Joan Fontaine (1917-2013)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Kimm
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Joan Fontaine (1917-2013)

Message par Kimm »

Curieusement moins idolâtrée que sa sœur, et cependant à la filmographie éblouissante, Joan Fontaine est une icône incontournable du cinéma hollywoodien. Son visage sera à tout jamais associé au personnage de Lisa dans LETTRE D’UNE INCONNUE (Max Ophüls, 1948), chef d’oeuvre dans lequel elle évolue au son du concerto n°2 pour piano de Litz.
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Pourquoi cette renommée moindre qu’Olivia de Havilland, sa sœur, plus connue pour ses films de capes et d’épées auprès d’Errol Flynn , ou bien encore devenue légendaire pour avoir tenue le rôle de Mélanie dans AUTANT EN EMPORTE LE VENT (Victor Fleming, 1939) ?

La réponse est à trouver, en partie, auprès de ces grandes compagnies cinématographiques, soucieuses de rentabilité, et prêtes à sacrifier sur l’autel de la gloire des proies qui ne seront dévolues qu’à un stéréotype de personnage, et dont il ne faudra pas déroger, sous peine de déstabiliser un public avide de repères. Et ainsi de voir cette splendide actrice qu’est Olivia de Havilland lutter pour sortir de ces rôles moins gratifiants parfois que ceux de ses partenaires masculins.

Une autre partie de la réponse se trouve bien sur dans la question : rôle légendaire correspondant à immortalité dans l’esprit du public.

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Joan Fontaine est parvenue, tout comme sa sœur plus tard, à se dégager des idées préconçues que les producteurs pouvaient se faire à son égard, accédant à des sommets que sont REBECCA (Alfred Hitchcock, 1939), ou encore SOUPCONS (Alfred Hitchcock, 1941), qui sont les deux films les plus célèbres de l’actrice, s’immisçant ainsi dans cette galerie de blondes hitchcockiennes à la séduction très efficace.
Pour REBECCA, de grands noms firent des essais : Anne Baxter fut cependant trop inexpérimentée et trop jeune pour un rôle riche en composition, Margaret Sullavan au contraire, trop aguerrie.
Il y eut Loretta Young, dont la douceur et l’expérience fut un atout de premier ordre et peut-être la plus « dangereuse » rivale pour notre héroïne.

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Il est vrai que Joan Fontaine, bien que déjà confirmée comme actrice, n’avait peut-être pas convaincue dans la comédie musicale UNE DEMOISELLE EN DETRESSE (George Stevens, 1937), et se noyait dans un escadron de talent féminin dans FEMMES (George Cukor, 1939), bien que sa scène « du téléphone » soit restée dans les anales. Déjà ce potentiel de grande sensibilité dont elle fera preuve par la suite apparaissait en filagramme.
SOUPCON et un oscar à la clef, la positionne parmi les plus grandes ; elle pouvait refuser des rôles de faire-valoir, qu’elle tenait encore en 1939 pour GUNGA DIN (George Stevens), et se spécialise dans le film romantique, en abordant des rôles forts.

AMES REBELLES (Anatole Litvak, 1941) fait partie de ces titres prestigieux pour plusieurs raisons.
La photographie, dont le somptueux noir et blanc nimbe de mystère le couple Power-Fontaine, l’entourant de ces délicats éclairages pour mieux le magnifier, concourt à la qualité de l’œuvre, servie par un texte qui trouve son point d’orgue lors d’une tirade de Joan Fontaine, clamant tel un poème en prose sa dévotion pour son pays natal, l’Angleterre. Ce monologue prend sa place dans les grandes interprétations inoubliables, qui selon moi, justifient tout l’intérêt des critiques.
Si le film rentre dans la lignée d’un certain patriotisme de circonstance au vu des événements d’alors, il est largement transcendé par le talent d’Anatole Litvak, qui en fait une œuvre poignante et poétique.
Elle préfigure, dans la manière d’aborder ce rôle, les années à venir : une interprétation de femme volontaire, à la voix tranchée, au maintien hiératique, brouillant les cartes vis-à-vis du spectateur, qui ne reconnait plus la douce madame de Winter .



Joan Fontaine va alterner au cours de sa filmographie, des compositions de personnages vulnérables, victimes parfois de la fatalité, dans lesquelles elle déploiera toute une gamme de sensibilité et des rôles « forts », exacerbant une sécheresse de jeu qui durciront ses personnages mais les rendront peut-être moins attachants.

Il y a des intermèdes « comiques » dans cette filmographie, en témoigne, en autre, cette délicieuse comédie de Billy Wilder, LA VALSE DE L’EMPEREUR, de 1947, dans laquelle elle se voit courtisée par Bing Crosby, mais semble peu sensible à ses attentions.
Valsant sur des partitions viennoises, arborant toilettes délicatement brodées et voilettes protégeant du vent, elle défend jalousement son extraction de haute noblesse, à la cour de l’Archiduc François-Joseph.
C’est la deuxième incursion de Joan Fontaine dans un technicolor dont les teintes pastelles éclairent sa photogénie, la faisant évoluer dans un empire austro-hongrois d’opérette, sur fond de paysage tyrolien de contes de fées.

Son premier film en couleur est l’onirique L’AVENTURE VIENT DE LA MER (Mitchell Leisen, 1944), conte initiatique dans lequel elle va pouvoir laisser libre cours à ses aspirations.
A la fois film d’aventures, de pirates, il se concentre avant tout sur le personnage féminin, dont l’histoire d’amour est le pivot central, et pourvu d’une richesse formelle dont la poésie est servie par une délicate partition de Debussy, apparentant le film à un songe ; le spectateur n’en sort pas indemne, tant ces images nous imprègnent d’un sentiment d’irréalité tranquille et magique à la fois.
Ce navire sortant de la crique sous une brume aux couleurs pastelles, aux chants des marins, reste un pur moment de cinéma.

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L’univers de Joan Fontaine est cependant pour une grande part, le noir et blanc : il sied à des héroïnes dont la tranquillité apparente camoufle un magma en ébullition.
Spécialiste de rôles de jeunes personnes peu expérimentées, c’est avec bonheur qu’elle incarne une adolescente tourmentée dans TESSA NYMPHE AU CŒUR FIDELE (1943), s’adaptant parfaitement au mélodrame mis en scène par Edmund Goulding. Joan citera ce rôle comme une de ses meilleures interprétations, celui-ci étant d’ailleurs nominé aux oscars 1943.


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Ce film fait partie de la vague d’ « héroïnes tourmentées »qui caractérise le plus l’actrice durant un moment de sa carrière.
L’accession au bonheur ne se fait au prix que de lourds tributs, et parfois, le personnage échoue, sa vie n’étant qu’une succession d’épreuves, avec la mort à l’arrivée.
Dans ce registre frisant le masochisme, le film en costume est idéal, reflétant la condition féminine de l’époque, son asservissement au modèle patriarcal.
Joan Fontaine sera une interprète de choix pour un « female gothique »de premier ordre, n’étant autre que le célèbre JANE EYRE (George Stevenson, 1944) ; brume vaporeuses, château en flammes, personnage masculin fuyant et mystérieux mais dont la colère est redoutable, menace qui plane par le biais d’une figure féminine inquiétante…ces composantes se trouvaient également dans REBECCA, et le visage anxieux de Joan Fontaine s’accorde bien à cette atmosphère morbide et baroque.
Pour clore cette tétralogie, nous citerons LETTRE D’UNE INCONNUE (1948), qui permit à Joan Fontaine ce privilège d’intégrer l’univers raffiné de Max Ophüls . Cette touche européenne, quoique déjà amorcée avec Alfred Hitchcock, octroya un surcroit de prestige à son parcours, car cette production demeure un des fleurons de sa filmographie.
L’actrice, de part ces rôles romantiques et/ou historiques, risquait de décevoir dans un cinéma ancré chez ses contemporains, confrontée aux labeurs de la vie quotidienne.

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AMES REBELLES l’exposait à la guerre, FROM THIS DAY FORWARD (John Berry, 1946) va nous révéler une Joan aux longs cheveux dénoués, à la robe printanière, face à sa vie de couple ; elle est une américaine comme il y en a tant d’autres, et son jeu, éloigné des stigmates de la souffrance, nous la révèle pleine de vie, abordant les ennuis de manière frontale.
Elle se révèle également une femme d’affaire pleine de dignité dans le film d’Ida Lupino, BIGAMIE (1953), et son jeu, tout en sobriété, n’en reste pas moins intense.


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Joan Fontaine s’est rarement essayée aux personnages foncièrement mauvais, ou en proie aux addictions.
Si LA FEMME AUX MALEFICES (Nicholas Ray,1950), ne rencontre pas son publique (elle est pourtant délicieusement arriviste dans ce film !) , les gros plans que lui réserve Sam Wood pour LE CRIME DE MADAME LEXTON (1947) sont stupéfiants de beauté.
Somptuosité des images est le qualificatif requis pour ce film en costume ; mais derrière son visage d’ange, la dangerosité du personnage prend des tournures inquiétantes.


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SOMETHING TO LIVE FOR (George Stevens, 1952) la révèle en proie à l’alcool, auprès de Ray Milland (!) et dans le milieu du théâtre (!) ; l’alcoolisme féminin fut rarement abordé à Hollywood, mais a permis à certaines actrices des interprétations inoubliables, telles Susan Hayward ou encore Kim Novak.

Le Film Noir n’en fit pas une femme fatale, sa beauté n’étant pas suffisamment vénéneuse, mais lui permit de remporter son oscar.
SOUPCON (Alfred Hitchcock, 1941) la dévoile paranoïaque, imaginant son propre meurtre en train de se préparer, alors que dans L’INVRAISSEMBLABLE VERITE (Fritz Lang, 1956), elle ne croit pas à l’implication de son fiancé dans une affaire morbide. Dans les deux cas, elle se méprendra.
Dans LES AMANTS TRAQUES (Norman Foster, 1948), elle se veut salvatrice, mais attirera le mauvais sort. C’est peut-être le seul film dans lequel elle devient fatale, mais de manières indirectes, contre sa volonté.





Une incursion dans UNE ILE AU SOLEIL (Robert Rossen, 1957), dans laquelle s’entremêlent des destinées sentimentales, la verra très blonde face à Harry Belafonte, sur fond de moiteur des tropiques ; le film a pour gageure de traiter d’amour inter- racial.
Elle partage l’affiche avec, entre autres acteurs, Joan Collins, qui ne sera pas tendre à son égard lors d’une interview des années plus tard, la trouvant peu amène sur le plateau ; quand à Joan Fontaine, elle déplorait, à juste titre, le matraquage publicitaire fait autour de l’actrice brune, lors de la sortie en vidéo de PAGES GALANTES DE BOCCACE (Hugo Fregonese, 1953).
Ce film se passant au Moyen-Age fut tourné juste après IVANOHE (Richard Thorpe, 1952), et c’est peut-être le costume qui donna l’idée aux producteurs de confier le quadruple rôle à Joan Fontaine.
Bob Hope s’emparera de notre prestigieuse interprète- elle ne fut pas la seule à être « kidnappée » !-pour tourner avec elle LA GRANDE NUIT DE CASANOVA (Norman Z. Mc Leod , 1954), autre échappée humoristique, qui venait apporter une pincée de légèreté à sa filmographie .
Dans LES CAPRICES DE SUZANNE (William Seitter, 1945), son personnage se met en tête d’adopter autant de personnalités que d’hommes qu’elle séduit ( elle sera tour à tour une jeune femme timide, une star de cinéma, une intellectuelle et une femme aux actions caritatives).
Joan se révèle très brillante dans cet exercice de style, tout comme sa deuxième incursion chez Mitchell Leisen (DARLING ,HOW COULD YOU !, 1951), comédie en costume 1900, dans laquelle elle cherche à regagner l’amour de ses enfants après une très longue absence, mais elle s’avère très maladroite…C’est un film méconnu, comme de nombreux Leisen, et qui gagne à retrouver la place qu’il mérite .
Je n’ai pas encore vu YOU GOTTA STAY HAPPY ( H.C Potter, 1948), mais j’attend beaucoup de sa collaboration avec James Stewart.
Dans cette carrière importante, il existe de nombreuses anecdotes, comme celle d’avoir travaillé avec Françoise Rosay, notamment pour LES AMANTS DE CAPRI (William Dieterle, 1950), l’amant étant Joseph Cotten, d’avoir tourné dans un film adapté d’un roman de Françoise Sagan, qui s’intitule UN CERTAIN SOURIRE (Jean Negulesco, 1958), ou encore d’avoir accepté un rôle secondaire pour TENDRE EST LA NUIT (Henry King, 1962), dont la vedette était Jennifer Jones.
Ce texte n’étant absolument pas exhaustif, il existe encore bien d’autres films, qui méritent tous une attention particulière.


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Re: Joan Fontaine

Message par joe-ernst »

Très joli hommage à une actrice qui, je l'avoue, ne m'a jamais particulièrement touché pour les films que j'ai pu voir, sauf dans Lettre d'une inconnue. :wink:
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Watkinssien
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Re: Joan Fontaine

Message par Watkinssien »

Oui un bien bel hommage à cette actrice touchante, exprimant parfois parfaitement des émotions complexes.

Bien sûr son plus beau rôle est celle de la femme incomprise dans le sublime Letter from an Unknown d'Ophüls, mais elle est indubitablement liée aux qualités de Gunga Din de George Stevens, des magnifiques Rebecca et Soupçons de Hitchcock, elle formait un beau couple avec Orson Welles dans l'intéressant Jane Eyre de Robert Stevenson et est encore une fois exellente en second couteau dans le formidable Ivanhoe de Richard Thorpe.

Et tout comme sa soeur, elle est promise à une longévité certaine.
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Sybille
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Re: Joan Fontaine

Message par Sybille »

Très joli portrait pour une actrice que j'apprécie, même si je ne connais que très peu sa filmographie en fait. Pour moi elle est indissociable de Rebecca, je la trouve vraiment extra dans ce film (je l'aime moins dans Soupçon). Dans Femmes, c'est vrai qu'elle est entourée de trop d'actrices à forte personnalité pour qu'on la remarque vraiment, mais elle n'est quand même pas noyée dans la masse. Je l'ai vue aussi dans Ivy, très bonne en effet. (Sinon j'ai Lettre d'une inconnue qui m'attend en dvd depuis trois ans, mais encore jamais trouvé le "bon" moment pour le découvrir).

Instructif tes avis sur ses autres films, surtout que me concernant, je ne suis pas prête d'en voir la plupart. :(

Par contre, il ne me semble pas qu'elle soit moins célèbre ou appréciée qu'Olivia de Havilland.
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Cathy
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Re: Joan Fontaine

Message par Cathy »

Merci Kimm pour ce portrait tant attendu :fiou: :lol: !

Par contre je trouve Olivia de Havilland moins connue que Joan Fontaine, enfin peut-être pas de nom, mais de renommée réelle. On assimile Olivia de Havilland à Mélanie et Lady Marianne et on oublie tous les autres rôles. Joan Fontaine semble moins éclecltique que sa soeur dans le choix de ses rôles, elle est souvent la femme froide. Elle n'a pas ce côté universel de sa soeur, même si elle s'est elle aussi essayée à plusieurs genres.

Ivy est sans doute un de ses plus beaux films, et que Sam Wood magnifie son interprète.
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Cathy
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Re: Joan Fontaine

Message par Cathy »

Born to be bad - La Femme aux maléfices (1950) - Nicholas Ray

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Une jeune femme arriviste séduit le fiancé de sa cousine, et l'épouse, tout en étant amoureuse d'un écrivain en devenir.

Nicholas Ray réalise ici une comédie dramatique proche du film noir de par le caractère de sa protagoniste. Howard Hughes a imposé Joan Fontaine dans ce rôle de femme fatale, mais il est bien évident que cela n'est pas tout à fait son registre, tant on a plus l'habitude de la voir en victime du destin que ce soit une victime "heureuse" comme dans Soupçons ou Rebecca, ou victime "tragique" comme dans Ivy. Ici, on sait dès le départ qu'elle est une garce, ces fameuses garces au visage angélique. Le film mise sur l'interprétation de ce "quintet", quartet "amoureux" et l'observateur cynique joué à merveille par Mel Ferrer. Robert Ryan et Zachary Scott présente deux versions de l'homme chamboulé par une femme, le premier très fort, mais lucide, le second plus faible et qui ne verra le mal qu'une fois fait. A eux s'opposent Joan Fontaine et Joan Leslie, la blonde et la brune, la garce et la "gentille". Naturellement la morale sera sauve et la fin imposée par Howard Hughes un peu "pompeuse" et plus proche d'un mélodrame que du film noir. On appréciera toutefois la toute dernière scène avec Mel Ferrer !
Sans doute aimerions nous en savoir plus sur le futur de Christabel Caine, car si le personnage n'est aucunement attachant, son destin serait certainement passionnant.

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Ivy - Le Crime de Madame Lexton (1947) Sam Wood

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Une jeune femme vénale Ivy Lexton (Joan Fontaine) cherche à s'échapper de son mariage par tous les moyens. Elle est entourée de trois hommes Jervis Lexton son mari (Richard Ney), Roger Gretorex, le premier amant médecin (Patric Knowles) et Miles Rushworth (Herbert Marshall), le millionnaire et second amant.

Sam Wood a réussi un film brillant, peu connu qui mériterait de sortir totalement de son anonymat. L'histoire est sans doute banale, mais le traitement est magnifique dans ce jeu de noir et blanc continuel, l'héroine toujours vêtue de blanc jusqu'à la mort de son mari, (d'où le titre français très spoiler) puis entièrement de noir. La mise en scène combine magnifiques gros plans de ce visage à la fois si doux et si froid et scènes assez intimes avec des éclairages de clair-obscur recherchés. Le film se déroule quasiment toujours en intérieurs. Dès le début l'ambiance est donnée avec cette scène chez une voyante jouée par Una O"Connor au physique si particulier qui met en jeu tout le processus de désir d'Ivy Lexton qui doit quitter son premier amant, pour en trouver un plus riche le soir même, mais qui ne lui dit pas qu'elle voit un grand malheur dans sa vie. On se dit que l'histoire aurait très bien pu plaire aussi à Hitchcok, tant Joan Fontaine est le type même de l'héroine froide, mais angélique. On se rend compte à quel point les deux soeurs de Havilland étaient différentes, et on a du mal à comprendre leur brouille, tant leur carrière ne joue pas sur le même registre. Les trois acteurs qui l'entourent sont aussi parfaits les uns que les autres qui dans le rôle du mari faible, qui dans le rôle de l'amant. Certes la scène finale est prévisible, mais tout est si bien réalisé et si bien "éclairé que l'on passe un moment superbe en la compagnie de cette Mme Lexton pourtant bien peu recommandable. A noter que la copie diffusée en septembre dernier par Ciné Polar est de toute beauté, seul problème que ce soit la VF qui ait été donnée et non une VO, même si le doublage est correct, on se demande si une édition DVD n'est pas prévue, à la vue de cette copie aux noirs et blancs éclatants.


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You gotta stay happy (1948) - HC Potter

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Une jeune héritière se marie, mais le jour de son mariage s'enfuit et trouve refuge dans la chambre d'hôtel de son voisin, un aviateur qui dirige une petite compagnie personnelle et doit entreprendre le lendemain un vol pour convoyer un cercueil, une cargaison de poissons frais et un singe savant.

Au tout départ du film, on se dit que le film pourrait avoir inspiré Runaway Bride avec Julia Roberts, car l'héroïne a déjà été fiancée plusieurs fois et ne s'est pas mariée, finalement elle saute le pas et c'est le début de la galère pour son voisin. Nous sommes ici dans ces comédies américaines typiques qui reposent essentiellement sur le casting et sur les situations un peu déjantées entrainées par les confrontations entre les personnages principaux. Assez étonnant ici de découvrir une Joan Fontaine, au total opposé de ses rôles habituels, ravissante avec ses cheveux noués en macarons, elle illumine l'écran par sa présence. Elle ne donne pas dans l'exubérance, mais naturellement plus dans le raffinement et dans un comique plus "sophistiqué" en quelque sorte. Il faut la voir en costume d'aviatrice aux chaussures trop grandes... A ses côtés James Stewart retrouve son personnage habituel d'homme quelque peu dépassé par les évènements mais quand même maître de sa destinée. Il est comme d'habitude parfait et forme un très joli couple avec sa partenaire. Nous ne sommes pas dans la screwball déjantée, mais dans la comédie charmante, aux situations cocasses. Et puis il y a comme dans tous ces films, ces seconds rôles qui rythment l'action et permettent aux protagonistes de voir où est leur bonheur. Roland Young, Eddie Albert complètent le casting, sans oublier Joe le chimpanzé ! Une petite comédie charmante sans aucune autre prétention que celle de distraire et qui y parvient parfaitement.
Julien Léonard
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Re: Joan Fontaine

Message par Julien Léonard »

Très bel hommage et excellente idée de topic !

J'aime beaucoup Joan Fontaine, elle fait partie de mes dix actrices hollywoodiennes préférées. Pourtant, je n'ai pas vu énormément de films avec elle, mais ils m'ont marqué, pour la plupart. Parmi eux, je citerais volontiers Rebecca, Soupçons, Jane Eyre... Je ne connais pas le film qu'elle a tourné avec James Stewart, mais je serais vraiment curieux de le voir. Pour le reste, elle est tout simplement magnifique, une des plus belles actrices de l'âge d'or hollywoodien. :wink:
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Cathy
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Re: Joan Fontaine

Message par Cathy »

You gotta stay happy fait partie du coffret James Stewart suivant

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Julien Léonard
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Re: Joan Fontaine

Message par Julien Léonard »

Cathy a écrit :You gotta stay happy fait partie du coffret James Stewart suivant

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Dommage que j'ai déjà deux films sur les cinq... Mais merci pour l'info en tout cas, je vais y réfléchir. :wink:
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Cathy
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Re: Joan Fontaine

Message par Cathy »

Julien Léonard a écrit :
Cathy a écrit :You gotta stay happy fait partie du coffret James Stewart suivant

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Dommage que j'ai déjà deux films sur les cinq... Mais merci pour l'info en tout cas, je vais y réfléchir. :wink:
Oui, moi aussi, mais les petits films étaient sympas, notamment celui avec Joan Fontaine et un autre avec Margaret Sullavan :wink:
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Re: Joan Fontaine

Message par someone1600 »

Une actrice que j'aime bien, moins que sa soeur que je connais un peu plus. Excellente dans Rebecca et Soupson, ainsi que dans le film avec James Stewart, je n'ai malheureusement pas encore vu Letter from an unknown.
Kimm
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Re: Joan Fontaine

Message par Kimm »

Cathy a écrit :Merci Kimm pour ce portrait tant attendu :fiou: :lol: !

Par contre je trouve Olivia de Havilland moins connue que Joan Fontaine, enfin peut-être pas de nom, mais de renommée réelle. On assimile Olivia de Havilland à Mélanie et Lady Marianne et on oublie tous les autres rôles. Joan Fontaine semble moins éclecltique que sa soeur dans le choix de ses rôles, elle est souvent la femme froide. Elle n'a pas ce côté universel de sa soeur, même si elle s'est elle aussi essayée à plusieurs genres.

Ivy est sans doute un de ses plus beaux films, et que Sam Wood magnifie son interprète.
comme quoi, faut jamais désespérer !! 8)
L'intêret de ce portrait est de faire tomber les idées reçues, en éclairant une partie de carrière plus légère...
J'ai une même admiration pour les deux soeurs, qui faillirent tourner ensemble DEVOTION (Curtis Bernhart, 1946), sur la vie des soeurs Brontë; au regard des rapports compliqués entre les 2 soeurs, Ida Lupino remplaça Joan Fontaine. Quel regret !
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Re: Joan Fontaine

Message par beb »

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Dernière modification par beb le 30 mars 23, 19:54, modifié 1 fois.
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Sybille
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Re: Joan Fontaine

Message par Sybille »

Sur Margaret Sullavan, il en existe un ici :wink: : http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... n#p1311590
Chip
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Re: Joan Fontaine

Message par Chip »

Difficile de dire laquelle des deux soeurs est meilleure comédienne. Débarrassée de tout glamour Joan Fontaine est plus que crédible en femme ordinaire dans le beau film de John Berry "From this day forward" et Olivia de Havilland tout aussi convaincante en femme dont la raison s'égare dans" the snake pit"(la fosse aux serpents), film qui certes a vieilli mais qui reste très impressionnant.
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