Le Western américain : Parcours chronologique II 1950-1954

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jack Carter
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jack Carter »

oui, en effet :)
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

Jack Carter a écrit :oui, en effet :)
Glenn Ford / Gene Tierney / Ann Dvorak / Ethel Barrymore.... On a connu pire casting 8)
feb
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par feb »

Jeremy Fox a écrit :Glenn Ford / Gene Tierney / Ann Dvorak / Ethel Barrymore....On a connu pire casting 8)
Vu sous cet angle :oops: :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

feb a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Glenn Ford / Gene Tierney / Ann Dvorak / Ethel Barrymore....On a connu pire casting 8)
Vu sous cet angle :oops: :mrgreen:

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feb
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par feb »

Toi tu sais faire plaisir :mrgreen:
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Message par someone1600 »

Comme le dirais si bien un de mes amis...

"Sti c'est chicks une fille avec un gun..." :uhuh:
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Jeremy Fox
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The Secret of Convict Lake

Message par Jeremy Fox »

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L'Enigme du lac noir (The Secret of Convict Lake, 1951) de Michael Gordon
20TH CENTURY FOX


Avec Glenn Ford, Gene Tierney, Zachary Scott, Ann Dvorak, Ethel Barrymore, Helen Westcott, Barbara Bates, Jack Lambert
Scénario : Oscar Saul & Ben Hecht
Musique : Sol Kaplan
Photographie : Leo Tover
Une production Frank P. Rosenberg pour la 20th Century Fox


Sortie USA : 03 août 1951


Même s’il ne possède rien de forcément marquant, The Secret of Convict Lake s’avère néanmoins être une belle réussite, un curieux western faisant la part belle aux personnages féminins, mélange de drame psychologique, suspense et film noir. De ce fait, il apparaît incompréhensible que ce premier et singulier western de Michael Gordon ait été à ce point oublié de part et d’autre de l’Atlantique. Le film n’a pas eu les honneurs de se faire ‘notuler’ dans le copieux ‘catalogue’ de Phil Hardy et même le dictionnaire quasi-exhaustif de Jean Tulard l’a passé sous silence. Il semble en fait ne pas avoir été beaucoup vu hormis lors de ses récents passages à la télévision. Si on se projette un peu en avant, on constate qu’il préfigure beaucoup le célèbre La Chevauchée des bannis (Day of the Outlaws) de André de Toth. Jugez plutôt au vu du postulat de départ qui s’en rapproche d’assez près ; il s’agit en effet de l’histoire (tirée d’un fait réel, le lac Monte Diablo s’étant fait renommer ‘Convict Lake’ après les évènements qui s’y sont déroulés) d’un groupe d’évadés arrivant pour se réfugier dans un petit village de montagne enneigé au sein duquel seules les femmes s’y trouvent, leurs époux étant partis prospecter. Plus précisément…

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… Le 17 septembre 1871, vingt neuf prisonniers s’évadent du pénitencier de Carson City dans le Nevada. Cinq semaines plus tard, les six hommes qui n’ont pas été rattrapés se battent avec la neige et le blizzard dans les montagnes californiennes. Ces déplorables conditions météorologiques font rebrousser chemin aux poursuivants, le shérif étant certain que les ‘convict’ vont mourir de froid. Mais le petit groupe conduit par James Canfield (Glenn Ford) arrive dans un petit village près du lac Monte Diablo. Il n’y est cependant pas arrivé par hasard, ce lieu étant celui que souhaitait justement atteindre Canfield pour une raison bien précise (que je ne vous dévoilerais pas car constituant une partie du secret du titre original). Les évadés constatent rapidement que l’emplacement a été déserté par ses éléments masculins ; les voici en partie rassurés. Mais, alors qu’ils font leur apparition dans la rue principale du village, ils sont accueillis par les femmes le fusil à la main. Marcia Stoddard (Gene Tierney) remarque leurs chaînes aux chevilles et, après qu’ils aient été obligés d’avouer leur condition, sont relégués dans une des cabanes du village de laquelle ils n’ont pas le droit de sortir. Mais l’un des ex-prisonniers est blessé et Canfield demande à ce que l’on vienne le soigner. La vieille Granny (Ethel Barrymore) qui semble commander le village en l’absence des hommes accepte que trois d’entre elles se rendent assister le jeune Clyde, jeune meurtrier psychopathe. Alors que Canfield paraît curieusement intéressé par l’homme qui doit épouser Marcia, Rachel (Ann Dvorak) est entrepris un peu cavalièrement par l’inquiétant Greer (Zachary Scott). Les femmes, plus méfiantes que jamais, décident de cacher leurs armes. En se rendant la nuit nourrir les bêtes, Rachel, par peur, incendie la grange. Les fugitifs viennent à la rescousse. Cette aide redonnant confiance aux femmes, elles relâchent leur attention… à tort !

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Michael Gordon n’a réalisé que ce seul western avant Texas nous voilà en 1966. Issu d’une famille aisée, il fut d’abord acteur de théâtre avant de passer à la réalisation au début des années 40. D’un tempérament ‘humaniste’, homme cultivé et très sympathique selon les dires, il fit un film sur le problème de l’euthanasie (An act of Murder), quelques séries noires et enfin une adaptation du Cyrano d’Edmond Rostand avec José Ferrer. Porté sur une des premières listes édictées par le sénateur McCarthy, victime de la chasse aux sorcières, il dut arrêter sa carrière durant presque une décennie après The Secret of Convict Lake. Il reviendra derrière la caméra grâce au producteur Ross Hunter qui l’accueillera au studio Universal après qu’il ait du faire acte de contrition. Retour triomphal puisque ce sera par l’intermédiaire d’un énorme succès financier et par la même occasion l’une des comédies américaines les plus drôles jamais réalisée, Confidences sur l’Oreille (Pillow Talk) avec l’inénarrable duo Rock Hudson / Doris Day. Aucun des ses films suivants ne renouvellera cette réussite même si Move Over Darling, toujours avec Doris Day, était un remake sacrément réjouissant de Mon Epouse Favorite (My Favorite) de Garson Kanin avec Cary Grant et Irene Dunne.

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Une jolie surprise donc que son unique western : original, concis, tendu, bien interprété et joliment photographié (très bonne utilisation de superbes paysages bien intégrés avec les décors en studio notamment lors de la séquence de la poursuite finale de Zachary Scott par les hommes de loi). The Secret of Convict Lake n’est certes pas inoubliable par sa mise en scène ni par sa direction d’acteurs qui manquent toutes deux de puissance et de conviction mais Michael Gordon bénéficie d’un beau casting et nous octroie néanmoins quelques beaux moments de cinéma ; le prologue dans les étendues neigeuses nous happe directement, la séquence de la grange au cours de laquelle Ann Dvorak, apeurée, finit par y mettre le feu, s’avère un superbe moment de suspense et les séquences mouvementées sont sacrément efficaces. Dans la même veine, nous sommes loin de ce qu’avait fait par exemple William Wellman pour Yellow Sky (La Ville abandonnée) car Michael Gordon, bien trop sage, ne possède ni son talent de formaliste ni sa puissance évocatrice ni sa rudesse ; néanmoins, ce dernier n’a pas à rougir et son film aurait mérité bien mieux que sa disparition des anthologies du genre.

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Même si la seconde moitié du film est un peu plus convenue que la première avec une échappée du huis-clos vers la ville et du coup un changement total de point de vue quelque peu déstabilisant voire même carrément décevant, le scénario continue quand même à nous exciter jusqu’au bout nous offrant en outre encore quelques séquences de violence assez fulgurantes comme ‘l’enfourchement’ d’un des fugitifs par le groupe de femmes. Si les caractères de tous les personnages sont maintenant bien typés, les relations entre Zachary Scott et Ann Dvorak tout comme celles entre Glenn Ford et Gene Tierney continuent de nous intéresser, surtout les premières d’ailleurs, Ann Dvorak bénéficiant du personnage le plus complexe et par le fait le plus passionnant. Pour son dernier rôle au cinéma, elle s’avère la comédienne la plus inoubliable de la distribution par ailleurs de premier choix. Il s’agit d’une vieille fille un peu revêche qui, quand elle compatit avec une épouse attendant avec impatience et angoisse le retour de son époux, se voit rétorquer que mieux vaut quand même avoir quelqu’un à attendre que d'être dans sa situation d'esseulée. Frustrée sexuellement, elle va se jeter dans les bras du premier homme venu qui daigne avoir sur elle ne serait-ce qu’un regard concupiscent et même s’il s’agit d’un bandit à priori assez dangereux. Ce qui donnera l’occasion d’une séquence très osée pour l’époque, rarement encore vue au sein d’un western, celle qui surprend les amants peu après qu’ils viennent de faire l’amour. On constate que Rachel, sous son aspect à priori maussade et glacial s’avère finalement désirable et qu’elle a retrouvé après ça de la féminité dans son comportement et même sur son visage. Superbe image également que celle où, chargée de faire le guet, elle retrouve une certaine coquetterie alors qu’elle se voit dans le reflet de la vitre !

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En revanche, les autres acteurs, s’ils font tous très bien leur travail, ne trouvent pas de rôles spécialement mémorables que ce soient Glenn Ford, Gene Tierney, Ethel Barrymore ou Zacharie Scott ; ils sont très loin d’être mauvais non plus, juste un peu trop sobres pour le coup ! Tout comme Jack Lambert qui, malgré sa gueule inquiétante de l’emploi, n’a guère l’occasion de s’exprimer. La galerie de personnages n’en est pas pour autant dépourvue de richesse au sein de ce huis-clos psychologique trouble et tendu, rendu également oppressant par l’utilisation qui est faite de la partition de Sol Kaplan et des éclairages contrastés de Leo Tover. Captivant de bout en bout, le film dont Ben Hecht participa anonymement au scénario, manque un peu de chaleur et d'émotion mais se termine malgré tout sur un très joli happy end, apaisant et pour une fois pas incongru ni balancé sans prévenir comme si on avait voulu en finir au plus vite. Une belle histoire qui en profite par l’intermédiaire du personnage joué par Gene Tierney pour stigmatiser la vengeance. Humain et donnant aux femmes des rôles déterminants, un film modeste mais au final très attachant.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par O'Malley »

Entièrement d'accord avec Jeremy. Une excellente surprise que ce western, une véritable curiosité qui préfigure il est vrai La chevauchée des bannis d'André de Toth maisi aussi Les proies de Don Siegel , notamment avec cette mise en scène d'une guerre des sexes larvée en vase clos.
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Sybille
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Sybille »

Jamais entendu parler de ce film jusqu'à maintenant.

Le titre ne sonne pas du tout 'western'. :!:
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Chip »

Dans son livre sur Gene Tierney( édition edilig), Pascal Merigeaudit le plus grand mal de ce film: " peut-être le pire film que gene Tierney ait jamais tourné. Statique, conventionnel au possible et de surcroît passablement fauché, the secret.... dont la vision a été épargnée aux spectateurs français, n'a strictement aucun intérêt......"
Un avis que l'on n'est pas obligé de partager, quand on sait que le western n'est pas le genre préféré du monsieur. Pour l'avoir vu (j'ai un enregistrement dvd) et apprécié, je dirai que ce western se situe dans une bonne moyenne et le casting ajoute au plaisir que l'on prend en regardant ce film de Michael Gordon ,réalisateur d'un remarquable film noir " l'araignée" (woman in hiding).
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Jeremy Fox
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Cattle Drive

Message par Jeremy Fox »

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L’Enfant du désert (Cattle Drive - 1951) de Kurt Neumann
UNIVERSAL


Avec Joel McCrea, Dean Stockwell, Chill Wills, Leon Ames
Scénario : Jack Natteford & Lillie Hayward
Musique : Joseph Gershenson
Photographie : Maury Gertsman (Technicolor 1.37)
Un film produit par Aaron Rosenberg pour la Universal


Sortie USA : 08 aout 1951


Chester Graham (Dean Stockwell) est le fils unique du directeur d’une compagnie de chemin de fer (Leon Ames) qui voyage avec lui dans son wagon privé à travers tout l’Ouest. Livré à lui-même, le jeune garçon est devenu arrogant et fait tout pour se faire remarquer. Les voyageurs et le personnel commencent néanmoins à se plaindre des frasques du jeune homme. Son père promet d’être plus ferme à l’avenir, pensant même à le mettre en pension. Lors d’une halte du train pour son ravitaillement en eau, Chester descend se dégourdir les jambes mais rate le départ et se retrouve seul dans le désert. S’apercevant de la disparition de son fils, le magnat s’arrange pour lancer des hommes à sa recherche tout en se réjouissant de l’expérience qui devrait servir de leçon au garçon désobéissant. Entre temps, Chester fait la rencontre de Dan Mathews (Joel McCrea), un cow-boy lancé à la poursuite d'un magnifique étalon noir. Ayant échoué dans sa tentative d'appréhender la bête à cause de l'arrivée impromptue de Chester, Dan conduit alors le jeune garçon jusqu’à son camp, celui d’un groupe de convoyeurs de bétails qui se rend avec son troupeau jusqu’à Santa Fe. Chester devra participer aux tâches quotidiennes et s’intégrer à l’équipe ; d’abord réticent, après quelques tentatives de fuite et quelques bêtises intentionnées ou non, Chester trouve enfin du plaisir à accomplir ce périple sous l’aile de Dan avec qui il se lie d’amitié et qu’il va aider à attraper Midnight, le fameux étalon…

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Réalisateur d’origine allemande, Kurt Neumann est venu à Hollywood diriger les versions allemande et espagnole de films américains avant de tourner ses propres œuvres. Tom Mix ayant été l’un des premiers comédiens qu’il eut à diriger, quant il mit en scène Le Kid du Texas (The Kid from Texas) en 1950, le western lui était déjà familier d'autant qu'il avait réalisé aussi quelques mois plus tôt Bad Men of Tombstone avec Barry Sullivan. Petit film de série sans grand intérêt, Le Kid du Texas marquait néanmoins une date pour avoir été le premier western avec Audie Murphy en tête d’affiche. Cependant le cinéaste restera avant tout réputé pour avoir réalisé quatre films RKO de la série des Tarzan avec Johnny Weissmuller et surtout le classique du cinéma fantastique datant de 1958 qu’est La Mouche Noire (The Fly), son plus grand titre de gloire. En 1951, il met en scène ce Cattle Drive, western qui semble avoir été le préféré de son comédien principal, Joel McCrea, l'un de ces acteurs hollywoodiens qui, avec Audie Murphy et Randolph Scott, auront forgé leur réputation surtout grâce au genre qui nous concerne ici. Réprouvant la violence, l’acteur a tourné dans quelques westerns en étant totalement dépourvu ; celui-ci, tout comme déjà auparavant le très sympathique Four Faces West d’Alfred E. Green, en fait partie. Dans le film de Kurt Neumann nous n’assisterons même pas à un quelconque pugilat malgré le fait que certains personnages auraient eu tendance à faire en sorte de vouloir mettre le feu aux poudres. La sagesse du protagoniste joué par Joel McCrea est telle que les conflits se résoudront sans avoir eu besoin d'en venir aux mains. Les westerns aussi pacifiques sont assez rares pour mériter d’être signalés.

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Cattle Drive est donc un western familial assez original par le fait de ne jamais céder à la tentation de nous montrer une quelconque bagarre (le personnage d’insurgé interprété par Henry Brandon finissant même par estimer qu’il avait tort de chercher la provocation avant même qu’un seul coup de poing ait été échangé) ni à celle d’en passer par une quelconque romance (on ne verra même pas la fiancée de Dan alors qu’il se rend pour la rejoindre lors de la scène finale, sa seule apparition étant sur une photo, cette dernière étant pour l’anecdote celle de la véritable épouse à la ville de Joel McCrea, la comédienne Frances Dee). L’histoire du film est celle de la prise en charge d’un jeune enfant de riche, arrogant, snob et égoïste, par des cow-boys avec qui il se trouve obligé de passer une quinzaine de jours, devant les aider à convoyer leur troupeau de bêtes à cornes jusqu’à Santa Fe. Une leçon de vie pleine de bons sentiments mais, grâce à un bon dosage de tous les éléments, jamais pénible ni trop moralisatrice. Le jeune Chester fut un peu délaissé par un père qui s’occupait bien plus de ses affaires que de son éducation ; enfant unique par-dessus le marché, son caractère était devenu absolument imbuvable, capable par exemple de vouloir faire licencier par son père des personnes qui lui avaient, à son avis, manqué de respect. Ne voulant pas s’abaisser à un quelconque effort, dédaigneux et insupportable, il va devoir être confronté à des hommes endurcis qui vont lui remettre les idées en place, qui vont lui apprendre les vertus de l’honnêteté, du travail, du partage et de l’humilité, à ne pas tricher ni mentir, à savoir pardonner, accepter ses erreurs et s’excuser ; on a connu pire comme valeurs à défendre ! Plus sérieusement, ça ne fait pas de mal de temps à autre de tomber sur un film un peu naïf, dépourvu de cynisme et d’une bonne tenue morale.

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Sinon, comme pour 90% des productions westerniennes du studio Universal entre 1948 et 1953 (et d’autant plus lorsque le producteur est Aaron Rosenberg, le maître d’œuvre de la fabuleuse série des Anthony Mann/James Stewart), cette série B s'avère carrée, bénéficiant d’un grand professionnalisme de la part de tous les intervenants. Au niveau de l’écriture d’abord, les situations se révèlent assez crédibles et les personnages tous très justes avec notamment le jeune garçon interprété par un Dean Stockwell qui prouvait à nouveau qu’il était l’un des plus talentueux enfants-acteurs hollywoodiens, ayant auparavant déjà fait montre de ses aptitudes dans The Happy Years de William Wellman ou, plus célèbre, Le Garçon aux cheveux verts, premier film de Joseph Losey . Son duo avec Joel McCrea avait commencé à se roder au sein du splendide Stars in My Crown de Jacques Tourneur l’année précédente ; l’alchimie fonctionne à nouveau d’autant que McCrea se révèle parfait dans le rôle de ce père de substitution, cow-boy exemplaire, autoritaire lorsqu’il le faut mais sans jamais avoir à s’énerver, forçant le respect sans le rechercher et sans avoir besoin de trop en faire. Non seulement très convaincant en tant qu’acteur, il s’avère ici également digne des cow-boys chantant en interprétant avec talent la belle rengaine "Ten Thousand Cattle Gone". Au côté de ce duo, une ribambelle d’habitués du genre, tous méritants : Chill Wills et sa touche d’humour dans la peau du cuistot, Henry Brandon, l’élément perturbateur, Leon Ames, le père du jeune garçon ou encore un touchant Howard Petrie dans le rôle du chef de convoi respectueux et tolérant. Petit budget oblige, les producteurs ont décidé d’utiliser pas mal de stock shots pour les vues des grands troupeaux de bétails et pour beaucoup de scènes mouvementées dont celle du stampede ou de la poursuite du mustang noir, issus notamment de Red Canyon de George Sherman ou de Sierra de Alfred E. Green. La plupart sont plutôt bien intégrés sauf exception comme ce plan d'un train arrivant au loin alors qu'il est censé partir du point de vue du jeune homme ayant loupé son départ. Dans le domaine du recyclage, on notera aussi la réutilisation judicieuse de certains thèmes musicaux provenant d'autres westerns Universal.

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A condition de ne pas s’attendre à un grand western, on pourra passer un très bon moment à visionner cette série B sans violence d’aucune sorte, filmée dans un flamboyant Technicolor au sein des paysages majestueux de Death Valley en Utah et interprétée à la perfection. A condition d’avoir gardé une âme d’enfant, toute la famille réunie pourrait prendre du plaisir à cet attachant récit d'apprentissage, à cette variation 'westernienne' optimiste du Capitaine courageux de Victor Fleming, Joel McCrea et Dean Stockwell reprenant les rôles précédemment tenus par Spencer Tracy et Freddie Bartholomew. Sans compter que le film se termine sur une naïve mais très jolie idée !
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par someone1600 »

Excellente chronique encore une fois, ca m'a donné envie de découvrir le film. :wink:
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Best of the Badmen

Message par Jeremy Fox »

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Plus fort que la loi (Best of the Badmen, 1951) de William D. Russell
RKO


Avec Robert Ryan, Jack Buetel, Claire Trevor, Walter Brennan, Robert Preston, Bruce Cabot, Lawrence Tierney,
Scénario : John Twist & Robert Hardy Andrews
Musique : Paul Sawtell
Photographie : Edward Cronjager
Une production Herman Schlom pour la RKO


Sortie USA : 09 août 1951

En cet été 1951, la RKO, se souciant peu des modes, préfère continuer sur sa lancée des années 40, à savoir mettre en chantier des westerns voyant la réunion de tous les plus célèbres hors-la-loi de l’Ouest sauvage qui s'étaient au départ pour la plupart rencontrés dans l’état du Kansas sous la houlette de William Quantrill durant la guerre de Sécession. Et le studio a eu le nez creux puisque ce fut un succès considérable aux USA. La seule différence avec ses précédentes identiques productions (Badman’s Territory de Tim Whelan, Return of the Badmen de Ray Enright) est qu’elle était cette fois tournée en Technicolor comme l’avait été le plus réussi de ces ‘westerns à Bad Men notoires’, sorti chez Universal l’année précédente, Kansas en feu (Kansas Raiders) de Ray Enright. Mais même si ce dernier cinéaste n’a jamais brillé par son talent, il possédait un sacré métier, ce qui n’est pas le cas de William D. Russell, peu habilité, au vu de ce western, à diriger un film bien rythmé. En effet, sa mise en scène s’avère particulièrement fadasse malgré l’action non-stop que contient le film. Auteur de seulement sept longs métrages, tous inconnus en France et dont Best of the Badmen constitua l’ultime long métrage, William D. Russell a ensuite exclusivement œuvré pour le petit écran y réalisant des épisodes de Gunsmoke, Ma Sorcière bien aimée ou Perry Mason. Néanmoins, son western peut se suivre sans trop d’ennui grâce à un casting réjouissant et un postulat de départ intéressant.

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La Guerre de Sécession est terminée mais ce qui reste de la bande de Quantrill, commandé par Cole Younger (Bruce Cabot), sévit encore. Jeff Clanton (Robert Ryan), officier nordiste, est chargé de les traquer. A la tête du 3ème de cavalerie, il coince bientôt le groupe composé non moins que des frères James (Lawrence Tierney et Tom Tyler), des frères Younger, de Curley Ringo (John Archer) et de Doc Butcher (Walter Brennan). ‘Sudiste’ de naissance, Clanton est désigné comme traître par les hors-la-loi qui lui font néanmoins confiance quand il leur promet l’amnistie s’ils l’accompagnent jusqu’au camp et acceptent de jurer leur allégeance à l’Union. Clanton les conduit donc dans le Missouri dans la ville de Breckenridge. Mais là, Matthew Fowler (Robert Preston), le directeur d’une agence de détectives, avide de gloire et lorgnant sur la récompense offerte pour la capture de ces célèbres outlaws, va se mettre en travers de leur chemin. Lors d’une échauffourée, Clanton tue en état de légitime défense un homme de Fowler alors que les bandits en profitent pour s’enfuir. Clanton est immédiatement condamné à mort par un jury corrompu. Mais Lily (Claire Trevor), une jeune femme qu’il ne connait pourtant pas, l’aide à s’évader en lui faisant passer un revolver en cachette. Il s’agit en fait l’épouse de Fowler qui voue désormais une haine tenace à son mari. Clanton fuit et finit par trouver refuge au sein de la bande dirigée par Cole Younger, bientôt rejoint par Lily qui fait malgré elle tourner la tête au jeune Bob Younger (Jack Buetel). Devenu ‘Badmen’ à son tour, Clanton décide de se venger de Fowler en pillant les banques que ce dernier protège…

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Le fait que le personnage de Clanton (Robert Ryan) ait été officier de cavalerie avant de devenir hors-la-loi par la force des choses juste pour avoir souhaité amnistier ses anciens ennemis était une belle et noble idée de départ. Le fait qu’à travers le personnage interprété par Robert Preston, les scénaristes aient mis le doigt sur l’importance de la mainmise des détectives et espions sur le pouvoir (un peu comme la CIA ou le FBI dans les années 50) s’avérait assez captivant. Le fait que le jeune Bob Younger soit amoureux transi de la belle Lily mais pas pour autant jaloux de son rival sera aussi à l’origine d’une séquence assez touchante alors que Clanton (le rival donc) lui aura demandé de veiller sur elle en plein désert le temps qu’il aille chercher du renfort pour soigner sa blessure. Dommage que pour ce rôle ait été choisi Jack Buetel, un très mauvais comédien, juste mémorable pour l’ambigüité de son Billy le Kid dans Le Banni (The Outlaw) de Howard Hughes. Le reste du casting en revanche représente le point le plus positif du western de William D. Russell. Même si aucun ne fait vraiment d’étincelles, il est très agréable de voir se côtoyer des acteurs tels que Robert Ryan (qui a fière allure dans le rôle principal de l’officier intègre devenue hors-la-loi puis justicier amoureux), Robert Preston (plus rencontré au sein d'un western depuis son personnage touchant dans Whispering Smith, ici dans la peau du véreux directeur de l’agence de détectives), Lawrence Tierney qui reprend son Jesse James taciturne déjà à l’œuvre dans Badman’s Territory, Walter Brennan, égal à lui-même et qui, par la même occasion, s’occupe de la voix-off, John Archer, Bruce Cabot plutôt convaincant en Cole Younger et enfin Claire Trevor que l’on avait malheureusement plus revu dans un western depuis The Desperadoes de Charles Vidor, ici très bien mise en valeur, la blancheur de son teint ressortant admirablement de sa robe rouge très décolletée…

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Hormis cette belle distribution, quelques amusants traits d’humour dus à Walter Brennan, voleur de chevaux 'malgré lui' (« Major, I collect bridles for souvenirs. And on the end of one, I was plumb surprised to find a horse ! »), plusieurs sympathiques idées scénaristiques exposées plus haut, un beau Technicolor et quelques séquences en extérieurs faisant joliment ressortir de très beaux paysages, pas grand-chose d’autres à se mettre sous la dent pour qui ne serait pas déjà au départ amateur de westerns de série. Car pour le reste, malgré une accumulation de péripéties, l’histoire mouvementée au possible reste très conventionnelle et les situations plus extravagantes que crédibles (sans évidemment parler de la réalité historique qui a été totalement sacrifiée) dans un ensemble mis en scène sans aucun génie ni forcément d’efficacité par manque flagrant de vigueur. Alors c’est évident que l’histoire est animée, que ça bouge, que ça tire et que ça caracole à droite à gauche mais le tout sans aucun sens du rythme. Un film qui démarrait bien mais qui n’a pas tenu ses promesses jusqu’au bout, plein de bruit mais sans fureur. Malgré tout coloré et distrayant à condition de ne pas trop être difficile.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

Vous m'accorderez bien une petite pause estivale (ou plutôt vous la subirez de force à moins que vous en soupiriez d'aise :mrgreen: ) pour cause de semaine complète sans internet ni PC mais aussi du film à venir que je ne voudrais surtout pas bâcler étant un de mes grands chouchous du genre.
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Donc, redémarrage environ d'ici une quinzaine de jour. :wink:
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jack Carter »

oui, recharge bien les batteries, tu as encore du boulot ! :mrgreen: :wink:
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