Victor Fleming (1889-1949)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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feb
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Victor Fleming (1889-1949)

Message par feb »

Je n'ai pas trouvé de topic dédié à ce réalisateur qui a appris le métier aux cotés de Allan Dwan et D.W. Griffith et dont le début de carrière date de 1919 (When the Clouds Roll by avec Douglas Fairbanks). On lui doit 2 des plus grands classiques de la MGM à savoir Le magicien d'Oz et Autant en emporte le vent sur lequel il a remplacé les 2 réalisateurs George Cukor et Sam Wood. Il décèdera peu de temps après la fin du tournage de Joan of Arc (avec Ingrid Bergman dans le rôle titre) en janvier 1949.
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Judy Garland entourée de Mervyn LeRoy (à gauche, producteur du film) et de Victor Fleming (à droite avec Toto dans les bras)

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Topics de ses films sur le forum :
L'ile au trésor (1934)
Autant en emporte le vent (1939)
Le Magicien d'Oz (1939)
Dr Jekyll and Mr Hyde (1941) :arrow: topic dédié à la version de Mamoulian (1931) mais où on peut retrouver quelques avis sur la version réalisée par Fleming en 1941
Dernière modification par feb le 14 juil. 11, 15:57, modifié 2 fois.
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feb
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Re: Victor Fleming (1889-1949)

Message par feb »

Red dust (La belle de Saïgon) - Victor Fleming (1932)
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Le propriétaire d'une plantation d'hévéa, Dennis Carson (Clark Gable), se retrouve coincé entre Vantine (Jean Harlow), une prostituée obligée de débarquer dans ce lieu après la panne du bateau sur lequel elle se trouvait, et Barbara (Mary Astor), femme élégante qui accompagne son mari (Gene Raymond) ingénieur embauché par Dennis. Très rapidement, Vantine se montre très proche de Carson avec lequel une relation amicale et amoureuse va se créer jusqu'à ce que Barbara débarque. A partir de ce moment, les choses vont changer : Carson va délaisser Vantine, qui quitte la plantation, pour tenter de séduire cette femme élégante en faisant en sorte d'éloigner le mari vers d'autres terrains à exploiter.

Red Dust c'est un peu Sérénade à trois en Cochinchine :mrgreen: Film pré-code de 1932, Red Dust est surtout connu pour la scène de bain de Jean Harlow dont la rumeur veut qu'elle soit entièrement nue dans le baril et aussi comme étant le film le plus pré-code du couple Gable/Harlow. Si le film est loin d'être un film parfait - quelques petites longueurs dans le déroulement de l'histoire, Gene Raymond toujours aussi fade (c'était déjà le cas face à Joan Crawford dans Sadie McKee - l'ensemble se laisse voir avec beaucoup de plaisir.
Clark Gable dans le rôle de l'homme qui ne sait pas vers quelle femme se tourner - Vantine, femme de petite vertue qui fait preuve de beaucoup de gentillesse pour lui ou Barbara, femme de la ville élégante mais inaccessible - est une fois encore parfait et confirme une fois de plus qu'il est fait pour ce type de rôle.
Jean Harlow, qui ne fait pourtant pas partie de mes actrices naphtas favorites est ici très naturelle, très agréable à voir jouer et semble la partenaire idéale de Clark Gable (un peu comme Joan Crawford). Je découvre un peu plus cette actrice que j'avais appréciée dans Dinner at eight, Platinum blonde et Libeled Lady et qui fait preuve ici de beaucoup de charme et d'aisance dans le jeu.
Mary Astor campe avec beaucoup de classe la femme de l'ingénieur recruté par Carson, le jeu et la voix de l'actrice collant assez bien avec ce personnage de femme de la ville habituée à son confort et à sa vie New-Yorkaise mais qui succombe au charme de Carson, beau-parleur, à la virilité exacerbée par rapport à son mari.
Mis à part le rôle du cuisinier/homme à tout faire qui est une caricature assez pitoyable de l'habitant local :roll: , Red Dust est un film pré-code agréable à suivre, la mise en scène de Fleming est tout à fait classique et ne prete à aucune critique tout comme les 3 acteurs principaux (je ne compte pas Gene Raymond :mrgreen: ). 7,5/10
Dernière modification par feb le 2 juin 13, 19:18, modifié 1 fois.
Julien Léonard
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Re: Victor Fleming (1889-1949)

Message par Julien Léonard »

Un grand réalisateur de la MGM, à qui je dois quelques vrais plaisirs de visionnage : L'île au trésor, Capitaines courageux et Dr. Jekyll et Mr Hyde (même si je lui préfère la version de Mamoulian). J'aimerais beaucoup voir son Jeanne d'Arc !

Très bonne idée de topic en tout cas ! :wink:
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Cathy
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Re: Victor Fleming (1889-1949)

Message par Cathy »

Bonne idée, je voulais l'ouvrir le mois dernier pour parler de l'Aventure et de Pilote d'essai, et j'ai eu la flemme de le faire, merci donc feb :) !
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Re: Victor Fleming (1889-1949)

Message par bruce randylan »

Cathy a écrit : Pilote d'essai
Un de mes grands plaisirs cinématographiques et cinéphiliques découvert ses derniers mois (apparemment Hawks aimait tellement qu'il faisait croire qu'il avait écrit le scénario) :D
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Re: Victor Fleming (1889-1949)

Message par Lionel »

feb a écrit :On lui doit 2 des plus grands classiques de la MGM à savoir Le magicien d'Oz et Autant en emporte le vent sur lequel il a remplacé les 2 réalisateurs George Cukor et Sam Wood.
Autant en Emporte le Vent n'est pas un classique de la MGM. Si Clark Gable est bien loué par MGM (qui distribue le film), c'est, dans ses moindres détails, une production Selznick International.

Le film est devenu la propriété de MGM une dizaine d'années plus tard, et toutes les reprises, jusqu'au rachat par Turner Entertainment, sont le fait de cette compagnie. D'où l'erreur souvent faite, recherchée d'ailleurs par MGM.

Mais le film est historiquement un film indépendant, un film Selznick, et c'est là une partie de son intérêt.
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Jeremy Fox
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Re: Victor Fleming (1889-1949)

Message par Jeremy Fox »

Mon rapide avis sur Autant en emporte le vent

Est-il encore besoin aujourd’hui de présenter ce monument du 7ème art, ce succès légendaire dont les qualités cinématographiques sont au moins aussi nombreuses que les cartouches d’encre qu’il a fait couler depuis sa sortie. Effectivement, on ne compte plus les lignes d’écriture que cette fastueuse adaptation du pavé de Margaret Mitchell a engendrée. On a longuement évoqué la pré-production, l’opération publicitaire organisée par Selznick pour trouver sa Scarlett, le casting des autres personnages, la succession des réalisateurs, les conditions de tournage, etc. On aurait pu craindre que la montagne ait accouché d’une souris ; il n’en est rien et le somptueux résultat final est là pour nous le prouver ayant conquis à juste titre de nombreuses générations successives et n’ayant depuis 70 ans pas pris une seule ride.

Que ceux qui ne l’auraient pas encore vu pensant avoir à faire à un film à l’eau de rose (il s’en colporte de drôles d’idées !) aillent immédiatement vérifier qu’ils se trompent sur toute la ligne. Car s’il s’agit bien d’un mélodrame échevelé qui fera certainement verser des torrents de larmes, ces derniers ne découleront pas d’un trop plein de mièvrerie et de guimauve mais bien d’une force émotionnelle rare due à des personnages complexes formidablement écrits et interprétés, à un scénario d’une étonnante richesse dramatique et à une mise en scène ‘monstrueuse’ qui, par son souci de perfection esthétique et rythmique (un étonnant sens de l'ellipse), fait atteindre un ‘climax’ à quasiment chaque séquence toutes ainsi difficilement oubliables. Un fleuve cinématographique tumultueux charriant avec force, vigueur et passion son lot de drames, les remous de l’Histoire venant s’entrechoquer avec le parcours de gens du Sud pris dans la tourmente de la Guerre de Sécession et de la misère qui en découlera.

Le film, comme le roman auparavant, se place en effet du côté de cette civilisation sudiste qui vit son monde ‘emporté par le vent’ de l’histoire et qui n’est désormais plus qu’un souvenir comme l’annonce le générique. Il narre (en très gros) les aventures de Scarlett O’Hara, jeune fille frivole, capricieuse et fortement égocentriste, amoureuse d’un homme dont elle n’arrivera jamais à se faire épouser mais aimé en retour de Rhett Butler, un aventurier peu scrupuleux. Les relations agitées entre ces deux personnages tour à tour haïssables et attachants (nous sommes très loin des protagonistes romantiques et monolithiques souvent mis en avant) constituent l’épine dorsale de ce chef-d’œuvre qui n’est pas avare d’autres personnages tout aussi inoubliables tels l’honorable Hashley Wilkes (Leslie Howard) ou encore l’ange de douceur, de gentillesse et de compréhension que représente la Mélanie d’Olivia de Havilland. D’innombrables autres seconds rôles plus ou moins pittoresques entourent ce couple anti-manichéen constitué à la perfection par Clark Gable (certainement son plus beau rôle) et l’étonnante actrice anglais qui a eu la chance de se voir offrir un rôle féminin aussi riche, Vivien Leigh à la vitalité jamais prise en défaut.

Dialogues à l’ironie constante et non dénués d'humour, perfection des équipes techniques du studio, Technicolor éblouissant, composition inspirée et exaltée d’un Max Steiner n’en faisant pourtant jamais trop, gigantisme et baroquisme d’une mise en scène qui laissera son lot d’images fortes collées sur les rétines ; une œuvre ample portée par un fougueux élan lyrique et dont les éventuelles boursouflures participent de sa force et de sa modernité. On ne se lassera jamais de ce classique, véritable modèle du film de studio hollywoodien porté à la perfection par toute une équipe visant des sommets et étant arrivé à les atteindre ! Merci monsieur Selznick.
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feb
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Re: Victor Fleming (1889-1949)

Message par feb »

Je pensais que Jeremy Fox allait nous proposer un avis façon chronique western avec écran-titre & photos :fiou: :mrgreen:
Lionel a écrit : Autant en Emporte le Vent n'est pas un classique de la MGM. Si Clark Gable est bien loué par MGM (qui distribue le film), c'est, dans ses moindres détails, une production Selznick International.
Le film est devenu la propriété de MGM une dizaine d'années plus tard, et toutes les reprises, jusqu'au rachat par Turner Entertainment, sont le fait de cette compagnie. D'où l'erreur souvent faite, recherchée d'ailleurs par MGM.
Mais le film est historiquement un film indépendant, un film Selznick, et c'est là une partie de son intérêt.
Merci pour cette grosse correction Lionel :wink: je me coucherai moins bête ce soir :mrgreen:
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Re: Victor Fleming (1889-1949)

Message par 1kult »

Bruce Randylan est modeste, puisqu'il ne poste pas ici sa critique du premier film du cinéaste qu nous avons découvert il y a près d'un an à l'Etrange festival :

http://www.1kult.com/2010/12/17/cauchem ... r-fleming/

:wink:
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Re: Victor Fleming (1889-1949)

Message par Profondo Rosso »

Capitaine Courageux (1937)

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Le jeune Harvey Cheyne est le fils d'un très riche entrepreneur américain. Il pense pouvoir tout obtenir et tout se permettre grâce à l l'argent de son père. Renvoyé temporairement de son école pour avoir tenté de corrompre un professeur, il entreprend une croisière avec son père. Mais il tombe à la mer et se retrouve mousse sur le bateau de pêcheurs qui l'a recueilli.

Victor Fleming réalise un superbe film d'aventures initiatiques avec cette adaptation de Rudyard Kipling. Capitaines Courageux joue sur les figures attendues du film pour enfant avec la découverte de douleurs bien adultes pour notre jeune héros mais aussi inversement d'une insouciance qu'il n'avait pas. La première partie nous fait ainsi découvrir un bien odieux garçon qui gâté par un père aussi richissime qu'absent définit sa relation au autres par sa supériorité sociale. Intimidant et méprisant camarades comme des adultes, tout est fait pour rendre détestable ce Harvey (Freddie Bartholomew enfant star des années 30 vu aussi dans les David Copperfield et Le Petit Lord Fauntleroy produits par Selznick à cette époque) et définir son caractère corrompu.

Au détour d'une timide tentative de reprise en main par son père, un concours de circonstances va amener Harvey sur un bateau de pêcheur en expédition pour trois mois. Livré à lui-même et face à des rugueux marins qui n'ont que faire de son statut et de ses caprices, le garçon va enfin pouvoir changer. Un postulat simple mais qui est idéalement traité par Fleming. Freddie Bartholomew livre vraiment une des plus belles performances vues pour un enfant acteur. L'insolence hautaine de façade contraste avec les traits avenants et poupins ce qui ne le rend que plus horripilant dans la première partie, mais c'est en fait l'attention et la rigueur d'un père qui lui manque. Cette figure absente il va la trouver avec un extraordinaire Spencer Tracy en marin portugais plus vrai que nature, peau tanné par le soleil et accent outrancier inclus. L'alchimie entre les deux fait merveille, tant dans les moments orageux (Tracy qui ramène Harvey au bateau en découvrant sa tricherie) que ceux plus tendre où le lien affectueux se noue de manière très touchante. Le casting dans son ensemble est excellent que ce soit Melvyn Douglas en père dépassé ou Lionel Barrymore en capitaine gueulard, le reste des marins alignant les trognes burinées plus vraies que nature.

Fleming souvent à l'aise dans ce type d'atmosphère viriles rend vraiment bien le quotidien d'un bateau de pêche, tant dans les manœuvres maritimes que les méthodes de pêche. Les décors studios (tous les plans rapprochés sauf exception avec vraie mer en rétroprojection) alternent avec d'impressionnantes prises de vues en pleine mer où le chalutier est soumis à la loi des éléments. La véracité du cadre rend d'autant plus forte la transformation de Harvey au contact du travail, de l'entraide commune et de l'exaltation du voyage avec nombres de jolis moments comme cette première prise à la pêche. Très beau film donc qui se teinte d'une vraie mélancolie dans sa dernière partie et son douloureux retour au monde réel.5/6
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Re: Victor Fleming (1889-1949)

Message par feb »

Excellente chronique Profondo, j'ai bien fait de me le prendre parce que ton texte m'a donné envie :wink:
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Re: Victor Fleming (1889-1949)

Message par Profondo Rosso »

Merci, tu devrais bien apprécier c'est certain :)
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Re: Victor Fleming (1889-1949)

Message par Jeremy Fox »

L'un des films préférés de Mme Fox qui le termine toujours avec les larmes aux yeux pendant 10 bonnes minutes
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Re: Victor Fleming (1889-1949)

Message par Watkinssien »

Jeremy Fox a écrit :L'un des films préférés de Mme Fox qui le termine toujours avec les larmes aux yeux pendant 10 bonnes minutes
Oui c'est vraiment un excellent Fleming, émouvant, prenant et toujours plaisant...

Bien sûr, je ne vais pas être original : mon préféré est Gone with the Wind. Tavernier et Coursodon ont d'ailleurs vanté les mérités sous-estimés du cinéaste sur le tournage disant que sa patte est plus que présente. En regardant ses autres films, je peux largement comprendre cet aspect.

Et puis The Wizard of Oz, je ne m'en lasserais jamais...
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Re: Victor Fleming (1889-1949)

Message par Ann Harding »

Au sein du coffret Treasures V: The West (1898-1938), on a maintenant accès à une superbe copie de Mantrap (1926).

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Mantrap (1926, Victor Fleming) avec Clara Bow, Ernest Torrence, Percy Marmont et Eugene Pallette

A New York, l'avocat Ralph Prescott (P. Marmont) ne supporte plus ses nombreuses clientes en cours de divorce. Il accepte de suivre son ami Woodbury (E. Pallette) pour des vacances dans le nord Canadien. Là-bas, il fait la connaissance de la très jolie Alverna (C. Bow) qui a épousé le grand et fruste Joe Easter (E. Torrence)...

Cette délicieuse comédie a été réalisée pour mettre en valeur la plus grande star de la Paramount de l'époque: Clara Bow. Elle était la quintessence de la 'flapper' des années 20, délurée, amusante et émancipée. La Paramount engrangeait des profits énormes grâce à cette actrice qu'ils faisaient travailler sans relâche. Sur un scénario assez mince, qui pourrait être résumé sur un ticket de métro, Victor Fleming réalise un film plein de charme et de fantaisie. Clara Bow est une manucure de Minneapolis qui accepte d'épouser un grand gars pas très futé joué par Ernest Torrence, qui se faisait une spécialité des rôles de grandes brutes. On se retrouve avec le couple le plus improbable de l'histoire du cinéma muet: la petite Clara vive et sensuelle face à cette homme des cavernes au visage taillé à la serpe. Mais, comme le ton du film est totalement humoristique, y compris dans les cartons rédigés par George Marion Jr., on avale la pilule assez facilement. Clara se retrouve dans un petit bled paumé, Mantrap, où elle s'ennuit rapidement. L'arrivée de l'avocat new-yorkais va apporter un changement bienvenu. Celui-ci se méfie des femmes. Ils les côtoient toute la journée sous la forme de créatures rapaces qui cherchent à obtenir une bonne pension alimentaire. Evidemment, Clara va déployer tout son charme, qui n'est pas mince, pour le séduire. Le film a été tourné près du Lac Arrowhead, situé à une centaine de km d'Hollywood. Le génial James Wong Howe est derrière la caméra et utilise au mieux les paysages sauvages tout en donnant à Clara Bow tout le glamour nécessaire dans ses gros plans. Cette délicieuse comédie est accompagnée de mains de maître par le pianiste Stephen Horne qui donne le ton exact des années 20 et de son jazz étourdissant. Un délicieux bonbon.

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