Le Western américain : Parcours chronologique II 1950-1954

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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feb
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par feb »

Tancrède a écrit :P.S: quels sont les trois autres films de Ford avec Wayne et O'Hara?? Je n'en compte que deux.
L'Aigle vole au soleil, Rio Grande et L'homme tranquille...3 films de Ford différents mais très beaux :wink: Et au fait M. Fox, très bon texte une fois de plus :wink:
Tancrède
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Tancrède »

feb a écrit :
Tancrède a écrit :P.S: quels sont les trois autres films de Ford avec Wayne et O'Hara?? Je n'en compte que deux.
L'Aigle vole au soleil, Rio Grande et L'homme tranquille...3 films de Ford différents mais très beaux :wink:
tu ne réponds pas à ma question.
:wink:
someone1600
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par someone1600 »

Ce film, tout comme La chevauché fantastique, a contribué pour beaucoup à cette réputation peu flatteuse. Bêtises ! A aucun moment dans le film qui nous concerne, nous voyons un indien sanguinaire ou grimaçant. De plus certains indiens font partie du régiment du colonel Yorke. Le raid final n’est pas lancé par esprit de vengeance mais pour délivrer femmes et enfants qu’une tribu de pillards indiens avait enlevés. En 1968, lors de sa reprise sur les écrans français, Bertrand Tavernier annonce : "Film raciste a-t-on dit, appliquant un peu hâtivement un jugement moral sur un état de fait historique. Cela étonnera quelques journalistes français mais il y eut aussi des indiens pillards et cruels. Montrer cela n’est pas faire œuvre de raciste." D’autre part John Ford est très clair et sincère sur le sujet, lui qui a été fait membre d’honneur de la tribu des Navajo : "Les Indiens ont toujours été près de mon cœur. Il est vrai que dans les westerns on ne leur a pas toujours rendu justice mais il ne faut pas généraliser. L’Indien n’aime pas l’homme blanc et il n’est pas diplomate. Nous étions ennemis et nous nous combattions. Ces combats sont la base même de l’histoire du far West. Il y a toujours eu entre eux et nous des préjugés et des malentendus et il y en aura toujours." Si dans le cours de Rio Grande, nous assistons à tant d’indiens décimés lors des différents combats, c’était dans un but purement prosaïque. La famine menaçant la tribu des Navajo, Ford se penche lui-même sur le scénario afin d’augmenter le nombre de scènes où ils devaient apparaître : plus on massacrait d’indiens, plus ceux-ci pouvaient comptabiliser de jours de tournage et être ainsi mieux payés. Il nous semblait utile de faire le point sur ces attaques injustifiées avant d’en terminer.
Tiens tiens, c'est vraiment intéressant ca, car je me disais aussi que l'on voyait vraiment beaucoup d'indien se faire tuer. En tout cas encore une fois, super boulot pour un avis tres intéressant Jeremy. :wink:

Je poste mon avis que j'ai mis cette semaine dans le topic western.
someone1600 a écrit :Pour ne pas polluer inutilement le topic de Jeremy, d'autant qu'il est justement rendu a ce film dans son long cycle, je poste ici mon tres court avis sur Rio Grande de John Ford.

Dernier film de sa trilogie de cavalerie, c'est aussi le plus faible. Il est certain qu'il lui sera difficile de soutenir la comparaison avec La charge héroique (non mais, je prefere nettement le joli titre original : She wore a yellow ribbon) et meme avec Ford Apache.

Mais il est tout de meme un bon western, servi encore une fois par un casting d'habitué de John Ford, en commencant par John Wayne, fidele a lui-meme, Victoir McLaglen, toujours aussi drole et la tres jolie Maureen O'Hara que l'on decouvre deja marié a John Wayne, pour la premiere fois si je ne me trompe pas...

Et encore une fois, John tourne son film dans le magnifique Monument Valley et on se surprend a reconnaitre un décor que l'on reverra dans La prisonniere du désert, c'est a dire la riviere qui sert de frontiere avec le Mexique.

Tout de meme un 8 sur 10 pour ma part. :wink:
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

C'est en fait du bellicisme.
A aucun moment, les soldats ne parlent en mal des ennemis (excepté celui dont on vient de tuer la femme dont le sentiment de vengeance à ce moment précis peut à la limite se comprendre sous le coup de la colère) et lors du discours final on cite en exemple l'héroïsme des indiens faisant partie de la cavalerie. Peut-être plus "réactionnaire" que les trois autres si tu veux (quoique) mais pas de racisme anti-indien à mon avis. Je n'avais pas fait le rapprochement avec la guerre de Corée par contre, j'avoue ne pas avoir pensé à ce contexte.

P.S: quels sont les trois autres films de Ford avec Wayne et O'Hara?? Je n'en compte que deux.
J'ai supprimé le "autre" qui était de trop ; c'est évidemment trois en tout.

Et Someone, l'endroit du Rio Grande avait déjà utilisé pour la traversée du fleuve dans La Charge Héroïque ; peut-être pour the Searchers, je ne me rappelle plus :wink:

Feb, tu en penses la même chose, toi qui avais peur que je l'éreinte ? :mrgreen:
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par feb »

Jeremy Fox a écrit :
P.S: quels sont les trois autres films de Ford avec Wayne et O'Hara?? Je n'en compte que deux.
J'ai supprimé le "autre" qui était de trop ; c'est évidemment trois en tout.
Tu me vois rassuré, j'étais sur lors de ma réponse à Tancrède qu'il n'y en avait 3 en tout et je commençais à douter.... :mrgreen:
Jeremy Fox a écrit :Feb, tu en penses la même chose, toi qui avais peur que je l'éreinte ? :mrgreen:
Non je n'avais pas peur que tu l'éreintes :uhuh: enfin un petit peu car celui là j'e l'aime beaucoup :wink:

En lisant ta critique et les arguments que tu apportes je comprends parfaitement pourquoi tu places ce film "en-dessous" des 2 autres films de la trilogie. Tu soulignes parfaitement les défauts du film (budget limité, scènes qui semblent avoir été tournées avec "précipitation") qui s'effacent presque devant la maitrise du réalisateur et la beauté de ses plans.
J'avoue avoir un gros faible pour ce film : la 1ère apparition du couple O'Hara/Wayne, la photo en N&B que je trouve superbe, le role du colonel Yorke qui permet de découvrir un John Wayne impeccable "coincé" entre sa vie professionnelle et celle privée avec l'arrivée du fils et de Madame (je pense que M. Léonard sera là pour appuyer ces propos), la présence réjouissante de Victor McLaglen (je me délecte quand je vois cet acteur dans ce type de rôle :mrgreen: similaire à celui qu'il tient dans She Wore a Yellow Ribbon) et le contexte du film (régiment de cavalerie qui doit résister aux assauts des indiens et qui doit faire preuve de bravoure pour s'en sortir). La lecture de ta critique m'a permis de me rendre compte de mon "aveuglement" lorsque j'ai vu ce film car je n'avais clairement pas fait attention aux défauts que tu soulignes, je m'étais plongé dans l'histoire, dans les personnages de Ford, dans la beauté de ce N&B...

Ce qui est drôle, c'est que plus je lis les critiques que tu fais de ces films, plus je me rends compte que ce sont des oeuvres auxquelles j'adhère, qui voient évoluer des acteurs que j'apprécie énormément et qui sont solidement ancrées dans la liste de mes films préférés.
- Le trio O'Hara/Wayne/McLaglen fait des miracles chez moi (Rio Grande & L'Homme Tranquille),
- Le duo Wayne/O'Hara je n'en parle même pas (Rio Grande, L'Homme Tranquille, L'aigle vole au soleil et McLintock :fiou: ma petite friandise)
- Et enfin le duo Wayne/McLaglen apparait dans les films de Ford qui me touchent le plus (beauté de la photo, émotion ressentie à la vision du film) :Rio Grande mais surtout The searchers, She Wore a Yellow Ribbon...ces deux-là me foutent les poils au garde à vous très souvent (la scène d'ouverture du 1er et la scène du cadeau dans le 2nd fouyaya rien que d'y penser :roll:).

Pardon pour la pollution de ton topic M. Fox :oops: et dans la lancée je n'ai pas répondu à ta question : oui j'en pense la même chose mais avec encore plus d'enthousiasme :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

feb a écrit :
Pardon pour la pollution de ton topic M. Fox :oops: et dans la lancée je n'ai pas répondu à ta question : oui j'en pense la même chose mais avec encore plus d'enthousiasme :mrgreen:
Aucune pollution, c'est bien de discuter des films déjà évoqués et merci pour ton long argumentaire :)
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Tancrède »

Jeremy Fox a écrit :
C'est en fait du bellicisme.
A aucun moment, les soldats ne parlent en mal des ennemis (excepté celui dont on vient de tuer la femme dont le sentiment de vengeance à ce moment précis peut à la limite se comprendre sous le coup de la colère) et lors du discours final on cite en exemple l'héroïsme des indiens faisant partie de la cavalerie. Peut-être plus "réactionnaire" que les trois autres si tu veux (quoique) mais pas de racisme anti-indien à mon avis. Je n'avais pas fait le rapprochement avec la guerre de Corée par contre, j'avoue ne pas avoir pensé à ce contexte.
Le bellicisme (c'est à dire l'apologie de l'action armée) n'implique pas le racisme (je ne qualifierais pas non plus Rio Grande de film raciste) et n'exclut pas l'estime pour la bravoure des guerriers ennemis.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par someone1600 »

Jeremy Fox a écrit : Et Someone, l'endroit du Rio Grande avait déjà utilisé pour la traversée du fleuve dans La Charge Héroïque ; peut-être pour the Searchers, je ne me rappelle plus :wink:
Si quand Wayne et le marshall/curée (enfin je crois Ward Bond) partent a la poursuite des indiens, ils les rejoingnent au Rio Grande... exactement au meme endroit.
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Jeremy Fox
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Copper Canyon

Message par Jeremy Fox »

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Terre Damnée (Copper Canyon, 1950) de John Farrow
PARAMOUNT


Avec Ray Milland, Hedy Lamarr, MacDonald Carey, Mona Freeman, Harry Carey Jr, Frank Faylen, Hope Emerson
Scénario : Johnathan Latimer d'après une histoire de Richard English
Musique : Daniele Amfitheatrof
Photographie : Charles Lang
Une production Mel Epstein pour la Paramount


Sortie USA : 15 novembre 1950


Semaine riche en western que celle du 15 novembre 1950 puisque Copper Canyon est le troisième à être sorti ce jour-ci avec Kansas Raiders (Kansas en Feu) de Ray Enright et Rio Grande de John Ford. Les amateurs ne devaient pas savoir où donner de la tête mais malheureusement tous les films n’étaient pas du même niveau et le western Paramount s’est avéré, contrairement aux deux autres, bien banal et ennuyeux. A propos de California (Californie, Terre Promise, le précédent western signé John Farrow, j’écrivais «le scénariste et le réalisateur ont eu du mal à maintenir l’intérêt tout du long, les ambitions de départ se trouvant un peu anéanties par un trop grand dispersement de l’intrigue mais aussi par des options de mises en scène un chouia prétentieuses… John Farrow, conscient de son talent, en fait parfois trop.» Finalement on aurait bien aimé au moins pouvoir en dire autant de sa deuxième incursion dans le genre mais malheureusement, pour Terre Damnée, le cinéaste a abdiqué toute inventivité et n’a pas eu ne serait-ce qu’une toute petite idée originale de mise en scène. J’écrivais également, puisque l’acteur était déjà de la partie dans California : «Ray Milland a beau être un formidable comédien de films noir, il se révèle ici assez terne». Sur ce point rien a changé ; il ne semblait encore pas fait pour se balader dans l’Ouest américain. De plus, on ne peut plus parler d’un grand dispersement de l’intrigue, cette dernière s’avérant bien médiocre et convenue sans même cette fois la moindre ambition au départ.

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Au lendemain de la Guerre de Sécession, d’anciens sudistes exploitent des mines de cuivre dans le Nevada. Mais, dans cette petite ville de Coppertown, ils sont rançonnés par les notables et homme de loi unionistes qui leur achètent leur marchandise à vil prix quant ils ne la dérobent pas. Une délégation de ces mineurs spoliés vient trouver Johnny Carter (Ray Milland), un artiste de music hall spécialisé dans le tir au couteau et au pistolet. Ils sont persuadés qu’il s’agit d’un ex-colonel sudiste recherché par l’armée des États-Unis pour lui avoir dérobé la somme de 20.000 dollars et qui, au vu de sa réputation héroÏque, pourrait leur venir en aide. Si son identité ne fait aucun doute, Johnny Carter fait semblant de ne pas comprendre, préférant désormais empocher l’argent récolté lors de ses tournées et faire un brin de cour à Lisa Rochelle (Hedy Lamarr), la propriétaire du saloon où il vient se produire ("You know, personally, I think there are only three things worth living for: fine guns, good horses and beautiful women"). Cette pulpeuse jeune femme est également courtisée par Lane Travis (MacDonald Carey), l’adjoint corrompu du shérif qui semble tenir la ville sous sa coupe. Ne pouvant plus cacher sa véritable identité, celle du Colonel Desmond, Johnny finit par proposer un plan aux mineurs leur permettant de convoyer leur chargement à une ville voisine où ils pourraient le vendre correctement. Le groupe ne se doute pas qu’il cache en son sein un espion qui s’empresse d’avertir Travis. Alors que ses hommes tendent un piège aux mineurs, un mystérieux cavalier masqué vient les contrarier et faire échouer leur traquenard…

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Si l'histoire contenait pourtant tous les éléments pour accoucher d'une attractive série B, le scénario qui en a été tiré, souvent invraisemblable, pivote plus souvent du côté de la série Z. Le virage vers The Lone Ranger se situant aux 2/3 du film aurait été sympathique si le film avait possédé la naÏveté, la fraîcheur et l’enthousiasme de certains sérials, ce qui est loin d’être la cas. Jonathan Latimer avait pourtant écrit de très bons scripts, notamment pour le film noir : La Clé de verre (The Glass Key) de Stuart Heisler ou La Grande Horloge (The Big Clock) du même John Farrow. Mais concernant Copper Canyon, rien de bien nouveau sous le soleil du western excepté ce personnage de tireur d'élite saltimbanque interprété par Ray Milland. Avec un humour pince-sans-rire et un second degré constant dans ses répliques, il aurait pu tirer le film vers le haut mais ça ne se produit pas car le comédien prouve une fois encore qu'il n'était pas très à son aise dans le genre (mais ça pourrait changer par la suite). Sinon, une intrigue bien sage et sans grande surprise qui vient rarement nous sortir de notre torpeur d'autant que la mise en scène se révèle aussi amorphe que le scénario. Molle et sans rythme, elle ne nous encourage guère à nous raccrocher à quoi que ce soit !

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Si ! Nous trouvons bien ici et là, sans s’y attendre, quelques plans fulgurants notamment lors des fusillades, un chatoyant Technicolor aux couleurs très chaudes qui rehausse les intérieurs, qui fait briller les costumes d'Hedy Lamarr et les chemises de MacDonald Carey, de beaux paysages (malheureusement pas forcément bien mis en valeur), le joli minois de Mona Freeman, un Harry Carey Jr qui semble tout droit échappé d'un des derniers films de John Ford et une interprétation assez réjouissante de MacDonald Carey en 'Bad Guy' de service (après ses excellentes prestations dans Streets of Laredo et Comanche Territory, le comédien continue à nous prouver que son jeu était tout à fait honorable et qu'il est dommage qu'il soit aujourd'hui à ce point oublié). Mais c'est bien à peu près tout ce que l'on peut retenir de ce western pataud et peu subtil dans lequel même Hedy Lamarr semble s'ennuyer ; il faut dire que sa romance est bien improbable. La comédienne est par ailleurs bien mal desservie par la maquilleuse qui, non contente d'avoir transformée Hope Emerson en travesti (sic !), nous gâche parfois la beauté d'une des actrices les plus charmantes qui ait été durant les décennies précédentes.

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Avec un budget qui paraît conséquent, un cinéaste plutôt bien considéré et des comédiens chevronnés, on aurait pu au moins s’attendre à un film rigoureux et plaisant ainsi qu’à de bonnes séquences d’action ; mais pour cela il n’aurait pas fallu un tel manque de conviction dans la mise en scène, une telle inanité du scénario et un montage à l’emporte pièce. Résultat, même le final mouvementé parait bâclé, brouillon et sans ampleur jusqu’au duel final grandement attendu mais qui se termine aussi banalement que le reste du film. Sans charme (à l’image des girls du saloon qui chantent comme des casseroles et qui ne dansent guère mieux) mais la beauté de la photographie concoctée par Charles Lang et l’interprétation réjouissante de MacDonald Carey arrivent à sauver le film de la totale médiocrité. La Paramount fera vite oublier ce ratage en sortant un autre et meilleur western dans les derniers jours de l’année ; le prochain qui nous concerne, deuxième incursion d'Alan Ladd dans le genre après le superbe Whispering Smith.
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Jeremy Fox
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Branded

Message par Jeremy Fox »

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Marqué au Fer (Branded, 1950) de Rudolph Maté
PARAMOUNT


Avec Alan Ladd, Mona Freeman, Charles Bickford, Robert Keith, Joseph Calleia, Tom Tully
Scénario : Sydney Boehm & Cyril Hume d'après une histoire de Max Brand
Musique : Roy Webb
Photographie : Charles Lang
Une production Mel Epstein pour la Paramount


Sortie USA : 23 décembre 1950


Les gros bénéfices de Whispering Smith (dont je n'arrive toujours pas à comprendre pour quelles raisons il n'a jamais été considéré comme un classique du genre) remirent Alan Ladd en selle pour Branded qui fut également un gros succès commercial. En cette fin d'année 1950, on découvre à cette occasion le premier western d'un réalisateur que nous aurons l'occasion de croiser à de nombreuses reprises dans le courant de la décennie, un honnête artisan de la série B qui ne nous laissera aucun film vraiment marquant même s'ils demeurent dans l'ensemble pour la plupart plutôt plaisants.

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Né en Pologne, Rudolph Maté fit ses études à l'université de Budapest et en 1921 devient l'assistant des frères Korda qu'il suivit à Paris en 1925. En 1928, il est directeur photo de La Passion de Jeanne d'Arc de Carl Theodor Dreyer. Il collabore ensuite en tant que chef-opérateur à Vampyr, toujours de Dreyer, puis à de nombreux autres films dont le listing est assez impressionnant : Le Dernier Milliardaire de René Clair, Liliom de Fritz Lang, Stella Dallas de King Vidor, Love Affair de Leo McCarey, Correspondant 17 d'Alfred Hitchcock, To be or not to be d'Ernst Lubitsch ou Gilda de Charles Vidor pour ne citer que les plus célèbres. Dans la plupart des films qu'il a photographié, on trouve une certaine stylisation post-expressioniste qu'il laissera tomber une fois passé derrière la caméra en tant que réalisateur dès 1946. Paradoxalement, ses films ne seront en effet ni mémorables ni remarquables plastiquement parlant. Avant Branded, il aura néanmoins signé quelques petites réussites du film noir tels Mort à l'arrivée (D.O.A.) ou Midi Gare Centrale (Union Station). Marqué au Fer est à son tour un western qui force la sympathie notamment grâce une bonne interprétation d'ensemble, de beaux extérieurs "technicolorisés" et surtout à un scénario mélodramatique assez bien écrit et dont l'idée de départ s'avère plutôt originale.

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Traqué, le tireur d'élite dénommé Choya (Alan Ladd) est rejoint dans la montagne par deux hommes inquiétants, Leffingwell (Robert Keith) et Tattoo, qui lui proposent une affaire juteuse. Il devra se faire passer pour le fils disparu à l'âge de cinq ans d'un richissime éleveur pour pouvoir profiter de la fortune de ce dernier et évidemment la partager avec ses deux nouveaux partenaires. Pour que ses 'parents' le reconnaissent, les deux hommes le marquent sur l'épaule du tatouage que l'enfant avait lorsqu'il s'est volatilisé. Tout se passe comme ils l'avaient prévu et Lavery (Charles Bickford) croit avoir retrouvé son rejeton qu'il accueille et recueille comme il se doit. Mais Choya tombe amoureux de sa 'soeur', Ruth (Mona Freeman). Apprenant à aimer cette famille, il ne souhaite plus tuer son père pour bénéficier de l'héritage et, au vu des sentiments éprouvés pour Ruth, il considère la situation comme désormais intenable. Il décide de tout leur avouer et, pour se racheter, de partir à la recherche de celui pour qui il s'est fait passer. En effet, Leffingwell lui dit que le véritable Richard se trouve au sein de la famille d'un bandit mexicain qui l'a adopté ; c'était en effet lui qui l'avait kidnappé 25 ans plus tôt en pensant dès lors à ce plan qu'ils étaient en train de "mettre en pratique" et qui aurait pu les faire devenir millionnaires si Choya n'avait pas tout fait capoter par son examen de conscience et son stupide amour 'incestueux'. Choya passe la frontière suivi de près par Leffingwell qui, ne supportant pas que son stratagème ait échoué, souhaite se venger du fautif...

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Belle histoire mélodramatique que celle de cet aventurier se faisant passer pour le fils disparu d'un riche éleveur pour essayer de capter son héritage mais qui, tombant amoureux de sa 'sœur' et ne pouvant plus supporter n'avoir pas le droit de lui déclarer son amour, préfèrera tout avouer et partir à la recherche du véritable rejeton qui avait été kidnappé quelques années auparavant dans le but de mettre en place cette diabolique fourberie. Quant on sait que le fils a été adopté par un bandit mexicain qui y tient désormais comme à la prunelle de ses yeux, que le rancher oblige Choya à jouer son rôle de fils jusqu'à la mort de son épouse pour ne pas peiner cette dernière, que l'instigateur de cette duplicité souhaite désormais tuer celui qui l'a fait échouer, que le véritable fils ne souhaite pas quitter sa famille d'adoption mais que Choya l'oblige de force à revenir vers sa famille de sang, etc. , on imagine aisément que le scénario est assez riche en rebondissements pour tenir le spectateur en haleine jusqu'au bout ! Et en effet, le western de Rudolph Maté se suit sans aucun ennui jusqu'au happy end apaisant finalement assez surprenant quant on est habitué à ce que les mélodrames ne se terminent que très rarement dans la joie et la bonne humeur. Nous sommes ici très éloigné (sans que ce soit un jugement de valeur) du baroquisme outrancier de Duel au Soleil de King Vidor ou du ton de tragédie grecque qui irradiait The Furies de Anthony Mann ; le drame se révèle ici à la fois plutôt raffiné mais également assez naïf et c'est ce qui fait en partie son charme.

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Naïf n'étant pas nécessairement synonyme de mièvre, il faut le préciser d'emblée pour ne pas perdre en route des spectateurs potentiellement intéressés par le film. Parlons plutôt d'une imagerie juvénile romanesque et peu sanglante (l'antihéros usurpateur du départ devenant une sorte de chevalier blanc par la suite ne versera aucune goutte de sang durant tout le film), d'un mélodrame débarrassé de ses excès, d'une tragédie familiale qui ne se traduit pas obligatoirement par des morts et des turpitudes en série ; on retrouve un peu le ton et l'imagerie très attachants qui étaient déjà présents dans le superbe Smith le Taciturne de Leslie Fenton, cinéaste qui devait d'ailleurs initialement réaliser Branded. La sensibilité de ce dernier aurait d'ailleurs peut-être fait atteindre au film des hauteurs qu'il ne côtoie jamais ici. En effet, la mise en scène de Rudolph Maté est bien trop timoré pour donner à cette histoire le souffle et la puissance dramatique voulues, l'émotion et l'ampleur attendues. On reste à la surface des choses dans ce film très correctement réalisé mais un peu trop routinier pour pouvoir prétendre à être plus qu'un plaisant western (ce qui n'est déjà pas mal du tout). Sidney Boehm signera plus tard quelques scripts sans concessions, bien plus noirs et plus violents tels ceux de Règlement de Comptes (The Big Heat) de Fritz Lang, Colère Noire (Hell on Frisco Bay) de Frank Tuttle, encore avec Alan Ladd, ou Les Inconnus dans la Ville (Violent Saturday) de Richard Fleischer. En attendant, son travail sur le premier western de Rudolph Maté est néanmoins à saluer car particulièrement fluide et très bien dialogué même si non dénué d'invraisemblances (surtout dans le final).

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Dad Travis : "You got any friends?"
Choya : "My guns."
Dad Travis : "Kinfolk?"
Choya : "My horse."

Ruth Lavery : "What's your name?"
Choya : "Choya."
Ruth Lavery : "That's Spanish for cactus. Why do they call you that?"
Choya : "Ever tried to pick one?"

Dans le rôle de Choya, aventurier solitaire ne s'en laissant pas compter, Alan Ladd qui, au vu de sa petite taille et son aspect de gringalet, ne semblait pas avoir la prestance requise pour ce type de personnages, s'en sort une nouvelle fois après Whispering Smith relativement bien ; sa voix grave, son apparente sincérité et son sérieux le rendent très convaincant notamment lors de la séquence ou, auprès du véritable fils, il opère son examen de conscience, en proie au remords et pratiquement au bord de la dépression : " All my life, I've been a snake. I've lived by my wits. I've gotten what I've wanted anyway I wanted it. Just lately I've been wondering just for once if I couldn't do something straight... do something a little decent." Il sait parfois aussi s'avérer inquiétant notamment lorsqu'il fait parler Robert Keith en lui tirant dessus avec son six coups dans lequel il a placé une balle (une sorte de roulette russe avant l'heure). Et il arrive à nous toucher lorsque nous constatons qu'il commence à devenir irritable et agressif du fait de ne pas pouvoir dire à Ruth qu'elle l'attire. A ses côtés, un Robert Keith tout aussi probant en salaud n'hésitant pas à tirer dans le dos de son plus ancien acolyte pour doubler sa mise, une Mona Freeman tout à fait charmante, un Charles Bickford toujours à l'aise dans la peau de gros éleveurs de bétails et un Joseph Calleia attachant dans le rôle du père adoptif fou de rage à l'idée que son 'fils' puisse préférer rejoindre ses parents de sang.

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Le scénariste et le metteur en scène ne font pas d'étincelles, restent dans la convention la plupart du temps mais, possédant tous deux un solide métier, nous délivrent un western bien écrit, bien réalisé, bien dialogué et formidablement photographié par Charles Lang qui filme avec talent les splendides paysages du Nouveau Mexique et de l'Arizona et qui nous concocte quelques superbes éclairages notamment avec des allumettes, totalement irréalistes mais particulièrement photogéniques. Une scène d'introduction mouvementée et efficace mais qui ne donne pas forcément le ton d'un film plutôt posé, bavard (rien de péjoratif là dedans) mais qui devrait contenter aussi les amateurs d'action notamment lors de la longue séquence de la traque au Mexique se déroulant au milieu de superbes extérieurs. Rien de fulgurant mais rien de déshonorant non plus, bien au contraire. Un ensemble bougrement sympathique.
daniel gregg
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par daniel gregg »

C'est vrai que les extérieurs ont l'air particulièrement bien jolis, avec une très belle lumière.
Les dialogues sont d'une efficacité laconique apparemment ! :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Frenchie

Message par Jeremy Fox »

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Une Femme sans loi (Frenchie, 1950) de Louis King
UNIVERSAL


Avec Joel McCrea, Shelley Winters, Paul Kelly, Elsa Lanchester, Marie Windsor, John Russell, John Emery
Scénario : Oscar Brodney
Musique : Hans J. Salter
Photographie : Maury Gertsman (Technicolor 1.37)
Un film produit par Michael Kraike pour la Universal


Sortie USA : 25 décembre 1950

Beau cadeau de Noël pour les spectateurs américains que cette excellente comédie westernienne ! Bertrand Tavernier, dans sa présentation du film que l'on peut entendre dans les suppléments du DVD, s'étonne que tout le monde (tout au moins le peu de personnes ayant eu la chance de le voir) parle à propos de Frenchie d'un remake inavoué ou non-officiel de Femme ou démon (Destry Rides Again). Mais, même si l'intrigue est effectivement différente, on ne peut s'empêcher de penser tout du long au film de George Marshall tellement les ressemblances sont innombrables. Le véritable remake de cette histoire écrite Max Brand, maintes fois adaptée au cinéma comme à la télévision, sera réalisé en 1954 par George Marshall lui-même ; le film aura pour titre Destry (Le Nettoyeur), Audie Murphy remplaçant James Stewart, Mari Blanchard se coulant dans le personnage précédemment interprété par Marlène Dietrich. Malgré ce duo nettement moins prestigieux, le résultat était loin d'être déshonorant mais il est vrai aussi, loin de valoir l'original. En revanche, la surprise est de taille concernant Frenchie puisque ce western de Louis King peut se targuer d'être au contraire aussi délicieux que son notoire prédécesseur. Les westerns humoristiques réussis étant tellement peu nombreux, il faut se ruer sur ce genre de perles rares d'autant que cette dernière est relativement méconnue à tel point que le film est relégué dans le catalogue exhaustif de Phil Hardy dans les listes de titres en fin d'ouvrages ne bénéficiant d'aucune notules.

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Près de Bottleneck, Frank Dawson est tué par deux de ses acolytes. Sa fille, alors âgée d'une douzaine d'année, a assisté au crime puisqu'elle se trouvait en selle avec son père quand ce dernier a reçu la balle mortelle. 15 ans plus tard, sous le nom de Frenchie Fontaine (Shelley Winters), elle revient au pays espérant le venger. Durant ce laps de temps, elle s'était établie à la Nouvelle Orléans où elle était vite devenue célèbre en tant que propriétaire de salle de jeu. Sa réputation 'd'immoralité' étant parvenue jusqu'à Bottleneck, ses habitants voient son arrivée d'un mauvais œil d'autant qu'ils vivaient en paix depuis que le sheriff Tom Banning (Joel McCrea) avait nettoyé la ville avant de la quitter pour cause de peine de cœur. Et en effet, à peine le temps d'avoir mis les pieds dans la ville que Frenchie vient racheter le saloon moribond pour le transformer en véritable palais du jeu avec un personnel exclusivement féminin. Il va de soi que malgré la pudibonderie d'une partie de la population, une majorité s'y rue en foule, privée de plaisir depuis trop longtemps. Frenchie réussit même à ravir la clientèle du casino de Chuckaluck, la ville voisine, dont le propriétaire n'est autre que Pete Lambert (Paul Kelly), l'un des assassins de son père. Avant de le tuer, elle voudrait essayer de lui soutirer le nom de l'autre coupable afin de faire d'une pierre deux coups. Entre temps, les notables de Bottleneck ont demandé à ce que Tom Banning revienne mettre de l'ordre dans leur bourgade. L'homme de loi non-violent va essayer de faire en sorte que Frenchie quitte la ville jusqu'à ce qu'il apprenne sa véritable identité ; à partir de ce moment il va l'aider à mener son enquête tout en l'empêchant de mettre sa vengeance à exécution d'autant qu'il est tombé sous son charme...

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Si l'on peut donc réfuter l'expression de "Remake inavoué", on ne peut que constater les troublantes similitudes entre Femme ou démon et La Femme sans loi à commencer par Bottleneck, le nom de la ville imaginaire dans laquelle se déroule leurs intrigues ; ça ne s'invente pas ! Comme Tom Destry (le personnage interprété par James Stewart dans Femme ou démon), Tom (encore) Banning que joue Joel McCrea, est fils d'un célèbre Marshall. Comme Destry, il vient prendre sa succession en tant qu'homme de loi dans la ville même où son paternel s'était fait une réputation d'homme à poigne n'hésitant pas à jouer du pistolet ; comme Destry, il passe pour un 'Tenderfoot' ne portant pas même d'armes ; comme Destry, son passe temps favori est de jouer à sculpter des petits bouts de bois avec un canif ; comme Destry, il se met à raconter des histoires à tour de bras pour exprimer ses pensées, faire des 'sermons' ou pour 'botter en touche' ("J'ai connu un homme qui...") ; et comme Destry il s'avèrera être en fait un véritable tireur d'élite. Comme dans Femme ou démon, on assistera à un crêpage de chignon homérique entre deux furies devant un parterre d'habitués du saloon, hilares, poussant à ce que le combat se poursuive sans intervenir pour le seul plaisir du spectacle ; comme dans le film de George Marshall, on aura droit à un très beau plan en plongée sur un immense et luxueux comptoir de bar ; comme dans le précédent, on assistera aux diverses descentes d'escalier de la patronne dominant son petit monde : la patronne qui se fait appeler Frenchie alors que Marlène Dietrich avait pour nom Frenchy... Je pense qu'il n'est pas besoin de continuer ce petit jeu des analogies (aussi bien scénaristiques que stylistiques) pour comprendre que tout ceci n'est pas que le fruit du hasard ! Il faudrait être de très mauvaise foi pour avouer le contraire.

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S'il ne s'agit pas d'un remake, c'est à un véritable hommage au film de George Marshall que nous convie le scénariste Oscar Brodney qui avait certainement du le visionner à de nombreuses reprises. Travaillant quasi exclusivement pour le studio Universal, il n'a pas une filmographie mirobolante mais on verra son nom au générique de deux formidables réussites : Romance inachevée (The Glenn Miller Story) d'Anthony Mann et Capitaine mystère (Captain Lightfoot) de Douglas Sirk. Il signera aussi quelques autres scripts assez amusants et bien menés, comme celui de La belle aventurière (The Gal who Took the West) dans le domaine une fois encore du western humoristique ou Double Crossbones de Charles Barton avec Donald O'Connor embarqué dans un joyeux film de pirates. Son travail sur Frenchie est assez similaire que sur ces deux derniers exemples tout en étant bien plus satisfaisant. Oscar Brodney offre à ses interprètes de pétillants et spirituels dialogues : on se souviendra du "Hello Pidgeon" lancé par Shelley Winters à ses clients ou de son « Vous parlez à une femme prête à tout », montrant d'emblée son aplomb et sa détermination à ceux qui voudraient lui mettre des bâtons dans les roues. Une Shelley Winters qui s'en donne à cœur joie et qui semble s'être beaucoup amusée sur le tournage, très convaincante du coup dans ce rôle de femme forte qui mène les hommes par le bout du nez. Beaucoup de piquants et grivois sous-entendus ainsi que d'innombrables situations cocasses comme cette séquence au cours de laquelle Joel McCrea vient 'emprunter' le revolver que Shelley Winters cache dans un fourreau qui lui entoure la cuisse ou bien cette autre où il pique les fesses de Frenchie avec son étoile de shérif. Il faut aussi avoir vu la manière qu'à Joel McCrea de désarmer Paul Kelly lors de leur première confrontation, en levant la jambe très haut, donnant un coup de pied dans l’arme pour la faire sauter des mains de son adversaire tout en lui disant « j’ai appris ça d’une amie dansant le French Cancan.»

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Un film constamment amusant mais tout en retenue, sans jamais sombrer dans la lourdeur ni dans la vulgarité comme c'était le cas des westerns Warner dont le style d'humour était totalement opposé. Mais comme Femme ou démon, il s'agit plus d'un western avec énormément d'humour que d'une véritable comédie. Point d'éclats de rire d'ailleurs mais un sourire constamment vissé aux lèvres. Point de gag plus ou moins réussis mais une suite de situations toutes plus divertissantes les unes que les autres. D'ailleurs, tous les autres participants semblent avoir pris autant de plaisir que le scénariste à tourner ce film. Ce qui donne à ce western ne se prenant jamais vraiment au sérieux un ton bon enfant qui lui sied à merveille. La musique de Hans J. Salter est plaisante, le technicolor est rutilant, permettant aux costumes portés par Shelley Winters de briller de mille feux et à Maury Gerstman de nous délivrer une très belle photographie, chaude et colorée à souhait. Les décors sont d'ailleurs délicieux que ce soit ceux des abords de la ville ou ceux des paysages montagneux aux cimes enneigées, du cimetière sous la colline dominée par l'église ou de ce paisible bord de lac où Joel McCrea et Shelley Winters se retrouvent et où le premier fait un noble 'sermon' à la seconde sur "la haine est un poison". Tout ça pour dire que niveau 'background', les spectateurs en ont pour leur argent.

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Pour en revenir à l'interprétation, s'il s'agit avant tout d'un véritable festival Shelley Winters qui semble s'être pris au jeu avec jubilation, s'amusant même à imiter Mae West, ses partenaires ne sont pas en reste à commencer par Joel McCrea dont c'était le deuxième des trois westerns qu'il devait tourner par contrat pour la Universal (après Saddle Tramp signé Hugo Fregonese). Leurs succès au box-office fut tel que le comédien signa à nouveau pour une salve de trois autres films pour le studio. Joel McCrea avait déjà prouvé son talent dans la comédie ; il le confirme ici. Nonchalant, pince sans rire, il arrive à nous faire oublier le Tom Destry de James Stewart d'autant que son personnage est rendu attachant par son petit côté 'fleur-bleue', ayant quitté la ville suite à une déception amoureuse. A ses côtés, un casting tout à fait réjouissant à commencer par Elsa Lanchester que l'on appelle 'comtesse', proche amie de notre héroïne et dont on doute un peu de la 'noblesse' : une comtesse des courtisanes plus probablement ! Saluons aussi Marie Windsor, comédienne adulée par les amateurs de films noir et qui joue ici la femme qui a abandonnée Joel McCrea par amour du luxe et qui le regrette désormais amèrement lorsqu'elle retombe nez à nez avec son ex-amant pour qui elle éprouve toujours des sentiments. Son pugilat avec Shelley Winters vaut son pesant d'or, rivalisant sans problème avec celui qui opposait Marlene Dietrich à Una Merkel dans le western de George Marshall.

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Il faut dire que Louis King nous a lui aussi agréablement surpris, menant son film avec rythme et efficacité alors que c'est George Sherman qui avait été pressenti pour réaliser le film. Illustre inconnu pour nombre d'entre nous si ce n'est pour ses films 'animaliers' tel Le Fils de Flicka ou Green Grass of Wyoming que les quarantenaires avaient pu voir lors de leurs diffusions le mardi soir à la télévision à le fin des années 70, le frère cadet de l'illustre Henry King n'a certes pas marqué l'histoire du cinéma mais a pu cacher au sein de son imposante filmographie quelques autres petites pépites de cet acabit. Débutant sa carrière en 1919, il fut d'abord comédien avant de tourner des westerns muets à tout petits budgets aux titres assez 'exotiques' : The Bantam Cowboy ,The Fightin' Redhead, The Pinto Kid, The Little Buckaroo, The Slingshot Kid... puis moult films de séries B ou C pour plusieurs studios dont quelques Charlie Chan, Bulldog Drummond ou autres Tom Sawyer. Frenchie se situe vers la fin de sa carrière cinématographique avant qu'il ne se tourne vers le petit écran, réalisant plusieurs épisodes de séries comme Gunsmoke. Curieux que les éditeurs DVD puissent donner leur chance à d'autres de ses films afin de savoir ou non si Frenchie était un 'One Shot'.

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Pour ceux qui aiment le style de western représenté par Femme ou démon (Destry Rides Again), sachez que le film de Louis King se situe vraiment dans la même veine. Western bon enfant, drôle, mouvementé, très bien écrit, très bien interprété, très correctement réalisé, piquant et amusant, il se laisse regarder avec un immense plaisir tout du long d'autant que Shelley Winters s'en donne à cœur joie, s'amusant comme une folle à interpréter ce rôle pittoresque. Je ne me permettrais pas de le conseiller à d'autres qu'aux aficionados du genre mais pour ma part, ce fut une excellente surprise d'autant que, comme dit précédemment, la photographie est superbe, les décors et costumes sont somptueux et que les scènes d'actions sont parfaitement bien troussés (comme souvent à la Universal entre 1948 et 1952, l'âge d'or du studio concernant le western). Il n'y a pas grand chose à en dire de plus ; ce n'est pas pour autant que ça n'en fait pas un film hautement divertissant !
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hellrick
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par hellrick »

Je l'ai raté lorsqu'il est passé naguère à la télévision, j'en rage :cry:
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pak
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Message par pak »

Jeremy Fox a écrit :
Dad Travis : "You got any friends?"
Choya : "My guns."
Dad Travis : "Kinfolk?"
Choya : "My horse."

Ruth Lavery : "What's your name?"
Choya : "Choya."
Ruth Lavery : "That's Spanish for cactus. Why do they call you that?"
Choya : "Ever tried to pick one?"
Bordel... Z'avez une sacré tendance à prendre les amateurs de ciné pour des bilingues sur DVDclassik... :uhuh:

Kinfolk ?
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

http://www.notrecinema.com/
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Père Jules
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Père Jules »

"kinfolk" c'est de l'argot pour dire "parent", "de la famille"... sauf erreur :D
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