Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Alligator
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Re: Kenji Mizoguchi

Message par Alligator »

Oui, oui, mais je ne plaçais pas mes appréciations sur le mode de la compréhension de la démarche ou du "discours" du cinéaste que tu décris là très bien mais plus dans le ressenti en tant que spectateur que ce film a pu provoquer en moi. Je comprends le film mais je ne le sens pas en somme.
bruce randylan
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Re: Kenji Mizoguchi

Message par bruce randylan »

La rue de la honte ( 1950 )

Le dernier film de Mizoguchi ne pouvait être autre chose qu'un testament cinématographique et thématique où la femme et la prostitution sont obligatoirement au cœur du film.
Et de cœur, ce film n'en manque. Avec sa dizaine de personnages touchés plus ou moins directement par les maisons closes, Mizoguchi met de coté sa caméra virtuose mais pas son engagement ni son humanité qui aura rarement été aussi sombre.
Toutes les femmes du film représentent ici un aspect de la prostitutions : il y a celle qui fait ça pour payer les études de son fils, celle qui fait ça pour s'occuper de son mari malade, celle qui fait ça pour fuir l'hypocrisie familiale, celles qui le font juste pour l'argent...
Cet étalement pourrait paraitre un peu trop démonstratif mais les personnages sont tellement bien inscrits qu'il est difficile de ne pas s'émouvoir des différents portraits sachant que, fidèle à lui-même, Mizoguchi ne joue jamais la carte du pathos ou du lacrymogène. Avec son histoire contemporaine du Japon de l'époque ( les 60's ), son approche n'aura rarement été aussi influencé par le néo-réalisme.
A part un ou deux acteurs qui surjouent un peu, les comédiens sont excellents et apportent toutes une gamme d'émotion qui donne vie à chaque fois aux situations écrites par Mizoguchi.
Comme je le disais plus-haut, celle-ci sont parmi les plus cruelles filmées par le réalisateur : une adolescente faisant face à son père qui a trompé sa femme sans retenu, une mère rejetée par son fils craignant que ses collègues découvrent son métier, le dur retour à la vie active pour celle qui a pu s'en sortir. Soutenu par une musique dissonante et stridente et un cadrage qui utilise les zones de lumière ( et d'ombre ) et découpage de l'espace, il crée des images à la frontière du fantastique et de la claustrophobie.
Tout cela conduit à la dernière scène et le tout dernier plan du films où une jeune "recrue" n'osant pas racoler ouvertement les clients, leur fait tout de même signe alors que la peur la fait disparaitre derrière une colonne. Un plan finalement simple mais qui fait naître un sentiment proprement écœurement avec un gout de nausée durable.
Pour le dernier plan de sa carrière, Mizoguchi ne pouvait frapper plus fort et plus beau.

Un grand film inoubliable !

Ps : le film propose une analyse de plus de 30 minutes pas Jean Douchet dans un de ses délires insupportables qui suranalyse jusqu'au ridicule le moindre plan. Ca passe d'autant mal qu'il leur fait dire tout et souvent n'importe quoi. Seul bonne nouvelle, ce n'est pas lui qui récite le texte :mrgreen:
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Alligator
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Re: Kenji Mizoguchi

Message par Alligator »

Yoru no onnatachi (Les femmes de la nuit) Kenji Mizoguchi, 1948) :

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_______________

Enorme film. D'une violence incroyable, un peu physique, certes, mais surtout morale. Plus encore, c'est la violence de l'approche de Mizoguchi qui estomaque. Le cinéaste n'y pas avec le dos de la cuillère, il aborde son thème, la prostitution, dans un corps à corps avec la morale et le regard social sur cette pratique au sortir de la guerre, d'une manière si crue et si directe, sans se défiler face à tous les problèmes qui en découlent, causes et conséquences, que le spectateur d'aujourd'hui ne peut être que soufflé par le courage de l'entreprise, la puissance et la force de caractère du film et la modernité du regard posé par le cinéaste. C'est avec une admiration pour le bonhomme et son travail que j'ai terminé le visionnage.

Ce qui est tout aussi extraordinaire, c'est que le film ne se contente pas d'aborder de manière aussi franche que courageuse un problème social tabou, c'est qu'il le fait avec une maitrise de la mise en scène qui ne laisse pas de m'ébahir. Certaines séquences sont écrites et réalisées si parfaitement, suintant le naturel et la logique. Tout semble couler de source.

Les comédiennes Tanaka et Takasugi sont excellentes. Elles ont une présence ahurissante. On peine à trouver pareilles justesse et authencité chez les comédiennes de l'époque. On en trouverait sans doute mais ce que je veux dire qu'elles sont rares. Et qu'ici leurs prestations sont des moments d'enchantement comme le cinéma sait nous en offrir quelque fois.

Seule nuance que je voudrais noter : j'ai le sentiment après avoir vu deux ou trois Mizoguchi, que le bonhomme, s'attachant à faire des films difficiles, de haut niveau mélodramatique, pèche un petit peu par excès de zêle je trouve, sur une ou deux séquences ici. J'ai bien entendu en mémoire la dernière, le plan sur la vierge en vitrail. C'est un tout petit peu trop à mon goût. A force d'appuyer là où ça fait mal, quelques fois (très rarement), il en sort quelques grumeaux un petit peu abusifs.

Reste que pour le moment, c'est mon Mizoguchi préféré. J'ai trouvé la construction grandiose, les comédiennes excellentes et le propos extrêmement fort.

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Tutut
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Re: Kenji Mizoguchi

Message par Tutut »

Pour ceux qui seraient intéressés par ses films muets, les deux premiers volumes de Digital Meme sont consacrés à Mizoguchi.

Talking Silents 1: Taki no Shiraito (The Water Magician) and Tokyo Koshinkyoku (Tokyo March), directed by Kenji Mizoguchi
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* Taki no Shiraito (Water Magician)
Produced by Irie Production, 1933
98 minutes/24 fps
Cast: Takako Irie, Tokihiko Okada, Ichiro Sugai
* Tokyo Koshinkyoku (Tokyo March)
Produced by Nikkatsu Uzumasa,
1929 (28 minutes/24 fps)
Cast: Shizue Natsukawa, Reiji Ichiki, Isamu Kosugi
Comment of Mr.Tadao Sato (Film Critic)

Talking Silents 2: Orizuru Osen (The Downfall of Osen) and Tojin Okichi, directed by Kenji Mizoguchi
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* Orizuru Osen (The Downfall of Osen) qu'on retrouve dans le coffret Carlotta
Produced by Daiichi Eiga, 1935
90 minutes/24 fps
Cast: Isuzu Yamada, Daijiro Natsukawa, Ichiro Yoshizawa
* Tojin Okichi
Produced by Nikkatsu Uzumasa, 1930
4 minutes/24 fps
Cast: Yoko Umemura
Comment of Mr.Tadao Sato (Film Critic)

J'ai fait quelques captures du volume 1 :

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-Kaonashi-
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Re: Kenji Mizoguchi

Message par -Kaonashi- »

:shock: Merci beaucoup pour cette info, Tutut !
Je conseille vivement Taki no shiraito, dont le titre français et Le Fil blanc de la cascade.
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perso / senscritique.com/-Kaonashi- / Letterboxd
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bruce randylan
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Re: Kenji Mizoguchi

Message par bruce randylan »

Et moi qui veut de coter pour acheter un apart' :?
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Re: Kenji Mizoguchi

Message par Tutut »

-Kaonashi Yupa- a écrit ::shock: Merci beaucoup pour cette info, Tutut !
J'avais créé un sujet films muets ici, pour annoncer la sortie de Talking Silents 7.
Je conseille vivement Taki no shiraito, dont le titre français et Le Fil blanc de la cascade.
Sur l'image, il y a plus qu'un fil blanc, vu la qualité :) , il vaut mieux diminuer la taille de l'image ou augmenter, si on peut, la distance de visionnage.
Le film n'a pas pu être restitué dans son intégralité d'après le spécialiste Tadao Sato.

Traditionnellement au japon, les films muets sont accompagnés musicalement par un orchestre, mais aussi par un narrateur, le Benshi, qui fait un commentaire sur les images et joue aussi les dialogues insérés dans les inter-titres.
Pour ce film, on peut choisir entre deux Benshis, Shunsui Matsuda (qui était le plus grand benshi de l'après guerre et qui a oeuvré pour sauvegarder le patrimoine du film muet japonais) et Midori Sawato, qui présente sommairement son métier ainsi que les deux films.
Dernière modification par Tutut le 20 nov. 08, 12:54, modifié 1 fois.
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Re: Kenji Mizoguchi

Message par Tutut »

bruce randylan a écrit :Et moi qui veut de coter pour acheter un apart' :?
En fait, j'achète peu de DVD japonais (les galettes, pas les films), je ne dois pas en avoir plus de vingt, là j'ai cassé ma tirelire pour soutenir un petit éditeur, la prochaine grosse dépense en édition jap sera un coffret de films muets ainsi que l'édition Blu-Ray de Water Boys.

J'oubliais, Talking Silents 8 est en préco en ce moment avec 10% de réduction.
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Re: Kenji Mizoguchi

Message par bruce randylan »

Tutut a écrit : Traditionnellement au japon, les films muets sont accompagnés musicalement par un orchestre, mais aussi par un narrateur, le Benshi, qui fait un commentaire sur les images et joue aussi les dialogues insérés dans les inter-titres.
Pour ce film, on peut choisir entre deux Benshis, Shunsui Matsuda (qui était le plus grand benshi de l'après guerre et qui a oeuvré pour sauvegarder le patrimoine du film muet japonais) et Midori Sawato, qui présente sommairement son métier ainsi que les deux films.
C'est excellent comme initiative :D
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Re: Kenji Mizoguchi

Message par Tutut »

bruce randylan a écrit :
Tutut a écrit : Pour ce film, on peut choisir entre deux Benshis, Shunsui Matsuda (qui était le plus grand benshi de l'après guerre et qui a oeuvré pour sauvegarder le patrimoine du film muet japonais) et Midori Sawato, qui présente sommairement son métier ainsi que les deux films.
C'est excellent comme initiative :D
L'autre film étant commenté par Midori Sawato, je suppose que tous les films qu'ils proposent respectent la tradition et offrent donc une piste audio avec musique et récit du Benshi.
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Re: Kenji Mizoguchi

Message par k-chan »

[Mode rabat-joie On] = Avoir une piste son avec un commentaire d'un benshi, c'est certes intéressant d'un pont de vue historique (voir ce que ça donnait), mais ça doit être insupportable sur un film complet. Un accompagnement musical, je suis pour, mais entendre un mec gueuler tout le long du film, non merci. Les films n'ont pas été fait avec les benshis. Je me demande ce qu'en pensaient les réalisateurs de l'époque.

On peut avoir une piste musicale seule, sur les dvd ? Cette collection me fait baver.
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cinephage
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Re: Kenji Mizoguchi

Message par cinephage »

k-chan a écrit :Les films n'ont pas été fait avec les benshis. Je me demande ce qu'en pensaient les réalisateurs de l'époque
Dans le cas des films japonais, si, justement. Les films étaient montrés avec un benshi, comme ailleurs on utilisait un piano pour mettre de l'ambiance... Je crois que les réalisateurs japonais savaient dans quelles conditions leurs films seraient exploités, et ne les imaginaient pas autrement.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Kenji Mizoguchi

Message par k-chan »

cinephage a écrit :Dans le cas des films japonais, si, justement. Les films étaient montrés avec un benshi, comme ailleurs on utilisait un piano pour mettre de l'ambiance... Je crois que les réalisateurs japonais savaient dans quelles conditions leurs films seraient exploités, et ne les imaginaient pas autrement.
Oui, je sais bien que les films été accompagnés des commentaires des benshi lors des projections. J'ai dit : "Les films n'ont pas été fait avec les benshis" dans le sens où les cinéastes ne réalisaient sans doute pas leur films en prenant compte du fait qu'un benshi aller bla-blater par dessus les images. En tout cas j'en doute fortement, quand on sait ce que ça pouvait donner. De ce que je sais, certains benshi pouvaient aller jusqu'à déformer l'histoire, et il y cette anecdote concernant Teinosuke Kinugasa (le réalisateur de La porte de l'enfer ou de Une page folle) qui fut pris à parti par un célèbre benshi, ce dernier lui reprochant de jouer dans un film dont les intertitres avaient trop d'importance.
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Re: Kenji Mizoguchi

Message par Tutut »

Les premiers cinématographes sont apparus avant 1900 au Japon et diffusaient des films étrangers, le benshi était là pour raconter l'histoire et à des fins pédagogiques, les spectateurs ne pouvant pas toujours comprendre la culture occidentale. Les doubleurs sont apparus ensuite pour jouer les dialogues, les premiers réalisateurs japonais n'utilisant pas d'intertitres, ceux ci ne seront vraiment utilisés qu'à partir de 1920 ce qui marquera la fin des doubleurs.
Bref les benshis sont nés avec le cinéma japonais, je vois mal les réalisateurs prenant ombrage du travail des benshis, d'ailleurs leurs commentaires n'ont rien à voir avec la harangue des bateleurs de foires ou d'animateurs de supermarché :wink: et la musique est là pour soutenir aussi bien les images que le récit.

Le DVD ne propose pas de piste avec musique seulement, mais j'essayerais de ripper une trentaine de seconde du film et de l'uploader pour que tu te rendes compte (enfin si j'ai le temps, je bosse demain).

Le benshi est encore d'actualité, Midori Sawato et quelques autres se produisent même à l'étranger (la dame est déjà venue deux fois en France).
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Re: Kenji Mizoguchi

Message par k-chan »

Tutut a écrit :Bref les benshis sont nés avec le cinéma japonais, je vois mal les réalisateurs prenant ombrage du travail des benshis,
Pourtant, le film dont je parlais au dessus qui fut critiqué par un benshi date de 1919. Je n'étais pas là à l'époque, mais il semble qu'à l'origine, les benshis étaient là pour réciter à hautes voix les intertitres, la plupart des spectateurs de l'époque étant illettrés. C'est pour cela que je doute que les cinéastes réalisaient leur films en pensant aux benshis (si ce n'est peut-être en grinçant des dents :mrgreen: ). Les benshis ont pris avec le temps beaucoup d'importance, au point d'être plus populaires que certains acteurs ou cinéastes, et improvisaient par dessus les images. Alors après, peut-être que certains cinéastes ne trouvaient rien à redire, mais il y eu aussi visiblement, et pendant longtemps, des mouvements contre les benshi, avant même l'arrivée du parlant.
Cela dit, c'est un chapitre de l'histoire du cinéma japonais que je ne connais encore que mal, donc après... c'est à creuser.
Tutut a écrit :d'ailleurs leurs commentaires n'ont rien à voir avec la harangue des bateleurs de foires ou d'animateurs de supermarché :wink: et la musique est là pour soutenir aussi bien les images que le récit.
J'ai déjà eu l'occasion de voir des extraits de films avec la voix d'un benshi par dessus, et je trouvais ça assez désagréable. Après, je respecte tout à fait cette tradition. S'ils avaient tant de popularité, c'est qu'ils devaient être doués dans leur domaine, seulement ça ne me parle pas. Et ces narrations ne faisant pas partie intégrante des films, ça me semble aussi superflu que le travail qu'à effectué Chaplin sur La ruée vers l'or dans les années 40, quand bien même ce fut une tradition dans les cinémas de l'époque (et qui se perpétue encore aujourd'hui).
Je redirais tout de même qu'en tant que mordu de cinéma japonais, je trouve cela très intéressant, mais je préfère voir un film muet avec une partition musicale (ou sans), comme l'a fait Kinugasa lui même lorsqu'il a retrouvé Une page folle en 71. :wink:

Le DVD ne propose pas de piste avec musique seulement, mais j'essayerais de ripper une trentaine de seconde du film et de l'uploader pour que tu te rendes compte (enfin si j'ai le temps, je bosse demain).
Oui, peut-être aussi que d'autres exemples me plairont d'avantage.
Ca serait sympa de ta part. :)
Tutut a écrit :Le benshi est encore d'actualité, Midori Sawato et quelques autres se produisent même à l'étranger (la dame est déjà venue deux fois en France).
Oui, je sais qu'il existe encore des benshis. :)
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