Electra Glide in Blue (James William Guercio - 1973)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Frances
Assistant opérateur
Messages : 2819
Inscription : 3 oct. 12, 20:24

Re: Electra Glide in Blue (James William Guercio - 1973)

Message par Frances »

Je déterre ce topic pour ajouter quelques mots sur le film.
Image
Voilà un film que j’hésitais à insérer dans le lecteur. Allez savoir pourquoi ? J’ai été inspirée de passer outre mes préjugés sans fondement. Le premier et unique film de James William Guercio est d’abord, à mes yeux une vraie réussite formelle. Dès la scène d’ouverture (fragmentée et révélatrice d’indices) on sait que l’on est devant un film qui « va tenir la route » au moins de ce côté-là.

Quant au fond, l’intrigue tient en peu de lignes : John Wintergreen flanqué d’un coéquipier tire au flanc sillonne les paysages encore imprégnés de la poussière des chevauchées des westerns de John Ford pour contrôler et verbaliser les rares véhicules qu’il croise. Incorruptible, naïf et croyant toujours au rêve américain, il espère troquer l’uniforme du motard contre le stetson et les santiags d’un enquêteur. La mort d’un vieil homme va lui donner cette opportunité.

On comprend rapidement que John Wintergreen croit profondément à la vertu des symboles, que ce soit ceux de l’uniforme (chaque détail filmé en gros plan quand il le revêt le matin), ou ceux du kit de l’enquêteur. Mais dans cette Amérique de la désillusion et de l’amertume un peu déboussolée et sans cap défini Wintergreen fait figure d’exception. James William Guercio explose les certitudes, déboulonne les mythes (Hollywood au travers du personnage de l’actrice déçue et revenue de tout, échouée dans un bouge paumé) et zigouille les rêves à coup de chevrotine. Même les hippies font triste mine repliés en petite communauté végétative. Il révèle la folie, l’arrogance, la virilité de supermarché de l’inspecteur Harvey Pool, les flics tire au flanc et corrompus et les dérives qu’entraîne la solitude.

Les héros de John Ford qui ont caracolé dans les mêmes lieux mythiques ont dû se retourner dans leur tombe.


Vous l'aurez compris, ce fut une belle découverte.
"Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre." Robert Browning.
" - De mon temps, on pouvait cracher où on voulait. On n'avait pas encore inventé les microbes." Goupi
Mains Rouges.

Mes films du mois :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Jan 21 : Cousin Jules
Fev 21 : Midnight special
Mar 21 : Nanouk l'esquimau
Avr 21 : Garden of stones
Mai 21 : Fellini Roma
Avatar de l’utilisateur
Barry Egan
Assistant opérateur
Messages : 2420
Inscription : 5 janv. 12, 18:51

Re: Electra Glide in Blue (James William Guercio - 1973)

Message par Barry Egan »

Pas mieux que Frances qui décrit parfaitement bien le film. Ça valait bien un déterrage de topic !

Et je rajouterai pour la peine que j'étais content d'entendre les Marcels ("Most of All") dans une des scènes. Meilleurs que les Platters !!!
Image
Répondre