Les comédies populaires françaises

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Music Man
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Message par Music Man »

Cathy a écrit :
De plus, je crois que toutes ces comédies étaient fédératrices pour le grand public. Il ne faut pas oublier que l'implantation du cinéma n'était pas non plus la même qu'aujourd"hui et qu'il n'y avait pas la télévision !
Tout à fait d'accord avec toi, Cathy. Tu fais bien de rappelr les noms du très grand René Clair, de Robert Lamoureux (il n'y a pas si longtemps la série de la 7ème compagnie était rediffusée sans cesse à la télévision, car très populaire).
Et l'immense Jacques Tati? Max Linder qui a inspiré les plus grands? Pierre Etaix? Francis Blanche?
Et je suis sûr qu'on en oublie encore, tant nous avons eu en France des talents populaires, qui ont fait rire la France entière. D'ailleurs si dans 50 ans, existe encore une émission débiel du style les 100 plus grands moments des films comiques, peut être aura t'on laissé de coté les Bronzés et les films de Claude Zidi.
Private Joker
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Message par Private Joker »

fantomas 2 a écrit :Pauline Carton bien entendu, chez Guitry aussi mais dans bien d'autres films.
Elle est excellente.
Je la trouve géniale dans (entre autres) Ces Messieurs de La Santé de Pierre Colombier. Une Madame Génissier très comique, aux côté d'un Raimu toujours magistral.
fantomas 2
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Message par fantomas 2 »

Je suis en partie en désaccord avec Beule, pour une raison extrêmement simple (et très vérifiable) c'est que le public des années 30, 40 et 50 (j'en ai fait partie, du moins pour la dernière décade) allait souvent voir les "grands" films au moins autant pour leurs "seconds rôles" que pour les vedettes consacrées. Pauline Carton, Jeanne Fusier-Gir, Noël Roquevert ou Pierre Larquey, étaient infiniment plus que des "seconds rôles", et il suffit de regarder les affiches de l'époque, qui leur font la part belle, et sur lesquels ils éclipsent parfois les vedettes !
Larquey est magistral dans "Le corbeau", tout autant que Fresnay, Ginette Leclerc, Noël Roquevert, Hélèna Manson et tous les autres. Il est inoubliable dans les versions de "Topaze" avec Jouvet ou Fernandel, et vole la vedette à ce dernier dans beaucoup de leurs scènes. Et dans "Le père Goriot", c'est avant tout de Larquey qu'on se souvient...
Un autre "comique" (mais bien plus que çà, il suffit de le voir dans "Pépé le Moko"...) pas du tout oublié, c'est évidemment Charpin, un des plus grands (la trilogie de Pagnol perd un peu de sa saveur dans le dernier épisode, après la mort de Panisse, non ?) - et il y en a tant d'autres que j'oublie...
Et Yves Deniaud, qui mériterait un topic à lui tout seul... Revoyez-le dans "Fantômas" et "Fantômas contre Fantômas", "L'étrange désir de Monsieur Bard" où il tient tête à Michel Simon, et en "garçon d'étage" dans "Huis-clos" de Jacqueline Audry... sans oublier les films dont il fut la vedette, les "Monsieur Leguignon"... et, peu de temps avant sa mort prématurée, en "vieil ouvrier" dans "Les copains du dimanche", aux côtés d'un Belmondo alors presque débutant...
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Cathy
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Message par Cathy »

Comme je l'ai dit dans ma réponse précédente, je ne l'avais dit que pour les comédies, mais c'est vrai pour tout le cinéma français d'une certaine époque, ce sont les seconds rôles qui faisaient les films.
C'étaient les gueules du cinéma. Certains acteurs n'ont quasiment jamais eu de premiers rôles comme Pierre Larquey, Balpetré, etc. mais c'étaient eux qui faisaient la valeur du film. Tu parles de Larquey dans le Corbeau, mais dans l'Assassin habite au 21, les habitants de la pension comprennent quand même Noel Roquevert, Pierre Larquey et Jean Tissier, sans oublier Suzy Delair !

Il y aussi Julien Carette qui a apporté beaucoup aux comédies françaises.
paul_mtl
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Message par paul_mtl »

Cathy a écrit :Certains acteurs n'ont quasiment jamais eu de premiers rôles comme Pierre Larquey, Balpetré, etc.
Exact et d'autre oui comme un certain Yves Deniaud dans Monsieur Leguignon, lampiste (1952)
alors que Louis de Funes et Jean Carmet avaient les second rôles. :mrgreen:
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hector
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Message par hector »

Tout d'abord un grand merci pour toutes vos contributions, toujours précises et passionnées.Je précise que si j'ai ouvert ce fil c'est pour me donner des idées de découvertes de nouveaux films et de ce point de vue vos exemples & citations m'ont comblé!

En fait , comme l'a précisé Beule (et je n'ai pas forcémént été très clair sur ce point), ce qui m'intéresse ici ce sont avant tout des comédies fédératrices qui ont rassemblé les français de toutes les couches sociales, jeunes ou vieux. Les visiteurs pour cela me parait un bon exemple, car ce fut un succès très populaire qui toucha aussi bien la france d'en bas que d'en haut (désolé pour les gros mots, j'ai du mal à m 'exprimer...) il me semble..
Par exemple, j'ai sciemment omis dans ma petite liste les tontons flingueurs -que j'adore- (et les audiard/lautner en général), car il me semble malgré tout que contrairement à la grande vadrouille sortie à la même époque, et malgré sa popularité énorme, ce film reste un film pour happy few (certes de moins en moins few), presque un film de ralliement -il y a ceux qui aiment et les autres-, et de plus que les enfants ne peuvent pas trop accrocher à cet humour basé aussi fortement sur les dialogues.
De plus c'est clair que le comique troupier des années 30, même si il a rencontré du succès à l'époque, ne rentre pas dans cette catégorie: ayant toujours été majoritairement considéré par tout un pan de la population comme "complètement crétin", à tort ou à raison!
J'aime beaucoup Tati mais j'ai peur qu'il n'ait pas été massivement populaire...je me mets peut etre le doigt dans l'œil...
Mais bon fédératrices ou pas toutes les comédies m'intéressent du moment qu'elles font rire!
J'ai bien aimé vos remarques sur l'importance des seconds rôles dans les comédies de ces époques, j'en suis moi-même très friand.Mais on en trouve encore pleins de nos jours, et des bons: Jean Carmet (+), Gérard Darmon, François Berléand, Isabelle Nanty et tant d'autres sont ou ont été d'excellents seconds rôles!! De ce point de vue je ne suis pas nostalgique..

pour les années 50:
L'auberge rouge: je l'ai vu il y a trop longtemps pour en juger, mais il pourrait être un bon candidat à ma liste ...Néanmoins c'est un Autant-Lara, peut-être un peu trop grinçant pour être fédérateur, non?
Les don Camillo que kevin95 a cités: bizarrement je n'en ai vu aucun, il va falloir que je m'y mette ...
M. Leguignon: je note, je vais essayer d'en voir ...
La vache et le prisonnier: ce film laisse une grande place à l'émotion, ce qui fait que je ne le catalogue pas directement dans la catégorie comédie..
à voir aussi: l'étrange désir de M Bard

Années 40: Pas une grosse décennie pour les comédies (en même temps ça peut se comprendre ...). Très curieux de découvrir battement de cœur , premier rendez-vous et surtout honorable Catherine (le synopsis d'allociné m'a mis l'eau à la bouche...). et marie-martine... mais c'est pas gagné, je crois bien qu aucun n'existe en dvd ...

Années 30: j'apprécie énormément fric-frac! Trio Arletty/Simon/Fernandel excellent. Apparemment il n'y a pas beaucoup de titres de films qui ressortent de vos interventions, surtout des noms d'acteurs.J'aimerais découvrir d'autres comédies avec Simon, Raimu , Charpin... (je connais la trilogie de pagnol bien sûr...).Mais tant qu'à faire les meilleurs dans leur filmographie plus qu'abondante: lesquels?
J'ai noté quand même ces messieurs de la santé
Dîtes moi si j'en oublie!

Pour fantomas2: bon alors rassure-toi, je connaissais effectivement Raymond Bussieres sans le savoir, ayant vu l'assassin habite au 21 et Quai des orfèvres il y a quelques temps déjà... 2 très bons souvenirs d'ailleurs...malgré tout je suis assez limité niveau filmo, d'où ce fil pour m'améliorer! :wink:

Remarque sur Darry Cowl,j'en profite pour le dire ici car le fil qui lui est consacré a été fermé!:si je l'ai pour l'instant trouvé décevant dans les films où il tient la tête d'affiche (mais je n'ai vu que le triporteur, et un avec Francis Blanche), il est fantastique en second rôle, bien employé : scène géniale dans les pissenlits par la racine , la meilleure du film peut-être, et sketch hilarant dans les veinards. Rien que pour ça, respect pour ma part!
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Cathy
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Message par Cathy »

Je pense qu'il ne faut pas voir génératrice dans le même sens. Tout ce cinéma était très populaire, et les gens allaient voir ce qui est aujourd'hui considéré comme des nanars. Les Jean Richard en sont le meilleur exemple, succès public de certaines époques, mais aujourd'hui oublié. Il y a aussi des comédies comme les Yves ou Marc Allégret, je ne sais plus lequel style "En effeuillant la marguerite", "Une parisienne" là c'est Boisrond me semble-t'il. Ce sont des comédies qui a l'époque faisaient recette.
Les Jacques Tati étaient fédérateurs surtout les Vacances de Mr Hulot ou encore Mon Oncle
Don Camillo me semble l'exemple des comédies totalement fédératrices vu le nombre de suites :) !
Julien Lepers
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Message par Julien Lepers »

hector a écrit : J'ai noté quand même ces messieurs de la santé
bip bip :o

ce film n'est pas une comédie.
fantomas 2
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Message par fantomas 2 »

Dans les années cinquante, les films restaient très longtemps à l'affiche, et quand je dis "très longtemps", je compte en années. Pendant des mois, ces films passaient en exclusivité dans diverses salles parisiennes, et ensuite seulement débarquaient en banlieue - même en banlieue proche, j'habitais Aubervilliers et à moins de prendre le métro et d'aller voir ces films dans une salle parisienne, il fallait patienter. Dans le même temps, et pour des années, ces mêmes films voyageaient d'une salle de seconde exclusivité à une autre. Le même film pouvait être vu en salles pendant dix ou quinze ans, au hasard des quartiers... Donc, si certains titres se sont éternisés sur les écrans (car d'autres disparaissaient relativement vite), on peut en déduire qu'ils avaient du succès...
Bizarrement, certains titres aujourd'hui considérés comme des classiques incontournables n'eurent qu'un succès mitigé, et ne trouvèrent leur vrai public que beaucoup plus tard, comme "Drôle de drame". Je me souviens avoir adoré "Zazie dans le métro" (c'est le film qui me fit découvrir Philippe Noiret, et Yvonne Clech, entre autres) et l'avoir vu et revu, et à chaque fois, des gens quittaient la salle au bout de vingt minutes!
Les comédies avec Raymond Bussières et Annette Poivre étaient immensément populaires, ainsi que celles avec Henri Génès et Jeannette Batti. Les films d'Emile Couzinet aussi : il y avait toujours du monde pour "Le congrès des belles-mères" ou "Trois vieilles filles en folie", pour le plaisir de voir des acteurs aimés, souvent limités dans d'autres films à deux ou trois apparitions, tenir ici l'écran pendant quatre-vingt-dix minutes... Souvent, les films étaient le prolongement d'émissions radiophoniques à succès, avec les mêmes acteurs, comme Raymond Souplex et Jane Sourza (encore un duo immensément populaire) dans "Sur le banc" où ils incarnaient deux clodos sympathiques et philosophes... Il y avait aussi le regretté Maurice Baquet, virtuose en tout et roi de la gaffe, qui fut un très amusant "Bibi Fricotin" d'après les albums de Forton (il y eut aussi deux films tirés des "Pieds Nickelés" et un "Zig et Puce sauvent Nénette"), l'excentrique Mischa Auer, qui avait commencé sa carrière à Hollywood dans quelques films d'épouvante de série B comme "The Monster Walks", avant de se tourner vers la comédie burlesque ("Hellzapoppin"), puis de venir en France ("L'impossible M. Pipelet", avec Michel Simon et Gaby Morlay) et enfin en Italie. Après avoir fait pleurer bien des spectateurs - et pas seulement des midinettes - dans les années trente avec des films comme "Le voile bleu", Gaby Morlay s'illustra en effet dans d'épatantes comédiés, parmi lesquelles "Papa, Maman, la bonne et moi" et sa suite. Il y avait encore l'éternel vieillard Sinoël, qui tint même un personnage de... vieille femme dans "Sortilèges" de Christian-Jaque (qui n'est pas une comédie)...
En ce moment, une des meilleures comédies françaises des années de l'Occupation repasse sur nos écrans télé, c'est "La nuit fantastique" de Marcel L'Herbier, avec Fernand Gravey, Micheline Presle, Saturnin Fabre... un bijou à ne rater sous aucun prétexte !
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Beule
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Message par Beule »

Toujours pas plus convaincu par vos arguments, Cathy ou Fantômas. Ce que je ressens en vous lisant, c'est qu'il serait pratiquement impossible de hiérarchiser l'influence, le retentissement , l'aura - appelez ça comme bon vous semblera - des différents intervenants de la comédie française de ces trois premières décennies du parlant, et partant des oeuvres qui leur sont associées.

Pour moi le mérite majeur de vos énoncés est de prouver à Hector que le cinéma d'alors regorgeait de talents comiques populaires. Et pour cause puisque cinéma et populaire étaient dans ces années-là deux termes presque pléonastiques. Mais Hector en a t-il jamais vraiment douté ? J'en doute. Et de démontrer qu'à leur manière tous ces intervenants étaient incontournables dans le paysage cinématographique français. Soit. Mais entre incontournable et emblématique il y a une nuance de poids.

Quitte à me montrer un brin sarcastique pour illustrer mon propos, je prétendrai qu'affirmer -ou laisser croire- qu'en terme de reconnaissance populaire le couple Génès/Batti pourrait rivaliser avec Fernandel c'est un peu vouloir faire passer des vessies pour des lanternes. Et ce même si à leur manière ils sont représentatifs de ces années 50, synonymes selon moi de nivellement qualitatif par le bas. Ainsi d'ailleurs, en dehors des Don Camillo qui appartiennent peut-être davantage encore au patrimoine italien qu'à celui de la comédie française, il me semble qu'aucun Fernandel de cette décennie ne saurait se hisser, au moins par son impact dans l'inconscient collectif, au niveau de ses opus les plus significatifs de l'immédiat avant-guerre, sous la houlette de Christian-Jaque (François 1er) ou même Maurice Cammage (Les cinq sous de Lavarède). A savoir des triomphes commerciaux dont le succès ne s'est jamais démenti en salles jusqu'aux années 60 lorsque la télévision prit la relève pour asseoir leur postérité. A savoir surtout, peut-être même plus encore que ses collaborations avec Pagnol -parce que la paternité de ce dernier est forcément envahissante-, des œuvres nommément identifiables, à la fois indissociables et représentatives à nu du mythe bon enfant de Fernandel.

Toutes proportions gardées, ces attributs ne sont pas loin de faire de ces Fernandel l'équivalent de ce que seront plus tard La Grande Vadrouille ou Le Corniaud pour l'association Bourvil/De Funès, Le Grand Blond ou La Chèvre pour Pierre Richard et consorts, etc. Des films phares et symboliques, aimés et connus de (presque) tous, amour transmis de génération en génération. Ce statut filmographique si particulier ne saurait être réduit au simple succès commercial de circonstance, auquel cas nous serions en droit -et en devoir- de signaler à Hector des absences significatives parmi les icônes désignées par ses soins pour "immortaliser" les décennies plus récentes.

Après tout que je sache, les années 70 ont aussi été marquées par le triomphe des Charlots, de la série La septième Compagnie de Lamoureux (parmi d'autres Jean Lefèbvre de plus ou moins bas étage) comme le rappelait Music Man, elle virent aussi Annie Girardot trouver sa place au firmament pour partager jusque sur un pied d'égalité l'affiche de la Zizanie avec De Funès. Et qui se souvient aujourd'hui de l'inconcevable attractivité qu'exerçaient des épiphénomènes comme Aldo Maccione ou Francis Perrin (de Tête à claques à Ca n'arrive qu'à moi) au début des années 80 ? Sans même parler de Coluche ou de Jean Yanne qui eux sont encore et toujours des champions du Prime time de Mediamétrie. Et je suis persuadé que beaucoup de ceux-là (les inénarrables Charlots en tête) ont ratissé un public au moins aussi large (et je pèse mes mots !) que celui de "la bande à Couzinet", des Souplex, Sourza, ou même de Jean Richard au tournant des années 50/60. Que celui des Armand Bernard, Bach, Milton dans les années 30. Or, personne n'a contesté le bien-fondé de la liste d'Hector. Parce qu'il s'agissait avant tout de produits de consommation courante sachant circonvenir le public -encore que la démarche pût être fortuite comme l'exprime avec brio l'incontournable J.C. dans sa chronique des Bidasses en Folie- en surfant sur l'air du temps. Des produits somme toute indifférenciés, consommés indifféremment, comme pouvaient l'être, nonobstant les évolutions de la consommation cinématographique, les Bussières / Carbonnaux par le public de province du samedi soir ou des dimanche après-midi dans les salles de patronage vingt ans plus tôt. Et donc dépourvus de cette universalité essentielle à toute postérité. Questionnez vos aînés. Tous ces excentriques qui ont fait les beaux jours d'un cinéma populaire peu exigeant sont connus : "ah Bussières (on peut ici à loisir changer l'identité du comique), c'était un rigolo celui-là !" Par contre, pour peu que l'interlocuteur soit totalement étranger à une quelconque culture cinématographique, lorsqu'il s'agira d'identifier nommément un film étendard de sa filmographie, vous risquez de vous heurter à un irrémédiable blanc. Renouvelez la démarche avec Fernandel, (ou Bourvil, ou Raimu, ou Darrieux...), neuf fois sur dix le résultat sera autrement plus probant.

Ce n'est quand même pas un hasard si de grands sondages d'opinion à diverses époques désignèrent les champions des Français et que de mémoire ils célébrèrent Fernandel, Raimu, Darrieux, Feuillère et quelques autres avant guerre ou Fernandel, Michèle Morgan, Gabin (bien sûr) dans les années 50. Nulle part dans ces sondages (repris notamment par Bessy et Chirat dans leurs différents volumes du Panorama du Cinéma Français) ne sont mentionnés les grands excentriques de notre patrimoine. Ce n'est pas pour autant faire injure à leur talent souvent considérable -j'ai beaucoup plus d'affection pour Carette que pour Fernandel, pour Adieu Léonard ! des frères Prévert que pour son contemporain Adrien), ni encore moins nier qu'ils purent être incontournables. Au demeurant certains d'entre eux se sont extirpés de la nasse pour devenir des vedettes de premier plan parmi les plus appréciées du public (cf Blier dans l'immédiat après-guerre qui triompha d'ailleurs à plusieurs reprises dans la comédie: Les petites du Quai aux fleurs, Monseigneur, les deux Le Chanois Agence Matrimoniale et Sans Laisser d'adresse -sans parler de ses collaborations avec Guitry- sans pourtant je pense pouvoir être désigné à l'égal de l'une de ces figures emblématiques qu'Hector recherche).

De par l'éloignement de ces films par rapport à nous, de par la rupture existant dans les modes de consommation des films, isoler ces références de la grande comédie populaire s'avère effectivement très délicat (d'autant que les filmographies des grandes figures populaires abondent elles-aussi en titres insignifiants, comme celles de Fufu ou Pierre Richard par la suite) mais il me semble bien toutefois que c'est de ce côté-là qu'il faut creuser pour satisfaire aux exigences premières de la requête d'Hector.
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Beule
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Message par Beule »

Julien Lepers a écrit :
bip bip :o

ce film n'est pas une comédie.
Ah bon ? C'est pas du Bresson non plus que je sache... En revanche Marie-Martine, relevé par Hector, ne louche effectivement vers la comédie que le temps de la séquence de l'oncle Parpin (magistral S. Fabre justement vanté par Fantômas).
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Cathy
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Message par Cathy »

Mais le cinéma reposait sur un ensemble de vedettes et aussi de metteurs en scène. Il faudrait comparer ce qui est comparable et voir qu'à partir d'un moment la télévision entre dans les foyers, le cinéma est conçu de manière différente, la publicité est différente. Il ne faut pas oublier non plus que la "nouvelle vague" a tué tout ce cinéma de divertissement qui existait avant faisant tomber la comédie dans une espèce de "sous-genre", alors qu'avant les comédies étaient côtées réellement !
Fernandel est bien emblématique ET incontournable à une certaine époque tout comme Raimu !
Alors oui, il n'y a peut être pas LE film d'une décennie, mais dix films par décennie et toute une pléiade d'acteurs qui leur sont liés. Et sans doute le cinéma reposait-il sur cette brochette d'acteurs et sur des textes (Jeanson, Prévert) et pas sur un mode comique ! Les films de Fernandel sont aussi caractéristiques de cette époque et emblématiques !
fantomas 2
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Message par fantomas 2 »

Le fait que lorsqu'on interroge le public, il se souvienne davantage de Gabin, Raimu, Harry Baur, Darrieux, etc. que de Bach, Bussières, Saturnin Fabre, etc. n'a rien de surprenant en soi, puisqu'il s'agit d'un public contemporain, qui ne voit plus que les têtes d'affiche, tout comme le cinéma français actuel dans son ensemble. Par ailleurs, il ne peut parler que de ce qu'il connaît, ce public, or il y a belle lurette que la télevision ne passe plus en prime time de films comme "Le 84 prend des vacances", "Le don d'Adèle" ou "Les carottes sont cuites". Pour qu'un film en noir et blanc soit proposé aux téléspectateurs, il faut impérativement qu'il soit déjà connu de ces derniers... Ce qui explique que les "Don Camillo", "La traversée de Paris" ou "L'auberge rouge" repassent plus souvent que "Trois artilleurs au pensionnat" - leur statut de chefs-d'oeuvre joue effectivement beaucoup dans ce choix, mais rien ne dit que d'autres films moins connus, voire carrément oubliés, ne "fonctionneraient" pas à nouveau, si les responsables des chaînes avaient un peu plus d'audace, et les téléspectateurs de curiosité...

Par ailleurs, et quel qu'ait été leur succès - que je ne nie pas - en leur temps, il me semble qu'il y a eu une baisse sensible de qualité entre le cinéma populaire des années trente à cinquante et ce qui a suivi, les "Charlots" et autre Aldo Maccione. Il se peut que l'acteur italien ait été mal employé ou qu'il ait fait un mauvais choix de carrière, mais je ne l'ai jamais vu dans autre chose que des navets, et quant aux "Charlots", ils étaient d'une nullité affligeante. Rien à voir avec les acteurs mentionnés dans les "posts" précédents, qui avaient tous fait leurs preuves et dans toutes sortes de films - dont pas mal de chefs-d'oeuvre. Emile Couzinet, à tort ou à raison, est généralement considéré comme un tâcheron auteur de nanars, il n'empêche que j'ai dû voir une bonne quinzaine de fois "Le congrès des belles-mères", alors que pour m'infliger de nouveau "Les Charlots font l'Espagne", il faudra m'attacher !
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Message par Music Man »

hector a écrit :J'aime beaucoup Tati mais j'ai peur qu'il n'ait pas été massivement populaire...je me mets peut etre le doigt dans l'œil...
Voici une liste des comédies ayant fait le plus d'entrée entre 1945 et 1956. Pour établir , je me suis basé sur les hits parades figurant sur le site suivant auquel je vous suggère de vous reporter , c'est passionnnant et parfois cela ôter certaines idées reçues, notamment concernant Jacques Tati : jour de fête et les vacances de Mr Hulot ont été à l'époque de gros succés commerciaux.
http://www.cbo-boxoffice.com/page000.ph ... oannu.php3
Dans ces hits pardes, j'ai essayé de garder les comédies les mieux placées, mais ce ne fut pas facile : peut on considérer Nais de Pagnol comme une comédie ou un drame poignant? (Ah la merveilleuse scène du bossu par Fernandel, génial et vibrant d'émotions, à la fin du film). Que dire des films musicaux avec Luis Mariano ( en partie comiques, en partie mélo sentimentaux). En tous les cas, on retrouve tous les noms quen chacun d'entre nous a cité, dont le célèbre Clochemerle qui donnait la part belle à tous les seconds rôles excentriques du cinéma français.
Voici cette liste :
45 LE ROI DES RESQUILLEURS (Devaivre) avec Rellys
NAIS (Pagnol) avec Fernandel
47 PAS SI BETE (Berthomieu) Bourvil
48 CLOCHEMERLE (Chenal) Saturnin Fabre
LES CASSE PIEDS (Dreville) Noel Noel
LES AVENTURES DES PIEDS NICKELES(Albouker) Rellys
7 ANS DE MALHEUR ?
49 JOUR DE FETE (Tati)
LE CŒUR SUR LA MAIN(Berthomieu) Bourvil
50 NOUS IRONS A PARIS (Boyer) Henri Genes, R Ventura
LE ROSIER DE MME HUSSON (Pagnol) Bourvil
LE ROI PANDORE(Berthomieu) Bourvil
PIGALLE ST GERMAIN DES PRES (Berthomieu) Henri Genes, J Moreau
51ANDALOUSIE (Vernay) Luis Mariano, C Sevilla
LE ROI DES CAMELOTS (Berthomieu) Yves Deniaud
CHACUN SON TOUR(Berthomieu) Robert Lamoureux
MA FEMME EST FORMIDABLE (Hunebelle) Fernand Gravey, S Desmarets
52 LE PETIT MONDE DE DON CAMILLO(Duvivier) Fernandel
LE FRUIT DEFENDU Fernandel
COIFFEUR POUR DAMES Fernandel
LE TROU NORMAND (Boyer) Bourvil, Brigitte Bardot
NOUS IRONS A MONTE CARLO (Boyer) Henri Genes, R Ventura
53 LES VACANCES DE MR HULOT (Tati)
LA BELLE DE CADIX (R Bernard) L Mariano
LE BOULANGER DE VALORGUE (Verneuil) Fernandel
55 LE CHANTEUR DE MEXICO (Pottier) Bourvil, Mariano, A Cordy
LE COUTURIER DE SES DAMES (Boyer) Fernandel, S Delair
PAPA MAMAN MA FEMME ET MOI (Lechannois) R Lamoureux
CETTE SACREE GAMINE (M Boisrond) Brigitte Bardot
Julien Lepers
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Message par Julien Lepers »

Beule a écrit :
Julien Lepers a écrit :
bip bip :o

ce film n'est pas une comédie.
Ah bon ?
Et oui !
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