Voilà donc le film qui installe définitivement Aldrich, comme s'il en était besoin, au sein de mon panthéon personnel. C'est d'une brutalité physique et morale exceptionnelle, interprété magistralement (putain mais quel casting !), filmé avec un talent dingue... Je m'arrête de peur d'user de tous les superlatifs possibles et de sombrer dans le ridicule mais c'est franchement à la hauteur de mon engouement pour ce Hush... Hush, Sweet Charlotte sans arrêt passionnant. Tourné deux ans après Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? du même Aldrich, mais cette fois-ci sans l'amie Joan Crawford (qui déclina, dit-on, légèrement effrayée à l'idée de remettre le couvert avec la grande Bette Davis), le film qui vous happe dès les premiers instants avec ce prologue halluciné et hallucinant, se déroulant 37 ans avant l'intrigue à proprement parler (en 1927 donc). Dans cette introduction vous avez tout le nœud du problème, à savoir l'assassinat (la mise à mort serait un terme plus approprié) d'un certain John Mayhew (jeune Bruce Dern) qui entretenait une liaison avec la jeune Charlotte Hollis tout en étant marié. Déclarée coupable, mais non poursuivie en raison des accointances de son père, Charlotte se mure dans plus de trois décennies d'isolement tutoyant sa propre folie. Toute la puissance d'Aldrich se trouve ici concentrée dans cette œuvre gigantesque traversée de toutes parts par des fulgurances visuelles et scénaristiques (l'assassinat de Mayhew, la scène du bal masqué, la première fois que l'on entend l'air de la chanson titre, le pot de fleur...) et supporté par une bande originale sublime, en parfaite adéquation avec le film (merci Frank De Vol). Certains accuseront peut-être le coup et trouveront au film certaines longueurs, lui reprocheront son hystérie (et en particulier celui Bette Davis et d'Agnes Moorehead, qui tient peut-être là son meilleur rôle au cinéma) et son esthétique excessivement baroque, ou bien encore estimeront qu'Olivia De Havilland ne supporte pas la comparaison avec son illustre partenaire. Pour ma part, j'adore. Sans limite.
Un film grandiose.
Un film grandiose.
J'ai trouvé au contraire ce type de plans en parfaite adéquation avec la mise en scène, et le cinéma d'Aldrich en général. Du cinéma sans concession, à grands renforts d'effets plus ou moins heureux selon les goûts si besoin.
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