2015 aura été pour mon parcours cinéphile une année hyperactive, au cours de laquelle j’ai vu plus de films qu’à mon habitude, pourtant déjà fort chargée. Je compte tacher d’équilibrer un peu mieux les choses à l’avenir. En effet, avec 546 films vus sur 11 mois, dont 236 antérieurs à 1990, j’ai déjà dépassé mon bilan usuel sur 12 mois…
Ce détail mis de coté, je dois constater que, du coup, je m’enthousiasme avec plus de modération, n’ayant finalement pas mis de 10 à un film « naphta ». Il n’est pas dit que lors d’une révision, je ne remonte pas ma note, cela dit.
Dans ce contexte, 30 films se révèlent des découvertes formidables à plusieurs titres, des films passionnants, atypiques, riches et uniques, que je recommande fortement. Derrière, je mentionnerai tout de même les 42 autres titres que j’ai noté 8/10, des films également très intéressants et de qualité, mais il faut bien en distinguer quelques-uns.
Au niveau des tendances, quelques découvertes majeures en cinéma muet (3 titres dans mon top 10), et une exploration plus éloignée du hollywood classique (même si je n’y ai pas renoncé)… Cette année m’aura aussi permis de découvrir quelques cinéastes : Mario Bava, Miklos Jancso, Alexei Guerman. J’aurais aussi approché des univers cinématographiques que je compte bien explorer plus avant : Victor Sjostrom, Jean Epstein, Lev Koulechov… Enfin, plusieurs vieux camarades en cinéphilies continuent de me fournir en films fabuleux : Ozu, encore et toujours, John Ford, David Lean, Leo McCarey, William A.Wellman… C’est formidable, la cinéphilie, on n’en finit jamais de découvrir de grands films.
1
Le vent, de Victor Sjostrom (1928) 9,5/10
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Lilian Gish, extraordinaire en pionnière malgré elle, faisant face de son mieux à l'adversité...
Dans ce film qui allie western et drame domestique, le personnage principal du film est un vent. Un vent fou, qui souffle en tempête, isole les pionniers, sépare les ranchs d’abîmes infranchissables, un vent que Sjostrom parvient à filmer de façon dramatique.
Sa gestion de l’espace, de la tension, sont proprement admirables et m’ont fait retenir mon souffle à plusieurs moments.
J’ai pu découvrir le film sur le dvd Bach Film, dont l’image m’a paru correcte et ne m’a aucunement gêné dans ma découverte du film (mais bon, je n’ai pas un projecteur, et je ne suis pas exigeant). Je suis impatient de le revoir sur un grand écran.
2
La baie sanglante, de Mario Bava (1971) 9,5/10
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Dans ce plan emblématique du film, Bava ramène le spectateur à sa place de voyeur, un voyeur qu'il va régaler d'une orgie de sexe et de sang...
Cette année aura été l’occasion pour moi de découvrir Mario Bava. Je n’ignorais pas sa réputation de maître du genre, mais j’ai tout de même été surpris par ce jeu de massacre sanglant qui allie beauté de l’image, cruauté des situations, à absurdité d’une intrigue, dont le rôle ne consiste qu’à permettre la mise en place de nouveaux meurtres ultra-stylisés. Ce film fou, beau, et superbe à la fois m’a offert un grand moment de cinéma surréaliste.
3
Coeur fidèle, de Jean Epstein (1923) 9/10
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Epstein multiplie les idées de mise en scène pour souligner les pensées de ses personnages
Premier film d’Epstein que je découvre. Je m’attendais à un film à la limite de l’expérimental, froid et abstrait, j’ai eu tout le contraire, un film chaleureux, émouvant, où tout concourt à exprimer l’élan amoureux, le trouble des sentiments, la passion des amants. Il y a bien quelques symboles ou images sophistiquées, mais toujours au service d’un récit de toute beauté. Remarquable !
4
La vie passionnée de Vincent van Gogh, de Vincente Minelli (1956) 9/10
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Même la nuit n'empêche pas Vincent van Gogh de rechercher le beau
Chef d’œuvre réputé de Vincente Minelli, ce film aura eu le mérite de m’ouvrir l’univers du peintre, jusque-là hermétique à mes yeux. Un film qui fait d’une œuvre et de la démarche d’un artiste le centre de son sujet, avec ses influences, ses écueils, ses frustrations et ses réussites aussi, tout en parvenant à donner une chair à cet artiste, à le rendre crédible, humain jusque dans ses relations avec son frère. Un film qui, après m’avoir ému, m’a énormément donné à penser.
5
L'amateur, de Krzysztof Kieslowski (1979) 9/10
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Une simple caméra et c'est toute la vie de Filip qui se transforme
Dans un registre bien différent, ce film fait lui aussi réfléchir sur l’art et son rôle. Surtout, il interroge sur la nature de la caméra, de ce qu’elle filme. En nos temps où tout un chacun peut filmer en permanence, l’amateur reste d’une actualité brulante. Kieslowski utilise son expérience de documentariste pour donner corps à ses reflexions, dans un récit qui ne néglige jamais ses personnages pour autant.
6
Oliver Twist, de David Lean (1948) 9/10
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Avec Oliver Twist, c'est la vie des enfants de cette Angleterre industrielle que dénonçait Dickens...
Lean confirme avec ce nouveau chef-d’oeuvre son immense talent pour l’illustration des classiques de la littérature. Plastiquement superbe, cet Oliver Twist parvient à tenir le rythme de son récit et à faire trembler le spectateur. Indéniablement la meilleure adaptation du fameux roman de Dickens, et un film parfaitement maitrisé.
7
Eté précoce, de Yasujiro Ozu (1951) 9/10
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Entre tradition est modernité, les jeunes filles d'Ozu ne prennent plus le thé à l'ancienne, mais dans un salon de thé moderne
La force d’Ozu est que quasiment chacun de ses films que je découvre est une source d’émerveillement (à titre d’exemple, gosses de Tokyo est également dans mon top 20, et c’est un film merveilleux). Dans ce film-ci, une femme (Satsuko Hara, hélas disparue cette année) prend en main son destin, et, si elle accepte de se marier, le fait selon ses termes. Un film léger, d’une discrétion et d’une humanité inouies, qui aborde pourtant des vérités humaines profondes et graves.
Derrière, 23 films notés 8,5/10 sont remarquables en tous points. Entre les incroyables plans longs de Miklos Jancso, l’inoubliable gangster de Bob Hoskins dans
The Long Good Friday ou la marche funêbre qui fournit sa séquence-clé à
Le soleil brille pour tout le monde, ces films sont certains de me rester en tête pour longtemps.
8
La route semée d'étoiles /
Going my my way, de Leo Mc Carey (1944) 8,5/10
9
Selon la loi, de Lev Koulechov (1926) 8,5/10
10
The long Good Friday, de John MacKenzie (1980) 8,5/10
11
Silence et cri, de Miklos Jancso (1968) 8,5/10
12
Le plein de super, d'Alain Cavalier (1976) 8,5/10
13
Gervaise, de René Clément (1956) 8,5/10
14
Le septième compagnon, d'Alexei Guerman (1968) 8,5/10
15
Johnny Belinda, de Jean Negulesco (1948) 8,5/10
16
Les émigrants /
Utvandrarna, de Jan Troell (1971) 8,5/10
17
Gosses de Tokyo, de Yasujiro Ozu (1932) 8,5/10
18
Le soleil brille pour tout le monde, de John Ford (1953) 8,5/10
19
Le point de non-retour, de John Boorman (1967) 8,5/10
20
Miracle sur le 34ème rue, de George Seaton (1947) 8,5/10
21
Night Moves, d'Arthur Penn (1975) 8,5/10
22
Frisco Jenny, de William A.Wellman (1932) 8,5/10
23
Un dimanche à la campagne, de Bertrand Tavernier (1984) 8,5/10
24
L'attaque du train postal, de Roberto Farias (1962) 8,5/10
25
Woman on the run, de Norman Foster (1950) 8,5/10
26
Holubice, de Vlacil Frantisek (1960) 8,5/10
27
La foule, de King Vidor (1928) 8,5/10
28
Where danger lives, de John Farrow (1950) 8,5/10
29
Heroes for sale, de William A. Wellman (1933) 8,5/10
30
If... de Lindsay Anderson (1968) 8,5/10
Et en vrac, pour les complétistes, les 42 autres titres que j’ai grandement apprécié, mais qui ont dû se ranger derrière…
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- Park Row, de Samuel Fuller (1952) 8/10
Desk Set, de Walter Lang (1957) 8/10
Mafioso, d'Alberto Lattuada (1962) 8/10
Le cinquième sceau, de Zoltan Fabri (1976) 8/10
Un flic sur le toit, de Bo Widerberg (1976) 8/10
I fidanzati, d'Ermanno Olmi (1963) 8/10
Les hommes le dimanche, de Curt Siodmak, Robert Siodmak, Edgar G. Ulmer, Fred Zinnemann & Rochus Gliese (1930) 8/10
Le masque du démon, de Mario Bava (1960) 8/10
The Ipcress file, de Sidney J.Furie (1965) 8/10
Et le vent apporta la violence, d'Antonio Margheriti (1970) 8/10
La vérification, d'Alexei Guerman (1971) 8/10
La terre tremble, de Luchino Visconti (1948) 8/10
Mr Klein, de Joseph Losey (1976) 8/10
Keoma, d'Enzo G. Castellari (1976) 8/10
Humanity and Paper Balloons, de Sadao Yamanaka (1937) 8/10
Le figurant, d'Edward Sedgwick (1929) 8/10
Europa 51, du Roberto Rossellini (1952) 8/10
L'amour l'après-midi, d'Eric Rohmer (1972) 8/10
Johnny Eager, de Mervyn Leroy (1941) 8/10
Les joueurs d'échec, de Satyajit Ray (1977) 8/10
Too late for tears / La tigresse, de Byron Haskins (1949) 8/10
Le rite, d'Ingmar Bergman (1969) 8/10
L'aventure du Poseidon, de Ronald Neame (1972) 8/10
L'assassin sans visage, de Richard Fleischer (1949) 8/10
La rue de la mort / Side Street, d'Anthony Mann (1949) 8/10
La main de fer, de Jeong Chang-Hwa (1972) 8/10
Le bras armé de Wang Yu contre la guillotine volante, de Wang Yu (1976) 8/10
Tristana, de Luis Bunuel (1970) 8/10
Le journal d'Anne Frank, de George Stevens (1959) 8/10
La barrière de chair, de Seijun Suzuki (1964) 8/10
Les belles de Saint-Trinian, de Frank Launder (1954) 8/10
The Uninvited, de Lewis Allen (1944) 8/10
Les sans-espoir, de Miklos Jancso (1966) 8/10
Le visage d'un autre, de Hiroshi Teshigahara (1966) 8/10
One hour with you, d'Ernst Lubitsch (1932) 8/10
La divine, de Yonggang Wu (1934) 8/10
L'abominable Dr Phibes, de Robert Fuest (1971) 8/10
My Twentieth Century / Az én XX. századom, de Ildikó Enyedi (1989) 8/10
Les deux orphelines, de D.W.Griffith (1921) 8/10
Les canons de Navarone, de Jack Lee Thompson (1961) 8/10
Voyage dans la préhistoire, de Karel Zeman (1955) 8/10