Profitons-en pour poser quelques statistiques... Depuis le 1er janvier, j'ai vu 182 films antérieurs à 1980... Dont 64 sont notés au dessus de 8 (bon, je reconnais que je suis bon public, mais il faut dire aussi que ce sont plutôt les films réputés qui sont les plus disponibles en dvd, les films quelconques ayant tendance à être oubliés).
Mais... Passons aux choses sérieuses :
Hors-Compétition :
The Movie Orgy, de Joe Dante (1968)
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- Hors-compétition, parce que ce film de collage inclassable acolle plusieurs films dont on suit le déroulement, poncté de diverses publicités, séquences de feuilleton, ou de séquences d'autres films encore. A la fois illustrant le génie de Joe Dante pour trouver la juste citation, pour établir des correspondances entre les images directes (plans de réactions ou de fuites de plusieurs films pour renforcer les effets) ou indirectes (un documentaire sur le dressage des chiens est suivi d'une pub pour l'armée), mais aussi discours sur une époque révolue, The movie Orgy parvient à reprendre un discours, une idéologie visible dans ses extrêmes (notamment une publicité d'un télé-évangéliste du sud proprement incroyable, qui vend une photo "avec un ami noir" pour montrer son ouverture d'esprit sans avoir à en fréquenter un pour de vrai, au risque qu'il "tente de violer ta soeur" ou de "te taper du fric"), tout en la dénonçant par la distanciation que son montage parvient à établir. On comprend le succès que ce film a pu connaître sur les campus, et on sort de ces 4 heures 30 de film à la fois lessivé, hilare, et heureux...
1 L'heure suprême, de Frank Borzage (1927) 10/10
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- Mon film préféré de l’année, un chef-d’oeuvre de douceur, de poésie et de foi dans le caractère sacré de l’amour. Certes, on peut lui reprocher quelques références chrétiennes, mais ce serait fermer les yeux sur un appel à une spiritualité, quelle que soit sa nature, dans laquelle l’amour se révèle (le Septième ciel, précisément). A mon sens un des meilleurs films de Frank Borzage, qui trouve ici en Janet Gaynor l’incarnation idéal de la femme aimante.
2 The ox-bow incident, de William A. Wellman (1942) 10/10
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- Une foule en colère, qui hurle du “plus jamais ça !”, qui hurle face à la lenteur judiciaire et décide de prendre les choses en main. Evidemment, The ox-bow incident ne manque pas d’actualité, et démontre avec brio l’indéniable nécessité du recul dans l’exercice de la justice. Sec, efficace, carré, le découpage du film laisse chacun s’exprimer, et le déroulement du récit, implacable et pourtant ô combien prévisible, prend des allures de tragédie, quand bien même « chacun a ses raisons ».
3 Contes cruels du Bushido, de Tadashi Imai (1963) 9,5/10
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- J’ignorais tout de Tadashi Imai, et j’avoue que cette autocritique du systême japonais est d’une force redoutable. On observe avec distance, puis l’on s’émeut des excès de la fidélité au seigneur, pour finir sur un constat redoutable, mais d’une certaine pertinence. La mise en scène est constamment inventive, son économie sachant préserver les moments intenses tout en maintenant l’intérêt pour un fil directeur pourtant ténu. A voir absolument !
4 Vincent, François, Paul, et les autres, de Claude Sautet (1974) 9,5/10
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- Portrait d’un homme, d’un groupe de copains, d’une époque et d’une mentalité, ce beau film raconte surtout la fragilité d’un homme qui ne peut, ou ne sait pas, s’appuyer sur les autres, coincé qu’il est par son image d’homme fort, de leader brillant, toujours malin et débrouillard.
5 Portrait of Jennie, de William Dieterle (1948) 9/10
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- Film romantique en diable, qui nous parle d’un amour impossible, à travers l’espace et le temps, mais aussi de la quête d’un artiste, de son cheminement pour aboutir à un chef d’œuvre. A la fois brillant sur le plan formel et poignant, ce film me confirme que Dieterle reste un de mes cinéastes préférés, et l’une de mes découvertes majeures de ces dernières années. Ca tombe bien, il me reste encore beaucoup de ses films à voir…
6 Goyokin, de Hideo Gosha (1969) 9/10
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- Film sombre, violent, mortifère, récit d’un samouraï mort-vivant, hanté par un crime passé, et qui trouve l’occasion d’effacer ce dernier, dans un cadre où la neige vient symboliser cette aspiration à une nouvelle pureté. Cadré avec une remarquable précision, dans une image toujours composée à l’extrême, Goyokin est aussi l’occasion pour moi de m’émerveiller une nouvelle fois du talent de l’incroyable Tatsuya Nakadai.
7 Panique, de Julien Duvivier (1947) 9/10
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- Excellente adaptation de Simenon, Panique est l’occasion pour Julien Duvivier de laisser libre cours à son pessimisme. Le film est d’une dureté qui surprend, remarquablement bien joué, et offre, en écho à the ox-bow incident le lamentable spectacle de la justice populaire. Peut-être aussi, d’une certaine façon, un règlement de compte de Duvivier avec la France d’après l’occupation…
8 Kanal, d'Andrzej Wajda (1957) 9/10
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- C’est la guerre… Un groupuscule de résistants, encerclé par l’ennemi, se sait condamné. Seule issue, un passage par les égouts qui pourrait les mener à bon port. Entre film fantastique, film de guerre, drame psychologique et huis clos, le Kanal de Wajda est avant tout un cauchemar, celui d’une guerre à laquelle on n’échappe pas…
9 Bunny Lake is missing, d'Otto Preminger (1965) 9/10
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- Autre film à la limite du fantastique, filmé par une camera balladeuse aux amples mouvements flottants, Bunny Lake is missing retrace le terrifiant parcours d’une mère, à l’équilibre fragile, à la recherche de son enfant disparu, dans un pays dont elle ignore tout.
10 The Lineup, de Don Siegel (1958) 9/10
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- Un film noir implacable, un duo loufoque de tueurs, l’un psychopathe, l’autre qui joue les coaches et fait collection de dernière paroles, une police qui suit les cadavres, un final spectaculaire et tout plein de seconds rôles typés et fabuleux. The Lineup est une petite merveille de film de gangster, noir et ludique…
11 Association criminelle, de Joseph H. Lewis (1955) 9/10
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- Tout aussi noir, mais en plus réaliste, Association criminelle est un classique du film noir. La police doit ruser pour coincer un caïd, et ce dernier, lorsqu’il est acculé, se révèle encore plus dangereux qu’auparavant. Richard Conte est un des grands acteurs du noir, que je découvre enfin à sa juste valeur cette année (j’ai également vu et apprécié The Rico brothers, et la proie, dans lesquels Conte s’illustre avec brio).
12 Underworld, de Joseph von Sternberg (1927) 9/10
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- Ayant toujours apprécié l’image toujours léchée des films de Joseph von Sternberg, je découvre dans ses films muets un sens de la mise en scène et de la caractérisation particulièrement marquée. Underworld, à la fois histoire d’amour et film policier, est aussi poignant que spectaculaire, notamment dans son flamboyant final.
13 Murder by contract, d'Irving Lerner (1958) 9/10
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- A la fois épuré et ludique, Murder by contract tire parti de la faiblesse de ses moyens pour batir un dispositif bien huilé, et livre un récit aussi prenant qu’ironique, la nonchalance du tueut contrastant avec la fébrilité de ses complices, puis son savoir-faire se heurtant à une malchance aussi troublante que propre à entretenir la tension du film. Une petite perle du noir.
14 Elle, de Blake Edwards (1979) 9/10
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- Avec ce film phare de la « midlife crisis », Blake Edwards n’est pas tendre avec son sexe. Pris par son envie d’ailleurs, le héros poursuit de ses ardeurs la très très belle Bo Derek, pour finir par constater que c’est moins elle qui l’attire que sa jeunesse, son appartenance à un état qui n’est plus le sien. Triste constat dans un film plus souvent grinçant et amer que réellement drôle, mais d’une pertinence remarquable.
15 Yoyo, de Pierre Etaix (1965) 9/10
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- Avec cette fable, Pierre Etaix livre un bel hommage au burlesque muet, à Fellini, et au comique en général, tout en ménageant une reflexion sur le comédien à l’ère des média. Actuel, nostalgique, beau, drôle, Yoyo est un film aussi atypique qu’émouvant, une vraie grande réussite qui consacre Pierre Etaix parmi les grands réalisateurs comiques de la période.
16 Capitaines courageux, de Victor Fleming (1937) 9/10
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- Capitaine courageux est avant tout un film d’aventures maritimes, qui décrit un mode de vie, celui des pêcheurs. Mais il s’agit aussi d’un récit initiatique, dans lequel un jeune garçon à la vie facile doit réévaluer ses priorités, et devient un homme par la découverte d’autrui. Un très beau rôle pour Spencer Tracy, des images en extérieur souvent saisissantes, et un film auquel on songe longtemps après l’avoir vu.
17 The unknown, de Tod Browing (1927) 9/10
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- L’association Tod Browning – Lon Chaney trouve ici un de ses sommets, dans ce film morbide et cruel, qui donne à l’homme aux mille visages l’occasion de jouer avec ses pieds. Dans sa vertigineuse descente dans le crime et l’infâmie, le personnage de Chaney parvient malgré tout à émouvoir, et reste tragique quand bien même ses crimes ont pu horrifier le spectateur (Pour tout dire, on est encore plus horrifié par l’imagination du réalisateur et de ses scénaristes)
18 Les perles de la couronne, de Sacha Guitry (1937) 9/10
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- Quand Guitry joue à Tintin, et son secret de la Licorne devient celui des perles d’une couronne royale, dont les pièces se sont disséminées au fil de l’histoire. Mais cette histoire est comme toujours plaisamment explorée par la verve d’un grand écrivain, qui révèle en outre ici de grands talents de metteur en scène.
19 The last command, de Joseph von Sternberg (1928) 9/10
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- Deuxième film de Sternberg dans mon top 25; The last command m’a ému de bout en bout, par son rythme, la force de son allégorie, l’efficacité de sa description de la Russie des tsars comme du Hollywood des années 20. Sternberg, dans sa période muette, restera une de mes très grandes découvertes de l’année.
20 La complainte du sentier, de Satyajit Ray (1955) 9/10
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- Nouvelle prise de contact pour moi avec Satyajit Ray, la complainte du sentier frappe par son réalisme tout autant que par son lyrisme. Ray parvient à construire pour nous un monde compréhensible, dans son apreté comme dans sa beauté, en nous faisant découvrir ce monde par les yeux d’un enfant. J’avoue avoir été moins convaincu par le film suivant, où l’on sent que Ray, doté de moyens, cherche la belle image de façon parfois trop appuyée.
21 Echec à Borgia, de Henry King (1949) 8,5/10
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- King, avec Dieterle, reste un des cineastes dont la découverte récente n’en finit pas de me combler. Film d’aventure dans l’Italie de la renaissance, Echec à Borgia donne à Orson Welles un de ces personnages machiavéliques que l’on n’oublie pas. Mais le film frappe avant tout par la beauté de ses images, un trait récurrent dans le cinéma de Henry King.
22 El, de Luis Bunuel (1953) 8,5/10
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- Récit d’une jalousie particulière, ce film de Bunuel ne saurait se limiter à un portrait psychologique. De fait, c’est tout le contraire. Un récit à la fois cruel et ironique, drole et amer, qui passionne de bout en bout, avec, Bunuel oblige, quelques pieds et quelques insectes…
23 Sanjuro, d'Akira Kurosawa (1962) 8,5/10
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- Bien que grand amateur de Kurosawa, je vois les derniers titres de sa filmo qui me manquent au compte-goutte, histoire de retarder le jour où “j’aurais tout vu de lui”. Il n’empèche qu’à chaque fois, le cinéaste parvient à m’épater. Chambarra et film d’aventure à la fois, drole et tendu, Sanjuro est un film fort distrayant, mais dont la poésie discrète reste longtemps en tête après le visionnage. Peut-être un bon film pour commencer avec Kurosawa.
24 City Girl, de F.W.Murnau (1930) 8,5/10
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- Encore un film muet à mon palmarès. Décidément, l’édition dvd 2011 m’aura surtout permis de convoquer chez moi des films difficiles à découvrir autrement. City Girl, c’est la force des Moissons du Ciel, la pesante voix off en moins. Sans oublier quelques très jolies séquences urbaines, et une interprétation très réussie…
25 Pépé le Moko, de Julien Duvivier (1937) 8,5/10
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- Julien Duvivier une seconde fois dans mon top, c’est la suite de la découverte d’une filmographie bourrée de pépites. Ici, on découvre une Alger interlope, où les malfrats sont inexpugnables, où se cotoient toutes sortes de gens, et Gabin, dans ce cloaque, souffre du mal du pays. Un film policier aux dialogues succulents, joué remarquablement et qui campe un décor marquant (a rebrousse-temps, j’ai pensé à Mos Eisley)
Sinon, en vrac, puisque Jack nous autorise à dépasser les 25

...
26
Lazybones, de Frank Borzage (1925) 8,5/10
27
La fille à la valise, de Valerio Zurlini (1961) 8,5/10
28
Les 3 samourais hors-la-loi, de Hideo Gosha (1964) 8,5/10
29
Dernier amour, de Dino Risi (1982) 8,5/10
30
Les sentiers de la gloire, de Sidney Kubrick (1957) 8,5/10
31
The Razor's Edge, d'Edmung Goulding (1946) 8,5/10
32
Le soupirant, de Pierre Etaix (1963) 8,5/10
33
Destry rides again, de George Marshall (1939) 8,5/10
34
Catch 22, de Mike Nichols (1970) 8,5/10
35
The Rico brothers, de Phil Karlson (1957) 8,5/10
36
La vérité sur Bébé Donge, de Henri Decoin (1952) 8/10
37
Le locataire, de Roman Polanski (1976) 8/10
38
Pigs and Battleships, de Shohei Imamura (1961) 8/10
39
Jezebel, de William Wyler (1938) 8/10
40
Désir profond des dieux, de Shohei Imamura (1968) 8/10
41
Smith le taciturne, de Leslie Fenton (1948) 8/10
42
Foolish wives, d'Erich von Stroheim (1922) 8/10
43
Speedy, de Ted Wilde (1928) 8/10
44
Jeux interdits, de René Clément (1952) 8/10
45
La femme aux maléfices, de Nicholas Ray (1950) 8/10
46
La lance brisée, d'Edward Dmytryk (1954) 8/10
47
Le criminel, d'Orson Welles (1946) 8/10
48
La charge de la brigade légère, de Michael Curtiz (1936) 8/10
49
L'engrenage fatal (Railroaded) d'Anthony Mann (1947) 8/10
50
Peur sur la ville, de Henri Verneuil (1975) 8/10
51
Police python 357, d'Alain Corneau (1976) 8/10
52
Le barbare et la geisha, de John Huston (1958) 8/10
53
Thirty day Princess, de Marion Gering (1934) 8/10
54
Marked Woman, de Lloyd Bacon (1937) 8/10
55
Les belles de nuit, de René Clair (1952) 8/10
56
Pushover, de Richard Quine (1954) 8/10
57
Black Christmas, de Bob Clark (1974) 8/10