Arthur Lubin (1898-1995)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Charlie_Movietone
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Arthur Lubin (1898-1995)

Message par Charlie_Movietone »

Je viens de voir un film de Arthur Lubin «Impact» avec Brian Donlevy et Helen Walker tourné en 1949.
C'est un excellent film noir série B que je recommande. Pourtant je me demande qui es Lubin. Le seul autre film que je connaisse de lui est «Le fantôme de l'opéra», médiocre remake du chef-d'oeuvre de Rupert Julian.
Ma bibliothèque est muette en ce qui le concerne. Pouvez-vous me dire si «Impact» est une exeption dans son oeuvre ou bien si j'ai loupé quelque chose d'autre.
CM
Lord Henry
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Message par Lord Henry »

Black Friday (1940)

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Brillant chirurgien désargenté, Ernst Kovak (Boris Karloff) sauve la vie de son ami le professeur Kingsley (Stanley Ridges) en lui greffant une partie (!) du cerveau du gangster Red Cannon.
Mais la personnalité de ce dernier finit par faire surface et Kovak décide d'en tirer parti pour mettre la main sur le butin dissimulé par le truand.

Alerte série B (à peine plus d'une heure), Black Friday marie par la grâce d'un scénario abracadabrantesque, le film de gangster façon Warner et le mythe de Jekyll et Hyde.
Si l'on se félicitera du soin inespéré apporté à la réalisation, en revanche on mettra en garde le spectateur crédule contre une affiche trompeuse; car en vérité, Bela Lugosi se trouve ici relégué à un rôle secondaire et il ne partage aucune scène avec Boris Karloff.


Impact (1949)

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Après avoir échappé à une tentative de meurtre fomentée par son épouse, un industriel découvre incognito les vertus de la vie provinciale et de l'amour désintéressé.

J'ai appris que ce film semblait jouir d'une petite réputation, laquelle ne se justifie que parce qu'elle est précisément petite.

En vérité, Impact tient aussi du bien du film noir de fond de tiroir que du mélo au rabais.
Il suffit de réunir une distribution dénuée du moindre charisme - Brian Donlevy en tête! - et de la confier à un tâcheron (Arthur Lubin) qui à le seul mérite de ne pas bâcler son affaire.
Et le tour est joué!
Dernière modification par Lord Henry le 20 juin 09, 14:30, modifié 1 fois.
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Lord Henry
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Message par Lord Henry »

Si j'ai bonne souvenance le brillant Brion avait programmé Footsteps in the Fog dans le cadre du Cinéma de mes nuits.

Un thriller victorien dans lequel Stewart Granger a le mauvais rôle:

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Arthur Lubin passe généralement pour un tâcheron appliqué, et l'Histoire retiendra qu'il fut le premier réalisateur à employer régulièrement Clint Eastwood.
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Nestor Almendros
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Re: Arthur Lubin (1898-1995)

Message par Nestor Almendros »

DES PAS DANS LE BROUILLARD (1955) - Cinéma de Minuit

Un petit film à suspense "Victorien" pas déplaisant, dans la lignée de films comme GASLIGHT (ainsi que l'a souligné At Close Range dans un autre topic). C'est suffisamment rythmé et bien mené pour satisfaire le spectateur mais on peut, en même temps, regretter un manque certain de profondeur dans la caractérisation des personnages et de certaines situations. L'histoire se borne à provoquer des coups de théâtre, à utiliser un certain sens de la surprise, mais toujours dans des effets immédiats sans s'investir davantage sur un terrain plus complexe. Je trouve qu'avec cette servante amoureuse et ce maître déterminé dans ses ambitions, avec ces trahisons et ses quiproquos adéquats, on n'est pas si loin d'un schéma de tragédie grecque. D'où le sentiment de gâchis par rapport à une histoire qui se contente de la surface alors qu'il y avait un potentiel à creuser.

Mais, en l'état, c'est tout à fait honorable, tout à fait plaisant et sympathique. Stewart Granger incarne bien son personnage sans se forcer. Et j'aime beaucoup Jean Simmons...
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films naphtas - Juillet 2010

Message par Profondo Rosso »

Des pas dans le brouillard de Arthur Lubin (1955)

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Stephen Lowry affiche une douleur feinte à la mort de sa femme. Dans son for intérieur, il se réjouit d'autant plus malignement que c'est lui qui l'a empoisonnée. Sa jeune domestique, Lily Watkins, a trouvé le flacon d'arsenic. La voici armée d'un redoutable moyen de pression, dont elle ne se prive pas d'user. Elle contraint Stephen à faire d'elle sa maîtresse et se met à régenter la demeure. Or, Stephen veut épouser Elizabeth, la fille de son associé Alfred Travers. Il lui faut dès lors se débarrasser de l'encombrante Lily...

Un redoutable thriller remarquablement équilibré dans toutes les directions qu'il prend. La première scène donne le ton avec une scène d'enterrement où le veuf joué par Stewart Granger semble terriblement accablé. Rentrant péniblement sous une pluie battante dans la vaste demeure désormais vide nous le voyant de dos contempler le portrait de la défunte, avant qu'un plan sur son visage ne nous dévoile un triomphal sourire de satisfaction. Le récit (adapté d'une nouvelle de W. W. Jacobs) tourne autour de la relation amour/haine entre le veuf assassin et sa servante jouée par jean Simmons qui après avoir démasqué son maître le soumet à un odieux chantage. Les motifs des deux personnages à leur actes répréhensibles semble les même, l'argent et la réussite sociale. Granger s'est marié pour la fortune de sa femme et l'a tué pour en profiter seul tandis que Simmons soustrait différent avantages matériels et de statut en échange de son silence. Les échanges entre les deux sont d'ailleurs très mordant dans un premier temps avec un festival de dialogue à double sens et d'allusions macabres. La servante pourtant comme seul but de rester proche de son maître dont elle est amoureuse et qu'elle va sauver du désastre à plusieurs reprise lorsque la suspicion se fera ressentir. Jean Simmons délivre une prestation brillante avec son personnage froid et déterminé, usant de tout les moyen pour ne pas être séparé de Granger mais qui s'avère touchant de naïveté et de soumission dans l'adoration qu'elle lui porte. Au contraire ce dernier semblant incarner l'insensibilité des classe aisée s'avère un redoutable manipulateur, impulsif et froid. L'alchimie entre Granger et Simmons (mari et femme à l'époque) fait merveille dans cette relation aux multiples contradictions mêlée de lutte des classes. C'est aussi un remarquable thriller, tendu à souhait notamment la séquence justifiant le titre qui délivre un meurtre saisissant et brutal dans la brume londonienne. Derrière chaque sourire où geste tendre se dissimule le calcul et les arrières pensées même si sa dualité Jean Simmons s'avère une nouvelle fois la plus émouvante comme le montre la conclusion redoutable et tragique à la fois. Un vrai plaisir pour les yeux aussi, avec des intérieurs splendide (notamment la demeure de Granger qui renforce le côté Cluedo du film) et une photo magnifique de Christopher Challis bien connu pour son travail sur certains des plus somptueux Powell/Pressburger.5/6
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Cathy
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Re: Arthur Lubin (1898-1995)

Message par Cathy »

Pas grand chose à ajouter aux critiques de Nestor et Profondo Rosso sur Des pas dans le brouillard, si ce n'est que ce film d'ambiance met quelque part mal à l'aise avec ces personnages qui ne suscitent que peu d'empathie. Nous sommes dans ces huis clos typiques à ce style de film "policier", mais quelque part les ressorts sont un peu trop évidents. Stewart Granger est excellent dans le rôle de cet assassin qui finalement se fait avoir, quant à Jean Simmons, elle est parfaite pour ce rôle de gouvernante bien fade !
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films naphtas : Septembre 2010

Message par Profondo Rosso »

Le Fantôme de l'Opéra de Arthur Lubin (1943)

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La prometteuse soprano Christine Dubois est une jeune femme très courtisée, à la fois par le chanteur lyrique Anatole Garron et l'inspecteur Raoul D'Aubert. Mais elle a également un prétendant secret, ancien violoniste de l'Opéra de Paris défiguré par une projection d'acide, qui hante les catacombes de l'édifice...

Seconde adaptation hollywoodienne du roman de Gaston Leroux, après celle de 1925 avec Lon Chaney. Produite à nouveau par Universal, elle s'inscrit dans la veine de toute les adaptations fantastique qui firent la gloire du studio dans les années 30 avec les Frankenstein de James Whale, le Dracula de Tod Browning ou encore L'Homme Invisible. Sur le papier du moins et dans l'intention sans doute mais les différents choix de Arthur Lubin donne une toute autre tonalité au film. Là où on attendait un noir et blanc tout en jeu d'ombres où on imaginerait le fantôme tapi dans les alcôves de l'opéra, Lubin use d'un technicolor éclatant. De même, il faut toute la conviction de Claude Rains en musicien poussé aux dernières extrémités par le dépit amoureux et les humiliations pour croire à l'aspect torturé du fantôme, le scénario expédiant son drame dans une brève première partie. Il ne réapparaît ensuite que par intermittence pour rappeller qu'il y a tout de même une menace qui pèse sur les personnages.

Le vrai film de Lubin est donc moins une adaptation de Gaston Leroux qu'une comédie fantastique mâtiné de film d'époque. Les décors sont imposants et soignés que ce soit l'opéra visités de fond en comble où de superbes maquette et matte painting du Paris de la Belle Epoque. Les séquences d'opéra sont d'ailleurs forts réussies, notamment celle qui ouvre le film où Lubin met autant en valeur ce qui se déroule sur scène que les futurs rapports entre les personnages exprimés par la seule image : le triangle amoureux entre Christine Dubois, Raoul et Anatole, l'amour secret et maladif du violon Claudin ou encore la jalousie de la soprano Biancarelli. Lubin passe de l'un à l'autre avec maîtrise à travers d'ample mouvement de cama sillonnant l'opéra. Bien que déjà rompu au fantastique avec Fantôme en vadrouille tout comme dans ce dernier le genre semble plus se prêter à la comédie qu'au pur film d'épouvante mystérieux, la preuve avec l'intrigue amoureuse légère qui prend une place insensée au détriment de la vengeance et passion tragique du fantôme menaçant trop brièvement. Il faut tout de même admettre que le suivre se suit agréablement grâce aux qualités plastiques évoquées et à l'allant des acteurs mais vu les moyens déployés c'est tout de même frustrant. La conclusion laissant découvrir le superbe et imposant décor des catacombes fait clairement regretté à ce que le film aurait pu être en d'autres mains, tant tout ce qui manquait précédemment s'amorce là pour un court instant. Claudin jouant pour son aimée tenue en otage avec ferveur, un bref instant de magie trop vite interrompu le film se concluant même sur une ultime note rigolarde. 3,5/6
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Re: Arthur Lubin (1898-1995)

Message par Hitchcock »

Des pas dans le brouillard : Je l'avais vu il y a très longtemps et je n'avais quasiment aucun souvenir du scénario. En fait, celui-ci propose non seulement une intrigue policière très ingénieuse avec beaucoup de suspense et de retournements de situation, digne de Conan Doyle (les costumes et les décors font d'ailleurs penser à l'époque de Sherlock Holmes), mais c'est également une histoire d'amour pleine d'émotion. Les interprétations de Stewart Granger, personnage très sombre (double meurtrier) et de Jean Simmons, jeune femme d'apparente innocence qui va mener un redoutable chantage, sont formidables. On notera également la scène finale, tout simplement bouleversante. Cependant, je pourrais reprocher le manque d'originalité dans la mise en scène (mis à part dans la superbe scène du meurtre dans le brouillard) ainsi que quelques longueurs, mais ça reste un chef d'oeuvre du cinéma britannique. 17/20
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Supfiction
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Re: Arthur Lubin (1898-1995)

Message par Supfiction »

Je me joins aux louanges à propos de Des pas dans le brouillard. Stewart Granger impeccable et Jean Simmons réussit l’exploit d’être touchante malgré tout. Et les décors sont formidables.
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