Nunnally Johnson (1897-1977)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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angel with dirty face
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Nunnally Johnson (1897-1977)

Message par angel with dirty face »

The Man In The Gray Flannel Suit (Nunnally Johnson, 1956)
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Un générique assez sobre avec une très belle musique de Bernard Herrmann que je connaissais déjà avant de découvrir L'Homme Au Complet Gris, c'est tout ce que j'ai aimé du film de Nunnally Johnson. Personnellement, je n'ai pas trouvé cette histoire d'homme raté très passionnante. Pire, c'est un film qui ne m'a procuré que de l'ennui. La première partie est racontée par une succession de mauvais flash-back, et la seconde partie est totalement prévisible. C'est plat, c'est long (presque 2 h 30) et ça finit par devenir insupportable. Gregory Peck, acteur que je trouve souvent très inégal, est dans le registre du pire. Le reste de la distribution hallucinante (Jennifer Jones, Fredric March, Lee J. Cobb, Ann Harding) ne sauve pas le film.
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Sybille
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Re: Nunnally Johnson (1897-1977)

Message par Sybille »

A vrai dire, ce n'est pas vraiment une surprise, je me doutais un peu que le film ne devait sans doute pas être extraordinaire (par contre je n'aurai pas cru qu'il durait aussi longtemps, je pensais qu'il faisait dans les 1H, enfin j'ai dù confondre avec autre chose). Peut-être que je l'achèterai quand même un de ces jours, allez. :?

En tout cas, merci encore pour ton post.
Nestor Almendros
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Re: Nunnally Johnson (1897-1977)

Message par Nestor Almendros »

Je suis en train de lire la biographie de Darryl F. Zanuck où il est souvent question de Nunnally Johnson qui était l'un de ses scénaristes fétiches. J'ai vu il y a assez longtemps L'HOMME AU COMPLET GRIS qui m'avait, moi aussi, très peu emballé.

J'ai retrouvé un court avis sur un autre film de Johnson (mars 2006):

LES TROIS VISAGES D'EVE de Nunnally Johnson

L'histoire (vraie) est assez incroyable, et comme on dit dans l'introduction: la réalité dépasse la fiction. Car sinon je me serais posé plusieurs questions quant à certains rebondissements assez inattendus, ou alors avec la fin (que je me garderai de dévoiler). Malheureusement j'ai trouvé quand même que la mise en scène était bien sage, trop posée, voire limite théatrale (ça pourrait facilement être transposable). Malgré le jeu convaincant de Joanne Woodward, je n'ai été que moyennement captivé par le film (la fatigue a peut-être aidé ceci dit).

Beau master dvd Fox, copie propre aux contrastes et à la définition bien gérés. Compression invisible. 0 bonus...
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Lord Henry
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Re: Nunnally Johnson (1897-1977)

Message par Lord Henry »

Il y a aussi celui-ci:

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Où l'on se dit qu'un bon réalisateur aurait sans doute mis en valeur le scénariste. Tel quel, le résultat est aussi peu passionnant qu'un film d'Edward Dmytryk, Daniel Mann ou Delbert Mann.
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Profondo Rosso
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Re: Nunnally Johnson (1897-1977)

Message par Profondo Rosso »

L'Homme au complet gris (1956)

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Arrivant difficilement à joindre les deux bouts, Tom Rath, un employé new yorkais, postule à un poste plus lucratif mais à plus hautes responsabilités dans les relations publiques. Cependant, ce nouveau travail risque de l'éloigner de sa famille et de briser son couple, déjà fragilisé, comme ce fut le cas pour son nouveau patron, Ralph Hopkins, d'autant qu'il apprend l'existence d'un enfant illégitime qu'il a eu durant la guerre...

Un film très intéressant sur le contexte social des Etats-Unis des années 50 mais aussi sur l'évolution et le rôle de la figure masculine à l'aune des mutations de la décennies à venir. Certaines réflexions anticipe même beaucoup (sans l'égaler) le Strangers When We Meet de Richard Quine où on peut faire un parallèle des crises personnelles que traversent Kirk Douglas et Gregory Peck dans les deux oeuvres, même si chez Quine les problématiques regardent plus vers le futur que L'Homme au complet gris où elle sont très ancrée dans un contexte socio-économique d'après guerre. Nunnaly Johnson scénariste chevronné signe bien évidemment le script de ce qui est une de ses rares réalisation. Celui-ci est adapté du roman éponyme de Sloan Wilson , en grande partie autobiographique autant dans sa description du monde de l'entreprise (notamment son expérience en tant qu'assistant du directeur de la US National Citizen Commission for Public Schools) que dans son passé de soldat durant la Deuxième Guerre Mondiale.

On suit donc le destin de Tom Rath (Gregory Peck) modeste employé de bureau et père de famille qui se trouve à la croisée des chemins. Son épouse (Jennifer Jones) lui reproche sa passivité et son manque d'ambition qui force la famille a une existence précaire. Un échange très dur en début de film amorce une introspection de notre héros où l'on découvrira progressivement à quel point l'expérience de la guerre à changé l'homme qu'il était. Au détour de plusieurs flashback où ressurgissent les souvenirs enfouis on découvre ainsi certains des pires moment de l'existence de Rath (mise à mort cruelle pour survivre, pertes parfois terribles des compagnons d'armes) mais aussi des plus beaux comme un belle romance avec une italienne qui saura apaiser ses angoisses morbides. L'occasion de changer de statut se présente enfin avec un important poste en relations publiques. Le récit met alors en parallèle l'ascension annoncée de Gregory Peck et le dur réveil de son patron Fredric March, self made man qui a tout sacrifié pour réussir mais qui avec l'âge comprend comme il a délaissé sa famille désormais disloquée. On a une vision assez glaciale de la course à la réussite en cours à l'époque, que ce soit au niveau domestique avec les attentes d'une Jennifer Jones aux ambitions pressantes ou dans l'entreprise où la franchise n'a plus cours au profit des obséquiosités et hypocrisie diverses pour se faire bien voir. Gregory Peck est comme souvent parfait en type normal poussé malgré lui à un destin qu'il ne convoite pas et le reflet de son futur renvoyé par Fredrich March est là pour le confirmer. Ce dernier en vieil homme perdant pied est formidable, imposant autorité et fragilité tout à la fois avec ce personnage inspiré de Roy Larsen, patron de Sloan Wilson à Time Inc. Jennifer Jones apporte un vraie humanité et sensibilité à un personnage qui aurait facilement pu paraître détestable et hormis un de ses légendaires accès de furie le temps d'une scène (celle de la découverte de l'enfant illégitime et de l'infidèlité de son époux) elle offre une interprétation nuancée et sobre.

Le film est donc plutôt visionnaire dans son illustration des nouveaux maux affectant la cellule familiale (dont la tout puissante télévision hypnotisant les enfants qui n'échangent plus avec leur parents) et les efforts consentis par les acteurs déshumanisés de ce capitalisme qui empiète sur leur vie. L'interprétation et la toile de fond son passionnants, la forme un peu moins. Les flashback sont très réussis (notamment ceux plus guerriers, Johnson est le futur scénariste des Douze Salopards ou du Renard du désert auparavant) mais ce sont vraiment les acteurs (et aussi le très bon score de Bernard Herrman) et le script qui distinguent les moment intenses plutôt que la mise en scène transparente de Johnson. Cette retenue fonctionne formidablement par instants néanmoins comme lorsque Peck vaque sans un mot à ses occupation après avoir été verbalement rabaissé par son épouse. On se serait passé aussi de la sous-intrigue poussive sur l'héritage qui rallonge un film démesurément long (2h30 quand même) mais réellement digne d'intérêt. Une sorte d'ancêtre de la série Mad Men. 4/6
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Cathy
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Re: Nunnally Johnson (1897-1977)

Message par Cathy »

Les trois visages d'Eve, The three Faces of Eve (1957)

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Le portrait d'Eve White qui est victime de dédoublement de personnalités.

Nunnally Johnson évoque dans ce film la vie de Chris Costner Sizemore qui fut victime de troubles de la personnalité. Le film est adapté d'un roman écrit par son psychanalyste et finalement donne la part belle à celui-ci car il arrive à "sauver" la jeune femme. Un assez long préambule annonce que ce que nous allons voir est une histoire vraie et qu'elle est basée sur des compte rendus médicaux.

Nous avons donc le droit au portrait d'Eve White, jeune femme mariée à un homme ordinaire, mère d'une petite fille Bonnie. La jeune femme a des migraines et des absences, petit à petit nous voyons le côte obscur de cette femme apparaître sous les traits d'Eve Black puis finalement de "Jane". Eve Black est le côté noir destructeur de la jeune femme, alors que Jane est le côté totalement normal. On apprendra à la fin quelles furent les causes de ce dédoublement de personnalité, il semble que dans la véritable histoire Chris Costner Sizemore eut plus d'une vingtaine de personnalités qui apparaissaient toujours par trio.
Naturellement l'histoire semble romancée, tant le passage d'un état à l'autre semble trop rapide, trop prévisible, mais bon nous sommes dans cette période où Hollywood se penche sur la psychanalyse, l'alcoolisme, les maladies... de manière plus approfondie. Nous ne sommes pas du tout dans un film qui laisse la place au sensationnalisme et à un côté "film d'angoisse". Nous sommes plus dans un rapport médical qui énonce les différents évènements au cours desquels vont apparaître les trois personnalités. Dès le début, nous sommes avec cette voix off qui raconte dates à l'appui, les rencontres entre la malade et ces psychanalystes que ce soit dans un cabinet médical ou à l'hopital.

Quelques passages de la vie privée sont certes abordés, mais pas dans un but d'impressionner ou de faire peur, plus en guise d'illustration du propos (la femme qui se met à acheter des tenues sexys sans s'en rendre compte, se met à draguer des inconnus...). Tout de suite nous savons de quelle pathologie souffre la patiente, et c'est ainsi que nous suivons le portrait de cette femme. Nous ne voyons pas la jeune femme sombrer petit à petit, mais les faits sont annoncés. Sans doute pour ne pas trop choquer l'opinion et pour montrer l'aspect d'un point de vue clinique, tous les changements de "faces" sont annoncés. Ici point de Dr Jekyll et Mr Hyde avec une découverte soudaine du trouble et pas d'interrogation possible du spectateur sur est-ce "réel" ou non !

C'est sans doute là l'intérêt du film qui réside sur la prestation de Joanne Woodward qui reçut l'oscar pour cette prestation. Il faut dire qu'elle est assez impressionnante en jeune femme apeurée, fade dont on se demande comment elle a pu séduire son mari, en femme qui se veut facile, vulgaire mais qui a toujours ses limites, mais où elle se montre naturellement le plus à l'aise c'est dans l'évocation de Jane qui est l'image la plus proche de l'actrice. Lee J Cobb lui donne une réplique parfaite en médecin qui n'en croit pas ses yeux quand il assiste au dédoublement de personnalité en direct, et David Wayne est odieux à souhait en mari incrédule. Le film est certes très didactique, mais il est passionnant, même si la guérison semble un peu "facile". Une intéressante découverte

NB : Merci à Francesco pour la chronique sur ton blog au sujet des Oscars 1957 qui m'a donné envie de découvrir ce film !
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Demi-Lune
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Re: Nunnally Johnson (1897-1977)

Message par Demi-Lune »

Les trois visages d'Eve (1957)

Je ne connaissais pas l'existence de ce film avant hier, mais j'avais été interpellé par le dvd posté par un forumeur.
Je rejoins Cathy au-dessus, j'ai trouvé que c'était un film assez intéressant. Bon, il y a des scories indiscutables (bonjour l'introduction didactique et "pédagogique" avec le psychiatre...), des facilités, des grosseurs de trait parfois... disons que cette approche des troubles de la personnalité doit être remise en perspective par rapport au contexte ; il est clair que pour les années 1950, cette volonté de traitement clinique devait être assez novatrice et édifiante. Aujourd'hui, découvrir ce film ne procure plus le même effet d'autant que Hollywood a souvent eu du mal à aborder la psychanalyse ou la psychiatrie sans éviter le simplisme ou la caricature.
Le film de Johnson ne s'écarte pas toujours de ces poncifs, car son parti-pris est justement de décortiquer un cas pathologique dans le plus grand dépouillement. C'est donc un film de dialogues (d'aucuns le trouveront bavard, voire sur-explicatif), une relation d'élucidation de cas médical entre une patiente (Joanne Woodward, impliquée) et son psychiatre (Lee J. Cobb, bon comme toujours). Le minimalisme de la réalisation (malgré un joli Scope) et l'étroitesse des décors renvoient à une dimension de huis-clos qui, là encore, pourra être vue comme théâtrale, lourde.
Pour ma part, j'ai plutôt apprécié tous ces choix, cette volonté de se focaliser sur l'étude psychiatrique des différentes personnalités d'Eve, sans l'adjoindre à une autre intrigue McGuffin (comme par exemple le pataud La double énigme de Siodmak). Inconsciemment, le cadre de la petite ville tranquille, le confort de l'American way of life des 50's qui dissimule des dérèglements identitaires, m'a un peu fait penser au Lynch de Blue Velvet ; c'est dans cette auscultation des allures proprettes mais trompeuses et dégénérées de l'Amérique puritaine (Eve Black, préfiguration de la révolution sexuelle, incarne la volonté de mettre à bas la gentille Eve White, desperate housewife effacée voire soumise) que je trouve le film plutôt vicelard. Sous le couvert d'un cas de multi-personnalité, le film parle en vérité de l'Amérique des années 1950, son mal-être, son déchirement qui ne se dit pas. Le début du film égrène l'environnement conforme de la middle-class (maison qui ressemble aux autres, petite famille) pour le dézinguer goulument : la femme au foyer a un grain, le mari a envie de la battre, la mère de famille essaie d'étrangler sa fille avec un cordon de rideau. L'apparition d'une troisième personnalité, à ce titre, incarne une volonté de compromis identitaire fragile, rassurant pour les spectateurs de 1957, compromis illusoire qui fera vite long feu à l'orée des années 1960.
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Miss Nobody
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Re: Nunnally Johnson (1897-1977)

Message par Miss Nobody »

Une découverte particulièrement éprouvante, en ce qui me concerne. :x
Grossier, pompeux, ennuyant... lourd, lourd, lourd.
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