Kwaidan (Masaki Kobayashi - 1964)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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noar13
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Message par noar13 »

Ouf, C. Boutin forever a écrit :
Constant a écrit :
Et Nikita, il ne dit pas merci ?
Je disais merci en son nom
en même temps, dans le doute (que je ne comprends tjrs pas, sergius etait aussi persuadé du contraire), il suffisait de cliquer sur le lien la critique

dingue, non ?
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Billy Budd
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Message par Billy Budd »

Gentelmen, it was a private joke
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Ouf Je Respire
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Message par Ouf Je Respire »

Nikita a écrit :Gentelmen, it was a private joke
merci de me foutre la honte
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gnome
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Re: Deux corrections historiques

Message par gnome »

Jeremy Fox a écrit : Pareil surtout que j'arrive rarement à regarder un film d'une traite le soir depuis un certain temps. Ma vision est donc morcelée mais je préfère ça à m'obliger à suivre un film alors que mon oreiller me réclame :wink: Ma vision n'en est que plus juste.
Tiens on est au moins deux... J'essaye le moins possible de morceler, ça gâche quand même le film, mais ces derniers temps, cause à la fatigue, j'ai bien été obligé... C'est pour ça que j'ai un chiée de bons films et de classiques en retard.... J'ai peur de les commencer et de devoir les morceler...
Sergius Karamzin a écrit :
francis moury a écrit :il faut visionner d'une traite intégralement la totalité d'un film pour en saisir le sens profond. J'avoue que je n'ai jamais pu visionner KWAIDAN par morceaux et que je n'y ai même jamais songé
Cela me rappelle fort la névrose anti-déviance vidéophilique, cette idée de pureté du visionnage tel qu'en salles, qui voudrait qu'on ne puisse pas utiliser la pause, le retour en arrière... au risque de se sentir "sale".

J'avoue sans problème me sentir tout propre à manipuler ma télécommande pour comprendre comment fonctionne une scène, certains plans, des transitions, etc. POurquoi ne pas regarder certaines séquences si elles nous plaisent ? Pourquoi respecter l'intégrité de l'oeuvre au visionnage si on ne va pas jusqu'à demander de tailler dans la pellicule pour nous faire plaisir. Parfois l'intégrisme cinéphilique me laisse pantois. Je sais que Francis Moury est un véritable passionné et je ne lui jette pas la pierre, mais sachons faire preuve de mesure... :wink:
J'essaye quand-même de découvrir le film en continu... Je pense que c'est comme ça que ça doit se faire... (sur ce point, je suis Francis Moury et je ne pense pas que c'est du snobisme)

C'est seulement aux visionnages suivants que je fais comme toi, je joue parfois de la télécommande pour voir certains détails...
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Cosmo Vitelli
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Re: Deux corrections historiques

Message par Cosmo Vitelli »

gnome a écrit :je suis Francis Moury et je ne pense pas que c'est du snobisme)
:mrgreen:
"De toutes les sciences humaines, la pipeaulogie - à ne pas confondre avec la pipe au logis - ou art de faire croire qu'on sait de quoi on parle, est sans conteste celle qui compte le plus de diplômés !" Cosmo (diplômé en pipeaulogie)
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gnome
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Re: Deux corrections historiques

Message par gnome »

Cosmo Vitelli a écrit :
gnome a écrit :je suis Francis Moury et je ne pense pas que c'est du snobisme)
:mrgreen:
Petite précision sur le fond de ma pensée :

Sur ce point, je suis d'accord avec Francis Moury et penser que les conditions optimales pour découvrir un film soient un visionnage en une fois ne me semble pas être un snobisme ou une vision intégriste...

Voilà, phrase recomposée pour plus de clarté... :D

:wink:
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Cosmo Vitelli
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Message par Cosmo Vitelli »

Pour ceux qui veulent le (re)découvrir sur grand écran : ce sera possible ce Samedi 13 mai à 14h30, à la cinémathèque de Bercy (je précise pour nos amis toulousains).
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Message par bruce randylan »

:D
Cool, je savais pas quoi faire de mon samedi :D
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Message par Dorian Gray »

Je viens de mettre en ligne mon comparatif Criterion vs Wild Side vs Eureka.
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Message par Nestor Almendros »

Je me répète, mais il est bon de le préciser, je ne suis pas spécialiste du cinéma asiatique et encore moins amateur inconditionnel: je suis curieux, tout simplement.

C'est dans cet état d'esprit que j'ai découvert KWAIDAN, dont la belle jaquette m'intriguait. Ce film confirme, en premier, que je ne suis décidément pas très sensible aux histoires de fantômes japonais, si je me réfère en plus à certaines productions récentes. Si le premier segment m'a laissé un peu de marbre, j'ai été toutefois plus sensible au 2e segment (LA FEMME DES NEIGES), et à la deuxième moitié du 3e (celui du joueur de luth aveugle). Ainsi, par petites touches, j'étais parfois happé par l'histoire, ce qui n'était pas gagné.

Ce qui m'a très vite intéressé, par contre, c'est le style visuel du film. Déjà, on peut noter une reconstitution en studio assez incroyable. La nature y est refabriquée de façon très convaicante. L'aspect studio est, de plus, toujours mise en avant, on n'essaye pas de nous faire croire à un décor réel, ce qui ajoute à l'ambiance bizarre et oppressante. Et je ne parle pas de ces faux ciels, parfois agrémentés d'oeils scrutateurs, ou des jeux avec la brume ou le vent (très présent). Le réalisateur joue également avec les couleurs. C'est très réussi, renforce l'aspect pictural. L'utilisation des travellings, souvent sur des plans vides ou des personnages de dos, est aussi très pertinente et efficace.

Voilà, donc malgré mon approche un peu froide des histoires, je me suis un peu laissé gagner par l'action, séduit également par la recherche visuelle et les efforts des décors.
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Mama Grande!
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Message par Mama Grande! »

Nestor Almendros a écrit :Je me répète, mais il est bon de le préciser, je ne suis pas spécialiste du cinéma asiatique et encore moins amateur inconditionnel: je suis curieux, tout simplement.
Depuis le temps que tu dis ça je me demande si t'es quand même pas un peu devenu spécialiste, à force :uhuh:
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Demi-Lune
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Re: Kwaïdan - Masaki Kobayashi

Message par Demi-Lune »

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Le cinéma fantastique japonais a quelque chose de foncièrement fascinant dans son approche qui fait qu'il ne m'a jamais déçu, jusque là. Ce côté glaçant, épuré, intimiste, qui ne tombe dans aucun travers explicatif ou pré-mâché, sollicite l'intelligence et l'imagination du spectateur en travaillant l'épouvante d'abord en termes d'atmosphères insidieuses. Kwaïdan rassemble toutes ces qualités caractéristiques et les sublime dans une véritable proposition plastique. Ce film impressionne par la modernité de son langage, la hardiesse de ses choix, presque expérimentaux par endroits. L'usage des couleurs, des décors en studio, l'agencement des arrières-plans abstraits, est absolument remarquable et constitue le premier vecteur d'étrangeté. On pénètre véritablement dans un autre univers, entre le réalisme et l'onirisme, le concret et le cauchemar ; un entre-deux mondes indistinct où se mêlent les vivants et les morts, où le temps n'existe plus. Les captures ne rendent d'ailleurs pas justice au travail accompli, il y a une dimension sensitive qu'elles ne peuvent retranscrire et qui happe le spectateur dès ce générique gracieux, où les encres de Chine colorées se diluent pour former un ballet presque inquiétant. Contrairement aux films de fantômes des années 1990-2000 qui se construisent sur un naturalisme formel, Kobayashi propose un véritable essai esthétique affirmé qui se coule à merveille dans la narration (c'est quasiment la couleur qui dicte la menace ou crée par sa prépondérance irréaliste, dérangeante, un climat général d'effroi absolument délectable).
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Les second et troisième segments sont les plus aboutis à ce titre. Ce sont des chefs-d’œuvre à eux seuls, qui semblent avoir inspiré toute une gamme de réalisateurs contemporains (Kurosawa, Coppola, Scott...). On peut étudier à loisir l'usage de la couleur dans La femme des neiges, c'est magistral, ce bleu mortel, ces yeux dans le ciel... et cette bataille navale d'Hoïchi sans oreilles, ces images fauves... On peut étudier aussi le sens de l'espace de Kobayashi, ces lents travellings spectraux qui créent une architecture du vide, de l'absence. Ou encore le montage. On va encore dire que je passe trop de temps sur ces aspects mais c'est la clé-de-voûte du film. Cette construction formelle, évidemment consciente de son artifice, renforce l'oppression et le côté mental du film (en tout cas les 3 premiers segments) - c'est toujours mon vieux ressenti que le cinéma fantastique japonais est très cérébral là où le cinéma fantastique occidental est à mon sens plus émotionnel. Mais Kwaïdan ne serait pas aussi magistral sans sa composition. Le travail sonore est en effet de premier ordre ! Minimaliste et terriblement angoissant. Là encore, La femme des neiges est le plus marquant, le plus hypnotique, avec ses grondements venteux qui ressemblent à des cris, et puis tous ces instruments folkloriques. L'excellent final des Cheveux noirs est intriguant également dans son design sonore, les bruits sont effacés ou décalés comme pour créer une distorsion renforcée par le long et sinistre ralenti. L'effet en tout cas est particulièrement pétrifiant. Dommage dès lors de le quatrième segment soit un ton en-dessous ; les histoires précédemment développées étaient fortes et ambitieuses, ce n'est hélas pas tellement le cas de ce laborieux Bol de thé qui s'évente vite (le parallèle avec la gestion du twist des Cheveux noirs fait mal). C'est le problème des films à sketches : il y en a toujours un inférieur à autres ; mais dans le cas qui nous occupe, ceux-ci sont si impressionnants que cela n'entache en rien l'admiration de la découverte.
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magobei
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Re: Kwaïdan (Masaki Kobayashi - 1964)

Message par magobei »

Comme toi, j'ai été bluffé par les qualités formelles de ce Kaidan (qui est la transcription correcte du japonais, contrairement à la graphie "Kwaidan" couramment utilisée). Par contre, je trouve qu'il souffre de son format de film à sketches: il est difficile de le voir d'une traite, c'est très (trop) long et les différents segments sont aussi assez inégaux, comme tu le relèves. Sa mise en scène très chiadée, très picturale, empiète peut-être aussi à la longue sur la dynamique du film. D'esthétique à esthétisant, il n'y a parfois qu'un pas...

Bref, j'admets avoir ressenti un certain ennui au bout d'une heure et demie, c'est pourquoi je le considère comme une oeuvre somme toute assez mineure dans la filmo majeure de Kobayashi (loin derrière Hara-kiri, La condition de l'homme, voire La rivière noire et Rébellion).

Cela dit, je t'encourage à lire le Kaidan (ou Kwaidan) de Lafcadio Hearn, magnifique bouquin sur lequel se base Kobayashi. Et si ce n'est pas déjà fait, je te recommande de voir Rêves de Kurosawa, autre proposition de cinéma pictural innervée au folklore nippon, et qui propose sa propre version de l'histoire de Yuki-onna, la "femme des neiges" (c'est le segment Blizzard sauf erreur).
"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
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Demi-Lune
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Re: Kwaïdan (Masaki Kobayashi - 1964)

Message par Demi-Lune »

magobei a écrit :Cela dit, je t'encourage à lire le Kaidan (ou Kwaidan) de Lafcadio Hearn, magnifique bouquin sur lequel se base Kobayashi. Et si ce n'est pas déjà fait, je te recommande de voir Rêves de Kurosawa, autre proposition de cinéma pictural innervée au folklore nippon, et qui propose sa propre version de de l'histoire de Yuki-onna, la "femme des neiges" (c'est le segment Blizzard sauf erreur).
Ah mais j'ai déjà vu Rêves, c'est magnifique. Un de mes Kurosawa favoris. Mais à partir du Mont Fuji en feu, les sketches deviennent un peu plus faiblards. Le film n'aurait sans doute pas été affaibli s'il avait été raccourci... ce qu'on peut d'ailleurs, effectivement, un peu objecter à Kwaïdan qui est long, surtout le segment Hoïchi sans oreilles, pourtant superbe, qui m'aura été fatal l'autre soir. Merci pour les recommandations littéraires (hélas je n'ai plus le temps d'assouvir ce loisir :| ) et sur Kobayashi, qui me semble en effet être un sacré artiste.
Strum
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Re: Kwaïdan (Masaki Kobayashi - 1964)

Message par Strum »

J'avais également beaucoup aimé Kwaidan. Voici ce que j'en disais après l'avoir vu.

"Kwaidan de Masaki Kobayashi (1964)

Film fantastique exceptionnel adaptant quatre nouvelles d'Afcadio Hearn tirées de contes traditionnels japonais.

Kobayashi y assume un fantastique théatral et de studio d'une poésie permanente où les décors peints (procédé repris par Kurosawa dans Dodeskaden) jouent pour beaucoup dans la sensation de dépaysement que procure le film, qui semble se dérouler dans un au-delà où le temps s'est arrêté. L'association d'une palette de couleurs flamboyante (en particulier dans le deuxième et troisième contes), du hiératisme tranquille de la mise en scène et d'une musique où les accords de luth éclatent après de longs silences dans lesquels s'abîme le spectateur fait du film une étonnante expérience sensorielle. Thématiquement, l'idée d'un temps cyclique où tout se répète, comme si le surplace était le fardeau de l'homme, revient souvent et se marie harmonieusement à la forme. La narration est fluide et parfaitement rythmée. Bref, c'est génial. Seul bémol: le dernier conte, un peu court (même si dans son inachèvement même il épouse son propre thème)."

A noter que Kurosawa avait confié à un critique en 1966 avoir détesté Kwaidan à sa sorti (anecdote rapportée par k-chan sur le forum). Il dût changer d'avis sur ses vieux jours car certains contes de Rêves (notamment la Sorcière des neiges) semblent par instant rendre hommage à l'esthétique de Kwaidan.
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