Robert Z. Leonard (1889-1968)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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francesco
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Robert Z. Leonard (1889-1968)

Message par francesco »

Je viens de voir, en complément du DVD "Beyond The Rock" (les films du paradoxe) un petit film de ce couple un peu oublié aujourd'hui. Lui est devenu un des spécialistes des films de prestige MGM (Le Grand Ziegfield, Orgueil et Préjugé, Le Chant du Printemps ...) mais a d'abord beaucoup travaillé au temps du muet, en particulier pour sa femme, Mae Murray, alors vedette de première grandeur qui devait surtout devenir la première Veuve Joyeuseà l'écran.
Leur association a assez mauvaise presse mais "A delicious little Devil" est précisément délicieux. Un petit conte naïf sur une apprentie danseuse (Murray était connue pour ses scènes de danse) qui se fait passer pour une star scandaleuse afin de se faire engager. C'est léger et souriant et ça met de bonne humeur. Il y a une course poursuite, des scènes de cabaret, des figures tout droit sorties du registre burlesque (le père et l'oncle paresseux, l'amoureux boucher) et un très beau jeune premier joué par Rudolph Valentino. Murray est nettement meilleur que ce à quoi je m'attendais, son interprétation sympathique me rappelant à plusieurs moments le talent et le charme de Marion Davies (mais elle est beaucoup plus jolie).
Le film est projeté très vite (du coup il dure 56 rapides minutes) ce qui donne un aspect ahurissant aux scènes de course. Au début je pensais que c'était une erreur ou un choix curieux de l'éditeur, mais la jolie musique d'accompagnement est, dit-on d'époque et devrait donc coller au film telle qu'il présenté dans le DVD. Alors que faut-il en penser du coup ? Les films étaient-ils projetés à cette vitesse trépidente, au détriment du réalisme de l'action ? Merci aux spécialistes de répondre s'ils passent par ce topic. Et merci à Catherine à qui je dois ce beau cadeau.
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Cathy
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Re: Monsieur et Madame (Mae Murray) Robert Z.Leonard

Message par Cathy »

Heureuse de voir que mon cadeau t'a fait plaisir :) !
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Jeremy Fox
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Re: Monsieur et Madame (Mae Murray) Robert Z.Leonard

Message par Jeremy Fox »

Monsieur est un cinéaste qui m'est assez sympathique, ses musicals pour la MGM m'ayant tous agréablement diverti à défaut de posséder quelconques traits de génie, que ce soit Ziegfeld Girl, In the Good Old Summertime (remake technicolorisé et chanté de The Shop Around the Corner avec Van Johnson et Judy Garland en lieu et place de James Stewart et Margaret Sullavan) et plus encore le délicieux Nancy Goes to Rio avec Jane Powell. Dans un autre registre, Le Voleur du Roi était il semble me souvenir un agréable film d'aventure. Et il va sans dire (et vous devinerez pourquoi) que je rêve de voir Duchess of Idaho. Toujours pas vu son film le plus célèbre, The Great Ziegfeld que je possède pourtant en DVD.

Afin de compléter, j'ai retrouvé ça pour l'instant:

Ziegfeld Girl de Robert Z Leonard

Film musical racontant l'ascension de trois filles recrutées pour être des danseuses dans les spectacle du grand Ziegfeld. L'une va sombrer dans l'alcool (Lana Turner), l'une va réussir sans rien détruire sur son passage (Judy Garland), la troisième sera tentée de rompre avec son compagnon pour plus de luxe (Hedy Lamarr) mais reviendra dans le droit chemin.
Un mélodrame ponctué de nombreux numéros musicaux tous meilleurs les uns que les autres, plus music-hall chanté que dansé. C'est très bavard mais les dialogues sont constamment de haute volée et le casting est formidable. Outre les 3 actrices citées (Judy est une nouvelle fois magnifique), on trouve un James Stewart aussi doué que d'habitude, des décors luxueux, un très beau noir et blanc et une mise en scène très professionnelle. Un bon musical.
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Cathy
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Re: Monsieur et Madame (Mae Murray) Robert Z.Leonard

Message par Cathy »

J'ai adoré The Great Ziegfeld quand je l'ai vu en août dernier,

Je recopie ici mes divers avis sur les films de Robert Z Leonard
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The Great Ziegfeld, le Grand Ziegfeld (1936) - Robert Z. Leonard

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Evocation romancée de la vie de Florenz Ziegfeld Jr qui monta des show prestigieux à Broadway.

Nous sommes ici dans la tradition purement hollywoodienne des Biopic, Florenz Ziegfeld est mort quatre ans plus tôt en 1932, et tout de suite Hollywood s'empare du mythe qui d'ailleurs sera illustré dans plusieurs films. Ne connaissant pas bien, le véritable Ziegfeld il est dur de savoir quelles sont les parts romancées du film, toutefois, le portrait est sympathique et s'il est signé par la MGM, il semble plus entrer dans la tradition Fox de ces films retraçant la vie de ces personnages importants de la belle époque et du début du 20ème siècle tel Lilian Russell d'ailleurs évoqué dans le film que ce soit en vrai ou dans le premier numéro que Ziegfeld créera pour Anna Held. Le problème majeur du film vient surtout du fait qu'il n'y a pas beaucoup de point de repères chronologiques, si le film débute en 1893, et se termine au moment de la crise de 1929, en réalité en 1932, aucune date ne permet de savoir à quelle époque ont été réellement montés les différents spectacles. Le film dure près de trois heures et utilise le fameux découpage, ouverture, entr'acte et exit music. L'intermission intervient d'ailleurs à un curieux moment, elle survient juste après le fabuleux "A pretty girl" à la chute du rideau, sans aucun applaudissement, et le film reprend sur d'autres parties du show.

Le film retrace donc les débuts de Ziegfeld en tant que bateleur de foire avec son attraction un Hercule dont il va finir par trouver l'intérêt en lui faisant montrer ses muscles, puis ses premiers spectacles, sa rencontre avec celle qui va devenir dans le film sa première épouse, mais qui en réalité ne s'est jamais mariée avec lui. D'ailleurs quand on le sait, on se rend compte, que même si l'on parle de mariage, de femme, d'époux, de divorce, leur relation est effectivement ambigue. Naturellement on loue le talent de Ziegfeld a faire le buzz autour de ses vedettes, notamment d'Anna Held, sa première vedette et épouse, qui est censé faire venir des litres de lait tous les matins pour se baigner. Son deuxième mariage avec l'actrice Billie Burke est aussi évoqué, mais curieusement alors que ce mariage dura près de 15 ans, on a la sensation dans le film que ce n'est qu'une union brève qui durera jusqu'à la mort de Ziegfeld, et verra la naissance d'une petite fille Patricia.

L'intérêt majeur de Ziegfeld est sans doute la luxuriance de ces shows et de ces idées révolutionnaires qui mettaient en avant des femmes magnifiques, à la beauté souvent semblable et qui influencera Busby Berkeley pour ses shows. Curieusement les numéros ne sont pas nombreux, même si les premières Ziegfeld follies qui datent de 1907 sont longuement évoquées, avec le fameux "A pretty girl is like melody", numéro extravagant avec cet escalier tournant qui découvre petit à petit ses nombreuses figurantes, à travers notamment gros anachronisme une musique de Gershwin, et des extraits de Madama Butterfly ou I Pagliacci. On comprend le choc que durent ressentir les spectacteurs devant cet étalage de jeunes femmes vêtues de costumes extravagants, là aussi ce côté défilé de mode a sans doute influencé plus d'un réalisateur à Hollywood, quand on voit le nombre de films qui reprennent cette idée de présentation de modèles. Il y a aussi l'évocation de quelques vedettes qui firent leurs débuts ou explosèrent avec Ziegfeld comme Fanny Brice qui joue son propre rôle et chante naturellement "My Man", non sans avoir avant une espèce de sketch qui permet de montrer que Ziegfeld mettait en vedette des artistes à contre-emploi. Elle semble beaucoup plus sage que le portrait qu'en dépeindra Robert Wise dans Funny Girl, où elle est interprétée par Barbra Streisand.

il y a aussi Ray Bolger et ses fameux "sauts de chats" crescendo et cette mollesse des jambes. On évoque aussi Eddie Cantor ou Will Rogers qui firent leurs débuts à Broadway et chez Ziegfeld avant de le quitter pour les sirènes d'Hollywood. Il y a surtout deux numéros extravagants, le premier déjà évoqué plus haut, et celui du cirque, le Harriet Hoctor ballet interprété par Harriet Hoctor elle-même(si la technique académique semble vieillotte, elle bat quand même superbement l'entrechat), et dont la chorégraphie semble avoir totalement inspiré Balanchine pour son fameux pas de deux de Liberty Bell dans Stars and Stripes, où il utilisera exactement les mêmes sauts. D'ailleurs la chorégraphie de ce morceau est réalisée sur pointes avec des barzoi ! Il est dommage qu'il n'y ait pas plus de numéros musicaux, même si quelque part, on évite l'illustration servile de la vie d'un artiste, avec une succession de numéros mettant en vedette ou non des stars. Dommage aussi que des numéros de Show Boat, de Whoopee ou autre trois Mousquetaires ne soient qu'évoqués et non montrés. Mais Ici la star c'est Florenz Ziegfeld, son génie, son goût du luxe et dépensier inconditionnel qui sont mis en avant. Il est sûr que le personnage dépeint est éminement sympathique.

Côté interprétation William Powell est magistral dans ce rôle, avec ce côté sympathique, bateleur puis à la classe innée. Il reprendra d'ailleurs ce rôle dans Ziegfeld Follies de Vincente Minnelli où il dirige une revue imaginaire du Paradis. Luise Rainer a obtenu l'Oscar de la meilleure actrice pour son rôle d'Anna Held, il est vrai qu'elle est émouvante à certains moments, notamment la grande scène d'introduction ou la grande scène du téléphone mais peut-être son jeu semble un peu exagéré. Myrna Loy n'a qu'un petit rôle, même s'il n'est pas évident, car interpréter une actrice encore vivante à savoir Billie Burke ne devait pas être évident. Le portrait de l'actrice est flatteur et l'actrice y est bien plus naturelle que Louise Rainer. Il ne faut pas oublier aussi de mentionner Frank Morgan en meilleur ami-ennemi de Ziegfeld toujours truculent ou Reginald Owen en Hercule bellâtre de même que Virginia Bruce à la beauté lumineuse dans le rôle d'Audrey Dane, actrice arriviste et alcoolique. Si le film paraît classique, il permet à la MGM de déployer son luxe et son faste dans les numéros musicaux, et bien que ceux-ci soient peu nombreux, il n'en demeure pas moins un must du genre, avec ce mélange de comédie musicale et de comédie dramatique. La mort de Ziegfeld est d'ailleurs assez émouvante.

On comprend aisément pourquoi ce film a eu l'Oscar du meilleur film, Hollywood n'est jamais meilleur que quand il se penche sur lui-même. Et on se rend compte en regardant ce film à quel point Ziegfeld influença tous les grands noms de la comédie musicale.

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La danseuse des Folies Ziegfeld, Ziegfeld Girl (1941) - Robert Z Leonard

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Le parcours de trois jeunes femmes engagées pour les Ziegfeld follies en tant que chorus girl, une femme mariée à un violoniste sans contrat, une jeune liftière fiancée à un conducteur de camions, enfin une jeune fille, qui fait déjà du Burlesque avec son père.

Cinq ans après The Great Ziegfeld, qui lui avait valu l'Oscar du meilleur film et on comprend pourquoi, Robert Z Leonard se plonge à nouveau dans l'univers des Ziegfeld Follies, mais ici ce n'est plus la vie de Ziegfeld qui est narrée, mais celle de jeunes danseuses de ses revues. D'ailleurs le personnage de Ziegfeld n'apparaît jamais et n'est representé que par ses factotum dont Edward Everett Horton. Le film mêle donc comédie musicale et comédie dramatique à travers le destin croisé de ces trois jeunes femmes. Sans doute était-il intéressant de voir l'envers du décor en quelque sorte, mais le film tire quelque peu trop vers le mélodrame, notamment avec le portrait de Sheila, interprétée par Lana Turner et qui deviendra l'artiste alcoolique, fille facile, dont la déchéance est évidente. Lana Turner est magnifique dans le rôle avec son port altier, son visage à la fois pur et vulgaire, sa beauté éclatante, mais quelque part le personnage n'est guère attachant, tout comme celui de son fiancé pourtant interprété par James Stewart excellent en brave jeune homme qui devient par désespoir amoureux, un bad boy. A côté de ce couple au destin parallèle, il y a le trio formé par Hedy Lamarr, elle aussi magnifique mais dont le rôle est assez réduit, et où elle semble plus se contenter de jouer les belles plantes dans les scènes de music hall, son mari, Philip Durn, à la présence réduite et Tony Martin, l'amant, vedette de la revue qui roucoule le fameux "You Stepped out of a Dream" ou la partie romantique de Trinidad. Enfin il y a Judy Garland qui est à l'aise à la fois dans partie comédie et naturellement dans la partie musicale que ce soit dans I'm Always Chasing Rainbows version vaudeville ou version classe à la Ziegfeld ou le Minnie from Trinidad.

Côté numéros musicaux, on retrouve la luxuriance des décors du Great Ziegfeld, avec ses costumes alambiques, algues, coraux, poissons de Trinidad et cette fois-ci le numéro est mis en place par Busby Berkeley et cela se voit, si les numéros du Grand Ziegfeld, semblaient vraiment tirés de la scène, ici, plus rien de tout cela, avec des changements irréalisables. Leonard réutilise quelques images de son film dans le final qui évoque les Ziegfeld girl. notamment l'endiablé "You Gotta Pull Strings", quelques images du Hariett Holton Ballet ou reconstituant le final de A pretty girl avec Judy Garland tronant en haut de ce fabuleux escalier. Robert Z Leonard évoque donc une fois encore la magie de Ziegfeld, d'ailleurs comment ne pas être envouté par ces chorégraphies qui si elles ne sont pas dynamiques sont enthousiasmantes par leur décorum, leurs costumes inouis, la beauté des fameuses Ziegfeld girl. Même si les parties musicales permettent à Busby Berkeley de montrer encore une petite partie de son génie, le film hésite trop entre la comédie dramatique et la comédie musicale, et l'empathie suscitée par les personnages est sans doute moins forte que celle dégagée par William Powell.

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Third Finger, Left hand (1940) - Robert Z Leonard

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La rédactrice en chef d'un magazine de mode s'est faite passer pour mariée afin d'obtenir ce poste. Suite à un impromptu, elle fait la connaissance d'un peintre qui tombe immédiatement amoureux d'elle et décide de se faire passer pour ce mari qui n'existe pas !

Le début du film s'avère comme une critique de cette société américaine qui ne légitimerait pas les capacités d'une femme à tenir un magazine si elle n'était pas mariée, et deviendrait un objet de convoitise sexuelle de la part de ses collègues. Parti de ce constat, Robert Z. Leonard signe ici une délicieuse comédie, proche de la screwball, avec cette opposition entre deux êtres, la new yorkaise et le provincial originaire de l'Ohio. Il y a naturellement les clashs entre les deux et les rapprochements inévitables., le tout ponctué par les interventions de l'ami et confident de Margot, Gussie interprété par Felix Bressart, inoubliable dans les Lubitsch. Il y a les scènes classiques du genre, la rencontre inévitable, les rencontres suivantes et les quiproquos, les séparations. Le film se découpe en deux parties, celle avant l'introduction de celui que Margot considère comme un futur mari Lee Bowman, et l'apparition de celui-ci et son désir de faire se séparer le "couple", le couple devenant trio. Myrna Loy est excellente dans son rôle de femme indépendante capable de jouer la vulgaire femme ivre, et Melvyn Douglas qui offre toujours son charme et sa distanciation au rôle. Il est à noter que pour une fois un acteur noir qui au départ est le serviteur du train devient un avocat complice de Melvyn Douglas, rôle assez inhabituel à l'époque. Le film est porté par le couple qui se retrouvera quelques années plus tard dans Mr Blanding builts his dreamt house, mais ne sera plus qu'un amoureux fidèle ami.

Copie TCM

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Cynthia (1947) - Robert Z Leonard

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Cynthia une jeune fille qui est souvent malade vit surprotégée par sa famille jusqu'au moment où elle tombe amoureuse d'un jeune homme

Nous sommes dans une comédie familiale typique du cinéma américain et qui est faite pour mettre en valeur la jeune vedette MGM, Elisabeth Taylor. Il faut dire qu'elle irradie littéralement l'écran par sa beauté et son innocence. Par moment, on a l'impression que nous allons verser dans le plus sombre mélodrame, mais non, tout doit être heureux. Les parents ne sont autre que Mary Astor et George Murphy qui avait déjà été le père de Judy Garland dans Little Nellie Kelly. Leur couple fonctionne parfaitement, tout comme S.Z Sakall qui est comme d'habitude dans son registre de professeur un peu excentrique. Il ne faut pas oublier aussi la charmante mélodie chantée par Elisabeth Taylor mais qui semble doublée pour celle-ci vu qu'elle n'est pas créditée en interprète sur imdb. Le film n'est aucunement un chef d'oeuvre, mais il est vraiment très agréable et très typique de ces productions américaines

Copie TCM
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Pride and Prejudice - Robert Z Leonard, 1940

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Dans la lignée d'Autant en emporte le vent, Pride and Prejudice est l'adaptation du roman de Jane Austen, écrivain romantique anglais qui dépeint les affres de jeunes filles de bonne famille mais sans le sou. On sent qu'il y a une volonté de faire un autre Autant en emporte le vent, mais même si Greer Carson fait tout ce qu'elle peut pour camper la jeune Elizabeth Bennett, on a du mal à croire en son personnage, de jeune fille rebelle. Maureen O Sullivan qui campe la soeur ainée Jane eut été sans doute un meilleur choix, mais elle n'était pas la vedette. Evidemment le roman repose sur le personnage de Monsieur Darcy noble orgueilleux mais qui curieusement est le modèle romantique de beaucoup de jeunes filles actuellement, notamment Bridget Jones a remis au goût de jour ce personnage,. Pourtant j'avoue avoir eu du mal que ce soit dans cette version ou la nouvelle adaptation de 2006 à être totalement séduite par ce personnage. Bref pour en revenir au film de 1940, la reconstitution d'une époque 1830 estr soignée mais quand on voit les autres films basés sur les romans anglais on s'aperçoit qu'il s'agit plus de 1810, notamment les costumes "Empire" et non "Restauration-Louis Philippe". Le film n'en demeure pas moins une adaptation fidèle du roman, agréable à regarder, quand on a l'esprit romantique. Laurence Olivier prete sa silhouette au héros, Edna May Olivier est une Lady Catherine de Burgh impeccable, comme tous les autres acteurs. Si on aime ce style d'histoire romanesque, de jeunes filles de bonne famille mais sans le sou, amoureuse d'officier, de noble, on passera un très bon moment. Je dois avouer avoir juste un tout petit peu de mal au déoart car j'avais vu juste avant la version avec Kyra Kneightley qui me semble bien plus crédible en Lizzie Bennett, fraiche, jolie et loin des sophistications hollywoodiennes de Greer Carson. Mais il est évident que ces deux films témoignent de deux époques différents du cinéma et qu'ils sont chacun de belles illustrations de Jane Austen

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Duel de femmes, When Ladies meet (1941) - Robert Z. Leonard

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Une auteur (Joan Crawford) tombe amoureuse de son éditeur (Herbert Marshall), un homme marié, refusant la proposition de mariage d'un ami de longue de date, (Robert Taylor). Celui-ci décide de confronter les deux femmes sans qu'elles le sachent.

Nous sommes ici dans ces comédies une fois encore typiques du cinéma américain de l'époque, avec ces cadres idylliques, appartement somptueux, maison de campagne spacieuse, garde robe magnifique, et naturellement élément essentiel le piano dont toute femme de qualité sait jouer à l'époque. Ce n'est pas une screwball, mais une délicieuse comédie tournant autour du quatuor femme, mari, amant, maîtresse. Le spectateur contrairement aux protagonistes sait ce qui se trame et qui est qui. Les duos entre Garson et Crawford sont superbes, notamment cette scène au piano, et cette longue confrontation entre les deux femmes, filmées tour à tour en champ, contrechamp, mais comme par hasard, Joan Crawford apparaît toujours entière même de dos, alors qu'on ne voit qu'un bout de la coiffure de Greer Garson cachée par le dossier du fauteuil où elle est assise. Si Joan Crawford est dans un de ses emplois habituels, celle de la femme qui n'a peur de rien, il est plus inhabituel de voir Greer Garson dans ce style de personnage un peu loufoque (peut-être Mrs Miniver appartient-il à ce registre, mais n'ayant pas vu le film, à ma grande honte), on la retrouve plus en femme bafouée. La plus belle scène est sans doute la confrontation centrale entre les deux femmes qui ne savent pas qui elles sont l'une par rapport à l'autre et se révèlent leurs atouts de "séduction". Robert Taylor, bien que dans son rôle d'amoureux transi, est quand même le deus ex machina de l'entreprise, et se révèle une fois encore très bon acteur, loin de l'image un peu figée de ses héros médievaux qui marquent la plupart des esprits. Quant à Herbert Marshall, il est parfait en mari trompeur. Joan Crawford et Greer Garson sont particulièrement belles et bien filmés, la première est particulièrement superbe dans la première scène avec sa robe "capuche". A noter aussi Spring Byington tout aussi parfaite en amie-entremetteuse que dans son rôle de provinciale de Theodora goes wild.
Duel de Femmes est un film tout à fait charmant qui vaut notamment pour cette confrontation entre deux grandes actrices de l'époque, dont Greer Garson un peu oubliée aujourd'hui !

Copie TCM

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Nancy goes to Rio - Robert Z Leonard (1950)

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La MGM produit ici une de ses comédies musicales dont elle seule a le secret, on sait tout de suite qu'il s'agit d'une production du Lion et non de la Fox. Même s'il est évident ici que MGM a piqué sa vedette exotique à la Fox à savoir Carmen Miranda qui nous régale de ses costumes chamarés dans le dernier numéro, quel chapeau orné de parapluies. Sinon Jane Powell est tout à fait charmante dans le rôle de Nancy, même si on a du mal à croire à la jeune adolescente qu'elle est censée incarner. Ann Sothern est plus à son aise dans le rôle de la mère. Par contre, les décors sont vraiment des décors, mais si dans certaines comédies musicales on sait que c'est un parti pris, on se pose vraiment la question ici. Quand on voit la maison avec ce magnifique décor peint du pain de sucre ou encore la vue du restaurant. Toutefois on a aussi mêlé quelques vues du vrai Rio et de son Carnaval pour faire couleur locale. Louis Calhern est tout à fait exquis en grand père un peu loufoque. La musique n'est guère inoubliable sauf peut-être l'air d'ouverture un rien entêtant. Et effectivement on se demande pourquoi Jane Powell se met à chanter le "Quando m'en vo" comme cela sans réel motif scénaristique et encore moins dans la lignée musicale de cette comédie, mais bon Alors oui, ce n'est guère une comédie musicale inoubliable, elle est même totalement dispensable, mais elle est bien le reflet de cette période dorée du cinéma américain et de ce technicolor flamboyant qui rend si bien dans les numéros exotiques, ce qui fait qu'on passe quand même un agréable moment devant cette comédie sans prétention.
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Ann Harding
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Re: Monsieur et Madame (Mae Murray) Robert Z.Leonard

Message par Ann Harding »

francesco a écrit :Les films étaient-ils projetés à cette vitesse trépidente, au détriment du réalisme de l'action ? Merci aux spécialistes de répondre s'ils passent par ce topic.
J'ai le DVD du film depuis un petit moment et je ne l'ai toujours pas regardé. Je viens d'y jeter un oeil. Effectivement, la vitesse de projection m'a semblée bien trop rapide. Etant donné que c'est un film de 1919, il devrait être projeté plus lentement que les films de la fin des années 20. On a l'impression qu'il est projeté à la vitesse du son....

Quant à RZ Léonard durant la période muette, j'ai pu voir The Cardboard Lover (1928), une comédie sympa avec Marion Davies et A Lady of Chance (1928) avec Norma Shearer en aventurière, plutôt réussie.
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Re: Monsieur et Madame (Mae Murray) Robert Z.Leonard

Message par Ann Harding »

Quelques précision supplémentaires sur la vitesse de Delicious Little Devil. Le film a une longueur de 5650 pieds ce qui ferait projeté à 24 im/sec: 62 min. Vue la durée du DVD (56 min) on peut en conclure qu'il a bel et bien été projeté à 24 im/sec. :idea:
feb
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Re: Robert Z. Leonard (1889-1968)

Message par feb »

Chronique mondaine (After Office Hours) - Robert Z. Leonard (1935)
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Jim Branch (Clark Gable), rédacteur en chef d'un grand quotidien, n'a qu'une obsession : décrocher des scoops quelque soit la méthode employée. Un matin, il licencie une de ses journalistes, Sharon Norwood (Constance Bennett), une jeune femme riche et qui fréquente le gratin de la ville mais s'en mord les doigts quand il se rend compte qu'elle peut l'aider dans le cadre du procès Patterson car elle est très bonne amie avec Tommy Bannister (Harvey Stephens ), avocat impliqué dans le procès car soupçonné d'être l'amant de Madame Patterson. Jim essaye alors de la séduire pour qu'elle revienne, tombe amoureux de Sharon qui ne supporte pas qu'il puisse accuser Bannister d'être l'amant. Un matin on découvre le cadavre de Madame Patterson chez elle
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on connait cependant le meurtrier en la personne de Tommy Bannister
et Sharon certaine que Bannister est innocent lui sert d'alibi. Branch est persuadé du contraire et va tout faire pour prouver sa culpabilité et se rattraper aux yeux de celle qu'il aime.

Premier film que je visionne avec l'actrice Constance Bennett et je dois reconnaitre qu'elle forme un couple particulièrement sympathique avec Clark Gable. Cette comédie MGM est agréable, rythmée et bien interprétée. L'histoire, aussi légère soit-elle, permet à Clark Gable d'endosser le rôle d'un rédacteur de presse beau parleur, menteur, filou, dragueur et c'est franchement un plaisir de le voir dans ce type de rôle (Jeremy Fox ne pourra pas me contredire :mrgreen: ). Il débite son texte façon mitraillette, drague la mère de Sharon pour pouvoir faire de même avec la fille, se retrouve à cheval sur le guidon d'une moto de police pour rattraper sa belle, bref on a l'impression de voir un mélange de Cary Grant dans la Dame du Vendredi et Cette sacrée vérité avec le Clark Gable de New York-Miami :mrgreen:
Constance Bennett, quand à elle, est parfaite dans son rôle de femme mondaine avec appartement luxueux (merci la MGM :fiou: ) et tenue impeccable (merci Adrian :fiou: ) qui joue au jeu du chat et de la souris avec Gable en se laissant séduire puis en repoussant ses avances. L'actrice se montre à l'aise dans ce rôle (même si une actrice comme Irene Dunne ou Claudette Colbert aurait sans doute pu apporter un petit +) et offre un excellent adversaire à Gable pendant les 72 minutes que dure le film.
La réalisation est tout ce qu'il y a de plus honnête, rien de bien extraordinaire mais le film glisse tout seul, sans temps mort et marie assez bien la screwball comedy, l'enquete policière et la romance entre les 2 interprètes :wink: A noter aussi que les seconds rôles, Billie Burke dans le rôle de Mme Norwood en tête, sont bons. 8/10
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Cathy
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Re: Robert Z. Leonard (1889-1968)

Message par Cathy »

Etrange Interlude, Strange Interlude (1932)

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Une jeune femme qui a perdu son fiancé durant la guerre, accepte d'épouser un des ses amis mais succombe à l'amour d'un autre de ses amis dont elle a un fils. Les années se passent.

Attention spoilers

Robert Z Leonard adapte une pièce d'Eugene On Neill avec ce film. Le thème est totalement ancré dans l'ambiance précode. En effet, la jeune femme à la mort de son fiancé durant la guerre, avoue avoir des relations avec d'autres hommes pour visiblement uniquement l'oubli de soi-même, elle épouse un ami qui en est fou amoureux, mais sur les conseils de la mère de ce dernier qui lui révèle que de nombreux cas de folie existent dans la famille de son mari, prend un amant et en a un enfant qu'elle fera passer pour l'enfant de son mari, afin de le rendre heureux. Il y a aussi le personnage de cet amoureux transi "Oncle Charlie". Bref durant une vingtaine d'années on suite les tribulations de cette famille. Mais le film est très étrange, comme d'après O'Neill, les pensées des personnages sont aussi voire plus importantes que leurs paroles car on ne pense pas ce que l'on dit, toutes les scènes sont un mélange de dialogue entre les différents personnages et leur voix off qui commente leur pensée du moment. Mais le problème c'est que cela sonne faux, on a l'habitude des voix off qui raconte des histoires ou fait des commentaires sur la philosophie de la vie, ici c'est une voix off qui traduit l'émotion du personnage et son ressenti envers l'autre personnage. Le problème réside dans le jeu où le personnage semble prendre la pose qui correspond à la pensée qu'il vient d'évoquer et non totalement dans la scène qu'il est en train de vivre. Le film est rythmé par quelques scènes clés de la vie de Nora, et sur ses états d'âme où elle hésite toujours entre tout avouer à son mari, et ne rien dire quitte à rendre tout le monde heureux ou malheureux !
Nous sommes aussi dans une adaptation théâtrale et cela se sent dans le final, avec l'emphase des personnages, la manière de "déclamer"' son dialogue. Le film est donc assez pénible à suivre, alors qu'une narration linéaire en ferait un mélodrame classique, typique d'une époque, mais bien plus visible. Il y a aussi le grimage des personnages âgés qui paraît très forcé notamment celui de Clark Gable qui apparaîtra aussi pour la première fois avec sa fine moustache.
Côté interprétation, Norma Shearer fait du Norma Shearer, elle est dans le pathos, mais bon le personnage étant dans le pathos, cela ne dérange pas outre mesure, mais ces fameuses "pensées" qu'elle doit montrer sonne faux. Clark Gable se montre beaucoup plus crédible dans cette alternance dialogue/pensée. Il y a aussi Ralph Morgan dont le jeu en vieil amoureux transi est souvent outré, mais dont les pensées font souvent sourire, ce qui est agréable dans ce sombre mélodrame. Enfin il y a le jeune Robert Young en fils devenu adulte, qui s'en tire fort bien, il faut dire que son personnage est sans doute avec celui de sa fiancée jouée par la fraiche Maureen O Sullivan celui qui n'a quasiment pas de ces voix off. Bref un film très étrange, qui laisse une impression désagréable dans sa première partie glauque à souhait et devient un mélodrame traditionnel dans sa dernière partie.
Dernière modification par Cathy le 15 juin 11, 20:52, modifié 1 fois.
francesco
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Re: Robert Z. Leonard (1889-1968)

Message par francesco »

C'est bizarre, hein ? Je le garde depuis des années, pour Shearer essentiellement, mais souvent je suis tenté de m'en débarasser.
Le film a fait hurler de rire des générations, dès l'époque de sa première projection.

En fait je crois que c'est, de toute manière, la pièce d'O'Neil qui a assez mal vieilli. Et alors avec ce système de voix off qui fige qui les personnages bouche close pendant cinq minutes ...
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Cathy
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Re: Robert Z. Leonard (1889-1968)

Message par Cathy »

Ca m'a fait plutôt bailler d'ennui qu'hurler de rire ! Mais c'est vrai que je me suis dit que je ne le reverrai certainement pas. Je ne sais pas si c'est tant la pièce d'O Neill qui a vieilli que la manière dont c'est filmé ! Ce qui est pénible c'est effectivement ces poses qui traduisent leur pensée et qui ne collent pas avec ce qui se passe avant !

Ceci étant la scène finale m'a fait hurler de rire tellement c'est faux, attendu et trop mais beaucoup trop théâtral !
feb
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Re: Robert Z. Leonard (1889-1968)

Message par feb »

A la lecture de ton messsage Cathy et de vos impressions je sens que je vais me régaler :mrgreen:
riqueuniee
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Re: Robert Z. Leonard (1889-1968)

Message par riqueuniee »

Seul film que je connais vraiment de ce cinaste : l'ile au complot, avec Charles Laughton et Ava Gardner. Essentiellement, au départ, parce que le film a été largement utilisé '(à égalité avec les Tueurs de Siodmak par Carl Reiner pour son hommage au film noir,les Cadavres ne portent pas de costards.
Question subsidiaire. Carlotta (l'iîle où se passe le film) a-t-elle influencé, pour leur raison sociale, Carlotta films ?
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cinephage
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Re: Robert Z. Leonard (1889-1968)

Message par cinephage »

Je crois que ce nom vient d'une Carlotta plus hitchcockienne... :wink:
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Jeremy Fox
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Re: Robert Z. Leonard (1889-1968)

Message par Jeremy Fox »

cinephage a écrit :Je crois que ce nom vient d'une Carlotta plus hitchcockienne... :wink:
indeed ; il suffit de voir la spirale de leur logo
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Père Jules
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Re: Robert Z. Leonard (1889-1968)

Message par Père Jules »

Je confirme aussi, ça tient plus de Vertigo qu'autre chose ;)
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