Le fils du roi Henry 4 d'Angleterre, le jeune prince Harry, mène une vie de débauche en compagnie de vauriens dont le déjà vieux et obèse Jack falstaff (Orson Welles), l'homme de tous les excès.Tandis que le roi se désole de la conduite de son fils, une nouvelle guerre se prépare.Elle sera l'occasion pour Harry de se refaire une conduite.
A l'issue victorieuse du combat, le roi Henry 4 meurt et laisse la couronne entre les mains du jeune prince de Galles.
Dès lors, il renie sa vie passée et son compagnon de fête.
MA VISION DU FILM:
il est environ 00h00, je suis au fond de mon lit et ça y'est c'est parti, Falstaff tourne à plein régime sous le capot de mon lecteur DVD.
Shakespeare et Welles, deux noms que l'ont ne peut que facilement associé: l'influence du premier sur le second est indéniable, l'oeuvre de Welles étant profondement impregnée de celle du grand dramaturge, et ce malgré le fait que le cinéaste n'ait pu qu'aborder trois oeuvres de celui-ci: othello, Macbeth
et Falstaff.
En effet, dès son plus jeune âge, Welles pouvait déjà nous montrer toute l'admiration qu'il portait à l'égard de ce grand écrivain et ce fut surement l'une des découvertes les plus importantes de sa vie.
Dès les premières images, on ne peut pas se tromper, rares sont les films où les premières images,les premières secondes de musique, les premières secondes de dialogues, vous disent à voix haute: "ce n'est pas un film comme les autres".(même si tout les films sont différents bien entendu)
Welles a dit "Shakespeare est le plus grand homme qui ait vécu, et nous, nous sommes de pauvres taupes qui travaillons sous la terre".
Arrivé au premier quart d'heure du film, j'ai déjà envie de rectifier ses dires: "shakespeare et Welles sont les plus grands hommes qui ont vécu,...".
Falstaff est en fait un "assemblage" de plusieurs pièces de Shakespeare:
-Les joyeuses commères de Windsor.
-henry 4.
-Henry 5.
Et falstaff en est le moteur principal, ce bon vieux bougre qui n'a dieu que pour le vin et le mensonge en fais de lui un rôle taillé sur mesure pour Orson Welles.
Lui qui n'aimait pas se reconnaître à l'écran , et bien on peut dire qu'il est bien servi ici...
Dès le début, on est plongé dans cet univers médieval et Welles lui donne une dimension toute à fais gigantesque,que ce soit par les plongées / contre plongée qui donne à Falstaff une allure de géant de pierre que par la mise en scène de la grande bataille qui en font de lui un nain totalement perdu prisonnier de son armure, lache et peureux.
Spectateur du drame lui faisant face, on sent son regard trouble et egarée.
On pourrait le blamer de ne pas prendre part à cette bataille et pourtant son humanité nous touche, l'humain confronté à sa peur de mourir, après tout pourquoi devrait-il se melêr à ces bêtes sauvages?
Welles nous montre l'homme tel qu'il est, égoiste intelligent et peureux (Falstaff), stupides et massacreurs (les chevaliers).
Par ailleurs la mise en scène est troublante et très proche de la mise en scène de Kurosawa pour Ran lors de la prise du chateau, sol fumant, une attention particulière pour les chevaux, des passages où les images ressortent d'autant plus que la musique est belle et qui rappelent le passage dans Ran où seules les images parlent.
Et en parlant d'images,les couleurs vives de ce noir et blanc sont tellement magnifiques, qu'on a l'impression de voir le rouge vif du sang des chevaliers,le vert éclatant de la forêt à la fois ensoleillée et ensomeillée (lors du cambriolage des voyageurs), en bref, un film où Welles nous sublime par des couleurs et des contrastes qui ne font qu'appuyer la dichotomie entre Le prince et son acolyte Falstaff, deux êtres qui par leur status social, leur morale, leurs centres d'intêret sont opposés mais qui pourtant sont liés d'une amitié qui n'est entretenue que par la joie de vivre.

Cette recherche du prince, d'une vie beaucoup plus jouissive en compagnie de cette bande de vauriens, n'est en fait que la résultante d'un désinteressement prononcé à cette vie monotone et royale que son père le roi Henry 4 lui souhaitait au point même de renier son propre fils.
Falstaff qui est le chef de cette bande, occupe alors le rôle du père chaleureux et moins conventionné qui manque tant au jeune Harry(prince de Galles) dépourvu d'affection paternelle.
A cela, s'ajoute des costumes et décors sublimes tes que la foret où La bande à Falstaff s'adonnent à déposseder les voyageurs (on y voit presque un clin d'oeil à "robin des bois" où Falstaff serait Petit jean et où Le prince serait robin, toute la bande deguisée en moines), L'auberge où réside Falstaff qui renforce l'authenticité du film par rapport à l'époque.
-Enfin voilà, c'est un film à voir et à revoir et la scène de fin où Falstaff est petrifié, à genoux devant son nouveau roi est aussi un sentiment que j'éprouve à chaque fois que je me retrouve devant une oeuvre d'Orson welles.
D'ailleurs j'éprouve une tristesse particulière quant à cette scène car elle donne une image de l'homme assez navrante dans le sens où Le prince devenu Roi, retourne sa veste subitement laissant son comparse dans le désarroi total et allant même jusqu'à prendre une décision qui lui sera fatale.

En espérant vous avoir donné envie de découvrir cette oeuvre (pour ceux qui ne l'auraient pas encore vue) et vous avoir fait rafraichir la mémoire pour ceux qui l'auraient vu il y a quelques temps (n'est-ce pas Bruce?
