John Huston (1906-1987)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: John Huston (1906-1987)

Message par Jeremy Fox »

Ca ne marche quand même pas à tous les coups et pour tout le monde même si je suis d'accord dans l'absolu : je suis capable d'apprécier une oeuvre formellement splendide alors que le fond est vide et inversement, mais un peu plus rarement, un film dont l'histoire et (ou) le scénario et (ou) les acteurs me touchent mais dont la mise en scène m'apparaît fade.
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Père Jules
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Re: John Huston (1906-1987)

Message par Père Jules »

Il existe quantité de films qui en effet, bien qu'ayant une mise en scène purement illustrative, restent fort intéressants. Typiquement les films honnis par la Nouvelle Vague façon cinéma à la papa...
Dernière modification par Père Jules le 7 avr. 11, 12:29, modifié 1 fois.
joe-ernst
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Re: John Huston (1906-1987)

Message par joe-ernst »

Père Jules a écrit :Il existe quantité de films qui en effet, bien qu'ayant une mise en scène purement illustrative, restent fort intéressants. Typiquement les films honni par la Nouvelle Vague façon cinéma à la papa...
On pourrait même se demander si les films sans réelle mise en scène et sans réel scénario, type Nouvelle Vague, sont (encore) intéressants... :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Re: John Huston (1906-1987)

Message par Jeremy Fox »

joe-ernst a écrit :
Père Jules a écrit :Il existe quantité de films qui en effet, bien qu'ayant une mise en scène purement illustrative, restent fort intéressants. Typiquement les films honni par la Nouvelle Vague façon cinéma à la papa...
On pourrait même se demander si les films sans réelle mise en scène et sans réel scénario, type Nouvelle Vague, sont (encore) intéressants... :mrgreen:
:twisted: Revenons-en à Huston :mrgreen:
riqueuniee
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Re: John Huston (1906-1987)

Message par riqueuniee »

Je ne suis pas particulièrement fan du genre, mais on ne peut pas dire que les films type Nouvelle Vague soient sans mise en scène ou sans scenario. Je pense même que, pour qu'ils aient l'air de ne pas en avoir, il y a justement un travail d'écriture et de mise en scène..
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Jeremy Fox
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Re: John Huston (1906-1987)

Message par Jeremy Fox »

riqueuniee a écrit :Je ne suis pas particulièrement fan du genre, mais on ne peut pas dire que les films type Nouvelle Vague soient sans mise en scène ou sans scenario. Je pense même que, pour qu'ils aient l'air de ne pas en avoir, il y a justement un travail d'écriture et de mise en scène..
Merci 8)
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Major Tom
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Re: John Huston (1906-1987)

Message par Major Tom »

Débat intéressant sur la mise en scène! Personnellement, j'ai commencé à faire marche-arrière concernant les virtuoses de la caméra. Ce que certains appellent la forme s'apparente parfois davantage à de la facilité pour moi. On s'est mangé depuis les années 70 tout un bon gros lot de films-poudre aux yeux, qui ont je crois fait beaucoup de mal à une certaine partie de la cinéphilie d'aujourd'hui. Mon impression est que ces cinéphiles jugent, parfois, sévèrement des œuvres faites par des auteurs soit: trop vieux, d'avant les années de l'esbroufe visuelle et donc devant affronter un point de vue de contemporain (comme Demi-Lune qui s'attendait à Mission: Impossible en regardant L'Affaire Cicéron :mrgreen: ;)) soit: qui n'ont pas besoin de faire mumuse avec la caméra, sans ce goût de la virtuosité à tout prix, pour prouver leur talent. John Huston pour moi se pose là, dans les deux cas manifestement. C'est un cinéaste qui a une mise en scène qui s'efface au profit de ce qu'il y a de réellement important dans un film: son histoire (et évidemment les thématiques qui en découlent) et ses personnages (les acteurs sont toujours extrêmement bien dirigés d'ailleurs). On peut avoir envie de ne plus entendre de dialogues, d'avoir affaire à des images qui parlent pour les personnages et de nous laisser porter par elles. Dans ce cas on regarde un Antonioni. Mais on peut aussi avoir envie de l'opposé. Tout comme on peut avoir envie un jour de regarder un drame, et un autre jour une comédie. Un travelling chez Huston ne se sent pas. La caméra, on ne la "voit" pas. C'est ce qu'on reproche peut-être? C'est comme la musique un bon compositeur de BO: il a compris qu'il ne fait pas de la musique de film pour la musique, mais pour le film. Évidemment, il ne faut pas attendre de John Huston un film où la nature est sublimée comme chez Tarkovsky avec des scènes muettes de 3/4 d'heure, ou alors des scènes d'action filmées au ralenti avec des angles inclinés, ou que la caméra passe à travers les barreaux d'une fenêtre dans un plan-séquence de 7 minutes, ou à travers l'anse d'une théière, etc. :) Ce n'est pas ce cinéma-là. Il faut pourtant un génie immense pour accoucher de Quand la ville dort, La Nuit de l'iguane, des Désaxés, de Moby Dick, de Dieu seul le sait, du Trésor de la Sierra Madre ou du Faucon maltais (putain, quelle playlist :o), et beaucoup de prétention pour en dire le contraire. ;) D'ailleurs, reprocherait-on à des films verbeux comme les Rohmer, les Woody Allen ou comme le film de Jean Eustache que j'ai récemment découvert et qui m'a bien bluffé, de n'avoir aucune mise en scène? On pourrait, pourquoi pas, si on veut s'attarder sur un point de vue technique. Mais est-ce qu'il n'y en a pas réellement, de mise en scène?

Mes trois préférés je pense: La Nuit de l'iguane, Dieu seul le sait et Quand la ville dort.
Mais comme je n'arrive pas vraiment à les départager on dira qu'ils sont à la première place ex-æquo, et j'ajoute Le Piège en second et Le Trésor de la Sierra Madre à la troisième place. :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Re: John Huston (1906-1987)

Message par Jeremy Fox »

Je plussoie à tout ça y compris sur ta vision de la mise en scène ; celles de Eustache, Allen ou Rohmer sont au moins aussi talentueuses que celles des "virtuoses de la caméra". Autres tout simplement.
Lord Henry
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Re: John Huston (1906-1987)

Message par Lord Henry »

On ne peut pas dire non plus que la mise en scène de Freud soit "invisible".

Chez Huston comme chez beaucoup de cinéastes de sa génération, le sujet dicte la mise en scène. Ce qui ne signifie pas que son cinéma soit impersonnel.
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Père Jules
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Re: John Huston (1906-1987)

Message par Père Jules »

Jeremy Fox a écrit :Je plussoie à tout ça y compris sur ta vision de la mise en scène ; celles de Eustache, Allen ou Rohmer sont au moins aussi talentueuses que celles des "virtuoses de la caméra". Autres tout simplement.
Sans parler d'Ozu... mais là on dévie beaucoup.
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Re: John Huston (1906-1987)

Message par Strum »

Lord Henry a écrit :Chez Huston comme chez beaucoup de cinéastes de sa génération, le sujet dicte la mise en scène. Ce qui ne signifie pas que son cinéma soit impersonnel.
Peu ou prou ce que je disais avec beaucoup de mots plus haut. :wink:
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Demi-Lune
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Re: John Huston (1906-1987)

Message par Demi-Lune »

Major Tom a écrit :Il faut pourtant un génie immense pour accoucher de Quand la ville dort, La Nuit de l'iguane, des Désaxés, de Moby Dick, de Dieu seul le sait, du Trésor de la Sierra Madre ou du Faucon maltais (putain, quelle playlist :o), et beaucoup de prétention pour en dire le contraire. ;)
Tu te prends un peu les pieds dans le tapis, là, car ta défense argumentée et pertinente a ici des accents catégoriques qui semblent exclure de tout bon goût et sens critique ceux qui, comme moi, n'accrochent que moyennement à La Nuit de l'iguane, Key Largo (et je peux maintenant dire : la première demi-heure du Faucon Maltais), sans que cela soit nécessairement lié, d'ailleurs, à une question de mise en scène, ou à un ego prétentieux. La mise en scène de Huston ne me dérange absolument pas, je trouve même qu'elle est assez admirable, car il suffit de voir les cadrages ciselés de La Nuit de l'iguane ou la quasi perfection stylistique, dans le registre du film noir, de Quand la ville dort, pour qu'on puisse considérer Huston comme un réalisateur doué, en tout cas sur les films que j'ai cités. Non, il ne faut pas enfermer le débat sur une simple question de mise en scène (je ne relèverai même pas la petite pique à mon encontre :mrgreen: :wink: ), mais bien d'adhésion générale à ce que le cinéaste raconte dans un film, à la manière dont il raconte son histoire, ce qui implique des facteurs non négligeables comme le rythme, le scénario ou le jeu des acteurs, bien sûr. Et il se trouve que si les acteurs sont impeccables dans La Nuit de l'iguane, je ne peux pas forcément en dire autant pour la distribution du Faucon Maltais (je m'en excuse mais pour ce que j'en ai vu, j'ai trouvé Peter Lorre pas bon du tout). Je ne sais pas si Huston est un génie immense, mais sans que je me sente prétentieux, je me réserve la possibilité d'exprimer mes réserves sur certains de ses films que j'ai vus, et mon admiration pour d'autres (Quand la ville dort, qui est pour moi un des meilleurs films noirs classiques). :wink:
Lord Henry
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Re: John Huston (1906-1987)

Message par Lord Henry »

Strum a écrit :
Lord Henry a écrit :Chez Huston comme chez beaucoup de cinéastes de sa génération, le sujet dicte la mise en scène. Ce qui ne signifie pas que son cinéma soit impersonnel.
Peu ou prou ce que je disais avec beaucoup de mots plus haut. :wink:
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"Il faut me comprendre. Après toutes ces années à la tête du PS, la synthèse c'est devenue comme une seconde nature."
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Jeremy Fox
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Re: John Huston (1906-1987)

Message par Jeremy Fox »

Demi-Lune a écrit : Je ne sais pas si Huston est un génie immense, mais sans que je me sente prétentieux, je me réserve la possibilité d'exprimer mes réserves sur certains de ses films
Ah mais évidemment ; je peux même t'avouer qu'il y a 4 ou 5 de ses films qui m'ont presque intégralement agacé.
Wagner
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Re: John Huston (1906-1987)

Message par Wagner »

Je ne vois pas le rapport entre forme et virtuosité, c'est tout de suite biaiser les termes du débat que de taxer les formalistes de virtuoses. Il y a une différence de taille entre les réalisateurs qui se soucient de mise en scène invisible (faire oublier la présence de la caméra, la formule préférée des théatreux pour qui seule importe que le texte et les personnages soient clairement identifiables ) et ceux qui privilégient la force du plan et du montage sans faire pour autant dans l'exercice de style. Leur mise en images sera tout aussi discrète, coulant de source, mais son but ne sera pas de rendre service aux dialogues et personnages mais de faire passer une idée par l'image. Ce n'est pas pour rien qu'on ne peut pas mettre sur le même plan Guitry, ou Woody Allen, et Kubrick.
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Ego sum qui sum
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