Une femme mariée (Jean-Luc Godard - 1964)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Anorya
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Une femme mariée (Jean-Luc Godard - 1964)

Message par Anorya »

Pas de topic sur le film, juste un en partie DVD-HD. Du coup, je rends justice a ce beau film ici (+ le topic de Godard). ;)


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Une femme mariée (Jean-Luc Godard - 1964).

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Charlotte (Macha Meril, sublime), pigiste pour un magasine de mode féminin est mariée à Pierre, pilote d'avion, et entretient clandestinement une relation avec Robert, acteur. Lorsqu'elle apprend qu'elle est enceinte... Qui est le père ?


Entre les deux énormes films "mastodontes" de 1963, Le mépris et 1965, Pierrot le fou, Jean-Luc Godard signe une poignée de films singuliers mais attachants, petits films tous en noir et blanc entre deux monuments ornés de couleurs somptueuses que tous les cinéphiles ont généralement vus (et si vous n'avez pas vu les deux, vous avez forcément vu l'un des deux). Une femme mariée semble un sommet mais aussi un film bien plus important qu'il n'y paraît en cette année 1964, ne serait-ce que parce qu'il annonce en bribes le futur Godard, se démarquant de ses voisins, l'attachant retour aux sources Bande à Part (tentative de Godard de faire plus ou moins son Jules et Jim avec une fraîcheur qu'on retrouvait essentiellement dans A bout de souffle (1)) et la science-fiction décalée et angoissante d'Alphaville (que j'apprécie modérément j'avoue. En tant qu'ancien détracteur de Godard et amoureux de SF, fallait bien que je râle un peu pour la forme, c'est dit :mrgreen: ).

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La gestation du film est connue et constitue en elle-même un des nombreux morceaux de bravoure de ce film mi-froid, mi-chaud : Quand, début mai 1964, Godard est à Cannes pour présenter Bande à Part au festival, il rencontre Luigi Chiarini, le directeur de la Mostra de Venise dans la soirée après la projection. Ce dernier lui avoue regretter alors que ses deux précédents films n'aient pu être montrés en compétition à Venise, Le mépris ayant alors été retiré par un Carlo Ponti trop frileux, Bande à Part prévu pour août, un peu trop tôt alors pour un festival commençant en septembre. "Qu'a cela ne tienne, répond le cinéaste, je vous fais un nouveau film, prêt pour la prochaine mostra." (2) Vendu pour une somme dérisoire à la Columbia qui avait financé Bande à Part, Godard va alors tourner et monter dans l'urgence de 4 mois, profondément inspiré par ce qu'on commence à appeler la société de consommation, qui émerge de plus en plus abruptement dans le paysage français mais aussi l'idée d'une sorte de document sociologique témoignant du quotidien d'une femme française des années 60.


Sous-titré élégamment "Fragments d'un film tourné en 1964" bien souvent, le film aborde effectivement les relations de Charlotte (la femme mariée du titre), avec son entourage, aussi bien son mari que son amant, la société et la représentation donnée de la femme aussi bien dans la publicité que les autres jeunes femmes. Le cinéaste construit une ribambelle de fragments du corps de Charlotte qui évitent toute complaisance mal placée afin de décrire une relation d'adultère sans jamais émettre de jugement. Les cadres et images sont sublimes, témoignant d'une grâce et d'une esthétique rarement vue chez Godard, mais aussi d'une sensualité qui n'apparaît alors que par intermittence dans son cinéma des 60's (à la différence des années 80 où le nu féminin se dévoile bien plus intégralement et avec moins de pudeur du coup). Cette méthode semble aussi bien un hommage a la représentation des ébats (avant, pendant ou après), qu'une manière de contourner une censure encore importante alors (j'y reviendrais plus loin) ou une façon de se coller à sa vie privée et intime d'une manière décalée.

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Car, comme le révèle Antoine de Baecque dans son ouvrage sur le cinéaste, à cette époque, Anna Karina a un amant, l'acteur Maurice Ronet, Une femme mariée devenant à la fois exutoire secret et mise à distance d'une relation de couple (au cinéma et à la ville) qui s'effrite, "car il est évident que le cinéaste ne peut pas demander à Anna Karina de jouer le personnage de Charlotte : "elle aurait été trop attachante, elle aurait apporté au film un côté passionnel que je ne voulais pas dans une oeuvre sociologique" répond-il quand un journaliste lui demande si "l'héroïne c'est Anna Karina ?" (3). De Baecque, recitant des propos de Richard Brody (4), relate que la pyramide des âges des personnages ainsi que divers détails concordent de fait parfaitement : "Macha Méril a le même âge qu'Anna Karina, 23 ans; Philippe Leroy, qui joue son mari, le même que Godard, 33 ans; Bernard Noël, qui fait l'amant, celui de Ronet, 37 ans. De même, Bernard Noël a joué avec Maurice Ronet dans Le feu follet de Louis Malle et La Ronde de Roger Vadim, et dans Une femme mariée, il interprète... un acteur." (5)


Pour Jean-Pierre Esquenazi, le film se rapproche alors du structuralisme émergeant au début des années 60, arguant de la polyphonie des "voix" dans le film du cinéaste. Certes, cela n'est pas nouveau, mais rappelle-t-il, "au lieu de fondre les mouvements de film les uns dans les autres, comme c'était encore le cas par exemple dans la grande scène de ménage amoureuse du Mépris, il essaie de donner à chacun d'eux des frontières visibles." (6) Chaque mouvement est ainsi pleinement autonome et devient ainsi un fragment qui a sa propre force, complétant le sous-titre et dévoilant une technique du "blason" qui reviendra continuellement dans les prochains films du cinéaste. Nous avons donc des fragments corporels aussi bien que des fragments de pensées (celles dites par Charlotte, abstraites et poétiques) dites en voix-off, des fragments d'interviews (séparés par des cartons formant autant de chapitres divers "Le passé", "le présent", "l'intelligence"... et essayant de traiter d'un type de sujet par un type de personne), des fragments d'images de publicités. Ces dernières deviendront de fait très présentes par la suite dans Pierrot le fou comme 2 ou 3 choses que je sais d'elle.

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C'est ce qui fait aussi bien la richesse du film que sa limite et constitue de fait de ce film un ovni (ou ofni, objet filmique non-identifié) de plus dans la longue carrière cinématographique de Godard. D'autant plus que le film ne s'arrête pas à une fragmentation continue. Le spectateur attentif remarquera l'évidente critique de la femme et plus largement de la jeunesse des années 60 (a une question sur Auschwitz, Charlotte répond que ça a un rapport avec la thalidomide ( 7) avant de se raviser : "Ah oui, Hitler...") comme de la société de consommation (ma dernière capture est à ce titre assez éloquente et le plan est superbe d'ailleurs), de somptueux plans-séquences en travellings (la dispute dans la chambre, l'aéroport), un monologue amoureux crû récité par la bonne (qui lit en fait des passages de Mort à crédit), des passages métaphysiques (l'avis du critique Roger Leenhardt sur l'intelligence est un beau moment de sagesse qui prolonge l'aspect "vieux maître qui connaît la vie" auparavant vu dans Le mépris par le biais du personnage de Fritz Lang (8)) sans oublier d'ingénieuses trouvailles cinématographiques (des filles qui discutent et un texte qui sous-titre des fragments en résumés de leurs échanges, idée que Woody Allen reprendra génialement dans Annie Hall, une séquence en négatif, une caméra qui se renverse lors du passage horizontal de l'actrice ou d'un avion...) ainsi que des questionnements sur la sexualité. C'est alors en 1964, le premier film qui aborde la question de la pilule, ce qui reste encore un tabou dans la France d'alors.


Avec tout ce qui a été énoncé et les plans de corps, on se doute que le film va s'attirer les foudres de la commission de censure. En 1964, celle-ci a d'ailleurs la main lourde puisque deux autres films importants comme Le silence de Bergman (chef d'oeuvre pour moi) et La peau douce de Truffaut se retrouvent aussi pris dans les filets. Le 29 septembre 1964, peu après sa projection avant-première à la Mostra (9), la commission de contrôle prononce une interdiction totale du film. Argument des censeurs : la généralisation du titre (c'était alors "La femme mariée" avant que Godard ne transforme le premier mot, rendant cette femme plus anonyme) qui impliquerait une sorte d'outrage pour toutes les femmes ainsi que les scènes de nu trop suggestives justement. Godard avec l'aide nombreux soutiens réussira à opérer de minimes changements, coupant quelques images et quelques dialogues (dont une allusion à la sodomie parmi les questions posées au docteur à propos des moyens de contraception, la société ayant encore un peu de mal à accepter ce "funeste secret" (10)), conservant par contre les allusions à l'Histoire, pour que le film puisse passer. Le 24 novembre, le film passe la commission de censure et obtient un avis favorable avec interdiction aux moins de 18 ans. Il sortira le 4 décembre 1964 dans 3 salles.


Avec le temps, ce film est généralement, à tort, mis de côté. Malgré la froideur qu'il dégage, il reste fascinant, enchantant durablement ceux qui le voient. J'y vois un grand film pour ma part. - 5/6.



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(1) A noter que ce n'est nullement un hasard si la maison de production de Tarantino s'appelle A band Apart. L'hommage est ici purement revendiqué à travers l'amour cinéphilique que voue le réalisateur américain envers le réalisateur Suisse. :)

(2) Godard, biographie d'Antoine de Baecque, ed.Grasset, p.259.

(3) Godard, biographie d'Antoine de Baecque, ed.Grasset, p.261.

(4) Jean-Luc Godard, tout est cinéma de Richard Brody, éditions française aux presses de la cité, p.191,192.

(5) Godard, biographie d'Antoine de Baecque, ed.Grasset, p.261.

(6) Godard et la société française des années 1960 par Jean-Pierre Esquenazi, éditions Armand Colin, p.199,200.

(7) La thalidomide, médicament prescrit pour l'insomnie fut au centre de nombreux débats car provoquant alors chez les femmes enceintes des malformations pour les bébés à venir, les enfants devenant des sortes d'enfants-troncs, les bras et jambes étant inexistants. On peut dès lors comprendre la peur actuelle de Charlotte face à un passé qui ne la concerne que peu alors que précisément, le procès d'Auschwitz se déroule justement à ce moment, la remarque que Godard place dans la bouche de ses personnage n'étant généralement jamais innocente.

(8) De pareils moments où Godard invite une personnalité des arts, qu'il soit cinéaste, critique de cinéma ou philosophe se retrouvent aussi dans Pierrot le fou (brève mais importante apparition de Samuel Fuller), 2 ou 3 choses que je sais d'elle et La chinoise entres autres.

(9) C'est Antonioni qui obtient le lion d'or pour Le désert rouge alors, ce qui n'empêche pas l'aîné de féliciter chaudement le cinéaste suisse pour un film qu'il a beaucoup aimé. Godard finalement pas jaloux (c'est rare car le bonhomme est généralement assez rancunier) lui "renverra l'ascenseur" en lui proposant un grand entretien important pour les Cahiers du cinéma (Cahiers du cinéma n°160, novembre 1964, repris dans le hors-série consacré à Antonioni et Bergman paru à leur disparition).

(10) "Michel Voyelle, dans La mort en Occident de 1300 à nos jours, Gallimard, 1981, nous apprend que c'est ainsi que, depuis l'Ancien Régime, les autorités ecclésiastiques désignaient les pratiques contraceptives prépilules : sodomie, coitus interruptus ou éjaculation extravaginale..." in Godard, biographie d'Antoine de Baecque, ed.Grasset, p.842. :shock:
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Re: Une femme mariée (Godard - 1964)

Message par Strum »

Anorya a écrit :(10) "Michel Voyelle, dans La mort en Occident de 1300 à nos jours, Gallimard, 1981, nous apprend que c'est ainsi que, depuis l'Ancien Régime, les autorités ecclésiastiques désignaient les pratiques contraceptives prépilules : sodomie, coitus interruptus ou éjaculation extravaginale..." in Godard, biographie d'Antoine de Baecque, ed.Grasset, p.842. :shock:[/justify]
Pardon pour ce HS qui suit ce beau post (je n'ai pas vu le film hélas), mais en effet l'expression était assez utilisée ; "funestes secrets pour tromper la nature", dit un texte; Fernand Braudel consacre d'ailleurs à ces "funestes secrets" plusieurs pages savoureuses de sa somme L'Identité de la France pour les amateurs, en citant à l'appui des textes d'époque très rigolos. :wink:
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Re: Une femme mariée (Godard - 1964)

Message par Demi-Lune »

Ce topic est nul, depuis quand on met des points à la fin du titre ? :? :mrgreen:

P.S. : bel avis, encore une fois, Anorya !
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private joke sans aucune méchanceté inside :mrgreen: :wink:
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Re: Une femme mariée (Godard - 1964)

Message par Strum »

Demi-Lune a écrit :Ce topic est nul, depuis quand on met des points à la fin du titre ? :? :mrgreen:
Un point dans le titre, mais où donc ? :o
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Re: Une femme mariée (Godard - 1964)

Message par Demi-Lune »

Strum a écrit :
Demi-Lune a écrit :Ce topic est nul, depuis quand on met des points à la fin du titre ? :? :mrgreen:
Un point dans le titre, mais où donc ? :o
Il a disparu ! Parti, envolé ! :o
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Re: Une femme mariée (Godard - 1964)

Message par Anorya »

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Strum a écrit :
Pardon pour ce HS qui suit ce beau post (je n'ai pas vu le film hélas), mais en effet l'expression était assez utilisée ; "funestes secrets pour tromper la nature", dit un texte; Fernand Braudel consacre d'ailleurs à ces "funestes secrets" plusieurs pages savoureuses de sa somme L'Identité de la France pour les amateurs, en citant à l'appui des textes d'époque très rigolos. :wink:
On en apprend des choses ici. A te lire, ça doit être quelque chose, il faudra donc que je farfouille à la Cnaf pour dégoter ce livre et feuilleter quelques pages. :)
Demi-Lune a écrit :
Strum a écrit :
Un point dans le titre, mais où donc ? :o
Il a disparu ! Parti, envolé ! :o
Bah, un super modo sera passé.
Demi-Lune a écrit : P.S. : bel avis, encore une fois, Anorya !
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private joke sans aucune méchanceté inside :mrgreen: :wink:
Merci. :D
Tu continueras un jour ton visionnage Godardien ou pas au fait ? Le mépris c'est bien mais il n'y a pas que ça qui vaille le coup non plus chez le cinéaste. ;)

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Jeremy Fox
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Re: Une femme mariée (Jean-Luc Godard - 1964)

Message par Jeremy Fox »

Superbe texte et magnifiques captures pour un très beau Godard (comme d'ailleurs la plupart des années 60) :)
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Demi-Lune
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Re: Une femme mariée (Godard - 1964)

Message par Demi-Lune »

Anorya a écrit :Tu continueras un jour ton visionnage Godardien ou pas au fait ? Le mépris c'est bien mais il n'y a pas que ça qui vaille le coup non plus chez le cinéaste. ;)
Je pense que je suis suffisamment curieux pour avoir le courage de m'y replonger un jour, encore que j'achète maintenant très peu de dvds ; mais je t'avouerai que le visionnage d'Alphaville m'a vraiment donné envie d'abandonner. Un supplice.
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Re: Une femme mariée (Godard - 1964)

Message par Watkinssien »

Demi-Lune a écrit :
Anorya a écrit :Tu continueras un jour ton visionnage Godardien ou pas au fait ? Le mépris c'est bien mais il n'y a pas que ça qui vaille le coup non plus chez le cinéaste. ;)
Je pense que je suis suffisamment curieux pour avoir le courage de m'y replonger un jour, encore que j'achète maintenant très peu de dvds ; mais je t'avouerai que le visionnage d'Alphaville m'a vraiment donné envie d'abandonner. Un supplice.
Dommage...

Sinon, Une Femme Mariée est une très jolie comédie dramatique, typique du cinéaste, intelligente, parfois agaçante, mais indéniablement fraîche...
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Anorya
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Re: Une femme mariée (Godard - 1964)

Message par Anorya »

Demi-Lune a écrit :
Anorya a écrit :Tu continueras un jour ton visionnage Godardien ou pas au fait ? Le mépris c'est bien mais il n'y a pas que ça qui vaille le coup non plus chez le cinéaste. ;)
Je pense que je suis suffisamment curieux pour avoir le courage de m'y replonger un jour, encore que j'achète maintenant très peu de dvds ; mais je t'avouerai que le visionnage d'Alphaville m'a vraiment donné envie d'abandonner. Un supplice.
Je t'avoue aussi que Alphaville a eu du mal à passer. Certes j'étais fatigué mais je m'ennuyais aussi pas mal. J'ai dû arrêter en cours de route donc je n'appelle pas ça un visionnage, il faudra que je m'y remette (ou pas :mrgreen: ). Mais chaque Godard est suffisamment différent pour qu'on y jette un coup d'oeil. Essaye Bande à part ou A bout de souffle si tu le peux, petits films attachants et très facile d'accès, tout le monde en conviendra. ;)

Sinon merci Jeremy Fox. :)
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Re: Une femme mariée (Jean-Luc Godard - 1964)

Message par Commissaire Juve »

Oui, film très abordable... et balade charmante avec une ravissante jeune femme des années 60.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Re: Une femme mariée (Jean-Luc Godard - 1964)

Message par Barry Egan »

Ouh la, alors moi c'est tout le contraire. J'ai trouvé "Alphaville" fascinant dans son minimalisme, les bip-bip et les gros cuivres pétaradants de la bande-son qui parodient une certaine idée du cinéma, les coups de revolver facilement donnés, le proto-HAL qui pose des questions froidement et les belles séquences avec Karina. Par contre, "Une femme mariée", je viens d'en regarder trois-quarts d'heure et je viens de couper pour me mettre du Mahler, rechercher et lire ce topic puis écrire ce message pour me plaindre que c'est un film qui a l'air adorable au premier abord, avec ces images plus tactiles qu'un iPad, mais qui devient écrasant aussi. Je vais me réveiller avec des fanfares mahlériennes avant de regarder les 3/4 d'heures suivants :? Ou alors je me refais "Noblesse Oblige".
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Anorya
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Re: Une femme mariée (Jean-Luc Godard - 1964)

Message par Anorya »

Synopsis de Noblesse Oblige (Hamer - 1949) :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Héritier éloigné de la maison ducale d'Ascoyne-Chalfont, Louis Mazzini élimine successivement, par des méthodes aussi variées qu'inventives, tous les prétendants qui le séparent du titre, avant finalement de tuer le duc lui-même lors d'une partie de chasse, en maquillant l'assassinat en accident. Le soir où il est enfin proclamé duc, un officier de police vient l'arrêter pour un meurtre qu'il n'a pas commis, celui du mari de sa maitresse. Condamné à mort, il écrit dans sa cellule de prison des mémoires où il relate ses crimes réels.
Le matin où Louis doit être pendu, un coup de théâtre de dernière minute prouve son innocence, et il est libéré. À sa sortie de prison, un journaliste lui demande s'il va publier des mémoires. Il s'aperçoit alors soudain avoir laissé son manuscrit dans sa cellule... L'histoire s'arrête ici.
Moui. Bon. Il y a un rapport avec Une femme mariée ou pas du coup ? :|

Je n'ai pas dû le dire mais ce que je trouve intéressant dans Alphaville c'est que Godard a cherché délibérément à utiliser tout ce qui pouvait donner de près ou de loin, une certaine idée du futur. Bâtiments ultra-modernes, le fait de jouer sur le son, de filmer dans les bureaux d'IBM... L'idée de réinjecter de l'humanité (par la poésie qu'on fait réciter à Karina si je me souviens bien par exemple) à une population qui en manque singulièrement est une autre bonne idée. Après, question de sensibilité personnelle, j'ai beaucoup plus apprécié Une femme mariée au final qu'Alphaville pour pas mal de raisons énoncées plus haut (comme le fait que Godard traite cela comme une espèce de mini film documentaire qui devient passionnant quand on se penche sociologiquement sur les habitudes d'un couple français des 60's à l'instar d'une poignée d'autres de cette période du même cinéaste; mais aussi les plans esthétiquement très travaillés et que j'ai mis en captures d'image, lesquels se relient à la question de "comment filmer le corps d'une femme au début des années 60") mais je ne dis pas que je ne reverrais pas Alphaville un jour.
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Re: Une femme mariée (Jean-Luc Godard - 1964)

Message par Barry Egan »

Anorya a écrit :
Synopsis de Noblesse Oblige (Hamer - 1949) :
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Héritier éloigné de la maison ducale d'Ascoyne-Chalfont, Louis Mazzini élimine successivement, par des méthodes aussi variées qu'inventives, tous les prétendants qui le séparent du titre, avant finalement de tuer le duc lui-même lors d'une partie de chasse, en maquillant l'assassinat en accident. Le soir où il est enfin proclamé duc, un officier de police vient l'arrêter pour un meurtre qu'il n'a pas commis, celui du mari de sa maitresse. Condamné à mort, il écrit dans sa cellule de prison des mémoires où il relate ses crimes réels.
Le matin où Louis doit être pendu, un coup de théâtre de dernière minute prouve son innocence, et il est libéré. À sa sortie de prison, un journaliste lui demande s'il va publier des mémoires. Il s'aperçoit alors soudain avoir laissé son manuscrit dans sa cellule... L'histoire s'arrête ici.
Moui. Bon. Il y a un rapport avec Une femme mariée ou pas du coup ? :|
Aucun. C'est que j'ai le blu-ray et que j'ai toujours pas revu le film avec, j'hésitais entre revoir ça ou voir le Godard, j'ai fait le choix de découvrir un que j'avais pas encore vu. Mais après les 45 premières minutes du Godard, je me suis dit que je préfèrerais rire. Je déciderai après la fin de Mahler, qui lui, m'enchante tout le temps - là c'est la Nachtmusik II qui tourne.
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Jeremy Fox
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Re: Une femme mariée (Jean-Luc Godard - 1964)

Message par Jeremy Fox »

Dirk Diggler a écrit : Mais après les 45 premières minutes du Godard, je me suis dit que je préfèrerais rire.
Là aussi (enfin, si tu le ressens comme moi), tu pourrais être déçu. Le film de Hamer n'a jamais réussi à me faire décocher ne serait-ce qu'un sourire mais il faut dire que je ne suis pas du tout client des comédies Ealing. Fin du HS :oops:
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