Une belle année en découvertes de films anciens, puisque sur 140 films antérieurs à 1980 vus, 43 films ont atteint ou dépassé la note de 8/10. Mon gagnant de l’année est un film muet, alors que ce sont les films des années 60 et 70 qui dominent largement au sommet de mon palmarès. Les Etats-Unis dominent, mais n’écrasent pas, alors qu’un film brésilien figure en seconde place, qu’un film britannique, un film chinois, et deux films italiens apparaissent également dans mon top 10. Cet élargissement de ma cinéphilie me fait découvrir quelques belles pépites. A noter un autre film muet qui est une vraie révélation,
Hindle Wakes, de Maurice Elvey, ainsi que la découverte savoureuse d’un ensemble de films, les Sherlock Holmes russes de la fin des années 70, hautement recommandables aux amateurs…
1 The Covered Wagon, de James Cruze (1923) 9/10
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Western à grand spectacle, contant la migration d’une longue caravane de colons traversant l’Amérique, The Covered Wagon connaîtra un immense succès, mais aussi et surtout une vaste postérité. On aurait pu s’attendre, en découvrant ce film en 2018, à trouver des thèmes rebachés. Mais il s’avère que le soin du visuel du film, la construction des personnages, et la mise en scène du film dans son ensemble fonctionnent si bien que c’est tout le contraire, un film passionnant et spectaculaire devant lequel on s’extasie comme si on voyait un film de colons pour la première fois.
2 Vidas Secas, de Nelson Pereira dos Santos (1962) 9/10
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Le film est simple, épuré, son sujet est la vie d’une famille de fermier du Nordeste. Il n’y a plus rien à cultiver, plus de travail, plus rien à manger. Le spectacle de la misère est ici transcendé par une mise en scène d’une rare exigence, la caméra est toujours au bon endroit, chaque plan est superbe, mais rien n’esthétise pour autant la condition de ces malheureux personnage, on suit leur parcours, et leurs misères, avec un pincement au cœur, et le film déroule son récit implacablement, avec cruauté et sècheresse. Magistral.
3 Five Star Final, de Mervyn Leroy (1931) 9/10
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Un film qui parle du sensationnalisme, de l’attitude immorale d’une certaine presse, d’une population à la mémoire courte, mais qui aime s’indigner. Une thématique, donc, qui résonne en phase avec l’actualité de ces dernières années. Mais aussi, et surtout, on trouve ici un casting aux petits oignons, une concision superbe, une noirceur comme seul le cinéma pré-code pouvait en proposer, tout cela fait de Five Star Final un film qui s’encaisse comme un coup de poing dans la figure. Immense coup de cœur.
4 Edvard Munch, de Peter Watkins (1974) 9/10
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Ce documentaire sur Peter Watkins dépasse la seule question de la vie d’un artiste. On y évoque le niveau de vie de son temps, les convictions des divers groupes qu’il fréquente, la réception de ses œuvres, la vie des artistes qui l’entourent, leurs philosophies, on y reconstitue toute une période. Cette approche très vaste autour de l’œuvre de Munch permet d’en distinguer les contours, le cadre, les motifs, et, peut-être, les thèmes. Pour moi, qui suis assez amateur de ses peintures, j’ai entièrement redécouvert son œuvre, sous un jour plus intime et plus large. J’y perçois l’homme derrière les tableaux, et l’usage très subtil du montage suggère un homme d’une grande sensibilité, hanté par la mort et la maladie des ses proches. Assurément, Peter Watkins est un réalisateur au talent inoui et à l’intelligence folle.
5 Dragon Inn, de King Hu (1967) 9/10
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Le sens visual de Kung Hu, son remarquable gout de la composition, trouve dans ce film matière à régaler son public. L’intrigue est riche, bourrée d’humour, de personnages valeureux, de rebondissements. On comprend que ce Dragon Inn soit un jalon du cinéma chinois, tant il est grandiose, tourné sur le vif, et toujours avec grace. C’est peut-être le meilleur film pour découvrir King Hu, à bien y réfléchir.
6 Paper Moon, de Peter Bogdanovich (1973) 9/10
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Paper Moon est au croisement de plusieurs categories de film… D’abord, le film sur la crise des années 30, catégorie prolifique dans les années 70, et ici remarquablement abordé par le biais d’une photographie en noir et blanc de László Kovács. Ensuite, le film sur le sud américain, la bible belt, avec son accent trainant et ses old timers dormant sur le porche, et son jargon bien typique. Après, il s’agit aussi d’un road movie, où les rencontrent structurent le récit, le ponctuent d’anecdotes droles ou tristes. Enfin, il s’agit d’un récit de relation entre un adulte et un enfant, un autre type de film assez riche en chefs d’oeuvre. Et là, bingo ! La clé du film réside dans son casting. Prendre Tatum O’Neal pour la faire jouer face à son père dans une relation de paternité contrariée est brillant. La petite est une révélation, l’écriture de son personnage est brillante, et la culture cinématographique de Bogdanovich lui permet de puiser dans un vaste vivier d’idées sans jamais crouler sous le poids des références. Assurément un film magnifique !
7 Manille, de Lino Brocka (1975) 8,5/10
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A bien y réfléchir, ce qui me frappe le plus, dans Manille, c’est sa modernité. Le film est à la fois un film social, on y suit le parcours d’un homme qui a quitté son village et doit vivre tant que bien que mal dans une grande ville où le capitalisme sauvage prone l’exploitation de l’homme par l’homme, mais aussi une sorte de film policier, puisque le héros est surtout là à la recherche de sa fiancée, que ses parents ont envoyée en ville gagner de l’argent. Le film n’a rien d’austère, il est poignant, démonstratif mais jamais didactique, on s’attache aux nombreux personnages croisés, et la ville, Manille reste le principal de ces personnages. Fortement recommandé.
8 Adua et ses compagnes, d'Antonio Pietrangeli (1960) 8,5/10
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Il y a toute une série de films qui racontent la fin des maisons closes… De l’Appolonide à La maison des geisha, c’est presque un mini-genre à part entière. Dans le cas présent, c’est surtout l’après qui nous intéresse, Adua et ses compagnes décidant d’ouvrir un restaurant pour faire suite à leur reconversion forcée. Comédie italienne touchante, douce-amère et juste, incarnée par des actrices impeccables, Simone Signoret en tête, Adua et ses compagnes est un très joli film, que l’on garde longtemps avec soi.
9 Nos héros retrouveront-ils leurs amis mystérieusement disparus en Afrique ?, d'Ettore Scola (1968) 8,5/10
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Reflexion sur le grand autre que pouvait incarner l’Afrique à un certain moment de l’histoire de l’occident, sur les rapports de pouvoir, sur la domination économique et culturelle, enfin, réflexion sur le mode de vie occidental et l’exotisme, cette comédie bénéficie d’un casting merveilleux, Bernard Blier y campant un personnage particulièrement mémorable, d’une BO tout à fait réussie, par Armando Trovajoli, et d’un récit ample et ambitieux, qui nous ballade d’aventure en aventure, d’une façon admirable. On va de surprise en surprise, on est sous le charme, on rit, on réfléchit, et on se demande, vraiment, si nos héros retrouveront leurs amis mystérieusement disparus en Afrique…
10 Martha, de Rainer Werner Fassbinder (1974) 8,5/10
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Tourné par Fassbinder pour la television, Martha est un drame intimiste, mais aussi une fable morale sur la condition feminine, dont la pertinence n’est certainement pas démentie par les évènements de ces dernières années… Filmé avec une précision de maître, ce récit impitoyable fait froid dans le dos et se révèle une œuvre majeure du cinéaste et metteur en scène allemand et sans doute le film dans lequel sa dette à l’égard du cinéma Douglas Sirk est le plus visible. Un film très intense et mémorable.
11
Hospital, de Frederick Wiseman (1970) 8,5/10
Puis suivent 32 films notes 8/10 :
12
Hindle Wakes /
Luna-Parc, de Maurice Elvey (1927) 8/10
13
Les poings dans les poches, de Marco Bellochio (1965) 8/10
14
Sherlock Holmes et le Docteur Watson, de Igor Maslennikov (1979) 8/10
15
Sherlock Holmes et le Docteur Watson - La chasse au tigre, de Igor Maslennikov (1980) 8/10
16
Sherlock Holmes et le Docteur Watson - Le chien des Baskerville, de Igor Maslennikov (1980) 8/10
17
Le cri du sorcier, de Jerzy Skolimowski (1978) 8/10
18
Cowboy, de Delmer Daves (1958) 8/10
19
L'étrangleur de Boston, de Richard Fleischer (1968) 8,5/10
20
Mais ne nous délivrez pas du mal, de Joel Seria (1971) 8/10
21
La classe ouvrière va au Paradis, d'Elio Petri (1971) 8/10
22
La femme de feu, d'Andre de Toth (1947) 8/10
23
The Spiral Staircase /
Deux mains, la nuit, de Robert Siodmak (1946) 8/10
24
L'inferno, de Francesco Bertolini (1911) 8/10
25
Le bonheur, d'Alexandre Medvedkine (1935) 8/10
26
Salesman, de Albert Maysles et David Maysles (1969) 8/10
27
Ikarie XB 1, de Jindrich Polák (1963) 8/10
28
Magokoro, de Masaki Kobayashi (1953) 8/10
29
Le dernier face à face, de Sergio Sollima (1967) 8/10
30
The Sea Wolf, de Michael Curtiz (1941) 8/10
31
This Gun for Hire /
Tueur à gages, de Frank Tuttle (1942) 8/10
32
La montagne sacrée, de Alejandro Jodorowsky (1973) 8/10
33
The Mutations, de Jack Cardiff (1974) 8/10
34
Macario, de Roberto Gavaldon (1960) 8/10
35
Le monde perdu, de Harry Hoyt (1925) 8/10
36
The hospital, d'Arthur Hiller (1971) 8/10
37
Kill, la forteresse des samourais, de Kihachi Okamoto (1968) 8/10
38
Lanternes rouges, de Vasilis Georgiadis (1963) 8/10
39
Gens de Dublin, de John Huston (1987) 8/10
40
Coming Home, de Hal Ashby (1978) 8/10
41
Le cri, de Michelangelo Antonioni (1957) 8/10
42
Violence à Jericho, d'Arnold Laven (1967) 8/10
43
La solitude du coureur de fond, de Tony Richardson (1962) 8/10