Alice Faye (1915-1998)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Music Man
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Alice Faye (1915-1998)

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Après avoir abordé à moult reprises les films de cette délicieuse chanteuse-actrice des années 30-40 , il m'a semblé tout naturel de rendre hommage à Alice Faye (1915-1998), la blonde crooneuse de la FOX, en lui accordant son propre topic pour discuter de ses films musicaux ou non. après tout ne fut elle pas en 1938 et 1939 l'artiste féminine la plus banckable d'Hollywood, années qui sont considérées par beaucoup comme les points culminants de l'âge d'or de la Mecque du cinéma.
Cette vedette chez qui certains journalistes ont trouvé "une fragilité caressante" anonçant déjà Marilyn Monroe demeure une artiste collectionnée aux USA, la favorite des amateurs de films musicaux d'avant guerre. Deux coffrets DVD lui ont été consacrés (le second conscéutif au succès commercial du premier).
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Née dans une famille très pauvre, dans un des quartiers les plus mal famés de New York, elle devient très tôt girl dans des revues, pour subvenir aux besoins de sa famille. En 1931, le chanteur Rudy Vallée, concurrent de Bing Crosby et grand séducteur, craque complètement pour la toute jeune femme et lui suggère de s’essayer à la chanson. Il l’impose dans son émission de radio, alors même que saisie par le trac, elle a raté la finale de la chanson qu’elle a interprétée devant les sponsors de la radio.
En 1934, la FOX propose un rôle à Rudy Vallée dans une version filmée de la revue George White Scandal. Tout naturellement, il s’arrange pour placer Alice dans le numéro d’ouverture « Nasty Man ». Son rôle doit en principe se limiter à ces 3 minutes. Mais quand la vedette du film, la star européenne Lilian Harvey décide d’abandonner le film, Alice qui récupère son rôle ! Un scénario digne de 42 ème rue et de tant d’autres films musicaux ! Mais quand on revoit plus de 70 ans après la fameuse séquence, c'est vrai que la jeune chanteuse, en justaucorps à paillettes a déjà un "je ne sais quoi" qui fait la différence.
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Puis, suite au scandale provoqué par les révélations de l’épouse de Rudy Vallée qui accuse Alice d’être une voleuse de maris, la jeune vedette est reléguée dans des films de série B, où décolorée en blonde platine, elle donne l’image d’une Jean Harlow de seconde zone. Des films de cette période, les amateurs de musical retiendront surtout "George White Scandals of 1935" à cause de l'impayable "unkadola", parodie du "continental" et de la "carioca", où les danseurs finissent par envoyer leurs partenaires féminines dans les airs, puis à sauter par dessus comme si c'était des cordes (en fait, elles sont remplacées par des mannequins) ; c'est hilarant!
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L’arrivée en 1936 de Darryl Zanuck aux commandes de la Fox va tout changer. Peu certain des qualités de comédienne de la chanteuse (il lui refuse plusieurs rôles dramatiques, après bouts d’essais), il lui trouve en revanche un charme certain et un réel charisme (on raconte qu’elle lui rappelait sa maman !). Exit le look Harlow. En deux films, Alice Faye se métamorphose. Son nouveau style beaucoup plus naturel met mieux en valeur sa chaleureuse présence, notamment Tcin tchin (1936) avec la petite Shirley Temple où elle est mignonne à croquer.
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Elle devient rapidement une superstar (et en cette fin des années 30 la vedette féminine la plus rentable des USA) grâce à L’incendie de Chicago, où elle remplace Jean Harlow tragiquement disparue (en DVD zone 2 depuis peu) et la Folle parade, tous deux d’Henri King. L’incendie de Chicago est un film catastrophe dont les effets spéciaux paraissent encore remarquables aujourd’hui, avec une véritable tension dramatique et des acteurs fort bien dirigés (notamment Alice Brady). La folle parade, musical basé sur les airs immortels d’Irving Berlin offre à Alice une de ses meilleures compositions : de la fille vulgaire du début à la femme mure et blessée de la deuxième partie. Elle y chante le fameux « Alexander’s ragtime band », introuvable en 78 T…et pour cause : Darryl Zanuck refusait qu’Alice enregistre des disques pour que les fans retournent voir ses films plusieurs fois pour l’entendre chanter (curieuse politique !)


S’ensuivent plusieurs comédies musicales qui remporteront un succès considérable aux USA et en GB où Alice est particulièrement appréciée (Tin Pan Alley avec Betty Grable, et des comédies exotiques aussi kitsch que divertissantes destinées à distraire le public américain et à soigner les relations avec l’Amérique du Sud : Une nuit à Rio (habile comédie bien troussée),Week End à la Havane, et l’incroyable Banana Split, connu pour ses numéros musicaux baroques sortis de l’imagination délirante de Busby Berkeley). Pour ma part, j'ai un gros faible pour les révoltés du Clermont (little old New York) d'Henry King où elle est impayable en jeune aubergiste un peu sotte amoureuse de l'inventeur du bateau à vapeur. Décidemment Henry King savait parfaitement tirer partie des talents de la comédienne, hélas parfois mis en veilleuse dans des comédies un peu trop conventionnelles où sa chaleur humaine suffit néanmoins à faire la différence.
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Le charme d’Alice repose sur sa voix chantée (une voix de crooneuse, rauque et tendre, qui susurre, l’air enamouré, des ballades romantiques), sa voix parlée, un don certain pour la fantaisie, et un tempérament paisible (certains diront bovin) : c’est la jeune fille idéale, l’adorable voisine attachante que chacun rêve de rencontrer. Pour reprendre les mots d’un critique, elle possède également une sorte de vulnérabilité qu'on retrouvera chez Marilyn Monroe.
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En 1943, Hello Frisco Hello, opérette en costumes en technicolor flamboyant sera un triomphe. Elle y chante You’ll never know, un air sentimental destiné aux épouses esseulées dont le mari est parti à la guerre, qui résonnera dans le cœur de nombreux américains et restera longtemps lié au nom d’Alice (Comme Zanuck refuse qu’elle l’enregistre, ce sera le crooner Dick Haymes qui récoltera les marrons du feu en en vendant un million d’exemplaires). Elle abandonne le cinéma après Crime Passionnel (1945) (où elle est excellente), estimant que le studio a coupé ses meilleures scènes pour privilégier Linda Darnell. Elle ne tient plus à persévérer dans le genre musical et préfère laisser ses rôles à Betty Grable ou June Haver.
Soucieuse de réussir sa vie privée (après l’échec de son mariage avec Tony Martin), elle se consacre à sa famille, ses deux filles, et à la radio aux cotés de son mari le comique Phil Harris, très en vogue dans les années 50.
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Toujours dans l’ombre de son mari (connu pour de mémorables doublages dans des films de Disney, ou des sketches très aimés aux USA), Alice ne renoue qu’occasionnellement avec son public (State Fair en 1962, un remake plutôt décevant de la foire aux illusions et des apparitions TV où elle s’en tire souvent très avantageusement).
Elle garde aux USA et en GB beaucoup de fans, en dépit de son inactivité : les magazines spécialisés dans le cinéma ancien lui consacrent souvent leur une. La télévision américaine rediffuse ses films à la demande des téléspectateurs.
A la fin de sa vie, Alice Faye s’est beaucoup consacrée à la santé des personnes du troisième âge pour lesquels elle a animé moult conférences. Elle a toujours donné une bonne image d'elle -même lors de ses dernières interviews sans doute préparées par son mari qui savait très bien manier l'auto dérision. après le décès de celui-ci, elle n'a plus cherché à lutter contre le cancer dont elle souffrait.
Un site américain, fondé par des fans dévoués, lui est consacré : alicefaye.com
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Re: Alice Faye (1915-1998)

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GEORGE WHITE SCANDALS OF 1935 de George White - FOX
Avec Alice FAYE, James DUNN, Eleanor POWELL, Lyda ROBERTI

George White, le célèbre metteur en scène de revues, en voyage d’agrément en province tombe par hasard sur une troupe d’artistes qui utilise son nom. Dans ce spectacle il découvre une jolie chanteuse blonde très prometteuse.

Producteur de Broadway, George White avait acquis une réputation presque égale à celle de Florenz Ziegfeld pour ses revues et ses girls. On lui confia même la mise en scène de films inspirés de ses spectacles.
L’intrigue est mince, mais les comédiens sont vraiment très sympathiques et drôles . Les numéros musicaux s’enchaînent presque les uns après les autres. Moins originaux que ceux de Berkeley, moins pompeux que ceux des Ziegfeld follies, les tableaux qui composent le film sont toutes empruntes d’humour, ce qui fait très bien passer l’ensemble. Les meilleurs passages sont probablement le numéro de claquette de la prometteuse Eleanor Powell, le joli numéro « I didn’t know you get that way » fort bien chanté et dansé par une jeune Alice Faye, pétrie d’une joviale sensualité et surtout le honka donla, parodie du continental , de la carioca et des autres grands numéros de danse créés pour le cinéma. Les danseurs prennent des postures de plus en plus acrobatiques avec leurs partenaires, en les envoyant littéralement en l’air, avant de s’en servir comme des cordes à sauter (visiblement, elles ont du être remplacées par des mannequins). Le numéro est irrésistible, notamment la prestation comique de Lyda Roberti. Divertissement très agréable.
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Re: Alice Faye (1915-1998)

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SING BABY SING de Sidney LANFIELD -20th C FOX-1936
avec Alice FAYE, Adolphe MENJOU, les RITZ BROTHERS, Patsy KELLY

Afin de lancer la carrière d'une chanteuse de cabaret, un impresario tente de bâtir une idylle publicitaire entre sa protégée et un acteur de théâtre alcoolique.

Petite comédie musiacle de série B, conçue pour lancer le nouveau trio comique des Ritz brothers. En dépit de leur coté délirant, je ne les ai jamais trouvé drôles! que ce soit dans la parodie de dr Jekill ou de Tarzan. Ils gesticulent, hurlent, se donnent du mal mais ça ne focntionne jamais. Pourtant ils dansent vraiment bien et leur première chanson est très bonne (elle fut un succès en France par Ray Ventura : (la musique vient par ici et ressort par là). Le personnage aviné joué avec fantaisie par Adolphe menjou semble s'inspirer de John Barrymore, mais cet argument n'est pas vraiment drôle... seule Patsy Kelly démontre (encore une fois) une vraie capacité de comique.
Les chansons sont jolies notamment une romance à la Crosby chantée par le débutant Tony Martin et les deux airs gazouillés par la charmante Alice Faye. Très dispensable.
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Re: Alice Faye (1915-1998)

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BRELAN D’AS (You can’t have everything) de Norman TAUROG– 1937
Avec Alice FAYE, les RITZ BROTHERS, Don AMECHE, Gypsy Rose LEE, Tony MARTIN

Descendante d’Edgar Poe, une dramaturge sans le sou et sans talent souhaiterait que sa dernière création soit jouée à Broadway. Charmé par sa naïveté et sa persévérance, un producteur l’engage comme comédienne avant d’adapter sa pièce en comédie musicale, ce qui va la rendre furieuse ;

Brelan d’As est une comédie musicale très réussie, tout d’abord en raison de son amusant scénario et des forts sympathiques comédiens qui le mettent en valeur avec charme et naturel.
Plutôt que de grands tableaux musicaux (hormis une superbe prestation des Tip tap toe, agiles danseurs à claquettes black de la trempe des Nicholas brothers), le film mise surtout sur d’excellentes chansons. Notamment, un sautillant please pardon us we’re in love par Alice Faye et Luis Prima, truculent chef d’orchestre connu surtout pour des morceaux aussi populaires que la version rock de just a gigolo, succès méga-connu. Le slow chanté par Don Ameche et Tony Martin « afraid to dream » a connu le succès en France par J Sablon ou J Baker. A noter que le crooner Tony Martin à 100 ans est un des derniers survivants de l’âge d’or d’Hollywood.

Dans son rôle de romancière prétentieuse qui pense avoir écrit la pièce du siècle Alice Faye est non seulement délicieuse comme souvent mais également très bonne comédienne : un vrai régal !
Les premières scènes du film où l’écrivaine affamée et fauchée rêve d’un plat de spaghettis puis fait la femme sandwich dans la rue pour rembourser son repas, font penser à Victor Victoria. De petites touches réalistes et sympas pour un musical anti morosité en pleine crise économique d’après 1929 qui apportent beaucoup de charme à l’ensemble (les paroles de la chanson principale sont à ce titre évocatrices : tu ne peux pas tout avoir, sois satisfait du peu qui t’est donné). Et tant pis, si les Ritz brothers malgré tous leurs efforts ont du mal à m’arracher le moindre sourire : au moins, ils savent danser.
Un excellent divertissement, souvent drôle et entraînant
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Re: Alice Faye (1915-1998)

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ADIEU BROADWAY (tin Pan Alley) de Walter LANG –20th C FOX - 1940
Avec Alice FAYE, Betty GRABLE, John PAYNE, Jack OAKIE et Esther RALSTON

Un éditeur de musique fait fortune en confiant ses chansons à deux ravissantes sœurs. Il tombe amoureux de l’une d’elles, mais
sa maladresse et sa soif de réussite vont rapidement le mener à la rupture. Les sœurs s’enfuient pour Londres …


Le meilleur atout de cette comédie musicale est sans conteste sa riche partition musicale composée de ballades et de ragtimes du début du 20ème siècle ainsi que de jolis numéros créés spécialement par Harry Warren. La façon très rythmée dont ils sont exécutés par des artistes aux styles très différents ( la crooneuse Alice Faye à la belle voix sombrée, une chanteuse à la voix étonnamment aigue, un trio de jeunes filles, etc..) leur donne infiniment du peps et porte tambour battant une histoire assez classique (les scénarii des films d’Alice Faye se ressemblent tous un peu). Comme d’habitude elle confère à son rôle d’amoureuse négligée un peu pleurnicheuse, sa belle chaleur humaine caractéristique (la scène des adieux aux soldats est d’ailleurs particulièrement réussie, à la fois drôle et émouvante). La vivace Betty Grable, à la silhouette impeccable, tire bien son épingle du jeu de même que l’amusant Jack Oakie. La réalisation n’a rien d’exceptionnel, la mise en scène des passages musicaux non plus, mais des artistes aussi brillants que les fantastiques Nicholas Brothers, incroyablement agiles, n’en ont pas besoin. Le numéro « le scheik d’Arabie » figurant des girls en bikini et les deux stars dont la mamelue Alice en robes transparentes fera l’objet de pas mal de coupures pour passer de justesse le cap de la censure (les scènes coupées sont reprises dans un documentaire sorti en DVD sur les musicals Fox). Le contexte du film (situé lors de l’engagement des USA dans la première guerre mondiale), contribuera très certainement à son considérable succès à la veille de Pearl Harbour. Le film est sorti en VHS dans les années 80 (avec scènes coupées en bonus) ; il semble qu’il était prévu de l’intégrer à un volume 2 du coffret Betty Grable mais l’insuccès du premier tome a compromis le projet.
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Re: Alice Faye (1915-1998)

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HELLO FRISCO HELLO –de Bruce Humberstone- US-1943
Avec Alice Faye, John Payne, Jack Oakie

Dans les années 1890, un groupe de saltimbanques monte rapidement les échelons de la gloire, des petits saloons aux salles les plus prestigieuses. Si la jolie Trudy aura même la chance de devenir une star dans un grand show londonien, l’homme qu’elle aime se laisse séduire par une aristocrate intrigante ...

C’est le prototype même du musical « belle époque », un genre qui fera fureur pendant les années 40. Si toutes les très nombreuses chansons de la fin du 19ème siècle que l’on entend ici devaient encore bénéficier d’un écho nostalgique sur les spectateurs anglais et américains en 1943 (qui réservèrent à ce film un accueil triomphal), elles nous paraissent antédiluviennes à présent. Cependant, les costumes sont vraiment superbes (et très bien mis en valeur par le technicolor), et les innombrables numéros plutôt bien exécutés. C’est rutilant, étincelant (l’image de la VHS est superbe), mais vraiment cela manque un peu d’âme. Le film souffre mal la comparaison avec le Chant du Missouri : c’est plutôt un grand show avec de belles reconstitutions de ce que devaient être les spectacles de variété aux USA il y a une bonne centaine d’années et un scénario de la même trempe que la fille parade . On comprend que l'artiste ait fini par se lasser de jouer toujours le même personnage (certes avec toujours autant de coeur et de chaleur).
Comme souvent à la Fox, il s’agit du remake d’un film pas si ancien et dans lequel jouait déjà Alice Faye (le roi du Music Hall-1935). Incroyablement, un nouveau remake sera mis en chantier par la Fox, seulement 2 ans après ( !!) avec Vivian Blaine et George Raft (le Baiser volé -1945). Alice Faye est tristoune, en espérant le retour de l’homme de sa vie, elle interprète « you’ll never know » qui sera un énorme tube qui trouvera un écho tout particulier dans le cœur des femmes et des soldats séparés par la guerre (sorte de pendant du J’attendrai de Rina Ketty). Pour les fans d’Alice Faye, si celle-ci n’a hélas pas la vivacité et l’entrain dont elle fait preuve dans Little Old New York, Week-end à la Havane ou la folle parade, elle n’a en revanche jamais été aussi belle.
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Jeremy Fox
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Re: Alice Faye (1915-1998)

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Ca c'est vraiment sympa 8)

Une actrice et une chanteuse que j'apprécie énormément. Son plus beau rôle selon moi est celui qu'elle tient dans Lilian Russell

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Lillian Russell (1940) de Irving Cummings 20TH CENTURY FOX

La vie de la chanteuse Lillian Russell, fille d'une sufragette qui avait postulée au poste de maire de New York et qui, à l'encontre des voeux de celle-ci, va pousser les portes du Music-Hall et devenir adulée à la fin du 19ème siècle à la fois pour son talent et son immense beauté. Elle aura tous les hommes à ses pieds et son succès ne se démentira jamais.

Au vu du sujet, on aurait pu s'attendre à un biopic flamboyant et mouvementé, dramatiquement fort. Il n'en est rien. Au contraire, c'est un film à l'image de son actrice principale qui trouve certainement ici son plus beau rôle, Alice Faye. A son image, ce qui signifie doux, charmant, discret et un peu en retrait. Elle me fait décidément penser à une autre actrice au jeu un peu semblable, sorte d'ange un peu en dehors de la réalité, rêveuse, la ravissante Gail Russell. Ne pas chercher ici la vérité historique puisque parait-il, Lillian Russell eut une vie tapageuse. Irving Cummings et ses scénaristes utilisent l'ellipse à chaque séquence qui aurait pu être dramatique et nous nous trouvons au final devant un film en demi-teinte, tout à fait charmant et foncièrement attachant pour qui aura accepté de se laisser bercer par ce ton pastel.

On y parle de la place de la femme dans la société avec le couple des parents de Lillian, on y croise une grand-mère donnant un baiser sur la bouche au jeune Henry Fonda en guise de message à sa petite fille (superbe Helen Westley), une mère venant se coucher avec sa fille pour lui avouer sa fierté devant son succès alors qu'elle était au départ réticente à ce qu'elle fasse carrière dans le Music-Hall, deux vieux amis milliardaires amoureux de la même femme sans que ceci n'entame leur belle amitié (géniaux Edward Arnold et Warren William), un époux se 'tuant' à la tache au sens propre pour offrir à sa femme la plus belle des chansons (toujours élégant Don Ameche), un jeune journaliste timide et secrètement amouraché de l'actrice qui suivra ses pas pendant dans des années sans jamais (ou presque) se montrer ni se déclarer (Henry Fonda touchant). Alice Faye domine ce formidable casting : elle n'en fait donc jamais trop que ce soit dans son jeu ou son chant (elle ne pousse jamais sa voix de 'crooner' qui demeure constamment chaude et comme en retrait elle aussi).

Les amateurs de musique risquent d'être un peu déçu car nous n'y trouvons finalement que peu de numéros musicaux (notons quand même la sublime chanson Blue Lovebird qu'a composée Bronislau Kaper et qu'a écrite Gus Kahn), les amateurs de mélos flamboyants aussi puisqu'il n'y a quasiment aucune progression dramatique et une séquence vient un peu gâcher la fête, celle incongrue des vrais comiques Weber & Fields qui arrive de plus vers la fin du film et qui casse ce ton installé par le réalisateur, sorte de sketch pénible et interminable. Une fois ces éléments connus, soit vous vous ennuierez, soit comme moi vous vous laisserez porter par ce très beau portrait féminin et celui des hommes qui gravitent autour d'elle, le tout au milieu de décors et costumes somptueux : Darryl F. Zanuck a mis le paquet pour la reconstitution historique.

Sur le DVD, on nous prévient au début que les copies trouvées étaient très endommagées et qu'il a fallu faire avec. Il est vrai que la bande son est très abîmée (très dommageable pour la voix tout en douceur de la chanteuse) et que l'on trouve pas mal de brulures de cigarettes et de traces d'agrafes sur la pellicule sans que ça ne gêne la vision d'autant plus que la compression, le contraste et la définition du noir et blanc sont parfaites.

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Mais elle est également superbe dans The Great American Broadcast qui fut un de mes films du mois

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The Great American Broadcast (1941) de Archie Mayo 20TH CENTURY FOX

Dans l'excellent Hollywood Cavalcade déjà avec Alice Faye (qui n’était absolument pas une comédie musicale), Irving Cummings narrait avec bonheur les débuts du cinéma muet. Ici, ce sont les prémices du "Wireless" (sans fil) et ainsi les premiers pas de la radio qui sont à l’honneur à travers l’histoire de 4 personnages venus de milieu différents (une chanteuse, un employé des télécom, un millionnaire et un ‘aventurier’) et qui se ‘réunirent’ pour faire naître et se développer ce nouveau média.

Une bien belle réussite que cette comédie musicale (pas non plus noyée sous les numéros et chansons pour ceux qui seraient allergiques au genre) qui se situe dans la lignée de Alexander’ Ragtime Band par le ton employé et l’excellence de son scénario aussi bien niveau développement et intérêt de l’intrigue que richesse des personnages tous autant attachants les uns que les autres malgré des caractères pas forcément faciles de prime abord. Niveau romance, nous assistons d’ailleurs, non pas à un triangle amoureux mais à un ‘rectangle’ puisque pas moins de 3 hommes soupirent après le personnage de la chanteuse interprétée par la délicieuse Alice Faye (et on les comprend). Ces hommes, ce sont Jack Oakie, César Romero et John Payne, un acteur qu’il serait urgent de réévaluer et de ne pas uniquement le compter comme étant le comédien de prédilection d’Allan Dwan pour ses fabuleux westerns. Il se révèle ici parfait dans la peau de cet aventurier bagarreur, égoïste et plaçant sa fierté un peu trop haut au risque de la faire plus compter que ses amours et amitiés. Beaucoup de séquences assez touchantes en découleront et ses relations avec les 3 autres personnages seront tous richement développées. Dommage d’ailleurs que ce beau film ne dépasse pas les 90 minutes ‘réglementaires’ car il y avait matière à le faire durer plus longtemps ; les spectateurs que nous sommes auraient été ravis de continuer à côtoyer un peu plus ce quatuor.

Sobre et honnête mise en scène de Archie Mayo et beau programme musical : outre Alice Faye susurrant quelques très belles mélodies, on y trouve entre autre les étonnants danseurs que sont les Nicholas Brothers, deux numéros musicaux comiques par les Wiere Brothers, la chanson titre par James Newill… Une jolie réussite qui finit d’entériner la très bonne qualité de ce deuxième coffret Alice Faye.


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Ainsi que dans son pendant concernant le cinéma cette fois, le délicieux Hollywood Cavalcade

Pour ceux que ça intéresserait, Hollywood Cavalcade (1939) qui vient de sortir à l'unitaire et dans le coffret Alice Faye / vol.2, n'est aucunement une comédie musicale (malgré la griffe Marquee Musical sur la jaquette) ni une comédie mais un très joli film lointainement adapté de la vie de Mabel Normand et Mack Sennet et dont l'intrigue nous parle de l'industrie du cinéma muet de 1913 à 1927. Superbes recréations de splasticks de l'époque par un un habitué du genre, Malcolm St Clair, le reste étant réalisé par Irving Cummings. Une très belle surprise pour ma part dans laquelle on croise Buster Keaton, Ben Turpin et Chester Conklin dans leurs propres rôles. Le duo Alice Faye / Don Ameche est parfait. Le nombre de chefs-d'oeuvre sortis en 1939 a laissé dans l'ombre certains films qui auraient mérité de ne pas y rester ; c'en est un.

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Beaucoup d'autres films plaisants mais ce sont avant tout ces trois là que je retiendrais en premier mais il y a aussi d'autres très agréables surprises comme

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The Dolly Sisters (1945) de Irving Cummings 20TH CENTURY FOX

Biographie romancée et très conventionnelle de deux soeurs hongroises qui devinrent vite vedettes de Music Hall au début du siècle après qu'Oscar Hammerstein les eut remarquées. Le plus difficile pour elles deux fut de devoir, à plusieurs reprises, faire un choix entre leur duo professionnel et l'amour. Conventionnel certes, sans vraiment forte progression dramatique, mais malgré tout un film musical très agréable et attachant grâce surtout à son charmant (et charmeur) trio de vedettes. John Payne confirme le bien que j'en pensais et il forme ici avec Betty Grable un fort beau couple, parfois assez poignant. Quand à June Haver, si elle s'en tire honnêtement, on regrette néanmoins que ce ne soit pas Alice Faye (comme il était prévu au départ), meilleure actrice, qui ait obtenu le rôle. Le duo Faye-Grable aurait certainement fait des étincelles. Sinon, un véritable hommage à la formidable sensualité des deux 'actrices-chanteuses' et des femmes en général grâce à un travail fabuleux sur les costumes, des décors somptueux, et un Technicolor qui en met plein la vue. D'entrainants numéros , dont l'un, sorte de défilé de mode, oscillant entre grotesque et génie (bref, délicieusement "kitchissime"), d'agréables chansons dont la fameuse "I've Always Chasing Rainbows" que Judy Garland chantait dans Ziegfeld Girls et quelques séquences dramatiques qui font leur effet. Aucun génie mais du bon professionnalisme. Très agréable surprise.


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Parmi ses musicaux exotiques, ma préférence se porte sur Une Nuit à Rio dont je n'avais pas écrit d'avis à l'époque mais d'autres peuvent faire passer un agréable moment tel Down Argentine Way

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Sous le ciel d'Argentine (Down Argentine Way) (1940) de Irving Cummings 20TH CENTURY FOX

Comédie musicale exotique se déroulant en Amérique du Sud et narrant une histoire peu passionnante se déroulant dans les milieux d'éleveurs de chevaux de course avec rivalité entre deux familles pour une broutille ancienne et évidemment la naissance d'une romance entre un membre de chaque famille. Scénario sans aucun intérêt (pas même d'amusants quiproquos), mise en scène plutôt terne, seconds rôles assez pénibles tel J. Carrol Naish... mais des couleurs pétantes, la célèbrissime "Mamãe Eu Quero" chantée par Carmen Miranda, un numéro de danse spectaculaire des inimitables Nicholas Brothers et une très bonne chanson titre revenant à plusieurs reprises tout du long. Mais surtout, un couple charmant formé par un sympathique Don Ameche et surtout la sensuelle Betty Grable dont je comprends maintenant pourquoi elle fut l'égérie des G.I. durant la Seconde Guerre Mondiale, la pin-up N°1. Elle pète la forme, chante merveilleusement bien et est magnifiquement mise en valeur par les costumiers et les maquilleurs de la Fox. Loin d'être inoubliable (car l'intrigue est sans intérêt) mais pas désagréable.

La copie sur le DVD est tout bonnement magnifique.


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Et sinon, il y a aussi le délicieux State Fair de Walter Lang
feb
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Re: Alice Faye (1915-1998)

Message par feb »

Il va falloir renommer ce topic en Alice Faye by Music Man and Jeremy Fox :mrgreen: Merci pour ces critiques de films, encore une actrice à découvrir :wink:
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Re: Alice Faye (1915-1998)

Message par Music Man »

feb a écrit :Il va falloir renommer ce topic en Alice Faye by Music Man and Jeremy Fox :mrgreen: Merci pour ces critiques de films :wink:
et on pourra rajouter bientôt "....and by Feb" : à toi de jouer!
:wink:
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Re: Alice Faye (1915-1998)

Message par Music Man »

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BARRICADE de Gregory RATOFF – 1939
Avec Alice FAYE, Warner BAXTER et Charles WINNINGER

Une chanteuse paumée, accusée de meurtre, se fait passer pour une cotoyenne russe : elle rencontre un journaliste alcoolique lors d’un voyage en train à travers la Mongolie. Réfugiés dans un petit fortin pour échapper aux émeutes, ils sont attaqués par des bandits qui veulent les tuer.

Voilà bien le genre de petit film que j’adore et que je re-visionne avec plaisir tous les 5 ans. Et pourtant vous lirez à droite, à gauche, qu’à l’origine la Fox voulait faire un grand film d’aventures, mais après une grande perte de temps et d’argent, et des difficultés à concevoir un scénario qui tienne la route, le film a finalement été coupé en large partie, on y ajouté des mois plus tard quelques scènes additionnelles pour tenter d’en faire quelque chose de présentable et récupérer un peu d’argent : du coup, il ne reste plus qu’1h05 de projection ! et pourtant ce n’est pas mal du tout : d’abord une sorte de comédie romantique et exotique avec un Warner Baxter , drôle dans son personnage de journaliste alcoolo mais lucide qui aurait très bien eu sa place adsn une screwball comédie face à une Alice Faye amusante en fausse russe.
Le film prend ensuite la tournure d’un drame tendu et palpitant dans ce petit fortin que les vilains bandits chinois tentent d’attaquer par tous les moyens. Jusqu’à la dernière minute, on pense que le américains réfugiés à la cave vont finir brûlés vifs avant le happy end patriotique. Le film parvient à captiver. Et pourtant, ce n’est pas bien crédible, Alice Faye change de coiffure d’une séquence à l’autre (un problème lié aux coupures et scènes retournées après), mais on se régale devant ce spectacle bon enfant qui sait parfaitement divertir.
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Re: Alice Faye (1915-1998)

Message par Jeremy Fox »

Depuis hier (et ma découverte de Footlight Serenade), le nom de Gregory Ratoff commence à sérieusement m'intriguer. Il va falloir que je me penche sur la question d'autant plus suite à ce nouvel avis :wink:
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Cathy
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Re: Alice Faye (1915-1998)

Message par Cathy »

Allez je rapatrie toutes mes critiques sur Alice Faye

Crime passionnel, Fallen Angel (1945)

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Un homme faute d'argent se trouve largué dans une petite ville. Il tombe immédiatement fou amoureux de Stella la barman du pub, mais celle-ci ne veut pas l'épouser s'il n'a pas la possibilité de lui offrir une maison. Il se met donc à courtiser une jeune femme riche qu'il épouse, toutefois Stella est assassinée.

Otto Preminger réalise ici un film noir assez mou, malgré son trio de vedettes formés de Dana Andrews, Linda Darnell en serveuse sulfureuse et Alice Faye loin de ses rôles de comédies musicales où elle excelle pourtant. Dans la première partie, tous les personnages sont présentés de manière plutôt déplaisante, entre l'homme qui ne pense qu'à escroquer et à faire tomber dans ses filets la serveuse, celle-ci qui est une séductrice un peu paumée, et même la troisième jeune femme qui est trop coincée. Puis avec le meurtre de Stella, les personnages vont dévoiler leurs véritables personnalités, et montrer qu'ils sont plus attachants que leur premier abord. On remarquera comme d'habitude cette profondeur de champ même si elle n'apparaît pas aussi exacerbée que dans Man With Golden Arm ou Anatomy of a murder. Et il y aura finalement cette très belle scène entre Dana Andrews et Alice Faye où elle lui raconte l'histoire des "Anges déchus", ces Fallen Angel, c'est là que finalement le héros va montrer son véritable visage beaucoup plus sympathique qu'à prime abord.

Otto Preminger filme donc ce qui apparaît aussi comme une histoire d'amour mais semble aussi dénoncer la violence gratuite d'un policier qui n'hésite pas à frapper un homme pour lui faire avouer ce meurtre. Il ne faut pas oublier Anna Revere qui campe toujours des silhouettes fort intéressantes, c'est l'actrice qu'on remarque systématiquement mais dont on oublie régulièrement le nom.
Un film noir quand même quelque peu décevant !

Par contre la copie du DVD Carlotta est très perfectible, noir et blanc qui change de tonalités sans cesse, passant d'un veritable noir et blanc à un noir et blanc plus bleuté. A noter que c'est suite à ce film qu'Alice Faye a quitté la Fox, vedette du studio, elle s'était sentie mise au second plan au profit de Linda Darnell, ce qui est d'ailleurs assez frappant quand on voit le film.

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Les révoltés du Clermont, Little Old New York (1940)

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Robert Fulton arrive à New York pour construire un bateau à vapeur, il cherche des commanditaires et s'installe chez une jeune aubergiste.

Henry King aime les films historiques, ici il raconte l'histoire de la construction du premier bateau à vapeur destiné à remonter l'Hudson.non sans embuche. Naturellement nous sommes dans une aventure romancée, mais oh combien séduisante. Il y a déjà cette reconstitution magnifique du port de New York à grand renfort de toiles peintes, mais aussi de véritables trois mats et l'ambiance de ce port avec ses marins, ses bars. Il y a aussi cette atmosphère unique à ce genre de films, aventures, histoire, sentiments, le tout mêlé étroitement comme réalité et invention. Il y a les bons et les méchants et Henry King sait admirablement filmer les bagarres. Richard Greene campe un Robert Fulton, l'ingénieur qui créa le premier bateau à vapeur, séduisant ce qu'il faut et assez ressemblant quand on voit les portraits de l'inventeur. Fred MacMurray en Charlie qui dirige le chantier est parfait en marin un peu brute, mais au grand coeur, et puis il y a Alice Faye qui montre qu'elle n'était pas qu'une actrice de comédies musicales, mais une véritable actrice, ici aucune chanson, juste un tout petit refrain dans une taverne qui permet d'entendre sa voix. Elle est pleine de vie, piquante, pétillante, en jeune aubergiste prête à tout pour aider cet ingénieur. Et puis il y a Ward Bond, impeccable en salaud de service sans oublier Andy Devine, savoureux en Commodore onctueux.
Henry King se permet quelques jolis plans, comme celui des quais filmés du haut d'un mat, et nous charme par cette histoire qui bien que réelle, semble plus une aventure créée pour l'écran. Par contre, je me demande bien qui a eu l'idée de donner comme titre français les Révoltés du Clermont, car si Clermont, il y a, de révoltés, je n'en ai point vus !

En tous les cas une jolie découverte due à l'ami Music Man :) !

Copie CIné cinéfil

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Je reposte ici la chronique de Jeremy et mon court avis
Jeremy Fox a écrit :Image Image

Rose of Washington Square (1939) de Gregory Ratoff 20TH CENTURY FOX

L'ascension d'une chanteuse de cabaret qui devient une Ziegfeld Girl et son amour pour un escroc de faible envergure qui n'arrive pas à se dépétrer des dettes qu'il contracte à droite à gauche.

Fortement inspirée de la vie de Fanny Brice et de son amant Nick Arnstein, cette histoire sera reprise à la fin des années 60 par William Wyler dans le film Funny Girl avec Barbra Streisand. Dans cette intrigue, il y avait matière à montée dramatique, émotion et fortes tensions ; malheureusement, le scénario est d'une rare platitude proposant une suite de séquences sans vraiment de liant et la mise en scène de Ratoff se révèle d'une rare indigence. C'est donc l'ennui qui finit par l'emporter, ayant beaucoup de mal à vraiment nous attacher aux personnages. Tyrone Power n'est guère convaincant (on voit qu'il manque une direction d'acteurs, le même comédien ayant été excellent l'année précédente dans Alexander's Ragtime Band d'Henry King déjà aux côtés d'Alice Faye) et les chansons ne sont guères enthousiasmantes. Heureusement, le naufrage n'est pas total grâce à Al Jolson qui, grimé en noir comme dans The Jazz Singer, interprète quelques standards et surtout grâce à la lumineuse, douce et fragile Alice Faye dont le sourire vient illuminer la fadeur ambiante. Son interprétation de My Man n'est pas négligeable et signalons aussi une exhibition de danse acrobatique assez étonnant au cours du numéro The Rose of Washington Square, chanson qu'interprète aussi Alice Faye, ici divinement belle et rayonnante (c'est le numéro au cours duquel elle est vêtue comme sur la jaquette du DVD)
Je viens de visionner également le film et partage à peu près ton point de vue. En plus Tyrone Power est horripilant avec ses chewing gums. Ce qui est étonnant aussi est l'apologie de la cigarette dans le numéro "The rose of Washington Square"
Le numéro de danse acrobatique est assez impressionnant, par contre j'ai été un peu déçue par l'interprétation de "My man". De toute façon, on a l'impression d'une succession de numéros musicaux entrecoupés d'un filet d'intrigue, mais bon le film reste quand même regardable !

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Jeremy Fox a écrit :Image Image

Hello Frisco Hello de Bruce Humberstone (1943) 20TH CENTURY FOX

A la fin du 19ème siècle, à San Francisco, un groupe de saltimbanques monte rapidement les échelons de la gloire grâce à l'ambition de Johnny Cornell, le metteur en scène de l'équipe, des petits saloons de Barbary Coast aux salles plus prestigieuses de Nob Hill. Mais après l'ascension fulgurante, ce sera la décadence pour Johnny par la faute de s'être laissé séduire par une intrigante de la haute société de la ville...

Grandeur et décadence d'une monteur de revues, on l'a déjà vu et revu et c'est ici surtout un prétexte pour nous montrer un maximum de numéros musicaux, plus d'une vingtaine, ce qui représente sur le timing du film une bonne moitié des 98 minutes qu'il dure. Pas de savants mouvements de caméras car les séquences musicales sont la plupart du temps filmées frontalement comme si nous étions les quidams assis dans les salles de spectacle, pas de grande montée dramatique dans l'intrigue très conventionnelle mais de somptueux costumes et décors à foison ainsi qu'un Technicolor qui est un constant ravissement pour les yeux. Bref, ça rutile à l'écran, June Havoc est pétillante et le couple formé par John Payne et Alice Faye me plait toujours autant. Les fans de cette dernière devraient être aux anges puisqu'elle chante pas moins d'une dizaine de chansons de sa voix suave, douce et grave assez particulière et que la costumière l'a particulièrement gâtée. Son retour derrière les caméras après son arrêt de deux ans pour s'occuper de son bébé est particulièrement réussi ; si son rôle n'est pas aussi mémorable que celui qu'elle tenait dans Lilian Russell, les scénaristes lui ont quand même écrit un beau personnage. Sinon, excepté la sublime chanson écrite par Harry Warren et Mack Gordon exprès pour le film, 'you'll never know' (qui obtiendra un Oscar), il faut avouer que toutes les autres d'époques ont du mal à nous satisfaire pleinement aujourd'hui ; certes entraînantes, leurs mélodies a du mal à nous toucher.

Comédie musicale sans génie mais tellement exhubérante dans son flot de couleurs et de chansons qu'elle demeure très agréable d'autant plus que le charmant minois de Miss Faye est toujours aussi cinégénique. A signaler, comme pour le très beau Hollywood Calvalcade contenu dans le même coffret, que la copie est globalement superbe ; en revanche la traduction des sous titres a été faite au mot à mot ce qui donne parfois des résultats très curieux néanmoins compréhensibles.

Entièrement d'accord avec cet avis, c'est évident qu'il faut aimer les morceaux de vaudeville et de cabaret, car franchement, il n'y a quasiment que cela. Je retiendrais surtout le très joli "SIlvery Moon" et effectivement ce technicolor plus qu'éclatant, à ces plumes d'autruche roses, ou cette petite robe à pois verts :) ! Mais effectivement dans tout ce flot musical, pas grand chose de facilement mémorisable, une succession de numéros destinés à évoquer la vie du cabaret au début du XXème siècle. C'est ici tout le contraire de Lillian Russell qui réduit le nombre de numéros au profit de l'intrigue dramatique !

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Jeremy Fox a écrit :Image Image

The Great American Broadcast (1941) de Archie Mayo 20TH CENTURY FOX

Dans l'excellent Hollywood Cavalcade déjà avec Alice Faye (qui n’était absolument pas une comédie musicale), Irving Cummings narrait avec bonheur les débuts du cinéma muet. Ici, ce sont les prémices du "Wireless" (sans fil) et ainsi les premiers pas de la radio qui sont à l’honneur à travers l’histoire de 4 personnages venus de milieu différents (une chanteuse, un employé des télécom, un millionnaire et un ‘aventurier’) et qui se ‘réunirent’ pour faire naître et se développer ce nouveau média.

Une bien belle réussite que cette comédie musicale (pas non plus noyée sous les numéros et chansons pour ceux qui seraient allergiques au genre) qui se situe dans la lignée de Alexander’ Ragtime Band par le ton employé et l’excellence de son scénario aussi bien niveau développement et intérêt de l’intrigue que richesse des personnages tous autant attachants les uns que les autres malgré des caractères pas forcément faciles de prime abord. Niveau romance, nous assistons d’ailleurs, non pas à un triangle amoureux mais à un ‘rectangle’ puisque pas moins de 3 hommes soupirent après le personnage de la chanteuse interprétée par la délicieuse Alice Faye (et on les comprend). Ces hommes, ce sont Jack Oakie, César Romero et John Payne, un acteur qu’il serait urgent de réévaluer et de ne pas uniquement le compter comme étant le comédien de prédilection d’Allan Dwan pour ses fabuleux westerns. Il se révèle ici parfait dans la peau de cet aventurier bagarreur, égoïste et plaçant sa fierté un peu trop haut au risque de la faire plus compter que ses amours et amitiés. Beaucoup de séquences assez touchantes en découleront et ses relations avec les 3 autres personnages seront tous richement développées. Dommage d’ailleurs que ce beau film ne dépasse pas les 90 minutes ‘réglementaires’ car il y avait matière à le faire durer plus longtemps ; les spectateurs que nous sommes auraient été ravis de continuer à côtoyer un peu plus ce quatuor.

Sobre et honnête mise en scène de Archie Mayo et beau programme musical : outre Alice Faye susurrant quelques très belles mélodies, on y trouve entre autre les étonnants danseurs que sont les Nicholas Brothers, deux numéros musicaux comiques par les Wiere Brothers, la chanson titre par James Newill… Une jolie réussite qui finit d’entériner la très bonne qualité de ce deuxième coffret Alice Faye.
A peu près d'accord avec ton avis et j'aurais aussi apprécié que le film dure plus longtemps. Les numéros musicaux trop nombreux dans "Hello Frisco Hello" manquent un peu ici. Quelle paire de danseurs extraordinaires sont les Nicholas Brothers, on aurait aimé un morceau un peu plus long ou un autre numéro. Sans doute aurait-on pu développer l'engouement de la radio chez le public, car cela manque quand même un peu, et on se cantonne un peu trop à l'histoire des quatre personnages principaux.

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Lillian Russell (1940) - Irvin Cummings

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La vie romancée de Lillian Russell, vedette de l'Opérette à New York et en Europe à la fin du XIXè et début du XXème siècle.

Avis mitigé sur ce biopic. D'habitude, les biopics servent à montrer tous les numéros les plus extravagants de la carrière d'un artiste qu'il soit chanteur, compositeur, etc. Ici pas du tout, naturellement, il y a quelques numéros montrés, une évocation du vaudeville, mais finalement très peu au final, si ce n'est le numéro qui révèle la jeune Lillian Russell ou le numéro final et rien de bien mémorisable, hormis le fameux "After the ball" (que Kathryn Grayson chante également dans Show Boat) ou le "Bamboo Tree" (repris dans Meet me in Saint Louis par Margaret O Brien et Judy Garland).
La vie de l'artiste est considérablement édulcorée, on avance le "After the ball" chanté au Président des USA via téléphone, on supprime la bigamie de son mari (Don Ameche) qui meurt d'une crise cardiaque, on occulte ses maris. La relation amoureuse entre Lillian et Alex Moore est étendue durant tout le film. Bref comme d'habitude, c'est un peu du n'importe quoi au niveau de la réelle vie. On conserve par contre l'excentrique milliardaire interprété avec verve par Edward Arnold.
Le film accentue donc le côté dramatique de la vie de la chanteuse et non sa carrière. Il en demeure à ce moment-là un film agréable mais pas vraiment une comédie musicale. Alice Faye campe une charmante Lillian Russell avec une voix envoutante qui évoque par instant celle de Marlene Dietrich, Henry Fonda est dans son registre d'amoureux transi, quant à Don Ameche, il n'apparaît que brièvement dans le film. Les seconds rôles sont excellents comme Uma O Connor en servante, Warren William ou encore Helen Westley délicieuse grand-mère.
Si on attend un biopic traditionnel avec de nombreux numéros musicaux, on sort forcément déçu de la vision de ce film. Si on souhaite voir une vie romancée, le film est fort agréable.
A noter que contrairement aux autres Marquees musicals, la copie n'est pas excempte Une nuit à Rio - That night in Rio (1941) - Irving Cummings

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Première version musicale de "On the Riviera", et sacrément meilleure que ce dernier, le casting tient quand même mieux la route, Irving Cummings arrive à garder le rythme de la comédie et la musique ne traine pas en longueur même si la seconde chanson interprétée par Carmen Miranda, lors de la soirée est un peu superflue. On pourra reprocher à Alice Faye une vulgarité certaine en Baronne alors que Gene Tierney est quand même plus le personnage, par contre il est évident que la première est plus à l'aise dans le côté comédie et peut également pousser de manière très agréable la chansonnette ! Don Ameche comme d'habitude en fait un peu des kilos, mais est totalement crédible en Baron Duarte/Larry Martin et Carme Miranda attire la sympathie malgré elle aussi ses grimaces et ses roulements d'yeux habituels. Bref malgré toutes ces réserves, That Night in Rio n'en demeure pas moins une très agréable comédie musicale avec également la participation de S Z Sakall, spécialiste de ce style de second rôle auquel il prête sa silhouette si particulière.de défauts, avec de nombreux scratchs et défauts de pellicules.

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Re: Alice Faye (1915-1998)

Message par Music Man »

Feb, tu pourras dire by Jeremy, Music Man and by Cathy!
en quelques minutes, on a retracé à nous 3 les films marquants de sa carrière! :wink:
Jeremy Fox a écrit :Depuis hier (et ma découverte de Footlight Serenade), le nom de Gregory Ratoff commence à sérieusement m'intriguer. Il va falloir que je me penche sur la question d'autant plus suite à ce nouvel avis :wink:
Je me souviens que sur Ciné Classic d'autrefois, JJ Bernard avait présenté ce cinéaste comme un copain de Zanuck, une sorte d'homme à tout faire, de bouche trous. Comme toi, je lui trouve un talent certain derrière la caméra (il a été acteur dans pas mal de films aussi) : je te conseille notamment Drôle d'histoire (1945) avec Fred Macmurray et June Haver, un musical déjanté avec des allers-retours entre plusieurs siècles et un humour loufoque des plus réjouissants.
Dernière modification par Music Man le 20 févr. 12, 08:31, modifié 1 fois.
feb
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Re: Alice Faye (1915-1998)

Message par feb »

Absolument, merci à vous 3 pour tous ces avis, c'est un résumé idéal pour découvrir les films de l'actrice. Je vais sans doute commencer par The Great American Broadcast, Lillian Russell et Hollywood Cavalcade...est-ce que l'un d'entre vous a un avis sur On the avenue ? :wink:
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Re: Alice Faye (1915-1998)

Message par Music Man »

On the avenue? j'en pense le plus grand bien. Le film a inspiré le Milliardaire de Cukor (1960) avec Yves Montand et Marilyn Monroe.
C'est une comédie fort drôle qui doit beaucoup à la prestation d'Alice Faye, très amusante quand elle parodie la femme du monde dont elle est jalouse. Elle défend aussi fort bien quelques excellentes chansons d'Irving Berlin, comme le bluesy "this year's kisses".
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Je te poste néanmoins des avis contrastés des forumeurs sur ce film de Roy Del Ruth :

Avis de Joe-Ernst

Sur une intrigue assez simple (un comédien de Broadway se met à dos une richissime famille pour l'avoir caricaturée dans un sketch), Del Ruth parvient à nous donner un bijou de film au timing impeccable et aux scènes hilarantes. Les chansons d'Irving Berlin sont magnifiques et on se prend à les fredonner avec les comédiens. Ceux-ci sont vraiment bons, de Dick Powell à Alice Faye en passant par Cora Witherspoon et Madeleine Carroll, que j'ai eu la surprise de découvrir dans un rôle différent de ceux de belles héroïnes un peu froides. Une belle découverte.

Avis de Sybille
"On the avenue" est une comédie musicale qui aurait pu être largement sympathique, mais qui s'avère au contraire extrêmement irritante. La faute à une histoire qui, pour dire les choses directement, se révèle complètement nulle et d'une bêtise difficilement supportable. Le personnage de fille riche et hautaine joué par Madeleine Carroll garde injustement la vedette (et par là-même l'acteur principal, Dick Powell), au détriment de celui d'Alice Faye, pourtant beaucoup plus sympathique. Heureusement qu'une poignée de bons numéros aident à mieux faire passer la pilule, en particulier le "Slumming on Park Avenue", emmené avec énergie par une Alice Faye pleine de charme. 4/10
Dernière modification par Music Man le 20 févr. 12, 08:30, modifié 1 fois.
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