossier...
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Re: I... comme Icare (Henri Verneuil - 1979)

Message par Amarcord »

Federico a écrit :
Jerome a écrit : c'est aussi que hors promo, il faut payer les artistes si on veut qu'ils viennent sur un plateau. Ce n'est pas le cas sans doute de Verneuil mais c'est la norme.
Exact, mais cet aspect "donnant-donnant" est tellement grossier...
Il est même franchement vulgaire, pour tout dire.
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-Kaonashi-
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Re: I... comme Icare (Henri Verneuil - 1979)

Message par -Kaonashi- »

J'ai découvert ce film la semaine dernière, en DVD (allemand :o).
Les béances d'un scénario très mal équilibré, les incohérences et le déplorable jeu de la plupart des acteurs en font un projet très intéressant, très culotté, mais un gros pétard mouillé.
Entre le point de montage dans le film amateur (sérieux, c'est ultra grossier), le véritable tueur qui aurait tiré depuis une pièce dont les fenêtres ne s'ouvrent pas, les témoins capitaux qu'on laisse en liberté (le cinéaste amateur & le moustachu qui sans ses lunettes voit le "tireur" sur le toit), la séquence "soumission à l'autorité" qui arrête l'intrigue et l'enquête pendant 20 minutes pour ne donner aucune explication ou raison au comportement et aux motivations du faux tireur, et enfin la résolution en moins de deux du message codé sur la cassette... bref tous ces éléments m'ont empêché de rentrer dans le film, d'y croire, d'être investi dans l'enquête du procureur/Montant, qui incidemment passent pour un guignol complet, surtout après avoir dénoncé la première enquête bâclée !

Et du coup, je ne comprends pas du tout l'indulgence extrême dont jouit ce film. Oui le projet est très intéressant, très original et dénote encore plus à nos yeux. Cet écran de fumée serait-il créé par l'illustration bien faite et très clair de l'expérience de Milgram ? Je ne sais pas, car pour avoir étudié cet expérience au lycée, j'en connaissais le procédé, les enjeux, et les résultats, et j'avais vu l'extrait du film en question...
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blaisdell
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Re: I... comme Icare (Henri Verneuil - 1979)

Message par blaisdell »

-Kaonashi Yupa- a écrit :J'ai découvert ce film la semaine dernière, en DVD (allemand :o).
Les béances d'un scénario très mal équilibré, les incohérences et le déplorable jeu de la plupart des acteurs en font un projet très intéressant, très culotté, mais un gros pétard mouillé.
Entre le point de montage dans le film amateur (sérieux, c'est ultra grossier), le véritable tueur qui aurait tiré depuis une pièce dont les fenêtres ne s'ouvrent pas, les témoins capitaux qu'on laisse en liberté (le cinéaste amateur & le moustachu qui sans ses lunettes voit le "tireur" sur le toit), la séquence "soumission à l'autorité" qui arrête l'intrigue et l'enquête pendant 20 minutes pour ne donner aucune explication ou raison au comportement et aux motivations du faux tireur, et enfin la résolution en moins de deux du message codé sur la cassette... bref tous ces éléments m'ont empêché de rentrer dans le film, d'y croire, d'être investi dans l'enquête du procureur/Montant, qui incidemment passent pour un guignol complet, surtout après avoir dénoncé la première enquête bâclée !

Et du coup, je ne comprends pas du tout l'indulgence extrême dont jouit ce film. Oui le projet est très intéressant, très original et dénote encore plus à nos yeux. Cet écran de fumée serait-il créé par l'illustration bien faite et très clair de l'expérience de Milgram ? Je ne sais pas, car pour avoir étudié cet expérience au lycée, j'en connaissais le procédé, les enjeux, et les résultats, et j'avais vu l'extrait du film en question...
Je comprends tout à fait ces remarques sans tout à fait les partager.

Ce n'est effectivement pas un chef-d'oeuvre à cause de maladresses dont tu cites une grande partie (on peux rajouter aussi la musique qui ne change pas alors que le rythme de la cassette change, l'épisode moyennement convaincant des douilles du fusil) umais Je pense qu'il s'agit d'un film qui déploie un souffle et une ambition rarement vues dans le cinéma français . Franchement peut-t-on trouver beaucoup de films français comparables ? (peut-être le récent L'exercice de l'Etat que je n'ai hélàs pas encore vu...);

On peut en rajouter plein des défauts évitables: les dialogues sont très inférieurs à ce qu'aurait fait un Semprun par exemple.
Montand est beaucoup moins bien dirigé que chez Corneau, Resnais,Sautet et Rappeneau mais son charisme reste quand même fascinant et emporte l'adhésion.
On est agacé par cet Etat imaginaire pseudo-Etats-Unien avec un drapeau et des personnages qui ont des noms bizarres: Robert Kocheba, Nicolas Rosenko, etc...Maladresse d'autant plus préjudiciable que dans Cadavres Exquis, il s'agissait sauf erreur de ma part d'un Etat imaginaire aussi mais de façon implicite et où transparaissait l'Italie des années de plomb.
Certains aspects de la mise en scène déçoivent: malgré de gros moyens, l'assassinat du président Jary n'est pas réalisé de façon géniale.
Je ne sais quoi penser de l'humour du film, volontaire ou pas. Que penser ainsi du débat où Volney-Montand où ce dernier, menaçant de révélations dangereuses les notables de la commission cache un petit dessin ? Des films visionnés par le procureur où on voit un film de mariage au milieu des films de l'assassinat ?
De la photo du témoin survivant où un téléspectateur croit reconnaître Robert Mitchum dans La vengeance du shérif ?
Le film développe aussi un humour involontaire: Montand demande à sa femme le sens du mythe d'Icare "hormis la légende que tout le monde connaît"? Et là cette dernière lui raconte la légende que tout le monde connaît....
Enfin dernier défaut: on voit trop que Verneuil a voulu avant tout filmer l'expérience de soumission à l'autorité et qu'il a greffé autour l'assasssinat de JFK, les coups d'Etat dans les pays sud-américains, la fin de Cadavres Exquis, la trâme de A cause d'un assassinat, le juge et les notables de Z, etc...

A ce stade là on va me trouver sans doute sévère...mais c'est souvent ça dans les Verneuil, il y a tous les ingrédients pour faire un très grand film mais il y a quelque chose qui cloche dans la recette...
Et puis comme je l'ai déjà souligné, je trouve qu'il passe quelque chose d'atypique dans ce film.
Il y a des séquences très réussies: la soumission à l'autorité mais aussi la séquence où l'on s'aperçoit que tous les témoins directs ont été mystérieusement suicidés, la séquence où Franck Belloni attend dans une cabine téléphonique l'arrivée du procureur, toute la fin aussi..
Très bon choix de décors évidents: la Défense, Cergy;;
Ca se suit très bien.
Le film a aussi je trouve ce pouvoir d'imprimer certaines images dans la mémoire. Je me souviens de la séquence de la descente de police dans un bar où un client lambda se fait défendre sans autre forme de procès... de quoi avoir peur des forces armées dans les lieux publics pour un bon moment..

En conséquence, il s'agit d'un film que, je le répète, je trouve passionnant malgré ses défauts.
Il n'existe pas en dvd français; le dvd allemand est beaucoup moins beau que la copie qui passe parfois sur direct 8.
Et puis bizarre que Europacorp ait édité d'obscurs films comme Quand la ville s'éveille, L'ardoise mais pas ce film a priori beaucoup plus attendu et donc "bankable" mais ce n'est pas le seul éditeur à qui l'on peut faire une remarque similaire :roll:
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Re: I... comme Icare (Henri Verneuil - 1979)

Message par riqueuniee »

Rosi voulait en fait parler de l'Italie, même si son film se situe dans un pays indéterminé. Verneuil ne cherche pas à parler de la France, ou des USA (même si, à la base , le film s'inspire beaucoup de l'assassinat de JFK et des événements qui ont suivi). Le pays imaginaire du film ne cherche donc pas à en rappeler un, même de loin. Cet aspect-là ne m'a pas gênée.
Pour ce qui concerne la construction du scenario, on a quand même l'impression que Verneuil a écrit son film pour pouvoir placer la séquence sur l'expérience de Milgram (séquence qui, d'ailleurs, ne fait pas vraiment avancer l'histoire).
Reste un film d'une ambition (formelle et scénaristique) assez rare dans le cinéma français.
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Re: I... comme Icare (Henri Verneuil - 1979)

Message par blaisdell »

riqueuniee a écrit : Reste un film d'une ambition (formelle et scénaristique) assez rare dans le cinéma français.
Tout à fait d'accord, c'est pour celà que le film nous passionne malgré ses scories :wink:
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-Kaonashi-
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Re: I... comme Icare (Henri Verneuil - 1979)

Message par -Kaonashi- »

Personnellement, non, le film ne me passionne pas.

L'expérience de Milgram me passionne (et me terrifie, de son procédé à ses multiples conclusions et pistes de réflexion).
L'assassinat de Kennedy et toutes les enquêtes autour de cet évènement, sans me passionner, m'intéresse beaucoup.
L'idée d'un film politique liant ces deux sujets, et qui prend comme lieu de l'action un Etat imaginaire occidental dans le tout bétonné Cergy/La Défense des années 70 ; bref cette idée me passionne.
Mais le film, jamais vraiment.

Comme tu le soulignes, blaidsell, il est vrai que deux séquences sont particulièrement réussies dans le film : celle listant les témoins éliminés (dont fait partie cette descente de flics dans une boîte), et celle de l'expérience. Seulement pour cette dernière, j'ai envie de dire que c'est plus l'expérience en elle-même qui passionne, tout en reconnaissant que l'illustration est habile et soignée.
Mais tous les défauts énumérés ici m'empêchent de croire à l'intrigue, de ressentir quelque chose. Et c'est vrai que la dernière scène, avec l'explication au téléphone, m'avait gêné.
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Major Tom
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Re: I... comme Icare (Henri Verneuil - 1979)

Message par Major Tom »

Elle est franchement prévisible cette fin. Il se passe bien dix minutes pendant lesquelles Verneuil annonce les choses, en faisant passer et repasser son protagoniste devant les fenêtres, ça m'avait agacé à l'époque où j'ai vu le film. J'étais jeune mais pas naïf. Je rejoins tout à fait le point de vue de Kaonashi, et le montage dans le film "à la Zapruder" peut-être la chose la plus stupide qu'ait jamais réalisé Verneuil.
Plus j'y pense à ce film et plus j'ai peur de le revoir.
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Re: I... comme Icare (Henri Verneuil - 1979)

Message par AtCloseRange »

Major Tom a écrit :
-Kaonashi Yupa- a écrit :Personnellement, non, le film ne me passionne pas.

L'expérience de Milgram me passionne (et me terrifie, de son procédé à ses multiples conclusions et pistes de réflexion).
L'assassinat de Kennedy et toutes les enquêtes autour de cet évènement, sans me passionner, m'intéresse beaucoup.
L'idée d'un film politique liant ces deux sujets, et qui prend comme lieu de l'action un Etat imaginaire occidental dans le tout bétonné Cergy/La Défense des années 70 ; bref cette idée me passionne.
Mais le film, jamais vraiment.

Comme tu le soulignes, blaidsell, il est vrai que deux séquences sont particulièrement réussies dans le film : celle listant les témoins éliminés (dont fait partie cette descente de flics dans une boîte), et celle de l'expérience. Seulement pour cette dernière, j'ai envie de dire que c'est plus l'expérience en elle-même qui passionne, tout en reconnaissant que l'illustration est habile et soignée.
Mais tous les défauts énumérés ici m'empêchent de croire à l'intrigue, de ressentir quelque chose. Et c'est vrai que la dernière scène, avec l'explication au téléphone, m'avait gêné.
Elle est franchement prévisible cette fin. Il se passe bien dix minutes pendant lesquelles Verneuil annonce les choses, en faisant passer et repasser son protagoniste devant les fenêtres, ça m'avait agacé à l'époque où j'ai vu le film. J'étais jeune mais pas naïf. Je rejoins tout à fait le point de vue de Kaonashi, et le montage dans le film "à la Zapruder" peut-être la chose la plus stupide qu'ait jamais réalisé Verneuil.
Plus j'y pense à ce film et plus j'ai peur de le revoir.
ouais, enfin, c'est pas la première fois qu'un "film" présenté dans un film soit invraisemblable dans le positionnement de la caméra, son déplacement ou dans son montage.
C'en est presque une convention du genre. D'ailleurs, je ne me rappelle plus bien mais on voit bien cette séquence plein écran et pas en tant que film dans le film, non? Ce qui devrait permettre a priori une plus grande liberté dans ce qui est montré.

Moi, je l'aime bien cet I comme Icare. Du bon cinoche du dimanche soir 70s et le point de départ est vraiment malin. C'est pas du Pakula ou du Pollack mais ce n'est pas très grave.
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Re: I... comme Icare (Henri Verneuil, 1979)

Message par Nomorereasons »

Nestor Almendros a écrit :posté par Ed le 5 juillet 2006
I COMME ICARE d'Henri Verneuil

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A la suite de la mort d'un Président d'un Etat fictif, le procureur Henri Volney qui s'est penché sur ce décès refuse les conclusions de l'enquête. Il parvient à interroger un témoin qui lui dévoile la part d'ombre de cette histoire, mais les auteurs du meurtre ne souhaitent pas qu'il découvre la vérité.

Proprement incroyable...
De ce film, je ne connaissais que sa musique, d'Ennio Morricone (présente surtout dans la partie finale du film) et d'Henri Verneuil je ne connaissais que ses oeuvres populaires au sens noble du terme (Un singe en hiver, Mélodie en sous-sol, Le clan des siciliens, 100 000 dollars au soleil...) et jamais je n'aurai pu envisager derrière cet habile faiseur, bon directeur de comédiens et capable épisodiquement d'élever une séquence par une mise en scène inventive (voir Mélodie en sous-sol), une telle maestria dans la gestion du suspense, une telle intensité dans le déroulement de l'intrigue, une telle force dans la thématique comme dans sa restitution, nerveuse, épurée, angoissante (l'attente de Bellony dans la cabine, l'expérience à l'université de Genève, la "visite" chez Mallaury sont autant de morceaux de bravoure), largement comparable à ce que le cinéma américain des années 70 a fait de plus virtuose (Lumet, Pakula...).
Le sujet, ici, est politique, évidemment. Mais politique au sens étymologique du terme, et dès lors le cadre géographique ou humain importe peu : cette histoire est forte par son intemporalité et son universalité, et il est frappant de constater à quel point elle garde sa vitalité plus de 25 ans plus tard... Loin de ces fictions actuelles qui estompent la vacuité du propos par une agitation pyrotechnique et paranoïaque lassante, Verneuil déroule le fil implacable de la logique du pouvoir, de ses compromissions et de ses exactions... L'enquête du procureur Volney (incroyable Yves Montand !!!) est éprouvante, usante, pour lui comme pour nous, mais elle débouche sur une révélation bien plus fondamentale que ce meurtre fictif, à savoir la réalité obscure de toute société pseudo-démocratique. Icare s'est brûlé les ailes en s'approchant trop près de l'astre solaire, mais le spectateur, averti, saura lui profiter de la lumière pour voir, pour comprendre...
Finalement, le film laisse un double sentiment d'amertume. Le premier, purement cinématographique, est le constat, déjà évoqué, de l'absence (voire de la nullité) des tentatives actuelles d'un cinéma fort et engagé sans être prosélyte ou racoleur. Le second, plus général, plus triste aussi, est que si un tel film n'a pas été plus vu (sa nature d' "inédit", si elle justifie sa présence sur ces pages, est un scandale sans nom) et n'a donc pas changé (même partiellement) les mentalités de ses spectateurs, c'est que, peut-être, le destin de tous les Icare, partout et toujours, est malheureusement de mourir au soleil...
très bon texte de ed auquel je souscris. Ajoutons que Verneuil a filmé superbement une ville grise, minérale et presque vertigineuse, à la façon d'un labyrinthe en trois dimensions
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Major Tom
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Re: I... comme Icare (Henri Verneuil - 1979)

Message par Major Tom »

AtCloseRange a écrit :ouais, enfin, c'est pas la première fois qu'un "film" présenté dans un film soit invraisemblable dans le positionnement de la caméra, son déplacement ou dans son montage. C'en est presque une convention du genre.
Ce n'est pas parce que d'autres navets ont pratiqué ce genre d'incohérences qu'on peut continuer à le faire. Une convention qui prend le public pour des cons et que d'autres réalisateurs ont heureusement évité.
Je suis étonné que tu défendes ce genre de ratés alors que tu te plains de la mise en scène des films jamesbondiens (d'ailleurs souvent bourrée d'écrans de surveillance dont on se demande où ils ont placé la caméra pour filmer). :lol:
AtCloseRange a écrit :D'ailleurs, je ne me rappelle plus bien mais on voit bien cette séquence plein écran et pas en tant que film dans le film, non? Ce qui devrait permettre a priori une plus grande liberté dans ce qui est montré.
C'est un écran qui montre un film en noir et blanc tourné "d'un seul" point de vue. Je ne crois pas qu'il faille de grandes connaissances techniques en cinéma pour s'en rendre compte, et du coup le procureur interprété par Montand est franchement un con d'avoir loupé ça. :mrgreen:
Dernière modification par Major Tom le 11 avr. 12, 14:04, modifié 1 fois.
Nomorereasons
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Re: I... comme Icare (Henri Verneuil - 1979)

Message par Nomorereasons »

De même, dans la fanfare qui accompagne le président Jary il y a un trombone qui joue un quart de ton au-dessus, ce film prend clairement les musiciens pour des cons
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Re: I... comme Icare (Henri Verneuil - 1979)

Message par Major Tom »

yaplusdsaisons a écrit :De même, dans la fanfare qui accompagne le président Jary il y a un trombone qui joue un quart de ton au-dessus, ce film prend clairement les musiciens pour des cons
J'ai passé justement là-dessus. Ça se remarque moins. :mrgreen:
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