Le Western américain : Parcours chronologique II 1950-1954

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jack Carter
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jack Carter »

Jeremy Fox a écrit :Ceci dit, l'année 1954 a vraiment du mal à décoller. Mais bon, ça ne va pas tarder :)
tu m'etonnes !

* La Brigade Héroïque (Saskatchewan) : Raoul Walsh 30/03
* Le Cavalier Traqué (Riding Shotgun) : André de Toth 01/04
* Rivière sans Retour (River of no Return) : Otto Preminger 30/04
* Johnny Guitare (Johnny Guitar) : Nicholas Ray 26/05
* Bronco Apache (Apache) : Robert Aldrich 09/07
* Le Jardin du Diable (Garden of Evil) : Henry Hathaway 09/07
* Quatre Etranges Cavaliers (Silver Lode) : Allan Dwan 23/07
* Le Raid (The Raid) : Hugo Fregonese 04/08
* Terreur à l’Ouest (The Bounty Hunter) : Andre De Toth 25/09
* Tornade (Passion) : Allan Dwan 06/10
* L’Aigle Solitaire (Drum Beat) : Delmer Daves 10/11
* La Reine de la Prairie (Cattle Queen of Montana) : Allan Dwan 18/11
* Track of the Cat : William Wellman 27/11
* Vera Cruz : Robert Aldrich 25/12

:D
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

Jack Carter a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Ceci dit, l'année 1954 a vraiment du mal à décoller. Mais bon, ça ne va pas tarder :)
tu m'etonnes !

* La Brigade Héroïque (Saskatchewan) : Raoul Walsh 30/03
* Le Cavalier Traqué (Riding Shotgun) : André de Toth 01/04
* Rivière sans Retour (River of no Return) : Otto Preminger 30/04
* Johnny Guitare (Johnny Guitar) : Nicholas Ray 26/05
* Bronco Apache (Apache) : Robert Aldrich 09/07
* Le Jardin du Diable (Garden of Evil) : Henry Hathaway 09/07
* Quatre Etranges Cavaliers (Silver Lode) : Allan Dwan 23/07
* Le Raid (The Raid) : Hugo Fregonese 04/08
* Terreur à l’Ouest (The Bounty Hunter) : Andre De Toth 25/09
* Tornade (Passion) : Allan Dwan 06/10
* L’Aigle Solitaire (Drum Beat) : Delmer Daves 10/11
* La Reine de la Prairie (Cattle Queen of Montana) : Allan Dwan 18/11
* Track of the Cat : William Wellman 27/11
* Vera Cruz : Robert Aldrich 25/12

:D
A quelques titres près, c'est à peu près ça :wink:
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Jeremy Fox
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Saskatchewan

Message par Jeremy Fox »

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La Brigade héroïque (Saskatchewan, 1954) de Raoul Walsh
UNIVERSAL


Avec Alan Ladd, Shelley Winters, J. Caroll Naish, Hugh O'Brian, Robert Douglas, George J. Lewis, Richard Long, Jay Silverheels
Scénario : Gil Doud
Musique : Joseph Gershenson
Photographie : John F. Seitz (Technicolor 1.37)
Un film produit par Aaron Rosenberg pour la Universal


Sortie USA : 30 mars 1954

Alors que le studio roi du western nous avait bien déçu en ce début d'année 1954 avec un doublé totalement raté de l'habituellement excellent George Sherman, c'est heureusement aussi grâce à lui (Universal donc) que les trois premiers mois de cette même cuvée n'auront pas été ponctués que de petites bandes sans grand intérêt. Après Ride Clear of Diablo (La Chevauchée avec le diable) de Jesse Hibbs, c'est donc au tour de Saskatchewan de nous remonter un peu le moral. Par contre, il n'est pas du tout évident que j'arrive à vous convaincre de l'intérêt de ce western considéré par une immense majorité d'amoureux de Raoul Walsh comme étant très mineur, voire un de ses plus mauvais films. "This is the least interesting of Walsh's Westerns of the fifties" écrivait même Phil Hardy dans son passionnant 'catalogue' sur le genre. Au moins, malgré l'avis très positif que j'émettrais à son propos, vous aurez été prévenus !

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Au printemps 1877, le long de la rivière Saskatchewan. Thomas O’Rourke (Alan Ladd) et son demi-frère Cajou (Jay Silverheels), un indien de la tribu des Cree (au sein de laquelle O'Rourke a été élevé), sont de retour d’une saison de chasse. O'Rourke doit reprendre son service en tant que sergent dans la police montée canadienne. Sur le chemin du retour, ils découvrent les restes d’un convoi massacré par les Indiens dont la seule survivante est une américaine du Montana, Grace Markey (Shelley Winters). À contrecœur, la jeune femme est obligée de les suivre jusqu’au fort, O'Rourke refusant de la laisser à la merci des mêmes indiens belliqueux. En effet, ils ont confirmation en arrivant au fortin qu’après leur victoire sur le régiment du général Custer, les Sioux viennent de franchir la frontière pour convaincre les Crees de se joindre à eux pour combattre les blancs. Contre l’avis d’O’Rourke, Benton (Robert Douglas), le nouveau commandant qui ignore beaucoup de choses à propos des Indiens, désarme les Crees qui se retrouvent dans l'incapacité d'aller chasser pour se nourir. Comme si l'imminent conflit à régler ne suffisait pas pour occuper nos vaillants soldats à la tunique écarlate, arrive alors le Marshall Smith (Hugh O'Brian) avec ordre d’arrêter Grace, recherchée pour meurtre aux USA. L’homme qu’elle a tué n’est autre que le propre frère de Smith. Apprenant que les Sioux se préparent à attaquer le Fort Walsh situé près de la frontière, Benton donne l’ordre de se porter au secours des assiégés, escortant par la même occasion Smith et sa prisonnière. Le détachement à peine parti depuis quelques heures qu' O’Rourke doit suppléer au manque d’expérience de Benton au point de se mutiner et de prendre le commandement...

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Le fait d'apprécier plus que de raison ce 11ème western parlant de Walsh reste assez cohérent concernant mes étranges 'relations westerniennes' avec ce cinéaste. En gros, à l'exception de La Piste des géants (The Big Trail) et de l'admirable La Charge fantastique (They Died with their Boots on) pour lesquels je joins mes louanges au consensus existant à leur encontre, mes préférences concernant les westerns de cet immense réalisateur se portent avant tout vers ses 'petits' films. Plutôt que de m'enthousiasmer devant La Vallée de la peur (Pursued), La Rivière d'argent (Silver City), Une corde pour te pendre (Along the Great Divide), voire même La Fille du désert (Colorado Territory) - qui ne m'ont pas entièrement convaincus, persuadé pour autant qu'ils sont loin d'être de mauvais films - je me tourne plutôt avec délectation vers des titres bien moins célébrés tels Cheyenne, Bataille sans merci (Gun Fury) ou bien cette Brigade héroïque, trois films certes objectivement moins importants mais qui me conviennent bien mieux. Sans parler de son western qui a désormais ma préférence, déjà une petite production Universal peu connue du grand public : Victime du destin (The Lawless Breed) avec Rock Hudson et Yvonne de Carlo. Bref, tout ça pour dire qu'il ne faut pas trop faire attention à mes critiques des films de Walsh puisqu'ils s'éloignent beaucoup de l'avis général. La preuve une nouvelle fois concernant Saskatchewan que je considère comme un Distant Drums réussi, Les Aventures du Capitaine Wyatt étant selon moi, malgré sa réputation, un film d'aventure soporifique, dénué d'intérêt et totalement mal fichu. Les ressemblances entre les deux films : une espèce de course-poursuite entre soldats et indiens en milieu hostile.

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Tout ça pour en arriver au fait que sur moi, le 'style' Aaron Rosenberg a encore fonctionné à plein. Car s'il n'atteint pas, très loin s'en faut, les sommets de Bend of the River (Les Affameurs), sa plus belle production, le film de Walsh possède certains points communs avec ce chef-d'oeuvre du western et notamment dans l'attention toute particulière portée aux décors naturels (ici ceux du Banff National Park), l'importance accordé aux paysages, la majesté des montagnes, la quiétude des lacs, le lyrisme de la musique qui enveloppe ces merveilleux décors de carte postale (avec entre autres la mélodie de la comptine 'A la claire fontaine', alors très populaire au Québec en ce temps là, quasiment son premier hymne national)... La grande différence est que si chez Anthony Mann les personnages étaient aussi richement décrits que les lieux de l'action, il n'en va pas de même pour Saskatchewan qui, sur le fond, n'est guère très captivant... Western mineur certes mais formidable divertissement, de ceux qui auraient pu nous faire très facilement tomber amoureux du genre étant enfant car Walsh n'était jamais aussi à l'aise que dans l'action pure et au milieu de grands espaces bien aérés, ce qui est le cas ici.

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Alors que 'les soldats bleus', immortalisés par John Ford, sont légion dans le cinéma hollywoodien, très rares sont les westerns mettant en scène 'les tuniques rouges' de la police montée canadienne excepté, pour les plus connus, le film qui nous intéresse ici ainsi que le médiocre La Dernière flèche (Pony Soldier) de Joseph Newman ou encore celui de Cecil B. DeMille qui porte justement en français le titre Les Tuniques écarlates ; de par ce simple fait, ils s’avèrent déjà pour le moins inhabituels, voire insolites. Le film de Cecil B.DeMille, North West Mounted Police, même si souvent bavard et assez lent, était déjà bougrement plaisant ; Walsh met tout en œuvre pour que le dépaysement soit encore plus total. Pour cette raison, Saskatchewan (nom qui sonne 'exotique' et à la consonance prometteuse d’aventure), quoique secondaire, dégage un charme fou. C’est encore aujourd'hui, le film quasi idéal pour les parents qui voudraient voir leur plus jeune progéniture s’émerveiller devant un western ou un film d'aventure d'antan ; il est cependant important de prévenir qu’il faut avoir gardé son âme d’enfant pour pouvoir y prendre du plaisir car La Brigade héroïque est un film à l’imagerie naïve, aux péripéties attendues et aux personnages croqués à gros traits de crayons. Un western lumineux par sa photo, sa lumière, ses paysages chatoyants, ses costumes éclatants, le tout splendidement mis en valeur par le flamboyant Technicolor de la firme Universal.

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Ici les scènes d’action et de batailles se déroulent sans violence excessive (à noter cependant, probablement la première fois que l'on voit le plan d'un homme scalpé), aucune réelle noirceur dans les sentiments, les Indiens sont bariolés, les tuniques rouges scintillantes, les forêts d’un vert profond, les lacs d’un bleu turquoise, les cascades majestueuses, tout comme le thème musical qui les dévoilent au détour d’un plan. Certains pourront être gênés par le ton légèrement paternaliste adopté pour décrire les tribus indiennes, mais ceci participe de la candeur de l’ensemble et doit être aisément pardonné car il ne s’accompagne d’aucun mépris à leur égard. D'ailleurs à ce propos, J. Carrol Naish a une réplique assez géniale au moment où l'homme de loi américain se désole de voir les indiens canadiens fainéanter au lieu de s'occuper et qu'il ne verrait certainement pas cet état de fait dans son pays, "normal, ils sont trop occupés à fuir devant le harcèlement des Tuniques bleues".

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Car que raconte Saskatchewan pour ceux qui n'auraient pas eu envie de lire le pitch ? L’histoire, en 1877, des Sioux qui, après leur victoire sur Custer (fait historique déjà narré par le cinéaste dans La Charge fantastique avec Errol Flynn dans le rôle du Général) décident de franchir la frontière canadienne pour convaincre les Crees de les rejoindre dans leur bataille contre les blancs. Ils décident de commencer par attaquer le Fort Walsh situé à la frontière. L’apprenant, un détachement de l’armée canadienne emmené par un commandant manquant d’expérience va se lancer dans la traversée d’une grande étendue du pays pour se porter à son secours ; seulement eux aussi sont repérés et poursuivis par les Indiens... Quand vous saurez que le convoi comprend aussi une femme accusée de meurtre (Shelley Winters convaincante et étonnamment plantureuse ; merci les costumiers !), un shérif qui souhaite la ramener pour la faire juger sans auparavant avoir tenté de la violer, un sergent de la police montée élevé par les Indiens (Alan Ladd, comédien à réévaluer ne serait-ce que pour être l’un des rares à avoir pour l'instant fait un sans faute dans le choix de ses westerns, et à qui les plus jeunes pourront facilement s’identifier) qui décide de se mutiner contre son commandant pour sauver le détachement du massacre imminent, etc., vous aurez deviné que le film ne laisse pas une seconde de répit et qu’il est truffé de rebondissements.

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Un scénario peu complexe, une histoire simple et linéaire qui fait peu de cas de la psychologie et qui arrive à se faire grandement apprécier en connaissance de cause d'autant que les dialogues ne sont pas dépourvus de réparties cinglantes ou bien senties ; en gros, nous tenons un peu avec ce film l'équivalent de ce que fera Disney avec Davy Crockett sauf que Saskatchewan bénéficie d'un gros budget parfaitement utilisé (hormis les nuits américaines et les effets pyrotechniques totalement ratés), d'une mise en scène ample et formidablement efficace lorsqu'il s'agit de faire évoluer une importante figuration ainsi que d'une interprétation de qualité avec notamment un excellent Robert Douglas (déjà parfait dans Le Rebelle de King Vidor, La Flèche et le flambeau de Jacques Tourneur ou Ivanhoé de Richard Thorpe) dans le rôle du commandant contre lequel les soldats se mutinent, de prime abord idiot et borné mais finissant par admettre ses erreurs et oublier son humiliation. Finalement, tout comme celui du shérif aux obscures motivations, on trouve néanmoins des protagonistes plus ambigus qu'on aurait pu le penser de prime abord. A côté de ça, le personnage joué par Alan Ladd est plus monolithique, un héros pur et dur, nonchalant, laconique et qu'aucune situation n'effraie. Entre ces mains, c'est vrai que le suspense n'a plus raison d'être pour le spectateur car on le sent capable de résoudre les problèmes les plus complexes et se sortir des situations les plus épineuses.

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En résumé, un divertissement coloré au rythme assez soutenu, pas aussi négligeable qu’on a pu le dire, au milieu de la filmographie prolifique de Raoul Walsh. Attention cependant ; on sait que Hollywood est un champion 'es-fantaisie historique' mais Gil Doud a fait très fort au point de mentir déjà lors du prologue en écrivant que les extérieurs avaient été filmés sur les lieux même des faits alors qu'il n'en est rien (faits et actions qui, telles que montrés dans le film avec moult batailles épiques - superbement filmées d'ailleurs- n'eurent jamais lieu). L'uniforme de la Police Montée canadienne que l'on voit dans le film de Walsh est celui qui vêtira les soldats de sa majesté seulement à partir de 1897. Le tournage a eu lieu dans la région d'Alberta, celle de Saskatchewan étant dans la réalité dépourvue... de montagnes !!! D'ailleurs la province de Saskatchewan a attiré beaucoup de monde suite à la sortie du film ; quelle ne fut pas la déception des touristes qui pensaient y trouver les splendides montagnes vues dans le film de Walsh ! Toujours pour l'anecdote, pendant ce temps, sur les véritables lieux de tournage, à quelques kilomètres de celui de Walsh, en avait lieu un autre dirigé par Otto Preminger, celui de Rivière sans retour. Les deux équipes se retrouvaient le soir dans le même complexe hôtelier.

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Enfin et surtout, pour en finir avec la fantaisie hollywoodienne, les Sioux ne sont jamais remontés si haut dans le Nord et la raison de leur 'voyage' n'était pas de convaincre les tribus canadiennes de les suivre dans leur combat contre les Tuniques Bleues mais uniquement de trouver un refuge loin de la cavalerie américaine, de peur des représailles qui auraient vraisemblablement suivies la victoire de leur tribu à Little Big Horn. Bref, amis de la vérité historique, vous pouvez passer votre chemin ! Un superbe livre d'images d’Épinal pour ceux qui aiment ça ! Le réalisateur s’est visiblement régalé à magnifier les somptueux paysages qu’il avait à sa disposition et c’est à nous spectateurs d’en faire à présent de même.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

Oui, de très belles vues sur ce lac dans le courant du film. Walsh semble avoir été inspiré pour le prendre sous ses plus beaux angles.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Rick Blaine »

Les captures sont belles. Et le texte donne envie de lui redonner une chance, je suis peut-être un peu dur avec ce film :?:
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Wagner »

Jeremy Fox a écrit :Oui, de très belles vues sur ce lac dans le courant du film. Walsh semble avoir été inspiré pour le prendre sous ses plus beaux angles.
Au vu de tes captures, j'ai eu l'impression que Walsh a fait le tour des hauts lieux touristiques de la région version guide du routard local.

Tu devrais proposer ton top des plus beaux lieux de tournage dans le western, en tout cas il m'intéresserait.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

Wagner a écrit :
Tu devrais proposer ton top des plus beaux lieux de tournage dans le western, en tout cas il m'intéresserait.
J'y réfléchirais mais j'en serais incapable de suite. Disons que les paysages qui m'ont pour l'instant le plus marqués sont ceux de Bend of the River (Les Affameurs) de Mann
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Wagner »

Jeremy Fox a écrit :
Wagner a écrit :
Tu devrais proposer ton top des plus beaux lieux de tournage dans le western, en tout cas il m'intéresserait.
J'y réfléchirais mais j'en serais incapable de suite. Disons que les paysages qui m'ont pour l'instant le plus marqués sont ceux de Bend of the River (Les Affameurs) de Mann
Oui, il y aurait pas mal de choses à creuser sur ce sujet, Mann étant un chrétien convaincu qui possède une approche très désenchantée du paysage que traversent des personnages sans vraiment se rendre compte de quoi que ce soit. Sa "pastorale" n'a rien à voir avec celle de Delmer Daves.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

Wagner a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
J'y réfléchirais mais j'en serais incapable de suite. Disons que les paysages qui m'ont pour l'instant le plus marqués sont ceux de Bend of the River (Les Affameurs) de Mann
Oui, il y aurait pas mal de choses à creuser sur ce sujet, Mann étant un chrétien convaincu qui possède une approche très désenchantée du paysage que traversent des personnages sans vraiment se rendre compte de quoi que ce soit. Sa "pastorale" n'a rien à voir avec celle de Delmer Daves.
Ce sont d'ailleurs les deux "pastorales" que je garderais en priorité, celle de Daves étant tout aussi splendide. Car si les personnages ne semblent pas se rendre compte de la beauté des paysages qui les entourent, le cinéaste si ; et du coup le spectateur aussi.

George Sherman n'est pas mauvais non plus sur ce plan là
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Message par Wagner »

Jeremy Fox a écrit :George Sherman n'est pas mauvais non plus sur ce plan là
Lui je ne le connais presque pas.
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Message par feb »

Belle chronique Jeremy :wink: Depuis le temps qu'il patiente dans mon meuble, il va falloir que je le découvre :mrgreen:
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Riding Shotgun

Message par Jeremy Fox »

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Le Cavalier Traqué (Riding Shotgun, 1954) de André De Toth
WARNER


Avec Randolph Scott, Wayne Morris, Joan Weldon, Joe Sawyer, James Millican, Charles Buchinsky, James Bell
Scénario : Tom Blackburn d'après une histoire de Kenneth Perkins
Musique : David Buttolph
Photographie : Bert Glennon (Warnercolor 1.37)
Un film produit par Tom Sherdeman pour la Warner


Sortie USA : 01 avril 1954

Un ‘Riding Shotgun’ est un gardien de diligence doté d’un fusil, un homme voyageant aux côtés du conducteur, destiné à protéger les passagers et à impressionner les éventuels bandits qui voudraient dévaliser les cargaisons ; c’est le métier choisi par Randolph Scott dans ce western pour arriver à assouvir une vengeance. On ne le verra cependant dans l’exercice de ses fonctions que durant les cinq premières minutes. Il s’agit de la cinquième (et avant dernière) collaboration du comédien avec le cinéaste André De Toth, ce dernier signant aussi pour l’occasion son 8ème western. Riding Shotgun se démarque un peu des précédents westerns du cinéaste, privilégiant cette fois le suspense et la tension aux dépens de l’action. Dans Le Cavalier traqué, plus de conflits familiaux ni de bifurcations vers le film noir (Ramrod), plus d’ancrage dans une période historique forte, celle notamment de la Guerre de Sécession sur fond d’intrigues d’espionnage (La Mission du commandant Lex), plus de description de cette difficile période d’après-guerre (La Trahison du Capitaine Porter), plus de conflits avec les indiens (The Last of the Comanches) et surtout beaucoup moins de dépaysement et d’action non-stop (Le Cavalier de la mort ; Les Massacreurs du Kansas ; Carson City). Une fois que Randolph Scott arrive en ville au bout de 16 minutes de film, lui et le spectateur n’en sortiront plus, l’acteur étant même confiné dans une ‘cantina’ durant plus d’une demi-heure. Bref, un film plus austère, un des rares westerns urbains d’André de Toth pour une œuvre pas déplaisante qui se situe dans une honnête moyenne au sein de sa filmographie. Dans ce que nous avons déjà pu voir, il est néanmoins permis de lui préférer le rebondissant Le Cavalier de la mort, le captivant La Mission du Commandant Lex ainsi que le très intéressant La Trahison du Capitaine Porter.

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Larry Delong (Randolph Scott) est obsédé depuis trois ans par la décision de tuer Dan Marady (James Millican), le chef d’un gang de détrousseurs de diligence responsable de la mort de sa sœur et de son neveu. En ayant choisi d’être ‘Riding Shotgun’ (gardien de diligence), il espère ainsi un jour ou l’autre tomber sur son ennemi. Ayant effectivement dans l’idée de voler la cargaison qui se trouve dans la voiture escortée par Larry, le tueur décide de tendre un piège à ce dernier en envoyant un de ses hommes l’appâter. L’embuscade fonctionne parfaitement ; Larry est fait prisonnier ; on le laisse attaché en plein soleil en espérant qu’il n’en réchappera pas mais auparavant, le sachant bientôt plus de ce monde, on ne manque pas de lui apprendre le vil plan qui se trame ; faire en sorte qu’un Posse soit organisé suite au hold-up de la diligence afin de démunir la ville la plus proche de ses hommes vaillants et ainsi pouvoir aller y dévaliser tranquillement la maison de jeu ainsi que la banque. Tout se passe comme prévu : la diligence est attaquée, le conducteur tué. Larry, qui a réussi à se délivrer, se dirige vers Deepwater pour avertir ses habitants de se préparer à la venue du gang de Marady. Mais, en ville, personne ne veut le croire. Quelques témoignages gênants font qu’on le soupçonne de faire partie du gang ; on en vient même à l’accuser du meurtre du conducteur et à tenter de l’appréhender afin de le pendre. Delong se réfugie au sein d’une Cantina où il va se trouver assiégé ; heureusement, l’adjoint du shérif, Tub Murphy (Wayne Morris), fait tout afin de retarder ce lynchage en espérant le retour imminent de son patron parti avec tous les hommes valides à la poursuite du gang… L’attente va être longue à la fois pour Larry, Tub et la jolie Orissa (Joan Weldon) qui s’inquiète pour son bien aimé assailli de tous côtés…

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"For three years I dedicated every waking moment of my life to scouring the frontier for a killer for a very personal reason. I'd worked at all kinds of jobs from Wyoming to Oregon. In the last year, I'd working every stage line between Canada and Mexico, riding shotgun. I knew that sooner or later my path would again cross that of the man I wanted—Dan Marady." La situation de départ est ainsi exposée par la voix-off de Randolph Scott. Alors qu’habituellement cette figure de style était plus souvent utilisée dans le film noir, on la retrouve tout au long de Riding Shotgun, Larry Delong exposant les situations et décrivant ses sentiments par cet intermédiaire. Malheureusement, si la voix-off donnait un cachet spécial et était indispensable au début pour bien faire comprendre les motivations des uns et des autres tout en allant à l’essentiel, elle se révèle par la suite plus redondante qu’autre chose, à vrai dire superflue ne faisant plus que décrire les actions dont nous sommes témoins ; au fur et à mesure, elle s’avère donc tout aussi inutile par exemple que le personnage féminin (pourtant interprété par la charmante Joan Weldon) dont on se demande bien ce qu’elle peut apporter à l’intrigue, celle d'un tireur d’élite qui rêve de se venger d'un chef de gang mais dont un concours de circonstance fait croire à la population d'une petite ville qu'il est un membre de la bande. Le voici qui doit se réfugier dans un bar en attendant la venue du shérif, les habitants ayant décidé de le pendre haut et court. Cette attente cloitrée en ville constituera la longue partie centrale entourée par un superbe prologue en extérieur et d’une fusillade finale durant laquelle le cinéaste s’est visiblement fait plaisir.

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Film de série au budget restreint et à la très courte durée (moins de 1h et quart), il entre dans la ‘série’ de ces œuvres décrivant les égarements et la bêtise d’une foule qui croit (ou veut croire) dur comme fer en une rumeur infondée et qui de ce fait devient violente et hargneuse, ne pouvant se calmer qu’une fois qu’un ‘présumé coupable’ ait été sacrifié sans aucune autre forme de procès. Riding Shotgun décrit assez bien cet état de fait et va même plus loin, puisqu’il fait dire à deux femmes qu’elles savourent la situation comme si elles se trouvaient au spectacle : « isn't it exciting? ». Avec le maccarthysme et ses ravages, les histoires de ce style avaient bénéficié d’un regain d’intérêt et s’étaient multipliées au début des années 50 mais avant, il y avait déjà eu les fameux Furie (Fury) de Fritz Lang, L’Intrus (Intruder in the Dust) de Clarence Brown et, dans le domaine du western, L’étrange Incident (The Ox-Bow Incident) de William Wellman, tous trois abordant dans le même temps le thème du lynchage. Aux Etats-Unis, Riding Shotgun a également souvent été comparé au Train sifflera trois fois (High Noon) de Fred Zinnemann pour sa partie centrale voyant un homme (que l’on sait intègre) seul contre tous dans le décor confiné d’une petite ville de l’Ouest, l’attente jouant un rôle primordial dans les deux films. Beaucoup parlent d’ailleurs à propos du film de De Toth d’une variation ironique (voire même parodique) de High Noon. Je n’irais pas dans ce sens car les histoires restent néanmoins bien différentes et que ce serait faire trop d’honneur à Tom Blackburn dont le scénario tient la route mais n’en est pas moins pour autant très classique, sans réelles surprises et phagocyté à plusieurs reprises par les travers habituels de la Warner dans le domaine du western. Humour lourdingue oui ; parodie volontaire, je n’y crois guère ! Quoiqu'il en soit, à mon humble avis, lourdeur pour lourdeur, je préfère de loin celle éparse du De Toth à celle constante du Zinnemann.

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Ah si les producteurs du studio avaient pu s’empêcher de vouloir injecter au sein d’intrigues on ne peut plus sérieuses des personnages aussi idiots que, dans ce film, le tenancier du bar dans lequel Randolph Scott va se réfugier. Fritz Feld (le comédien qui jouait le psychiatre dans L’impossible monsieur bébé de Howard Hawks) interprète avec un cabotinage éhonté ce barman préférant sauvegarder son miroir plutôt que sa femme mexicaine et sa ‘marmaille’ ; le voir pleurer de désespoir de savoir son précieux objet en danger nous fait complètement sortir du film ; tout comme cette idée comme climax du film de faire tomber tous les bandits prenant la fuite suite au sabotage de leurs selles. Comment à ces moments là pouvoir prendre au sérieux un western qui semble se transformer en un splastick ?! Seul contre tous, contre la bêtise de la foule excitée, contre les notables et les bandits... et voici que l’idiotie de certains pontes de studio fait basculer un bon film dans une bouffonnerie peu digne du talent de De Toth ! Car ce dernier, s’il n’a jamais été un grand directeur d’acteur (The last of the Comanche) ni ne possédait assez de personnalité pour sauver un mauvais scénario (Les Massacreurs du Kansas), se fait par contre toujours autant plaisir avec sa caméra : longs plans séquences avec superbes panoramiques, cadrages et angles de prises de vue originaux, magnifique utilisation des paysages naturels lors du premier quart d’heure avec notamment ce très beau plan d’une poursuite à cheval sur un plateau avec un lac en contrebas, scènes d’action d’une redoutable efficacité (l’attaque de la diligence ; le ‘gunfight’ final sans lumière dans la maison de jeu). Quant au fameux miroir, s’il est à l’origine de séquences censées être drôles mais qui se révèlent lourdingues, il est sinon utilisé très judicieusement par le réalisateur pour renforcer le suspense et pour construire certains superbes plans sur la rue principale de la ville et jouer sur la profondeur de champ.

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De Toth a aussi très bien su choisir ses acteurs puisque, outre Randolph Scott dont nous n’avons plus à vanter les mérites, il offre à Charles Bronson une très bonne séquence dans la première partie du film et à Wayne Morris l'occasion de jouer le protagoniste le plus intéressant de son film, celui du placide et sympathique adjoint du shérif, tout le temps en train d’aller remplir sa panse pour détourner l'attention et faire patienter ses concitoyens, espérant donner ainsi un sursis à son ami qui se trouve dans une sale posture. Un homme censé et raisonnable qui fait tout le nécessaire pour éviter le dérapage des habitants de la petite ville qu'il administre vers la justice expéditive. Quant à Howard Morris, sans la moindre parole, il arrive à être inquiétant, la corde à la main, attendant fébrilement de pouvoir la passer autour du cou de l’accusé. Pas mal de touches de réalisme (la manière qu’à Randolph Scott de resserrer sa selle avant de se lancer aux trousses d’un bandit…) assez bienvenues et quelques détails assez croustillants comme l’enfant au lance-pierre qui sauve d’ailleurs au final la vie de notre héros enfin ‘disculpé’.

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Un western de série B concis et tendu à l’intrigue épurée, simple et linéaire, assez conventionnel mais malgré tout assez réjouissant grâce à une belle galerie de personnages et à une mise en scène plutôt au dessus de la moyenne. Un huis-clos urbain intéressant dans sa description de la montée de la violence parmi la foule prête à lyncher, dont le final est un peu vite expédié mais qui pourra faire passer un excellent moment aux fanatiques du genre, d’autant plus que Randolph Scott est une fois de plus très à son aise et que James Millican campe ici un beau salaud de cinéma ‘as clever as he is ruthless’, à l'égal d'un Lee Marvin ou d'un Ernest Borgnine. Un bon De Toth !
Lord Henry
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Lord Henry »

Cela fait plaisir de voir que le film est disponible dans une copie correcte, parce que je ne pourrais pas en dire autant de celle utilisée pour les diffusions télévisées.
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

Lord Henry a écrit :Cela fait plaisir de voir que le film est disponible dans une copie correcte, parce que je ne pourrais pas en dire autant de celle utilisée pour les diffusions télévisées.
Attention cependant, ça reste une copie non restaurée avec multiples scratchs ici et là mais les captures peuvent te donner un assez bon aperçu de l'ensemble (pour les sous titres, il faut obligatoirement regarder le film sur un PC). Par contre, je ne pourrais te dire par rapport aux copies diffusées à la TV, ne les ayant pas vu.
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