Anorya a écrit :Demi-Lune a écrit :Et tu ne lui mets que seulement 4/6 ??
Tttt... un chef-d'oeuvre de plus à l'actif de Polanski, oui.
6/6
On va d'ailleurs avoir l'occasion d'y revenir, à Polanski...
C'est fou, tu es le deuxième à me dire ça (j'ai recopié mon avis sur un autre forum et j'ai eu la même réaction
). Bon je ne vais pas refaire un gros paragraphe mais en regard d'autres oeuvres paranoïaques de Polanki, si je met 6/6 à celui-là, y'a pas photo, le locataire c'est 10/6 alors.
En fait, Rosemary's est plus une question d'atmosphère et d'ambiance et le film reste dans la suggestion d'une voie ou l'autre jusqu'aux 20 dernières minutes (et encore là, le dernier plan, la caméra refilme les immeubles comme à l'ouverture. C'est donc ambigü, on peut continuer de penser qu'elle est folle et que ce ne sont pas forcément des sorciers à côté d'elle, plus de dangereux malades d'autant plus que détail important,
on ne verra jamais le bébé en vrai, juste un insert étrange.). Tandis que dans Le locataire (le major confirmera ou pas), c'est plus insidieux : on n'aura jamais une réponse précise à ce que vit Trelkovsky. On ne saura jamais vraiment si c'est un complot (alors que dans Rosemary's, tout concourt vers le complot paranoïaque) et c'est ça le pire : la folie de Trelkovsky débouche dans l'abîme. Si Rosemary s'en sort plus ou moins (même si on craint beaucoup pour elle et son bébé), on en est pas sûr pour Trelkovsky. D'ailleurs, ce dernier ne serait il pas une émanation de Simone Choule, comme issu d'un rêve de cette dernière ? (c'est les mêmes bandages quasiment et le geste final à travers la verrière n'est qu'une reproduction de celui de Simone --qu'on avait certes pas vus auparavant). La question mérite d'être posée mais
le locataire ne nous le dira pas, il préfère nous plonger dans l'abîme avec lui.
Et comme tu le vois, je me pose bien plus de questions avec le locataire qu'avec Rosemary's baby où l'ambiguïté est pour moi levée vers la fin même si comme je l'ai dit, on peux choisir d'en rester à la version de la folie de Rosemary.
Oui, je vois ce que tu veux dire : tu préfères les infernales pistes de réflexion et d'interprétation du
Locataire à la relative clarté de l'histoire de Rosemary. Eh bien, à mon avis, les deux films sont similaires et ne le sont pas.
Similaires car suspense psychologique avec un personnage principal sombrant dans la névrose et cloîtré dans un appartement menaçant. Pas similaires car
Rosemary's Baby est avant tout un vrai film fantastique alors que
Le Locataire flirte avec une multitude de genres (comédie noire, horreur, fantastique, thriller, satire sociale, etc.) et ne dévoile pas grand-chose de ses secrets - tout comme
Rosemary's Baby, d'ailleurs, qui, malgré une trame moins opaque, joue énormément sur les sous-entendus et les détails anodins. Donc, à mon sens, il est tout à fait possible (et je ne m'en prive d'ailleurs pas
) de suradorer ces deux monuments très dissemblables.
J'avais eu une expérience similaire à la tienne avec
Répulsion : je m'étais dit que je ne pouvais lui mettre la note maximale étant donné qu'il était, somme toute, pas encore aussi fou que
Rosemary's Baby et
Le Locataire. Mais je faisais erreur : je plaquais un schéma comparatif qui, à y bien penser, n'avait pas lieu d'être. Certes, il y a des ressemblances entre les trois films, que l'on peut considérer comme une trilogie, mais il me semble aussi qu'ils sont en définitive très différents les uns des autres, qu'ils racontent chaque fois une histoire unique, et qu'ils sont tous aussi admirables pris séparément. Enfin, c'est ce que je pense.