Mère Jeanne des anges ( 1961 )
Voilà le parfait complément aux
Diables de Ken Russel qui est basé sur la même histoire mais mis en scène radicalement opposé : aux futurs délires de Russel, Kawalerowicz ( décédé il y a peu ) opte pour noir et blanc tranchant et une dépouillement austère.
Loin d'être barbante, l'épuration devient fascinante dans ses cadres absolument vide et aux contrastes lumineux saisissant. L'opposition entre le noir et blanc n'est bien sur pas innocent vu l'intrigue mais contrairement à Russel, le cinéaste ne cherche pas à signer une charge contre l'église, c'est plus un étude psychologique sur la perversité. La soit disante "possession démoniaque" des soeurs n'est jamais évoqué comme tel mais ressemble bien plus à un jeu sadique et cruel. L'étrangeté du visage de Lucyna Winnicka porte presque à elle-seule la folie et le malaise.
Le film manque surement d'extrémité dans sa progression narrative qui subit quelques longueurs vers la fin mais sa dernière séquence à la violence théorique a du influencer Haneke.
L’épurement en général fait un tout cas beaucoup penser aussi à Dreyer en moins prise de tête et la composition des plans et la gestion du noir et blanc est pour beaucoup dans l’aspect hypnotique.
Après, je dois avouer être un peu déçu mais je m’attendais à un film plus radical et plus barré dans son approche du mysticisme.
Quand au DVD, c’est pas exceptionnel. Définition un peu molle, restauré certes mais très poussé : il demeure de nombreuses taches et griffures bien visibles. Pour la photographie, je la trouve un terne et manquant d’éclat. D’un autre coté les captures sur dvdbeaver du DVD anglais de Second run ont l’air d'être encore moins bien loti. Mais d'après le test, le négatif original est en train de pourrir dans une cave oublié et il ne reste comme meilleur élément qu'une copie vieille de 30 ans