Le Cinéma britannique

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Commissaire Juve
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Re: Le cinéma anglais

Message par Commissaire Juve »

Hein ? N'oublions pas le topic dans la rubrique dvd naphtalinés !
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 11&t=29254

Commissaire Juve a écrit :
I'm back... voilà un temps fou que ce DVD restait sans être visionné.

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Donc, voici un film de John Schlesinger (1962). De la difficulté de sortir ensemble quand on est jeunes dans le Royaume Uni du début des années 60, de la peur de tomber enceinte en dehors des liens du mariage, de la difficulté de trouver un logement, de la difficile cohabitation entre les générations... voili voilà.

Le héros, Vic (Victor), est issu de la classe ouvrière, il s'est trouvé un boulot de col blanc, il semble avoir un bel avenir devant lui. Reste à trouver la minette. Ce sera Ingrid, une jeune secrétaire. Ils sortent ensemble, et puis, un jour, Ingrid tombe enceinte. Vic assume et l'épouse. Problème : le jeune couple doit s'installer chez la mère d'Ingrid, une vieille peau de vache qui garde ce mariage en travers de la gorge et qui n'a que mépris pour son gendre (et pour le milieu social dont il est issu). L'orage ne tarde pas à gronder... Le couple en sortira-t-il indemne ?

A priori, ça a été filmé à Manchester. En noir & blanc, les quartiers ouvriers sont très cinégéniques. Le tableau de la vie des petites gens dans le nord de l'Angleterre vers 1961 est assez captivant. Côté romance, Alan Bates suinte de lâcheté masculine, June Ritchie trimballe sur tout le film un air de petit moineau mouillé terrifié à l'idée de tomber du nid, et la belle-mère donne à tout spectateur normalement constitué une énorme envie d'acheter un lance-flammes. L'ambiance est assez "cafard, cafard", mais on y croit, on croise les doigts pour eux jusqu'à la dernière minute.

Niveau d'anglais : ce film-là n'est vraiment pas pour les débutants... On est quand même dans le nord de l'Angleterre et dans les milieux populaires. Côté accent et niveau de langage, ouïe ! Dans le détail, je dois avouer qu'il y a des tas de trucs qu'il m'a été impossible de traduire (j'ai souvent eu l'impression d'entendre une langue inconnue... et j'ai de la pratique). Et pourtant... on arrive vraiment à suivre. Les dialogues clés sont compréhensibles, c'est l'essentiel.

Mine de rien, cela coûtait quoi de mettre au moins des sous-titres anglais ? Les mecs de StudioCanal UK sont quand même des... :x
EDIT : mon test définitif http://ahbon.free.fr/DVD_1540.html
Dernière modification par Commissaire Juve le 19 mai 11, 13:25, modifié 1 fois.
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Profondo Rosso
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Re: Le cinéma anglais

Message par Profondo Rosso »

Ah je vais aller faire un tour aussi ! Merci à Rick Blaine et Joe Ersnt :wink:

Sinon bien d'accord avec toi sur A kind of loving j'ai eu quelque suées pour me dépêtrer de l'accent du nord de L'Angleterre :mrgreen: il n'y a bien que Billy Liar (vu sans sous titres également) qui m'avait donné autant de fil à retordre surtout sur les expressions typiquement locales qu'il faut interpréter tout seul merci Studio Canal...
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Re: Le cinéma anglais

Message par bruce randylan »

Profondo Rosso a écrit :Ok merci j'en étais quand même à mon triple post et j'envahissais un peu la page je me posais des questions :mrgreen:
J'ai souvent ce sentiment lors des rétros cinémathèques / MCJP :mrgreen:
(Wajda a connu une indifférence générale assez étonnante)
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Re: Le cinéma anglais

Message par Federico »

Commissaire Juve a écrit : Niveau d'anglais : ce film-là n'est vraiment pas pour les débutants... On est quand même dans le nord de l'Angleterre et dans les milieux populaires. Côté accent et niveau de langage, ouïe ! Dans le détail, je dois avouer qu'il y a des tas de trucs qu'il m'a été impossible de traduire (j'ai souvent eu l'impression d'entendre une langue inconnue... et j'ai de la pratique). Et pourtant... on arrive vraiment à suivre. Les dialogues clés sont compréhensibles, c'est l'essentiel.
Mine de rien, cela coûtait quoi de mettre au moins des sous-titres anglais ? Les mecs de StudioCanal UK sont quand même des... :x
J'ai l'impression que nos amis Anglais (tout comme les Français) sont beaucoup plus chiches en matière de sous-titrage type "for hearing impaired" que les Américains. Récemment, j'en ai bavé des chapeaux ronds à tenter (très mal) de décrypter l'argot et l'accent populo-branché de Camden sur le DVD de This year's love (aka Mariage à l'anglaise). :?
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
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Ann Harding
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Re: Le cinéma anglais

Message par Ann Harding »

Un très bon topic. Je voudrais juste suggérer de modifier le titre pour Cinéma Britannique qui rend mieux compte des différentes composantes des Iles Britanniques. :wink:

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Spring and Port Wine (1969, Peter Hammond) avec James Mason, Diana Coupland, Hannah Gordon et Susan George

Rafe Crompton (J. Mason) est à la tête de quatre enfants, la plupart déjà grands. Mais il gére la famille avec une autorité sans faille. Un jour, sa fille cadette, Hilda (S. George) refuse le hareng qu'on lui sert au dîner...

Avec ce film tourné à Bolton dans le Lancashire, James Mason retrouve ses racines. Celui qu'en France on considère comme la quintessence de l'anglais distingué à l'accent Oxbridge (contraction de Oxford et Cambridge) était en fait né dans le Yorkshire, à Huddersfield. Avec de telles origines, il devait avoir un accent épais comme du porridge. Etant donné que l'accent du nord vous classe automatiquement parmi la working class, il a dû sans aucun doute travailler d'arrache pied pour s'en débarrasser. Ici, il retrouve l'ambiance du nord de l'Angleterre, cette région industrielle et minière. Il reprend du même coup son accent du nord pour un rôle de paterfamilias qui terrorise toute sa famille. Son épouse acquiesce à tous ses commandements et ses enfants doivent contribuer financièrement à la maintenance du ménage. Personne n'ose élever la voix face à lui. Son fils aîné n'ose même pas fumer une cigarette en sa présence. Mais, nous sommes à la fin des années 60 et les enfants vont demander plus d'indépendance. La première à se rebeller est Hilda, la fille cadette. Elle refuse catégoriquement d'avaler le hareng frit préparé par sa mère. Le père demande que le plat lui soit représenté jour après jour jusqu'à ce qu'elle l'avale. Cet incident va révéler les frustrations de toute la famille face à ce tyran domestique. Le scénario écrit par Bill Naughton, l'auteur d'Alfie, nous plonge avec minutie dans l'univers de cette époque de transition au sein d'une famille traditionnelle de la classe ouvrière. On prend son tea, qui en fait un repas complet accompagné de thé, au retour du travail, en famille. L'intrigue est mince, mais met en lumière les contradictions de ce paterfamilias. James Mason est parfait dans ce rôle atypique dans sa carrière. Il se révèle à la fin comme un père aimant, qui cachait sous une autorité cassante, une vraie bonté. Il y a une vraie chaleur humaine dans cette description de la vie des gens du nord. On peut imaginer que l'auteur y décrit probablement une expérience vécue. Ce n'est pas à proprement parler un film social, mais plutôt une tranche de vie. Un film qui permet de découvrir James Mason sous un autre jour.
Le DVD Z2 UK Optimung Home Releasing n'a pas de sous-titres. Attention: l'accent du nord n'est pas toujours facile à comprendre!
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Profondo Rosso
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Re: Le cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Ca a l'air très bien ça ! J'ai l'impression que c'est un thème récurrent des écrits de Bill Naughton cette préoccupation sur la remise en cause de la figure masculine toute puissante. Il y avait de ça dans Alfie et surtout dans l'excellent The Family Way. J'avais posté un avis dessus qui traîne dans les profondeurs je le remet ici du coup. Sinon je crois voir le logo Studio Canal sur la jaquette de Spring and Port Wine donc pas de sous-titres même anglais je suppose quelques petites migraines à prévoir avec l'accent du nord donc :mrgreen: mais je vais tenter je commence à m'habituer !
The Family Way de Roy Boulting (1966)

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Par souci d'économie, un couple de jeunes mariés s'installe dans la maison des parents du jeune homme. Mais rien ne se passe comme ils l'avaient prévu.

Le film de l'émancipation pour Hayley Mills, bien que son rôle joue habilement de la candeur et l'innocence dégagée par ses rôles chez Disney. Tout débute d'ailleurs comme un conte de fée avec une voix off en forme d'Il était une fois. Arthur (Hywel Benett) et Jenny (Hayley Mills) sont beaux jeunes et innocent, presque encore des enfants mais il s'aiment et ont décidés de se marier. Seulement suite à une mauvaise plaisanterie la nuit de noce tant attendue est un fiasco et une escroquerie fait tomber la lune de miel à l'eau. Cette frustration de départ va entraîner une terrible réaction en chaîne...

Le scénario est adapté d'une pièce de Bill Naughton à qui on doit également celle qui inspirera le Alfie de Michael Caine. Comme dans ce dernier on retrouve une critique féroce de la société anglaise, en particulier la figure du mâle. L'affirmation constante de la virilité, que ce soit de la part des divers protagonistes masculin, des médias ou même de la pression sociale est un fardeau insurmontable pour le jeune Arthur littéralement paralysé après sa nuit de noce raté. Tout comme dans Alfie les hommes en prennent donc pour le grade et ce dès la séquence du mariage où en quelques moments le malaise ambiant est saisi à travers le personnage de père abusif incarné par John Mills buveur, fanfaron et brutal : un homme, un vrai en somme. Les révélations progressives sur le passés des familles des deux mariés va d'ailleurs ppeu à peu révéler les causes de leur fêlures respectives, les milieux sociaux jouant également puisque personnalité rêveuse de Arthur se prête mal à son cadre prolétaire très agressif tout comme la naïveté de Jenny dans une bourgeoisie aux langues de vipère acérées. Les mésaventures du couple vont d'ailleurs prouver que les retombées de ce mariage non consommé s'étalent bien au delà du cercle familial lorsque la nouvelle se répand et devient sujet de raillerie dans le quartier.

Les deux héros sont parfait notamment Hywel Bennett en Arthur dont le physique fluet et les traits fin accentue la masculinité peu affirmée de son personnage pas encore mature. Roy Boulting filme cette jeunesse frustrée dans une belle ambiance sixties pleine d'authenticité, le filme ayant été filmé à Bolton et évitant tout les lieux communs associés à l'Angleterre "pop" d'alors. Le couple est réellement touchant dans tout les obstacles traversés, la promiscuité de la famille empêchant toute intimité, la paperasserie de l'administration anglaise les empêchant d'obtenir un logement social (scène surréaliste où le conseiller exige qu'il fasse des enfants avant d'être aidés les renvoyant ainsi à leur problèmes domestiques) ou le quotidien de plus en plus terne.

Bien que très sombre et déprimant par instant, le film n'en oublie pas pour autant son début de conte de fée et résout toute les problématiques de manière sans doute trop idéale au final. C'est cependant fait avec un tel brio (le devoir conjugal effectué dans l'attente curieuse de tout le voisinage) et une telle force émotionnelle qu'on marche sans se poser de question. Ainsi l'ultime séquence est magnifiquement poignante, avec le personnage si dur de John Mills totalement bouleversé par l'échange sobre mais sincère qu'il a enfin pu avoir avec son fils reconnaissant. Une image saisissante qui conclut le film et laisse à entendre que malgré les hauts et les bas la famille a du bon. A noter un beau score signé Paul McCartney himself et produit par George Martin. 5,5/6
Pour celui pas de sous-titres non plus sur le zone 2 anglais mais ça reste tout à fait accessible....
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Ann Harding
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Re: Le cinéma britannique

Message par Ann Harding »

The Family Way a l'air intéressant. En tous cas, le sujet ressemble à s'y méprendre à A Kind of Loving, un autre film tourné dans le Nord.
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Profondo Rosso
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Re: Le cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Ann Harding a écrit :[En tous cas, le sujet ressemble à s'y méprendre à A Kind of Loving, un autre film tourné dans le Nord.

Oui ça se rapproche un peu même si The Family Way semble un peu plus moderne et s'inscrit vraiment dans l'Angleterre des 60's (les tenues flashy, le langage plus cru, les situations plus osées) quand on sent encore les entraves des 50's dans A kind of loving. Mais j'apprécie autant les deux !
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Ann Harding
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Re: Le cinéma britannique

Message par Ann Harding »

Merci Profondo pour ces remarques. J'ai oublié de préciser que Spring and Port Wine est en couleurs contrairement à beaucoup de productions qui sont en N&B à l'époque. Ce film se rattache plus à A Kind of Loving qu'à Alfie. Nous sommes dans une famille traditionnelle.
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Commissaire Juve
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Re: Le cinéma britannique

Message par Commissaire Juve »

Sur The Family way, j'avais écrit ça (test + petit avis artistique) :

test du dvd : http://ahbon.free.fr/DVD_1623.html

Concernant Hayley Mills, je conseille vivement :

- Whistle down the wind. J'en ai fait une présentation ici : http://ahbon.free.fr/DVD_1618.html

- Tiger bay est très bien aussi. Mais, techniquement parlant, le edge enhancement est un peu too much parfois... http://ahbon.free.fr/DVD_1619.html

EDIT : j'avais oublié... Take a girl like you (1970)... petite présentation ici : http://ahbon.free.fr/DVD_1699.html :mrgreen:
Dernière modification par Commissaire Juve le 13 juin 11, 13:56, modifié 2 fois.
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Profondo Rosso
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Re: Le cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Excellent Take a girl like you j'avais adoré ce film moi génial et très audacieux j'avais dû poster un avis quelque part par ici aussi.
Take a girl like you de Jonathan Miller (1969)

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Jenny Bunn (Hayley Mills) est une ravissante jeune femme ayant fraichement quitté son nord de l'Angleterre natal pour poursuivre sa carrière d'institutrice. Rapidement courtisée par les mâle les plus attirants du coin, elle jette son dévolu sur le séducteur Patrick Wilson (Oliver Reed). Seulement Jenny a un secret, elle est toujours vierge.

Un bel instantané de l'Angleterre à l'heure de la libération sexuelle et des différents comportement qu'elle engendre. Les hommes, décrit comme de véritables prédateurs voient leur terrain de jeu élargi et les risques annexes éliminé avec la pilule. Les femmes au fonctionnement similaire enchaînent les conquête d'un soir sans états d'âmes avec une entreprise que la morale n'entravent plus, mais pour d'autres comme l'héroïne ce sexe étalé au grand jour est source de mystère et de frayeur. Le scénario (adapté d'un roman de Kingsley Amis) se garde bien de donner un jugement hatif à chacun de ses comportements et montre les avantages et travers de chaque facette. Le plaisir immédiat de l'instant mais également une certaine vacuité quand les sentiments s'en mêle du côté du dragueur Oliver Reed. Pour Hayley Mills c'est une sacralisation de l'acte qui confine à la peur et au manque de prise de risque, sa sensualité et son attrait pour la chair n'étant jamais démenti les barrière étant uniquement psychologique. D'un autre côté la romance entre Jenny et Patrick naît de ce refus initial, le dîner au chandelle cliché et les boniment de Reed n'ayant pas marché. Le coureur se voit donc pour la première obligé de faire connaissance, fréquenter et finalement tomber amoureux au point de rester indifférent aux filles facile habituelle. Jonathan Miller réalise là un film charmant, l'ambiance 60's dégage un charme certain à travers la bande son (dont un fabuleux titre de The Foundations qui donne son titre au film et qu'on entend lors des première et dernières scènes) et aux ravissante tenues d'Hayley Mills et du reste du casting féminin. D'ailleurs le pas qu'a à franchir son personnage est à mettre en parallèle à celui qu'Hayley Mills faisait dans la réalité en sortant des rôles de starlette Disney (qui lui refusa d'interpréter la "Lolita" de Kubrick pour raison morale) qui l'on fait connaître pour un vrai rôle de jeune femme. Oliver Reed est formidable en séducteur rustre dépassé et l'alchimie avec Hayley Mills (ravissante de candeur de bout en bout) offre de très beaux moments dans un film qui oscille constamment entre cynisme et sentimental. C'est d'ailleurs dans cet entre deux que nous laisse la conclusion anti romantique au possible et pas loin d'inverser les rôles, étonnant et osé même si une chance semble laissé aux deux tourtereaux malgré tout. 5/6
Je note les titres que tu as mis Commissaire Juve je m'étais fais un petit cycle Hayley Mills l'an dernier il m'en reste à découvrir. Un que tu n'as pas cité et que j'ai trouvé très intéressant Sky west and crooked réalisé par son père John Mills et qui fut son premier rôle sérieux après les Disney.

Sky West and Crooked de John Mills (1966)

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Un vraie affaire de famille que ce Sky West and Crooked (connu aussi sous le titre Gypsy Girl), unique réalisation du grand John Mills pour lequel il s'entoure de sa femme Mary Hayley Bell au scénario et surtout de sa fille Hayley Mills à qui il offre son premier grand rôle hors des production Disney.

Hayley Mills est donc Brydie White, jeune adolescente vivant dans un petit village anglais. Suite à un malheureux accident elle a causé enfant la mort d'un de ses petit camarade, évènement dont elle ne garde aucun souvenir si ce n'est une cicatrice au front. Cet évènement a pourtant eu des répercussions sur son rapport au reste du village, souvent hostile à son égard et lui interdisant l'accès au cimetière lorsqu'elle souhaite se recueillir sur la tombe de l'ami disparu. Si on y ajoute un quotidien difficile avec sa mère alcoolique, on comprend mieux la nature sauvage et sans attache de la jeune fille, qui lui attire bientôt les faveurs d'un gitan tombé amoureux d'elle et incarné par un Ian McShane (aujourd'hui surtout connu pour son rôle dans la série Deadwood) à la ténébreuse beauté juvénile.

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L'histoire dépeint donc la manière dont le drame originel va progressivement rattraper l'héroïne. La plus étonnante étant toute une sous intrigue montrant l'obsession de Brydie pour les animaux morts et sa volonté de leur offrir une sépulture décente au cimetière du village, action dans laquelle elle entraîne tout les enfants du village. L'énorme scandale local réveille alors des haines anciennes par l'intermédiaire du père de l'enfant décédé (Laurence Naismith le juge Fulton de Amicalement Votre), le camp de gitan offrant le seul refuge pour une Brydie traquée.

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La trame singulière est menée avec brio par John Mills, dont la réalisation simple se met entièrement au service des acteurs. En premier lieu Hayley Mills qui offre là une performance fascinante (qu'on peu rapprocher de celle de Jennifer Jones dans La Renarde les personnage sont assez proche) en adolescente mûre et innocente à la fois dont l'évolution à été stoppée par ce traumatisme enfantin. John Mills dépeint les grands espaces campagnard naturels comme source d'épanouissement intime, amoureux alors qu'au contraire les vieilles haines et rancoeurs se manifeste toute en intérieur sorte d'envers à la majesté des extérieurs. Une seule exception, la séquence nocturne où Hayley Mills se fait brutalement rappeler les évènements passés, moment à la violence psychologique inouïe où l'actrice est à nouveau formidable.

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C'est donc chez d'autres exclus plus affiché que Brydie va trouver refuge avec les gitans. Une nouvelle fois quelques moments de racisme et de haines ordinaire se succèdent de manière éparses, préparant le rapprochement et la belle histoire d'amour entre Hayley Mills et Ian McShane. Le mélange entre pure innocence et noirceur fonctionne magnifiquement, lié par le personnage bienveillant du révérend et seul soutient de l'héroïne. Après cette alternance de ton clair/obscur la surprenante conclusion très positive est une vraie respiration et c'est avec oie et tristesse qu'on quitte les personnages enfin apaisés après tant de drames. 5/6
[/quote]

Pas de sous-titres anglais mais pas d'accents intempestif ni de vocabulaire trop complexe ça se suit sans trop de problème.
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Re: Le cinéma britannique

Message par Music Man »

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ODETTE AGENT S 23 (Odette) de Herbert WILCOX – GB-- 1950
Avec Anna NEAGLE, Trevor HOWARD et Peter USTINOV

En 1942, Odette Samson, une française mère de famille, installée à Londres accepte de se rendre en France en mission secrète pour lutter contre les nazis aux cotés des résistants français. Elle est finalement arrêtée, interrogée et torturée par la Gestapo avant d’être déportée au camp de Ravensbrück.

Basé sur les mémoires d’une résistante, ce film à l’aspect parfois quasi-documentaire a le mérite de vouloir coller le plus possible à la réalité : l’actrice Anna Neagle et le scénariste ont parcouru avec la véritable Odette les différents lieux de France et d’Allemagne, où la résistante a vécu entre 1942 et 1945, en recueillant ses confidences. La résistante a supervisé le film et donné son aval.
Si globalement, celui-ci est réalisé de façon très conventionnelle (les coups de téléphone émus de l’héroïne à ses filles), l’ensemble est tout de même beaucoup plus convaincant que les autres productions souvent bien lourdes d’Herbert Wilcox.
Les scènes filmées à la prison de Fresnes et au siège de la Gestapo empruntent à la fois au film noir et à l’expressionisme allemand (angles de la caméra pour dépeindre la fragilité de l’héroïne face à son bourreau lors des scènes de torture (suggérées)…) ;
Anna Neagle, célèbre pour ses comédies musicales et ses films historiques, livre ici la meilleure interprétation de sa carrière : digne et sobre comme l’héroïne. Dans le même genre, elle avait déjà incarné Edith Cavell en 1939.
L’histoire romanesque (entre Odette et son camarade de résistance Peter Churchill joué par l’excellent Trevor Howard) qui double les épisodes de résistance, apporte un coté très hollywoodien mais aussi beaucoup de charme (très joli passage où Peter, emprisonné pas loin d’Odette, essaie de rentrer en contact avec elle, en chantant dans la cour).
En définitive, on comprend pourquoi le film remporta un tel succès à sa sortie (il faut ajouter que le thème de l’héroïne féminine de la résistance n’avait pas encore été beaucoup abordé avant)
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Profondo Rosso
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Re: Le cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Morgan de Karel Reisz (1966)

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Morgan, marxiste tendance King-Kong, campe sous les fenêtres de sa femme, qu'il cherche à reconquérir.

Troisième film de Karel Reisz, Morgan: A Suitable Case for Treatment voyait le réalisateur progressivement s'éloigner des préoccupations du free cinema tout en offrant un prolongement idéal a son Saturday Night and Sunday Morning. La filmographie de Karel Reisz est peuplée de personnages excentriques, obsessionnel et totalement en décalage avec leur environnement. Cela peut être le Albert Finney rebelle à l'autorité de Saturday Night and sunday Morning, Vanessa Redgrave totalement absorbée par son art dans Isadora, James Caan accro au jeu dans Le Flambeur ou encore Nick Nolte meurtri par l'expérience du Vietnam dans Who'll stop the rain.Dans Morgan Reisz offre sans doute sa figure la plus emblématique et réussie dans cette veine, et qui plus est obsédée par la plus noble des causes, l'amour.

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Morgan Delt (David Warner) fraîchement divorcé de son épouse Leonie (Vanessa Redgrave) décide soudain de la reconquérir par tout les moyens. David Warner compose un personnage incroyablement extravagant et survolté et la mise en scène de Reisz est entièrement au service du grain de folie de son héros. La scène d'ouverture donne le ton avec un David Warner happé par l'observation d'un gorille. C'est un des motifs visuel récurrent du film qui s'amorce puisque Morgan entièrement soumis à ses pulsions primaires voit le monde comme une jungle où chaque rencontre, évènements ou comportement se voit interprété sous l'angle animal. Cela va du décalage sur les physiques ou des personnages croisés se voit comparés à une bête quelconque (une femme à la coiffure sophistiquée évoquant un paon, un agent de métro bien en chair un hippopotame) à l'association d'idées presque expérimentale (de nombreux stock shots animaliers offre un pendant sauvage des séquences comme la traque finale croisée à un safari chassant une girafe) voire même référentielle avec la reprises de séquences entières du King Kong original mais aussi d'un Tarzan de Johnny Weissmuler. Ces différents aspects permettent à reisz de totalement se réapproprier un matériau à déjà mis en scène à la BBC sur un scénario de David Mercer.

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Le film est ainsi parsemé de scènes d'une drôlerie et d'une inventivité irrésistible à travers les stratagèmes spectaculaires de Morgan pour attirer l'attention de sa belle et faire enrager son très snob nouveau prétendant joué par Robert Stephens. S'il se plaît à signaler le décalage constant de Morgan, Reisz est loin de le condamner, bien au contraire. C'est cette dinguerie qui le rend singulier, vivant et donc humain dans un environnement très aseptisé. C'est finalement plus un fossé social qu'un désamour qui sépare le couple, ce qu'on entrevoit d'abord dans les obsessions gauchistes de Morgan opposé à la superficialité de Leonie. Morgan est issu d'un milieu ouvrier et chaleureux (les scènes avec Iren Handl jouant la mère aimante et compréhensive dégagent une belle tendresse) quand Leonie est un pur produit de l'aristocratie. Elle entretient ainsi un rapport/amour haine avec Morgan puisque partageant la même nature extravertie mais toujours rattrapée par la culpabilité dû à son éducation. Vanessa Redgrave tour à tour espiègle ou tourmentée, légère ou glaciale mérite bien tout ses efforts et exprime avec brio toutes ces nuances quand le regard aimant s'oppose à l'attitude récalcitrante et inversement. D'une beauté et d'un naturel radieux qui irradie l'écran, elle délivre une magnifique prestation (récompensée d'un Oscar et d'un prix d'interprétation à Cannes) et l'alchimie amoureuse avec David Warner est palpable.

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Reisz exacerbe de plus en plus ses différents motifs jusqu'à rendre dramatiques ce qui n'était que comédie jusque là, les moyens de séductions forcée de Morgan dépassant les bornes tout comme les conséquences qu'il a en subir en retour. La dernière partie aligne donc les moments les plus étranges (dont une mémorable apparition de Morgan déguisé en gorille...) où les fantasmes de Morgan vire au cauchemar surréaliste et psychanalytique tel cette longue séquence symbolique nous préparant au sort du héros lorsqu'une camisole surgit de nulle part dans le décor d'une décharge. Lorsqu'un personnage si entreprenant et indestructible dans sa quête baisse les armes sans prévenir on comprend que tout est fini, le joli épilogue montrant que bien que les sentiments soient intact tout rapprochement semble désormais impossible. 5/6

Sinon encore un dvd Studio Canal sans sous-titres mais ça reste accessible et sans trop de langage soutenu ni d'accent improbable.
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Alphonse Tram
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Re: Le cinéma britannique

Message par Alphonse Tram »

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The league of Gentlemen (Basil Dearden, 1960)

Un ex colonel renvoyé de l'armée (Jack Hawkins) réuni d'anciens officiers Britanniques dont le retour à la vie civile a été difficile. Tous ont en commun d'avoir un jour flirté avec l'illégalité, d'avoir été à un moment donné un peu "crook" (escroc). Ensemble ils vont préparer le cambriolage d'une banque.

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Je ne connaissais pas Basil Dearden, et j'avais quelques craintes en recevant le coffret Eclipse n°25 intitulé London underground. Je me figurais un style swinging, presque expérimental. En fait c'est très classique. On pourrait croire le film réalisé par David Lean (je ne sais pas pourquoi j'ai pensé à la comédie Hobson's choice).

Le film débute dans ses premières secondes comme un film noir : le regard d'un homme au ras d'une bouche d'égout, aux aguets. Le colonel repérant son affaire... Puis il sort de l'égout en costume, s'époussète, et monte dans une voiture de luxe. Le ton est donné : il s'agit bien d'une comédie.
Le scénario réuni les 3 temps forts habituels du film de cambriolage : recrutement de l'équipe, préparation, puis exécution du casse. Le casse lui même dure à peine 10 minutes, ce n'est pas le plus important ni le plus interressant. L'essentiel du film s'interresse aux deux premières étapes.
Pour réunir l'équipe dont il a besoin, le colonel use de la stratégie de l'appât, l'argent évidemment, dont chacun a un besoin urgent, même si les sept hommes vivent en essayant de sauver les apparences. Ils font finalement tous connaissance au cours d'un repas où le colonel dévoile pour chacun sa faiblesse inavouée : gentlemen certes, mais "crook" également. L'équipe est désormais soudée, l'histoire se met en place progressivement, de manière concise, sans détails inutiles, elle mélange action pure et scènes plus explicatives, et quand l'action n'est pas directement présente à l'écran, on se régale des bonnes phrases de l'humour anglais, en particulier entre Richard Hawkins et Nigel Patrick (un curieux mélange physique entre Richard Burton et Bill Murray). Par exemple cette scène où les deux hommes se séparent devant le tableau d'une femme dans l'escalier :

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- That your wife ?
- Yes.
- is she dead ?
- No, no. I regret to say the bitch is still going strong.

Ou bien encore lors du vol d'armes directement dans une caserne anglaise : pendant qu'une partie de l'équipe simule l'inspection des cantines par un général, l'autre partie vole des armes en prenant soin de se faire passer pour des Irlandais :mrgreen:
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Le casse à lieu. L'affaire se termine, mais ils seront perdus d'abord par un mauvais hasard, puis par un petit accident survenant au milieu du film dont on ne prête pas d'importance sur le moment.

Au final, un excellent film de cambriolage, très drôle et rondement mené.

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Niveau dvd : noir et blanc bien saturé, bon piqué. Des tâches et autres poils, un peu d'instabilité. Son qui crachotte. Sur petit écran, ça passe nickel.
sous titres anglais en option. Niveau d'anglais moyen (voir facile même, ça ne gâte rien).
Souhaits : Alphabétiques - Par éditeurs
- « Il y aura toujours de la souffrance humaine… mais pour moi, il est impossible de continuer avec cette richesse et cette pauvreté ». - Louis ‘Studs’ Terkel (1912-2008) -
francesco
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Re: Le cinéma britannique

Message par francesco »

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Ralph Thomas a commis à Hollywood l'horrible Whisky, Vodka et Jupon de fer (sorte de remake particulièrement lourd de Ninotcka avec, casting surprenant, Bob Hope et Kate Hepburn). Mais il est surtout connu pour des anglaiseries comme la série des "Toubib" et les remakes de A tale of two city (le marquis de Saint Evremond) ou Les 39 marches.
En 1960 il réalise A Conspiracy of hearts qu'IMDB titre en français "Les Conspiratrices" alors que l'initulé du DVD hexagonal (donc avec STF et même VF en fait je crois) se trouve être "La Conspiration". De quoi perdre son anglais.

Quoiqu'il en soit, sortez vos mouchoirs : fin 1943, au moment de la débacle italienne, les religieuses d'un couvent s'organisent, profite de l'indulgence du commandant du camp militaire et de l'aide de la résistance italienne, pour délivrer et expédier en Israël des orphelins juifs. Les nazis envoient un capitaine nettement moins humain (malgré son allure cultivé) faire la lumière sur ces évasions.

Il faut aimer les enfants, le cinéma en cornette et les bons sentiments. Dans ce cas là on sera assurés de passer un moment inoubliable, à mi chemin entre le neoréalisme italien dont le film reprend une certaine crudité et des gros plans impressionnants sur des visages affamés et la Mélodie du bonheur. Avec un vague souvenir du Narcisse Noir dans les rapports tendus entre la mère supérieur (Lilli Palmer, impériale comme jamais en ancienne princesse entrée au couvent) et une religieuse aigrie (Yvonne Mitchell dont le visage aigu évoque souvent Kathleen Byron.)

Tout est fait pour flatter le spectateur, retourné comme une crèpe, paroles comme situations. On jouira des moments, nombreux, où les gentilles religieuses et les bons fermiers italiens défient, l'air de rien les méchants nazis, avec des dialogues qui font mouche (Palmer est très bonne à ce petit jeu) alors qu'ils n'ont rien de très original. On pleurera, à moins d'avoir vraiment un coeur de pierre, à certaines scènes, diaboliquement manipulatrices sans doute, mais redoutablement efficaces (pratiquement tout ce qui met directement les enfants et la sauvagerie dont ils ont été victime, jamais montrée, toujours racontée). On angoissera aux bons moments (ah le plan, attendu pourtant, où une soeur oublie de refermer la porte qui mène à la cachette des orphelins.) On hallucinera à la célébration conjointe d'une messe et de la cérémonie de Yom Kippour (les religieuses décident de laisser les enfants fêter la cérémonie et retrouvent même un rabbin pour l'occasion). On s'énervera juste un peu au moment de la célébration du martyr des religieuses, où le réalisateur perd le fil de l'émotion et verse, cinq minutes, dans la grandiloquence saint-sulpicienne.

Bref, un film qui n'est sans doute pas grand mais dont l'optimisme et la tendresse (mais sans non plus rien de trop ouvertement mièvre ou sentimental) ont été, pour moi, une découverte vraiment émouvante. Très belle photo en plus, qui évoque à la fois l'atmosphère italienne des années d'après guerre et les belles heures du cinéma anglais (le film est un compromis puisqu'il est filmé par une équipe britannique en extérieurs.)
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