Le polar italien des années 60/70

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Arca1943
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Re: Le polar italien des années 70

Message par Arca1943 »

Si je comprends bien, ce fil traite des polars italiens des années 70, mais uniquement s'ils appartiennent au domaine dit "cinéma bis" ?

Donc À chacun son dû, Le Jour de la chouette (aka La Mafia fait la loi), Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, Confession d'un commissaire de police au procureur de la République, Viol en première page, Lucia et les gouapes, Cadavres exquis, Un Juge en danger, L'Affaire Mori , Le Long silence, La Scorta, Testimonio a rischio, ne font pas partie de cette très sélect catégorie parce qu'ils sont des productions trop A ? Ça me semble un peu le monde à l'envers...
Alligator
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Re: Le polar italien des années 70

Message par Alligator »

Arca1943 a écrit :Si je comprends bien, ce fil traite des polars italiens des années 70, mais uniquement s'ils appartiennent au domaine dit "cinéma bis" ?

Donc À chacun son dû, Le Jour de la chouette (aka La Mafia fait la loi), Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, Confession d'un commissaire de police au procureur de la République, Viol en première page, Lucia et les gouapes, Cadavres exquis, Un Juge en danger, L'Affaire Mori , Le Long silence, La Scorta, Testimonio a rischio, ne font pas partie de cette très sélect catégorie parce qu'ils sont des productions trop A ? Ça me semble un peu le monde à l'envers...
A part toi, personne n'a mis de barrière. En faire le reproche aux autres, ça me semble un peu le monde à l'envers.
Nestor Almendros
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Re: Le polar italien des années 70

Message par Nestor Almendros »

Arca1943 a écrit :Si je comprends bien, ce fil traite des polars italiens des années 70, mais uniquement s'ils appartiennent au domaine dit "cinéma bis" ?

Donc À chacun son dû, Le Jour de la chouette (aka La Mafia fait la loi), Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, Confession d'un commissaire de police au procureur de la République, Viol en première page, Lucia et les gouapes, Cadavres exquis, Un Juge en danger, L'Affaire Mori , Le Long silence, La Scorta, Testimonio a rischio, ne font pas partie de cette très sélect catégorie parce qu'ils sont des productions trop A ? Ça me semble un peu le monde à l'envers...
Libre à toi de venir enrichir ce topic avec tes propres commentaires sur ces films :wink: .
Le forum n'est pas une encyclopédie, il est alimenté au compte-goutte par ceux qui ont eu la chance de voir ces films (pas forcément très visibles pour certains) et qui sont motivés pour en parler. On trouve déjà certaines remarques dans d'autres topics (consacrés à Gian Maria Volonte, Dino Risi ou Francesco Rosi). Et, pour info, j'ai remonté le topic dédié à Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon et ajouté un avis trouvé sur L'AFFAIRE MORI (page pécédente).
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Alligator
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Re: Le polar italien des années 70

Message par Alligator »

La ragazza del vagone letto ( Terreur express) (Ferdinando Baldi, 1979) :

http://alligatographe.blogspot.com/2009 ... letto.html

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Un giallo en huis-clos qui tire sur l'érotisme à de nombreuses reprises mais dont le suspense est réellement bien amené et d'une efficacité redoutable.

Un trio de jeunes voyous prennent en otage tout un compartiment de train de nuit. D'abord, ils ne font qu'emmerder le monde, grossièrement, sans gêne, mais l'on sent déjà très bien qu'ils ne sont pas tout à fait normaux et que la situation va dégénérer. A la manière d'un Agatha Christie, on nous présente bien tous les membres de l'équipage.

- Un petit couple de vieux dont l'épouse souffrante espère trouver en Allemagne un docteur capable de lui sauver la vie.
- Une famille dysfonctionnelle dont le mari incestueux fantasme salement sur son adolescente de fille.
- Un couple dont le mari amoureux éperdu de sa femme est sans cesse ni amenité repoussé par elle.
- Un homme d'affaire obsédé sexuel qui écrase de son mépris social la basse engeance que réprésente pour lui son secrétaire.
- Un policier armé accompagne un détenu politique menotté dans le cadre d'une extradition.
- Enfin, une pute de luxe.

Tout ce petit monde se trouve aux prises avec la bande de trois jeunes arrogants, dont les intentions insensées représentent certainement les pires fantasmes de la bourgeoisie, ceux qu'elle a enfoui au plus profond de son hypocrisie : l'écrasement, l'humiliation, la manipulation, les diverses violences. Complètement désinhibés, ils font preuve d'une assurance qui semble sans limite. D'abord, ils passent pour de jeunes cons et c'est progressivement que la folie imprègne leurs actes dans une violence de plus en plus déchainée. La tension augmente peu à peu. Le réalisateur cloisonne parfaitement ses personnages dans ce processus continu, très bien maitrisé. Le rythme et le montage sont impeccables, totalement au service d'un suspense sauvage.

Werner Pochath, le meneur s'est fait une tête et une prestance qui pourraient passer pour bourgeoises, mais anodines, tout à fait normales mais son regard d'aigle laisse entrevoir la férocité et la folie de son personnage. Il est vraiment excellent dans la construction de son rôle de riche imbu de sa personne, de malade pervers assoiffé de pouvoir, de domination. Effrayant.

L'autre personnage saillant est jouée par la très jolie Silvia Dionisio, en pute de haut-vol, essayant tant bien que mal de se ménager une place en même temps qu'une image de soi valorisante. Volontiers altière, elle fera preuve, elle fera preuve de grand coeur en sacrifiant son ego pour sauver l'hymen d'une jeune fille. A cet égard, l'histoire fait heureusement référence à Boule de suif de Maupassant, notamment quand les otages, d'une malhonnêteté tout aussi déculpabilisante qu'immonde portent des jugements sur cet acte : "elle peut le faire, après tout, c'est son métier".

Ce film a priori un simple giallo à l'érotisme un brin complaisant cacherait un fond subversif, une vision acerbe de la société italienne? Il manque un curaillon dans le wagon pour appuyer cette thèse. Il n'empêche que les piques sont évidentes et répétées. Quant à la complaisance érotique, il serait difficile de l'éluder. Malgré tout, on peut estimer qu'elle souligne l'oppression des agresseurs, comme dans la tradition des fumetti pour adulte, culture exutoire aussi libidineuse que corrosive. Que ce soit au ciné ou en bédé, bien souvent de grandes bourgeoises se font sauter et avilir par la lie de la société : fantasmes machistes partagés par les mâles patrons comme les mâles employés mais dont le sens diverge bien entendu selon la classe sociale, concurrence de pouvoir au sein de la famille pour les uns et acte révolutionnaire pour les autres. Quoiqu'il en soit, ce film montre très bien cette complexité.

La mise en scène est bougrement efficace. Les acteurs ne sont pas mauvais. On retrouve Venantino Venantini, une trogne italo française que tout le monde connait (Les tontons flingueurs, Le corniaud, etc.). Peut-être Zora Kerova est-elle un chouïa en deça de ses petits camarades? Reste un film haletant, musclé, tendu et glauque.
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Re: Le polar italien des années 70

Message par Alligator »

Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave (Sergio Martino, 1972) :

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... -solo.html

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Un bon giallo de Sergio Martino, doté de tous les ingrédients nécessaires, suspense, beautés plus ou moins dénudées, crimes sanglants, mystère et boules de gomme. Tiré d'une nouvelle d'Edgar Allan Poe, "Le chat noir", l'énigme du film est assez bien sauvegardée jusqu'au dernier quart d'heure où tout bascule.

Les acteurs convainquent. Luigi Pistilli est alors un comédien qui commence à vieillir mais dont le regard fiévreux soutient une personnalité dérangée et dérangeante avec brio. Il tient bien son rôle d'aristo alcoolo déchéant, violent et pervers.
Face à lui, Anita Strindberg malgré des joues étrangement creuses éclaire le film d'une beauté diaphane, fragile mais suffisamment ambigüe cependant pour troubler le spectateur. Je ne connaissais cette comédienne que de nom et suis relativement tombé sous le charme de ses magnifiques yeux bleu profond.
Edwige Fenech, habituellement abonné aux rôles de potiche bimbo un peu nunuche sur les bords profite d'un personnage beaucoup plus riche. Elle perturbe avec une certaine malice le jeu pervers qui unit le couple dans la deuxième partie du film et apporte une autre part de mystère à un récit qui n'en manquait pourtant pas. Cependant, cet ajout n'est en rien dommageable, bien au contraire. Dans un rôle de jeune femme indépendante et assumée elle fait bénéficier au film de son charme renversant (Mme Fenech, je vous aime).

Sergio Martino est un cinéaste qui fait preuve d'une audace et d'un certain talent auxquels je ne m'attendais pas. Notamment avec cet étonnant travelling enfermant les deux protagonistes dans le cercle infernal de l'homme à l'arrière plan. Futé.

Pour qui apprécie les films étranges, brumeux, les personnages à double face, les portes qui grincent, les regards perdus, les femmes charnues sans silicone ni botox, les ambiances sordides mais sensuelles, ce film saura certainement produire de plaisants effets.
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Re: Le polar italien des années 70

Message par bruce randylan »

Sections de choc (Massimo Dallamano et Paolo Infascelli - 1977)

Une bonne série B qui bénéficie du savoir-faire technique de l'ancien opérateur Dallamano. La réalisation est plus soignée que d'habitude avec des plans assez longs, une photographie tout à fait honnête et un sens de l'espace assez réussi notamment lors des scènes d'actions.
Ce qui étonne, c'est la noirceur et la violence du sujet, même pour ce genre de production : beaucoup de civils et d'innocents meurent lors d'attentats assez sanglants, certains des personnages centraux ne survivront pas non plus. En outre, la réalisation est sérieuse, solide sans être racoleuse ou putassière. Il y a des moments vraiment étonnant comme cette étrange plan-séquence qui parcoure les décombres fumant d'une gare après une explosion. On sent vraiment la chaleur, la douleur, le chaos, la mort.
Du coup, le suspens et la course contre la montre fonctionnent bien et on aurait presque les mains moites vers la fin du film.
Celà dit Dallamano est décédé durant le tournage et c'est Infascelli qui termina la réalisation. Est-ce cela qui explique que la grosse poursuite motorisée finale tranche avec le reste du film en virant vraiment dans le bis. Le passage où Marcel Bozzuffi roule sur le toit d'un train de marchandise est ainsi totalement surréaliste (mais assez fun il faut le dire).
L'homogénéité de l'œuvre en pâtit mais ça reste un film à découvrir.

En tout cas, j'ai largement préféré ça à Big Guns, diffusé en première partie d'une soirée bis à la cinémathèque. Le film Duccio Tessari est trop long, trop répétitif, trop prévisible y compris dans sa conclusion. Par contre, il faut reconnaître que la dimension mélancolique est bien rendue.

Pour rester sur Tessari, j'ai aussi pu découvrir La morte risale a ieri sera (1970) qui m'a laissé un peu perplexe.
Le sujet est excellent sur le papier : un père de famille trouvant la police trop longue décide de retrouver seul les assassins de sa fille. Plus que la trame même assez classique, c'est la tonalité et l'univers qui font la différence : c'est réaliste avec un fort arrière fond social, on est enfermé dans un quotidien tout ce qu'il y a de plus banale, de plus gris. Il ne se passe pas forcément grand chose de palpitant, pas de poursuite en voiture, pas de cascades, pas de fusillades, pas de psychopathes cabotinant... juste un homme simple et malheureux qui tombe par hasard sur un indice le rapprochant des meurtriers.
Mais les acteurs manquent de présence, la réalisation est trop académique, la narration pas toujours habile (l'enquête que mène en parallèle un policier) et la conclusion sanglante n'est guère crédible et semble être en contradiction avec l'approche initiale.
C'est loin de tenir toutes ses promesses mais on ne peut pas reprocher à Tessari de vouloir sortir des sentiers battus
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Re: Le polar italien des années 70

Message par hellrick »

bruce randylan a écrit :
Pour rester sur Tessari, j'ai aussi pu découvrir La morte risale a ieri sera (1970) qui m'a laissé un peu perplexe.
Le sujet est excellent sur le papier : un père de famille trouvant la police trop longue décide de retrouver seul les assassins de sa fille. Plus que la trame même assez classique, c'est la tonalité et l'univers qui font la différence : c'est réaliste avec un fort arrière fond social, on est enfermé dans un quotidien tout ce qu'il y a de plus banale, de plus gris. Il ne se passe pas forcément grand chose de palpitant, pas de poursuite en voiture, pas de cascades, pas de fusillades, pas de psychopathes cabotinant... juste un homme simple et malheureux qui tombe par hasard sur un indice le rapprochant des meurtriers.
Mais les acteurs manquent de présence, la réalisation est trop académique, la narration pas toujours habile (l'enquête que mène en parallèle un policier) et la conclusion sanglante n'est guère crédible et semble être en contradiction avec l'approche initiale.
C'est loin de tenir toutes ses promesses mais on ne peut pas reprocher à Tessari de vouloir sortir des sentiers battus
Oui c'est pas génial mais ça se laisse voir, ça mélange un peu trop de chose (polar, une pincée de giallo, une rasade de rape and revenge / vigilante, du drame, du social) sans vraiment aboutir...bof...
(plus ici: http://bis.cinemaland.net/html/movies/l ... r-soir.htm :wink: )
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

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Re: Le polar italien des années 70

Message par bruce randylan »

Finalement ta critique est un peu plus positive que ce que tu laisses croire. :wink:


Je continue :
Bandits à Milan (Carlo Lizzani - 1968)

Le film est à déjà été abordé ici et je souscris largement à l'enthousiasme général : c'est vraiment énorme :D

Le dosage entre la première partie qui commence comme une bande d'actualité (la foule essayant de lyncher un criminel) puis glisse vers le documentaire (parfois choc - cf la prostituée brûlée) avant de partir vraiment dans la fiction par un flash-back qui explique comment on en est arrivé à la situation qui ouvre le film.
Toute cette première moitié est assez impressionnante par son mélange des genres, son collage et la qualité de sa mise en scène mais c'est surtout la deuxième partir totalement survolté qui est mémorable quand les bandits en question se lancent dans une séries de casses qui sera suivi par une incroyablement longue poursuite en voiture. Quelques chose comme 40 minutes non stop

J'avais quasiment l'impression de me retrouver dans un film survolté, radical et énervé du cinéma HK des années 80, façon Ringo Lam.
Gian Maria Volonté est totalement déjanté et il faut le voir être exulté à tirer au hasard sur la foule juste pour haranguer les polices à ses trousses, campé par Thomas Millian. Le film file à 200 à l'heure dans une course folle qui conserve toujours son principes de reconstitution documentaire comme ses courts passages sur la journée des victimes avant qu'elles ne soient fauchées par les balles.
Bandits à Milan possède toujours la même force, la même folie et le même impact, avec un regard très noir et pessimiste sur la nature humaine. La conclusion est assez incroyable avec ce rire qui se moque d'une civilisation entière.
Ça semble vraiment l'un des films fondamental du genre et son parti-pris réaliste le rend 10 fois plus spectaculaire et percutant que toute la vague des années 70 à venir.


Milan Calibre 9 (Fernando Di Leo - 1972)

Une autre pépite du genre qui débute par une introduction extraordinaire quasi muette où l'on suit une mallette passer d'une personnage à l'autre avant de disparaître ce qui cause une vague de violence assez incroyable. A ces images enlevée, il faut ajouter une musique dantesque co-signée par le groupe de rock (progressif) Osanna et Luis Bacalov.

Après ça, le film devient un peu moins inspiré à cause d'une structure finalement classique avec quelques facilités et d'une conclusion pas très convaincante mais le film reste tout d'un haut niveau grâce principalement à son acteur Gastone Moschin, une masse au charisme imposant mais qui sait garder une part de fragilité. De plus le rythme est toujours soutenu et une nouvelle fois, la bande-original est vraiment sensationnelle.
Et bon, même si j'émets des réserves sur le scénario, il faut reconnaître que ça fonctionne parfaitement et je me demande si ça n'a pas inspiré Pusher de Refn. Par contre, la mise en scène m'a paru un peu pauvre mais la copie vidéo projetée à la cinémathèque était franchement dégueulasse : compression moche, les couleurs baveuses et photographie morne.
A revoir dans de meilleurs conditions sans doute.

Pour le plaisir le disque d'Osanna qui n'est pas cependant la véritable BO de Milan Calibre 9 puisque Bacalov est assez absent.
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Re: Le polar italien des années 70

Message par bruce randylan »

Un juge en danger (Damiano Damiani - 1977)

Un agent de police est affecté à la protection d'un juge enquêtant sur une affaire complexe pour laquelle il a reçu des messages de mort.

Un formidable thriller paranoïaque où la tension monte progressivement en même temps que le piège se renferme sur le pauvre Gian Maria Volonté complétement largué par cette enquête, hésitant entre sa survie et l'intégrité de son métier.
La qualité du film est de ne jamais confondre vitesse et précipitation en ne cherchant pas à en faire un film de suspens palpitant et sensationnel mais un sorte de lent cauchemar assez froid et clinique où des rouages se mettent progressivement en place. La menace n'est ainsi jamais clairement identifié, ça qui la rend d'autant plus inquiétante car on ne sait jamais à quel moment elle va frapper et d'où elle va venir. Les quelques scènes de meurtre sont d'ailleurs très sèches et fulgurantes avec des éclats de violence stupéfiants et souvent inattendus pour une horreur sourde sans pitié (la découverte du cadavre d'une femme de chambre, une femme abattue dans sa voiture, le meurtre dans le cinéma).
Le scénario est habilement agencé pour que les moments anodins (les prises de photos depuis une voiture) et les personnages qu'on pense hors de danger ou inoffensifs se révèlent bien différent sous un autre jour.
La dernière partie qui voit Gian Maria Volonté essayer de prendre ceux qui le traquent à leur propre jeux est particulièrement prenante avec des idées toujours crédibles et cohérentes (le tueur à gage qu'il faut contacter par téléphone avec la cible sur une photo).

Un excellent titre qui fait vraiment froid dans le dos et qui permet à son acteur principal de livrer une nouvelle fois une prestation magnifique.


La Banda Casaroli (Florestano Vancini - 1962)

Casaroli, ancien milicien, et son ami Ranuzzi entraînent le jeune Daniele Farris dans leur projet de dévaliser des banques dans toute l'Italie.

L'ouverture est géniale ; annonçant la poursuite sauvage et violente de Bandits à Milan. On y suit une bande de malfrats fuyant la police en plein centre ville et n'hésitant pas à faire feu sur tout ce qui bouge, force de l'ordre ou non. Pour son année de réalisation, j'ai trouvé ça vraiment osé et toujours aussi percutant avec en plus une vraie efficacité dans la réalisation (scope noir et blanc, sens du cadre et de l'espace urbain).
Par contre, passé ce "fait d'armes", la suite du film est un immense flash-back ennuyant et aux personnages auxquels on se désintéresse. C'est bête surtout quant on a au casting Jean-Claude Brialy et Thomas Milian.
Le temps devient vite long et on regrette la hargne de l'introduction.
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Re: Le polar italien des années 70

Message par Père Jules »

Milan calibre 9 (Fernando Di Leo, 1972)

Belle découverte avec ce polar violent, anxiogène, dont les cadrages sont d'un bout à l'autre totalement irrespirables, même lors des plans larges. Tous les personnages, qu'ils soient petits truands, parrains, flics semblent irrémédiablement condamnés d'avance, que ce soit à la mort ou à l'incertitude. Après un générique brillant et nerveux, Di Leo nous offre un film d'un intérêt constant quoique formellement inégal. On regrettera principalement les mouvements d'appareils parfois à la limite du psychédélique (et donc, fatalement, de mauvais goût) et le gunfight principal aussi illisible que ridicule.
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Re: Le polar italien des années 70

Message par Rick Blaine »

Je l'avais bien aimé aussi. C'est toujours un peu formellement inégal chez Di Leo mais ses atmosphères sont réussies. Ce Milan Calibre 9 est vraiment un bon film, il faut enchaîner avec les deux autres titres de la "trilogie du milieu", La Mala Ordina et Il Boss, ce dernier étant peut-être un petit cran en dessous.
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Re: Le polar italien des années 70

Message par Helena »

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C'est son premier film policier si je ne me trompe pas et pour moi une de ses oeuvres les plus marquantes, l'un des plus grand de son réalisateur, cette oeuvre est brillante et réellement marquante, se bonifiant à chaque vision et surtout nous faisant passer un bon moment à chaque fois. Le film est assez déconcertant aux premiers abords, la ou on peut s'attendre à un polar dans tous les sens du terme, le réalisateur exploite le concept pour nous présenter non pas une enquête qui pourrai sembler classique, mais pour nous parler de la société de l'époque, cette société d'après guerre et à mon sens premier blocage dans l'esprit des gens au niveau de l'histoire, c'est simple, à partir de cette époque, on se réfère uniquement au passé sans tenter d'avancer, de changer les choses, les Anni di piombo continueront sur cette lançée malheureusement il ne faut attendre que récemment (depuis une dizaine d'année) pour que l'Italie change. Bref le réalisateur nous dépeint la société de l'époque, bloqué entre deux périodes et présenté par une pléthore de protagoniste, tous plus intéressants et représentatif de la socité de l'époque. Ici le réalisateur nous montre une confrontation assez classique certes, mais qui permet de mieux remettre dans le contexte certains évènements que nous décrivons dans le film. Sans casser les codes de l'époque, il tente d'adapter ses thématiques au récit policier et il le fait remarquablement bien.

Récit policier déservis tel une oeuvre de Agatha Christie par une brochette de personnages tous plus particuliers les uns des autres, la palme à mon sens revenant au réalisateur, jouant un personnage de policier plus déprimé que ne le serait un personnage de Ellroy, avec ses faiblesses et ses années au compteur. Le personnage interprété par la sublime Claudia Cardinale est lui aussi tout bonnement génial, l'interprétation ennivrante de l'actrice est juste incroyable et on peut dire qu'on vit avec le personnage chaque moment fort de ce récit étonnant à plus d'un niveau. Je ne dirai pas que la fin est une surprise ou que certains évènements sont originaux, surtout pour un premier film policier, mais on est tellement absorbé par le récit qu'on s'étonne de petite chose, même classique et avec un plaisir non feint je dois l'avouer.
Le tout est sublimé par l'incroyable photographie de Leonida Barboni qui sincèrement donne encore plus de force à l'oeuvre, la musique de Carlo Rustichelli est tout aussi incroyable et les morceaux nous restent dans la tête assez longtemps pour dire que ce sont des morceaux incroyables. La réalisation de Pietro Germi est très intéressante car en décalage avec l'oeuvre en quelque sorte. Le réalisateur n'adapte pas vraiment sa manière de mettre en scène un récit à ce nouveau genre qu'il aborde et cela donne un côté plus simple, plus statique mais pas mauvais une seconde à l'oeuvre et rien que pour ça on peut dire que c'est une oeuvre incroyable que je recommande à tous fans de polars et de cinéma venant d'Italie.
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Jeremy Fox
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Re: Le polar italien des années 70

Message par Jeremy Fox »

Superbe film en effet ; mon préféré du cinéaste pour l'instant. Mais bon, antérieur aux 70's en tout cas :mrgreen:
Lino
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Re: Le polar italien des années 70

Message par Lino »

Pour coller à l'actualité, le décès de Carlo Lizzani, on peut voir en Italie sur DVD, hélas assez médiocre de qualité:

Torino Nera (1972), avec Françoise Fabian, Bud Spencer (qui joue l'époux de Françoise) , Marcel Bozzuffi, Andrea Balestri, enfant vedette de l'époque, et l'étonnant Nicola Di Bari (Production De Laurentiis)

Film distribué par MGM en France sous le titre La vengeance du Sicilien.

Dans le style Lizzani, thème (la misère urbaine) et images (tournage enlevé et montage nerveux).

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Ceux qui veulent voir Barbagia la società del malessere avec Terence Hill, Frank Wolff, Don Backy et quelques autres biens connus, doivent se rabattre sur la VHS au format Scope, éditée par un quotidien sarde il y a quelques années.

Mais je pense que le film, jamais distribué en France, est coupé, la fin est trop rapide. Produit par Dino De Laurentiis , tourné début 1969 dans une Sardaigne aride et hivernale, film de très bonne facture, avec un Terence Hill excellent dans le rôle -biographique- d'un rebelle sarde ayant défrayé la chronique quelques années auparavant.

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Julien Léonard
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Re: Le polar italien des années 70 (policier / poliziottesco

Message par Julien Léonard »

En ce moment, je suis en train de parcourir la petite trentaine de titres que je possède en DVD/blu-ray concernant le Neo polar italien des années 1970. A noter qu'excepté les six titres sortis par Neo Publishing en son temps et les deux titres déjà sortis par The ecstasy of films, j'ai dû acheter le reste en Italie (pas de sous-titres français donc, mais souvent des sous-titres anglais ou au moins italiens). Je conseille vivement également les deu ... t de vue !

J'en profite pour poster un top 10 (temporaire, en attendant les derniers visionnages qu'il me manque -pas d'ordre particulier-). Rien que du Neo polar (donc pas de titres à la Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, même si je suis un grand fan).

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1 - Rue de la violence (Milano Trema) / Sergio Martino - 1973

Excellent polar nerveux, avec une poursuite centrale en voitures absolument dantesque. Scénario efficace et carré, mise en scène très nerveuse, scènes d'action prenantes, sans compter un Luc Merenda remarquable. Une présence charismatique et cool à la fois, j'adhère sans hésiter pour cette "sorte de Delon transalpin" (même s'il est français à l'origine).

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2 - La rançon de la peur (Milano odia) / Umberto Lenzi - 1974

Umberto Lenzi n'a pas un style élégant, c'est entendu. Mais quelle force, quelle brutalité, quel savoir-faire dans l'efficacité et l’extrême des situations ! Un polar sombre et terriblement tendu, dépressif et austère, et réglé comme du papier à musique. Un discours fort et discutable, une claque dans son genre. Sans oublier un Tomas Milian époustouflant dans la peau d’une véritable ordure finie. Un film neo noir comme on n'en fait plus.

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3 - La lame infernale (La polizia chiede aiuto) / Massimo Dallamano - 1974

Un film mi-neo polar mi-giallo hautement réussi. Parce que crédible et vraisemblable, très cynique et tourné vers une intrigue qui, malheureusement, n'a rien perdu de son intérêt aujourd'hui, en dehors même des frontières de l'Italie. L'ensemble est dur, mais rondement mené, avec un exceptionnel sens de la mise en scène. Esthétique, racé, sans maniérisme, très tendu (quelles poursuites, quelles séquences de suspense !), un chef-d’œuvre. Acteurs impeccables, au passage. Je suis très impressionné.

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4 - Opération casseurs (Napoli violenta) / Umberto Lenzi - 1976

L'exemple type du film mettant en scène un Maurizio Merli monolithique mais très charismatique. Deuxième des trois opus mettant en scène le commissaire Betti. Beaucoup d'action et de rythme, une intrigue minimaliste mais bien écrite, du fun jusqu'au-bout. Une sorte de Dirty Harry transalpin très réussi, un très bon film d'action. Même s'il n'est pas aussi bon acteur, j'aime Merli autant que Merenda ou Cassinelli.

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5 - Brigade spéciale (Roma a mano armata) / Umberto Lenzi - 1976

Un florilège compilatoire des pires crimes habituellement commis durant l’époque des années de plomb en Italie. Le commissaire Leonardo Tanzi, solidement campé par un Maurizio Merli plus badass’ que jamais, est le catalyseur de cette histoire, et son véritable fil conducteur, tant le film brasse les scènes sans forcément les lier entre elles. A la poursuite d’un tueur sadique fou furieux campé par un Tomas Milian effarant, Tanzi incarnera une police ultra-sécuritaire, borderline mais sûre de son bon droit. C’est chaud, c’est forcément discutable, c’est forcément fun, un brin foutraque mais terriblement bien réglé. Idéal, enfin si l’on peut dire, pour observer une Italie à genoux, prête à imploser à tout moment sous l’effet de la terreur des années de plomb. Une bombe, à défaut d’être un film parfait. Cependant, plus cohérent et mieux tissé, le film aurait paradoxalement perdu de sa force, à n'en pas douter.

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6 - Milan calibre 9 (Milano calibro 9) / Fernando Di Leo - 1972

Le film de gangsters italien par excellence. Un chef-d’œuvre, intense et finement conçu, entre violence des situations et intelligence de chaque scène. Un sacré moment de cinéma, à des années lumières des délires sécuritaires de Lenzi ou Martino, bien plus proche en finesse d’un Dallamano, tout en affichant son propre style, unique. A voir, à revoir.

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7 - Colère noire (La citta sconvolta) / Fernando Di Leo - 1975

Sorte de variation autour du fabuleux Entre le ciel et l’enfer de Kurosawa (insurpassable celui-là, l’un des plus beaux films policiers que j’ai jamais vu), Colère noire préfère entamer sa propre voie, à savoir très italienne : violence des situations, propos insoutenable, brutalité des méthodes, enjeux resserrés autour d’un nœud dramatique simple mais redoutable… Et de l’auto-justice en perspective, non sans l’accompagner d’un regard empli de souffrance virant au sacrifice le plus sombre. Luc Merenda est irréprochable, le film aussi. Une claque dans le registre du neo noir.

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8 - Le clan des pourris (Il trucido e lo sbirro) / Umberto Lenzi - 1976

Mélange des genres, humour des situations aux prises avec un sujet particulièrement brûlant à l’époque, Le clan des pourris reprend un peu les enjeux d’un Colère noire, mais sur un mode préfigurant le buddy movie des futures années 1980. En résulte un film bâtard, mais jouissif, et où les bonnes répliques fusent régulièrement. Milian n’en finit plus de crever l’écran aux côtés d’un Cassinelli stoïque et tout à fait à sa place. Ce n’est pas toujours très fin, mais j’adore.

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9 - La guerre des gangs (Luca il contrabandiere) / Lucio Fulci - 1980

Lucio Fulci, on aime ou on déteste. L’au-delà reste par ailleurs l’un des plus grands films d’horreur jamais réalisés, ne serait que pour sa structure fascinante et bien plus cohérente dans son approche globale que ce que beaucoup ont pu en dire (de fait, le film est d’une logique stupéfiante si l’on prend le temps de le percevoir pour ce qu’il est). La guerre des gangs, c’est du grand Fulci, horrible et dérangeant, d’une violence qu’on a peu vu dans le genre policier au sein de l’histoire du cinéma. Impressionnant, le film reste un uppercut trouble et difficile à accepter à la première vision. Une énorme claque, difficile à apprécier, mais rudement sérieuse et très noire.

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10 – Le cynique, l’infâme et le violent (Il cinico, l’infame, il violento) / Umberto Lenzi – 1977

Milian se répète bien un peu, et Merli tire toujours autant la gueule, mais justement, c’est un régal… Parce que c’est très bien conçu. Très solide, ce polar d’action d’une élégance un peu plus raffinée que d’ordinaire pour Umberto Lenzi, saura séduire un assez large public habitué au polar. C’est fun, très enlevé, une nouvelle fois tout à fait parlant sur les années de plomb, et fort bien mis en scène.

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Il y en a d’autres que j’ai beaucoup aimé, mais il fallait bien choisir. Il m’en reste quelques-uns à regarder sur ceux que j’ai déjà acheté, ce qui pourrait bien bouleverser le classement. D’autant que j’ai encore quelques Fernando Di Leo à découvrir en blu-ray ! Et aussi des choses plus simples, comme la saga des Mark il poliziotto.
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