En voyant une émission consternante censée élire la championne du monde des comédies françaises ou une ânerie dans ce goût là, je me suis dit qu' à chaque époque ont correspondu des comédies réunissant la majorité des français dans une franche rigolade (le succès dépassant d'ailleurs rarement l'hexagone):
* L'humour des nuls et Chabat (~90-2000)
* Les films de l'équipe du splendid (~80-90), des bronzés aux visiteurs.
* Les Francis Veber (~70-90)
* les films avec Pierre Richard (~70-80)
* Les Louis de Funès(~60-70), avec en premier lieu le corniaud et la grande vadrouille, au début des années 60.
Mais avant Je me suis aperçu que je ne pouvais en trouver?...
3possibilités:
1/ il n'y en n'avait pas.
2/ elles sont tombées définitivement dans l'oubli.
3/ je suis inculte
Alors ma question est:
Quelles sont les grandes comédies populaires des années 30,40,50?Et leurs acteurs fétiches ? Ni Pagnol ni Guitry ne répondent vraiment à l'appellation "comédie populaire": alors ?
Tu as raison je l'enlève: je voulais juste dire qu'à part lui je n'en voyais pas. Mais je ne connais pas très bien sa filmographie: lesquels de ses films correspondraient au critère sus-cité?
Sinon j'ai vu récemment les corsaires du bois de boulogne (enfin que le début): Raymond Bussières (que je ne connaissais ni d'Eve ni d'adam) avait le rôle titre, j'ai trouvé ça très mauvais, j'espère que ça n'est pas un grand succès des années 50.
Il y avait toute une série de comédie de moeurs, mais pas de pur comique, hormis les Fernandel qui sont quand même très typique d'une époque. Il y aussi eu des Raimus, Fric Frac peut être considéré comme une comédie des années 30-40 ! Je crois qu'il n'y avait pas une personnalité mais toute une série. La notion de comédie populaire n'était peut-être pas la même.
Je pense toutefois à toutes les comédies comme l'Honorable Catherine, Battements de Coeur, Premier rendez-vous, etc. qui sont bien symptomatiques d'une époque !
Et chez Fernandel, tu as tous les Ignace, Simplet, Coq du régiment, etc.
On pourrait même situer l'apogée de Fernandel, du point de vue de sa célébrité comme du point de vue de son importance dans le cinéma français, dans les années 50.
Décennie des Don Camillo, de L'Auberge rouge, de Topaze, d'Ali Baba, de La Vache et le prisonnier...
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
Mais il n'y avait pas que Fernandel, Bach aussi était extrêmement populaire, même s'il a tourné moins de films, et il suffit de lire les bouquins de Raymond Chirat sur le cinéma français des années trente et quarante pour constater que les comédies existaient à foison...
Quant à Raymond Bussières, ne le connaître "ni d'Eve di d'Adam", c'est inquiétant, çà veut dire qu'en-dehors de ses comédies populaires des années cinquante avec sa femme Annette Poivre, on n'a pas vu non plus des oeuvres aussi marquantes que "Nous les gosses", "L'assassin habite au 21", "Les portes de la nuit", "Les mille et une nuits" (de Bava et Levin), "Quai des Orfèvres", "Casque d'or" (où il est absolument extraordinaire), "Les belles de nuit", "Chéri-Bibi" (de Pagliero), "Porte des Lilas", "Nuits rouges / L'homme sans visage" de Franju, "Jonas qui aura 25 ans en l'an 2000", etc. j'avoue que j'ai du mal à y croire !
Les français ont toujours raffolé de films comiques. Outre le célébrissime Fernandel, il faut évidemment rappeler le tout aussi célèbre Bourvil, qui s'est illustré comme son modèle dans diverses comédies loufoques fort populaires, de tout niveau. Je me rappelle notamment d'un remake du Rosier de Mme Husson de Marcel Pagnol(avec Jacqueline Pagnol) que j'avais trouvé fort drôle.
J'en profite pour rappeler à la mémoire tous les fabuleux films de Pagnol, dont certains contiennent des scènes comiques d'anthologie, et qui sont les seuls films en noir et blanc toujours régulièrement diffusé à la télé en prime time (succès, merité, oblige).
Dans les années 30, on raffolait des "comiques troupiers", films souvent débiles situés dans le milieu militaire (rappellons qu'à l'époque le service militaire était fort long et constituait une étape importante de la vie d'un homme). Fernandel, Bach (du jadis célèbre duo comique de la radio Bach et Laverne "Toto, mange ta soupe"),Jean Gabin, Rellys (un comique du genre Fernandel, très populaire dans les années 40) se sont illustrés dans ce genre très particulier.
Il y a avait aussi les comédies de boulevard, théatre filmé, avec Elvire Popesco, Victor Boucher, Fernand Gravey, Florelle... ou les comédies burlesques populistes et bas de gamme avec le chanteur Georges Milton (faire pisser mirza, c'est pour mon papa...). Noël Noël, qui joua entre autres dans La Cage aux rossignols, la version originale des "Choristes" avait davantage de talent, mais a enchaîné les films de série B.
Comment oublier, pour les années 50, l'équipe des Branquignols menés par Robert Dhéry, qui m'ont valu peut être mais plus gros fous rires de mon enfance (j'adorais Allez France! que j'appréhende de revoir, tant j'ai peur d'être déçu, 30 ans après). Darry Cowl, Maurice Baquet, Jean Lefebvre ont abondemment tourné dans des comédies de séries Z fustigées par la critisue mais aimées du public...
Et j'en oublie tant d'autres (dont les films étaient encore rediffusés abondamment à la télé dans les années 70-80). je pense qu'en réflechissant bien, tous ces noms vont vous revenir en mémoire (à moins d'avoir moins de 30 ans!), car ils ont marqué la mémoire des cinéphiles!
Il me semble que Raymond Bussières a aussi fait partie de la troupe des Branquignols, on le voit notamment dans "Ah les belles bachantes" où il joue le rôle d'un plombier. Raymond Bussières surnommé "Bubu" est une des figures marquantes des seconds rôles. Il joue notamment dans Taxi, Roulotte et Corrida, avec Louis de Funès. Annette Poivre et Raymond Bussières ont une fille Sophie Sel !
J'ai revu, il y a pas longtemps, Allez France dont curieusement j'avais gardé un mauvais souvenir et j'ai trouvé cela très bon ! Robert Dhery avait un humour dans la tradition burlesque et loufoque de Helzappoppin le non sens. J'adore la dernière scène de Branquignols avec le "tir à l'oeuf" !
Du Lautner ! Du Lautner ! Du Lautner ! Bien qu'ayant fait également du cinéma plus intimiste et du polar noir, Georges Lautner reste une figure marquante du cinéma populaire en tant que réalisateur (60-80)
- Si t'étais en cavale, t'irais chez ta femme ?
- Non j'irai chez la tienne ...
Pour compléter la liste de "Music Man", quelques autres comiques marquants du cinéma français:
Raymond Cordy (de René Clair à Couzinet, en passant par la version française simultanée du "Testament du Docteur Mabuse", celle de Fritz Lang et René Sti.)
Maximilienne, appelée aussi Maximilienne Max, à la filmo ébouriffante, de "L'assassin habite au 21" ("une vraie jeune fille !" ainsi la définit Noël Roquevert dans le film) au "Congrès de belles-mères" de Couzinet, en passant par "La femme du boulanger"...
Marguerite Pierry, inénarrable en femme du monde chez Guitry... et dans tant d'autres films
Pauline Carton bien entendu, chez Guitry aussi mais dans bien d'autres films
Jeanne Fusier-Gir, qui a beaucoup tourné... et pas mal de chefs-d'oeuvre.
Pierre Larquey, qui pouvait absolument tout jouer, et a aussi pas mal de rôles comiques à son palmarès...
Saturnin Fabre... "Tiens ta bougie... droiiiiite !!!" (à Bernard Blier, dans "Marie-Martine) un des grands excentriques du cinéma français, mais qui pouvait lui aussi jouer dans d'autres registres ("Pépé le Moko")
Jean Tissier, éternel nonchalant du cinéma durant toute sa carrière, avec des fulgurances comme "L'assassin habite au 21"...
Noël Roquevert, déjà cité, merveilleux comédien, formidable dans les rôles de vieille ganache... et dans "Fanfan la Tulipe" (le vrai, pas la daube)
Ded Rysel, un peu oublié de nos jours, qui fit une bonne partie de sa carrière à la radio ("La famille Duraton") mais qui s'illustra aussi dans quelques films...
Francis Blanche... un pur génie. Il suffit de revoir "Babette s'en va-t-en guerre", ou "Les tontons flingueurs", pour s'en convaincre.
Darry Cowl, qui vient hélas de nous laisser nous démerder avec ce qu'il nous reste comme acteurs...
fantomas 2 a écrit :
Darry Cowl, qui vient hélas de nous laisser nous démerder avec ce qu'il nous reste comme acteurs...
Ca ne s'imposait pas je pense.
Par respect de la mémoire, il est très louable de vouloir exhumer tous ces talentueux tempéraments du cinéma français populaire, mais je crains néanmoins qu'on ne s'éloigne ici considérablement du champ d'investigation d'Hector. Que tous ces excentriques aient été des figures familières et appréciées de tous en leur temps, soit. Qu'ils puissent être considérés en terme de reconnaissance du grand public à l'égal des quelques figures identifiées pour les décennies ultérieures, j'en doute.
En ce qui concerne les véritables têtes d'affiche, hormis bien sûr la trinité Fernandel / Raimu / Bourvil après guerre (voire Noël Noël quand bien même plus oublié aujourd'hui et dont les succès les plus pérennes ne seraient pas des comédies stricto sensu), je suis presque aussi circonspect.
Je ne doute pas un instant de la popularité d'un Bach ou d'un Milton en leur temps. Simplement je ne les perçois pas comme des comiques véritablement fédérateurs. Au gré de mes lectures, je les avais plutôt identifiés (peut-être à tort) comme des porte-étendards, qui d'une certaine France profonde tendance immobilisme réactionnaire, qui de la débrouillardise infaillible des classes laborieuses parisiennes. Il me semblait -schématiquement- que leurs publics certes fidèles envers et contre tout ne s'interpénétraient pas ou en tous cas très peu. Et finalement, comme le constat me semble valoir aussi dans une certaine mesure pour les succès des transfuges du Boulevard (les proches de Verneuil, Mirande ou Guitry) que cette énumération serait plus à même de favoriser l'esquisse d'une cartographie sociologique de la France de l'époque, et de facto de son (ses) public(s) de cinéma, que de servir le propos d'Hector, celui de la recherche d'une comédie triomphante et fédératrice pour LE grand public.
cette énumération serait plus à même de favoriser l'esquisse d'une cartographie sociologique de la France de l'époque, et de facto de son (ses) public(s) de cinéma, que de servir le propos d'Hector, celui de la recherche d'une comédie triomphante et fédératrice pour LE grand public.
Votre analyse est très intéressante et souvent pertinente (notamment s'agissant de l'aspect sociologique). Il me semble cependant que que les comédies interprétées par les acteurs que Fantomas et moi avons cité ont remporté un très vif succés populaire à l'époque et qu'elles méritent largement l'appelation "comedies populaires". Mais qu'en pense Hector?
J'ai quand même l'impression qu'un certain nombre de films reposaient sur les numéros de Saturnin Fabre (je pense à Battements de coeur notamment), Jean Tissier (lui aussi d'ailleurs dans Battements de coeur) ou Noel Roquevert. Il y avait aussi toute une série de comédies charmantes basées à l'époque sur François Perier. Je viens de revoie Elle et moi ce matin et je ne regrette en aucun cas. Numéro extraordinaire de Noel Roquevert en propriétaire excentrique et inquiétant !
Et il me semble que vous oubliez Robert Lamoureux qui fut lui aussi un de ces grands comiques d'une certaine époque, évidemment les comédies étaient toutes autres "Papa, Maman la bonne et moi", "Papa, Maman, ma femme et moi", etc.
Il y a aussi toutes les comédies de René Clair, comme les Belles de Nuit notamment, mais j'ai l'impression que ce qui faisait les comédies à cette époque, c'était une association de seconds rôles et pas forcément un premier grand rôle, hormis dans le cas de Fernandel et aussi de Bourvil. Noel Noel fut effectivement un des grands personnages comiques, que dire de ces "Casse-pieds". Il y a aussi eu Jean Richard qui était une véritable vedette à une certaine époque !
De plus, je crois que toutes ces comédies étaient fédératrices pour le grand public. Il ne faut pas oublier que l'implantation du cinéma n'était pas non plus la même qu'aujourd"hui et qu'il n'y avait pas la télévision !
Mais je ne connais pas très bien sa filmographie: lesquels de ses films correspondraient au critère sus-cité?
!
Bien qu'ayant fait également du cinéma plus intimiste et du polar noir, Georges Lautner reste une figure marquante du cinéma populaire en tant que réalisateur (60-80)
