Jean Rochefort (1930-2017)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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J.M.B
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Message par J.M.B »

il ne faut pas oublier dans les années 60 qu'il fut tres remarqué dans la serie des angeliques !
mais je l'adore dans LE MOUSTACHU ! un petit film qui n'a pas tres bien marché au ciné a sa sortie mais qu'il faut voir absolument ! (dispo en dvd a moins de 10€) film qui s'il avait été anglais aurait certainement eu peter sellers comme acteur principal ! :lol:
Federico
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Re: Rochefort, Jean

Message par Federico »

L'émission A voix nue sur France Culture a récemment consacré toute une semaine d'entretiens avec Rochefort (allez sur la page du 2 au 6/01/2012).
Je n'en ai écouté que des passages mais - comme prévu - c'est souvent gouleyant. Le bonhomme est attachant même si il est parfois un peu trop facilement tombé dans les travers médiatiques du "bon client" (cf sa participation en commentateur équestre aux derniers JO) sans pour autant atteindre - heureusement pour lui - les excès Arditti-ens. :mrgreen:

A propos d'un autre comédien de sa génération, j'espère que vous n'avez pas loupé le docu de la série "Empreintes" consacré à l'immense Claude Rich, qui fut l'un des camarades de classe de Rochefort (avec Vernier, Belmondo, Cremer, Girardot, Marielle...).
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Commissaire Juve
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Re: Jean Rochefort

Message par Commissaire Juve »

On m'a signalé cette interview... y a quelques bons coups de pied au c*** ! :mrgreen:

http://www.lefigaro.fr/cinema/2013/10/1 ... -rever.php
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Re: Jean Rochefort

Message par Federico »

Commissaire Juve a écrit :On m'a signalé cette interview... y a quelques bons coups de pied au c*** ! :mrgreen:

http://www.lefigaro.fr/cinema/2013/10/1 ... -rever.php
Pour Aragon, c'est plus vraiment un scoop que la méchante Elsa au regard de Méduse vitrifiant portait la culotte (rouge) dans cet étrange couple.
Le fameux film de propagande en URSS au tournage interminable, j'en ai dit deux mots sur le topic des films improbables. :wink:
Dans un autre entretien, ce coquin de Rochefort avouait qu'il était d'autant plus déconnecté de la réalité qu'il avait passé de forts agréables moments avec une ravissante moscovite (il n'y a pas que son ego qui était turgescent). :mrgreen: :arrow:

"J'arrive au Conservatoire et je vois en haut de l'escalier Marielle, Belmondo, Cremer, Girardot. Je me suis dit alors: «On va bien s'amuser!»" :D

"Le dernier métro, c'est une pièce de Jean Renoir. Qui n'a jamais été cité au générique. Il aurait pu le dire, tout de même !"
Là, c'est vrai que Truffaut a "oublié" ce détail au générique. Étonnant de la part de celui qui nomma sa société de production Les Films du Carrosse mais peut-être qu'entretemps il avait appris quelques points moins sympathiques de la vie de Renoir (ce qui n'excuse pas cette indélicatesse) :|
Spoiler (cliquez pour afficher)
Mais si j'en crois ce résumé de la pièce Carola de Renoir, il y a de sacrées différences avec le film de Truffaut :
Pendant l’Occupation, le Général allemand von Cloduis, aristocrate aimable, dépassé par cette guerre « sauvage », renoue avec une actrice célèbre qui fut autrefois son grand amour... Ils sont toujours amoureux l’un de l’autre, malgré les années passées. Pendant leur entrevue, un jeune Résistant vient se cacher au théâtre, dans la loge même de l'actrice. Ce jeune homme recherché, s'échappe avec la complicité de l'officier allemand, mais il sera tué par la Gestapo. L'officier voudrait emmener Carola afin de revivre leur amour. mais elle refuse de partir.
"Ce genre de films, comme La grande bouffe, serait impensable à l'heure actuelle alors que nous pensons être libérés de la censure. Aujourd'hui, on préfère faire des briquets jetables." Rochefort a raison mais ça ne l'empêche pas de participer goulument à des émissions ou des spectacles jetables (avec co-présentateurs tout aussi jetables). :roll:

"Ensuite, il y a eu l'arrivée des acteurs de one-man-show,qui sont des destructeurs de situation: ils jouent toujours en étant conscients que la caméra les filme." Je vois ce qu'il veut dire mais n'était-ce pas déjà le cas avec Fernandel ou Raimu ?

Intéressant ce qu'il raconte sur Le Crabe-Tambour (peut-être sa plus belle interprétation avec Que la fête commence et Tandem). Ça explique peut-être son air renfrogné tout du long... qui colla parfaitement à son personnage d'homme renfermé car proche de sa fin.

Par contre, bonjour les questions-bateaux et dispensables posées à un octogénaire :

- "Que représente la France pour vous ?" : l'interviewer sait d'avance à quel petit couplet passéiste il va avoir droit de la part d'un comédien âgé et très "vieille France".

- "Que pensez-vous de l'omniprésence de la technologie: ordinateurs, téléphones portables, etc.?" Neuf fois sur dix, la personne interrogée répondra aussi : "C'était mieux de mon temps"... ce qu'aurait aussi répondu le grand-père de Rochefort si on lui avait demandé ce qu'il pensait des automobiles, du cinéma, de la TSF et du téléphone. :roll:
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Mais je peux aussi lui présenter toutes les personnes âgées que j'ai aidées à se familiariser avec un ordinateur, l'envoi de mails etc. et même une dame pour qui il est un gamin (elle a 95 ans) et qui est ravie d'avoir un mobile et un PC. :wink:
En lisant l'article, je n'avais même pas fait attention à son origine : Le Figaro. Je me disais aussi... :mrgreen:
Je préfère ne pas imaginer les questions qui auraient pu suivre si l'entretien s'était prolongé...
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Commissaire Juve
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Re: Jean Rochefort

Message par Commissaire Juve »

Federico a écrit : : Le Figaro. Je me disais aussi... :mrgreen: ...
Ah oui, tiens... Je n'avais pas fait attention (preuve que je ne regarde pas tout ce qui pollue autour des articles : les pubs, tout ça). Mais bon, hein...

EDIT : d'ailleurs, un jour, à cause de ça, j'ai failli commettre une groooosse boulette. :mrgreen:

Sur un forum ciné / DVD suédois, je voulais quoter des articles parlant du désintérêt global -- en Suède -- pour la préservation du patrimoine cinématographique (jusqu'à la stupide ministre de la culture qui refuse d'augmenter les crédits de l'Institut du Film parce que -- dit-elle -- il ne faut pas dilapider l'argent des contribuables). Des articles anciens, publiés dans de grands quotidiens propres sur eux.

Problème : je n'ai pas retrouvé tout de suite ces articles et j'ai fini par reprendre l'info sur un site que je ne connaissais pas. J'ai posté, tout content, et je suis passé à autre chose.

Sauf que... le site que je ne connaissais pas me semblait un peu "bizarre". J'ai donc lancé une recherche pour découvrir avec effroi que... c'était un site proche du front national suédois ! :shock: Wouuuf ! :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:

Panique à bord ! Inutile de préciser que je me suis dépêché d'aller éditer mon message (heureusement, c'était le mois d'août, personne n'avait eu le temps de remarquer quoi que ce soit !).
Dernière modification par Commissaire Juve le 19 oct. 13, 14:23, modifié 2 fois.
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Re: Jean Rochefort

Message par julien »

Elle est très bien cette interview. On sent bien la sincérité de ses propos en tout cas. J'aime bien la formule sur les briquets jetables. :D
Federico a écrit :Le fameux film de propagande en URSS au tournage interminable, j'en ai dit deux mots sur le topic des films improbables. :wink:
Sacrée curiosité en effet. :mrgreen:
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Re: Jean Rochefort

Message par Federico »

julien a écrit :Elle est très bien cette interview. On sent bien la sincérité de ses propos en tout cas.
Pas mal d'aigreurs aussi. Ça doit être le fait de ne plus pouvoir monter (à cheval, j'entends)...
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Re: Jean Rochefort

Message par Federico »

La lettre dans un taxi (1962), adaptation d'un roman de Louise de Vilmorin pour l'ORTF. Avec Micheline Presle. Dialogues d'Antoine Blondin et musique de Serge Gainsbourg (période jazzy).
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Re: Jean Rochefort

Message par moonfleet »

Oui Jean Rochefort est jubilatoire en abbé Dubois machiavélique dans Que le Fête...

Je l'aime aussi beaucoup dans Le Crabe Tambour, Le Diable par la Queue, Tandem, le diptyque Un Eléphant... et dans le très drôle et sous estimé Les Grands Ducs ( ah Jean pierre Marielle abattant un mur à la masse pour agrandir la chambre du bébé :D )

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Re: Jean Rochefort

Message par Alligator »

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Ce genre de choses

http://alligatographe.blogspot.fr/2014/ ... efort.html

Avant de se lancer dans cette lecture, il convient peut-être d'être déjà un admirateur du bonhomme, de cette extravagance verbeuse à laquelle il lui plait parfois de livrer son audience. Ou alors, de faire preuve d'une grande curiosité, en même temps que d'une belle ouverture d'esprit en matière littéraire. Pourquoi?

Parce que Jean Rochefort a indéniablement écrit ce livre lui même. Le style est comme l'homme, libre, très friand de cette liberté de mouvements, créatif, joyeux, amoureux du mot, de sa musicalité, de son claquement sonore ou/et sémantique, des rythmes qu'une phrase peut contenir, ses ruptures, ses balancements. Il y a là une poésie qui se vit, qui s'éprouve en la disant. Le texte n'est pas un bête et linéaire amoncellement de phrases, ni un récit ordinaire et classique racontant la vie de Jean Rochefort. Il picore ici et là dans ses souvenirs des moments clés, des personnes qui l'ont touché. Il nous livre des instantanés d'amour, souvent des portraits, quelques fois ironiques et attendris, parfois aussi bouleversants, évoquant des fantômes et une guerre qui l'aura marqué.

L'aspect ludique de cet exercice saute aux yeux. Les nombreuses déclarations d'amour auxquelles l'ami Rochefort nous convie sont traduites dans une langue qui n'appartient qu'à lui. On a aucune peine à entendre ses mots. Il déclame, il sourit, on le voit, on l'entend, tout le long de la lecture. Du Rochefort tout craché, émouvant, drôle, fin. Des larmes peuvent vous chahuter l’œil à certains moments. Un joli cadeau que ce petit livre d'un grand comédien qui dit merci.

C'est merveilleusement écrit. Un vrai plaisir de retrouver cette voix dans la tête, cette imagination, cet univers heureux.
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Re: Jean Rochefort

Message par Federico »

Rochefort en Sir Andrew Aguecheek dans une adaptation de La nuit des rois de Shakespeare, réalisée par Claude Barma pour l'ORTF et diffusé le jour de Noël 1962.
Superbe distribution (et un régal de "grandes voix") dont : Jacques Fabbri, Catherine Samie, Robert Hirsch, Geneviève Page, François Chaumette, Jean Pierre Marielle & Martine Sarcey...
Rochefort apparait à partir de 8'40.
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Jeremy Fox
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Re: Jean Rochefort

Message par Jeremy Fox »

Il faut tuer Birgitt Haas - Laurent Heynemann 1980

Athanase (Philippe Noiret), chef d’un groupe de contre-espionnage français, est chargé par les services secrets allemands de supprimer Birgitt Haas (Lisa Kreuzer), ex-terroriste ; en échange de cette mission les Français obtiendront des renseignements sur l’identité d’un haut-gradé qui met à mal les ventes d’armes de leur pays. Colonna (Bernard Le Coq), l’un des membres du groupes d’Athanase, suggère de maquiller le futur assassinat en crime passionnel. Pour cela ils choisissent pour pigeon un homme effacé au bord du gouffre, Bauman (Jean Rochefort), ayant des difficultés à trouver un emploi et que sa femme vient de quitter. La manipulation peut se mettre en place, le but étant de faire tomber Bauman dans les bras de Birgitt Hass réputée pour être une mangeuse d’hommes, et de lui faire porter le chapeau une fois que la femme aura passé l’arme à gauche…

Laurent Heynemann, ancien assistant de Bertrand Tavernier sur ses premiers films (c’est à cette occasion qu’il se prendra d’amitié pour Philippe Noiret et Jean Rochefort dès L’horloger de St Paul), devient réalisateur en 1977 avec un film sur la guerre d’Algérie, La Question. La politique continuera d’être au premier plan de beaucoup de ses films suivants dont celui qui nous concerne ici, le trop méconnu et pourtant superbe Il faut tuer Birgitt Haas. Juste avant, Heynemann avait signé le très bon Le Mors aux dents sur une escroquerie politique montée dans les milieux hippiques avec en têtes d'affiche Michel Piccoli et Jacques Dutronc. Dans les décennies 80 et 90, on retiendra encore Les Mois d’avril sont meurtriers avec un Jean-Pierre Marielle époustouflant, Faux et usages de faux avec de nouveau Philippe Noiret ainsi que son film peut-être le plus connu, une adaptation de Frédéric Dard, La Vieille qui marchait dans la mer, avec le duo Jeanne Moreau/Michel Serrault. La passionnante filmographie de Laurent Heynemann mériterait que les éditeurs se penchent davantage sur son cas puisque actuellement peu de ses films sont visibles sur support numérique voire même rarement diffusés à la télévision. Ceci étant dit, un immense merci à LCJ de nous faire découvrir ou redécouvrir Il faut tuer Birgitt Haas qui peut à mon humble avis sans honte se voir hisser parmi les plus beaux films d’espionnage de l’histoire du cinéma.

Étrange et un peu triste qu’hormis au travers un DVD sorti à la sauvette, ce film n’ai pas été plus diffusé car à l’époque son accueil fut excellent, même Alain Corneau ne tarissant pas d’éloges à son propos alors qu’il faisait la promotion du Choix des armes. Laurent Heynemann reste d’ailleurs très fier de son film et nous ne pouvons que lui donner raison tellement la réussite est présente à tous les niveaux. Lui, grand amateur de romans et films d'espionnage, qui avait été un peu attristé de s'être fait devancer par Michel Deville pour l’adaptation du Dossier 51, film pour lequel il voue une grande admiration, peut se vanter d’avoir fait tout aussi bien dans un style évidemment totalement différent. Il faut tuer Birgitt Haas relate une manipulation mise en place pour mener à bien une mission qui consiste à assassiner une ex-terroriste devenue gênante pour les services secrets allemands sans que ça ne passe pour un assassinat politique, sans que jamais ne soient dévoilées les véritables motivations des commanditaires, à priori pas très nettes, semblant vouloir faire endosser à cette femme retirée de quelconque activités révolutionnaires la responsabilité de futurs attentats préparés par des terroristes aux valeurs totalement opposées aux siennes. Les espions allemands préfèrent que ce soient leurs homologues français qui s’en occupent afin de n’avoir aucune retombée. En contrepartie ils fourniront à leurs collègues de l’Hexagone des informations sur un militaire qui gêne les ventes d’armes de leur pays.

La première séquence filme le visage de Birgitt Haas en gros plan, visage qui sort petit à petit de la pénombre alors que l’on entend un agent secret allemand expliquer la mission qu’il confie aux français en faisant le portrait de cette femme que l’on comprend immédiatement être une victime à laquelle on va s’attacher. Elle est surtout présentée comme dangereuse et nymphomane alors qu’elle s’est depuis longtemps retirée des mouvements activistes et qu’elle aime en tout bien tout honneur changer de partenaire sexuel quand ça lui chante. Pour incarner la proie de cette redoutable machination, une très belle performance de Liza Kreuzer, également l’actrice inoubliable des films de Wim Wenders des années 70 (de Alice dans les villes à l’ami américain), surtout lorsque l’on sait qu’elle avait appris ses répliques phonétiquement, qu’elle ne savait pas du tout le français et qu’elle ne comprenait rien à ce qu’elle disait. La beauté de son visage et sa magnifique présence font tout le reste ; sa brève mais intense histoire d’amour avec Jean Rochefort est tout aussi crédible que bouleversante. Birgitt Hass est un personnage d’une grande richesse, une future victime sacrifiée aux ‘intérêts supérieurs’, une ancienne terroriste d’ultra gauche, intelligente, élégante et cultivée, consciente du danger qui la menace et qui sent très bien son inexorable fin prochaine sans savoir d’où viendra le danger, qui doute mais qui n’a pas trop de remords quant à son passé d’activiste car persuadée d’avoir mené la lutte pour ses intimes convictions et contre les inégalités, mais aujourd’hui pas dupe d’être recherchée pour de mauvaises raisons, totalement dégoutée d’être remise sur le devant de la scène pour qu’on puisse lui faire porter le chapeau d’actes provenant de groupuscules d’extrême droite.

On comprend d’autant plus vite que l’empathie du spectateur se focalisera sur elle (d’autant que Liza Kreuser est tout simplement inoubliable dans le rôle) que les membres de cette organisation ultra secrète sont présentés sous un jour extrêmement moins glorieux même si le scénario est dépourvu de tout manichéisme ; tous ces hommes et cette femme (Monique Chaumette), même si leur basse besogne principale est de monter des manipulations afin de faire assassiner, n’en sont pas moins décrits avec beaucoup d’humanité, chacun ayant leurs failles et leurs faiblesses. Seul le personnage de Colonna, arriviste cynique interprété par Bernard Le Coq n’attire aucune sympathie d’autant que ses motivations pour faire passer ce meurtre en drame passionnel le concernent directement : dans le film de Heynemann, contrairement au roman qu’il adapte qui attend la fin pour les dévoiler, elles sont connues ici avant le deuxième tiers ; mais afin de laisser le plus de mystères possible aux futurs spectateurs je n’en dirais pas plus non plus. Athanase est le chef de cette équipe dont les quartiers généraux se situent souvent dans des sous-sols ou dans des hangars. Sous son apparente froideur, ce ‘chasseur d’hommes’ est déterminé et très lucide, apprécie les membres de son groupe, est à leur écoute lorsqu’ils ont des coups durs dans leurs vies privées et malgré son cynisme cache une certaine générosité ainsi qu’un cœur disponible aussi bien pour l’amour que pour l’amitié. Dans ce rôle Philippe Noiret fait des merveilles et il s’avère très attachant ; tout comme ceux qui l’entourent joués par Roland Blanche, Michel Beaune et bien d’autres encore, un peu moins célèbres.

Et c'est à Jean Rochefort qu'échoit le rôle de ‘l’appât malgré lui’ ; et d'admettre qu'il nous étonne encore plus qu'à l'accoutumée tellement il se retrouve ici en terrain miné dans un registre qu’on lui connaissait peu (ou pas), celui d’un homme à la dérive, terne, déprimé, effacé et désabusé mais éminemment romantique. Les séquences qui le réunissent pour des moments de quotidiens les plus banals avec sa mère ou son face à face avec Philippe Noiret sont d’une remarquable sensibilité grâce non seulement à l’écriture mais aussi à la qualité des dialogues et bien évidemment à leurs interprètes. Il est assez cocasse d’apprendre que le scénario avait été écrit en pensant à Patrick Dewaere pour le rôle de Bauman - film qu’il a refusé car il devait dans le même temps aller tourner Beau-père pour Bertrand Blier - et qu’aucune ligne du scénario ni des dialogues n’a été modifié pour Jean Rochefort sauf la mention de son âge. D’où cette surprenante performance du comédien qui doit parfois dire des répliques que l’on aurait plus pensée voir sortir de la bouche de Dewaere. Le fait que Rochefort soit constamment convaincant dans cette 'partition dramatique' à priori peu fait pour lui renforce sa prestation ; malgré la difficulté du rôle, il aura rarement été aussi touchant.

Deux autres personnages viennent s’ajouter à cette intrigue : la ville de Munich très bien filmée ainsi et surtout que la musique de Philippe Sarde qui prend des accents très mahlériens, sans thèmes vraiment identifiables à la première écoute ni par là même entêtants, mais cependant d’un lyrisme échevelé qui hausse souvent le film vers des sommets. Quant au final qui fera peut-être grincer les dents des amateurs du roman qui parleront sans doute d’édulcoration, elle est très belle et vient mettre du baume au cœur au milieu de ce cynisme ambiant et de ce voyage au sein des dessous peu glorieux des sordides magouilles politiques et de l’espionnage international. L’amitié peut-elle surpasser la raison d’état ? Un film dramatiquement très dense à la mise en scène soignée, à l’atmosphère sombre extrêmement bien rendue, au rythme pas spécialement trépidant mais pourtant sans temps morts, superbement écrit sans lourde complexité et avec une consistante description psychologique de chacun des protagonistes, brillamment dialogué et interprété à la perfection. Un passionnant thriller d’espionnage, cohérent, réaliste et très crédible ; une formidable réussite qu’il faut impérativement découvrir ou redécouvrir !
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Re: Jean Rochefort ( 1930 - 2017 )

Message par Karras »

Jean Rochefort est mort dans la nuit de dimanche à lundi a annoncé sa famille. Il avait 87 ans. Le cinéma français perd l’une de ses figures les plus iconoclastes, qui avait imposé son allure dandy et son flegme malicieux à l’écran.

Retracer la filmographie de l’acteur, riche de plus de 120 films, revient à parcourir une carrière jalonnée de classiques, d’œuvres cultes et de longs-métrages populaires. Angélique, marquise des anges voisine ainsi avec Les Tribulations d’un chinois en Chine, L’Horloger de Saint-Paul, Ridicule, Le Placard ou Astérix et Obélix : Au service de sa Majesté…
http://www.20minutes.fr/culture/1880435 ... efort-mort
Filmographie
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Rochefort

Années 1950 et 1960

1955 : Rencontre à Paris de Georges Lampin : L’interne
1958 : Une balle dans le canon de Charles Gérard et Michel Deville : Leopold
1959 : Vingt mille lieues sur la terre (Léon Garros ishchet druga) de Marcello Pagliero : Fernand
1961 : Le Capitaine Fracasse de Pierre Gaspard-Huit : Malartic
1961 : Le Soleil dans l'œil de Jacques Bourdon
1961 : Cartouche de Philippe de Broca : La Taupe
1962 : Le Masque de fer d'Henri Decoin : Lastreaumont
1962 : Fort du fou de Léo Joannon : Hérange
1963 : Symphonie pour un massacre de Jacques Deray : Jabeke
1963 : La Porteuse de pain de Maurice Cloche : Ovide Soliveau
1963 : Du grabuge chez les veuves de Jacques Poitrenaud : L'inspecteur Laforêt
1963 : La Foire aux cancres de Louis Daquin : Le père de Didier
1964 : Les Pieds Nickelés de Jean-Claude Chambon : Croquignol
1964 : Angélique, marquise des anges de Bernard Borderie : Desgrez, le chef de la police
1964 : Merveilleuse Angélique de Bernard Borderie : Desgrez
1964 : Ah ! Les Belles familles / Le belle famiglie (sketch Amare è un po' morire) d'Ugo Gregoretti : Le marquis Osvaldo
1965 : Les Tribulations d'un Chinois en Chine de Philippe de Broca : Léon
1965 : Angélique et le Roy de Bernard Borderie: Desgrez
1966 : À cœur joie de Serge Bourguignon : Philippe
1966 : Qui êtes-vous, Polly Maggoo ? de William Klein : Grégoire Pecque
1967 : Ne jouez pas avec les Martiens d'Henri Lanoë : René Mastier
1967 : Pour un amour lointain d'Edmond Séchan : Guillaume
1967 : Le Dimanche de la vie de Jean Herman : Le capitaine Bordeille
1968 : Le Diable par la queue de Philippe de Broca : Le comte Georges
1969 : Le Temps de mourir d'André Farwagi : Hervé Breton

Années 1970

1970 : La Liberté en croupe d'Édouard Molinaro : Moss
1970 : Céleste de Michel Gast : Georges Cazenave
1972 : L'Œuf (de Félicien Marceau), film de Jean Herman : Victor Dugommier
1972 : Le Grand Blond avec une chaussure noire d'Yves Robert : le colonel Toulouse
1972 : Les Feux de la Chandeleur de Serge Korber : Alexandre Boursault
1972 : L'Héritier de Philippe Labro : André Berthier, dit « le nonce »
1972 : Le Complot de René Gainville : Dominique
1973 : Bel ordure de Jean Marbœuf : l’inspecteur
1973 : Salut l'artiste d'Yves Robert : Clément
1973 : L'Homme aux nerfs d'acier (Dio, sei proprio un padreterno !) de Michele Lupo : Louis Annunziata
1973 : Comment réussir quand on est con et pleurnichard de Michel Audiard : Foisnard
1973 : L'Horloger de Saint-Paul de Bertrand Tavernier : l'inspecteur Guilboud
1974 : Le Retour du grand blond d'Yves Robert : le colonel Toulouse
1974 : Le Fantôme de la liberté de Luis Buñuel : Legendre
1974 : Isabelle devant le désir de Jean-Pierre Berckmans : monsieur Vaudois
1974 : Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ? (Mio Dio come sono caduta in basso !) de Luigi Comencini : Henri de Sarcey
1974 : Les Innocents aux mains sales de Claude Chabrol : maître Albert Légal
1975 : Un divorce heureux (En Lykkelig skilsmisse) de Henning Carlsen : Jean-Baptiste Morin
1975 : Les vécés étaient fermés de l'intérieur de Patrice Leconte : le commissaire Pichard
1975 : Les Magiciens de Claude Chabrol : Édouard
1975 : Que la fête commence de Bertrand Tavernier : l'abbé Dubois
1976 : Calmos de Bertrand Blier : Albert
1976 : Le Diable dans la boîte de Pierre Lary : Alain Brissot
1976 : Un éléphant ça trompe énormément d'Yves Robert : Étienne Dorsay
1977 : Le Crabe-tambour de Pierre Schœndœrffer : le commandant
1977 : Nous irons tous au paradis d'Yves Robert : Étienne Dorsay
1977 : La Grande Cuisine (Who Is Killing The Great Chefs of Europe?) de Ted Kotcheff : Auguste Grandvilliers
1978 : Le Cavaleur de Philippe de Broca : Édouard Choiseul
1978 : French postcards de William Huyck : monsieur Tessier
1979 : Grandison de Joachim Kurz : Carl Grandison (inédit en France)
1979 : Courage, fuyons d'Yves Robert : Martin Belhomme / Adrien Belhomme
1979 : Chère inconnue de Moshé Mizrahi : Gilles Martin

Années 1980

1980 : Je hais les blondes (Odio le bionde) de Giorgio Capitani : Donald Rose
1980 : Un étrange voyage d'Alain Cavalier : Pierre
1981 : Il faut tuer Birgitt Haas de Laurent Heynemann : Charles-Philippe Bauman
1981 : L'Indiscrétion de Pierre Lary : Alain Tescique
1982 : Le Grand Frère de Francis Girod : Charles-Henri Rossi
1983 : Un dimanche de flic de Michel Vianey : Rupert
1983 : L'Ami de Vincent de Pierre Granier-Deferre : Vincent Lamarre
1984 : Frankenstein 90 d'Alain Jessua : Victor Frankenstein
1984 : Réveillon chez Bob de Denys Granier-Deferre : Louis Alban
1985 : David, Thomas et les autres de László Szabó : M. Louis
1985 : La Galette du roi de Jean-Michel Ribes : Arnold III
1987 : Le Moustachu de Dominique Chaussois : Le capitaine Duroc
1987 : Mes quarante premières années (I miei primi quarant'anni) de Carlo Vanzina : Principe Riccio
1987 : Tandem de Patrice Leconte : Michel Mortez
1989 : Je suis le seigneur du château de Régis Wargnier : Monsieur Bréaud

Années 1990

1990 : Le Mari de la coiffeuse de Patrice Leconte : Antoine
1990 : Le Château de ma mère d'Yves Robert : Lois de Monmajour / Adolphe Cassignol
1991 : Amoureux fou de Robert Ménard : Rudolph
1992 : Le Bal des casse-pieds d'Yves Robert : Henri Sauveur
1992 : Le Long Hiver (El largo invierno) de Jaime Camino : Jordi Casals
1992 : Le Visionarium de Jeff Blyth : Louis XV
1992 : L'Atlantide de Bob Swaim : Le Meige
1993 : Tango de Patrice Leconte : Bellhop
1993 : Cible émouvante de Pierre Salvadori : Victor Meynard
1993 : Tombés du ciel de Philippe Lioret : Arturo Conti
1994 : Et ensuite, le feu de Fabio Carpi : Amedeo
1994 : Prêt-à-Porter de Robert Altman : inspecteur Tantpis
1995 : Tom est tout seul de Fabien Onteniente : Jean-Pierre
1995 : Même heure, l'année prochaine de Gianfrancesco Lazotti : Raffaele
1996 : Palace de Joan Gràcia, Paco Mir et Carles Sans : Thomas Fausto
1996 : Les Grands Ducs de Patrice Leconte : Eddie Carpentier
1996 : Ridicule de Patrice Leconte : Le marquis de Bellegarde
1996 : Never Ever (en) de Charles Finch : Gérard Panier
1997 : Barracuda de Philippe Haïm : Monsieur Clément
1998 : Le Serpent a mangé la grenouille de Alain Guesnier : Monsieur Moreau
1998 : Le Vent en emporte autant de Alejandro Agresti : Edgard Wexley
1998 : In and out of fashion de William Klein : Images d'archives
1999 : Rembrandt de Charles Matton : Nicolaes Tulp

Années 2000 et 2010

2000 : La Vie sans secret de Walter Nions de Hugo Gélin : Walter Nions
2000 : À propos de Buñuel (documentaire) de José Luis Lopez Linares et Javier Rioyo : Lui-même
2001 : Le Placard de Francis Veber : Kopel, le directeur de l'usine
2001 : The Man Who Killed Don Quixote de Terry Gilliam : Don Quixote (inachevé)
2001 : Honolulu Baby de Maurizio Nichetti : Cri-Cri
2002 : L'Homme du train de Patrice Leconte : Manesquier
2002 : Blanche de Bernie Bonvoisin : Le cardinal Mazarin
2003 : Les Clefs de bagnole de Laurent Baffie : Un comédien qui refuse de tourner avec Laurent (simple apparition)
2004 : RRRrrrr !!! de Alain Chabat : Lucie
2005 : Akoibon de Édouard Baer : Chris Barnes
2005 : L'Enfer de Danis Tanović : Louis
2006 : Ne le dis à personne de Guillaume Canet : Gilbert Neuville
2006 : Désaccord parfait de Antoine de Caunes : Louis Ruinard
2007 : Les Vacances de Mr. Bean de Steve Bendelack : Le maître d'hôtel
2007 : La Clef de Guillaume Nicloux : Joseph Arp
2008 : J'ai toujours rêvé d'être un gangster de Samuel Benchetrit : Jean
2008 : Agathe Cléry d'Étienne Chatiliez : Louis Guinard
2012 : Astérix et Obélix : Au service de sa Majesté de Laurent Tirard : Lucius Fouinus
2012 : L'Artiste et son modèle de Fernando Trueba : Marc Cros
2015 : Floride de Philippe le Guay : Claude Lherminier21
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la_vie_en_blueray
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Re: Jean Rochefort ( 1930 - 2017 )

Message par la_vie_en_blueray »

Karras a écrit :
Les Tribulations d’un chinois en Chine, L’Horloger de Saint-Paul, Ridicule, Le Placard ou Astérix et Obélix : Au service de sa Majesté…
C'est quoi cette selection :cry:
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tenia
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Re: Jean Rochefort ( 1930 - 2017 )

Message par tenia »

20 minutes. :idea:
Après, tu me diras, L'horloger de Saint Paul et Ridicule, c'est pas dégueu comme choix, hein.
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