Music Man a écrit :
SIDDHARTHA de Conrad ROOKS –1972
Avec Shashi KAPOOR, Simi GAREWAL
Un magnifique film contemplatif, qui apaise et invite à la lecture du roman, et que je recommande chaudement aux forumeurs qui ont un faible pour S.Ray.
la bande annonce
Enfin découvert mais pas subjugué pour autant, loin s'en faut. Après les éloges de Music Man et la chronique d'a2line, je vais mettre un bémol. Certes la photo est très belle (bien que l'on sente aussi le travail de directeur photo qui se regarde par moments un peu filmer), les décors naturels bien mis en valeur par le cadre en Scope. Mais je n'ai pas vraiment été touché par le sort des personnages, par leur histoire. Les premières minutes sont pourtant très intrigantes : on filme l'ascèse religieuse et les rites initiatiques qui vont faire de Siddhartha un homme jamais tout à fait comblé du point de vue spirituel (il reviendra in fine sur ses pas avec le principe du voyage dans le temps, à travers les époques, retrouvant son vieil ami Govinda) et familial (une femme qui périt et un enfant qu'il ne saura élever). Les nourritures terrestres ne semblent pas suffisantes, le film rejoignant ainsi Les joueurs d'echecs pour la thématique de l'ennui, et il met en scène des acteurs qui m'ont parfois donné l'impression de jouer un drame en chuchotant. Malgré le fait que Siddhartha semble jouir de la reconnaissance de ces pairs, les carences affectives malgré le faste apparent (fruits à volonté, dîners de roi, danses enivrantes)elles, demeurent. Sa femme n'est plus et les raisons d'être s'amenuisent. Dans le film de Ray, les empereurs regardaient leur ancien royaume se désagréger sous leurs yeux avant de disparaître. Cela dit, Ray s'appuyait sur une langueur quasi anesthésiante pour son film, alors que Rooks dépeint beaucoup de choses à la fois sans véritablement approfondir un thème plus qu'un autre. Il ne le peut pas en 1H20 et ça se ressent. Le terme de la paternité est vite balayé, et le film qui adopte le point de vue d'un homme qui se veut friand de découvertes finit par lasser par son manque de rythme et ses dialogues empesés.
La seule bonne note constitue pour moi l'interprétation de Simi Garewal très loin de son rôle psychotique dans Karz et beaucoup plus romantique ici que son terrifiant personnage dans Chori Chori. A ses côtés, Shashi Kapoor est pas mal, mais j'ai dû mal à voir en lui le sâdhu qu'il voudrait être. Les maquillages m'ont paru forcés dans le final comme celui d' Om Shanti Om, en particulier Arjun Rampal, mais ce dernier avait l'avantage de jouer dans le registre de la parodie ce qui lui évite de plomber l'atmosphère. Pour moi, ce qui ne colle pas non plus ou plutôt m'a fait un peu sortir c'est la scène d'ébat entre Sashi et Simi, très courte, mais confinant presque au ridicule avec le spasme de plaisir de l'acteur. Je n'y ai pas cru une seconde et c'est plutôt mal amené. La piqûre du serpent et le surjeu de Simi à ce moment là m'a aussi déstabilisé. Même si j'ai plutût apprécié leur jeu en général, dans une grande majorité de scènes, je trouve qu'il y a quelque chose qui ne va pas avec la langue anglaise. Je me demande si le film n'aurait pas eu plus d'impact (jeu, diction, attitude) s'il avait été tourné en hindi. Par moments, je trouvais le jeu trop théatral au point de me dire que les acteurs avaient été poussés à devoir articuler expressement pour que leur accent passent mieux. Mais ça enlève une part de naturel.
Photo très belle, musique bien orchestrée, très traditionnelle. Un air de flute de pan vers la fin du film, m'a fait énormément penser à Phir Milenge Chalte Chalte de Rab Ne Bana Di Jodi. Globalement je pense être peu sensible à ces films d'auteur tourné en anglais par des réalisateurs non indiens. Même si l'atmosphère est là, que le film propose une séance de fumette qui n'a rien à envier à celle légendaire de Hare Ram Hare Krishna de Dev Anand, je retrouve dans ce film ce même regard distant, trop conscient de l'étude de moeurs qu'il dessine que je pouvais retrouver dans Les joueurs d'echecs. Je dirais que c'est plutôt une curiosité qu'un grand film, même si pour des raisons personnelles et Music Man les a explicitées, on peut facilement aussi rentrer dans la narration et se laisser porter.
Le DVD est bon : image 2.20:1 16/9 anamorphique, pas tout à fait le Scope d'origine donc. Belles couleurs et définition. Le son est potable, en 2.0 surround. Pas de sous-titres, mais l'anglais est ici parlé avec lenteur et facilement compréhensible.