Jack Conway (1887-1952)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

LucyMuir
Du rhum, des elfes et d'la bière
Messages : 3560
Inscription : 5 avr. 05, 19:32
Liste DVD
Contact :

Re: Merci

Message par LucyMuir »

Miss Nobody a écrit : Ca fait longtemps que je viens sur le site, j'avais un peu peur de m'inscrire...
On a encore mangé personne.
Bienvenue Miss!!
Rien.
Private Joker
Accessoiriste
Messages : 1743
Inscription : 10 sept. 05, 00:35

Re: Je vais faire des economies

Message par Private Joker »

Miss Nobody a écrit :Merci Private Joker pour tes critiques des films de Jean Harlow. Je voulais acheter un dvd de Jean et j'hésitais entre "une fine mouche" et "dinner at eight". (ils sortent le 26). Je vais te faire confiance et préferer "une fine mouche". C'est tellement desagréable d'acheter un film à 15 euros et d'être décu. Merci donc. Je me suis inscrite à Classik car je brûlait d'exprimer ma reconnaissance pour toutes vos precieuses critiques. Merci à tous! :D
Bienvenue ! :wink:

Je crois que tu ne seras pas déçue par Une Fine Mouche : c'est une très agréable comédie. De loin, le film de Jean Harlow que je préfère...
N'hésite pas à faire part de ton avis lorsque tu auras vu le film ! :wink:
joe-ernst
Décorateur
Messages : 3820
Inscription : 20 mars 06, 15:11
Localisation :

Re: Le cinéma muet

Message par joe-ernst »

Jeunes filles modernes (Our Modern Maidens, 1929), de Jack Conway.

Image

Billie, une fille à papa assez libre et pleine d'ambition pour son fiancé Gil (Douglas Fairbanks Jr.), décide de séduire un politicien très en vue, Glenn (Rod La Rocque), afin qu'il aide à lancer la carrière de Gil...

Un film pas aussi audacieux qu'il peut paraître, il bénéficie néanmoins d'une mise en scène menée tambour battant par Jack Conway, palliant ainsi aux manques d'un scénario très convenu.

C'est surtout pour les acteurs que ce film vaut le détour. Si Rod La Rocque la joue très matinee idol, Joan Crawford est absolument stupéfiante de naturel, loin de toute sophistication qui sera sa marque plus tard. Disons-le tout net, elle n'a probablement jamais été aussi meilleure. Il faut la voir séduire par son comportement et surtout par cette danse lascive La Rocque. Elle a fait naître en moi bien des regrets de ne pas avoir continué dans cette veine-là dans la suite de sa carrière.

Si Marion Davies, et à juste titre, était célèbre pour ses imitations de ses consoeurs, Fairbanks Jr. est aussi assez drôle quand il imite John Barrymore et John Gilbert...

Anita Page, qui joue la meilleure amie de Crawford et qui est amoureuse de Gil, est absolument adorable et touchante et parvient à donner de l'épaisseur à un rôle assez rébarbatif. Le baiser de pardon à connotation franchement saphique qu'elle échange avec Crawford ravira les petits pervers !

Notons encore la présence au générique de Josephine Dunn, qui joue une chipie de service assez jubilatoire et parviendrait presque à voler la vedette à ses camarades.

Bref un film bien dans l'esprit de ces années folles...
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
Tom Peeping
Assistant opérateur
Messages : 2366
Inscription : 10 mai 03, 10:20

Re: Le cinéma muet

Message par Tom Peeping »

Celui-là, j'ai envie de le voir depuis que j'avais découvert son prédécesseur Our Dancing Daughters (1928, sonore mais pas parlant) qui avait vraiment lancé Crawford et qui est aussi un bijou dans le genre. Où as-tu vu Our Modern Maidens ?
... and Barbara Stanwyck feels the same way !

Pour continuer sur le cinéma de genre, visitez mon blog : http://sniffandpuff.blogspot.com/
joe-ernst
Décorateur
Messages : 3820
Inscription : 20 mars 06, 15:11
Localisation :

Re: Le cinéma muet

Message par joe-ernst »

Tom Peeping a écrit :Celui-là, j'ai envie de le voir depuis que j'avais découvert son prédécesseur Our Dancing Daughters (1928, sonore mais pas parlant) qui avait vraiment lancé Crawford et qui est aussi un bijou dans le genre. Où as-tu vu Our Modern Maidens ?
Je l'avais enregistré sur TCM, mais j'avais raté Our Dancing Daughters... :(
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99641
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Jack Conway (1887-1952)

Message par Jeremy Fox »

Ayant découvert avec délectation Honky Tonk hier après midi (j'ajouterais ma critique du film sous peu), j'aurais bien aimé que vous rapatriez vos divers avis ici pour voir si je n'aurais pas loupé quelques autres pépites de ce réalisateur dont la plupart des films semblent être sortis en DVD dans les Warner Archives (dont Honky Tonk d'ailleurs)
Avatar de l’utilisateur
AtCloseRange
Mémé Lenchon
Messages : 25425
Inscription : 21 nov. 05, 00:41

Re: Jack Conway (1887-1952)

Message par AtCloseRange »

AtCloseRange a écrit :Le Marquis e Saint Evremont (A Tale of Two Cities) - Jack Conway
Cette adaptation de prestige de Dickens autour de la révolution Française vue des 2 côtés de la Manche vaut avant tout pour le grandiose de certaines scènes (Selznick à la production) comme la prise de la Bastille (filmée par Tourneur et Lewton) et la prestation toute en finesse de Ronald Colman (sans sa moustache pour l'occasion) en avocat cynique et désabusé qui reprend progressivement goût à la vie.
Avatar de l’utilisateur
Cathy
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 10 août 04, 13:48
Contact :

Re: Jack Conway (1887-1952)

Message par Cathy »

Une fine mouche, Libeled Lady (1936) - Jack Conway

Image

Eve Eternelle est en fait le remake de Libeled Lady, la seule chose est la différence entre le casting du premier opus et du second, Myrna Loy est la jeune héritière, froide, cynique, mais aussi légère et troublante, Jean Harlow est la fiancée du journaliste mariée pour provoquer le fameux scoop et le scandale, par son tempérament volcanique, elle s'oppose à la première sans tomber dans l'excès. Côté masculin, William Powell et Spencer Tracy rivalisent d'humour dans le rôle de ces deux journalistes canailles, le premier ajoutant son charme et sa spiritualité au côté plus bonhomme du second. Les différences entre les deux films sont minimes, ici la chasse aux canards est remplacée par la pêche à la truite, sans doute plus raffinée pour l'époque, et la scène où William Powell apprend la peche et la pratique est aussi un des grands moments du film, comme la fameuse chasse aux canards du second épisode. Nous sommes aussi dans une screwball type avec des dialogues qui vont à deux cent à l'heure, le film est sans doute plus glamour de par ces deux actrices magistrales. Finalement ce qui est une charmante comédie dans le remake est ici une excellente comédie, sans doute et surtout grâce aux acteurs bien meilleurs dans ce premier opus.

===================================================

La Belle imprudente, Julia misbehaves (1948) - Jack Conway

Image

Une femme frivole, dépensière est invitée au mariage de sa fille qu'elle n'a pas vue depuis qu'elle avait un an. Elle se retrouve face à son mari et à sa fille.

Nous sommes ici une fois encore dans ces comédies fort appréciées des réalisateurs américains et qui tournent autour de la cellule familiale. Certes ce n'est pas la famille type avec le couple et les aventures de leurs enfants, non ici la famille est éclatée, le mari a quitté sa femme quelques mois après la naissance de leur fille, mais a gardé celle-ci, il vit avec sa mère. La femme vit en tirant le diable par la queue. Greer Garson montre ici qu'elle est une véritable actrice de comédie et pas une seule scène mélodramatique ne coupe le rythme du film. Elle nous offre encore une scène de music hall avec acrobates et strip tease à la "Gilda" et surtout se montre parfaitement à l'aise face à son partenaire de Mrs Miniver, Walter Pidgeon. Celui-ci promène son flegme, son charme et sa voix si caractéristique tout au long de l'aventure. Ils sont secondés par Elisabeth Taylor qui n'a que 16 ans, mais est magnifique en jeune fille qui doit se marier mais semble naturellement attirée par Peter Lawford qui est une nouvelle fois fort séduisant en jeune peintre fantasque. Cesar Romero complète le casting en acrobate à la force herculéenne qui nous offre une scène d'anthologie avec Walter Pidgeon en cobaye, il est parfait en amoureux outragé loin du latin lover qu'il interprète plus régulièrement. Le comédie fonctionne bien, malgré quelques vulgarités, que la frange lisse ne va pas à Greer Garson d'ailleurs ! Il ne faut pas oublier aussi Lucile Watson parfaite en mère outragée, ou Maria Boland mère "alcoolique" de Cesar Romero.
Certes la fin est prévisible comme dans tout ce style de films, mais le charme du couple Garson/Pidgeon fonctionne magnifiquement et nous offre un agréable divertissement.

Image

Copie TCM
Avatar de l’utilisateur
Sybille
Assistant opérateur
Messages : 2148
Inscription : 23 juin 05, 14:06

Re: Jack Conway (1887-1952)

Message par Sybille »

Image Image

Red-headed woman / La belle aux cheveux rouges
Jack Conway (1932) :

D'une espièglerie réjouissante, "Red-headed woman" révèle une Jean Harlow extrêmement piquante en arriviste provinciale décidée à séduire son patron. Cela faisait longtemps que j'avais entendu parler de ce film, et je n'ai à vrai dire pas du tout été déçue. Pré-code oblige, le sujet principal est abordé frontalement, sans manière, et ce dès les premiers plans du film, où l'on aperçoit tour à tour le visage, la silhouette, puis les jambes d'Harlow, le tout sur une petite mélodie fort agréable. En l'espace de quelques secondes, on sait déjà à quoi s'attendre, c'est donc par le physique que la belle va parvenir à ses fins (le moment où elle met une photo de son patron dans sa jarretière :uhuh: donne immédiatement le ton. Comme elle le dit, ça me sera plus utile ici qu'accroché au mur). Le film offre une sympathie teinté d'apitoiement au personnage de l'épouse trompée, il est dit que cette dernière ne doit pas abandonner la partie trop rapidement (j'adore quand elle dit à son mari : J'aurai pu comprendre, si ça n'avait pas été pour... une fille comme ça !), mais puisque Jean Harlow est tout de même l'héroïne du film, le scénario ne porte aucun jugement réellement négatif à son égard, étonnamment l'immoralité est sauve et triomphante jusqu'au bout. Les hommes sont les garants de la sécurité financière et du confort matériel, mais ce sont avant tout des êtres faibles, incapables de résister au charme offensif d'Harlow qui ne doute jamais de ses capacités car, eh bien, c'est un homme, non ?. Peu de seconds rôles marquants excepté Una Merkel dans le rôle de la "bonne copine", petite blonde pas aussi audacieuse qu'Harlow, mais néanmoins dotée d'une candeur moins innocente qu'elle ne s'en donne les airs. Description teintée d'ironie de la petite bourgeoisie de province, "Red-headed woman" est un film qui possède indubitablement le charme de son époque. 7/10

Image Image

Libeled lady / Une fine mouche
Jack Conway (1936) :

Comédie typique de la MGM des années 1930, "Libeled lady", c'est donc d'abord les stars, à savoir Spencer Tracy, Jean Harlow, William Powell et Myrna Loy. Tous sont plutôt bons : Spencer et Harlow dans l'énergie tant physique que verbale, bourrue pour lui, piquante et vindicative pour elle ; William Powell avec toujours sa suave élégance mâtinée d'humour ; seule Myrna Loy me paraît un peu démériter, manquer un peu de punch par rapport aux trois autres, sans rien de rédhibitoire pour autant heureusement. A sa décharge, son personnage est peut-être également le moins intéressant, le moins amusant du lot. Contrairement à l'habitude, il y a ici très peu de seconds rôles d'importance, on peut toutefois remarquer le personnage du père joué par Walter Connolly, dont la présence bienvenue reste néanmoins toujours plus ou moins effacée. Car c'est évidemment sur le quatuor que se concentre action et dialogues. Le scénario parfaitement alambiqué est plutôt drôle, à l'origine de petites scènes pleines d'un humour avant tout simple et rafraîchissant. Le sujet et le traitement qui en est proposé convient parfaitement à un film de cette époque : le jeu et les allusions sur le mariage, le divorce, la presse, la riche héritière... Cela n'empêche pas certaines longueurs, principalement dues il me semble à une construction un peu trop lâche, au fait des différents allers-et-retours entre les situations des 4 personnages, mais dans l'ensemble le spectacle proposé est parfaitement honnête. 6,5/10
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 17125
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Re: Jack Conway (1887-1952)

Message par Watkinssien »

A noter que Jack Conway a coréalisé le superbe Le grand passage (1940) avec King Vidor !
Image

Mother, I miss you :(
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99641
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Jack Conway (1887-1952)

Message par Jeremy Fox »

Image

Franc Jeu (Honky Tonk, 1941)


Franc Jeu fait partie de ces westerns découverts un mardi soir à la télévision alors que je devais avoir entre 10 et 12 ans ; mais alors que Le Réfractaire ou Les Pionniers de la Western Union m’avaient durablement marqués, le film de Jack Conway ne m’avait pas laissé un grand souvenir. Et pour cause ! Alors qu’à l’époque j’attendais surtout du western de l’aventure, des chevauchées, des duels, des bagarres et autres séquences en plein air, je n’avais rien de tout cela à me mettre sous la dent. Revu aujourd’hui, même si l’intrigue n’a rien d’exceptionnelle ni de passionnante, il s’agit pourtant d’un pur et délectable divertissement reposant uniquement sur les dialogues et les acteurs ; les premiers étant éblouissants, les seconds parfaits, le spectacle est brillant et de tout premier choix mais possède plus d’éléments propre à la comédie dramatique et romantique qu’au western. Ceux qui sont à la recherche de grands espaces et d’action peuvent donc faire demi-tour sachant qu’il s’agit avant tout d’un film de studio, d’un western en chambre extrêmement bavard, sorte de jeux de dupes ayant pour toile de fond une petite ville de l’Ouest enfiévrée par la ruée vers l’or, la majeure partie de son histoire se déroulant dans les saloons enfumés et dans la maison tenue par Marjorie Main où ont pris place les personnages de Lana Turner et de son père, ce dernier interprété par Frank Morgan, très connu entre autre pour avoir joué Le Magicien d’Oz dans le film de Victor Fleming.


Image


Candy Johnson (Clark Gable) et Sniper (Chil Wills) sont en mauvaise posture mais ils en ont l’habitude : comme à chaque fois qu’ils se trouvent depuis un certain temps dans une ville, ces deux aventuriers sont démasqués pour leurs escroqueries et sont tout prêts d’être enduits de goudron et de plumes. Et comme à l’accoutumée, grâce à leur roublardise, ils arrivent à se dépêtrer de cette délicate situation. Les voici s’enfuyant en courant, attrapant in-extremis le train qui quitte la ville pour se rendre dans l’Ouest. Là, Candy fait la connaissance de la belle bostonienne Elisabeth Cotton (Lana Turner) qui est en partance pour rejoindre son père (Frank Morgan) à Yellow Creek (Nevada) où il officie en tant que juge de paix. Candy en a assez de traîner ses guêtres de place en place ; il pense que cette ville regorgeant de monnaie sonnante et trébuchante suite à la découverte du métal jaune dans les montagnes alentours, est l’endroit idéal pour se poser et s’y remplir les poches d’autant qu’il est tombé amoureux d’Elisabeth. Il connait en fait très bien son père qui n’a pas tout le temps été le modèle d’honnêteté et de vertu décrit par sa fille mais l’a autrefois aidé dans quelques unes de ses filouteries. Tant qu’à s’y installer et puisque qu’Elisabeth a réussi à s’en faire épouser, Candy décide d’ avoir la mainmise sur la ville et met tout en place pour y arriver quitte à prendre dans son équipe des gens peu fréquentables dont Brazos (Albert Dekker), l’ex-shérif corrompu et au contraire se faire des ennemis de ses anciennes amitiés telle Gold Dust (Claire Trevor),la Saloon Gal au grand cœur, Mrs Varner (Marjorie Main) qui l’a aidé à monter sa salle de jeux ou le père d’Elisabeth qui ne supporte pas l’idée que sa fille soit mariée à un escroc. Candy étant au fait de ses frasques passées, le juge Cotton lui voue désormais une haine d’autant plus tenace qu’il sait que sa fille en a été informée, elle qui ne voyait auparavant en son père qu’un homme foncièrement noble…



Image



Hormis le fait de voir comment une ville sans loi pouvait facilement tomber sous la coupe d’un aigrefin, l’intrigue assez artificielle n’a pas grand intérêt historiquement et thématiquement parlant. Il faut néanmoins signaler qu’on y voit apparaitre des éléments encore rarissimes à l’époque et au moins jamais vus dans une production de prestige, le fameux passage au goudron et aux plumes (plus célèbre grâce aux histoires de Lucky Luke qu’à travers le cinéma), le jeu de la roulette russe ainsi que le personnage du Gambler en tant qu’antihéros principal (il y avait eu le personnage de John Carradine dans Stagecoach mais il n’était pas en situation). La MGM a mis tout en œuvre pour mâtiner aux petits oignons ce divertissement luxueux aux dialogues abondants (mais quand ces derniers sont aussi réussis, on en redemande) ; le casting est prestigieux et les équipes techniques s’y sont donnés à cœur joie pour nous octroyer des costumes et décors rutilants. Et, plus qu’un film de réalisateur, c’est avant tout une œuvre de dialoguiste et de scénariste, la description des relations entre les différents personnages étant ce qu’il y a de plus délicieux. Avec de tels comédiens pour les interpréter, il était difficile de ne pas tomber sous le charme d’autant que le couple formé par Clark Gable et Lana Turner est un des plus glamours jamais vu sur un écran de cinéma.


Image


Clark Gable, encore tout auréolé de son rôle de Rhett Butler, a de nouveau l’occasion de nous offrir un personnage à peu près équivalent, roublard et menteur mais d’une élégance et une classe folle usant de ses charmes pour rouler son monde dans la farine sans aucun remords (la fin immorale au possible est foncièrement réjouissante) ; difficile de lui résister et d’ailleurs le personnage de Lana Turner lui avoue franchement que malgré sa droiture, il arriverait à lui faire faire n’importe quoi, même des choses répréhensibles. Parlons en de Lana Turner ! Magnifiée par une photographie qui la rend encore plus belle si c’était possible, elle rayonne et son visage hypnotise. Si certains la critiquent en tant qu’actrice, c’est peut-être à cause de la sobriété de son jeu qu’ils prennent pour de la paresse ; et si c’est elle qui avait inventé ‘l’under-playing’ ? En ce qui me concerne, je la trouve tout simplement parfaite, la pondération de sa prestation contrastant richement avec le cabotinage impérial de son partenaire moustachu avec qui elle forme un duo inoubliable ; heureusement d’ailleurs que l’alchimie entre les deux fonctionne à merveille car leur histoire d’amour occupe pas loin de la moitié de la durée du film. Voulant lui changer sa mentalité, Elisabeth va plus loin que lui dans la tricherie puisqu’elle se fait épouser sans qu’il s’en soit rendu compte après qu’elle l’ait enivré. Si leurs relations sont majoritairement vues avec humour, tendresse et romantisme, le mélodrame fait son apparition vers le final lorsqu’Elisabeth fait une fausse couche. Ce changement de ton est assez inattendu mais presque tout aussi réussi et prouve que Clark Gable était tout aussi doué pour l’émotion et que, contrairement à beaucoup d’actrices, Lana Turner savait pleurer (elle le prouvera à nombreuses autres reprises notamment dans Les 3 Mousquetaires de George Sidney et dans Les Ensorcelés de Vincente Minnelli). A leurs côtés, une tripotée de seconds rôles tous génialement typés.


Image


Si Elisabeth est consciente de ses faiblesses, Gold Dust est consciente de ses défauts. « Ca donne soif de faire la peau de vache » dira-t-elle à sa rivale en amour après qu’elle ait tentée de discréditer son futur époux pour se le réapproprier. Malgré cette jalousie, Gold Dust est une femme résolument gentille ; Claire Trevor semble tout droit descendue de la diligence de John Ford, son personnage étant quasiment identique et une fois de plus l’actrice se révèle excellente tout comme Marjorie Main dans un personnage parfaitement rôdée de vieille femme qui ne s’en laisse pas compter, aussi adroite avec la parole qu’avec un rouleau à pâtisserie. En ‘barbu’, Chil Wills, qui était de presque tous les westerns de ces deux dernières années, trouve peut-être jusqu’à présent son personnage le plus truculent, celui du partenaire loyal de Clark Gable. Frank Morgan est très attachant en père alcoolique ne supportant pas son gendre qui connait tous ses secrets inavouables et Albert Dekker possède une sacré prestance dans le rôle du méchant de service ; sa partie de roulette russe avec Clark Gable est mémorable.

Bref, une mécanique parfaitement huilée pour un film à la direction d’acteur impeccable ; Jack Conway sait cadrer un visage, sait rythmer un long dialogue et sait peaufiner un plan ; il s’acquitte parfaitement de sa tâche, à savoir, sans idées précises, mettre en image au mieux de ses possibilités un scénario peaufiné pour de grandes stars de l’écran. Certainement pas un western important mais en tout les cas un divertissement revigorant et joyeusement amoral.
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Jack Conway (1887-1952)

Message par bruce randylan »

Il m'intrigue de plus en plus ce Conway. Donc en attendant de regarder les 2-3 DVDs que je possède, détour par la case TCM pour

La belle imprudente / Julia misbehaves ( 1948 )

Le dernier film de Jack Conway est une comédie assez rafraichissante voire un peu immorale qui bénéficie d'un fort capital de sympathie.
Greer Garson y est rayonnante dans le rôle d'une danseuse qui retrouve sa fille ( jouée par Elizabeth Taylor ) après des années, l'ayant laissé à son mari issu d'un milieu social aisé.

Les grandes lignes de l'intrigue sont prévisibles et cousus de fils blancs, mais ce qui fait le charme de cette Julia Misbehaves réside dans ses personnages gentiment délurés qui tirent le film vers la screwball comedy sans en être vraiment une. La troupe des acrobates donne lieu à quelques moments bien farfelus et souvent bien intégrés à l'histoire ( excellent numéro de Music Hall ). Le décalage entre l'univers dandy de la belle-famille de Garson et son monde du spectacle offre là aussi quelques moments bien gratinés..
Ca n'empêche pas les parenthèses "émotion" d'être négligeable aux vues des relations Garson-Pidgeon et Garson-Taylor qui parsèment la narration et qui n'ont rien de superficiel. Elles sont même touchantes et filmées avec sincérité.

C'est donc frais, drôle, bien écrit ( l'introduction est un régal ), bien joué et bien mené. Pas un chef d'œuvre donc. Juste un bon film d'un réalisateur qui doit receler de bonnes petites pépites de ce genre.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Avatar de l’utilisateur
Cathy
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 10 août 04, 13:48
Contact :

Re: Jack Conway (1887-1952)

Message par Cathy »

Franc Jeu, Honky Tonk (1941)

Image

Ce film est un western mais en réalité pourrait très bien être une comédie placée dans d'autres lieux au départ, tant la confrontation entre cet escroc et cette jeune femme de bonne famille semble intemporelle et pouvoir se situer dans n'importe quel lieu ! Nous sommes dans le western urbain avec son saloon, ses entraineuses, son shérif plus ou moins corrompu, sa population naive, etc. Il y a aussi effectivement cette scène du goudron et des plumes ou de la roulette russe, cette confrontation entres bons et mauvais brigands, car finalement aucun de ces héros n'est moral. Que ce soit Candy Johnson et son copain Sniper, escrocs professionnels, ce juge qui s'est acheté une conduite, cette entraineuse au grand coeur qui joue la garce avec délice, ce shériff qui est lui aussi un mauvais garçon. Seule le personnage interprété par Marjorie Main reste quelqu'un de droit et honnête. En effet, si Elisabeth, l'honnête fille du juge de paix semble elle aussi quelqu'un de droit et honnête, on s'aperçoit que par amour elle est prête à tout. Jack Conway dresse en quelque sorte une "apologie" des filous sympathiques au demeurant qui embobinent tout le monde par leurs discours. La force du film est sans aucun doute son casting.

Le couple principal fonctionne merveilleusement bien. Clark Gable endosse de nouveau sa panoplie de Rhett Buttler non gentleman comme dirait Scarlett, avec ce sourire, cette mêche rebelle qui lui donne tant de charme, il est cet escroc roublard qui force la sympathie et l'amour. Quant à Lana Turner, elle a rarement été aussi belle, au charme juvénile, que ce soit avec ses coiffures apprêtées ou quand elle fait sa fausse couche avec ses cheveux défaits. Marjorie Main est parfaite comme à son habitude, tout comme Frank Morgan qui va petit à petit changer de sentiments face à son gendre. Il ne faut pas oublier Claire Trevor, séduisante entraineuse.
Avatar de l’utilisateur
Cathy
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 10 août 04, 13:48
Contact :

Re: Jack Conway (1887-1952)

Message par Cathy »

Folie douce, Love Crazy (1941)

ImageImage

Un couple célèbre le quatrième anniversaire de son mariage en reconstituant les évènements qu'ils ont vécu cette nuit-là, mais cette fois-ci rien ne se passe comme ils veulent, et suite à plusieurs quiproquos et malentendus, l'épouse finit par demander le divorce. Son mari feint alors la folie pour empêcher celui-ci.

Jack Conway réunit une fois de plus le couple mythique de l'introuvable à savoir Myrna Loy et William Powell. Il signe ici une screwball comedy typique avec dialogues qui fusent, situations complètement déjantées. Aucun temps mort dans cette comédie qui commence immédiatement, la présentation des personnages est vite faite, le mari arrivant dans un taxi avec un cadeau d'anniversaire de mariage pour sa femme qu'il retrouve dans son appartement, l'arrivée de la belle mère contrariant leurs projets. Deus ex machina involontaire, celle-ci va provoquer la rencontre du mari avec son ancienne fiancée désormais mariée qui est venue emménager dans le même immeuble lors de la panne de l'ascenseur. L'épouse va être obligée de quitter l'appartement et le mari pour échapper à sa belle-mère bloquée chez eux va sortir à son tour. La situation étant posée, il y a déjà eu de nombreuses séquences comiques dans ce passage, du tapis, à la panne d'ascenseur. Puis naturellement, il y a la véritable "folie" du mari lors d'une réception, succession de situations totalement délirantes, de l'évasion des pieds, à celle des chapeaux, ou à la scène de la montre. La comédie va à 100 à l'heure, le mari va même jusqu'à se transformer en femme.

La comédie est délirante et rondement menée par le couple Myrna Loy/William Powell, elle toujours classe, un peu folle mais raisonnable et sérieuse, toujours avec cette petite distanciation qui fait son charme, lui fort drôle dans un rôle complètement fou mettant en avant son talent comique, effets visuels, dialogues qui fusent, une très bonne comédie, méconnue mais qui pourtant mériterait plus d'attention. Il ne faut pas oublier Jack Carson en voisin , futur amoureux de la femme.
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Jack Conway (1887-1952)

Message par bruce randylan »

Marchands d'illusions (The Hucksters - 1947)
Image

Un spécialiste de la publicité décide de renouer avec ce milieu pour se renflouer. Il utilise son assurance (voire arrogance) pour s'imposer dans l'ancienne entreprise qui l'employait et qui peine justement à satisfaire un grosse fortune tyrannique qui a des idées très formatées sur ce à quoi doit ressembler une publicité.

Jack Conway m'intrigue de plus en plus.
Après la belle imprudente très frais et attachent, voilà une comédie romantique/dramatique assez réussie dont la particularité est d'égratigner un certain nombre de valeurs américaines.
Clark Gable est ainsi un séducteur qui n'hésite pas à utiliser des hôtels pour des rendez-vous d'un soir avec des femmes ou qui n'hésite pas à faire chanter ignoblement ses meilleurs amis pour obtenir ce qu'il souhaite... Malgré le charisme du personnage et son défi de l'autorité et d'une normalité triste, il faut avouer que le personnage n'est pas toujours sympathique ou reluisant. C'est donc un caractère trouble, ambigu qu'on apprécie immédiatement avant de le trouver de plus en plus sombre dans un arrivisme des plus cynique.
C'est la grande qualité du récit et on sent Gable pleinement à l'aise dans ce genre de rôle.
Ce personnage et le milieu dans lequel il évolue est l'occasion de dresser une étonnante satire de la société de consommation américaine, du moins du point du marketing avec ses publicités lénifiantes, racoleuses et abrutissantes. La description faite de l'industriel qui se plait à humilier ses employés ou imposer des rituels d'un autre siècle est également assez sévère.
Cette vision acerbe (mais pas trop quand même) de la publicité n'en fait pas le 99f des années 40 mais ça fait tout de même plaisir de voir un contenu légèrement subversif pointant du doigt un certain modèle américain... y compris dans son happy end qui se permet tout de même de faire l'éloge d'une vie modeste, démontrant que la sacro-sainte réussite de l'american way of life n'en mérite pas la chandelle.

Pour le reste, le casting est donc des plus complets : Clark Gable, Deborah Kerr, Sydney Greenstreet, Adolphe Menjou et Ava Gardner.
Quand à la réalisation de Conway, elle n'a rien de honteuse. Elle manque parfois de punch et de concision mais elle sait être également très précise (les scènes de réunions sont très bien découpées) et parfois nerveuse (l'introduction est parfaitement huilée).
Assez fluide dans l'ensemble.

Plutôt une bonne surprise qui me donne donc envie de faire plus ample connaissance avec lui :)
(j'en ai plusieurs en stock comme red-headed woman, libeled lady ou Le marquis de Saint-Evremond
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Répondre