Robert Lamoureux (1920-2011)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Cathy
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 10 août 04, 13:48
Contact :

Re: Robert Lamoureux (1920-)

Message par Cathy »

jacques 2 a écrit :
Cathy a écrit :
Des gags qui ne TE font pas rire, de l'humour certes facile, une réalisation certes banale, et alors, je connais très peu de comédies françaises qui sont considérées comme des must de la réalisation hormis sans doute les Gérard Oury !
Bien sûr que cela ME concerne : c'est MON avis que j'exprime et alors ?
Il y en a qui aime cela et c'est bien leur droit ...
le vrai problème à mon sens est le suivant : chacun aime ce qu'il veut et on a tous nos petits plaisirs coupables, évidemment ...

De là à tomber dans le discours du "tout vaut tout", on en viendrait presque à dire que si certains préfèrent "Starcrash" à "2001", c'est recevable ...
Ca l'est sur le plan de la position individuelle bien sûr pas sur celui d'une critique cinématographique toujours subjective, d'accord, mais quand même fondée sur des éléments objectifs pour l'étayer : scénario, acteurs, réalisation, photographie, musique, etc ...
Quant à dire que,à part Oury, pas de grandes comédies françaises , alors là pardon ...

Des gens comme Yves Robert, Etienne Chatilliez et d'autres ont fait bien mieux que Lamoureux que je trouve ringrad et lamentable en fonction des critères définis ci dessus ...
Je n'ai jamais dit que tout vaut tout, j'ai simplement dit que si un film traverse les époques et plait toujours, c'est qu'il a forcément des qualités, y compris celui d'utiliser des acteurs qui peuvent paraître sympathiques. Evidemment qu'il y a des films qui valent plus que d'autres. Tout le monde est d'accord là-dessus, mais une fois encore si Robert Lamoureux sait résister au temps, c'est que son humour doit encore passer, même si d'autres font plus rire ou moins rire.
Je suis bien d'accord qu'il n'y a pas que Gérard Oury, mais j'étais incapable de trouver des metteurs en scène de comédie :oops: . J'apprécie énormément Yves Robert, mais je ne classe pas les comédies d'Yves Robert dans la même catégorie que la septième compagnie, surtout un éléphant et nous irons tous au paradis. Ce n'est pas la même forme d'humour, et j'apprécie autant Lamoureux qu'Yves Robert !

Ne me fais pas dire, ce que je n'ai pas dit, je n'ai jamais dit que parce qu'un film n'avait pas d'audience, il n'avait pas de qualité, et vice versa. Si un film reste régulièrement diffusé, c'est forcément qu'il a encore des qualités, des tas de comédies françaises diffusées régulièrement dans le temps, ne le sont plus car elles ne rencontrent pas le public. Le domaine de la comédie est totalement différent d'autres genres !
jacques 2
Régisseur
Messages : 3172
Inscription : 17 mai 10, 17:25
Localisation : Liège (en Wallonie)

Re: Robert Lamoureux (1920-)

Message par jacques 2 »

Cathy a écrit : mais je ne classe pas les comédies d'Yves Robert dans la même catégorie que la septième compagnie, surtout un éléphant et nous irons tous au paradis. Ce n'est pas la même forme d'humour, et j'apprécie autant Lamoureux qu'Yves Robert !
Nous sommes bien d'accord : ce n'est pas la même forme ni surtout la même finesse ...
Quant aux grandes comédies françaises, j'aurais aussi dû citer Francis Veber, évidemment ...

Sinon, nous sommes finalement d'accord sur tout, Cathy, sauf évidemment sur les qualités que tu ressens chez Lamoureux ...
Quant aux programmations tv, c'est souvent l'absence de couleur qui empêche des rediffusions aux heures de grande écoute : bien des comédies de grande qualité - autrefois multi diffusées - ne l'ont plus été à un certain moment à cause de ce supposé "handicap" à l'audience notamment auprès des plus jeunes ...

La qualité n'a rien à voir là dedans : je préfère pour ma part revoir dix fois "drôle de drame" ou "l'auberge rouge" qu'un quart d'heure d'un film de Lamoureux ...

Heureusement, tous ces débats et nos discussions sont désormais de pure forme puisqu'on peut désormais voir et revoir à peu près tout ce qu'on veut chez soi et - grâce au dvd et au blu ray - avec une qualité qui tend de plus en plus vers la perfection ... :wink: :D
Avatar de l’utilisateur
Cathy
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 10 août 04, 13:48
Contact :

Re: Robert Lamoureux (1920-)

Message par Cathy »

jacques 2 a écrit : La qualité n'a rien à voir là dedans : je préfère pour ma part revoir dix fois "drôle de drame" ou "l'auberge rouge" qu'un quart d'heure d'un film de Lamoureux ...
On ne peut pas comparer Drole de Drame et l'auberge rouge aux films de Robert Lamoureux, tu compares des choux et des betteraves. Il y a toujours eu des comédies "fines" et des comédies plus "faciles". Il faut les comparer entre elles et pas comparer dans le même genre très large qui va finalement de Drôle de drame à mon curé chez les nudistes, et il est bien évident que les films de Robert Lamoureux n'appartient ni à la première catégorie, ni à la dernière. Petit baigneur et 7ème compagnie appartiennent pour moi au même genre, par exemple !
Quant à Francis Veber, il est souvent tout aussi décrié que Robert Lamoureux, pourtant il est également talentueux !
jacques 2
Régisseur
Messages : 3172
Inscription : 17 mai 10, 17:25
Localisation : Liège (en Wallonie)

Re: Robert Lamoureux (1920-)

Message par jacques 2 »

Cathy a écrit : Il y a toujours eu des comédies "fines" et des comédies plus "faciles".

Quant à Francis Veber, il est souvent tout aussi décrié que Robert Lamoureux, pourtant il est également talentueux !
Eh bien, disons que je préfère de loin les comédies fines ...

Quant au deuxième point, vraiment, je ne crois pas : parce que là aussi, c'est la différence entre torchons et serviettes ...
Veber fait le plus souvent preuve d'infiniment plus de finesse dans les dialogues et les situations : "la chèvre" notamment est un sommet de la comédie française ...

Ceci dit, nous ne tomberons pas d'accord sur ce sujet ... et ce n'est pas grave :wink:
Jordan White
King of (lolli)pop
Messages : 15433
Inscription : 14 avr. 03, 15:14

Re: Robert Lamoureux (1920-)

Message par Jordan White »

Cathy a écrit :
Sauf que Bienvenue chez les Ch'tis n'est absolument pas drôle, et personnellement, il m'a donné une image lamentable des gens du Nord, contrairement à ce qu'il a pu susciter chez d'autres spectateurs. Ce que certains ont pris pour un portrait plein d'amour d'une région, m'a semblé vulgaire, lamentable et nul.
Il y a peut-être de la nostalgie, mais au moins les dialogues sont d'une autre tenue, les personnages plus sympathiques et le comique ne se moque que des protagonistes, pas de personnes qui peuvent s'identifier. Il y a quelque chose qui fait que cette septième compagnie est bien supérieure aux Ch'tis. Robert Lamoureux n'a rien de ringard et lamentable, c'est de l'humour bon enfant mais qui n'est pas destiné à blesser ou à faire rire aux détriments d'une population, de personne lambda, mais à faire rire de personnages identifiés.

On en revient à un débat sur les goûts et les couleurs et surtout sur l'appréciation de l'humour...
Il y a beaucoup de formes d'humour et j'aime un type d'humour qui n'est pas celui que peut préférer une autre personne et tant mieux. Mais on peut aussi se retrouver sur un autre type d'humour, se trouver des références communes en définitive et en découvrir d'autres que l'on ne soupçonnait pas forcément, ça c'est le top. Beaucoup de gens aiment De Funès, adorent Rabbi Jacob et d'autres pensent que c'est un acteur cabotin voire insupportable, même s'ils ne sont probablement pas les plus nombreux. Le film a pourtant fait le tour du monde et est considéré comme un classique de la comédie française des années 70. Certains trouvent que La Beuze est une daube sans nom et d'autres qu'il s'agit d'une comédie dans l'air du temps (bien qu'il commence déjà à dater) et abhorreront Héros, le film que Michael Youn a sorti dans une relative indifférence, sans que ça ne fasse de vague en tout cas et j'ai trouvé le film très mauvais, bien qu'il ne s'agisse pas du tout du style Youn. Un ratage intégral à mes yeux qui peut-être sera vu comme un essai intéressant par d'autres sur le star system.

Je ne suis pas fan de Ricky Gervais considéré par certains comme un génie et pourtant j'adore d'autres sketchs anglais comme celui du "catsuit"

(ok c'est un humour connoté, mais je trouve cela irrésistible) ou encore celui des Monty Python, dans Sacré Graal par exemple ou Le sens de la vie. Pour en revenir un instant à Lamoureux je trouve ses films très sympathiques, j'en ai vu quelques uns notamment la série des 7ème compagnie quand j'étais enfant, ça passait souvent en période estivale tout comme la série des Gendarmes par ailleurs ou des Max Pécas, et il y a des échelles d'appréciation qui sont très différentes. Beaucoup de personnes ont leur avis qui convergent pour dire que Pécas, Clair ou Gion c'est le bas du panier, alors que Lamoureux ça rappelle des bons souvenirs, l'effet nostalgie joue et on met du crédit à ses mises en scène aussi "téléfilmesques" soient-elles pour certains de ses films. En revanche qui va accorder plus de crédit que cela à l'auteur de On se calme et on boit frais à Saint-Tropez tout en écartant d'un revers de main ses collaborations avec des cinéastes classiques des années 50 ou encore ses films érotiques qui sont meilleurs que ses films traditionnels ? Qui mettra une comédie paillarde de Bénazéraf ou un Joe Caligula devant un comédie de Oury ? Est-ce qu'il y a un effet de respectabilité en sus de la qualité intrinsèque de l'oeuvre ?

Pour toucher un mot sur les Ch'tis (et pardon, je corrige le titre du film que j'avais écorché : Bienvenue chez les Ch'tis), je ne trouve pas que le film soit lamentable, nul ou qu'il donne une mauvaise image des gens du nord. Je me demande comment un film aurait pu faire autant d'entrées en se moquant ou en donnant une image si négative au point qu'il se sente sali ? Le film ne m'a nullement paru antipathique et j'ai souvent ri de bon coeur devant les péripéties des personnages principaux (même si je pense que Kad Merad, comédien que j'aime beaucoup au demeurant a tout simplement trop tourné ensuite, ce qui est une sorte de comble, en acceptant à peu près tout et en étant à peu près partout). Je n'y rien vu ou perçu de moqueur ou cynique. Ce n'est pas un très grand film. Mais c'est un divertissement très agréable et drôle à mon sens (bien que Zoé Félix soit trop peu présente à l'image, dommage).

J'adore La revanche d'une blonde, les Charlie's Angels (qui sont aussi des comédies d'action), Confessions d'une accro au shopping et Tania Young ( ce qui n'a rien à voir, mais j'aime la façon dont elle présente la météo, toujours avec humour). Pourtant il y a des personnes qui me diront qu'il y a au moins un très mauvais film dans les trois suscités. Et mon meilleur ami, qui me sait amateur de Blier, m'a dit après avoir vu et adoré Calmos que je devrais aussi l'aimer sinon l'adorer également. Ca n'a pas été du tout le cas, ce qui veut dire qu'on en est plus à un paradoxe ou à une interprétation différente d'une même oeuvre.
Image

Je vote pour Victoria Romanova
Avatar de l’utilisateur
Major Dundee
Producteur Exécutif
Messages : 7104
Inscription : 15 mai 06, 13:32
Localisation : Bord de la piscine de "Private Property"

Re: Robert Lamoureux (1920-)

Message par Major Dundee »

Jordan White a écrit :Qui mettra une comédie paillarde de Bénazéraf ou un Joe Caligula devant un comédie de Oury ?
Moi, moi Jordan, et y'a pas photo 8)
Charles Boyer (faisant la cour) à Michèle Morgan dans Maxime.

- Ah, si j'avais trente ans de moins !
- J'aurais cinq ans... Ce serait du joli !


Henri Jeanson
Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Re: Robert Lamoureux (1920-)

Message par Alligator »

On a retrouvé la 7e compagnie (Robert Lamoureux, 1975) :

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... agnie.html

Image
_______________

Effectivement, on la retrouve, presque là où on l'avait laissée. A la fin du premier opus, les trois militaires sautaient sur la Normandie en juin 44. Devant l'extraordinaire succès du film, une suite a été conçue mais on préfère voir ce qu'il se passe juste après qu'ils aient libéré la 7e cie.

On retrouve donc la dépanneuse allemande sur les routes ensoleillées de l'été 40, dans la continuité du premier épisode. Très rapidement, les trois héros vont être séparés du lieutenant Duvauchel (Erik Colin) et entamer une sorte de périple homérique, tombant de Charybde en Scylla. Ils s'évadent sous divers déguisements. Après la dépanneuse allemande, ils deviendront officier français mais sont arrêtés. Ils s'enfuient en side-car avant d'être repris et s'échapper encore en infirmiers allemands mais, repris à nouveau, ils s'échappent définitivement sur une locomotive à vapeur. Cette ritournelle forme l'ossature générale du film.

Même si elle permet à Lamoureux de retravailler sa problématique des barrières sociales, j'avoue que j'apprécie beaucoup moins ce deuxième film. J'ai cru comprendre que d'habitude, le 3e film était le plus décrié. Or, en ce qui me concerne, c'est bien celui-là que me dérange le plus. La partie dans le château, je le dis tout net, n'est pas loin de m'emmerder. Je ne goûte que modérément l'astuce de l'évasion et toute cette histoire de matelas qui ne tient pas debout. L'humour de cet épisode est plus pauvre encore à mon sens. Ce qui fait le charme de la série, à savoir cette espèce de promenade presque bucolique et pleine d'insouciance est beaucoup moins prégnant ici. Certes, le film début par une balade aquatique de la plus belle eau mais ce sont bien les seules minutes qui rappellent la randonnée de "Mais où est donc passée la 7e compagnie?". Par conséquent je serai sûrement moins loquace sur le sujet.

Le frein sur mon enthousiasme ne me fera pas oublier cependant les fondamentaux : les comédiens. Commençons par le nouveau venu, Henri Guybet, qui remplace Maccione au pied levé. Venant du café-théâtre, le jeune Guybet change de famille, met les pantoufles de la génération de Lamoureux plus branquignole que bronzée. D'ailleurs, au début du film Robert Rollis fait une apparition. Sans compter sur Pierre Tornade... Dans ce premier film pour lui, Guybet semble peu à l'aise, dans un rôle de crétin consommé, un peu effacé (Maccione l'était tout autant). Plus en vue dans la partie "ferme" et "château", partie la plus lourdingue, son personnage atteint des sommets d'invraisemblable bêtise. Difficile à avaler.

Ce reproche pourrait être fait à Jean Lefebvre également. Les deux pâtissent du ralentissement scénaristique et l'exagération démesurée de leur bêtise. Néanmoins, j'ai l'impression que Jean Lefebvre ne maitrise pas toujours ses mimiques. Il n'y a qu'à la toute fin, quand son personnage s'inquiète du sort de ses camarades et que son visage laisse apparaitre une étonnante gravité que je le trouve à nouveau recommandable.

Le sergent chef -et temporairement "colonel"- Chaudard maintient son standing tout le long du film. Mon admiration ne plie pas, malgré le fait que je n'aime pas trop ce film. En chipotant, je peux trouver qu'il bénéficie de moins de scènes lui permettant de mettre en valeur ses qualités.

Dans la section "seconds rôles", trois acteurs retiennent toute mon attention : Pierre Tornade, Jean Rougerie et Hubert Deschamps.

Pierre Tornade m'avait fait une bonne impression dans le premier chapitre. Ici il profite pleinement des astucieuses séquences auxquelles le scénario le fait participer. Dans le précédent film, elles étaient finalement peu nombreuses. Ici son rôle s'étoffe : ses prises de parole pertinentes demeurent les seules remarquables intelligentes et sensées du film. Son personnage est l'un des rares militaires du film à échapper à la bêtise et l'inefficacité générale. Effectivement, Lamoureux profite du succès de la série pour affuter sa lame et lacérer un peu plus les costumes des hauts gradés. Les portraits qu'il fait de ces messieurs sont peu glorieux : arrogance, sénilité, exaltation ridicule, incompétence sont les traits les plus marquants qu'il met en évidence. Seuls Tornade ainsi qu'un autre comédien dont je n'ai pas su trouvé l'identité et qui joue un jeune officier assez héroïque pour susciter une vive admiration de la part du sergent Chaudard parviennent à s'extirper de cette fange. Dans une scène très étrange et qui en rappelle une presque aussi sombre du premier film, Pierre Tornade laisse ses hommes sur le bord d'une route de campagne, emmené dans un camion allemand avec d'autres officiers. Son regard est perdu dans de tristes pensées. On y sent toute l'amertume d'avoir perdu la guerre, le lourd sentiment de culpabilité, celle d'être responsable de cette débâcle et surtout d'abandonner des hommes qui comptaient sur lui. Au milieu de cette comédie bête et gentille, surgit donc une scène presque mélodramatique, bref instant de mélancolie, surprenante respiration, n'est-ce pas? Dans "Mais où est donc passée la 7e cie?" on avait eu droit, au moment où Tornade comprenait que lui et ses hommes étaient capturés, à un très gros plan où ses yeux exprimaient à peu près la même désillusion. On peut s'interroger sur cette récurrence entre les deux films. Pourquoi Robert Lamoureux a-t-il tenu à filmer ces moments si maussades au sein de ces insouciances affichées? La blague de potache est-elle issue d'un réel traumatisme? Est-ce que derrière le rire se cache une vraie blessure, ce sentiment national bafoué ou une histoire plus personnelle? Quoiqu'il en soit, je pense que Pierre Tornade incarne le sérieux de la guerre, une sorte de virgule qui permet à Lamoureux de rester proche de la réalité sordide de la guerre afin de ne pas laisser le film lui échapper.

Un autre comédien que j'aime beaucoup est un de ces acteurs qui excellent à mettre en valeur leur physique peu commun. Jean Rougerie a une tête étrange, un regard à nulle autre pareille, difficilement descriptible, proche de l'animal mais l'on ne saurait dire lequel et puis surtout, il a une voix et une prononciation très particulière, trainante, sifflante, presque zozozante. Certes, dans ce rôle d'officier allemand, il ne s'exerce guère à nous faire la démonstration de son art déclamatoire. Il expulse l'air, il hurle, parle sec mai son air ahuri et froid fonctionne parfaitement pour le rôle.

J'ai beaucoup apprécié le trop court moment où Hubert Deschamps entre en scène. Acteur magnifique, plus proche de l'escargot que de l'être humain, capable pourtant de s'époumoner quand le temps est à l'orage, incarnation du calme avant la tempête.

Dans l'ensemble finalement la distribution digère difficilement ce que le scénario de Robert Lamoureux et Jean-Marie Poiré leur ont concocté. Pourtant Lamoureux n'invente rien par rapport au premier film mais disons que sa présentation est plus burlesque et surtout il insiste beaucoup sur la nullité de son trio. Et ce scénario manque d'aération. Il fait vraiment trop chaud dans ce château.

Sinon la confrontation des rôles sociaux forme à nouveau l'axe principal du film. Ceci dit, il l'aborde plus particulièrement dans ses aspects extérieurs, ces foutus signes d'appartenance qui cloisonnent les hommes dans des catégories sociales que la hiérarchie militaire reproduit à merveille. Ce qui se révèle intéressant encore, c'est moins l'injustice qui en découle que le parti pris déclaré des sans-grades à passer par dessus les codes. Les acceptent-ils pour mieux s'en défaite ou les contourner? Je ne sais pas trop au juste. Ce qui est certain c'est que le trio passe le film à changer de costumes pour travestir leurs identités.
Des trois d'ailleurs, Mondy est celui qui se prend le plus volontiers au jeu, au point de trouver dans l'habit la force et l'autorité qui lui faisaient défaut mais encore plus le courage et l'honneur qu'il avait peut-être un peu oublié sous son petit grade. Les deux autres sont particulièrement choqués et inquiets de le voir aussi investi dans son nouvel uniforme de colonel. La supercherie est trop grosse, le secret trop lourd et le fossé culturel et social trop large, alors la situation ne peut être que temporaire. Aussi sont-ils moins dupes. Mais les trois profitent de ces uniformes. Les conditions de détention sont bien supérieures pour les officiers : on a droit aux patates et au château tandis que les soldats mendient leur pain et doivent au mieux se contenter de paille en guise de couche. Cette différence de privilèges, les égards auxquels donnent droit les galons sont très bien soulignés au grand dam des simples soldats.

Et l'introduction de ces trois prolétaires dans le milieu bourgeois et aristocrate de l'armée offre un contraste saisissant qui semble bien faire rire Lamoureux. Pourtant, une scène laisse à penser que ce rire est jaune. Quand Tassin, équarrisseur dans le civil, justifie sa candidature pour aller chercher des vaches à la ferme du coin car il sait tuer les bêtes, la troupe d'officiers se prend d'un rire de moquerie, tribal en quelque sorte. Tassin et Pitivier regardent ces hommes avec ahurissement ne parvenant même pas à comprendre l'origine de ces rires puisque Tassin n'a proposé cela que d'une manière tout à fait naturelle et simple. Ils ne sont pas en mesure de comprendre cette expression collective de la condescendance la plus mesquine. Elle ne les atteint pas. Cette sorte d'innocence raffermit leur position d'enfants perdus dans un monde qu'ils ne maitrisent pas. Ce sont les officiers qui font la guerre, derrière les lignes. Ils ne subissent guère les mêmes conséquences que le menu peuple.

Le trio de losers apparait encore plus sympathique : Lamoureux caresse le peuple dans le sens du poil, l'affectif, l'amour-propre meurtri. Tout le film est un geste d'une très grande tendresse à leur égard, une parole douce et réconfortante, un peu comme ce que dit Jackie Sardou en les voyant avec leurs nouveaux uniformes : "vous faites plus vrais qu'les vrais". C'est leur secret et le nôtre. Cette thématique est simple, voire simpliste mais elle est efficacement présentée. Et c'est vraiment dommage que la partie "château" marque un aussi grand déséquilibre et gâche un peu la balade, du moins en ce qui me concerne. Et puis j'aurais vraiment aimé que les deux benêts ne soient pas dépeints aussi bêtement sur le milieu du film, ce qui les rend par trop irréels. Un absurde déraillant en somme.
Jordan White
King of (lolli)pop
Messages : 15433
Inscription : 14 avr. 03, 15:14

Re: Robert Lamoureux (1920-)

Message par Jordan White »

Major Dundee a écrit :
Jordan White a écrit :Qui mettra une comédie paillarde de Bénazéraf ou un Joe Caligula devant un comédie de Oury ?
Moi, moi Jordan, et y'a pas photo 8)

En lisant le livre de Jouffa sur le cinéma érotique et X des années 70 en France, à la page 125 -de mémoire sans revérifier- ce dernier indique que Bénazéraf était surnommé "l'Antonioni de Pigalle" ou le "Godard du X" (je suis plus partagé sur celle-ci), et de rajouter que le cinéaste ne tournait pas en France mais plutôt en Allemagne, aux Etats-Unis, etc, en précisant qu'il [le cinéaste Bénazéraf] trouvait que la France ne le méritait pas. Je me souviens d'un entretien il y a dix ans diffusé sur Ciné Cinéma, durant lequel, positionné derrière elle tel un psychanalyste, il posait des questions à Zara Whites, ses premières expériences, sa vision du métier, avant de finir par s'agacer devant certaines de ses réponses, ne la trouvant pas à la hauteur de ses exigences. Il y a aussi une interview qui dévoile certaines de ses positions (politiques, cinématographiques) par la Boutique des curiosités :

http://www.wat.tv/video/jose-benazeraf- ... tc25_.html


Tu avais vu ses films à l'époque en salle Major ?
Image

Je vote pour Victoria Romanova
Avatar de l’utilisateur
Major Dundee
Producteur Exécutif
Messages : 7104
Inscription : 15 mai 06, 13:32
Localisation : Bord de la piscine de "Private Property"

Re: Robert Lamoureux (1920-)

Message par Major Dundee »

Jordan White a écrit : Tu avais vu ses films à l'époque en salle Major ?
1963 Cover Girls
1963 24 heures d'un Américain à Paris
1963 Le concerto de la peur
1963 L'éternité pour nous
1965 L'enfer dans la peau
1966 L'enfer sur la plage
1966 Joe Caligula
1967 Premières lueurs de l'aube
1967 Un épais manteau de sang
1969 Bacchanales 69
1970 Le désirable et le sublime
1971 Frustration

Voilà, ceux là je suis quasi certain de les avoir vus en salle la première semaine de leur sortie parisienne (quelques uns le jour même de la sortie certainement). Tout çà au Midi Minuit bien sûr. J'ai juste un petit doute sur "Frustration". "Joe Caligula" par contre c'est Langlois qui nous l'a passé un soir à minuit à Chaillot car le film s'était pris une interdiction totale.
Ensuite c'est carrément le passage au porno et là j'ai du en voir une petite dizaine (toujours en salle) mais j'avoue ne plus être sûr des titres.

Merci pour le lien, je ne connaissais pas 8)

Je n'achète quasiment pas de DVD donc je ne me tiens pas trop au courant mais est-ce que tous ses premiers films sont sortis dans ce format ?

J'édite en me disant qu'on est quand même un peu HS non ? "Topic Robert Lamoureux" qui se transforme en discussion sur Bénazeraf :fiou:
Charles Boyer (faisant la cour) à Michèle Morgan dans Maxime.

- Ah, si j'avais trente ans de moins !
- J'aurais cinq ans... Ce serait du joli !


Henri Jeanson
Jordan White
King of (lolli)pop
Messages : 15433
Inscription : 14 avr. 03, 15:14

Re: Robert Lamoureux (1920-)

Message par Jordan White »

Désolé pour apporter de nouveau des éléments HS avec Robert Lamoureux
Major Dundee a écrit : 1963 Cover Girls
1963 24 heures d'un Américain à Paris
1963 Le concerto de la peur
1963 L'éternité pour nous
1965 L'enfer dans la peau
1966 L'enfer sur la plage
1966 Joe Caligula
1967 Premières lueurs de l'aube
1967 Un épais manteau de sang
1969 Bacchanales 69
1970 Le désirable et le sublime
1971 Frustration

Voilà, ceux là je suis quasi certain de les avoir vus en salle la première semaine de leur sortie parisienne (quelques uns le jour même de la sortie certainement). Tout çà au Midi Minuit bien sûr. J'ai juste un petit doute sur "Frustration". "Joe Caligula" par contre c'est Langlois qui nous l'a passé un soir à minuit à Chaillot car le film s'était pris une interdiction totale.
Ensuite c'est carrément le passage au porno et là j'ai du en voir une petite dizaine (toujours en salle) mais j'avoue ne plus être sûr des titres.
C'est d'autant plus singulier à propos de Joe Caligula et de son interdiction car le film fustige la censure sous toutes ses formes.
Pour les titres X, il y avait entre autres (car il y a en une bonne trentaine entre 1973 et 1986) Veuves lubriques, Hurlements d'extase, Un dîner très spécial, La Soubrette perverse, etc.

Merci pour le lien, je ne connaissais pas 8)
Je t'en prie.
J'ajoute simplement une autre interview du cinéaste dans le cadre de l'émission Tracks, diffusée sur Arte (le cinéaste y est parfois virulent dans ses propos, notamment sur les tournages avec ses actrices).

Je n'achète quasiment pas de DVD donc je ne me tiens pas trop au courant mais est-ce que tous ses premiers films sont sortis dans ce format ?

J'édite en me disant qu'on est quand même un peu HS non ? "Topic Robert Lamoureux" qui se transforme en discussion sur Bénazeraf :fiou:

Je connais très peu la filmographie de Benazéraf, mais je suis curieux d'en voir davantage bien sûr.
Pour ce qui a été édité :
Deux coffrets avec L'éternité pour nous, L'enfer sur la plage, Le concerto de la peur, La nuit la plus longue pour le premier ; Joe Caligula, Le désir et le sublime, Anthologie des scènes interdites, Brantôme 81 pour le second.

Fin du HS
Image

Je vote pour Victoria Romanova
Avatar de l’utilisateur
Major Dundee
Producteur Exécutif
Messages : 7104
Inscription : 15 mai 06, 13:32
Localisation : Bord de la piscine de "Private Property"

Re: Robert Lamoureux (1920-)

Message par Major Dundee »

Jordan White a écrit : Pour ce qui a été édité :
Deux coffrets avec L'éternité pour nous, L'enfer sur la plage, Le concerto de la peur, La nuit la plus longue pour le premier ; Joe Caligula, Le désir et le sublime, Anthologie des scènes interdites, Brantôme 81 pour le second.

Fin du HS
Ah quand même ! Et merci pour le second lien :wink:

Fin du HS :)
Charles Boyer (faisant la cour) à Michèle Morgan dans Maxime.

- Ah, si j'avais trente ans de moins !
- J'aurais cinq ans... Ce serait du joli !


Henri Jeanson
phibes
Réalisateur de seconde équipe
Messages : 5965
Inscription : 2 mai 03, 17:33

Re: Robert Lamoureux (1920-)

Message par phibes »

pour ma part j'ai une certaine tendresse pour les deux films de jean paul le chanois , papa maman la bonne et moi ect....
( j'y retrouve le paris de mon enfance :wink: )
j'aime beaucoup le très joli " rencontre à paris " et je crache pas sur la trilogie de la 7e compagnie , ce n'est jamais vulgaire , c'est très plaisant , sans être des chefs d'oeuvres , j'aime le travail de lamoureux , un cinéma sans prétention ( et cen'est pasle but ) mais très agréable , il y a une dimension poétique dans le personnage de robert lamoureux , surtout dans les très jolis films de le chanois .
Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Re: Robert Lamoureux (1920-)

Message par Alligator »

La septième compagnie au clair de lune (Robert Lamoureux, 1977) :

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... -lune.html

Image
_______________

Troisième et ultime épisode de la série. Beaucoup lui reprochent d'avoir clôt l'aventure sur une note essoufflée. Personnellement, j'estime qu'il n'en est rien, bien au contraire. C'est plutôt "On a retrouvé la 7e cie" qui m'a déplu.

Certes, les militaires ont rangé leurs uniformes, l'armistice a été signée et le film prend le chemin du maquis. Cela va permettre de retrouver une des facettes qui m'avait bien plu dans "Mais où est donc passée la 7e cie?", l'aspect bucolique et champêtre que prend le périple de ces messieurs.

Et puis le scénario, à quelques exceptions près, se tient bien mieux. L'absurde de la situation -la transformation de ces trois tocards en héros de la résistance- est bien mieux amenée par le scénario. L'enchainement des scènes est cohérent.

L'humour est toujours bon enfant, toujours vieillot -les astuces pour communiquer en faux anglais sont tellement ridicules que ça en devient vraiment drôle- et surtout produit un sourire complice entre les personnages, embarqués dans une sorte de buddy-movie, comme pour le spectateur. Bref, Robert Lamoureux nous invite à une nouvelle promenade rocambolesque, trépidante sous la cascade d'évènements qui bouleversent et bousculent les personnages.

Pierre Mondy, Jean Lefebvre et Henri Guybet excellent à démontrer l'étendue de la médiocrité de leurs personnages. Bien entendu, les circonstances jouent pour eux le rôle de bonnes fées, comme depuis le début de la série. Un destin farceur les oblige à devenir des héros malgré eux, en dépit de tous les efforts qu'ils fournissent pour échouer, ils n'y arrivent jamais, ils finissent par devenir des héros.

La toute dernière partie du film est une des plus réussies de la série. Sur quelques minutes elle contient en résumé tout ce qui fait l'essence même de la trilogie. Les dialogues sont percutants et en parfaite adéquation avec la situation de rupture qu'a inventé le cerveau frappé de Lamoureux. On a l'impression d'entendre cette même mécanique qu'il mettait en branle dans ses sketchs en cabaret.

Je m'explique. Les trois hommes découverts n'ont plus qu'une solution pour échapper à la milice menée par André Pousse : rejoindre l'Angleterre. Ils prennent un chalutier. Au cours du voyage, ils ralentissent pour prendre le temps de pécher tranquillement. On les a déjà vus prendre ce genre de liberté hédonistes dans la première aventure, ce qui les rendait éminemment sympatoches. A la suite de fausses manœuvres, se développe un amoncellement de détails qui amène une situation totalement crétine. Malade en mer, Chaudard titube un instant et se retient à un cordage. Ce faisant, il déclenche la dérive du filet de pèche. Plus tard, en discutant depuis le poste de navigation vers la soute où les deux autres préparent les hameçons, il ne prête pas attention au fait que le gouvernail tourne par moments. Le bateau revient sur son sillage vers la France où les attendent les allemands. Mais le filet accroche des mines marines. Pendant cette quiète partie de pèche, agréable sous un beau soleil d'été et le murmure ronronnant du moteur, Chaudard se plaint de son infortunée pèche : "Ça titille mais ça mord pôs!" Tenant la ligne où l'hameçon reste désespérément nu, il déclare tout dépité qu'en mer, pour arriver à attraper quelque chose, il faut un filet. A ce moment là un plan nous montre le filet tractant son lot de mines. Le plan suivant, Tassin et Pitivier vont chercher un réchaud à gaz pour faire griller leur friture mais Tassin alerte Pitivier sur les précautions à prendre avec un tel instrument : "qu'on aille pas sauter avec!' Voilà en quelques secondes on a tout Lamoureux et sa 7e compagnie : le péril de la guerre, l'insouciance benoite de ces trois gamins qui parviennent à rester éloignés de ces dangers, l'échec de leur tentative d'évasion, la dolce vita qu'ils parviennent à s'octroyer dans la tourmente, l'enchainement des évènements qui les amène à cette situation à la fois grotesque et absurde, les dialogues qui cassent le drame pour provoquer le sourire. Le tout se combine et se lit d'une traite en quelques plans, quelques phrases. C'est simple, efficace, net et précis. Lamoureux atteint son but. Que demande le peuple? Et le film ne s'en tient pas là.

L'immersion dans la vie conjugale de l'ex sergent-chef Chaudard nous permet de prendre connaissance de certains points, d'en confirmer d'autres. La relation qu'il cultive avec sa femme est au départ plutôt morne, voire moisie, et évolue par la suite du fait de son image de grand résistant. Le regard bouleversé de sa femme quand elle découvre l'identité secrète de son époux en dit long sur le fossé qui s'était creusé entre eux. Au départ, on sent qu'elle l'a aimé et que le couple vit dans un ronron routinier. Elle a encore des prévenances. Au tout début du film, elle accourt et lui prodigue quelques soins sur son dos endolori après une énième chute. Elle est aussi complice de ce train-train quotidien, comme l'indique sa propre manie de prendre une camomille les nuits d'insomnie. Cela ne l'empêche pas non plus d'être effarée par la connerie de son homme et ses deux nigauds de copains quand ils se font des blagues de collégiens pendant le diner. Pour échapper à cet emmerdement conjugal, elle fait partie d'un réseau et cache quelques résistants à la solde des forces judéo-maçonniques dans sa cave. Quand elle apprend que son mari est le leader du réseau Attila -merde! Lamoureux ne pouvait choisir meilleur nom!- tout explose, la routine, l'homme qu'elle aime a rajeuni, elle aussi. Elle doit aller se remaquiller se recoiffer avant de revoir son époux en cavale.

Gérard Jugnot est celui qui joue le rôle du sceptique, celui que tenait Pierre Tornade dans les deux précédents films. Même à la fin, quand tous les autres sont convaincus du courage de Chaudard et sa bande, un reniflement de Jugnot souligne son incrédulité. Tant que je tiens Jugnot, bavardons des comédiens. On découvre donc avec lui un autre comédien venant du café-théâtre, même s'il ne fait pas partie de la même troupe que celle de Guybet. Cela prouve, s'il en était besoin que Robert Lamoureux n'a rien de sectaire. Bien au contraire, les liens entre les générations et les origines diverses sont assez nets, peut-être pas autant que dans certains films de Lautner (Pas de problème, Quelques messieurs trop tranquilles). J'imagine que c'est Jean-Marie Poiré ici qui a permis le trait d'union entre Jugnot et Lamoureux. De toute façon Lamoureux a toujours joui d'une bonne image auprès des acteurs comiques qui savent reconnaitre ses qualités créatrices. Pour en revenir à Jugnot, il tient donc un rôle plutôt sérieux en décalage avec celui qu'il va porter pendant une longue partie de sa carrière notamment lors des années 80. Et il le joue très bien, juste dans le ton comme dans le tempo.

J'ai un peu plus de mal avec Patricia Karim. Je ne sais pas pourquoi au juste mais je la trouve un peu fade. Son rôle ne la prédispose pas non plus à être brillante. Même chose pour André Pousse qui est un personnage dans la vie réelle, du moins qui voulait paraitre comme un personnage devant la caméra comme dans la vie -voudrait être Gabin mais l'est pas- et j'avoue que cela provoque en moi quelques réticences, presque une espèce d'antipathie. Par exemple, la véritable torgnole qu'il assène à Jean-François Derec ne me fait pas du tout rire. Son geste a tout d'une bravade destinée à servir son personnage d'homme vrai et sévèrement burné qu'il voulait imposer en dehors du plateau. Je ne crois pas en André Pousse, voilà.

Dans les seconds rôles, s'impose avec bien plus de classe la participation de Jean Carmet. Même si son personnage n'est pas des plus importants, il le compose avec sérieux et efficacité. Un très grand acteur.

On voit moins Henri Guybet, toujours un peu effacé. Jean Lefebvre en fait encore beaucoup mais évite les grossières singeries du film précédent, des sortes de clins d'œil directement destinés au public. Dans l'ensemble ces deux là se tiennent bien mieux, sont moins crétins et redeviennent un peu plus crédibles, acceptables disons. Toujours aux ordres de leur éternel sergent-"chief" -un Pierre Mondy superbe et parfait dans l'hébétude devant ce qui leur arrive, comme dans la bonhommie ou bien encore la jalousie- ils commencent à constituer finalement une bonne bande de copains.

Le film regorge de séquences où ce sont sourires et joie d'être ensemble qui se lisent sur leurs visages. La fameuse insouciance des deux premiers films éclate de plus belle. Le plaisir des vacances transpire à travers la partie de chasse aux lapins, les bonne bouffes et les balades à vélo pendant lesquelles ils se remémorent leurs exploits avec fierté et dans l'excès d'une certaine juvénilité. Quand ils se retrouvent condamnés à être résistants, ils se serrent les coudes, se soutiennent. Il n'y a rien qu'à voir l'effarement suivi d'une profonde tristesse qu'éprouvent Pitivier et Tassin quand ils s'imaginent que la femme de leur chef le trompe. Bizarrement, le trio se montre beaucoup plus uni et solidaire que dans les épisodes précédents, alors que la guerre est terminée. L'expérience a été éprouvante et a su créer des liens plus resserrés qu'il n'y paraissait.

A l'image des liens d'affection que la trilogie a su produire dans le cœur des spectateurs à la suite des multiples rediffusions télévisées. Le retour éternel de cette sympathie bande, cette gentillesse un peu benête formulent une promesse d'évasion ensoleillée, en forêt, sur les rivières, les routes et la mer d'un été 1940 dédramatisé. La série de la 7e compagnie est une trilogie de vacances, destinée de nos jours aux enfants, comme celle des Fantômas ou des Gendarmes, une incontournable rasade de sourires. Tout simplement.
phibes
Réalisateur de seconde équipe
Messages : 5965
Inscription : 2 mai 03, 17:33

Re: Robert Lamoureux (1920-)

Message par phibes »

ma femme à son réseau , mon beauf frère à son réseau , moi j'ai mon réseau :wink:
le réseau attila c'est quelque chose :wink:
Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Re: Robert Lamoureux (1920-)

Message par Alligator »

phibes a écrit :ma femme à son réseau , mon beauf frère à son réseau , moi j'ai mon réseau :wink:
le réseau attila c'est quelque chose :wink:
Chacun son réseau. On ne mélange pas.
Répondre