Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Federico
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

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riqueuniee a écrit :@Federico Si ces films ont un petit air anglo-saxon,c'est aussi parce que les romans adaptés se passaient en Angleterre.ils ont été transposés en France pour des raisons évidentes (outre que ce sont des productions françaises,les deux films ont été réalisés pendant l'Occupation).
Je pense également que ça vient de Stanislas-André Steeman, l'auteur des romans. Il y a pas mal de points communs entre l'humour et l'esprit débridé belges et anglo-saxons (goût pour les personnages burlesques et excentriques ainsi que pour le fantastique...).
cf l'esprit slapstick de la BD franco-belge, le Harry Dickson de Jean Ray, Blake & Mortimer de Jacobs...
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
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riqueuniee
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par riqueuniee »

Federico a écrit :
riqueuniee a écrit :@Federico Si ces films ont un petit air anglo-saxon,c'est aussi parce que les romans adaptés se passaient en Angleterre.ils ont été transposés en France pour des raisons évidentes (outre que ce sont des productions françaises,les deux films ont été réalisés pendant l'Occupation).
Je pense également que ça vient de Stanislas-André Steeman, l'auteur des romans. Il y a pas mal de points communs entre l'humour et l'esprit débridé belges et anglo-saxons (goût pour les personnages burlesques et excentriques ainsi que pour le fantastique...).
cf l'esprit slapstick de la BD franco-belge, le Harry Dickson de Jean Ray, Blake & Mortimer de Jacobs...
Tout à fait.Je n'avais pas fait le rapprochement avec Blake et Mortimer,mais il y a certainement de ça dans la démarche de Steeman (situer ses histoires en Angleterre).Je connais moins bien Harry Dickson,connaissant surtout les écrits fantastiques de Jean Ray.Là,on aborde un autre versant de l'esprit belge : le surréel,l'onirique,etc..).
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Le voile bleu (1942)

Message par pak »

4. Le voile bleu de Jean Stelli (1942) :

Avec Gaby Morlay, Elvire Popesco, Alerme, Charpin, Georges Grey, Denise Grey, Noël Roquevert, Aimé Clariond, Larquey, Marcelle Géniat, Jeanne Fusier-Gir... Scénario de François Campaux – Musique d'André Theurer – Genre : drame – Production française – Sortie : 18/11/1942
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Mon avis :

Quelques jours après la mort de son mari tué au front en 1914, une femme perd l'enfant qu'elle vient de mettre au monde. Seule dans la vie, elle se consacrera à ceux des autres.

Un film typique de l'époque pétainiste, où le scénario est au service de la vision d'un chef de l'état rétrograde. Si la guerre en cours n'est pas évoquée dans le film, l'histoire fait clairement référence à la situation du pays en 1942 : veuve de guerre, mortalité infantile en période de privation, institution qui prend soin de ses citoyens (ici l'hôpital trouve un emploi à cette mère plongée dans le malheur), film dédié aux nourrices dévouées, catéchisme et communion : pas d'erreur, on est bien là dans la France du début des années 40.

Au delà de la propagande larvée, Jean Stelli propose une histoire assez mélodramatique, où le sacrifice du personnage de Gaby Morlay est mis en avant, qui fait craquer tous les hommes qu'elle croise par son dévouement (il y a 3 demandes en mariages, toutes doucement repoussées), et il n'hésite pas à élever cette femme vers une sorte de sacralisation, une icône, une image de la France qui souffre mais qui reste dévouée à ses valeurs... Pour cela, les situations sont exagérées, les sentiments parfois exacerbés, les larmes jamais loin.

Mais pourtant il y a une part de vérité dans ce film, qui parle aux spectateurs, à ceux qui ont connu le monde des nounous. Ceux qui comme moi ont eu une mère qui a exercé le métier de nourrice savent à quel point un attachement peut se créer entre l'enfant gardé et elle, surtout si ça dure plusieurs années, et quel déchirement se produit quand l'enfant s'en va. Cette relation particulière de presque deuxième maman qui fait que parfois, 20 ans plus tard, le gamin devenu adulte, est toujours en contact avec, la nommant d'un doux surnom ou tout simplement « tata », même à 30 balais passés. Quelqu'un qui a connu cette relation sera forcément ému devant ce film et fera plus ou moins fi des aspects daté et politique du film. Tout parent sait aussi combien il est important d'avoir une nounou de confiance, quand il faut laisser ses têtes blondes entre les mains d'une inconnue. En cela, l'auteur frappe juste.

Gaby Morlay porte ce film sur ses épaules, l'habite complètement en jouant une femme qui est loin d'être frustrée de n'avoir pu être mère et qui déverse son trop plein d'amour sur les enfants des autres. Elle est de plus vieillie assez sobrement (l'histoire raconte la vie entière de cette femme) et de manière convaincante (plus que pour certains films plus récents), ce qui tend à ajouter de la crédibilité à son jeu.

Dans une époque à feu et à sang, ce film offre une petite fenêtre de douceur sur un monde alors livré aux brutes. Dommage que derrière ce velours se tapit le fer d'un régime totalitaire, qu'il faut essayer d'ignorer pour apprécier les qualités réelles de ce film...

Étoiles : * * . Note : 12/20
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Autour du film :

1. Le film fut l'un des plus gros succès du cinéma pétainiste à tel point qu'il, malgré la mauvaise presse faite aux films français de cette période, s'exporte dans plusieurs pays après la guerre, dont les États-Unis en octobre 1947.

2. Un remake américain du film fut d'ailleurs réalisé par Curtis Bernhardt en 1951 avec Jane Wyman en vedette et Charles Laughton, qui sorti en France le 27 juin 1952 sous le titre La femme au voile bleu (The Blue Veil).
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3. Au générique du film de Jean Stelli, on peut voir Georges Grey, un des acteurs fétiches de Sacha Guitry durant une dizaine d'années, qui n'a aucun lien de parenté avec Denise Grey (la fameuse « Poupette », arrière grand-mère de Sophie Marceau dans La boum en 1980) qui joue aussi dans ce film.
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4. Anecdote qui n'a rien à voir avec le film mais avec l'aviation : Gaby Morlay, vedette du film et un temps symbole de la femme libre des années 20, fut la première française à obtenir son brevet de pilote de dirigeable... !
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Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Ann Harding
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par Ann Harding »

Un remake américain du film fut d'ailleurs réalisé par Curtis Bernhardt en 1951 avec Jane Wyman en vedette et Charles Laughton, qui sorti en France le 27 juin 1952 sous le titre La femme au voile bleu (The Blue Veil).
Tu trouveras une critique de ce remake sur le topic Remake/Premake:
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 0#p1976323
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

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pak a écrit :4. Le voile bleu de Jean Stelli (1942) :

Avec Gaby Morlay, Elvire Popesco, Alerme, Charpin, Georges Grey, Denise Grey, Noël Roquevert, Aimé Clariond, Larquey, Marcelle Géniat, Jeanne Fusier-Gir... Scénario de François Campaux – Musique d'André Theurer – Genre : drame – Production française – Sortie : 18/11/1942
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Mon avis :

Quelques jours après la mort de son mari tué au front en 1914, une femme perd l'enfant qu'elle vient de mettre au monde. Seule dans la vie, elle se consacrera à ceux des autres.

Un film typique de l'époque pétainiste, où le scénario est au service de la vision d'un chef de l'état rétrograde. Si la guerre en cours n'est pas évoquée dans le film, l'histoire fait clairement référence à la situation du pays en 1942 : veuve de guerre, mortalité infantile en période de privation, institution qui prend soin de ses citoyens (ici l'hôpital trouve un emploi à cette mère plongée dans le malheur), film dédié aux nourrices dévouées, catéchisme et communion : pas d'erreur, on est bien là dans la France du début des années 40.

Au delà de la propagande larvée, Jean Stelli propose une histoire assez mélodramatique, où le sacrifice du personnage de Gaby Morlay est mis en avant, qui fait craquer tous les hommes qu'elle croise par son dévouement (il y a 3 demandes en mariages, toutes doucement repoussées), et il n'hésite pas à élever cette femme vers une sorte de sacralisation, une icône, une image de la France qui souffre mais qui reste dévouée à ses valeurs... Pour cela, les situations sont exagérées, les sentiments parfois exacerbés, les larmes jamais loin.

Mais pourtant il y a une part de vérité dans ce film, qui parle aux spectateurs, à ceux qui ont connu le monde des nounous. Ceux qui comme moi ont eu une mère qui a exercé le métier de nourrice savent à quel point un attachement peut se créer entre l'enfant gardé et elle, surtout si ça dure plusieurs années, et quel déchirement se produit quand l'enfant s'en va. Cette relation particulière de presque deuxième maman qui fait que parfois, 20 ans plus tard, le gamin devenu adulte, est toujours en contact avec, la nommant d'un doux surnom ou tout simplement « tata », même à 30 balais passés. Quelqu'un qui a connu cette relation sera forcément ému devant ce film et fera plus ou moins fi des aspects daté et politique du film. Tout parent sait aussi combien il est important d'avoir une nounou de confiance, quand il faut laisser ses têtes blondes entre les mains d'une inconnue. En cela, l'auteur frappe juste.

Gaby Morlay porte ce film sur ses épaules, l'habite complètement en jouant une femme qui est loin d'être frustrée de n'avoir pu être mère et qui déverse son trop plein d'amour sur les enfants des autres. Elle est de plus vieillie assez sobrement (l'histoire raconte la vie entière de cette femme) et de manière convaincante (plus que pour certains films plus récents), ce qui tend à ajouter de la crédibilité à son jeu.

Dans une époque à feu et à sang, ce film offre une petite fenêtre de douceur sur un monde alors livré aux brutes. Dommage que derrière ce velours se tapit le fer d'un régime totalitaire, qu'il faut essayer d'ignorer pour apprécier les qualités réelles de ce film...

Étoiles : * * . Note : 12/20
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Autour du film :

1. Le film fut l'un des plus gros succès du cinéma pétainiste à tel point qu'il, malgré la mauvaise presse faite aux films français de cette période, s'exporte dans plusieurs pays après la guerre, dont les États-Unis en octobre 1947.

2. Un remake américain du film fut d'ailleurs réalisé par Curtis Bernhardt en 1951 avec Jane Wyman en vedette et Charles Laughton, qui sorti en France le 27 juin 1952 sous le titre La femme au voile bleu (The Blue Veil).
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3. Au générique du film de Jean Stelli, on peut voir Georges Grey, un des acteurs fétiches de Sacha Guitry durant une dizaine d'années, qui n'a aucun lien de parenté avec Denise Grey (la fameuse « Poupette », arrière grand-mère de Sophie Marceau dans La boum en 1980) qui joue aussi dans ce film.
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4. Anecdote qui n'a rien à voir avec le film mais avec l'aviation : Gaby Morlay, vedette du film et un temps symbole de la femme libre des années 20, fut la première française à obtenir son brevet de pilote de dirigeable... !
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Tout à fait bien vu en ce qui concerne le métier de nounou et les relations qu'elles gardent parfois avec "leurs" enfants.En ce qui concerne le film,le thème est suffisamment universel pour qu'on oublie le contexte politique de sa réalisation.Un film qui peut faire pleurer (surtout la conclusion...) encore aujourd'hui.
En ce qui concerne la dernière anecdote,l'amateur d'avions a parlé... :uhuh:
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par pak »

Ann Harding a écrit :
Un remake américain du film fut d'ailleurs réalisé par Curtis Bernhardt en 1951 avec Jane Wyman en vedette et Charles Laughton, qui sorti en France le 27 juin 1952 sous le titre La femme au voile bleu (The Blue Veil).
Tu trouveras une critique de ce remake sur le topic Remake/Premake:
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 0#p1976323
Merci. Pas vu le remake, mais à te lire, c'est une copie presque conforme en moins pessimiste. A voir lors d'une éventuelle diffusion TV, mais je ne vais pas courir après...
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Volpone (1940)

Message par pak »

5. Volpone de Maurice Tourneur (1940) :

Avec Harry Baur, Louis Jouvet, Charles Dullin, Fernand Ledoux, Jacqueline Delubac, Marion Dorian... Scénario de Jules Romains et Stefan Zweig (d'après la pièce Volpone de Ben Jonson, 1606) - Dialogues de Jules Romains - Musique de Marcel Delannoy - Genre : comédie - Production française - Date de sortie : 10/05/1941
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Pour se venger de ses créanciers, le marchand Volpone, avec l'aide de Mosca, un aventurier, se fait passer pour mourant et leur laisse miroiter un héritage. Ces derniers, abusés, sont prêts à toutes les bassesses pour empocher le pactole...

Ce film est l'un des derniers représentants de ce qu'on appelait le théâtre filmé, genre populaire dans les années 1930 qui consistait à reprendre une pièce pour l'adapter le plus fidèlement possible au cinéma. Cela permettait des économies d'imagination (le livret de la pièce est la base du scénario), de moyens (le théâtre imposant un nombre de décors limité) et même de tournage en extérieurs. Le genre est souvent dénigré, car les films concernés ne sont pas des modèles de mise en scène, assez statiques, prisonniers des origines scéniques du récit, et le jeu y est forcément théâtral... Pourtant, des gens comme Marcel Pagnol ou Sacha Guitry lui donneront ses lettres de noblesse.

Alors évidemment, dans le film de Tourneur (réalisateur inégal), tout respire le théâtre, des décors aux dialogues en passant par le jeu des comédiens. Mais si c'est bien fait, pourquoi bouder son plaisir ? Car comment résister à Harry Baur et Louis Jouvet ?

D'entrée, Harry Baur marque de sa présence le film dans le rôle-titre, dont on ne sait au départ si c'est un marchant malchanceux ou un véritable escroc (on sera vite fixés). Un personnage cocasse, nullement troublé de se retrouver en prison, mais à l'agonie (ou presque) en sachant ses coffres de pierres précieuses au fond de l'océan. Face à lui, Louis Jouvet campe Mosca, un sacré filou, dont la notion de l'amitié varie vite en fonction du profit qu'il peut en tirer.

Volpone / Mosca, ce sont deux conceptions de l'argent opposées. Le premier amasse des richesses mais sans dépenser, dont le seul plaisir est de contempler ses coffres remplis, tel un Picsou avant l'heure ; le second prenant lui son plaisir dans la dilapidation de l'argent pour assouvir d'autres plaisirs festifs.

Quand je revois ce film et ces deux-là, je ne peux m'empêcher de les penser comme des ancêtres à La folie des grandeurs (Gérard Oury, 1971). Radin et ambitieux, Volpone / Harry Baur n'est pas sans rappeler Don Salluste / Louis de Funes, tout comme Mosca / Louis Jouvet, proche du peuple et serviteur malin rappelle Blaze / Yves Montand...

Maurice Tourneur filme un conte cruel sur l'argent et les comportements qu'il engendre, révélant des traits de caractères aussi humains que pathétiques : avarice, jalousie, mépris, veulerie...

Malgré le côté théâtral évident de l'ensemble, on savoure les prestations de ces énergumènes campés avec délectation par Baur, Jouvet, Ledoux, Dullin... Dommage toutefois que les rares rôles féminins soient sacrifiés et si peu dessinés.

Étoiles : * * * . Note : 14/20.
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Autour du film :

1. On a pu lire que Harry Baur avait trop bien joué son personnage de Volpone, car en cette période troublée, celui-ci a été assimilé par des esprits déformés par leur antisémitisme à une certaine idée qu'ils se faisaient des juifs (alors que pourtant, Volpone n'est pas juif). Le comédien, qui avait aussi joué dans Le Golem (Julien Duvivier, 1936) ou David Golder (Julien Duvivier, 1930), aurait été dénoncé comme juif à cause de ses interprétations... Vrai ou pas, toujours est-il que lié par son contrat, il fut obligé d'aller en Allemagne un an après la sortie de Volpone, pour tourner Symphonie d'une vie (Symphonie eines leben de Hans Bertram) et qu'il fut arrêté par la gestapo à l'issue du tournage, considéré comme juif et communiste, voire d'agent double. Il subit la torture avant d'être libéré 4 mois plus tard, considérablement affaibli. Il décède le 8 avril 1943 dans des circonstances peu claires mais évidemment liées aux mauvais traitements qui lui ont été infligé. Triste et injuste fin pour l'un des meilleurs acteurs français des années 1930.
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2. Volpone est une pièce du dramaturge anglais Ben Jonson, contemporain de William Shakespeare avec lequel il aurait été à la fois ami et rival. Il est en tous cas bien moins connu du grand public que le second, et les adaptations à l'écran (cinématographique ou télévisuel) de ses pièces assez peu nombreuses, contrairement à celles du grand Will.
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3. La pièce fut traduite en français par Jules Romains et en allemand par Stefan Zweig, pour des représentations en 1928 (avec Charles Dullin dans le rôle de Volpone, alors que dans le film, il sera Corbaccio). Leurs travaux ont servi de base au scénario du film dont un premier tournage a débuté en 1938, très vite stoppé pour des raisons financières. Le projet est relancé en mars 1940 sous la direction de Maurice Tourneur (Marcel L'herbier fut un temps envisagé) et les scènes tournées en 1938 furent incorporées au métrage final. En raison des évènements, le film ne sortit qu'en mai 1941.

DIstribution de la pièce de 1928 : Image

4. L'intrigue de Volpone (la pièce) a été utilisée par Joseph L. Mankiewicz pour le scénario de son film Guêpier pour trois abeilles (The honey pot, 1966). Une représentation de la pièce sert d'ailleurs de scène d'ouverture à cette comédie.

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Dernière modification par pak le 9 avr. 11, 13:21, modifié 1 fois.
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Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par riqueuniee »

Certains ont manifestement confondu Volpone (le personnage) et Shylock...
A noter que les principaux personnages de la pièce portent des noms d'animaux,correspondant plus ou moins à leur caractère et/ou leur comportement dans la pièce.Volpone,c'est le renard,Mosca,la mouche,etc...A l'époque (XVIème siècle),l'italien,c'était un peu comme l'anglais aujourd'hui (et même davantage...) et ces allusions devaient être assez parlantes pour le public de l'époque ,même en Angleterre.
Le XVIème siècle est une grande époque pour le théâtre anglais.Outre Shakespeare et Johnson,il y a aussi Marlowe (Christopher),le premier à avoir utilisé le thème de Faust (dans une pièce,Dr Faustus,présentée en ce moment à Paris),et qui a aussi écrit une pièce sur Edouard II,qui se joue encore parfois.
Et John Ford ,auteur de la pièce Dommage qu'elle soit une p...Des thèmes audacieux : homosexualité (pour Edward II),inceste (pour la pièce de Ford),surtout si on pense au théâtre classique français du XVIIème siècle.
Dernière modification par riqueuniee le 16 févr. 13, 17:55, modifié 1 fois.
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par Federico »

pak a écrit :5. Volpone de Maurice Tourneur (1940) :

Ce film est l'un des derniers représentants de ce qu'on appelait le théâtre filmé, genre populaire dans les années 1930 qui consistait à reprendre une pièce pour l'adapter le plus fidèlement possible au cinéma. Cela permettait des économies d'imagination (le livret de la pièce est la base du scénario), de moyens (le théâtre imposant un nombre de décors limité) et même de tournage en extérieurs. Le genre est souvent dénigré, car les films concernés ne sont pas des modèles de mise en scène, assez statiques, prisonniers des origines scéniques du récit, et le jeu y est forcément théâtral... Pourtant, des gens comme Marcel Pagnol ou Sacha Guitry lui donneront ses lettres de noblesse.
Tout comme Lubitsch et Mankiewicz (qui filmera à la lettre ou presque la pièce Le limier). Orson Welles, qui ne pouvait rien faire comme les autres s'amusera, lui, à picorer des bouts de différentes pièces de Shakespeare pour concevoir son Falstaff.
pak a écrit : Alors évidemment, dans le film de Tourneur (réalisateur inégal), tout respire le théâtre, des décors aux dialogues en passant par le jeu des comédiens. Mais si c'est bien fait, pourquoi bouder son plaisir ? Car comment résister à Harry Baur et Louis Jouvet ?
Difficile, voire impossible tant ils sont hénaurmes. De véritables personnages à la Dubout. Sans oublier l'infâme Corbaccio campé avec délectation par Dullin.
pak a écrit : Quand je revois ce film et ces deux-là, je ne peux m'empêcher de les penser comme des ancêtres à La folie des grandeurs (Gérard Oury, 1971). Radin et ambitieux, Volpone / Harry Baur n'est pas sans rappeler Don Salluste / Louis de Funes, tout comme Mosca / Louis Jouvet, proche du peuple et serviteur malin rappelle Blaze / Yves Montand...
Bonne comparaison d'autant qu'Oury partit lui aussi d'une pièce de théâtre, le Ruy Blas de Victor Hugo, adaptée avec la géniale liberté que l'on sait.
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par riqueuniee »

Le film d'Oury est carrément un pastiche de la pièce de Victor Hugo.Oury,comédien avant de devenir cinéaste,l'avait d'ailleurs interprétée (dans le rôle de Ruy Blas) à la Comédie Française (au début des années 50)
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La Malibran (1943)

Message par pak »

6. La Malibran de Sacha Guitry (1943) :

Avec Geori Boué, Sacha Guitry, Suzy Prim, Jacques Jansen, Jeanne Fusier-Gir, Jean Debucourt, Jean Cocteau... Scénario et dialogues de Sacha Guitry – Musique de Louis Beydts – Genre : biographie – Production française – Date de sortie : 16/02/1944 ou 03/03/1944 suivant les sources
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Évocation de la vie de Maria-Felicia Garcia, dite la Malibran, célèbre cantatrice du XIXème siècle.


Ce n'est pas le film le plus connu ni le plus diffusé de Sacha Guitry. Il appartient à la veine historique de l'auteur. L'histoire de France l'a toujours passionné et parsèmera son œuvre, qu'elle soit théâtrale ou cinématographique. Et même radiophonique puisqu'en 1944, Guitry animera des récits historiques, de mai à juillet, le genre d'initiative qui lui vaudra des ennuis à la libération (faut dire aussi que son livre « 1429-1942 ou De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain » n'a pas aidé non plus, même si la totalité des profits générés par la vente de celui-ci a été versée au secours national, organisme d'aide aux militaires et à leur famille créé en 1914 et pas par Vichy comme certains l'ont pensé, même s'il a utilisé comme un instrument massue de propagande au point qu'il fut rebaptisé l'Entraide Française à la libération. Ce livre aura rapporté 3 425 000 francs de l'époque). Dans cette veine historique, on a souvent reproché à Sacha Guitry de raconter sa vision de l'Histoire, plutôt que les faits. Si c'est exact, surtout par la suite avec Si Versailles m'était conté (1953), ou son pendant parisien, Si Paris nous était conté (1955), ça l'est moins pour cette évocation de la cantatrice adulée du XIXème siècle, Maria-Felicia Garcia, dite la Malibran (du nom de son premier mari, Eugène Malibran).

Guitry s'inscrit dans une mode du début des années 1940 qui voit l'époque du Romantisme intéresser les foules et donc les producteurs. Balzac est adapté par Jacques de Baroncelli (La duchesse de Longeais, 1941), André Cayatte (La fausse maitresse, 1942), Pierre Blanchar (Un seul amour, 1943, d'après La grande Bretèche), René Le Hénaff (Le colonel Chabert, 1943)... Christian-Jaque signe La symphonie fantastique sur Berlioz, l'un des compositeurs phares de cette période, et Guitry y va de sa Malibran. Bref, le romantisme a le vent en poupe, même si on évite soigneusement le républicain Victor Hugo ou le sulfureux Stendhal. Il faut dire que sous Vichy, le cahier des charges de la censure est très lourd, aussi le film historique et la biographie sont des moyens aisés de parler d'une autre époque que l'instant présent vécu par les spectateurs. Divertir, exalter le patriotisme si possible, tel est le crédo, ce qui n'empêchera pas certains auteurs de glisser quelques messages subversifs dans leur film. Mais tel n'est pas le cas ici, encore que le passage avec La Fayette citant ouvertement les américains n'est peut-être pas si innocent...

Sacha Guitry maniait joliment les mots et l'ironie. Mais (est-ce dû à ces années noires ? ), comme avec son précédent film, Donne-moi tes yeux, c'est le drame qui prédomine. D'où une atmosphère assez lourde où l'on devine un dénouement dramatique et une impression d'étouffement. Cette impression se confirme durant la vision du film, car, prisonnier de ses moyens limités du fait de la guerre, la caméra ne sort quasiment jamais à l'extérieur, si ce n'est que très brièvement (quelque minutes) dans une cour privée d'un hôtel particulier, ou le temps d'une scène équestre durant laquelle la diva chutera et enfin dans un parc de la propriété où elle est convalescente. New-York, Paris, Londres, Aix-la-Chapelle, Naples, Venise, Manchester sont citées sans qu'on en voit un bout de trottoir, même reconstitué.

Pourtant, malin, le réalisateur parvient à nous convaincre car avec le sens du détail qui le caractérise, il assure la reconstitution du XIXème siècle via les décors, partiellement (la plupart des scènes se déroulent dans des théâtres ou des appartements bourgeois qui auraient très bien pu servir pour des histoires se passant au XVIIIème siècle, voire début XXème), et surtout via les costumes des divers protagonistes. Pour pallier à l'absence de variété géographique, il utilise des personnages célèbres (procédé récurrent chez lui) pour narrer leur rencontre avec la cantatrice. Ainsi Rossini, Musset (interprété par Jean Cocteau), Hugo, Lamartine, La Fayette, la comtesse de Merlin (qui fut un peu la première biographe de la Malibran)... défilent sur l'écran dans des poses plus ou moins affectées.

Guitry signe un film bien conventionnel, où l'ironie et le mordant de l'auteur sont presque inexistants. Même son personnage de mari de la Malibran, pourtant menteur, manipulateur et coureur, est étonnement sage. L'émotion se fait rare et tardive (les derniers instants de la diva). L'ennui pointe donc régulièrement son nez.

Le film est de plus desservi aujourd'hui par l'usure du temps qui a fait bien du mal à la bande son, assez fatiguée, qui ne rend pas hommage aux voix lors des scènes chantées (en particulier l'interprète principale, Geori Boué, l'une des plus célèbres sopranos françaises des années 1940 à 1970), ce qui est bien dommage pour un long-métrage dont la musique et l'amour du chant forment le cœur du récit.

Étoiles : * . Note : 9/20.
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Autour du film :

1. Maria-Felicia Garcia, dite la Malibran, est née le 24 mars 1908 à Paris, était une mezzo-soprano qui a marqué la première moitié du XIXème siècle. Elle est la fille d'un ténor espagnol connu à l'époque, Manuel Garcia, qui lui apprendra le chant avec une discipline de fer : il surveille son régime alimentaire, lui interdit tout sortie inutile ou ludique, lui refuse toute amitié enfantine, la plongeant dans un dévouement sans limites pour le chant. Dès ses 5 ans, elle donne ses premières représentations sur scène. En 1811, la famille Garcia est à Naples car le père est engagé par Murat, mis sur le trône de Naples par Napoléon 1er en 1808. Mais l'empire s'écroule en 1815 et les Garcia rentrent alors à Paris où Manuel Garcia ouvre une école de chant. L'apprentissage de Maria-Felicia se poursuit, mais en grandissant, elle affirme son caractère, et les leçons avec son père sont de plus en plus conflictuelles. En 1824, ils sont à Londres car le paternel y chante du Rossini. Elle y fait ses grands débuts, et la tessiture de sa voix, rivalisant avec les meilleurs interprètes, lui assure un succès grandissant.et fulgurant en Angleterre. L'année d'après, elle est à New-York, sa troupe ayant pour but de faire découvrir l'opéra au Nouveau-Monde. Maria a 17 ans, a une voix exceptionnelle, mais est aussi très belle. Les courtisans commencent à défiler au grand dam du père. Apparaît alors Eugène Malibran, riche homme d'affaire, qui lui fait une cour assidue et motivée. Elle tombe sous le charme et après de nombreuses disputes avec son père, finit par obtenir le consentement de celui-ci (bien aidé par une grosse somme versée par Malibran) pour épouser le prétendant en 1826. Mais les affaires du mari vont vite péricliter et le couple fait vite naufrage. Ils se séparent, et la désormais la Malibran, retourne en France, à Paris. Elle fait son retour en 1828 sur la scène parisienne, et c'est encore le succès. Très populaire parmi les Romantiques, elle côtoie des gens comme Rossini, Mérimée, Georges Sand, Balzac... Elle rencontre le violoniste renommé Charles-Auguste de Blériot, les deux s'aiment mais ne peuvent se marier, la Malibran étant toujours mariée avec son coquin d'Eugène. Cela ne les empêche pas de vivre ensemble d'avoir, en 1833, un enfant. Le premier mariage de la Malibran sera finalement annulé en 1835, et elle se mariera avec de Blériot dès 1836. Elle est en pleine gloire. Malheureusement, la même année, en tournée en Angleterre, elle fait une chute de cheval, alors qu'elle attend de nouveau un enfant. Artiste jusqu'au bout, elle remonte sur scène. Pourtant, épuisée et affaiblit par son accident, elle décède à Manchester le 23 septembre 1836. Le XIXème siècle venait de perdre l'une de ses plus belle voix, à seulement 28 ans...
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2. Le film de Sacha Guitry sortit sur les écrans quelques mois avant le débarquement allié en Normandie. 1944, qui revit la guerre s'implanter sur le territoire français, avec les bombardements, les actions de résistance, les représailles de l'occupant, a été une année chaotique pour le pays, et donc aussi pour son cinéma. De plus, peu apprécié par les Vichystes, Guitry vit son film descendu par la critique collaborationniste. La Malibran sortira donc dans un contexte très défavorable, et aura une carrière très brève dans les salles. Il sera projeté aussi dans les stalags pour les prisonniers français.

3. La Malibran inspira deux autres films. Un contemporain au Guitry, tourné en Italie en 1943 par Guido Brignone, simplement titré Maria Malibran. Et en 1972, La mort de Maria Malibran (Der tod der Maria Malibran), film allemand assez loufoque peu biographique, réalisé par Werner Schroeter.
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Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par riqueuniee »

Tu es bien sévère avec ce film que j'ai trouvé plutôt intéressant. Si la reconstitution (décors et costumes) est assez approximative, les faits, même très romancés, sont traités de façon moins fantaisiste que dans les grandes fresques historiques de Guitry. Le film, d'ailleurs, n'est pas un biopic classique, procédant par flash-backs à la mort de la Malibran, ceux qui l'ont connue se réunissent et évoquent sa mémoire. Guitry n'a tout de même pas pu s'empêcher de faire défiler toutes sortes de célébrités dans le salon de la Malibran.
Si la bande-son a vieilli (d'un point de vue technique), l'interprétation musicale reste de grande qualité. Non seulement Guitry a fait interpréter les rôles de chanteurs par des artistes lyriques (Jacques Jansen doublait Alain Cuny pour le chant dans les visiteurs du soir), mais tous les airs sont interprétés en italien, ce qui est assez rare dans un film français à cet époque (on préférait les traductions) et ajoute à l'intérêt de ces passages.
Plus surprenant , vu sa date de sortie, le film comporte d'étonnants clins d'oeil aux Américains (on voit d'ailleurs Lafayette dans le film) et une allusion assez appuyée au caractère international de cette artiste "espagnole née en France, mariée aux USA à un Belge, et décédée à Manchester" (je cite de mémoire)
Un film que je ne connaissais pas du tout, et qui a été une très bonne surprise (d'autant plus que j'aime bien l'opéra)
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par pak »

C'est peut-être ça la clef pour apprécier ce film, avoir de l'intérêt pour l'opéra. Ce qui hélas n'est pas mon cas... :(
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par riqueuniee »

En effet. l'amateur d'opéra appréciera davantage la qualité des scènes chantées ,supérieures à ce qu'on pouvait souvent trouver dans les films de cette époque , d'autant plus que les artistes lyriques en question se montrent convaincants en tant qu'acteurs. Guitry a manifestement voulu soigner cette partie-là.
Remarque, ce n'est pas la seule biographie musicale intéressante de cette période : il y a aussi La symphonie fantastique. On y trouve un ereconstitution de l'époque romantique, et aussi une belle interprétation de pages de Berlioz, dont des extraits de son Requiem.
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Ann Harding
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Re: Le cinéma français des années 40 (1940-49)

Message par Ann Harding »

J'ai moi aussi beaucoup aimé ce film sur La Malibran. Les deux chanteurs d'opéra que sont Jacques Jansen (célèbre Pelléas) et Geori Boué sont de bons acteurs, bien dirigés par Guitry. Par contre, du point de vue musical, le film est très ambitieux en voulant nous faire découvrir le répertoire belcantiste de Maria Malibran. Dans les années 40, le répertoire de Bellini ou de Rossini n'avait pas encore été 'redécouvert'. On avait tendance à l'interpréter comme du Verdi ou du Puccini. Il faudra attendre les années 50-60 avec Callas, Sutherland, etc. pour que les recherches musicologiques permettent d'interpréter correctement cette musique. Géori Boué chante donc toutes ces arias de la première période belcantiste d'une manière surrannée: lourdeur dans l'aigu, manque de ductilité et émission ouverte typique des chanteurs français des années 40. Mais, je ne lui jette pas la pierre ; c'était tout simplement la technique vocale de l'époque. Mais, il ne faut pas chercher dans ce film une quelconque vérité musicale. De nos jours, il y a des douzaines de mezzo-soprani et de soprani qui peuvent chanter cette musique avec beaucoup plus de facilité et de virtuosité. Mais, pour 1940, Guitry a réalisé un film tout à fait honorable.
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