Sir John Mills (1908-2005)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Ann Harding
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Sir John Mills (1908-2005)

Message par Ann Harding »

Comme je discutais des films de David Lean sur DVD naphtaliné, l'idée d'un topic sur cet acteur anglais m'est apparue!

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J'ai découvert ce formidable acteur, qui est mort récemment à l'âge de 97 ans, à l'occasion d'une projection en 70 mm de Ryan's Daughter (1970, David Lean) au défunt Kinopanorama dans les années 80. Sa composition de l'idiot du village (avec dentier assorti!) était réjouissante. Mais, la vision de ce seul film donne une bien pauvre idée de l'acteur. Il reçut néanmoins un oscar pour ce rôle éminament oscarisable....

Ce n'est que bien plus tard que j'ai découvert le vrai visage de John Mills (au sens propre et figuré!). Il eut une carrière de près de 70 ans!
Je n'ai vu que certains de ses films et je ne vous parlerais que de ceux qui m'ont marqués.

Great Expectations (Les grandes espérances)-1946 D. Lean
Dans cette adaptation de Dickens, il est Mr Pip (adulte) face au délicieux Herbert Pocket d'Alec Guinness. On est frappé par la délicatesse de sa composition face au cabotinage de Martita Hunt en Mrs Havisham.

The History of Mr Polly 1949 A. Pelissier
Cette charmante comédie est basée sur une histoire de H.G. Wells. John Mills est un délicieux Mr Polly que le destin entraine au fil de l'eau.

Hobson's Choice (Chaussure à son pied)-1954 D. Lean
John Mills interprète le rôle du très timide Willie Mossop. Il fabrique des chaussures comme personne et intéresse la fille aînée du patron qui voit en lui un futur époux en or. Il y a une séquence superbe où on le voit se "préparer" pour sa nuit de noce tandis que son épouse derrière la porte de la chambre revêt une fort chaste chemise de nuit.... Willie sous l'impulsion de son épouse sort de sa coquille. la transformation du personnage est vraiment tout à fait remarquable. Pas d'effets de manche, ni de cabotinage.

The End of the Affair (Vivre un grand amour) 1955 E. Dmytryk
le film a été récemment diffusé au cinéma de minuit. Si vous avez été attentif vous avez remarqué que le détective privé embauché par Van Johnson pour surveiller Deborah Kerr n'était autre que John Mills. Dans ce petit rôle de composition, il est superbe.

Ice Cold in Alex (Le désert de la peur) 1958 J.L. Thompson
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Ce film de guerre a été pour moi une grande découverte. John Mills y est un conducteur d'ambulance alcoolique (qui veut cesser de boire) qui va traverser le désert de Lybie en 1942 avec un groupe hétéroclite. Il y a l'inévitable traversée du champ de mines et la présence d'un supposé espion dans la personne d'Anthony Quayle... La tension dramatique ne faiblit pas. Et tous les personnages sont extrèmement humains, pas des héros sans reproches comme dans The Dam Busters. La scène finale où ils atteignent enfin leur but: aller au bar boire une bière glacée, est formidable. Mills raconte qu'il était complètement saoûl (completely plastered) après avoir dû faire de multiples prises....

Tunes of Glory (Les fanfares de la gloire) 1960 R. Neame
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John Mills est le nouvel officier nommé dans un régiment écossais pour y remplacer Alec Guinness. Entre les deux hommes, il y aura une confrontation sans merci entre deux tempéraments opposés. L'étude psychologique est formidable et inabituelle pour un film sur l'armée.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Mills se suicidera à la fin du film ne pouvant supporter les humiliations répétées de Guinness.
Un grand acteur qu'il faut découvrir d'urgence!!!!
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Absolument d'accord avec Ann Harding.
Un acteur complet et brillant dans tous les registres.
De tous les films proposés, la performance du comédien que je préfère est celle dans Les Grandes espérances de David Lean.
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Mother, I miss you :(
Randolph Carter
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Message par Randolph Carter »

Il était également formidable dans le rôle du prêtre de The singer not the song,le curieux western théologique de Roy Ward Baker.
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O'Malley
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Message par O'Malley »

Randolph Carter a écrit :Il était également formidable dans le rôle du prêtre de The singer not the song,le curieux western théologique de Roy Ward Baker.
Ah oui, en effet... Vivement une sortie en Z2 pour ce très étrange western moderne réunissant Bogarde, Mills et Mylène Demongeot!!!
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Ann Harding
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Message par Ann Harding »

Voici quelques DVD pour découvrir Mills:
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Seuls les 2 éditions Criterion (Zone 0) offrent des ST anglais.
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2010

Message par Profondo Rosso »

Sky West and Crooked de John Mills (1966)

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Un vraie affaire de famille que ce Sky West and Crooked (connu aussi sous le titre Gypsy Girl), unique réalisation du grand John Mills pour lequel il s'entoure de sa femme Mary Hayley Bell au scénario et surtout de sa fille Hayley Mills à qui il offre son premier grand rôle hors des production Disney.

Hayley Mills est donc Brydie White, jeune adolescente vivant dans un petit village anglais. Suite à un malheureux accident elle a causé enfant la mort d'un de ses petit camarade, évènement dont elle ne garde aucun souvenir si ce n'est une cicatrice au front. Cet évènement a pourtant eu des répercussions sur son rapport au reste du village, souvent hostile à son égard et lui interdisant l'accès au cimetière lorsqu'elle souhaite se recueillir sur la tombe de l'ami disparu. Si on y ajoute un quotidien difficile avec sa mère alcoolique, on comprend mieux la nature sauvage et sans attache de la jeune fille, qui lui attire bientôt les faveurs d'un gitan tombé amoureux d'elle et incarné par un Ian McShane (aujourd'hui surtout connu pour son rôle dans la série Deadwood) à la ténébreuse beauté juvénile.

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L'histoire dépeint donc la manière dont le drame originel va progressivement rattraper l'héroïne. La plus étonnante étant toute une sous intrigue montrant l'obsession de Brydie pour les animaux morts et sa volonté de leur offrir une sépulture décente au cimetière du village, action dans laquelle elle entraîne tout les enfants du village. L'énorme scandale local réveille alors des haines anciennes par l'intermédiaire du père de l'enfant décédé (Laurence Naismith le juge Fulton de Amicalement Votre), le camp de gitan offrant le seul refuge pour une Brydie traquée.

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La trame singulière est menée avec brio par John Mills, dont la réalisation simple se met entièrement au service des acteurs. En premier lieu Hayley Mills qui offre là une performance fascinante (qu'on peu rapprocher de celle de Jennifer Jones dans La Renarde les personnage sont assez proche) en adolescente mûre et innocente à la fois dont l'évolution à été stoppée par ce traumatisme enfantin. John Mills dépeint les grands espaces campagnard naturels comme source d'épanouissement intime, amoureux alors qu'au contraire les vieilles haines et rancoeurs se manifeste toute en intérieur sorte d'envers à la majesté des extérieurs. Une seule exception, la séquence nocturne où Hayley Mills se fait brutalement rappeler les évènements passés, moment à la violence psychologique inouïe où l'actrice est à nouveau formidable.

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C'est donc chez d'autres exclus plus affiché que Brydie va trouver refuge avec les gitans. Une nouvelle fois quelques moments de racisme et de haines ordinaire se succèdent de manière éparses, préparant le rapprochement et la belle histoire d'amour entre Hayley Mills et Ian McShane. Le mélange entre pure innocence et noirceur fonctionne magnifiquement, lié par le personnage bienveillant du révérend et seul soutient de l'héroïne. Après cette alternance de ton clair/obscur la surprenante conclusion très positive est une vraie respiration et c'est avec oie et tristesse qu'on quitte les personnages enfin apaisés après tant de drames. 5/6
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Ann Harding
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Re: Sir John Mills (1908-2005)

Message par Ann Harding »

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Cottage to Let (1941, Anthony Asquith) avec Leslie Banks, Alastair Sim, John Mills et Michael Wilding

Durant la 2ème GM, en Ecosse, John Barrington (L. Banks) est inventeur et chercheur. Il travaille chez lui pour le gouvernement à mettre au point un viseur de bombardement. Mais, sa maison est espionnée par diverses personnes qui transmettent des informations aux allemands...

Cet opus d'Anthony Asquith est un film d'espionnage d'actualité en pleine seconde Guerre Mondiale. Le ton oscille entre la comédie et le drame. Le chercheur John Barrington (Leslie Banks dans un rôle sympathique) qui vit dans une opulente propriété en Ecosse semble être le parfait savant dans les nuages pendant que son épouse (Jeanne de Casalis) régente la maisonnée. Elle a fort à faire car, outre des enfants évacués du sud de la Grande-Bretagne qu'elle doit loger, elle doit aussi aider un jeune lieutenant de l'armée de l'air (John Mills) blessé ainsi qu'un nouveau locataire d'un de ses cottages, un mystérieux Charles Dimble (Alastair Sim). En voyant le début du film, le spectateur tire des conclusions et échaffaude des hypothèses concernant chaque personnage. En fait, toutes les prévisions vont se révéler fausses. Le lieutenant Perrey, qui flirte avec la fille de la maison et à qui on donnerait le bon dieu sans confession, est-il vraiment ce qu'il semble être ? Le majordome de la maison a l'air d'être un ancien flic. Et ce Charles Dimble, à l'air fouineur et malsain, est-il un espion à la solde de l'Allemagne ? Un petit garçon à l'accent cockney, qui fait partie des évacués, va découvrir la vraie personnalité de chacun des protagonistes. Les rebondissements se succèdent sans temps mort avec une mécanique hitchcockienne. Comme toujours avec Asquith, la direction d'acteur est superbe. Il s'agit sans aucun doute d'un film mineur du réalisateur, mais la distribution est absolument superbe. Et surtout, il réussit à donner à chacun des acteurs un rôle à contre-emploi. Le final qui se déroule lors d'une fête de charité atteint un sommet dramatique avec l'assassinat de l'espion (dont je ne révélerai pas l'identité). Un film d'espionnage très sympathique.
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Profondo Rosso
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Re: Sir John Mills (1908-2005)

Message par Profondo Rosso »

Waterloo Road de Sidney Gilliat (1945)

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Une jeune femme, délaissée par son mari parti pour la guerre, se console dans les bras d'un mauvais garçon. Averti, le mari s'échappe et poursuit les amants dans les rues de Londres.

Joli film croisant mélo et comédie qui sur fond de triangle amoureux classique offre une vision assez juste du quotidien des anglais sous le Blitz. Tillie Colter (Joy Shelton) est une jeune mariée qui n'a guère eu le temps de gouter aux joies du bonheur conjugal puisque son époux Jim (John Mills) fut mobilisé peu après les noces. Esseulée elle se sent désormais étouffée entre la bienveillance pressante de sa belle-mère et la surveillance permanente de sa belle-soeur qui la soupçonne d'adultère. Ainsi oppressée et malheureuse, Tillie est finalement malgré elle toute disposée à céder aux avances du fourbe séducteur Ted Purvis (Stewart Granger) mais averti le mari fuit sans permission pour connaître le fin mot de l'histoire.

Avec pareil pitch on s'attend forcément à du gros vaudeville et si le film joue parfois dessus le propos s'avère bien plus intéressant. Sidney Gilliat avait déjà abordé le thème des conséquences de la guerre sur une famille anglaise dans son précédent Millions Like Us (déjà avec Joy Shelton) et poursuit sa réflexion ici à l'échelle d'un couple. On découvre ainsi comment l'irruption du conflit a brisé l'élan des jeunes gens, les faisant abandonner leur responsabilités avant qu'ils se montré digne de les assumer et de grandir. Gilliat exprime sobrement cette idée à travers un court flashback sur le dernier moment heureux commun du couple le jour de leur mariage et leurs timidités et manières empruntées témoignent de leur candeur et d'une complicité qui ne demande qu'à s'installer mais ils n’en auront pas le temps. Le script rend étonnement peu coupable l'adultère potentiel de Joy Shelton (cela va même plutôt loin pour la tatillonne censure anglaise) et justifie ses motifs par le caractère effacé de John Mills. Ce dernier n'a rempli aucun de ses "devoirs" en laissant sa femme sans foyer (qui vit donc chez sa belle-famille où elle se sent épiée) ni enfant, ce dernier point soulevant une interrogation sur sa virilité et donc puissance sexuelle puisque symboliquement lorsque tout sera résolu l'épilogue montrera désormais la présence d'un nourrisson au sein du couple. A l'opposé le coureur de jupon incarné par Stewart Granger déborde de masculinité, autant par son physique imposant (face à la frêle carrure de John Mills) que par ses attitudes désinvoltes envers les femmes. Un aspect bien appuyé par la caractérisation du personnage, ancien boxeur qui se plaît à claquer les fesses de ses futures conquêtes. Face à cette toute puissance, Joy Shelton ne peut/veut pas résister et pour la reconquérir, John Mills devra lui prouver qu'il est désormais un homme, un vrai.

Hormis des inutiles prologues et épilogues nostalgiques avec le personnage de médecin joué par Alastair Sim, l'histoire fonctionne en unité de temps et de lieu dans ce quartier ferroviaire de Waterloo Road. Le rythme se fait trépidant et riche en péripéties où John Mills sillonne le quartier tout en étant traqué par l'armée pour retrouver son épouse avant qu'elle ne commette l'irréparable. On a quelques moments et rencontres amusantes comme ce soldat canadien en fuite également qui va occasionner quelques courses poursuites communes trépidantes avec notre héros mais sous la légèreté, les hurlements des sirènes, le grondement des bombes et les destructions inattendues d'édifices nous ramènent constamment aux temps difficiles que l'on vit alors. La résolution se fera bien évidemment par une empoignade brutale entre les deux rivaux, filmée avec énergie par Gilliat qui y amènent une émotion inattendue. Ainsi John Mills (excellent comme toujours) sévèrement malmené trouvera les ressources pour se relever par un échange de regard avec sa femme inquiète, aimante et enfin admirative de son homme venu l'arracher des bras d'un autre. Stewart Granger demeure étonnement sympathique malgré la goujaterie de son personnage et on est finalement fort admiratif du trio d'acteur qui dote d'une belle humanité ces héros imparfait et attachant. Vraiment un excellent et riche film bouclé en 1h15 à peine. Ça donne envie de découvrir d'autre film de Sidney Gilliat ça tombe bien je devrais recevoir Million Like Us d'ici peu.
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Rick Blaine
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Re: Sir John Mills (1908-2005)

Message par Rick Blaine »

Profondo Rosso a écrit :Ça donne envie de découvrir d'autre film de Sidney Gilliat ça tombe bien je devrais recevoir Million Like Us d'ici peu.
J'ai découvert il y a peu son Green For Danger, excellent polar sur fond de bombardements allemands, et je me suis fait la même réflexion. Je vais essayer de jeter un œil à ce Waterloo Road.
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Profondo Rosso
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Re: Sir John Mills (1908-2005)

Message par Profondo Rosso »

Oui d'après les commentaires d'amazon Uk et les sites anglo-saxons il semble que ce soit un réalisateur assez renommé de l'époque, encore une bonne filmo à explorer je note aussi pour Green For Danger !
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