Les frères Korda

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Profondo Rosso
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Message par Profondo Rosso »

Le Voleur de Bagdad de Michael Powell
Un idéal de film d'aventure à l'ancienne, beau et naïf. Un moyen orient féérique et coloré (technicolor flamboyant) bourré d'invention visuelle (les matte paintings sont splendide) et de décors fabuleux qui anticipe pas mal certaines futures oeuvres de Powell. Quelques effets speciaux accusent leurs age mais conservent un charme certain (le tapis volant !). 5/6
Manolito
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Message par Manolito »

Powell n'a pas fait grand chose sur le film. Il a avant tout réalisé certaines scènes d'extérieur et de foules (le port, le défilé à l'entrée de la ville...). C'est avant tout le film de son producteur Alexander Korda. Au commencement du tournage, en Grande-Bretagne, la mise en scène était en fait signée par Ludwig Berger, assisté, un peu malgré lui, par Powell, Alexander Zorda et Tim Whelan. Le film sera terminé aux USA par Alexander et Zolan Korda, sans l'aide d'autres metteurs en scène...
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Manolito a écrit :Powell n'a pas fait grand chose sur le film. Il a avant tout réalisé certaines scènes d'extérieur et de foules (le port, le défilé à l'entrée de la ville...). C'est avant tout le film de son producteur Alexander Korda. Au commencement du tournage, en Grande-Bretagne, la mise en scène était en fait signée par Ludwig Berger, assisté, un peu malgré lui, par Powell, Alexander Zorda et Tim Whelan. Le film sera terminé aux USA par Alexander et Zolan Korda, sans l'aide d'autres metteurs en scène...
Oui et non.
Oui pour le fait que le film appartient plus au producteur Alexander Korda.
Non pour la participation de Powell, qui a réalisé quelques séquences du film, mais qui a été le conseiller visuel sur d'autres séquences signées par d'autres réalisateurs.
Rappelons que le film contient en fait 6 réalisateurs, plus ou moins crédités. : il y a Ludwig Berger, d'abord prévu comme réalisateur de seconde équipe, Alexander Korda lui-même, ainsi que son frère Zoltan Korda, qui tournera encore avec Sabu, William Cameron Menzies, qui a dirigé les séquences où le décor est le plus mis en valeur (celle de l'araignée), Michael Powell, avec son remarquable talent visuel et enfin Tim Whelan.

Quant au film, je l'ai redécouvert ave Gounou au festival de La Rochelle, et ce fut une splendeur de tous les instants.
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Profondo Rosso
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Message par Profondo Rosso »

Un Mari Idéal de Alexander Korda (1948)
Adaptée d'un roman de Oscar Wilde, une satire très réussie de la haute société anglaise de la fin du début du siècle à travers le récit de l'odieux chantage dont est victime un notable à la morale irréprochable. La reconstitution est assez splendide au niveau des décors et des costumes démontrant tout le savoir du cinéma anglais de l'époque, avec un technicolor magnifique et a la texture typique des production anglaise de prestige de l'époque. Parfois un peu trop littéraire et théatral le film bénéficie de quelques joute verbales brillante, bien méchante et cynique lors des multiples pièges et coup ba que s'envoie les personnages. Pas lu le livre de Oscar wilde mais j'ai l'impression que le ton devait y etre bien plus cruel alors que là ça me semble un peu aseptisé il faudrait que je voit l'adaptation de 99 mais celle ci est bien sympathique. 4/6
bruce randylan
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Re: Notez les films de mars 2008

Message par bruce randylan »

Perfect Strangers ( Alexander Korda - 1945 )
Voilà une merveilleuse comédie romantique méconnue qui mérite d'être réévaluée.
Le début laisse supposer un film de propagande exaltant l'engagement de Mr et Mde tout le monde dans le conflit de la seconde guerre mondiale et d'un point de vue, c'est évidement vrai mais ça serait oublier la perfection d'un scénario à la fois juste et amusant.

Voilà donc un couple comme l'Angleterre en recèle tant : Le mari chétif et coincé travaille dans une banque tandis que sa femme timide et réservée l'attend à la maison en s'occupant des taches ménagère. Cette monotonie est brisée quand il est appelé à rejoindre le front et que sa femme s'engage à son tour comme radio... Le temps passe, leurs permissions se croisent et ils ne parviennent qu'à communiquer par courrier. Quand 3 années passent et qu'ils peuvent se voir "enfin, chacun appréhende le retour à un début de vie normal. Que se dire après 3 ans surtout quand les événements vous ont changé à jamais ?
Lui n'a pas envie de retrouver une maison étouffante et une femme fragile, malade au moindre courant d'air et elle n'a pas envie de redevenir femme au foyer d'un mari ennuyeux.
Les retrouvailles qui constituent le dernier tiers du film sont un miracle d'équilibre entre l'ironie mordante, l'étude psychologique d'un rare acuité et la comédie de moeur jubilatoire... La poésie des toutes dernières secondes se permettent même le luxe de trouver dans la désolation, la force de se donner une deuxième chance et d'aller de l'avant.

Malgré tout, le film a forcement un hic et il vient principalement de la narration un peu trop répétitive dans le tiers central où l'on voit tour à tour quasiment les mêmes scènes se succéder entre les parties centrées sur le mari puis la femme. Alternativement, tous deux montrent le changement opéré sur leur caractère par l'incorporation militaire puis les doutes vis à vis de leurs conjoints.
Sans être raté, ce passage casse tout de même le rythme et le réalisateur ne fait guère preuve d'imagination pour masquer les lacunes de son histoire.
Quoiqu'il en soit, le dernier acte est tellement réussi qu'il vient gommer toutes les réserves. :D
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Les frères Korda

Message par Alligator »

Pas sûr qu'il y ait grand monde sur ce topic, m'enfin sait-on jamais?

Alexandre :
De son vrai nom, Kellner Sándor László naît dans la Grande Plaine hongroise dans une famille juive. C'est une devise latine "Sursum corda !" de son école de commerce de Budapest qui lui donne l'idée pour son nom. Il travaille d'abord comme journaliste et devient l'envoyé spécial à Paris de Független Magyarország (La Hongrie Indépendante). puis il se consacre au cinéma comme critique et théoricien. Lorsqu'il quitte son pays natal en 1919, il a déjà 25 films à son actif comme réalisateur. Il travaille ensuite à Vienne, Berlin, Paris (Marius) et Hollywood, où il entre à l'United Artists. Cependant, c'est au Royaume-Uni qu'il connaît ses plus grands succès. Il finit par s'y installer avec ses frères et, en 1932, il y fonde London Films et les studios à Denham qui deviennent finalement une partie de la Rank Organisation.
Ses films sont remarquables et il est un des premiers à faire un usage remarqué de la couleur. Parmi ceux-ci, La Vie privée d'Henry VIII (1932) et Rembrandt (1936), tous deux avec Charles Laughton, qui apparaît aussi dans I, Claudius. En 1942, Korda devint le premier réalisateur à être anobli. Parmi ses plus grands succès en tant que producteur, on note : Les Quatre plumes blanches (1937), Le Voleur de Bagdad (1940) et Le Troisième homme (1949).
Zoltan :
Comme ses frères, il débute sa carrière dans son pays natal où il réalise deux films muets (puis un troisième en Allemagne). Zoltan Korda s'installe aux États-Unis en 1940, à Hollywood (avec son frère Alexander qui lui, reviendra ensuite au Royaume-Uni) et y intègre la United Artists. Surtout connu pour les films d'aventures de sa période britannique, il réalise et produit encore quelques films américains, avant de se retirer en 1955, affaibli par une tuberculose (dont il décédera).
Vincent :
Collaborateur et directeur artistique de ses frères, ainsi que d'autres réalisateurs de cinéma. Il s'établit en Grande-Bretagne en 1930 avec ses frères. Il fut pour eux un décorateur de talent, sachant fort bien réussir les effets de grandes mises en scène.
The Four Feathers (Les quatre plumes blanches) (Zoltan Korda, 1939) :

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Je m'attendais à bien plus de cette grosse production britannique dépeinte comme une grande fresque censée avoir joué dans la cour des grands, concurrencé les studios hollywoodiens. Effectivement, ici ou là, quelques séquences démontrent que les frères Korda ont mis énormément de moyens, en hommes notamment, sur ce film.

Etant donné la période et connaissant les liens qui les unissaient aux Korda, on ne peut manquer de songer à la paire Powell et Pressburger. Ces deux-là font cruellement défaut au film. Il y manque le souffle, le lyrisme et surtout l'humour des Archers sans doute.

Les personnages, hautement moraux, persistent à cultiver les non-dits tentant par là même de distiller de cette communication meurtrie une sorte d'héroïsme mélancolique qui finit par paraitre au mieux pompeux, au pire grotesque. C'est peu dire que je n'ai pas aimé ces personnage prisonniers de leur culture et infoutus de s'en révolter.
En fin de compte, carapaçonnés dans leur honneur à la con, les personnages sont comme des poupées de cire qui ne fondent pas, lisses, pâles, sans aspérités, réelle consistance, peu de personnalité, celles d'un musée oublié, empoussierrées.

Certains ont trouvé que ce film donnait une fidèle image de la société britannique de l'époque, où les mentalités faisaient la part belle à des valeurs d'honneur, à des primautés traditionnelles, où les figures aristocratiques perpétuaient un esprit chevaleresque, etc. J'estime pour ma part ce questionnement est mal posé par le manque de recul et que certains situations apparaissent même plutôt ineptes. Là où le colonel Blimp pointait un doigt moqueur autant que savoureux sur la nostalgie d'un temps perdu, là où Powell et Pressburger saluaient avec infiniment de bonté et de bienveillance les facheuses postures sociales, là où le colonel Blimp donnait une caresse à l'inutile et le futile, ces quatre plumes blanches ne proposent qu'une simple fable sur un monde plat et quelconque, où les marionnettes ont remplacé les hommes. J'ai malheureusement l'oeil méchant, pris qu'il est par les souvenirs indélébiles de la magie Powell & Pressburger.

Ce film a la chair triste et flasque.

Au-delà de l'histoire un brin emmerdante, rares sont les plans intéressants. Le technicolor n'est pas subtilement utilisé. Le travail tant vanté par Powell justement de Périnal, un de ses maîtres, n'a jamais touché ma rétine. Pas un plan ne justifie l'usage du technicolor. Les magnifiques ocres et bleus du désert égypto-soudanais ne sont pas vraiment mis en valeur. Quel dommage!

Les comédiens quant à eux ont bien du mal à ne pas passer inaperçus, faute de personnages véritablement frappants. Si bien que dans l'ensemble le film constitue une belle déception.
angel with dirty face
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Re: Les frères Korda

Message par angel with dirty face »

Au sujet d'Alexandre Korda, dans ses entretiens avec Peter Bogdanovich parus sous le titre Moi, Orson Welles, le réalisateur de Citizen Kane en parle quand il aborde The Third Man (Carol Reed, 1949).
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Watkinssien
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Re: Les frères Korda

Message par Watkinssien »

Les Korda ont quand même eu beaucoup d'audace dans leurs parcours.

En particulier Alexander Korda qui, en tant que producteur, était particulièrement compétent.

De toute la fatrie, c'est en lui que j'ai le plus de respect. Il a mis en scène le meilleur film de la trilogie marseillaise de Pagnol, le superbe Marius (1931).

La fatrie s'est également distinguée sur le magnifique et merveilleux The Thief of Bagdad (1940), Vincent Korda a participé à la direction artistique, et à la mise en scène ont contribuée Ludwig Berger, Alexander et Zoltan Korda, William Cameron Menzies, Michael Powell et Tim Whelan.
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julien
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Re: Les frères Korda

Message par julien »

Watkinssien a écrit :Il a mis en scène le meilleur film de la trilogie marseillaise de Pagnol, le superbe Marius (1931).
Meuh non enfin. Le meilleur film de la trilogie c'est Fanny, réalisé par Marc Allégret. Enfin quand même Watkinssien, un Méridional comme toi, tu devrais le savoir...
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Re: Les frères Korda

Message par Watkinssien »

julien a écrit :
Watkinssien a écrit :Il a mis en scène le meilleur film de la trilogie marseillaise de Pagnol, le superbe Marius (1931).
Meuh non enfin. Le meilleur film de la trilogie c'est Fanny, réalisé par Marc Allégret. Enfin quand même Watkinssien, un Méridional comme toi, tu devrais le savoir...
Fanny possède probablement la meilleure intrigue, mais Allégret ne fait que reprendre le système de narration initialisée par Korda et avec moins de finesse. Marius possède plus de grands moments que les autres films, même celui réalisé par Pagnol, qui est pourtant meilleur cinéaste et auteur à part entière de cette trilogie.


Et cet avis rejoint bien un "certain esprit Méridional" ! :wink:
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Ann Harding
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Re: Les frères Korda

Message par Ann Harding »

Tiens! Quelle coincidence! Je suis justement en train de lire cet excellent bouquin sur Alexandre Korda:
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julien
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Re: Les frères Korda

Message par julien »

Watkinssien a écrit : Fanny possède probablement la meilleure intrigue, mais Allégret ne fait que reprendre le système de narration initialisée par Korda et avec moins de finesse. Marius possède plus de grands moments que les autres films, même celui réalisé par Pagnol, qui est pourtant meilleur cinéaste et auteur à part entière de cette trilogie
Le premier opus est quand même dans son ensemble assez théâtral tandis que le deuxième privilégie plus les séquences tournés en exterieurs et je trouve que ça donne davantage de relief à l'intrigue. Je lâche pas l'affaire. Pour le coup, la mise en scène d'Allegret me parait bien plus intéressante et inventive que celle de Korda.
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Re: Les frères Korda

Message par Watkinssien »

[Mode puéril]

Ouais eh ben, Korda, il a plus de mérite car il est complètement étranger de l'univers, voilà !

Na !

[Mode puéril Off]

:wink:
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Re: Les frères Korda

Message par julien »

De temps en temps, J'aime bien te charrier mon Watkinssien. :P
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Re: Les frères Korda

Message par Watkinssien »

julien a écrit :De temps en temps, J'aime bien te charrier mon Watkinssien. :P
Oh je le sais bien, mon petit julien ! 8)
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