Kôji Wakamatsu (1936-2012)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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1kult
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Re: Kôji Wakamatsu

Message par 1kult »

L'interview de Shinobu Terajima, que l'on a pu voir dans le dernier film de Koji Wakamatsu, Le Soldat Dieu :

http://www.1kult.com/2010/12/22/shinobu ... interview/

:wink:
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bruce randylan
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Re: Kôji Wakamatsu

Message par bruce randylan »

Aujourd'hui sur 1kult,gros dossier sur Wakamatsu avec la critique de plusieurs films et du livre Wakamatsu cinéaste de la révolte paru chez IMHO.

http://www.1kult.com/2011/01/21/special-koji-wakamatsu/

Guillaume parle de la saison de la terreur et pour ma part j'évoque pas moins de 9 titres :D
J'en ai déjà évoqué plusieurs ici comme (le vagabond du sexe un peu rallongé sur 1kult) mais vous pouvez retrouver en plus une critique de Piscine sans eau ainsi que des avis moins détaillé de Fleur Secrète, le sang est plus rouge que le soleil, plus facile qu'un baiser, Désir meurtrier et Endless Waltz.
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gnome
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Re: Kôji Wakamatsu

Message par gnome »

bruce randylan a écrit :Aujourd'hui sur 1kult,gros dossier sur Wakamatsu avec la critique de plusieurs films et du livre Wakamatsu cinéaste de la révolte paru chez IMHO.

http://www.1kult.com/2011/01/21/special-koji-wakamatsu/

Guillaume parle de la saison de la terreur et pour ma part j'évoque pas moins de 9 titres :D
J'en ai déjà évoqué plusieurs ici comme (le vagabond du sexe un peu rallongé sur 1kult) mais vous pouvez retrouver en plus une critique de Piscine sans eau ainsi que des avis moins détaillé de Fleur Secrète, le sang est plus rouge que le soleil, plus facile qu'un baiser, Désir meurtrier et Endless Waltz.
Je vais aller voir ça... :D
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Alligator
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Re: Kôji Wakamatsu

Message par Alligator »

Otoko goroshi onna goroshi: hadaka no zyudan (Naked Bullet) (Kôji Wakamatsu, 1969)

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http://alligatographe.blogspot.com/2011 ... ka-no.html

Je ne connais pas très bien la filmographie de Kôji Wakamatsu, en tout cas pas suffisamment pour savoir quelle part le film de yakuza y prend. C'est donc pour ma part une très agréable découverte. J'aime beaucoup l'univers torturé et glauque du cinéaste et il me semble qu'il se marie à merveille au polar noir.

De plus, on comprend que les influences du cinéma français, notamment la nouvelle vague et le cinéma spécifiquement melvillien également sont très présents. Elles donnent au film une teinte jazzy désenchantée et très rude à la fois. Une sorte de naturalisme se télescope à une dramaturgie propre au genre où la violence et le sexe jouent un rôle d'épices esthétiques, relevant le style, lui donnant son relief, des pigmentations très importantes qui enjolivent une histoire de double ou triple jeu, de trahisons, d'interdépendances entre personnages qui n'est pas extrêmement originale.

On sent que Wakamastu manie les éléments du genre et entend essentiellement manipuler cette histoire afin de la tordre à son souci esthétique et sans doute aussi moral car le film trimballe son lot de personnages tous plus dégueulasses les uns que les autres.
Une once d'humanité, de sincérité, peut-être même un amour véritable pourrait naitre de cette fange? La séquence -très tanakienne dans son utilisation de la couleur- où l'héroïne fait l'amour (en bleu) et entend soudain son amant lui demander où elle a planqué la dope, passant brutalement au noir et blanc illustre parfaitement ces multiples fractures que les individus s'infligent à cause d'un système social et économique où l'humain n'a que peu de place. La jungle des yakuzas fabrique la sauvagerie des hommes.

Wakamatsu emprunte enfin certains cadrages au western de Sergio Leone ou de Sam Peckimpah. Par bien des aspects, il essaie sans doute de faire le parallèle entre la mythologie eschatologique du far-west et ce Japon modernisé, occidentalisé jusque dans les excès. Il y a effectivement dans la séquence finale une image de fin du monde : tous ces gens qui s'entretuent dans un cimetière au fin fond du Japon traditionnel, le Japon de l'envers, près d'un village thermal, au flanc d'une montagne, dans une forêt isolante. Fin de l'histoire ou fin de l'Histoire?
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Re: Kôji Wakamatsu

Message par Eigagogo »

Alligator a écrit :Otoko goroshi onna goroshi: hadaka no zyudan (Naked Bullet) (Kôji Wakamatsu, 1969)
c'est le versant Atsushi Yamatoya de Wakamatsu (son autre scénariste fétiche avec Adachi, aussi très porté sur le désenchantement, les ruptures surréalistes, souvent plaqué les figures solitaires de tueurs à gage/yakuza, voir son inflatable sex doll of the wasteland. Dans le rayon gangster, Wakamatsu a aussi fait "Débauche" (1967) un superbe film noir existentialiste et très stylysée, avec un Ken Yoshizawa magnétique.
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Re: Kôji Wakamatsu

Message par Alligator »

Eigagogo a écrit :
Alligator a écrit :Dans le rayon gangster, Wakamatsu a aussi fait "Débauche" (1967) un superbe film noir existentialiste et très stylysée, avec un Ken Yoshizawa magnétique.
Je ne le retrouve pas dans sa filmo imdb, quel est le titre original? Ou anglais?

# Okasareta hakui (1967)
... aka "Violated Angels" - USA
... aka "Violated Women in White" -
... aka "Les anges violés" - France
# Jôyoku no kuro suisen (1967)
... aka "Black Narcissus of Lust" - International (English title) (literal title)
... aka "Jôyoku no kuro-zuisen" - Japan (alternative transliteration)
... aka "Joyoku no kurozuisen" - France
# Ranko (1967)
... aka "Orgie" - France
# Seihanzai (1967)
... aka "Crimes sexuels" - France
# Zoku nihon boko ankokushi bogyakuma (1967)
... aka "Diary Story of a Japanese Rapist" - International (English title)
... aka "Histoire de la violence de l'underground japonais 2: le violeur" - France
# Ami no nakano boko (1967)
... aka "Violences dans le filet" - France
# Nihon boko ankokushi ijosha no chi (1967)
... aka "Histoire de la violence de l'underground japonais: le sang de l'homme étrange" - France
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Re: Kôji Wakamatsu

Message par Eigagogo »

C'est "Ranko", j'ai d'ailleurs une chro en stock, mais les ayants droits m'assurent que "ils n'ont aucune image presse dispo" (malgré une copie toute neuve...), la Cinematheque ne répond même pas, il doivent surement se contenter d'image pourraves :mrgreen: bref, la routine collaborative ... :fiou:
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Re: Kôji Wakamatsu

Message par semmelweis »

Piscine sans eau, Koji Wakamatsu

J'avais entendu parler de Koji Wakamatsu lors de la sortie du soldat Dieu, son dernier film en date. Par hasard, j'ai trouvé le dvd de Piscine sans eau de ce même réalisateur. Je dois avouer que le pitch du film m'intriguait et me faisait redouter le pire. Et c'est là que le film est passionnant. Le film appartient à un sous-genre du film érotique au Japon , le film de "viol". On aurait pu s'attendre à un traitement scabreux et putassier. Absoument pas, Wakamatsu dresse le portrait d'un homme dont le contact social le rend malade. Il vit au rythme du bruit d'une poiçonneuse à billet et d'une famille dont il est totalement extérieur. Aucune justification psychologisante ( qui à la fois condamnerait le personnage ou le dédommagerait) n'est mise en avant . Il est même un brave type aidant une jeune fille attaquée par des yakusas au début du film. Le basculement vers les viols se fait progressivement et je dirai même dans une ambiance assez floconneuse à l'image du produit dont il se sert pour droguer ses femmes d'un soir. Wakamatsu prend le contre pied de ce pitch pour faire des séquences de viol un onirisme éthéré avec une musique au synthé typique des années 80. Cependant, il n'oublie pas de créer le malaise avec le premier viol se passant en temps réel avec absence de musique. Mais les scènes de sexe ne se font dans aucune violence . Elles sont plutôt le reflet d'un homme complètement broyé et déconnecté d'une société urbaine japonaise qui ne le veut que comme un bon travailleur. Le film est empli d'une grande solitude et montre les relations homme/femme comme un échec. Le criminel ne prenant du plaisir que dans une forme de non dit de la sexualité. Cela ne l'empeche de faire le petit déjeuner en partant...
Vagabondant dans une piscine sans eau , image d'un sexe sans émotion, d'une société deshumanisé qui malgré son urbanisme lui manque le socle essentiel d'humanité qu'ella a perdu.
Wakamatsu ne juge aucun de ses personnages réussissant même à faire dire à une des victimes principales du violeur qu'elle aimait bien quand elle venait le voir avec le petit déjeuner. La solitude des âmes se rencontrant dans une situation de non dit , de silence, de non connaissance réciproque. Le film se permet des élans poétiques avec des bulles d'eau qui adoucissent le glauque de la situation pour en faire un film atypique . Les 2 comédiens ( surtout la beauté de la comédienne :oops: ) suivent parfaitement l'élan de ce film à la fois voyeuriste, conte érotique pour faire de cette oeuvre une curiosité mais aussi laissant un coup amer d'une fin d'humanité sans retour.
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Re: Kôji Wakamatsu

Message par bruce randylan »

En faisant du ménage sur mon ordi, j'ai retrouvé ça : :D

En parallèle de la rétrospective Koji Wakamatsu, la cinémathèque a également programmé l’intégral de Masao Adachi, fidèle compagnon de Wakamatsu. Activiste politique, critique de film, scénariste, auteur d’essai philosophique et social à ses heures, son cinéma tient beaucoup de point de commun avec celui de Wakamatsu qui ont tous deux réalisé Déclaration de guerre mondiale: armée rouge, front de libération palestinien
Adachi demeure cela plus radical que son collègue puisque ses convictions l’ont poussé à s’engager dans l’armée palestinienne durant de nombreuses années.

J’ai pu voir 3 de ses films

Birth control revolution (1967)
Après un début fulgurant qui montre une opération filmée dans un noir et blanc expérimental digne des plus grand formaliste japonais de ces années là, le film devient bien moins stimulant même si l’histoire auto-parodique donne parfois l’occasion de sourire. On y suit un médecin qui cherche à tout prix à inventer une nouvelle contraception. Le film ne prend pas de risque, sa solution McGuffienne n’étant jamais expliquer, et donc ne passionne pas vraiment. Reste le jeu « fievreux » de son acteur et une dernière scène très drôle.

Aka : serial Killer. (1969)
C’est un film très déroutant, il développe une théorie défendue par Adachi qui tend à prouver le rapport entre les actes d’un criminel et les lieux dans lesquels il aurait vécu et qui aurait conditionné son comportement. L’idée n’est pas inintéressante mais le résultat est très particulier.
On voit seulement des plans de villes, de rues, de boutiques, de ports, de chaque villes traversées par le tueur (ayant vraiment existé) à raison de dix minutes en moyennes par endroits. De temps en temps, une brève voix-off vient nous dire à quel âge il est arrivé, s’il y a travaillé et quand il est reparti. Le tout est accompagné par la musique tout autant expérimental joué au saxophone. Une musique free jazz qui m’agace toujours autant au passage.

Le résultat oscille entre l’ennuie, l’interrogation et parfois une certaine fascination car il faut reconnaître que les plans sont assez hypnotiques, soit parce qu’ils sont assez bien composé, soit parce qu’il donne un étrange rythme au montage. Les plans filmés depuis une voiture sont ainsi assez scotchant.

De la à comprendre le passage à l’acte de cet assassin/violeur, faut pas déconner. :mrgreen:

A noter que Koji Wakamatsu reprendra cette idée dans l’un de ses derniers films paysage de 17 ans qui voit un adolescent ayant tué sa mère faire du vélo dans différent paysages. Je ne l’ai pas vu mais il parait que le résultat est très assommant et ennuyant

Female Student Guerilla (1969)
Clairement le plus réussi des 3. C’est le plus narratif et celui qui propose le plus d’idées (visuelle, thématique, scénaristique). L’histoire ridiculise gentiment ses personnages qui décident de se rebeller contre le système éducatif japonais. Leur solution ? Prendre en otage les dossiers du BAC et menacer de les détruire. Ayant peur d’être arrêtés et traqués par l’armée ( ?), ils se réfugient en montagne. N’ayant rien à faire sur place, ils s’ennuient. Et comme ils sont 3 femmes et 2 hommes, ils font l’amour.

Le film est drôle, bien rythmé, assez stylisé dans son noir et blanc, son cinémascope et les quelques passages en couleur. Avec ce groupe d’ «activiste politique » à coté de la plaque dans leur façon de se contester le pouvoir et de se replier dans l’arrière pays, le film n’annonce ni plus ni moins ce qui arrivera avec la Red Unity Army (et le summer of love), en plus décalé.

Le film n’en demeure pas moins sincère dans sa description d’une jeunesse paumée, qui cherche à en découdre avec l’autorité mais ne sait pas comment. Le film se permet ainsi une très belle référence à vivre de Kurosawa où les 3 filles chantent le même morceau déchirant que Takeshi Shimura comme pour bien signaler que cette génération se sent sacrifiée et sans avenir. A noter que ce sont les filles qui demeurent les vraies figures engagées, les hommes ne les suivant qu'à cause de leurs hormones.

Le film offre aussi un portrait au vitriol de l’armée avec une étrange figure d’un militaire complètement aliéné qui vit dans la montagne et qui se croit toujours en conflit. Adachi n’essaye même pas d’expliquer d’où sort le personnage et c’est plutôt une bonne chose.

Le problème de tout cela c’est que le potentiel du sujet, la richesse des thèmes (auquel on peut rajouter la soumission, l’émancipation féminine, la sexualité…) sont trop vaste et Adachi ne sait clairement pas comment finir son film. Il l’achève donc par une conclusion précipitée, improbable, peu crédible et vraiment pas satisfaisante.
Ca reste en tout cas un film vraiment à découvrir. C’est malin, pas prétentieux, bien fichu, plus intelligent qu’on pourrait croire et vraiment drôle.
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Demi-Lune
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Message par Demi-Lune »

2501 a écrit :"Quand l'embryon part braconner" est un film scandale par excellence. Koji Wakamatsu aime provoquer et représente parfaitement l'époque contestataire des années 60. Comme dans son fameux "Go go, second time virgin", il choisit un lieu unique (un appartement), un couple pour le moins dérangé et une intrigue sommaire. De la "nouvelle vierge" on passe à la femme battue et séquestrée, et l'étudiant psychopathe laisse place à cet homme embryon qui a définitivement un problème avec sa maman (et donc toutes les femmes) qui l'a laissé s'échapper de son cocon pour ce monde insupportable. La mise en scène, sans être avant-gardiste, illustre très bien le huis clos, avec quelques fulgurances esthétiques comme ces plans macros sur la peau, les marques et la sueur, des arrêts sur images figeant l'expression de la douleur et quelques surexpositions sur les visages crispés par la folie. Là où ça coince, encore plus que dans "Go go second time virgin", c'est sur le récit répétitif et peu inspiré. Le dispositif est trop simple et le film fait longtemps du surplace malgré sa courte durée. La contemplation du sadisme a ses limites (pour une majorité disons...), d'autant que le panel de ses représentations n'est pas large. On s'endormirait presque devant les coups de fouets répétés (les séquences sont quand même assez peu choquantes et ne justifient en aucun cas l'interdiction aux moins de 18 ans bêtement imposée en France). Heureusement le film prend une tournure plus intéressante dans son dernier quart, quand la conscience de la victime s'éveille et qu'elle prend le relais de la voix off. Pour le reste, pas de quoi fouetter un chat en rentrant chez soi.
Voilà, ce commentaire de 2501 résume parfaitement la chose. Assez déçu par Quand l'embryon part braconner, qui vaut à mon sens surtout pour sa mise en scène effectivement chiadée. Pas mal d'expérimentations intéressantes sont à relever et contribuent à l'ambiance de malaise. C'était quand même une sacrée époque en termes d'inventivité formelle pour le cinéma japonais, avec des mecs comme Suzuki, Teshigahara ou Matsumoto. Le générique de début annonce d'ailleurs étonnamment presque plan pour plan celui de Sœurs de sang de De Palma. Pour le reste, ça vire quand même au torture porn que la faible durée (1h15) ne suffit pas à rendre plus supportable. Pas que ce soit insoutenable comme peut l'être un Salo, mais bon, ce déchaînement de sévices repoussant en soi n'a pas pour moi grand intérêt tant la psychose utérine de notre ami zinzin tient plus du prétexte de "genre" qu'autre chose, et l'éventuel propos qu'on pourrait prêter à Wakamatsu (la servilité sexuelle comme prolongement de la servilité sociale), relever de l'argument ticket-de-métro. La fin laisse par contre effectivement le ventre noué.
Helena
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Re: Kôji Wakamatsu

Message par Helena »

11·25 Jiketsu no hi: Mishima Yukio to Wakamono-tachi
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C'est le dernier film de monsieur Wakamatsu qui était visible à Cannes pour ceux que ça intéresse et qui s'intéresse à l'un des plus grands auteurs de sa génération, le grand Mishima.
Ici le réalisateur s'intéresse à l'aspect politique de la vie de Yukio Mishima en dépeignant les derniers jours de sa vie avant qu'il ne se suicide. L'oeuvre est intrigante car quand on connaît les penchants politiques de Wakamatsu qui sont totalement opposé à ceux de Mishima, on pouvait se demander comment justement il aborderait le sujet et si il ne sombrerait pas dans une opposition facile et pouvant prêter à discuter sur la sincérité de l'oeuvre au final. Il n'en est rien et Wakamatsu comme à sa grande habitude arrive à nous surprendre en parlant d'un sujet connue et qui pourtant prête toujours à confusion et à débat entre historien. Pour faire simple et ceux qui ne connaissent pas, Mishima était un nationaliste ayant fondé un groupe qui soutenait l'Empereur et qui voulait changer de régime (on connaît les raisons et l'état du pays après l'an 0,) et l'un de leur coup de force sera de prendre en otage le ministre en charge des forces du défense du pays (pas l'armée vu qu'il n'y en a pas après le conflit.) Ici l'oeuvre traite de cela et le façon assez proche des autres oeuvres politique du réalisateur.
Comme je l'ai dit, l'oeuvre ici ne traite pas de la vie privée de l'écrivain mais de sa vision politique, et donc c'est par cet aspect que le réalisateur va rythmé son oeuvre et il le fait bien car les dialogues sont vraiment intéressants et surtout ambiguë, notamment avec ses étudiants. En effet on ne sait jamais si ceux partagent totalement ses ambitions et si certains au final se retrouvent pas au final dans cet endroit et lié à ces évènements à leur dépend même s'ils tentent de faire croire le contraire, c'est ambiguë clairement et cela passe très bien car les échanges entre eux sont l'une des forces du récit.

L'oeuvre est philosophique car ici on ressent aussi la perception de Wakamatsu sur les évènements qui furent important (nous étions dans les années 70.) Après on peut critiquer le fait que ce soit par moment vraiment trop ambiguë et je trouve au contraire que c'est limpide, c'est peut être limpide du fait qu'on connaît les événements et donc que comme l'auteur on a une perception différente de l'auteur.
Mishima était contre la gauche ou l'extrême gauche alors que Wakamatsu est proche de cela et on sait qu'ils n'étaient pas nostalgique de la révolution de 1936, de la tentative en tout cas de révolution et ici donc on ressent une certaine ironie de la part du réalisateur vis à vis de cette nostalgie de la part de Mishima. L'oeuvre est d'ailleurs très forte au niveau de la nostalgie, bien que Wakamatsu soit opposé aux dites idées, on voit quand même une certaine nostalgie de la part du réalisateur vu qu'à l'époque tout était plus simple en apparence, en apparence seulement bien entendu.
Les personnages sont vraiment dépend via des des archétypes que l'on connait, mais ça fonctionne car on a pas vraiment besoin d'en savoir plus vu que tout passe à travers leurs propos et ce qu'ils feront dans le film, pas besoin de savoir qui ils sont réellement même si le réalisateur n'hésite pas à travers par exemple la scène du sauna à nous présenter des facettes plus douces de ses personnages en quête d'un idéal différent. J'aime beaucoup les scènes aussi qui font entrer des femmes dans le récit comme les scènes de campagne, c'est un décalage claire et pourtant dans les deux cas c'est la même chose, le même aura et surtout une envie de revenir dans ce qui fait en quelque sorte le passé (il ne faut pas confondre avec du nationalisme justement, c'est la toute l'ambiguité de l'oeuvre que nous propose le réalisateur.

Koji Wakamatsu reproduit ce qui faisait la force d'une de ses oeuvres précédentes, le chef d'oeuvre United Red Army, avec le côté documentaire tout aussi intéressant car il donne au film un cachet authentique et renforce la violence de ce mouvement, il n'y a qu'à voir ce qui est arrivé au ministre au moment du discours, la scène est en quelque sorte surréaliste et on se croirait dans un film, il n'y a qu'à voir la réaction du public d'ailleurs, et on retrouve cette authenthiticité dans le côté fictif de l'oeuvre comme souvent chez le réalisateur, c'est peut être un peut moins percutant que l'oeuvre que je cite avant car plus proche de l'histoire du Japon que ne l'était l'histoire de la Red Army qui trouvait des échos dans d'autres pays. Je ne suis pas une experte de l'histoire de France bien que je l'étudie depuis que je suis dans votre pays, mais je ne vois pas d'évènement récent (je parle dans les 50 dernières années) aussi proche de ce qu'à fait Mishima et c'est peut être de cela que pourra venir votre réticence à l'oeuvre.
Après c'est tout aussi intéressant bien qu'anecdotique contrairement aux deux oeuvres précedentes faute au moyen mis dans le film par la production, en effet ici il y a un côté old school proche de ses oeuvres à l'époque par exemple du Roman Porno mais avec une patte comme vous dites récente, en effet la photographie bien que classique en soit donne un cachet authentique mais décalé en quelque sorte, elle donne un côté un peu plus vieux à l'oeuvre alors que c'est récent pourtant. La réalisation est très bonne encore une fois, les scènes de réunion ont un cachet documentaire accrue, on a l'impression d'être dans un coin de la pièce et d'écouter les discours hypnotique du millitant. Les acteurs y sont pour beaucoup, le casting est très bon (Arata Iura, Shinobu Terajima, Hideo Nakaizumi...) et ils donnent vraiment vie aux personnages!

L'oeuvre n'est pas aussi aboutie que ses oeuvres précédentes car il se focalise sur un seul aspect du personnage et pourtant selon moi c'est une oeuvre remarquable car intéressante de bout en bout jusqu'à son dénouement et au générique qui rend hommage à l'artiste. Sincèrement je vous recommande ce film qui ne mérite pas moins qu'un 9/10.
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Le film dont le postulat était très intéressant m'a bluffée, la filmographie de Wakamatsu se compose de chef d'oeuvre et de très bons films, je fus rarement déçue par son cinéma et cette fois encore ce fut très bien, comme à son habitude Wakamatsu nous dépeint la société Japonaise d'une époque, celle du conflit du Pacifique cette fois en nous montrant encore une fois l'opposition homme/femme dans cette société. Ici le rôle de la femme est encore central dans l'histoire comme ce fut le cas de nombreux autres films du maître, la femme en question c'est le personnage incarnée par l'excellente Shinobu Terajima qu'on a vue dans de nombreux chef d'oeuvre comme Tokyo Tower, Vibrator ou bien Happy Flight pour prendre les plus connue. Son personnage est typique du cinéma de Wakamatsu, elle est à la fois une femme aux multiples émotions, considérer comme faible par beaucoup et qui pourtant ne l'est pas, elle est à la fois aimante et haineuse envers l'homme qui lui est revenue du conflit dans un état terrifiant.
Le personnage exprime ses sentiments par le dialogue, rarement par une expression faciale comme il est de coutume et ma fois on comprend vraiment ce qu'elle ressent, l'intonation des mots y étant pour beaucoup! Les autres personnages qui gravitent autour d'elle, notamment son mari sont eux aussi ambigu. Le soldat Dieu en question ne l'est que par son titre, on pourrait le comparer à un enfant qui a besoin de sa mère, ici de sa femme pour exister. Les instincts les plus primaires commandant ses actes (du sexe, de la nourriture) et c'est tel un enfant qu'elle le traite, l'homme blessé est un trophée pour la société Japonaise, symbole d'une guerre terrifiante et surtout d'un conflit touchant toute la société comme le montre si bien les messages radios ou on parle des femmes ou bien les images d'archive qu'utilise Wakamatsu pour son long métrage. L'oeuvre nous montre un système à l'agonie qui suite à la guerre et l'implantation américaine changera considérablement, les dernières images sont terribles et typique du cinéma du maître, la guerre se termine comme le film et pourtant ce n'est qu'officiel car officieusement une lutte continue et surtout une histoire.

Koji Wakamatsu aime dépeindre la société et les membres de cette société sont souvent dépeinte à travers leurs bêtises et leur noirceur, en effet il n'y a qu'à voir le personnage chauve, il est idiot et pourtant il nous est présenté comme un personnage sage en soit alors que c'est le contraire. Le personnage est spéciale vu que par moment on a vraiment l'impression qu'il dit des choses intéressantes, réelles, mais ce n'est pas le cas pourtant, au contraire quand on réfléchit à ce qu'il dit on se rend compte qu'il est vraiment étrange et pourtant selon moi c'est le moins pire du récit. En effet le personnage est assez simplet et c'est l'un des plus humains du récit, en effet c'est lui par exemple qui annonce la fin de la war et on voit dans ce passage un côté plus sympathique, plus comment dire anodin, comme s'il annoncé la fête des cerisiers en fleur. C'est l'un des personnages les plus sympathique du récit, je pense par exemple à a scène du notable qui présente complètement le personnage.
Le Soldat Dieu est lui aussi parfaitement représenté dans le film, sauf que lui est un personnage exécrable, en effet il l'est car bien que tout est fait dans le récit pour qu'il paraisse sympathique, que ce soit un héros, c'est le contraire, c'est un violeur, un tueur, un mari vraiment honteux en soit et qui faisait du mal à son entourage, et qui va continuer à le faire dans le récit au vu de ce qui lui est arrivée. Par exemple la scène avec la médaille est globabelement représentative de ce que je dis. C'est un grand moment et pourtant le personnage étant exécrable, on ne ressent rien auprès de lui, et la scène peut paraître ridicule avec ses membres absents, la scène est en soit grotesque! Le personnage est pourtant représentative d'un Nationalisme omniprésent à l'époque et encore aujourd'hui (toute proportion gardée bien entendu) la scène avec la cicatrice au cou en étant le parfait exemple (elle a la forme de l'archipel.) L'homme a combattue pour son pays, volontairement ou involontairement, peut nous importe dans le récit et cela se voit.
Tout l'oeuvre est pourtant englobé sous un aspect plaisant, du moins la première partie avant de décroître au fur et à mesure pour nous présenter toute l'horreur de la société d'après guerre, ou durant le conflit.
L'épouse ici nous est dépeinte de manière parfaite car une réelle évolution se fait sentir au fur et à mesure du récit. En effet le personnage est une femme soumise au début, et avec le retour de son mari, bien que mutilé, cela continue en quelque sorte, elle est obligé (et veut lui faire plaisir) de coucher avec lui, scène qui pourrait être grotesque en soit mais qui au final est horrible. On voit le personnage encore une fois dominant mais qui finira par se retourner contre lui. En effet notre héroine dans une scène faisant écho à celle-ci va le violer (même si connaissant le personnage au début on voit que ce n'est pas le cas en quelque sorte, c'est un pervers.) Elle le fait souffrir mais ce n'est rien contrairement à l'humiliation permanente qu'elle va lui faire. En effet elle va l'exposer tout au long du récit quand elle sortira de chez eux, les scènes sont ridicules en soit pour lui et c'est plaisant à voir en quelque sorte.

Il y a aussi un côté rédemption apporté en effet, au final, le personnage va se rendre compte de ce qu'il a fait, de l'horreur de sa situation (il n'y a qu'à voir la scène ou le soldat voit l'article, on ne sait pas sa réaction mais on voit celle de sa femme et elle jubile, est il heureux ou non? On ne sait pas mais on devine.) Il finira par se suicider après ce qu'il a fait car il n'a plus sa place dans ce monde. Wakamatsu ici nous montre bien toute l'ambiguïté de l'après guerre et des anciennes valeurs qui n'ont pas lieu d'être en l'année 0 qui commencera à la fin du récit. Le final est d'ailleurs étonnant car c'est une sorte d'happy end, en effet la femme évolue et on sait qu'elle va vraiment évoluer par la suite.
La réalisation de Wakamatsu est comme toujours, elle est vraiment bonne comme toujours, ici on ressent tous les tics habituels du réalisateur, il sait donner de l'ampleur à des scènes intimistes ou au contraire donner un côté intimiste à des scènes nécessitant des cadrages plus ample, plus important, c'est ambigue mais excellent comme la photographie du film qui est parfaite vraiment, sincèrement il y a un apport authentique au récit qui donnerait presque un aspect documentaire fort sympathique, c'est à voir!

C'est un chef d'oeuvre que vous vous devez de voir, il écope donc de la note de 10/10.
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Re: Kôji Wakamatsu

Message par Spike »

La Femme blanche synthétique / Le Camp des filles perdues (Shiro no jinzô bijo) (1966)
Des jeunes femmes sont kidnappées dans les rues de Tokyo et transformées en femmes-robots qui font l'amour ou tuent à la demande. Un détective de police dont la sœur est victime de ce système se lance dans une traque sans merci à la poursuite des criminels. (Cinematek)

La Cinématèque Royale de Belgique a projeté hier soir ce film de Kôji Wakamatsu (sur un scénario de Masao Adachi) considéré comme perdu (d'après l'IMDb).

Tout d'abord, je tiens à mettre en exergue les 2 "surprises" que la "Cinematek" a réservées aux spectateurs : d'une part, lors de la présentation du film sur place, il a été expliqué qu'en préparant la copie, fournie par un collectionneur privé, ils se sont rendus compte qu'elle ne faisait que 50-55 min comparé aux 72 min annoncées dans le catalogue (et sur l'IMDb). Etant donné que le film est introuvable ailleurs, ils ne savent pas ce qui a été coupé (peut-être des scènes de sexe, supposent-ils). Par contre, étrangement, il ne leur est pas venu à l'esprit d'indiquer ce point sur leur site Internet, pouvant être facilement mis à jour. :roll: D'autre part, lors de la projection-même, eh bien... il s'agissait d'une version doublée en anglais intitulée The Love Robots (alors que le japonais était la langue reprise sur leur site) !!! :evil:

Dans ces conditions, il est difficile de donner un avis satisfaisant sur le film suite à cette projection, puisque plusieurs éléments prêtent à question. Les enchaînements brusques marquent-ils la volonté de Wakamatsu ou bien celle de la censure ? Quid de cette voix over qui commente fréquemment l'action ? Etc.

Pour faire bref, en l'état, on se trouve dans la veine "polar" de Wakamatsu (Naked Bullet...), avec ainsi une brève scène de fusillade et un plus long final mano a mano. Wakamatsu/Adachi ne font pas ici référence de manière explicite à l'idéologie communiste. La science de la composition des plans, du cadrage, des ombres, des surimpressions, ... du réal' reste marquante (encore plus quand on compare à l'autre pinku diffusé lors de cette soirée, L’Étreinte empoisonnée de Takeo Takagi), résiste à la censure et au doublage, et confère une ambiance dérangeante à ce long métrage où des femmes sont transformées en machines à tuer ou à copuler (elles poignardent un mannequin en paille ou se trémoussent sur un en plastique placé à côté), sont attachées comme des esclaves et dont l'orientation sexuelle est remodelée à l'envi de leur tortionnaire.
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