
Les Sept Péchés Capitaux (1962) (Collectif)

C'est en parcourant la récente biographie sur Godard que l'envie m'est venue de jeter un œil sur ce film à sketchs typique de ces années 60, où en panne d'inspiration les producteurs français lancent à tout va des films de ce calibre comme les voisins italiens, gain de stars devant et/ou derrière la caméra.
Autant le dire que comme à l'accoutumé le film est inégal (vous me direz, normal pour un film à sketch) mais aussi mollasson (surtout comparé aux italiens) et les grands noms de metteurs en scène n'y changent pas grand chose... bon heureusement il y a de bonnes choses mais l'ensemble n'est pas inoubliable.
Le premier "la colère" sur un texte de Ionesco, commence comme une agréable comédie satirique (bonne idée d'un monde où tout le monde est joyeux) mais se termine dans un n'importe quoi qui se voudrait politique mais qui apparait comme bordélique et loin d'être aussi pertinent qu'il le voudrait.
Vient ensuite "l'envie" par Edouard Molinaro, un tantinet longuet mais qui permet (oh surprise) de constater que Dany Saval peut être une bonne comédienne (le plan final sur son regard est touchant). A noter un tout jeune Claude Brasseur.
"La gourmandise" par Philippe de Broca est sans doute le meilleur sketch du film car très bien écrit et interprété par un Georges Wilson génial en paysan qui bouffe tout les cinq minutes. Deux trois scènes sont grandioses et touchent à la qualité italienne dans sa douce ironie.
Puis Jacques Demy réalise "la luxure" essentiellement axé sur l'enfance et le tabou du mot. Ainsi le réalisateur contourne ce que l'on attendait pour ce segment et c'est plutôt pas mal malgré quelques digressions et des plans fantasmagoriques sur l'enfer assez kitchs, aidé par le couple Laurent Terzieff / Jean-Louis Trintignant et la musique de Michel Legrand.
La fameuse "paresse" par Jean-Luc Godard est le segment le plus stylisé (paradoxalement, un des films les plus "sobre" de JLG) et porté par un Eddie Constantine merveilleusement naturel (loin de son image de gros bras) et sa réplique finale vaut le détour.
"L'orgueil" par Roger Vadim est très faible et s'oublie en cinq minutes.
Enfin Chabrol réalise "l'avarice" sur un ton léger ce qui s'avère payant car le sketch est fort sympathique par son humour cynique malgré une chute prévisible.
Donc un film pas génial mais qui se laisse regarder.