José Bénazéraf

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jordan White
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José Bénazéraf

Message par Jordan White »

Après recherche infructueuse, j'ai constasté qu'il n'existait pas de topic sur le cinéaste.
Né en 1922 (et toujours en vie), José Bénazéraf a été très actif au début des années 60 parallèlement à la percée de la Nouvelle Vague.
Je n'ai vu que très peu de films du réalisateur, Joe Caligula et Anthologie des séquences interdites, mais suis curieux d'en connaître davantage. Dans ses interviews, Bénazéraf apparaît particulièrement érudit, enrichissant son propos de citations d'auteur, que ce soit celles de philosophes de renommée ou d'écrivains. Il me donne l'impression d'être toujours ce professeur de littérature et de cinéma passionné à qui on ne la fait pas, au risque de se prendre un coup de trique. Un cinéaste exigeant et autoritaire. Sa voix et sa gestuelle plus délicates tranchent avec le piquant de ses idées, lui qui s'est toujours proclamé ennemi juré de la censure, partant aux Etats-Unis pour tourner ses pelloches avant de revenir en Europe. Dans le bouquin de Jouffa sur le cinéma érotique et pornographique français des années 70, l'auteur décrit Bénazéraf comme "L'Antonioni de Pigalle" et plus loin comme le "Godard du X".

Sa filmographie est variée, entre les oeuvres policières, les comédies de moeurs, et bien sûr la (longue) période pornographique entre 1974 et 1986 soit près d'une trentaine de films, en 35mm puis vidéo. Les titres sont pour la plupart particulièrement croustillants et réellement ancrés dans l'esprit d'une époque. Le cinéaste déclarant par ailleurs être particulièrement sensible au lesbiannisme.

Parmi ses films les plus réputés Le désirable et le sublime(dans une de ses interviews, pour Le cabinet des curiosités notamment, il dit en substance : "Vous avez vu ce film ? Bon, vous savez tout de mon cinéma."

Il a également signé deux portraits, dont un avec Zara Whites intitulé tout simplement Portrait Regards de Zara Whites. Réalisant un travail d'analyse avec l'actrice, il n'est pas tendre avec elle et dira à son propos suite à cet entretien d'une heure, qu'il la trouvait "insupportable".
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Nestor Almendros
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Re: José Bénazéraf

Message par Nestor Almendros »

Je n'ai trouvé que ce commentaire de Major Tom daté du 9 novembre 2005
Major Tom a écrit :Le Désirable et le Sublime (José Bénazéraf, 1970) : Film érotico-philosophique français des années Pompidou filmé à la sauce Godard: scènes de uk en filtres rouges, faux raccords (volontaires?), dialogues de sourds (les personnages masculins font des réflexions philosophiques sur le formalisme dans le cinéma contemporain ou la recherche créatrice dans la musique, pendant que les femmes meublent et se montrent à poil). Parfois assez contemplatif, mais très chiant.
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Re: José Bénazéraf

Message par Bugsy Siegel »

Nestor Almendros a écrit :Je n'ai trouvé que ce commentaire de Major Tom daté du 9 novembre 2005
Major Tom a écrit :Le Désirable et le Sublime (José Bénazéraf, 1970) : Film érotico-philosophique français des années Pompidou filmé à la sauce Godard: scènes de uk en filtres rouges, faux raccords (volontaires?), dialogues de sourds (les personnages masculins font des réflexions philosophiques sur le formalisme dans le cinéma contemporain ou la recherche créatrice dans la musique, pendant que les femmes meublent et se montrent à poil). Parfois assez contemplatif, mais très chiant.
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Re: José Bénazéraf

Message par Alligator »

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http://alligatographe.blogspot.fr/2014/ ... zeraf.html

Le concerto de la peur aka. La drogue du vice (José Bénazéraf, 1963)

J'ai le sentiment d'avoir vu un film bavard, mal joué, lent qui voudrait avoir l'air d'un film noir américain, mais dont l'invraisemblance des relations entre les personnages le range de façon inévitable dans le rayon petits films, tant beaucoup de ses éléments sont mal foutus. Si je devais absolument trouver un point positif, peut-être que je saluerais une tentative presque concrétisée de proposer une photographie parfois stylisée.

Ce concerto de la peur est avant tout jazzy, du Chet Baker : la trompette du personnage joué par Hans Verner est présente presque en continu, trop sans doute mais elle se marie bien avec la photo de Edmond Richard. La lumière qui jaillit des stores, celle qui est projetée sous les visages et accentue les ambiances inquiètes ne révolutionne guère le genre mais en dessine habilement les contours. On est dans les clous sur le plan visuel. Voilà, c'est fini. Maintenant, je n'ai plus qu'à médire.

D'abord, le scénario, qui veut visiblement créer une atmosphère noire, enfumée et très froide y parvient, mais détruit sa construction en proposant des personnages très peu profonds, voire complètement creux, dont les sentiments sont changeants jusqu'à l'absurde. Le pire rôle est dévolu à Yvonne Monlaur : caractère et sentiments pour le moins artificiels.

Très mal écrit dans l'ensemble, le scénario accumule les bourdes et les séquences de façon inappropriée, là aussi artificielle, sans liant, sans raison impérieuse. On a droit à du topless, à un cat-fight, à de la jarretelle apparente, une espèce d'érotisme dont on se demande bien ce qu'il fout là, d'autant plus qu'il est distillé avec parcimonie. A tel point que parfois on a l'impression d'être devant un film d'étudiant ou de Jean-Pierre Mocky, un film amateur vite fait.

Les ambitions sont louables, mais le résultat est maigrichon. Ça sonne creux enfin : les dialogues ne décrochent que les mâchoires et peut-être quelques sourires moqueurs. Je me suis ennuyé. J'ai subi le film comme s'il tentait de remplir des cases vides.

Je ne connais pas José Bénazéraf et pour le peu que j'ai lu sur ce cinéaste, je me faisais une idée autrement plus vivante, plus flatteuse de son cinéma. J'attendais quelque chose d'original et surtout une bien meilleure tenue générale.

Les comédiens ne sauvent pas les meubles. Jean-Pierre Kalfon est sans doute le seul à jouer à peu près convenablement. Hans Verner est glaçant, froid, vide. Jamais je n'ai pu croire en son personnage. Yvonne Monlaur en ersatz de Brigitte Bardot est plutôt ordinaire. Comme je l'ai écrit plus haut, elle n'est pas gâtée par son personnage, totalement insipide. Autant dire que son évolution est tout sauf crédible. Le pire est sans nul doute Michel Lemoine. J'avais déjà vu le bonhomme une fois ou deux chez Jesus Franco notamment, et cela ne m'étonne pas de le voir aussi mauvais ici.

Difficile de trouver quelque attrait a ce film. Il essaie de produire un spectacle de genre, un film noir, avec une donzelle perdue dans un monde de brutes. Qui sait? Peut-être certains pourront se contenter de cette ambiance sombre, lugubre et vaguement érotique? Personnellement, le film me laisse froid.

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