Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1970)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Music Man
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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PRES DE TOI CHERIE (Bei dir war es immer so schön) de Hans WOLF -1954
Avec Willi FORST, Zarah LEANDER, Kirsten HEIBERG, Sonja ZIEMANN, Georg THOMALLA, Margot HIELSCHER, Grethe WEISER, Albrecht SCHOENHALS

Le vie romancée du compositeur de chansons Théo Mackeben, auteur de nombreux succès de variété dans les années 30-40.

Les américains se sont fait la spécialité du biopic de compositeurs dans les années 40 : les grands amateurs de comédies musicales hollywoodiennes ont certainement déjà vu ainsi suivi la biographie de Jerome Kern (la pluie qui chante), de Gershwin (Rhapsodie in blue), de Rodgers et Hart (ma vie est une chanson) de Cole Porter (Night and day) pour n’en citer que quelques unes. Des superproductions faisant appel aux plus prestigieux chanteurs et acteurs des studios venus donner leur version des tubes immortels composés par ces talentueux musiciens lors de numéros musicaux d’une grande opulence, et en toile de fond un semblant de bio complètement édulcorée, assez terne.
Et bien, ce film suit exactement le même principe. J’ignore si la vie réelle de Théo Mackeben a le moindre rapport avec le scénario tant les clichés s’accumulent : débuts pénibles comme pianiste dans un petit cabaret, puis la gloire, des problèmes de couple, d’infidélité, de doute et enfin un retour aux vraies valeurs et à l’amour de sa vie…Au moins, c’est correctement joué.
On l’aura compris, il vaut mieux compter sur les chansons. Elle sont très belles même si peu connues en France ou oubliées : Bel Ami , ici reprise par son créateur Willi Forst dans le film du même nom fut un tube en France pendant la guerre par Tino Rossi de même que la chanson « Sans toi chéri, je n’ai plus rien » un succès pour Léo Marjane en 1942 (elle est ici reprise par Margot Hielscher).
Parmi les grands numéros musicaux, on retiendra celui de la vamp Margot Hielscher évoluant parmi des girls nues et des diablotins exécutant une danse lascive sur un lit géant, ou encore de l’adorable Sonja Ziemann qui danse avec un talent insoupçonné un rock acrobatique avec des jouets animés et des ours en peluche.
Moins spectaculaires mais plus réussis encore les prestations émouvantes de Kirsten Heiberg et surtout d’une impériale Zarah Leander, au faite de son talent pour reprendre les chansons que Mackeben lui avait composées pour les films Magda et Pages immortelles (quelle voix impressionnante !)
Music Man
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LE MEDECIN DE STALINGRAD (der Arzt von Stalingrad) de Geza VON RADVANYI-1958
Avec OE HASSE, Eva BARTOK, Mario ADORF, Vera TSCHECHOWA, V INKIJINOFF

La vie d’un médecin chirurgien allemand, prisonnier de guerre des russes après la bataille de Stalingrad. En parvenant à opérer et sauver le fils du commandant russe, il obtient sa liberté en 1949.

Der Arzt Von Stalingrad (Le Médecin de Stalingrad), roman de Konsalik, publié en 1956, a été vendu à 3,5 millions d’exemplaires et adapté au cinéma deux ans plus tard. Cet auteur de best seller un peu oublié, était pourtant un des romanciers les plus lu dans les années 50 et 60, et ses livres étaient disponibles dans tous les Prisunic et les librairies de gare.
En dépit des péripéties abordées (tentatives de mutinerie des prisonniers, trahisons, opération clandestine d'un malade et notamment une histoire d’amour entre un jeune médecin et une gardienne de prison particulièrement rigide qui se termine de façon bien tragique), le film est assez platement réalisé et vraiment très manichéen.
L’interprétation est pourtant correcte (notamment celle de Mario Adorf ), les éclairages intéressants, mais le film manque d’envergure. Cela dit il demeure tout à fait regardable.
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Commissaire Juve
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J'ai ce titre dans mon panier sur divers sites allemands depuis... un bon moment. Je n'ai jamais pu me décider.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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DOROTHEA, LA FILLE DU PASTEUR (Dorothea Angermann) de Robert SIODMAK - 1958
avec Ruth LEUWERIK, Bert SOTLAR, Kurt MEISEL

Dorothea Angermann, fille de pasteur, est violée par le chef cuisinier du restaurant dans lequel elle travaille . Lorsque son père apprend que sa fille est enceinte, il oblige cette dernière à épouser le père de l'enfant qui se révèle vite violent et alcoolique…


Comme beaucoup de ses compatriotes ayant fui l’Allemagne nazie en 1933, Robert Siodmak est revenu dans son pays d’origine dans les années 50, mais sans beaucoup de succès ni critique, ni public.
On reconnaît la patte du réalisateur des Tueurs dans ce drame très sombre qui raconte les vicissitudes de la pauvre fille d’un pasteur autoritaire, dont la vie devient un véritable enfer par la faute de son père.
Le puritanisme dans lequel elle est élevée depuis sa plus tendre enfance va finalement se révéler une croix bien difficile à porter. Le film (qui fut à l’époque un échec cuisant) est assez décevant surtout dans son ennuyeuse première partie qui traîne en longueur sans proposer pourtant de portrait psychologique suffisamment fouillé de cette fille dominée par son père.
En revanche, après l’infortuné mariage de Dorothéa, le film, qui prend alors une tournure très noire, revêt davantage d’intérêt : les scènes de bagarre entre les époux et surtout du décès du mari, sous l’œil indifférent d’un voisin sont dures et éprouvantes. Hambourg nocturne, sa triste gare et la bande de copains qui noie son oisiveté dans l’alcool composent un décor réaliste et déprimant de cette chronique bien noire, qui brille sporadiquement par quelques moments forts et l’excellente interprétation de Ruth Leuwerik, la vedette de la Famille Trapp(bien qu'elle soit trop âgée pour le rôle).
Contrairement à ce que prétend une biographie du cinéaste, la prestation de l’actrice m’a paru plus que satisfaisante.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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FREDDY ET LA MELODIE DE LA NUIT (Freddy und die melodie einer nacht) de Wolgang SCHLEIF – 1960
Avec Freddy QUINN, Heidi BRUHL, Peter CARSTEN, Kai FISCHER et Grethe WEISER

Freddy, le chauffeur de taxi de Berlin croise parfois pendant son travail des passagers peu recommandables, comme ce duo de truands qui agresse un de ses collègues pour lui soutirer la maigre recette de sa journée…


Freddy Quinn, chanteur hyper connu outre Rhin a joué dans plusieurs films à la fin des années 50, au faite de sa gloire dans les hits parades teutons (archi rediffusés sur les télés allemandes). Celui-ci est probablement le meilleur du lot (qui comporte quelques sacrés navets mais heureusement de bien jolies chansons). Au gré de cette ballade nocturne en taxi, on découvre à la fois une ville taciturne avec ses vendeurs de saucisse (l’attachante Grethe Weiser, en maman complètement dépassée par son vaurien de fils), ses mauvais garçons, et un endroit de plaisir facile avec ses nombreux cabarets. Même si le film aurait pu traiter de façon plus réaliste l’argument principal, et que le mélange de polar un peu glauque et de comédie musicale sentimentale peut dérouter c’est un bon divertissement, bien joué, avec une certaine atmosphère et de jolis numéros de music hall. Freddy Quinn chante vraiment très bien les deux très bonnes chansons écrites à son attention (il les a même enregistrées en français) et joue tout à fait correctement. La lumineuse Heidi Brühl (future partenaire de Clint Eastwood) lui donne joliment la réplique. La course poursuite du chauffeur de taxi à la fin du film qui traque les brigands sur la voie de chemin de fer pour venger son collègue ne tient pas vraiment debout (pourquoi ne laisse t’il pas faire la police ?), mais bon, c’est un divertissement populaire et on n’en attend pas moins de Freddy le héros.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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LES ASSASSINS SONT PARMI NOUS (Die Mörder sind unter uns) de Wolfgang STAUDTE – 1946
Avec Hildegard KNEF et Ernst Wilhelm BORCHERT

Dans un Berlin en ruines, un chirurgien démobilisé, hanté par ses souvenirs de guerre, noie ses tourments dans l’alcool. Il retrouve la trace du capitaine qui pendant la guerre avait froidement fait exécuter femmes et enfants.

En 1946, le cinéma allemand renaissait tout juste de ses cendres. Ce film fut un des tous premiers tournés dans les studios de la DEFA sous le contrôle de l’Union soviétique et à aborder les difficultés de l’après guerre et la reconstruction d’un pays anéanti et honteux.
Ce très beau film d’une grande humanité, nous propose d’abord comme un documentaire la vision la plus noire d’une Allemagne en ruine, infestée par les rats, où les gens vivent dans la plus grande précarité.
Perturbé par les horreurs de la guerre, le personnage principal est complètement perdu et détruit. En se réfugiant dans la boisson et en fréquentant de sordides bouis-bouis, il tente d’oublier le passé, incapable de se reconstruire une existence alors que sa colocataire qui sort des camps de concentration cache pudiquement sa douleur, et se plonge avec beaucoup de courage et de volonté dans le travail et les occupations quotidiennes;
Cette rencontre entre deux être brisés est superbement filmée par Staudte dans un climat qui évoque à la fois le néo-réalisme italien et l’expressionisme. Jouant parfaitement des ombres, de ce décor crépusculaire, et des frous-frous futiles de la boite de nuit, le cinéaste, en adoptant les angles les plus audacieux, constitue une œuvre, très émouvante mais aussi réconfortante animée d’un beau message d’amour et d’espoir. La seconde partie (avec les flash backs retraçant le drame vécu par le chirurgien pendant la guerre et les horreurs commises par l’armée hitlérienne) m’a parue hélas moins réussie et beaucoup moins subtile.
La vedette féminine Hildegard Knef, dans son premier grand rôle allait connaitre une gloire internationale bien méritée au cinéma comme au music hall. Dommage qu’elle n’ait pas retrouvé sur sa route d’aussi bons films !
On appréciera grandement le travail d’Otto Hunte, directeur artistique de talent, qui avait travaillé autrefois sur Métropolis… et le juif Suss !
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Commissaire Juve
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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Tiens ! j'avais pensé me l'offrir celui-ci. Un jour, peut-être.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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Il est vraiment très bien! Une bonne idée de cadeau.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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QUAND LES PROFS S’ENVOLENT (Unsere pauker gehen in die luft) de Harald VOCK - 1970
Avec Wencke MYHRE, Georg THOMALLA, Peter WECK, Chris ROBERTS, Gretl SCHORG

Le frère jumeau d'un directeur du lycée s’installe en ville et crée quelques quiproquos...

A la fin des années 60, le cinéma allemand avait trouvé deux bons filons pour essayer de surmonter la crise sans précédent qu’il connaissait depuis le début de la décennie : les comédies érotiques et les films de cancres. Voici un spécimen de la deuxième catégorie, qui a probablement inspiré en France des films comme profs ou les sous-doués. En effet, quand on voit Ilja Richter avec son air ahuri, son long nez, hanter à 25 ans les bancs du lycée et cumuler les blagues de potache aussi stupides les une que les autres (ici, les élèves ont même creusé un trou dans le mur, caché par la carte de géographie pour communiquer entre les classes), on ne peut s’empêcher de penser au Daniel Auteuil des films de Zidi.
Les gags atteignent des abymes de bêtises (on vole le slip du prof avec une cane à pèche pendant qu’il se déshabille pour enfiler son maillot de bain…).
Tout juste pourra t’on prendre un plaisir décalé en visionnant cette pochade débile et finalement très peu amusante, à écouter la variété allemande pattes-d’eph des années 70, notamment du chanteur à minettes Chris Roberts, une sorte de sosie vocal et physique de Christian Delagrange, et de la dynamique et sur-vitaminée Wencke Myhre, connue aussi bien en Allemagne qu’en Scandinavie (qui nous sert ici son tube existentialiste « le petit bateau pneumatique rouge »).
La musique sirupeuse, mais pas désagréable, est de James Last.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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MUSIKPARADE de Geza VON CZIFFRA – 1956
Avec Peter ALEXANDER, Bibi JOHNS, Georg THOMALLA, Ruth STEFAN

Peter, le trompettiste est engagé dans l’orchestre de variété d’une vedette suédoise.
Lors d’un voyage en avion, il rencontre la jeune femme dont il ignore encore l’identité et essaie de la séduire.


Sur un strict plan cinématographique, ce film n’apporte rien du tout et n’a pas du couter grand-chose. On doit donc reconnaitre que le chanteur fantaisiste Peter Alexander, décédé cette année, avait vraiment du talent et de l’entrain pour animer un film aussi peu ambitieux et une si petite histoire. Il est très bien entouré de la ravissante chanteuse suédoise Bibi Johns et de l’amusant Georg Thomalla. Les nombreuses chansons dans un style swing- rockabilly (et notamment das macht ich mit musik entonné par la belle Bibi), inspiré de Bill Haley, montrent que l’Allemagne était alors fortement sous l’influence américaine et n’avait pas raté le nouveau virage musical. Les acteurs et danseurs arrivent donc à faire passer un bon moment.

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L’AUBE DE LA VIE (du darfst nicht langer schweigen) de Robert A STEMMLE – 1955
Avec Heidemarie HATHEYER, Ernst Wilhelm BORCHERT, Ingrid ANDREE

Adaptation d’un roman de l’écrivain islandais Kristmann Gudmunsson.
Alors qu’elle est sur le point de se marier, Servor apprend que son promis a fait naufrage. Après plusieurs jours d’inquiétude et de silence, son compagnon rentre sain et sauf : cependant, elle comprend vite qu’il a rencontré une autre femme pendant son séjour, et qu’il l’a mis enceinte.


Le cinéaste Robert A Stemmle (connu surtout pour sa ballade berlinoise de 1948) disposait certes de quelques bonnes bases pour bâtir un film d’atmosphère et un mélodrame réaliste sur fond de ports brumeux et de mer houleuse. Si quelques détails comme la décoration des maisons de pécheurs ou encore la très belle musique qui accompagne le fête donnée en hommage aux rescapés sonnent justes, Stemmle est quand même passé un peu à coté de son sujet. Les scènes où la vieille servante lit l’avenir dans le feu de cheminée auraient par exemple pu être empruntes de mystère, or elles sont filmée de la façon la plus plate. La fin du film est bâclée, avec le naufrage super mal filmé (par un manque cruel de moyens sans doute) et la révélation tant attendue (les deux amoureux sont en fait frères et sœurs) qui ne semble pas beaucoup troubler les deux jeunes acteurs (Ingrid Andrée et Piet Clausen) sans doute complètement dépassés par leurs rôles.
On retrouve en fin de compte de la fibre des heimatfilme (films de folklore) qui pullulaient à l’époque et reposaient souvent sur des intrigues mélodramatiques avec des lourds secrets de famille du même genre.

Dommage, car l’univers des pécheurs islandais, la belle photographie en noir et blanc et la présence de EW Borchert (les assassins sont parmi nous) et Heidemarie Hatheyer (la fille au vautour) laissaient espérer davantage. Assez décevant.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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J’AI TRAHI HITLER (rotation) de Wolfgang STAUDTE –RDA- 1949
Avec Paul ESSER et Iren KORB

En 1935, pour garder son emploi, un imprimeur qui a connu le chômage et la misère, accepte d’adhérer au parti nazi, alors qu’il éprouve la pire aversion pour son idéologie. Ce n’est qu’au milieu de la guerre, avec le soutien de son beau frère communiste, qu’il accepte d’ouvrir les yeux et d’entrer dans les mouvements de résistance en publiant des tracts contre Hitler…mais son fils va le dénoncer…

Hanté par les destructions et les horreurs de la dictature nazie, le talentueux Wolfgang Staudte a consacré une bonne part de sa carrière à essayer de décortiquer et de comprendre comment l’Allemagne a pu basculer dans l’horreur du nazisme, tout en offrant un regard d’une grande humanité et plein d’espérance sur l’avenir à reconstruire. Comme dans les assassins sont parmi nous, son meilleur film, Rotation débute dans les ruines d’un Berlin encerclé par les alliés. Pour retarder les russes dans leur progression vers son bunker, Hitler a ordonné d’inonder les couloirs du métro où 2 millions de berlinois s’étaient abrités pendant les bombardements : la moitié d’entre eux périront ainsi dans les pires circonstances et dans un chaos transcrit de façon très expressive dans ce film. En reprenant ensuite en flash back les 20 dernières années et l’ascension du nazisme, en retraçant la vie d’un couple d’allemands moyens, Staudte démontre à quels points les allemands ont eux aussi été les victimes de cette ignominie.
Evidemment, il est difficile en 1 heure et demie d’être exhaustif et l’on saute d’un seul coup du milieu des années 30 à la bataille de Stalingrad ! , mais le film traite les éléments essentiels, à savoir la crise économique et la misère profonde que connaissait l’Allemagne à la fin des années 20, la crédulité de certaines personnes qui ont pu croire que le parti allait solutionner tous leurs problèmes et la couardise générale des allemands (et du héros du film) qui ont laissé progresser le mouvement sans se soulever, pour ne pas remettre en cause leur situation personnelle, l’endoctrinement des plus jeunes (le fils va ainsi dénoncer son père et son oncle, et se trouve à la fin du conflit complètement désorienté et anéanti par l’écroulement du troisième Reich).

Le film se termine sur un message d’espoir avec le pardon du père et la volonté bien ferme de ne plus jamais laissé une pareille horreur se produire. (Dans la scène finale, on voit le fils et sa petite amie allongés dans l’herbe, au soleil, comme ses parents 20 ans avant et le cinéaste s’interroge sur l’effet rotatif des évènements avant de conclure que rien ne sera jamais tout à fait pareil, et que chacun luttera pour éviter de revivre un pareil cauchemar : « plus jamais de fascisme, plus jamais de guerre).

Si le film m’a moins touché que les assassins sont parmi nous, c’est une œuvre de qualité, réalisée avec beaucoup de rigueur et de conviction, et un sens de l’image très affirmé.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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LA FILLE AUX YEUX DE CHAT (Madchen mit den katzenaugen) de Eugen YORK- 1959
Avec Vera TSCHECHOWA, Joachim FUCHSBERGER et Gert FROEBE

A Hambourg, dans les mauvais quartiers, le commissaire Wilms est chargé d’enquêter sur un trafic de voitures. Il soupçonne le gérant d’une boite de nuit où se produit depuis peu une très jolie danseuse surnommée la fille aux yeux de chat. ..


J’ai regardé d’un air distrait ce petit polar de série B voire Z qui rappelle un peu les films à petit budget qu’on tournait à cette époque en France avec Eddie Constantine ou Claudine Dupuis. C’est vraiment moyen et à peine distrayant. Quelques numéros de music hall sans intérêt viennent s’insérer dans cette histoire de vol de voiture. Vera Tschechowa, la petite fille de la star du muet Olga Tschechowa (elle eut une liaison avec Elvis Presley) est certes très jolie avec des yeux magnifiques et Gert Froebe joue bien le rôle du papa alcoolo, complètement apeuré par la bande de truands, mais ça vaut tout juste un épisode d’une série policière, sans l’humour et l’aspect BD de la série des Edgar Wallace.
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Ann Harding
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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Découverte de cet intéressant film noir lors d'un passage récent sur Arte.
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Nachts auf den Straßen (Les amants tourmentés, 1952) de Rudolf Jugert avec Hans Albers, Hildegard Knef, Lucie Mannheim et Marius Goring

Heinrich Schlüter (H. Albers) est routier. Un jour, il trouve une épais paquet de billets près d'une voiture accidentée dont les occupants sont morts. Il les ramasse. Peu après, il prend en stop la belle Inge (H. Knef) qui se rend à Francfort avec une valise...

Rudolf Jugert avait été l'assistant d'Helmut Käutner. Ici, il passe à la réalisation sur un scénario de Käutner. Nous sommes dans un univers proche du film noir où un homme normal se retrouve soudain embarqué dans une histoire qui le dépasse. Hans Albers est un routier sans histoires, marié et père d'une fille qui vient tout juste de se marier. Il gagne sa vie correctement, même s'il n'est pas riche. Il élève des lapins dans son jardin pour améliorer l'ordinaire. Lorsqu'il trouve un gros paquet de billets, la tentation est donc grande de les conserver. Mais, finalement, cette richesse subite ne va pas lui apporter le bonheur qu'il escontait. Il cache à sa femme sa bonne fortune. Il lui ment en lui achetant le manteau de fourrure dont elle rêvait. Mais, ce qui va changer sa vie, c'est sa rencontre avec la mystérieuse Inge. Elle se sert de lui habilement pour transporter de la drogue sans qu'il le sache. Son amant Kurt (joué par le britannique Marius Goring) est de mèche avec elle lorsqu'elle entreprend de séduire le routier crédule. Hildegard Knef déploie tout son charme face à un Hans Albers vieillissant. Ce fut pour moi un grand étonnement de reconnaître Marius Goring dans cette production allemande. J'ignore si il est doublé en allemand, mais il apporte son grand talent au personnage trouble de Kurt, amateur de drogues et escroc. Son épouse Lucie Mannheim (qui était allemande) y joue avec subtilité la femme d'Hans Albers qui devine l'infidélité de son époux. Arte a diffusé une restoration récente de très belle qualité. Une belle surprise.
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Re: Cinéma allemand et autrichien, les années tunnel (1946-1

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LE HUSSARD FIDELE (DER TREUE HUSAR) de Rudolf SCHUNDLER - 1954
Avec Paul HORBIGER, Loni HAUSER, Doris KIRSCHNER

Un groupe de copains d’une soixante d’années compte bien profiter du carnaval pour flirter avec de jolies demoiselles pas très farouches, Mais les épouses averties comptent bien les surprendre…

Décidemment dans beaucoup de comédies autrichiennes et allemandes d’autrefois, l’adultère semble être dépeint avec beaucoup de connivence et d’humour comme un sport national !
Dans ce milieu bourgeois de propriétaires de grands magasins, les parents comme les enfants s’amusent bien le samedi soir ! C’est plutôt agréable, et les acteurs attachant comme Paul Hörbiger, acteur viennois fort populaire. Néanmoins, la situation aurait pu être traitée de façon plus drôle : au final, le film est assez insignifiant, il faut bien l’avouer. Son titre est celui d’une très vieux refrain allemand du 18ème siècle, très connu aussi en France puisque Francis Lemarque en avait fait un tube sous le titre Marjolaine.
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