Norma Shearer (1902-1983)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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francesco
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Norma Shearer (1902-1983)

Message par francesco »

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Encore une victime : une victime des préjugés, d'un mariage trop célèbres avec Thalberg, d'un retrait prématuré suite à des échecs commerciaux, de refus fameux (Scarlett O'Hara, puis Mrs Miniver), d'une concurrence avec Garbo, d'un méchant mot de Crawford (« Comment pourrais-je rivaliser avec Norma ? Elle couche avec le patron ») ; d'une image estampillée MGM.

Pourtant Norma Shearer regardée aujourd'hui avec des yeux objectifs c'est vraissemblablement un des meilleures actrices du début du parlant. Elle n'a pas l'aura magique d'une Garbo peut-être, ou l'imagination débordante d'une Claudette Colbert,mais qui peut se targer dans ses années 30 d'avoir un jeu aussi pleinement cinématographique qu'elle ? Un jeu pour l'écran et pas pour le théâtre, une justesse précieuse, un parfait contrôle des effets, une connaissance approfondie de ce qu'un visage et un corps peuvent exprimer quand une caméra tourne autour. Cette maitrise du corps n'est pas surprenante car Shearer c'est aussi, c'est d'abord (et cela aussi lui sera préjudiciable sur un long terme) un parfait contrôle de son image. Il y a eu de plus beaux visages (pas beaucoup à mon avis), il n'y en pas eu de mieux photographié, éclairé, maquillé, coiffé, glamourisé.

C'est d'abord une actrice du muet et même une des stars du muet. Elle tourne sous la direction d'Ophuls dans Le Prince étudiant et sous celle de Sjoeström dans Larmes de clown. Elle n'est pas encore une mondaine, mais serveuse et écuyère. Elle a déjà un sourire doux, un air rêveur, une féminité rassurante. A partir de son mariage elle monte en grade socialement, à l'écran aussi. D'ailleurs un de ces derniers muets s'appelle The Actress. Norma s'imposait.
Pour ces débuts parlants en 1929 Thalberg on doit attendre tout le film ou presque (Le Procès de Marie Ducan) pour entendre le son de sa voix, bien timbrée et chaleureuse, dont elle fera, plus tard des miracles. Pour 1930 c'est un oscar qu'elle reçoit pour La Divorcée, petit précode très digérable sans être exceptionnel. Elle est chic, troublante, troublée, sensuelle comme toujours. Ce n'est pas son meilleur rôle (Danny Peary écrit très justement qu'elle a sans doute eu cet oscar parce qu'à l'époque personne ne pensait qu'elle pourrait faire mieux.) Dès l'année suivante c'est déjà un personnage autrement remarquable qu'on lui confit: la mondaine délurée de Ames libres. Dans une scène où elle se fait fougueusement embrassé elle repousse l'assaillant d'un « Merci, ce sera tout » balancé avec un aplomb, et une classe, ahurissant.

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Parce qu'elle avait joué, et bien joué, Coward dans Les Amants terribles, où elle révèlait quel étonnant timing comique elle pouvait avoir (chic, choc et humour : l'héroïne cowardienne par excellence), on lui confia lel rôle principal de l'adaptation d'Etrange Interlude d'Eugène O'Neil en 1932. Quand on voit le ratage du résultat (un des plus absolus de l'histoire du cinéma) on est d'autant plus ému par sa performance, un peu à contre-courant d'un ridicule qui guette et qui emporte trop souvent réalisation et l'interprétation. Mais l'allure de Norma, sa conviction, le pouvoir d'émotion de sa voix, même sa belle silhouette de vieille dame à la fin dans ce film, c'est un peu comme une belle pierre précieuse montée n'importe comment.

Elle s'en releva pourtant et en 1934 elle fut nommée pour la 3ème fois aux oscars pour Miss Barrett. Norma, plus chic qu'on ne l'a dit, fit partie de ceux qui se scandalisèrent de voir que Bette Davis n'avaient pas été nommée pour l'Emprise et exigèrent qu'on puisse quand même voter pour elle. Elle même dans son rôle de poétesse était en adéquation parfaite avec la réalisation de Franklin : romanesque, romantique, délicate et investie, belle et fragile, s'éclaircissant au fur et à mesure que sa prison s'entrouvre, bouleversante quand elle parvient à se lever de son lit d'infirme.
On parle beaucoup de son film suivant : Roméo et Juliette (signé quand même Cukor) comme une honteuse trahison de Shakespeare avec une Norma de 36 ans en Juliette. Pardon mais regardez-la jouer avant de crier. D'accord elle minaude l'espace d'une scène, en jeune pucelle. Mais après, d'un bout à bout, sa lecture du rôle est absolument splendide, d'une justesse remarquable. Son investissement, qu'on ne peut que ressentir, explique juste la dimension légèrement théâtrale du jeu d'une actrice qui l'était si peu.

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En 1938 elle est nommée une dernière fois aux oscars (et remporte la Coupe Volpi au festival de Venise) pour un rôle que Thalberg, mort entre temps, lui avait longtemps préparé, celui de Marie-Antoinette. Dans cette vision féérique et totalement invraisemblable de la France de la fin du XVIIIème, Shearer mannequin pour les costumes et les perruques d'Adrian réussit à faire superbement évoluer son personnage tout en le gardant cohérent : sa Marie-Antoinette est un être bon et tendre, emportée par des évènements qui la dépasse. Elle est aussi inoubliable en archiduchesse émerveillée qu'en reine déchue au regard mort.
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Après cela manifestement Shearer n'a pas su quoi faire, quoi devenir. Elle tourne avec Clarence Brown et encore deux fois avec Cukor. Dans Femmes, avec le rôle le moins intéressante, elle est, encore une fois, constament juste et convaicante, alors qu'elle est revenue à un quotidien presque banal dont elle semblait déconecter depuis des années, à part peut-être durant la dernière image qu'on aurait mieux fait de couper, à mon avis et qui est une des rares visions de Shearer où son jeu est marqué par les conventions d'une époque.

En 1941 Cukor lui offre dans un chef d'oeuvre oublié et d'ailleurs boudé par tous à l'époque, Her Coarbard lover, un rôle délicieux et virtuose auquel elle fait pleinement honneur. Je laisse la parole à Pierre Murat, qui n'a pas la réputation d'être tendre avec les actrices qui ne s'appellent pas Monroe, Darrieux ou Garbo : « pour son dernier rôle au cinéma Norma Shearer est éblouissante. Drôle et meurtrie. Digne des grandes actrices frénétiques de l'époque. » On ne saurait mieux dire.
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Re: Norma Shearer

Message par Music Man »

Francesco, je partage entièrement ton enthousiasme. Cette comédienne qui passait pour pistonnée, imposée par son mari, en dépit de son strabisme m'a souvent paru très convaincante, avec toujours une touche de classe qui ne gâche rien.
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De ses films muets vus à la cinémathèque ( larmes de clown, le prince étudiant),où elle incarne de jeunes premières au regard pur, à ses films des années 30 comme Chagrins d'amour ou la divorcée, j'ai toujours trouvé ses prestations tout à fait honorables, dans le drame et encore plus dans la comédie. J'avais beaucoup apprécié notamment son jeu dans Vie privées d'après Noel Coward : une belle performance de comédienne, à la fois subtile et pleine de fantaisie. Son interprétation de Marie Antoinette m'a même franchement ému, dans les scènes finales. D'ailleurs, je trouve que les autres actrices qui se sont ensuite succédées dans ce rôle ne lui arrivent pas à la cheville.
Aussi, j'ai du mal à comprendre pourquoi pendant tant d'années, les critiques de cinéma se sont donné le mot pour la dédaigner avec férocité et la trouver au mieux "acceptable" dans Marie Antoinette ou carrèment mauvaise dans les autres films.
Pour revenir à la vie privée de l'actrice, et écorner un peu cette image de grande dame convenable et guindée qui lui colle aussi à la peau, je signale qu'elle a eu après le décés de Thalberg une liaison avec George Raft, le roi des films de gangters (ce qui a beaucoup excité la curiosité des publicitaires ravis par l'histoire d'amour entre la grande dame et le mauvais garçon) et avec Mickey Rooney qui n'était alors qu'un adolescent, ce qui fut en revanche soigneusement étouffé par les mêmes médias!
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Ann Harding
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Re: Norma Shearer

Message par Ann Harding »

Salut Francesco! je n'ai pas bq de temps, mais, je suis assez d'accord avec ce que tu as écrit. Juste un mot: The Student Prince est un film de Lubitsch, pas d'Ophüls! Elle est effectivement épatante dans ce muet. :wink:
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Re: Norma Shearer

Message par francesco »

Merci pour vos remarques (et correction, Ann ! J'étais réellement persuadé que c'était du Ophuls mais en fait je suis en train de me dire que celui-ci n'a peut-être jamais fait de muet et en tous cas pas aux USA)
A la limite ce n'est pas très grave d'écorner sa vie privée : j'ai aussi lu qu'après la mort de Thalberg James Stewart avait plus ou moins été son gigolo. :oops:


Une question aux fans de Marion Davis : Pensez-vous qu'elle aurait été meilleure de Shearer dans Miss Barrett et Marie-Antoinette ? (Ca me semble peu plausible : Marion Davis avait surtout l'air d'être une bonne actrice comique si j'en crois ton article Music Man. A propos celui-ci n'est pas indiqué dans l'index je crois. Je suis tombé dessus par hasard et j'en suis bien content d'ailleurs)
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Re: Norma Shearer

Message par Music Man »

C'est vrai que Marion Davies mourait d'envie de jouer dans ces deux films. J'ai tellement apprécié Norma Shearer dans ces 2 rôles que je ne pense pas qu'ils auraient convenu à Marion Davies. Marion était une actrice extrêmement douée, d'une fantaisie étonnante, irrésistible, d'une grande modernité (c'est peut être chronologiquement LA première actrice de screwball comédie), mais le seul film un peu dramatique dans lequel je l'ai vue (Betsy) était très plat , et elle semblait s'y ennuyer.
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Re: Norma Shearer

Message par Music Man »

francesco a écrit : A propos celui-ci n'est pas indiqué dans l'index je crois. Je suis tombé dessus par hasard et j'en suis bien content d'ailleurs)
Il faudra que je révise mon index, certaines vedettes ont du passer entre les mailles du filet. :wink:
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Re: Norma Shearer

Message par francesco »

A propos de Marion Davis (Norma n'aurait pas apprécié mais bon ...) je suis tombé là dessus sur Youtube et ne m'en suis pas encore remis :uhuh: :uhuh: :uhuh: :uhuh:
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Re: Norma Shearer

Message par Wall of Voodoo Fan »

Je fais un blocage sur la coiffure de Norma Shearer dans The Women. :shock:
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Re: Norma Shearer

Message par francesco »

Tu remarqueras qu'elle porte des coiffures différentes en fonction des films ... :wink:
Et qu'on peut être une actrice de talent, même mal coiffée !
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Re: Norma Shearer

Message par Ann Harding »

J'ai encore un petit paquet de films precode avec Shearer que je n'ai pas encore regardé. Je suis un peu partagée sur l'actrice. Elle est en effet très émouvante sous la direction de Lubitsch dans The Student Prince. Récemment, j'ai vu sa version de Smilin' Through (1932) de Franklin avec Fredric March et Leslie Howard. Le film est bon, mais, elle ne m'a pas ému dans son rôle. J'ai eu l'impression qu'elle surjouait par moment l'amoureuse éplorée... Ce mélo est bien dirigé par Franklin, mais, il manque un petit quelque chose pour en faire un film inoubliable. J'aimerais bien voir la version muette de 1922 avec Norma Talmadge, qui est absolument magnifique dans les deux muets où je l'ai vu: Borzage's The Lady (1925) et C. Brown's Kiki (1926). :)
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Re: Norma Shearer

Message par francesco »

Kiki c'est aussi le titre d'un film parlant de Pickford je crois. C'est le remake du film dont tu parles ?
C'est curieux pour Shearer parce que c'est vraiment une actrice qui en général ne surjoue pas du tout. Une direction d'acteurs hésitante peut-être ou une mauvaise adéquation avec le personnage (après tout Shearer c'est une femme-femme, pas une amoureuse éplorée).
PS : rien à voir, mais j'ai été étonné quand j'ai vu Coquette de trouver le film, et la performance oscarisée de Pickford bien moins mauvais que leur réputation.
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Re: Norma Shearer

Message par Ann Harding »

Kiki (1931) avec Pickford est effectivement un remake parlant du film mentionné. Il a d'ailleurs mauvaise réputation. La version de 1926 est absolument hilarante combinant 'slapstick', 'screwball' et 'sophisticated' comedie, alors que Norma Talmadge était spécialisée dans le mélo.

Pour en revenir à Shearer, je crois qu'elle a vraiment besoin d'un très bon directeur d'acteur. Lubitsch en était un. Je vais regarder quelques autres films avec elle, et je reviendrai vous en parler. :wink:
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Re: Norma Shearer

Message par joe-ernst »

Music Man a écrit :Aussi, j'ai du mal à comprendre pourquoi pendant tant d'années, les critiques de cinéma se sont donné le mot pour la dédaigner avec férocité et la trouver au mieux "acceptable" dans Marie Antoinette ou carrèment mauvaise dans les autres films.
Pendant longtemps ses films pré-code, où elle est très souvent excellente, n'étaient plus montrés. On ne voyait souvent que Marie-Antoinette, un monument de kitscherie MGM, et Femmes, où son personnage est un peu ridicule. Certains historiens ou critiques se basaient là-dessus et la descendaient, sans avoir la curiosité d'aller regarder ce qu'elle avait tourné avant 1934. Heureusement une nouvelle génération est arrivée et a commencé à rectifier le tir.
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Kimm
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Re: Norma Shearer

Message par Kimm »

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Parce qu'elle avait joué, et bien joué, Coward dans Les Amants terribles, où elle révèlait quel étonnant timing comique elle pouvait avoir (chic, choc et humour : l'héroïne cowardienne par excellence), on lui confia lel rôle principal de l'adaptation d'Etrange Interlude d'Eugène O'Neil en 1932. Quand on voit le ratage du résultat (un des plus absolus de l'histoire du cinéma) on est d'autant plus ému par sa performance, un peu à contre-courant d'un ridicule qui guette et qui emporte trop souvent réalisation et l'interprétation. Mais l'allure de Norma, sa conviction, le pouvoir d'émotion de sa voix, même sa belle silhouette de vieille dame à la fin dans ce film, c'est un peu comme une belle pierre précieuse montée n'importe comment.
dire.[/quote]
[/url]


Quel dommage qu'elle se soit embarquée dans ce film :( ; elle seule donne le sentiment de ce sortir de ce ras de marée, nous gratifiant d' une interprétation sobre et pourvue d'une grande sensibilité.
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Cathy
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Re: Norma Shearer

Message par Cathy »

The Barrrets of Whimpole Street - Miss Barrett - Sidney Franklin, 1934

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Une famille de neuf enfants (trois soeurs et six frères) vivent sous le joug d'un père tyrannique qui leur refuse toute vie affective. La soeur ainée malade Elisabeth Barrett s'éprend d'un poète Robert Browning.

Inspirée de l'histoire de la véritable Elisabeth Barrett-Browning, le film est basée sur une pièce de théâtre de Rudolph Besier. Il est évident que le côté théâtral du film ressort énormément sur l'écran d'abord dans la prestation de Norma Shearer pourtant si à l'aise dans les films pré-code et qui ici manque cruellement de naturel dans son jeu contrairement à Maureen O Sullivan touchante dans le rôle de la jeune soeur par qui la révolte va arriver. L'actrice semble plus à l'aise dans la seconde partie du film toutefois
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une fois qu'elle se met à marcher
Charles Laughton est phénoménal dans le rôle de ce père "incestueux", qui refuse tout amour à ses filles, cruel, haissable à souhait, notamment dans la dernière scène, tandis que Fredrich March est une fois encore parfait dans le rôle du poète exalté Robert Browning. Una O Connor campe une Wilson remarquable. Voici un de ces seconds rôles féminins dont on retient le visage mais pas le nom et qui est pourtant excellente (c'est elle qui campe la dame de compagnie de Marianne dans Robin des Bois). On reprochera sans doute le côté très théâtral du film, qui se déroule quasiment en huit clos, mais il n'en demeure pas moins un très beau témoignage de cette époque et un film fort regardable, malgré des réserves sur ce jeu somme toute plus ancré dans le théâtre que dans le cinéma.
Dernière modification par Cathy le 2 oct. 11, 20:56, modifié 1 fois.
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